Ah, j'avais dit angoisse... et puis ça n'aurait pas été drôle si ils avaient été ensemble tout de suite, si ;-)?

Sinon je trouve ce chapitre moins réussi mais bon, c'est une opinion personnelle. Il faut se rappeller que c'est Grissom qui part, Sara est donc plus 'confuse', mais j'espère que vous allez aimer.

Merci les filles (comme d'hab :-))

PS : désolée si il y a des fautes, je l'ai fini cette après-midi en catastrophe pour que vous n'ayiez pas une semaine à attendre...


(Perfect girl, Sarah McLachlan)

Elle ne savait pas vraiment depuis combien de temps elle était étendue là, les épaules secouées de sanglots silencieux. C'est un goût métallique dans sa bouche qui la ramena à la réalité. Elle relâcha la pression sur sa lèvre meurtrie mais se refusa à ouvrir les yeux, bercée par la vaine illusion que tout cela n'était qu'un mauvais rêve et qu'elle se réveillerait bientôt. Dans ses bras. Utopique, non ? Elle se savait réveillée. Et elle se savait seule. Désespérément seule. C'est l'impression déroutante d'être observée qui l'avait sortie du sommeil. Elle avait senti ses yeux sur elle. Longuement. Mais elle n'avait pas bougé. Il semblait la croire endormi et il semblait se contenter de la caresser du regard. Immédiatement son cœur s'était serré. Et elle avait su. Su qu'elle ne sentirait plus jamais la chaleur de sa peau contre la sienne, l'ardeur de ses baisers, son souffle dans sa nuque…

Elle l'avait senti se rapprocher à un moment puis se retirer aussitôt. Elle en avait été blessée. Et puis elle l'avait senti se lever, s'éloigner. Elle n'avait pas bougé. S'il avait voulu qu'elle se réveille, il se serait manifesté d'une caresse ou d'un baiser. Elle nota un bruit de vêtement, une hésitation, des pas… Elle était seule dans la chambre et une larme franchit la barrière de ses paupières closes à cette constatation. Une lancinante envie de vomir, de crier s'empara d'elle mais elle ne fit pas un geste, attentive aux bruits qui lui parvenaient d'en bas. Peut-être qu'il allait remonter. Peut-être qu'il préparait seulement le petit déjeuner, pour eux. Et même lorsque la porte d'entrée se referma d'un bruit sec, la faisant sursauter, elle ne renonça pas. Peut-être qu'il était parti acheter des croissants, des fleurs, le journal…

Elle fut secouée d'un rire nerveux. A qui voulait-elle faire croire ça ? Elle attendit pourtant. Deux minutes, deux heures… La notion de temps lui avait toujours semblé très subjective. Mais ce n'est qu'au bout d'une éternité qu'elle consentit finalement à affronter la réalité. Il était parti et il ne reviendrait pas. Jamais. Et elle n'en était même pas surprise. Elle en était malade, ça oui, mais pas surprise. Ce baiser qu'il lui avait donné avant de la serer contre lui ressemblait trop à un baiser d'adieu… Se retournant dans son lit, elle attrapa son oreiller, à lui, et enfouit son visage dedans avant de le lancer avec rage à travers la pièce. Et c'est seulement là qu'elle s'autorisa à pleurer. Elle savait que ça finirait comme ça. L'accord tacite qu'ils avaient passé ne valait que pour une nuit.

Mais, naïvement, elle avait pensé qu'il y avait quelque de plus. Que ce n'était pas une simple nuit. Qu'il y avait des sentiments impliqués. Manifestement elle s'était trompée. Elle ne demandait pas une déclaration d'amour éternel ou une promesse de mariage. Juste… une étreinte, un baiser, un mot… Elle ne voulait pas qu'il disparaisse ainsi de sa vie. Pas lui. Elle ne voulait pas croire qu'il était comme tous ces hommes qu'elle méprisait et qui se servaient des femmes avant de les laisser tomber et de passer à la suivante. Elle ne voulait pas qu'il soit comme ça parce que… parce qu'elle voulait croire qu'il était spécial, qu'il avait été sincère avec elle. Parce qu'elle l'aimait, lui. Parce que si elle pouvait accepter ça des autres, elle ne pouvait pas l'accepter de lui.

Parce qu'elle avait été si souvent déçue par les hommes qu'elle aurait voulu pouvoir se raccrocher à quelqu'un. Même si elle ne le revoyait jamais, elle aurait voulu pouvoir se dire qu'elle avait vécu une belle histoire. Et il venait de tout gâcher. Bien sûr elle n'aurait pas du placer ses espoirs si haut. Bien sûr, venant d'un autre, cette attitude ne l'aurait pas autant faite souffrir. Stupide petite fille qui rêve encore au prince charmant. Et maintenant elle se sentait terriblement seule, abandonnée, vulnérable, bafouée… Elle s'assit dans son lit, tremblante, perdue. Elle secoua doucement ses boucles brunes et, habillée d'un simple drap, elle se décida à quitter la chambre. Au bout de vingt minutes de recherches infructueuses, elle dut se rendre à l'évidence. Il n'avait pas laissé le moindre le mot. Rien.

Cette découverte, plus que tout autre chose déclancha en elle la montée d'une colère sourde et, dans un accès de rage, elle jeta à terre un vase et le bouquet de roses qu'il contenait. De magnifiques roses blanches qu'il lui avait offertes… Le vase se brisa dans un bruit sec, répandant l'eau et les fleurs sur le sol de la cuisine au milieu des débris transparents. Le geste la soulagea un trop bref moment avant qu'elle se laisse tomber à terre, un sentiment de vide intolérable vrillant tout son être. Lorsqu'elle releva les yeux, une esquisse au mur attira son regard. Elle s'empara du dessin dans un état second et le réduit en miettes. Bientôt il ne resta plus du docteur Grissom que quelques morceaux de papier froissé qui finirent leur course dans la poubelle, précédant de peu une douzaine de roses décapitées.

Mue par une irrépressible envie de faire disparaître tout ce qui était en rapport avec 'lui', la jeune femme regagna l'étage et changea ses draps, renonçant toutefois à les brûler – trop radical. Ce n'est qu'une fois sous la douche qu'elle s'autorisa à souffler un peu et à reprendre ses esprits. Alors qu'une cascade d'eau brûlante balayait ses dernières larmes, elle s'appuya contre le mur froid de la cabine et ferma les yeux, les poings serrés. Des images de la soirée et de la nuit lui revinrent naturellement en mémoire. La douceur de ses mains sur son corps, l'ardeur de ses baiser, la tendresse de ses mots, la révérence dans tous ses gestes. Tout ce qui avait fait la différence avec 'les autres'. Quel salop... Quand on y réfléchissait bien, s'était sans doute le pire de tous.

Il lui avait fait miroiter un monde, il lui avait fait touché du bout des doigts le bonheur pour mieux le lui enlever ensuite. Il avait joué avec elle. Il n'avait pas respecté les règles… Ils n'avaient pas été à armes égales. Elle lui avait tout donné et il avait tout pris. Elle le haïssait comme elle n'avait jamais haï personne – pas même son père. Orgueil bafoué ? Sentiments piétinés ? Cœur brisé… ? Elle ne savait pas trop mais elle le haïssait sans doute pour toutes ses raisons et pour bien d'autres encore – valables ou non. La chaleur du jet ne compensait que pauvrement le froid qu'elle ressentait à l'intérieur. Et après plus d'une demi-heure passée à invectiver mentalement l'entomologiste, elle sortit finalement de la douche. Elle enfila un jogging et un vieux pull réconfortant avant d'aller ranger la cuisine.

Ce n'est que deux heures plus tard – alors qu'elle se défoulait sur leur punching-ball d'appartement – qu'elle entendit la porte s'ouvrir puis se refermer. Megan. La savoir ici lui apporta un sentiment de soulagement tel qu'elle se remit à pleurer – tout en se maudissant de réagir de cette façon. Elle savait que Megan ne la jugerait pas, qu'elle serait juste là, pour elle. Qu'elle ne la forcerait pas à parler mais qu'elle l'écouterait attentivement si elle venait à le faire… Quand la brunette fit irruption dans le dressing – là où elles avaient choisi de placer le punching-ball après des heures d'intense réflexion – un regard lui suffit à évaluer la situation. Elle s'y attendait de toutes façons. Elle s'y attendait depuis 6 jours, depuis qu'elle avait vu les yeux de Sara rencontrer ceux du docteur Grissom.

Ce à quoi elle ne s'attendait pas, en revanche, s'était de recevoir son amie dans ses bras et d'être étreinte par la jeune experte qui se raccrochait à elle comme à une bouée de secours. La première surprise passée, elle serra Sara contre elle, assez maladroitement en murmurant des mots qu'elle espérait réconfortants. Ce genre d'effusions était très rare entre elles. Elles étaient toutes les deux très pudiques et peu tactiles. Elles parlaient énormément mais, bien que s'adorant, elles avaient – plus ou moins – banni tout contact physique excessif. Câlines avec leurs amants ou avec les enfants, leurs éducations respectives ne les poussaient pas à l'être en dehors de toute relation amoureuse ou maternelle. Sentant la détresse de son amie, Megan se prêta cependant au jeu et incita Sara à s'asseoir tout en la gardant contre elle.

- « Hey, ça va aller ma puce » murmura la nouvelle venue en passant tendrement une main dans le dos de la brune éplorée. Elle ne l'avait jamais vu comme ça et, bien que sûre de son affection pour Gil, elle n'avait pas pensé que son départ – quelqu'en soient les circonstances – l'affecterait autant. Sara renifla misérablement, le visage niché dans le cou de Megan qui se permit un petit sourire mi-amusé mi-attendri. « Ne t'inquiète pas, ça va passer » lui promit la jeune journaliste à voix basse.

- « Il est parti... » murmura simplement Sara en réponse, comme si ce simple fait annihilait toute possibilité d'amélioration future. « Juste parti, sans rien dire… » ajouta t'elle pour clarifier la situation.

Megan lui épargna généreusement le 'Je t'avais prévenue' qui piaffait sur le bout de sa langue. Di-plo-ma-tie. Elle imaginait très bien ce que pouvait ressentir Sara et savait par expérience qu'il est très difficile d'agir de façon rationnelle en amour. Elle se contenta donc d'hocher la tête, compatissante.

- « Connard… » siffla Sara, vengeresse. « Je le déteste ! » lança t'elle dans le vide, soulagée de pouvoir mettre des mots sur ses sentiments.

- « Bonne idée » approuva Megan avec une pointe d'espièglerie, l'attitude de la brune était presque amusante. Elle aussi détestait le scientifique pour avoir fait du mal à son amie mais elle n'était pas certaine qu'il soit un 'connard' à proprement parler. Et elle n'était pas certaine qu'il soit réellement en meilleur état que Sara à l'heure actuelle. « N'y pense plus » reprit-elle d'une voix douce. « Il ne mérite pas que tu te mettes dans des états pareils, Sar'… »

- « Tu as raison » admit la jeune femme, reprenant ses esprits. « C'est un enfoiré et il ne mérite pas que je passe une seconde de plus à ma lamenter à cause de lui » fit-elle en se redressant légèrement.

- « Tu te souviens de ce que tu m'avais dit un jour ? 'Le tout n'est pas de tomber amoureuse, il faut encore pouvoir se relever' » énonça l'autre jolie brune en repoussant une mèche qui lui était tombée sur le front.

- « Jean Michel Ribes » compléta l'experte avec un petit sourire, rassérénée. Megan semblait pouvoir trouver en toute circonstance les mots qu'il fallait, le ton qu'il fallait… Elle la laissait s'épancher mais ne tolérait aucune forme d'apitoiement déplacé. « Je sais. J'aimerais pouvoir être moins… touchée par la situation. Je veux dire, ce n'est pas comme si ça n'arrivait jamais mais avec lui c'est différent et ça m'énerve. Je voudrais pouvoir être indifférente, l'oublier, ne pas être autant affectée » expliqua t'elle en se détachant quelque peu de son amie.

- « Je comprends » répondit la jeune new-yorkaise avant de lui serrer affectueusement la main. Elle se garda bien de lui faire remarquer que son manque d'indifférence était du au fait qu'elle l'aimait, lui. Elle opta pour un pieux mensonge. « Ça va passer, je te le promets. Peut-être pas tout suite mais ça viendra… Pour l'instant je crois que tu as surtout besoin de dormir, ne serait-ce qu'une heure » suggéra t'elle. « Moi je dois faire une douche, repose-toi pendant ce temps. Après je nous préparerais des crêpes au de nutella, on se défoulera sur Madonna et puis on s'endormira devant Sex and the City, d'accord ? »

- « Je ne sais pas… » commença à protester mollement Sara avant d'être arrêtée par l'un des fameux 'regards par en dessous' dans lesquels s'était spécialisée son amie. « Okay… »

- « Parfait » gazouilla Megan, ravie par sa 'victoire'. « Et ce soir on ira faire un tour au centre international de photographie avec Ben, c'est génial pour le moral. » Ignorant volontairement l'air dubitatif qu'arborait Sara, elle continua. « Au fait, Adam t'embrasse, il espère nous avoir à dîner rapidement » conclut-elle en quittant la pièce après s'être assurée que la brunette allait vraiment mieux.

La jeune scientifique sourit plus franchement cette fois. Adam était l'oncle de Megan. Un vieil homme charmant qui avait fréquenté Sinatra dans son jeune temps et qui avait toujours une anecdote à raconter… sans compter qu'il était un véritable cordon bleu. Gil l'aurait adoré… Elle se gifla mentalement pour avoir penser une telle chose. Elle devait le rayer de sa vie. Ce n'était qu'une passade. Il n'était qu'une passade et il ne l'avait traitée que comme telle. Il fallait passer à autre chose. Et vite. Pourtant, un regard à sa montre lui indiqua que son avion devait tout juste décoller pour Vegas et lui rappela qu'elle avait du se faire violence pour ne pas y aller, le revoir... Elle secoua la tête, ça ne serait pas facile mais elle y arriverait, un jour au l'autre.

Le détester comme elle le faisait l'aiderait sans doute à passer à autre chose mais elle redoutait les nuits prochaines qui amèneraient leur lot de rêves et de souvenirs vivaces… Et malgré elle, elle comparerait sans doute souvent les hommes qu'elle rencontrerait à un certain entomologiste. Mais ça irait. Ça allait toujours Les chagrins d'amour c'était pour les autres, celles qui y croyaient encore. A l'amour.


TBC...

Alors, je vous préviens, à partir du chapitre suivant on est à Vegas mais il y aura quelques petits changements (en premier lieu Holly - c'est bien Holly qu'elle s'appelait ? -n'est pas morte et tout ce qui s'en suit...)