Bon, je sais que je vais (encore) me faire engueler ;-)mais je voulais dire un grand merci à Megara (merci pour m'avoir encourager, j'en ai besoin cette fois) et j'espère que vous allez aimer la suite (je croise les doigts...)
Tout en exposant sa dernière étude en matière de régression linéaire, Gil Grissom scannait l'assemblée qui lui faisait face. Il n'y avait là pas plus d'une centaine de personnes. Et il ne s'agissait exclusivement que de professionnels – criminologiste, scientifiques… La moyenne d'âge se situait à peu près au niveau du sien – 40 ans – et les gens semblaient, dans l'ensemble, plutôt attentifs. Il connaissait déjà certains d'entre eux. James Watson, éminent professeur de physique à Harvard. Andrew O'Brian, chef du laboratoire de police scientifique de Manhattan. Il continua à parler, se laissant porté par son enthousiasme pour le sujet. Il était en plein milieu d'une phrase particulièrement longue et compliquée quand l'une des portes latérales s'ouvrit avec un léger grincement.
Immédiatement, son regard – comme celui de la moitié des personnes présentes – courroucé se porta sur les intrus qui avait osé interrompre son discours. Mais la réplique incisive qu'il s'apprêtait à lancer aux importuns mourut sur ses lèvres quand il croisa les deux plus beaux yeux chocolat qu'il n'ait jamais vus. Deux océans noisette aux éclats ambrés. Et ces yeux appartenaient à une ravissante jeune femme dont le sourire confus – révélant un adorable espace entre ses deux premières dents – lui coupa littéralement le souffle. Prenant conscience que si son silence se prolongeait il ne passerait pas inaperçu, l'entomologiste se força à détacher son regard de la brunette. Avec l'aisance d'un homme qui connaît bien son sujet, il reprit son explication.
Pourtant alors qu'il continuait de disserter, il ne put s'empêcher de revoir ce visage, cette silhouette moulée dans une robe pourpre… Sentant son cœur s'emballer au souvenir de cette vision, il tenta de se concentrer sur son sujet. Sans grand succès. Instinctivement, il la chercha dans la foule et finit par la trouver. Elle était assise dans le fond de la salle, ses yeux attentifs étaient fixés sur l'écran derrière lui et elle semblait boire ses paroles. Un bon point pour son égaux songea t'il avec un léger sourire avant de se fustiger. Bon sang, elle ne devait pas avoir plus de 25 ans et il en avait presque 40 ! Il bénit intérieurement sa capacité à poursuivre son exposé tout en se noyant dans sa contemplation de cette jeune femme. Ses boucles brunes, ses traits fin et élégants, sa peau diaphane…
C'était ridicule. Il en avait parfaitement conscience. Il ne la connaissait même pas. Mais au fond de lui, il sentait comme une connexion entre eux. Un lien qu'il ne parvenait pas encore à expliquer. Un comble pour le scientifique qu'il était. Il la regarda se pencher vers sa voisine. Une autre jolie brune. Moins attentive cependant remarqua t'il alors que celle-ci semblait griffonner sur un petit carnet et ne semblait l'écouter que d'une oreille distraite. Elles se sourirent. La jeune femme en noir glissa quelques mots à l'oreille de la créature angélique qui avait toute son attention et qui rosit à la remarque avant de secouer la tête, visiblement amusée. Il ne l'en trouva que plus adorable et ne put que sourire à son tour en se traitant mentalement de vieux pervers pathétique.
Il ne sut pas vraiment comment il réussit à finir son intervention sans s'emmêler les pinceaux, bafouiller ou se répéter, mais le fait est qu'il y parvint. Il quitta la scène avec un certain soulagement, sous une salve d'applaudissements, échappant aux questions – plus ou moins pertinentes – qui auraient pu lui tomber dessus et auxquelles il aurait été bien incapable de répondre. A son grand désappointement, il n'échappa pas, cependant, aux poignées de main vigoureuses et aux compliments recherchés de ses collègues et des organisateurs. Il lui fallut un bon quart d'heure avant de pouvoir gagner la salle du buffet. Et, là encore, il fut assailli – malgré lui – de chaleureux encouragements. Prenant sur lui de dissimuler son ennui face à ces assauts, c'est avec un profond soulagement qu'il avisa Andrew qui lui faisait signe depuis le bar.
Il prit congé de ses 'admirateurs' et autres interlocuteurs avec une diplomatie qui l'étonna lui-même et se dirigea vers son vieil ami. A mi-chemin, il s'arrêta brusquement, les sourcils froncés. Parmi le groupe qui entourait Andrew, il distingua nettement la jeune brune qui l'avait envoûté un peu plus tôt. Elle discutait avec le docteur O'Brian en souriant. Une pointe de jalousie s'insinua insidieusement en lui devant la familiarité qui se dégageait de leur échange. Andrew avait à peu près le même âge que lui et avait toujours eu beaucoup de succès auprès de la gente féminine. Une aisance naturelle. Une élégance britannique certaine. Autant de choses qu'il n'avait pas, lui. Il reprit sa marche plus lentement en secouant la tête. Pourquoi réagissait-il comme ça ? Il ne lui avait même jamais parlé. Et elle était arrivée en retard à sa conférence. Oui, bon, cette dernière affirmation était stupide…
- « Ah, Gil… » l'accueillit Andrew avec un immense sourire. « Remarquable introduction » le complimenta t'il en lui serrant la main avec chaleur.
- « Andrew » le salua Gil à son tour avec un léger hochement de tête, se faisant violence pour ne pas laisser son regard s'égarer sur la brunette aux côtés de son ami.
- « Tu connais mon équipe » reprit le britannique. « Mais je voudrais te présenter la nouvelle venue. Sara Sidle. Elle nous vient d'Harvard et c'est notre plus brillante experte » expliqua t'il avec une expression de fierté quasi-paternelle. « Sara, voici Gil Grissom, un vieil ami. »
- « Enchanté docteur Grissom » fit la jeune femme en lui accordant un sourire enchanteur et une main tendue. Il la serra presque mécaniquement mais s'autorisa à la conserver dans la sienne un peu plus longtemps que nécessaire en lui retournant son sourire. « C'est un honneur de vous rencontrer » poursuivit-elle, les joues délicieusement teintées de rose. « Je… je suis désolée pour le retard… » commença t'elle, contrite en se mordant nerveusement la lèvre inférieure.
Mon Dieu qu'il est craquant… voilà ce qu'elle pensait. Elle avait lu tous ses articles et avait vu quelques photos mais la réalité… Il était plus grand, plus musclé et plus… attirant qu'elle ne l'aurait songé. Et les irrésistibles yeux bleus qui semblaient l'étudier avec minutie n'amélioraient pas sa capacité à conserver un discours cohérent. Aussi c'est avec gratitude qu'elle entendit Megan prendre la suite. La jeune femme, en grande conversation avec le professeur Watson, avait pourtant conservé un œil sur son amie et l'avait vue – non sans un certain amusement – s'embrouillé sous le regard intéressé de l'entomologiste. Sa petite Sara avait un faible pour le scientifique – faible manifestement réciproque – et elle trouvait ça trop mignon. Romantisme exacerbé de jeune new-yorkaise un peu fleur bleue oblige.
- « C'était de ma faute » fit donc Meg en s'avançant, coupant l'explication hasardeuse de sa meilleure amie. « Je la mets tout le temps en retard… c'est un mode de vie » indiqua t'elle avec malice. « Je suis Megan Wentworth » se présenta t'elle en échangeant une poignée de main avec Gil.
- « Et vous faites aussi parti du labo ? » s'enquit l'entomologiste, amusé.
- « Mon Dieu non » le détrompa la jeune brune en riant. « Je ne suis pas assez 'scientifique' pour ça. Je fais juste du soutien moral… toutefois votre exposé était très intéressant » admit-elle, une lueur espiègle dans le regard.
- « Vous n'aviez pas l'air très concentré pourtant » remarqua t'il sur le même ton.
- « Oh mais contrairement aux hommes, nous les femmes pouvons faire plusieurs choses à la fois… » répondit-elle, narquoise. Gil Grissom la scruta un instant puis lui offrit un véritable sourire. Sara Sidle était un ange tomber du ciel mais son amie était pour le moins… intéressante.
- « Humm… Gil » l'interpella Andrew. « Je crois que Sara avait quelques questions à te poser, tu pourrais… »
- « Bien sûr » s'empressa de répondre l'entomologiste, tentant tant bien que mal de dissimuler son enthousiasme face à cette proposition. « Ce sera avec plaisir miss Sidle » fit-il en lui offrant galamment son bras pour la conduire à leur table.
- « Appelez-moi Sara » fit la jeune femme en prenant son bras, plus assurée.
- « Seulement si vous m'appelez Gil » répondit le docteur Grissom, souriant.
TBC
