Alors, plusieurs choses...

... en premier lieu je suis vraiment (mais vraiment)désolée pour le délai mais il fallait absolument qu'Isa (je t'adore miss :-)) le lise avant.

... Megara, je ne vais pas mettre un chapitre entier sur la soirée (je n'ai pas assez de sujet pour un chapitre entier) mais dans le prochain chapitre j'y ferais pas mal d'allusion et tu sauras, en gros comment ça c'est passé, j'espère que ça te plaira quand même ;-) et merci à toi et à Grace.

XXX


(A fine fine line, Kate Monster)

La semaine passa comme dans un rêve… et à une vitesse ahurissante du point de vue des deux experts. Ils alternaient conférences et visites de la ville. Sara se faisait un plaisir de jouer les guides touristiques pour l'entomologiste. Et Gil se faisait un plaisir de jouer les touristes dociles pour la jeune femme. Ils avaient fait un tour par les antiquités grecques et contemplé les œuvres de la Hudson River School au'Met' (Metropolitan Museum of Art). Ils avaient flâné dans les galeries du 'MoMA' (Museum of Modern Art) et avaient ri devant les improbables tableaux d'un quelconque artiste abstrait et devant les sculptures informes qui parsemaient le jardin. Après un détour obligé par le Rockefeller Center, Sara lui fit découvrir au docteur Grissom Soho et le 'UsedBookCafé' dont la collection de livres ancien le ravit.

Vendredi, en fin de matinée, ils revenaient d'Ellis Island et se promenaient dans Battery Park, une glace à la main. Le vent d'avril s'engouffrait malicieusement dans les boucles brunes de la jeune femme qui marchait quelques mètres en avant, moulée dans un jean et un petit pull clair. Gil en profitait pour l'observer discrètement, se laissant porté par le fil de ses pensées. Elle était belle. C'était indubitable. A ces yeux au moins. Elle avait du charme et était élégante tout en restant simple. Il l'avait su au premier coup d'œil. Elle était intelligente aussi, cultivée vive, douce, enjouée, réfléchi, généreuse et drôle. Ça il l'avait appris au fil des jours. En plus, elle jouait du piano. Si on lui avait demandé, à l'instant, de décrire la femme parfaite il n'aurait utilisé qu'un mot. Un nom. Sara.

Et le pire – ou le meilleur, il n'était pas très sûr – dans tout ça c'est qu'elle l'appréciait et que parfois, elle donnait même l'impression de… d'être sincèrement attaché à lui. S'il avait cru au destin… S'il avait été de ces hommes qui pensaient que chaque rencontre n'était qu'une nouvelle pierre apportée à un édifice dont les plans seraient déjà tracé… Alors là, il n'aurait pas hésité à dire qu'elle était celle – la pierre – qui manquait au sien – d'édifice. Il aurait sûrement ajouté qu'elle en était la pièce maîtresse et que sa présence comblait un vide immense dont il n'était même pas conscient auparavant. Mais voilà, il ne croyait pas au destin. Pas plus qu'il ne croyait aux contes de fées et aux happy end. Sa vie comme elle était lui convenait. Il en était satisfait. Du moins, il s'évertuait à le penser.

Et même si elle semblait l'éclairer d'une lumière nouvelle, ce soudain éclat ne pouvait être que temporaire. C'était sans doute la raison pour laquelle il n'avait pas encore cédé à la tentation. Une fois qu'il aurait goûté à ses lèvres, à son corps, comment pourrait-il encore se contenter de la médiocrité d'un quotidien dont elle serait fatalement absente ? Parce qu'elle partirait. Un jour au l'autre. Elle le laisserait désespéré et plus seul que jamais. Anéanti. Il ne pouvait pas se le permettre… Pour l'instant ils n'avaient fait que flirter. Avec une relative innocence. Des regards appuyés, des sourires malicieux, des contacts qui s'éternisaient. Rien de trop concret. Juste ce qu'il fallait pour maintenir leurs sens – et sa frustrations – en éveil. Un peu comme un jeu qu'ils savaient dangereux mais qui n'en était que plus tentant.

Il savait qu'ils allaient craquer. Ils finiraient forcément par craquer. Il l'avait lu dans ses yeux chocolat lorsque leurs doigts s'étaient effleurés autour d'un cône vanille. Et elle l'avait certainement lu dans les siens. Il ne le voulait pas. Il le désirait comme il n'avait jamais rien désiré, comme il la désirait. Il l'aimait. Pourtant, ça ne changerait rien. Rien. Il repartirait demain matin. Bien sûr, il aurait pu reporter son départ. Au moins jusqu'à dimanche. Ou même prendre quelques jours de congé supplémentaires. Mais chaque heure en sa compagnie rendait plus insupportable l'idée de la séparation. Pourquoi vouloir prolonger volontairement cette lente agonie ? Pourquoi vouloir retarder quelque chose qui aurait, de toute façons, lieu tôt ou tard ? Pourquoi vouloir lui donner de faux espoir ?

Elle était à Manhattan, il était à Vegas. Il ne quitterait jamais son travail et il ne lui demanderait jamais de le faire. Les relations 'longue-distance' étaient ni plus ni moins qu'un mythe entretenu par les quelques irréductibles romantiques qui existaient encore ça et là. Et quand bien même, ce n'était pas de ça qu'il voulait. Elle la voulait tous les jours à ses côtés. Il voulait pouvoir la serrer dans ses bras tous les soirs en s'endormant, se réveiller tous les matins à ses côtés ; dîner avec elle d'une pizza réchauffée devant une énième rediffusion de 'Pretty woman' – film qu'elle avait avoué adorer après un troisième verre de saké – et toutes ces petites choses anodines qui faisaient qu'un couple était effectivement un couple. Mais, même si – hypothétiquement parlant – toutes ses conditions étaient réunies, ça ne durerait pas.

Elle se lasserait. Elle se lasserait de sa passion pour les insectes. Elle se lasserait de son dévouement à pour son travail. Elle se lasserait de son mauvais caractère. Et pour finir elle se lasserait de lui et le quitterait pour un homme plus jeune, plus 'normal'… C'était injuste. Elle n'était pas comme ça. Mais ce n'était pas en elle qu'il n'avait pas confiance – pour preuve, il lui avait confié son cœur. C'était lui le problème. Ça avait toujours été lui. Et puis, qui était-il pour prétendre qu'elle l'aimait. Peut-être n'était-ce rien qu'un flirt. 24 ans était encore l'âge des coups de tête, des petits faibles pour un professeur, pour un étranger… Quelque part il espérait qu'elle l'aimait – parce que lui l'adorait. Et en même temps il espérait que ce n'était pas le cas – parce qu'il ne voulait pas qu'elle souffre. Surtout pas à cause de lui.

Il ne voulait pas la perdre. Mais c'est ce qui allait arriver. Parce qu'ils ne pouvaient pas maintenir plus longtemps cette façade amicale déjà si fragile, fissurée et branlante. Ils ne pouvaient plus se mentir. C'était par trop malsain. Si ils décidaient de garder cette couverture, s'ils restaient en contact – privés de toute excuse pour ne pas le faire – comment supporter le jour où l'un ou l'autre – elle, sûrement – annoncerait un mariage, un bébé… Il en serait bien incapable. Si il décidait de percer l'abcès et de se laisser aller, rien qu'une fois… Prétendre qu'ils resteraient 'amis' après ça était vain. Prétendre qu'ils se reparleraient après ça était utopique. Il ne le pourrait pas. D'autant plus que ça ne représenterait sûrement pas, pour elle, ce que cela signifierait pour lui – à savoir tout, absolument tout. Son indifférence n'était pas quelque chose qu'il se sentait prêt à affronter – ni aujourd'hui ni jamais.

Sara se sentait et se savait observée. Et elle aimait ça parce que c'était lui. Lui. C'était amusant la manière dont il avait son chemin dans sa vie. Dans son cœur aussi. Cette semaine avait été parfaite. Vraiment. La preuve elle n'avait pas mis les pieds une seule fois au labo – contrairement à ce qu'elle avait l'habitude de faire, même pendant ses congés. Le problème c'est qu'il repartait demain. Elle aurait voulu pouvoir affirmer qu'elle s'en remettrait en deux jours, qu'elle n'avait qu'à considérer leur relation que comme un flirt de vacances... Mais elle ne le pouvait pas. Elle ne le pouvait plus. Quelque part entre ses yeux turquoise et son sourire charmeur, elle en était tombée amoureuse. De lui et de cette manière si tendre qu'il avait de la regarder. De ses attentions constantes. De cette adoration qui dansait dans son regard quand il se posait sur elle.

Ce n'était pas comme si elle avait tout fait pour l'éviter, elle aurait pu. C'est seulement qu'elle n'avait pas pensé qu'elle pourrait tenir à lui à ce point. En toute honnêteté, elle ne l'avait jamais été avant. Amoureuse. Pas vraiment. Bien sûr, il y avait eu quelques hommes. Certains lui avaient réellement plu, certains avaient beaucoup compté. Mais jamais de cette façon. Il n'y avait jamais eu cette impression… Comme si elle le connaissait depuis toujours. Comme si ils étaient si semblables qu'ils se comprenaient à mi-mots. Comme si il pouvait être celui avec lequel elle se sentirait vraiment chez elle. C'était ridicule. Les 'âmes sœurs' étaient un concept archaïque qui ne valait que dans les drames de Shakespeare ou de Corneille. Mais pourtant elle l'aimait cet entomologiste un peu en marge, incroyablement doué et très sexy…

Le fait qu'il repartirait le lendemain n'y changerait rien. Le fait qu'il finirait bien par lui briser le cœur n'y changerait rien non plus. D'un simple geste de la main, il avait fait volé en éclat les barrières qu'elle avait érigées autour d'elle au fil des ans. Et il n'en avait sans doute même pas conscience. Il valait mieux qu'il n'ait pas conscience du pouvoir qu'il avait sur elle. Elle ne pouvait pas se le permettre. Ça ne serait pas juste. Ni pour elle, ni pour lui. Il avait une vie là-bas à Vegas. Une vie dans laquelle elle n'avait pas sa place. La seule chose qu'il pouvait lui offrir était une aventure comme celles que l'on voit dans les films. L'une de ces liaisons brèves et intenses dont le souvenir de vous quitte jamais. Le parfait cliché. Et elle savait exactement ce qui allait se passer…

- « Quel est le programme maintenant ? » fit une voix chaude et rieuse à l'oreille de la jeune femme qui manqua de sursauter.

Elle se retourna juste à temps pour saisir le voile de tristesse fugitive qui passa dans le regard de Gil. Un instant elle fut tentée de lui dire qu'ils pouvaient encore tout arrêter. Qu'il n'était pas trop tard. Elle aurait voulu le supplier de la laisser partir sans hurts, lui avouer qu'elle était trop impliquée et qu'elle n'y survivrait pas. Mais elle n'en fit rien. Il était trop tard. Il était trop tard depuis qu'ils s'étaient rencontrés. D'une manière ou d'une autre ils avaient besoin d'aller jusqu'au bout pour pouvoir passer à autre chose, pour continuer.

- « On pourrait aller faire un tour au Guggenheim » proposa la jolie brune, d'une voix assurée qui était loin de traduire son véritable état d'esprit. Ils étaient très doués, tous les deux, pour dissimuler leurs sentiments. Surtout lui. Peut-être même un peu trop pour leur propre bien.

- « Parfait » approuva l'entomologiste en lui offrant son bras avec un sourire sincère mais douloureux. « Tu sais qu'on a le même à Las Vegas ? » fit-il, espiègle, désireux de revoir ce merveilleux sourire qu'il aimait tant. Il ne fut pas déçu et, porté par une impulsion il déposa un tendre baiser sur la tempe de Sara. Elle était tellement merveilleuse et il n'avait vraiment aucune envie de la quitter…

Au musée, ils choisirent de négliger les galeries permanentes pour se diriger vers l'exposition temporaire qui était dédiée aux peintres abstraits. Les salles étaient quasiment vierges de tout visiteur. Cette solitude ne les dérangea pas le moins du monde, au contraire… Ils ne surent jamais vraiment qui avait fait le premier pas, le premier geste vers l'autre. Un moment ils débattaient à propos de la signification d'un – obscure – tableau de Kandinsky et la seconde suivante ils s'embrassaient à en perdre haleine devant ledit tableau. Sara n'était consciente que du corps chaud et ferme tout contre le sien. De sa main posée dans le creux de ses reins. De son autre main jouant dans ses boucles brunes. De ses lèvres pressées avec fièvre contre les siennes. De son odeur enivrante. Des muscles de son torse sous ses doigts.

Gil ne vivait plus que pour ce corps frissonnant et gracile tout contre le sien. Pour ses mains sur son torse qui se frayèrent un chemin vers ses épaules pour venir se nouer autour de sa nuque. Pour ses lèvres incroyablement douce et sucrées qui se mouvaient sous les siennes. Pour son odeur envoûtante. Pour la soie de ses cheveux entre ses doigts et de la courbe de ses fesses sous sa paume. Il avait rêvé de ce moment les 5 dernières nuits et il venait d'avoir la preuve que la réalité dépassait toujours la fiction. Sa langue passa le barrage de ses dents de sa propre initiative et entama avec la sienne un ballet des plus ardent qui acheva d'attiser leur désir. Malgré une envie impérieuse de l'allonger sur le sol et de lui faire l'amour là, devant ce tableau, l'entomologiste jugea que ce n'était pas la meilleure des idées.

- « On ferait mieux d'aller ailleurs… » murmura Sara, le souffle court et les joues roses, tout contre ses lèvres.

Si ses mains n'avaient pas été si délicieusement occupées sous le pull de la jolie brune, il aurait certainement applaudi. Au lieu de ça, il se contenta d'acquiescer. Ses yeux obscurcis par le désir ne quittaient la bouche si tentante de la jeune femme. Sans plus réfléchir, il reprit possession de ses lèvres entrouvertes et la ploya délicatement dans une imitation parfaite d'un baiser hollywoodien. Quand il l'aida à se redresser après une étreinte des plus passionnées, la jeune femme posa son front contre son épaule et se mit à rire doucement. Elle avait pris plus de plaisir dans ce simple baiser avec lui que dans nombre d'explorations plus 'poussées' avec d'autres hommes. Sa décision était prise. Définitivement cette fois. Même si cela devait la détruire. Et puis ne disait-on pas 'mieux vaut avoir des remords que des regrets' ?

- « Venez… » reprit Sara en lui prenant la main et en l'entraînant vers la sortie d'un pas décidé. Gil l'obligea à ralentir un peu et elle se retourna un instant, perplexe. Il posa sur elle un regard d'une intensité troublante.

- « Vous êtes sûre ? » fit-il à mi-voix. La vulnérabilité, l'espoir, l'inquiétude et la tendresse qu'elle lu dans ses yeux lui ôtèrent ses derniers doutes – ou du moins les reléguèrent aux confins de son esprit. Ce fut à son tour d'hocher doucement la tête. Il parut rassuré et porta brièvement sa main blanche à ses lèvres pour en effleurer la peau douce dans un geste de dévotion qui aurait fait fondre n'importe quelle femme normalement constituée. Et qui ne manqua pas de faire fondre la jolie brune.

Dans le taxi qui les ramenait à l'appartement, ils eurent toutes les peines du monde à garder leurs mains et lèvres éloignées du corps de l'autre, pour le plus grand amusement de leur chauffeur. Ils venaient d'éveiller un brasier dont ils commençaient tout juste à mesurer l'ampleur… C'est Sara qui avait choisi leur destination – sachant que Megan en serait absente au moins jusqu'à demain. La chambre d'hôtel de l'entomologiste lui avait semblé beaucoup trop… Enfin, ce n'était pas la connotation qu'elle voulait donner à cette histoire. Une nuit unique dans une chambre d'hôtel c'était vraiment le parfait cliché qu'on associait à une aventure honteuse, illégale, souvent malsaine. Et ce n'était pas ce qu'elle voulait. Ce n'était pas mal, ce n'était pas quelque chose qu'elle voulait cacher ou oublier.

A peine entrés dans l'ascenseur, ils furent inexorablement attirés l'un vers l'autre. Leurs lèvres se cherchèrent et se trouvèrent pour se rencontrer avec une fièvre témoignant de leur impatience. Leurs langues jouèrent un moment avant de se mêler avec délice, étouffant les gémissements extatiques provoqués par cette danse des plus érotiques. Dans la recherche d'un contact peau contre peau, la veste de Grissom avait été repoussée sans ménagement et le pull de la jeune femme avait été notablement remonté. Le regard de Sara était noir comme l'ébène et ses gestes fébriles trahissaient un niveau d'excitation que son compagnon avait déjà manifesté – de manière plus visible encore – quelques temps auparavant, la faisant sourire contre ses lèvres avec espièglerie.

Dans ces circonstances, la recherche des clefs et l'ouverture de la porte se révélèrent des opérations délicates et assez… frustrantes. Mais une fois l'obstacle brillamment passé – après quelques éclats de rires et soupirs impatients – le scientifique prit les choses en mains. Refermant la porte d'un adroit coup de pied, il fondit sur Sara. Sans quitter ses lèvres une seule seconde, il la souleva de terre et elle l'obligea en nouant ses longues jambes autour de ses hanches, apaisant pour un temps ce besoin de l'autre avant de l'attiser de plus belle. Les vêtements tombèrent sur le sol comme les feuilles des arbres en hiver et, cette fois-là, ils n'eurent pas la patience d'aller plus loin que le canapé… Plus tard, alors qu'ils reprenaient progressivement une respiration normale et émergeaient doucement des brumes du plaisir dans lesquelles ils avaient sombré, l'entomologiste se sentit coupable de cette précipitation.

- « Je suis désolé » souffla Gil tout en caressant tendrement les boucles brunes de la jeune femme lovée dans ses bras.

- « Pourquoi ? » s'enquit-elle un peu surprise et un peu inquiète aussi. Pour sa part, elle avait trouvé ce premier corps à corps littéralement magique – et Dieu sait pourtant qu'elle était bien trop cynique pour adhérer à ce genre de cliché. Mais peut-être avait-il été déçu ?

- « Je ne voulais pas que ça se passe comme ça la première fois. Je voulais… J'aurais voulu que ce soit parfait… pour toi… » avoua t'il en resserrant son étreinte autour de son corps fin dont le contact chaud l'apaisait et le faisait méditer sur la chance insolence qu'il avait d'être aimé d'elle, ne serait-ce que pour une nuit. Sara releva la tête vers lui, malicieuse, avec ce sourire, celui qui lui donnait l'impression qu'il était l'homme le plus heureux de la Terre.

- « C'était parfait » le contredit-elle au bout de quelques minutes de silence uniquement troublé par le bruit lointain de la circulation new-yorkaise. Elle fit glisser le bout de ses doigts sur son torse dénudé avant de les arrêter au niveau de son cœur dont elle sentait les battements désordonnés sous sa paume. Son sourire espiègle gagna ses yeux. « Maintenant, si tu faisais référence à un endroit un plus conventionnel et plus confortable, ça peut toujours s'arranger. Mais pour l'instant… j'ai faim » déclara t'elle le plus sérieusement du monde en se levant après avoir déposé un léger baiser sur les lèvres de son amant.

Grissom, rassuré et amusé, suivit sa progression d'un regard appréciateur et sourit lorsqu'elle enfila son tee-shirt pour se diriger vers la cuisine. Un regard à la chaîne lui apprit qu'il était 17 heures passé et son estomac lui rappela que – mis à part une petite glace à la vanille – il n'avait rien avalé depuis ce matin alors qu'il s'était dépensé… Enfilant son boxer, il rejoignit donc la jolie brune dans la cuisine. Hum… il avait bon dos son estomac mais s'il était franc avec lui-même, le désir de ne pas être éloigné de plus de 10 centimètres de la jeune experte y avait certainement plus à voir que son appétit – ou que ce type d'appétit en tous cas. S'il avait été raisonnable, il serait reparti dès maintenant. Pour ne pas s'impliquer davantage. Mais il y avait une faille de taille dans son plan : il ne pouvait pas être plus impliqué…

Il était déjà fou d'elle. Et si, à la rigueur, il aurait pu s'en sortir avant 'ça', il était bel et bien perdu à présent. Homme de peu de mots, il ne mettrait pas de phrases sur les émotions qu'il avait ressenties. Mais ça avait été… Eh bien, normalement il ne perdait jamais pied dans ce genre de situation, il conservait toujours un minimum de contrôle. Pas là. Il en avait été incapable. Ça avait été trop fort, trop profond, trop puissant. Il avait du se faire violence pour ne pas murmurer un 'je t'aime' au milieu de la litanie de 'Sara' qui s'étaient échappés de sa bouche entre deux respiration erratiques. Ce n'est pas que ça l'aurait gêné mais il ne voulait pas rendre ça plus pénible pour elle. La fusion de leurs corps avait, à elle seule, déclanché une myriade de sensations qui les dépassaient, autant ne pas y ajouter ses sentiments…

Il l'observa en silence, s'imprégnant de son image – elle portant son tee-shirt – alors que la jeune brune leur préparait des œufs brouillé et des tartines de beurre de cacahuètes et de nutella. Ses lèvres s'étirèrent d'un sourire mi-attendri mi-amusé devant ce repas à l'équilibre nutritionnel plutôt précaire. N'y tenant plus il passa derrière elle et glissa ses bras autour de sa taille pour l'attirer contre son torse avant de ravager sa nuque d'une nuée de petits baisers. Son soupir de bien-être et la façon dont elle pencha la tête pour lui offrir un meilleur accès le ravirent et l'encouragèrent à poursuivre sa tendre torture. Le goût de sa peau était diablement intoxiquant et toutes idées de nourriture au sens propre quittèrent son esprit. Et une main des plus audacieuses se faufilant sous un certain tee-shirt eut tôt fait de persuader Sara…

Finalement, après deux nouveaux corps à corps – entrecoupés d'une pause repas – ils s'endormirent tous les deux dans le lit de la jeune experte, enlacés. Une fatigue parfaitement compréhensible et un sentiment de plénitude – comme ils n'en avaient jamais éprouvé – ayant eu raison de leur résistance. Encore à mi-chemin entre la conscience et le pays des rêve, Gil Grissom couva d'un dernier regard la silhouette blottie dans ses bras et articula un 'Je t'aime' silencieux contre son front – son souffle chaud caressant sa peau moite – avant de s'autoriser à fermer les paupières…


TBC (rapidement, c'est promis)