Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour la 154e nuit du FoF sur le thème "Débile", l'occasion de revenir sur un des moments les plus frustrants de la saga
Merci Nanthana pour la relecture !
Assise face à la mer, Erza ruminait. La phrase de Jellal tournait en boucle dans son esprit.
« Je ne peux pas. Je suis... je suis marié »
Jamais la rousse n'avait entendu d'excuse aussi débile. Si le mage avait été réellement marié, jamais il ne lui aurait pris la main de cette manière. Jamais il ne l'aurait étendue sur le sable, ni joué tendrement avec ses cheveux. Ses yeux ne se seraient pas voilés d'un désir doux et surtout, il n'aurait pas réduit la distance entre eux pour l'embrasser. Non, si Jellal avait eu une femme, il n'aurait pas entamé ce rapprochement. Et surtout, il savait qu'elle le connaissait trop bien pour savoir qu'il respecterait son engagement, si engagement il y avait et que, de ce fait, elle se laisserait pas prendre par son excuse.
Alors oui, cette dernière était stupide. Pourquoi dans ce cas ne pas lui avoir simplement dit qu'il n'était pas intéressé par elle ? Erza aurait été déçue, bien évidemment, mais elle aurait compris. Elle aurait tenté de masquer le bruit de son cœur brisé par un gentil sourire et une proposition bancale – on reste amis ? Là encore, Jellal la connaissait. Il aurait dû savoir qu'elle réagirait ainsi, sans histoire ni larme. Sauf si...
Sauf si il était effectivement intéressé par elle et que la raison qui le retenait était tout autre.
Comme par exemple, l'idée stupide qui voudrait qu'il ne mérite pas le bonheur.
Ce fut en formulant cette pensée que Erza sut qu'elle touchait là la vérité. Jellal l'aimait. Mais Jellal ne s'aimait pas suffisamment pour s'autoriser à l'aimer. Bien sûr, il s'était laissé submerger par ses démons, métaphoriquement comme littéralement parlant. Il avait fait du mal autour de lui, beaucoup. Mais il n'avait jamais été le premier et unique responsable de ses actions les véritables coupables, c'étaient ceux qui l'avait réduit en esclavage, qui l'avaient torturé toutes ces années, les démons qui l'avaient possédés avec d'habiles paroles. Et par-delà ce détail qu'il refusait d'entendre, Jellal tâchait de faire amende honorable. Il s'était excusé et se battait tous les jours contre les forces du mal, sacrifiant sa vie pour sauver celle des autres.
Aux yeux d'Erza, personne ne méritait plus que lui de trouver le bonheur. Malheureusement, tant qu'il ne verrait pas les choses de cette façon, il ne pourrait jamais connaître l'amour.
Et elle, dans tout ça ? Que lui restait-il donc à faire ?
Elle envisagea un instant de traquer cet idiot pour lui faire comprendre sa manière de penser. Elle s'était même levée, mais se retint finalement. Elle ne pouvait pas pousser Jellal à se regarder autrement. Ça, c'était un travail qu'il devait faire lui-même, sinon cela n'aurait jamais la moindre chance de fonctionner.
Alors elle se rassit, jetant à la mer une promesse solennelle.
Je t'attendrais Jellal. Et quand tu seras prêt, je serai là.
