Chapitre 9 :
Gâteau au chocolat
Hermione devait aller avec Ginny sur le Chemin de Traverse, mais avant elle devait déposer Andrew au Terrier. Comment avait-elle laissé Ginny décider de ça ? Elle savait qu'elle allait devoir affronter la famille Weasley bientôt mais là, elle était prise de cours, comme quand elle avait dû faire face à Ron. Elle redoutait les questions de la matriarche de la famille rousse, car questions il y aura, elle en était certaine, et embarrassantes certainement, pas des plus discrètes non plus. Elle transplana dans la cours de cette maison biscornue ou un filet de fumée s'échappait de la cheminée, bien que le froid avait encore du chemin à parcourir pour pointer le bout de son souffle.
Elle reposa Andrew sur le sol et lui demanda de rester un peu là, en attendant qu'elle aille voir Molly, la mère de son père. Il sourit et hocha la tête avant de se diriger vers la barrière qui séparait le jardin de la basse-cour où les volailles jouaient gaiement entre deux coups d'ailes.
Hermione s'avança un peu à reculons vers la porte du Terrier, elle toqua doucement comme si elle ne voulait pas qu'on l'entende. Mais après avoir élevé sept enfants, Molly avait l'oreille fine. La porte s'ouvrit sur une petite femme rondelette, le visage tout sourire. Hermione ne se força pas pour le lui rendre. Sans un mot, Molly s'effaça pour laisser passer celle qui avait failli devenir sa belle-fille mais qui à défaut était uniquement la mère de son premier petit-fils.
- Je suis heureuse de te revoir, Hermione, sourit Madame Weasley. Mais malgré ce sourire, Hermione ne se détendit pas et hocha simplement la tête. Tu n'es pas venue toute seule, si ?
- Non, mais je pense que vous voulez d'abord me parler et Andrew n'a pas besoin d'entendre ceci.
- Tu as sans doute raison. Mais je ne vais pas te demander pourquoi tu es partie, même si ça me regarde d'une certaine façon puisque mon fils en a souffert. Je ne vais pas te disputer non plus, ceci n'est pas de mon ressort et je pense que les remords sont là pour compenser. Je vais juste te dire que je suis très déçue par ton attitude, je n'aurais jamais imaginé une seule seconde que tu puisses faire une chose aussi ignoble. Nous avions tous confiance en toi. Je te connais depuis des années et je t'ai toujours plus ou moins considéré comme un de mes enfants. Quand Ron et toi nous avez annoncé que vous étiez enfin ensemble, j'ai cru que j'allais mourir de bonheur, nous attendions ça depuis tellement longtemps. Mais tu es partie avant même que vous puissiez vous mariez et surtout pour éloigner de lui son fils et mon petit-fils par la même occasion. Tu as privé Ron de la joie de voir grandir son enfant et tu m'as privé de mon petit-fils. Un fils est une étape importante pour un homme, mais un petit-fils c'est aussi quelque chose d'important dans la vie d'une femme. Par quel miracle tu es revenue, je ne sais pas mais je compte profiter de mon petit-fils un maximum, en espérant que tu ne repartes pas de suite.
Le discours de Molly fut très calme, la matriarche n'avait pas haussé la voix, néanmoins, Hermione aurait sûrement préféré qu'elle le fasse. Elle culpabilisait encore plus. Pas de cris, seulement des paroles sages dirigés en plein cœur, ce sont les plus cruelles et douloureuses. Hermione ne releva rien et encaissa sans broncher.
- Vous avez raison, Harry m'a souvent répété qu'il m'avait connu plus intelligente. Mais vous savez ce que c'est la guerre, Molly, n'est-ce pas ? Vous savez aussi ce que c'est de vouloir protéger son enfant de cette jungle meurtrière. Chaque jour, chaque nuit, j'avais peur de ne jamais revoir Ron. A chaque fois qu'il me quittait pour une mission, ça sonnait comme un adieu, à chaque hibou qui toquait contre une vitre, je priais pour que ce ne soit ni une lettre du Ministère, ni une lettre Ste-Mangouste. J'ai été lâche, mais j'étais amoureuse et désespérée. J'ai préféré fuir avant l'horreur que j'imaginais, ne devienne réalité car croyez-moi, j'ai passé des nuits à pleurer après un cauchemar ayant pour scénario la mort de Ron. A force de faire les mêmes cauchemars, vous vous convainquez qu'ils sont réels.
- Je sais, fit Madame Weasley, compréhensive. Si tu me présentais plutôt mon petit-fils, ajouta-t-elle voulant sûrement changer de sujet.
- Bien sûr.
Hermione n'avait pas prévu de dévoiler tant de choses à Madame Weasley, choses qu'elle n'avait dit qu'implicitement au principal concerné. Mais on ne peut pas mentir à Molly Weasley, ses enfants et son mari peuvent en témoigner. Cependant, elle se sentait un peu plus légère à présent.
Elle s'approcha près de la fenêtre ouverte et appela son fils qui attendait sagement dehors en regardant les gnomes faire des cabrioles.
Andrew sourit à sa mère, signe qu'il avait compris et poussa timidement la porte d'entrée de cette maison aussi biscornue que chaleureuse. Molly le regarda entrer, toute émue. C'était son premier petit-fils, il faut la comprendre. Andrew en voyant cette dame, hésita à tourner les yeux pour choper le regard de sa mère mais il ne voulait pas paraître impoli. Il ne le fit donc pas et tenta tant bien que mal de sourire à sa grand-mère. C'est dur de sourire quand on a peur et qu'on est impressionné. Car Molly Weasley avait beau être une femme très gentille, très chaleureuse, aimante et une mère accomplie, il n'en restait pas qu'elle impressionnait ce petit bonhomme haut comme trois pommes et demie avec ce sourire fendu jusqu'aux oreilles, ses yeux brillants et sa jupe à grosses fleurs. Finalement Andrew fit une sorte de sourire-grimace en souhaitant que sa mère vienne à son secours. Elle ne tarda et Andrew en sursauta quand elle lui chuchota à l'oreille qu'il pouvait aller embrasser cette femme, qu'elle était très gentille et qu'elle faisait des gâteaux au chocolat délicieux. Les enfants résistent rarement au chocolat et Andrew s'avança vivement vers Molly. A peine fut-il arrivé devant elle, qu'elle le prit dans ses bras et le souleva du sol. Après un ou deux bisous de sa grand-mère, le sourire se fit tout seul.
Hermione les regardait toute émue, une nouvelle fois. Si elle n'était pas certaine de ne pas avoir eu de relations sexuelles depuis qu'elle avait quitté Ron, elle aurait pensé qu'elle était enceinte tellement sa sensibilité était développée. Mais c'était seulement, la tension accumulé toutes ces années loin des gens qu'elle aimait qui partait au fur et à mesure. Madame Weasley commençait à poser des questions à Andrew, questions dont elle connaissait sûrement le réponse mais c'était pour le plaisir d'entendre Andrew y répondre.
Ginny arriva discrètement au Terrier et salua silencieuse Hermione, Madame Weasley n'avait pas encore remarqué la présence de sa fille. Elle était trop absorbée dans la grande discussion qu'elle avait avec son petit-fils sur le gâteau au chocolat qu'ils allaient préparer quand ils seraient seuls.
- Bon et ben, nous, on va y aller, cria Ginny pour attirer l'attention.
L'effet fut réussi mais Andrew se figea en regardant sa mère. Elle ne l'avait jamais laissé seul, en tout cas jamais avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Molly était peut-être sa grand-mère mais il venait juste de la rencontrer et même si sa maman la connaissait très bien, il avait un peu d'appréhension à rester avec elle.
- Tu viens me faire un bisou ? dit Hermione.
Andrew sauta des bras de Molly et se jeta dans ceux de sa mère.
- Tu reviens vite, hein ? Demanda-t-il.
- Oui.
Il lui fit un gros bisou, bien sonore et Hermione et Ginny sortirent de la maison pour transplaner.
- Tu viens, lui dit Molly. On va commencer à préparer le gâteau, comme ça on en donnera un morceau à ta maman quand elle reviendra.
- Et à Ginny aussi ?
- A Ginny aussi.
Pendant ce temps, Hermione et Ginny venaient d'arriver sur le Chemin de Traverse pour éplucher les agences immobilières sorcières.
Elle commencèrent par celles qui inondaient la célèbre rue et elle est nombreuses. Hermione ne savait pas encore si elle voulait retrouver un appartement ou plutôt une petite maison. Son choix était donc large pour l'instant et un peu plus délicat. Sans but précis, on peut errer longtemps. Ginny et elle commencèrent donc par les vitrines où des photos des maisons défilaient.
Molly et Andrew s'affairaient déjà à la préparation de ce gâteau au chocolat qui à voir les ingrédients qui trônaient sur la table, s'annonçait fort appétissant.
- Maman ne m'a jamais laissé seul. Elle disait que c'était dangereux de me laisser seul avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, mais moi, je sais que c'est parce que sans moi, elle s'ennuie.
Molly sourit en écoutant Andrew parler. Elle était entrain de pétrir la pâte et il cassait la tablette de chocolat en petits morceaux et en mettant un carré de chocolat dans sa bouche de temps en temps, au lieu de tout mettre dans le saladier.
- Heureusement, il y avait Mary-Ann.
- Qui est Mary-Ann ? Demanda Molly en fronçant légèrement les sourcils.
- Ma nourrice. Quand Maman devait partir loin à cause de son travail et qu'elle pouvait pas m'emmener, j'allais chez Mary-Ann, expliqua Andrew comme si c'était une évidence.
- Son travail ?
- Bah, oui, souffla Andrew. Les livres !
- Ah ! D'accord, dit Molly qui venait de comprendre.
Les questions fusaient dans les deux sens, Molly apprenait à connaître son petit-fils qui avait la parole facile et en contre-partie, Andrew posait des questions sur son père à sa grand-mère.
Alors qu'ils mettaient le gâteau dans le four magique qui consistait d'une étagère au dessus de l'âtre de la cheminée et d'un petit coup de baguette de Molly pour faciliter le processus, Fred poussa la porte d'entrée du Terrier.
- Hum, ça sent bon ici.
- Mais ce n'est pas pour toi, répondit Molly avec un grand sourire.
- Et toi, tu es qui ? Demanda Fred à Andrew, même s'il se doutait qui il était.
- Andrew et toi, tu es George, dit fièrement Andrew.
- Non, je suis Fred. George, c'est ma moitié.
- Parce que t'es pas entier ? Demanda Andrew, les yeux grands ouverts.
Fred partit dans un fou rire devant la spontanéité du petit alors que Molly lui expliqua que George et Fred étaient des jumeaux et qu'ils se ressemblaient vraiment beaucoup et qu'ils étaient aussi très souvent ensemble.
- Ah oui, Maman me l'avait dit. Même que vous avez fait des tas de bêtises.
- On en fait encore, dit Fred à voix basse, mais chut, c'est un secret, ne le répète pas.
- Promis, répondit Andrew sur le même ton.
- Qu'est-ce qui t'amène ici ? Demanda Molly à son fils.
- L'odeur ! Non, je plaisante, ajouta-t-il rapidement devant le regard de sa mère. Je viens de te demander conseil pour mon mariage.
- Oh ! Je croyais que tu étais assez grand.
- Mais c'est seulement pour la date. Je voulais savoir si c'était mieux juillet ou août ?
Molly le regarda avec des yeux ronds, la question était tellement futile et Fred clarifia donc les choses.
- Je préfère juillet mais Natacha préfère août, alors je te demande de trancher.
- Août c'est mon anniversaire, dit distraitement Andrew en léchant le plat de chocolat qui commençait à s'étaler tout autour de sa bouche.
- Alors, je me marierais en juillet comme ça on pourra faire une grande pour ton anniversaire, dit Fred.
Molly regardait son fils attendrie, elle ne s'attendait pas à une telle chose venant de lui. D'habitude les jumeaux ne faisaient pas tant de chichis pour des détails mais Fred semblait s'être pris d'affection pour ce bonhomme.
- Fred a raison, on fera une grande fête pour ton anniversaire.
- Avec tout le monde ? Questionna Andrew, plein d'espoir et de chocolat.
- Bien sûr avec tout le monde. Mais maintenant, tu peux me passez une cuillère, s'il te plait ? Demanda Fred. J'aimerais bien t'aider à nettoyer ce plat.
Andrew sourit et lui tendit la cuillère en même temps que le plat qu'ils se partagèrent tandis que Molly éclatait de rire et que la porte du Terrier s'ouvrit à nouveau.
- Bonjour tout le monde, s'exclama joyeusement Ron avant de voir que son fils était là aussi. Salut, bonhomme.
- Bonjour, répondit timidement Andrew.
Molly embrassa son plus jeune fils et Fred lui serra la main.
- Ça sent bon ici, dit Ron en prenant place en face de son fils et en mettant son doigt dans le chocolat avant de la porter à sa bouche.
- C'est pas pour toi, lui dit Fred en répétant les paroles de sa mère.
- Si, intervint Andrew. Il aura le droit d'en manger, c'est mon papa.
Il avait dit ça comme une évidence, oubliant que son papa était en face de lui et qu'il ne savait même s'il l'acceptait. Cependant, le silence suivit ces paroles enfantines. Fred regarda son neveu, amusé, Molly avait un sourire sur les lèvres et Ron exprimait par son regard toutes ses émotions. On pouvait y lire un sourire, d'ailleurs. Ces paroles lui avaient fait du bien et le sourire étira finalement ses lèvres en lenteur. Andrew se rendit compte de ce qu'il venait de dire et regarda timidement son père avant de lui rendre son chaleureux sourire.
- Bon et bien, je crois que le gâteau est cuit, déclara Molly en retirant le moule de l'âtre de la cheminée.
- Mais on va attendre Maman et Ginny avant de le goûter.
- Et moi, je pense que je vais y aller, je reviendrais plus tard, dit Ron.
Andrew perdit immédiatement son sourire. Il n'était pas dupe, son père évitait sa maman. Il ne voulait pas la voir.
- Reste, lui souffla Fred en lui tirant la manche pour qu'il se rassoit.
Ron jeta un coup d'œil vers son fils et comprit, il se rassit.
Ginny et Hermione arrivèrent, elles parlaient tellement fort qu'on les avaient entendu arriver.
- Non, Ginny !
- Mais Hermione, elle est magnifique.
- Je ne veux pas !
- Mais tu peux…
- NON !
Dans un profond soupir, la jeune Weasley poussa la porte du Terrier et se figea en voyant toutes les têtes la dévisager.
- On a dû parler un peu trop fort, chuchota-t-elle à Hermione qui se trouvait derrière.
Elles entrèrent et Andrew se jeta dans les bras de sa maman avec un grand sourire.
- Tu as été sage ?
- Oui.
- Non, pas de…
Trop tard, il venait de lui faire un bisou appétissant, saveur chocolat. Andrew se mit, d'ailleurs à rire de sa bêtise et Molly lui tendit de quoi s'essuyer.
- Vous prendrez bien un bout de gâteau avant de partir.
La matriarche de la famille Weasley avait anticipé les choses, elle avait vu le visage d'Hermione quand elle avait aperçut Ron, ou plutôt son dos car il n'avait pas eu la politesse de se retourner. Andrew avait appuyé les dires de Molly et Hermione avait cédé. Elle était donc assise à côté de son fils et en plein en face de Ron. Ils avaient dû comploter en son absence avec Molly.
Le gâteau était délicieux et quand de plus en plus de Weasleys commencèrent à arriver, Hermione attrapa discrètement Andrew et lui dit qu'il était l'heure d'y aller. Malgré sa mine triste, Andrew ne la contredit pas. Il avait passé une excellente journée et son papa et sa maman étaient restés assez longtemps dans la même pièce sans se disputer.
Merci à
Anacofleb, Lil'Ashura, malilite (Hermione s'est juste arrêtée par curiosité)GinnyPotter02, Camille-amazing, Larme d'ange, wiwi, Dreamy's, emmi, aminteitha, LiLy Jolie, lily, Virg05, hinata, brucelink, Lise, elodie, 'Clochett', Chlackoone
Bisous
PS : J'espère avoir répondu à tout le monde, si ce n'est pas le cas, je suis désolée mais cette semaine c'était la folie et avec les reviews anonymes, c'est pas évident de voir si j'ai déjà répondu ou non, encore désolée.
