Petit mot de l'auteure : Je fais ma rentrée mardi, et vous ? D'ailleurs, vous étudiez / travaillez dans quel domaine ?

Concernant de texte : il s'agit de ma réponse au défi 47 de bibliothèque de fiction, proposé par Pauline. Il fallait placer les mots "pomme de terre, voyage, scolaire, invitation, liberté" et il devait y avoir un passage dans une bibliothèque.

Personnages : [Gajeel, Levy]

Contexte : référence à l'arc "bataille de Fairy Tail" et moment de vie

Merci à Neliia, jFANGIRLd, Baderoh (x11) et oOoPlumestilinskioOo pour leurs reviews sur les textes précédents


Gajeel Redfox n'était pas quelqu'un qui montrait souvent ses émotions. Excepté ses remarques sarcastiques et moqueuses, il gardait pour lui la plupart de ses pensées. Il avait longtemps pensé se satisfaire de cet état de fait jusqu'à ce qu'il rencontre Levy McGarden.

La petite fée bleue semblait au premier abord très réservée et timide, mais se révélait être quelqu'un de très franc, qui n'hésitait pas à prodiguer conseils et morales à ceux qui venaient solliciter son aide – et à ceux qui n'avait rien demandé aussi, par ailleurs. Contrairement à Gajeel, Levy n'éviter jamais une conversation, qu'elle soit délicate ou non. Le chasseur de dragon avait ainsi eu du mal au début de leur relation à s'ajuster à ce caractère, tant et si bien que Levy avait menacé de rompre avec lui s'il ne s'ouvrait pas d'avantage. Gajeel avait failli lui rétorquer qu'elle n'avait cas en faire à sa tête, mais l'idée de la perdre pour toujours l'avait fait opter pour une réponse plus mesurée : un acquiescement suivi d'un « je te promet de faire un effort ».

Et Gajeel avait fait un effort. S'ouvrir, dire ce qu'il pensait et ressentait réellement, accepter de se montrer vulnérable... tout cela lui était désagréable. Au début. Mais au fur et à mesure, il avait commencé à apprécier d'avoir une oreille à qui confier ses doutes, son passé et ses peurs, de pouvoir laisser de côté l'armure qu'il s'était forgé pour se dévoiler tel qu'il était. Si bien qu'au bout de six mois de relations avec Levy, Gajeel n'avait plus aucun secret pour elle.

Enfin, presque.

Il y avait une chose qu'il n'avait jamais réussi à lui avouer : il ne savait pas lire.

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N'étant pas quelqu'un d'un naturel scolaire et la vie ayant fait des siennes, Gajeel avait dû apprendre des choses plus immédiates que la lecture. Devenu au fil des années puissant, il n'avait jamais pris la peine de pallier à son ignorance, faisant imposer sa volonté à la force de ses poings plutôt qu'à celle des mots. Devenu mage, il n'avait pas eu besoin non plus de la lecture, choisissant toujours des missions plus physiques qu'intellectuelle. Cette réputation de tas de muscles avait ainsi coupé court aux éventuelles interrogations de ses compagnons – tout le monde se disait ainsi que si Gajeel Redfox ne lisait jamais c'était qu'il n'aimait pas cela, et non parce qu'il ne savait pas. Il n'y avait ainsi que deux personnes qui connaissaient la vérité : Juvia et Lily, qui se chargeaient tour à tour de l'informer des missions disponibles.

Entouré de ses deux amis qui palliaient aux rares moments où la lecture lui était nécessaire, Gajeel n'avait jamais complexé de son alphabétisme. Jusqu'au jour où il avait rencontré Levy McGarden.

La petite fée était surnommée par toute la guilde « la mage des mots », et il ne lui avait fallu qu'une semaine chez les Fairy Tail pour comprendre pourquoi. Levy lisait tout le temps : en marchant, en parlant, en mangeant, en mission, en esquivant des projectiles lancés par Natsu et Grey. Elle lisait tellement tout le temps que Gajeel était persuadé qu'elle lisait aussi aux toilettes et dans son bain (et il avait eu l'occasion par la suite de constater qu'il avait eu raison).

Gajeel avait d'abord était plutôt critique face à ce constat. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien trouver à tous ces bouquins ? Ce n'est pas comme si en combat ça pouvait bien servir à quoi que ce soit. Il eut l'occasion de se rendre compte qu'il avait tort lors de la bataille de Fairy Tail. Acculés, ils pensaient bien voir le plan de Luxus triompher, lorsque la fée bleue était intervenue, décryptant mots et codes à l'aide de ses livres, et Gajeel avait réalisé que les mots pouvaient être des armes très puissantes.

Ayant depuis cet épisode une certaine fascination et admiration pour la mage, Gajeel avait eu l'occasion de découvrir une nouvelle fonctionnalité aux livres : le plaisir. Gajeel avait d'abord cru que si Levy lisait autant, c'était pour développer des techniques de combats ou apprendre de nouveaux sorts. Mais il avait un jour surpris une conversation entre celle-ci et Lucy, les deux parlant avec enthousiasme de l'ouvrage qu'elles lisaient en même temps. À sa grande surprise, les feuilles n'abritait rien qui ne concerne la magie, mais racontait simplement une histoire d'amour. Cela avait tellement perturbé Gajeel qu'il était allé demander à la mage des mots pourquoi diable lisait-elle si elle n'avait aucune technique à en tirer. Levy l'avait regardé d'une manière incrédule, avant de sourire :

- Tu n'as pas l'habitude de lire, toi, avait-elle fait remarquer.

- Non... je... je n'aime pas vraiment, avait bredouillé Gajeel. Ça... m'ennuie.

- C'est sûr que la lecture est une activité moins mouvante ou dangereuse que tes loisirs habituels. Mais c'est quelque chose d'extraordinaire. Quand tu es plongé dans un livre, tu en oublies tes soucis, tu... fait un voyage dans une vie qui n'est pas la tienne.

- Mais pendant que tu lis, tu ne vis pas ta propre vie...

- Bien sûr que si ! s'était insurgée Levy. C'est toi qui imagine, qui ressent, qui vibre. Si tu lis, tu ne vis plus seulement ta propre vie, mais des centaines d'autres viennent s'y ajouter. Lire c'est... c'est une invitation à la liberté, avait-elle conclu.

Gajeel n'avait pas bien compris ce qu'elle voulait dire par là. Mais de voir son air si sincère et ses yeux si brillants de conviction... Pour la première fois de son existence, il avait ressentit l'envie de pallier à son ignorance.

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Il avait ainsi acheté quelques méthodes pour tenter d'apprendre par lui-même la lecture, mais ne progressait que terriblement lentement. Il n'avait en effet aucun professeur pour le guider réellement, Juvia étant trop expansive et Lily perdant trop facilement patience. Il se contentait ainsi de s'entraîner à reconnaître quelques signes que son Exceed lui montrait dans la journée.

Les choses avaient continué ainsi un certain temps, jusqu'à un soir de février. Levy était partie en mission pour quelques jours, et Gajeel avait profité de son absence pour étaler ses affaires d'apprentissage sur la table du salon. Armé de crayon, papier, cahiers et méthode de lecture, il s'efforçait de démêler quelques mots qui se présentaient devant lui. Les choses lui étaient si difficiles qu'il avait passé trois jours enfermé, avec pour seule compagnie ses livres et Lily, qui lui apportait à manger. Ce fut l'Exceed, le soir du troisième jour, qui lui fit remarquer :

- Ce n'est pas aujourd'hui que Levy est censée rentrer ?

Gajeel s'était figé en entendant la question formulée par son ami. Il jeta un coup d'œil paniqué à l'horloge qui affichait sept heures – Levy serait là dans quelques minutes ! Le chasseur de dragon se précipita alors vers la cuisine, sachant pertinemment que sa petite-amie lui remonterait les brettelles (à juste titre) s'il n'avait rien préparé à manger pour son retour, alors qu'il était resté à la maison tandis qu'elle s'était fatiguée au travail. Enfilant rapidement un tablier, Gajeel ouvrit précipitamment les placards en pestant – évidement, il avait oublié de faire les courses. Avisant un paquet de pommes de terre qui traitait au fond de la cuisine, il décida d'opter pour des patates sautées. Simple, efficace, consistant, et surtout réaliste sur ses compétences culinaires.

Il venait de terminer de rajouter quelques épices lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir – juste à temps ! Deux minutes plus tard, il sentit des petits bras s'enrouler autour de sa taille.

- La mission s'est bien passée ?

- Parfaitement, répondit joyeusement Levy. Mais je suis exténuée...

- Va poser tes affaires alors, je mets la table pendant ce temps. Et je t'ai préparé une infusion.

Gajeel ne put retenir un léger rougissement en entendant le « tu es parfait » de sa compagne, qui but avec avidité la liqueur en question, avant de déposer un rapide baiser sur son bras (le seul endroit que sa petite taille lui permettait d'atteindre). S'autorisant un léger sifflotement, Gajeel fit une dernière pirouette à ses féculents, et amena le tout sur la table. Il put ainsi constater deux problèmes : premièrement, il avait oublié de débarrasser celle-ci de ses affaires d'apprentissage, et deuxièmement, Levy était en train de les regarder avec attention.

- Gajeel... tu... tu ne sais pas lire ? lui demanda avec étonnement Levy.

Il considéra un moment de mentir, mais opta plutôt pour la vérité, qu'il donna d'un hochement négatif de tête. Le moment fatidique était arrivé : celui où Levy apprendrait son ignorance. Cela aurait été n'importe qui d'autre, Gajeel ne s'en serait pas inquiété. Mais Levy tenait en si haute estime la lecture... Avec elle, ce n'était pas un passe-temps, c'était un art. Et si elle décidait de le quitter en constatant qu'il ne le maîtrisait pas ? Mais la phrase qu'elle rajouta ensuite le rassura immédiatement :

- Tu veux que je t'apprenne ?

Gajeel sourit timidement. Oui. Oui, il voulait que Levy lui apprenne. Il voulait connaître les mots et leur sens, et pas seulement pour lui faciliter la vie. Mais aussi parce que les livres étaient une partie intégrante du monde de Levy, et quand apprenant à les déchiffrer, Gajeel avait l'impression de se rapprocher d'avantage de son âme.

Sûrement Levy n'avait pas saisit tout ce à quoi pensait Gajeel en cet instant, mais elle compris que sa réponse était positive.

- Bien. Alors je te propose de déguster ce bon plat, prendre un bain relaxant, et démarrer notre petite séance de lecture ?

Le plat se révéla infect (Gajeel avait dans la précipitation confondu le sucre et le sel, et laissé brûler les pommes de terre en mettant la table), le bain fut tout sauf relaxant (ils passèrent leur temps de baignade à s'envoyer en l'air) et la petit séance de lecture fut toute sauf petite, puisque s'éternisa jusqu'à trois heures du matin.

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Au fil des mois, Gajeel était devenu de plus en plus à l'aise avec les mots et leur sens. Cela n'était guère étonnant : Levy était après tout le meilleur professeur qui soit (alliant patience, pédagogie et récompenses moins... professionnelles). Le mage de fer avait ainsi été en mesure de lire quelques livres, et se surprenait à sincèrement aimer cette activité. Il restait parfois plusieurs heures à lire dans l'herbe, Levy assise à ses côtés, les cigales tranchant le silence studieux qui s'installait entre eux. Le soir, ils partageaient leurs attentes, théories ou avis sur leurs lectures en cours. Ce n'était pas la vision que Gajeel avait pu avoir des jours de repos, mais cette état de sérénité et béatitude dépassait toutes ses espérances d'avenir. Il pouvait de plus sentir les bienfaits que cette activité développait chez lui : il se montrait plus calme, plus imaginatif, plus à l'aise à l'oral, plus empathique aussi. En définitive, le seul inconvénient dans tout cela tenait au fait qu'il doive porter des lunettes pour lire, ses yeux ayant révélés un besoin d'aide. Inconvénient qui n'en était toutefois pas réellement un – Levy trouvait en effet cela terriblement sexy.

Oui, tout compte fait, la lecture n'avait que des avantages.

oOoOo

Levy secoua son parapluie à l'entrée de la bibliothèque, en pestant contre Juvia et sa manie de déclencher des orages constants. Mais elle se calma très rapidement en s'avança parmi les allées du bâtiments, à la recherche de Gajeel. Le mage de fer lui avait donné rendez-vous plus tôt dans la matinée, en lui demandant de se libérer – il avait apparemment quelque chose d'important à lui dire. La petite fée sourit à cette idée. Elle avait toujours adoré les livres et les endroits qui les abritaient, mais elle les appréciait que d'avantage depuis que son petit-ami les fréquentaient aussi. Elle devait bien admettre que partager sa table de travail avec l'élu de son cœur rendait ses visites à la bibliothèque encore plus agréables, ce qu'elle n'aurait jamais cru possible.

Levy arriva finalement à l'endroit du rendez-vous. Il n'avait pas précisé quel était l'endroit en question, mais Levy savait qu'il s'agissait de leur table. Cette dernière était pourtant vide. Levy fronça les sourcils, surprise de ne pas trouver Gajeel. Peut-être était-il retenu à la guilde ? Elle allait commencer à sortir ses affaires lorsqu'elle remarqua que la table n'était pas entièrement vide.

Au centre de celle-ci se trouvait un exemplaire du deuxième tome de la saga « La Passe-miroir », qui Gajeel et elle suivaient avec intérêt. Ils venaient chacun de commencer le troisième livre. Un sourire aux lèvres, Levy se saisit de l'ouvrage abandonné – un des usagers avaient dû oublier de le ranger. Ce fut toutefois en le prenant en main qu'elle remarqua une petite tâche sur la tranche : il ne s'agissait pas d'un livre de la bibliothèque, mais bien de leur exemplaire ! Mais que faisait-il ici ? Gajeel était-il finalement venu au rendez-vous mais avait-il du partir, en oubliant dans la précipitation le livre ?

Alors que ces interrogations tournaient sans cesse dans son esprit, Levy vit alors qu'une feuille dépassait de l'ouvrage. Elle s'en saisit et lu avec avidité ce qui était griffonné : « ouvre le livre à la page 667 et lit la dixième phrase. Ensuite, va à la fin de l'ouvrage ».

Intriguée, Levy s'exécuta. Elle compta la dixième phrase, qui se révéla être :

« Ah et au fait... je vous aime »

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Un sourire tendre se fit sentir sur ses lèvres. Qu'elle délicate attention ! Toujours aussi curieuse, Levy décida d'exécuter la deuxième partie de la consigne. À la fin du livre se trouvait une autre feuille, et dont l'écriture – toujours aussi brouillonne – de Gajeel indiquait : « Le tour du monde en 80 jours, page 338, quatrième phrase »

Décidant de se prêter au jeu, Levy s'engagea dans les allées pour récupérer le livre en question. Ayant récupéré le livre cible, elle suivit les indications laissées par Gajeel et découvrir la phrase :

« Voulez-vous de moi pour votre femme ? »

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Diverses émotions se mélangèrent dans son esprit. N'arrivant pas à les décrypter, Levy ouvrit le livre à la fin pour regarder s'il y avait, comme pour le premier livre, une feuille. Il s'avéra que là aussi, Gajeel avait noté quelque chose : « Désolé, j'aurais dû choisir un livre avec 'mari' plutôt que 'femme', mais c'est tout ce que j'ai trouvé. Bref. Harry Potter 7, chapitre 8 »

Levy essaya de se rappeler du chapitre en question et se qui s'y passait, mais son cerveau ne semblait pas vouloir réfléchir correctement. Tout son être était tourné vers ce jeu de piste et vers ce qu'il semblait vouloir signifier – était-elle en train de rêver ?

Se dirigeant à toute hâte vers le rayon jeunesse – adolescence, Levy bouscula quelques visiteurs sur son passage sans y prêter une quelconque attention. Arrivée à destination, elle s'empara avidement du livre et dont le chapitre demandé titrait :

« Le mariage »

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Elle sentit une vague de chaleur empourprer ses joues. Elle devait être en train de rêver... Machinalement, elle tourna les pages pour retrouver une nouvelle feuilles de notes : « J'espère que le prochain mariage au quel j'assisterai ne se terminera pas comme celui de Bill et Fleur. Et maintenant... Six of crows, tome 1, page 179, dernier paragraphe en italique »

Le cœur battant à tout rompre, Levy se mit en marche pour trouver l'ouvrage en question et dont le paragraphe demandé indiquait :

« Beaucoup de garçons t'apporteront des fleurs. Mais un jour, tu rencontreras celui qui saura quelle est ta fleur préférée, ta chanson préférée, ton bonbon préféré. Et même s'il est trop pauvre pour te les offrir, cela n'aura aucune importance parce qu'il aura pris le temps de te connaître comme personne. Il sera le seul à gagner ton cœur »

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- Ta fleur préférée est le bleuet, car tu trouves que son symbolisme et sa couleur te correspondent bien.

Levy sursauta et se retourna vivement. Concentrée dans ses pensées et les mots énigmatiques de Gajeel, elle n'avait pas entendu ce dernier s'approcher d'elle, un bouquet de bleuet à la main. Elle se saisit maladroitement des fleurs qui lui tendait, tout en continuant ses propos :

- Ta chanson préférée est « White rabbit » de Jeffersion Airplane, et tes bonbons préférés sont les crocodiles Haribo. Rouges. Même si le goût ne change pas d'une couleur à l'autre, tu préfères les rouges, car ils te rappellent les tartes aux fraises de ta grand-mère. Je... Levy tu m'as fait découvrir ton monde. Les livres, tes goûts... tu t'es ouverte à moi, et j'espère avoir réussi à en faire de même. À te montrer un peu mon monde à moi. Et maintenant... j'aimerai que mon monde devienne tien. Et que le tien devienne mien. Alors... inspira-t-il en mettant un genou à terre et sortant une bague de sa poche. Accepterai tu de devenir ma femme ?

Levy ne put retenir des larmes de joie. Elle déposa un baiser sur les lèvres de Gajeel, prit la bague, et répondit :

- Le tour du monde en 80 jours, page 338, dixième et onzièmes phrases.


Note (de fin) : Pour ceux que la réponse intéresse, c'est la dernière page du 35e chapitre. Sinon les pages données sont exactes (à l'exception du Passe-Miroir que j'avais pas sous la main).
Sinon oui, j'aime beaucoup Gajeel avec des lunettes. Je trouve que ça casse avec sa démarche "bad boy", un peu comme Jesse dans Full House (série que personne ne doit connaître, mais tant pis). Bises !