Je sais, je sais, j'ai mis une éternité à poster ce chapitre (mais au moins il est plus long ;-))... et en plus ce n'est pas le retour à Vegas que je vous avais promis seulement j'avais envie de faire ce petit 'interlude' (si on veut...). Techniquement, ce chapitre ne sert à rien, enfin ce que je veux dire c'est qu'il ne fait pas avancé l'histoire d'un iota mais j'espère qu'il vous plaira quand même (désolée si il y a des fautes d'orthographe, Isa n'est pas passé derrière cette fois).

Petit clin d'oeil à Megara qui aimait le personnage de Megan (tu vas être servie mais attention on sombre dans les hautes shpères de la 'guimauvité' :-)) et un grand merci à Graceaurel et Ptite mac (je trouve ça chou comme pseudo...)


(Because of you, Kelly Clarkson)

- « Alors, tu vas y aller à cette conférence ? » s'enquit Megan en se penchant par-dessus l'épaule de Sara. La brunette, en tailleurs sur le canapé et visiblement fasciné par ce qu'elle lisait sur son ordinateur se contenta de répondre par un vague grognement qui pouvait tout aussi bien s'apparenter à un 'oui' qu'à un 'non'. « Quoi ? » fit la jolie brune qui, malgré des années d'entraînement, n'était pas encore parvenue à lire dans les pensées de son amie.

- « Je ne crois pas, non » consentit à répondre la jeune experte, sans quitter des yeux l'écran lumineux.

- « Pourquoi pas ? » insista t'elle en prenant place à ses côtés – après avoir gracieusement enjambée le dos du canapé.

Sara ne répondit rien mais tourna légèrement l'ordinateur portable de façon à ce que la jeune femme puisse y jeter un coup d'œil. Ce qu'elle fit bien entendu. La page web affichée était consacrée à la prochaine grande conférence sur les sciences criminelles qui se déroulerait à Los Angeles. Megan passa rapidement sur des informations secondaires comme les dates, les sujets abordés, les animations proposés… cherchant ce qui pouvait bien faire renoncer son amie. Elle parcourrait vaguement la liste des intervenants quand un nom attira son regard. Un nom un peu trop familier à son goût. Dr. Gil Grissom. Invité d'honneur, rien que ça… La jeune new-yorkaise fronça les sourcils et soupira longuement.

- « Sar'… » commença t'elle en éloignant l'ordinateur. « Ça fait presque deux ans, tu ne crois pas qu'il serait temps d'affronter tes démons ? » La question fut accompagnée d'un regard légèrement exaspéré et d'un sourire blasé.

- « Non » répliqua résolument la brunette, l'air buté. « Plus je suis loin de lui, mieux je me porte… »

- « Tu te comportes comme une gamine » souligna Megan. « C'est une réaction totalement puérile, tu ne vas quand même pas programmer ta vie en fonction de lui ? Parce que ce n'est pas comme ça que tu réussiras à l'oublier » fit-elle remarquer, impitoyable. Bien sûr elle adorait Sara et elle était prête à tout pour elle mais il fallait être objective.

- « Je sais, je sais » se défendit la scientifique. « Ce n'est pas que je pense encore à lui » cette affirmation lui valu un regard sceptique qu'elle fit mine d'ignorer, « mais je n'ai vraiment aucune envie de la rencontrer… Je veux dire… Je sais qu'il s'est comporté comme le dernier des connards et que je n'ai pas à me sentir coupable ni rien mais je ne me sens pas prête pour cette confrontation. Je voudrais juste qu'il sorte de ma vie » conclut-elle, les yeux voilés par cette tristesse qui s'emparait toujours d'elle quand elle repensait à lui.

Machinalement, Sara défroissa sa chemise bordeaux puis étira avec délices ses longues jambes mises en valeur par un élégant pantalon noir. Elle ne voulait pas penser à lui. Surtout pas ce soir. Elle ne le laisserait pas envahir ses pensées et la plonger dans cet état de détresse émotionnel aussi bref qu'intense et qu'elle était loin d'affectionner. Elle s'était remise assez rapidement de cette 'malheureuse' aventure – comment l'appeler autrement ? – mais elle ne pouvait s'empêcher de plonger régulièrement dans ses souvenirs et de s'y noyer tout aussi régulièrement. Ces 'passages à vide' – comme se plaisait à les nommer Megan – étaient le plus souvent déclanché par un élément extérieur. Les roses blanches par exemple, qu'elle ne supportait plus.

Les documentaires sur les insectes – et en particulier les papillons. Les tableaux de Kandinsky – définitivement à éviter. Les glaces à la vanille de Battery Park – et Battery Park en général. Et plein d'autres petites choses plus subtiles. Des yeux bleus, un sourire en coin, un timbre de voix, une odeur… Honnêtement, ça n'arrivait pas si souvent mais ça n'en était pas moins troublant. Elle le détestait, ça oui. Et elle le détestait encore davantage lorsqu'elle se réveillait au beau milieu de la nuit en criant son nom, dans sanglots dans la voix. Elle le détestait de la rendre si fragile. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher de l'aimer. La fin abrupte et blessante de leur relation n'avait pas réussi à éclipser les délicieux et nombreux souvenirs qui l'avaient précédée.

Elle ne souhaitait pas le revoir. Elle ne souhaitait pas qu'il revienne dans sa vie. Et elle le maudissait sur 3 générations. Mais il était indubitablement là quelque part dans sa tête, dans son cœur et il y resterait sans doute jusqu'à la fin… Peu importait en fait, du moment que cela ne contrariait pas ses projets. Seulement voilà, il contrariait ses projets. C'était la troisième conférence à laquelle elle renonçait de peur de l'y croiser. Elle ne savait pas trop de quoi elle avait réellement peur. De le revoir ? De se laisser à nouveau prendre au piège ? D'affronter son indifférence ? De ne pas pouvoir se retenir de faire une scène devant des centaines de criminalistes ? Un peu de tout cela sûrement… Ce n'était pas comme si il avait gâché sa vie, ce n'avait été qu'une mauvaise expérience.

Il avait été le premier – dans sa vie d'adulte – à vraiment compter. Et il ne serait certainement pas le dernier… Il y avait juste ce goût amer qui venait parfois lorsqu'elle se blottissait dans les bras de Nathan après l'amour. La sensation s'était estompée avec le temps. Mais elle n'avait jamais encore ressentit avec lui cette impression d'être exactement là où elle devait être, là où elle voulait être comme ça avait été le cas avec l'entomologiste… Peut-être parce qu'il lui avait fait perdre un peu de cette confiance en elle-même, de cette faculté à faire confiance aux autres – aux hommes en particulier – et à s'abandonner.

- « C'est la troisième conférence à laquelle tu renonces à cause de lui » fit Megan, la sortant de ses pensées. « Tu ne peux pas continuer comme ça… Même pour ta carrière, ce n'est pas bon » avança la jeune femme en secouant doucement ses boucles brunes.

- « Humm… en parlant de carrière… » commença Sara, légèrement mal à l'aise « j'ai quelque chose à te montrer… » Elle se leva souplement et alla chercher son sac à main d'où elle sortit une enveloppe qu'elle donna à son amie.

Megan se saisit du papier et l'observa un moment, perplexe, avant de remarquer le cachet officiel qui ornait le coin supérieur droit de l'enveloppe. Le nez délicatement froncé, elle en tira une feuille blanche qu'elle déplia puis parcourut en silence. Sara, toujours debout, l'observait en se mordant nerveusement la lèvre inférieure, les mains moites. Elle ne laissait personne lui dicter sa conduite et prenait seule les décisions concernant sa vie future – aussi bien sentimentalement que professionnellement – mais, malgré tout, l'avis de Megan était quelque chose à caractère sacré. Elle avait confiance en son amie, en son jugement et en sa sincérité. Sans compter qu'elle avait besoin d'elle. Elle n'avait jamais cherché à obtenir la validation de qui que se soit mais lorsqu'elle obtenait celle de Megan sa décision semblait toujours meilleure… plus juste dans un sens.

- « Alors ? » s'enquit la jeune experte, l'inquiétude perçant clairement dans sa voix.

- « Waow… le FBI… » souffla Megan, visiblement sous le choc.

Son manque de réaction ne fit qu'accentuer l'angoisse qui étreignait Sara jusqu'à ce qu'un tourbillon de boucles brunes se jette littéralement à son cou en riant de bon cœur. La scientifique laissa échapper un soupir qu'elle ne se souvenait pas avoir retenu et se mit à rire à son tour, soulagée. C'est vrai que sa première réaction à sa lettre avait été l'enthousiasme et la fierté mais elle n'avait pu partager ses sentiments avec personne … Sans compter que la manifestation de joie de la brunette la ravissait.

- « Mon Dieu Sar' ! C'est génial ! » s'exclama Megan, les bras toujours fougueusement noués autour de la nuque de la jeune femme. « Le FBI… le meilleur labo du pays… une promotion… Washington… Je suis tellement contente pour toi ! » continua t'elle sur sa lancée en relâchant son étreinte. « Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit avant je… »

- « Hey, doucement » la coupa gentiment Sara, amusée. « Je n'ai reçu la lettre que ce matin et je voulais te le dire mais je ne savais pas trop comment amener ça… et puis je n'étais pas sûre que ça te fasse plaisir… » ajouta t'elle, un peu hésitante.

- « Bien sûr que ça me fait plaisir ! » s'insurgea immédiatement la jolie brune. « Tu te rends compte de ce que ça veut dire ? Tu n'as que 26 ans et ils te veulent, toi ! C'est comme s'ils annonçaient que tu es la meilleure experte de l'état ! Bon, j'ai toujours dit que tu l'étais mais que, eux, le pensent… Je suis fière de toi, tu sais » conclut-elle, radieuse.

- « Merci » murmura simplement Sara en la reprenant dans ses bras, les larmes aux yeux. « Et voilà, tu m'as fait pleurer ! Tu es fière de toi ? » plaisanta t'elle entre deux éclats de rire. « De quoi je vais avoir l'air à la fête ? »

Elle sentit Megan se tendre dans ses bras à ces mots et pour la première fois, elle fit attention à la tenue de son amie. Alors qu'elle-même semblait être prête pour une soirée particulièrement élégante, la jeune new-yorkaise semblait davantage avoir opté pour une nuit tranquille après un petit plateau-télé. Enfin, son treillis kaki en soie et son corset vieux rose aurait fait pâlir n'importe quelle fashion victime… Mais Sara savait par expérience que cela constituait plutôt quelque chose de 'normal' selon l'appréciation de la brunette qui lui faisait face, les yeux résolument rivés au sol. Et si elle ne voulait pas croiser son regard, la situation devait être grave…

- « Meg', » fit-elle, les sourcils froncés, « tu vas venir avec moi, n'est-ce pas ? » Son amie se contenta d'un vague geste de la main qui laissait un vaste choix quant à son interprétation.

- « Qu'est-ce que tu vas faire ? » demanda Megan, tentant – pas si subtilement – de détourner la conversation, la lettre à la main. Sachant combien elle pouvait être têtue, Sara n'insista pas, se promettant d'y revenir plus tard, et reprit la lettre.

- « Je ne sais pas trop… » avoua t'elle, son enthousiasme retombant peu à peu. « Enfin, je sais que c'est une opportunité qui ne se représentera pas avant longtemps et que c'est une chance extraordinaire mais… je suis bien ici, à Manhattan, il y a Ben, Liz, Isa, Andrew, les gars du labo… et puis il y a… il y a toi… comment je vais faire moi, sans toi… » Sa voix se brisa sur la dernier mot et elle refoulait difficilement les larmes qui menaçaient à nouveau.

- « Eh bien, je ne peux rien dire pour Isa, Andrew et les autres mais, personnellement j'ai toujours eu envie de visiter Washington… et puis si le président y vit ça ne doit pas être si terrible que ça, non ? » exposa Megan avec un sourire espiègle, les yeux brillant de malice.

- « Qu'est-ce que… ? Tu… ? » furent les seuls mots qui consentirent à sortir de la gorge d'une Sara, bien trop stupéfaite pour s'en inquiéter.

- « Ce que je dis c'est que je peux toujours continuer mes études en communication puisque c'est à distance, que le magazine à un siège à DC et que ce n'est pas comme si j'avais des problèmes d'argent pas vrai ? » insinua t'elle, mutine, apparemment très fière de son petit effet. « Ce n'est pas comme si quelque chose me retenait ici… » ajouta la jeune femme dans un murmure, davantage pour elle-même, un voile de tristesse passant brièvement devant ses yeux sombres.

- « Tu ferais ça pour moi ? » réussit finalement à articuler Sara, incrédule. Bien sûr, si les rôles avaient été inversés, elle n'aurait pas hésité à en faire de même mais la réalité de la situation… Un élan de tendresse la poussa à reprendre la brunette dans ses bras. Pourquoi s'appesantir sur l'existence d'un Gil Grissom lorsqu'elle avait la plus adorable et la plus aimante des amies ? Il y avait sûrement une raison mais elle ne voulait pas y penser…

- « Pour toi… Pour moi… Qu'est-ce que, moi, je pourrais bien faire sans toi ? » fit-elle à mi-voix, paraissant soudain si vulnérable que Sara eut peur qu'elle ne se brise entre ses bras. Elles restèrent comme ça un moment, enlacées au milieu du salon, silencieuses, avant que la jeune scientifique se décide à reprendre la parole.

- « Bien, il ne me reste plus qu'à annoncer ça à Andrew » fit-elle d'une voix faussement enjouée dans une tentative infructueuse de rehausser l'ambiance étrangement morose.

- « Il sait ce qui est le mieux pour toi » répondit Megan sur le même avec un sourire peu convainquant. « Il comprendra. Ils comprendront. »

Sur ce, la jeune femme se détacha de son amie et vint fermer la fenêtre Internet sur laquelle semblait les narguer le nom de l'entomologiste. Nom qui n'avait pas été prononcé depuis son départ près de deux ans auparavant. Megan – fan inconditionnelle d'Harry Potter au grand damne de Sara – s'amusait parfois à parler de lui comme de 'Celui dont on ne doit pas prononcer le nom'. Enfin, 'parfois' se résumait aux quatre dernières fois qu'elles avaient toutes deux abusées d'alcool – et plus précisément de tequila.

- « Lily va être verte » s'amusa la jolie brune. « Depuis qu'elle est devenue accro à Stargate, elle rêve de visiter le Pentagone… »

Sara, se contenta de hocher la tête, quelque peu suspicieuse face à l'empressement exagéré dont faisait preuve son amie.

- « Avec un peu de chance on croisera des militaires » continua de babiller Megan tout en rangeant le salon qui n'en avait guère besoin. « Humm… les uniformes blancs de la marine » fit-elle avec un sourire extatique que Sara ne jugea pourtant pas sincère. Elle savait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas mais la jeune experte ne parvenait pas à mettre le doigt dessus… « Quoique ceux de l'Air Force ne sont pas mal non plus… »

- « Meg'… Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Sara, les bras croisés sur son torse, la tête penchée sur le côté. « Pourquoi est-ce que tu n'es pas habillée pour la fête ? Megan ? »

Quand elle ne répondit pas pour la troisième fois et ne daigna même pas lui accorder un regard, la future recrue du FBI l'attrapa par le poignet et l'obligea – plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu – à se tourner vers elle, dos à la porte.

- « Meg, tu vas venir, n'est-ce pas ? Tu dois venir » fit Sara sans relâcher la jeune femme.

- « Je ne peux pas » murmura Megan, le regard fuyant.

- « Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ? » s'enquit la brunette, perdant patience.

- « Je ne peux pas ! Je ne veux pas ! Qu'est-ce que ça change ? » lâcha t'elle finalement en haussant le ton, les yeux flamboyant.

- « Mais Ben va… » objecta Sara avec plus de douceur.

- « Ben va se fiancer ! » la coupa sèchement Megan, le visage anormalement pâle et les pommettes anormalement roses. « Il n'a pas besoin de moi ! » s'écria t'elle avec fougue. « Il n'a plus besoin de moi » ajouta t'elle dans un filet de voix.

- « Oh, chérie… » murmura presque tendrement Sara en l'attirant à elle avant de la bercer comme elle l'aurait fait avec un enfant. La jolie brune se débattit légèrement puis se laissa aller, tremblante, contre son amie. « Meg, mais tu es brûlante ! » constata la jeune experte avec inquiétude en passant une main sur son front pour en dégager une mèche de cheveux.

- « Je suis désolée » s'excusa Megan contre son épaule.

- « Non, je suis désolée » la contredit son amie, en caressant affectueusement ses boucles brunes. « Mon Dieu… »

Sara fut submergée par une vague de culpabilité. Elle s'était jetée à corps perdu dans son travail après la douloureuse expérience avec le docteur Grissom. Megan l'avait soutenue, elle l'avait obligée à s'amuser, à sortir, à voir du monde. Elle l'avait aidé plus que quiconque et elle, elle n'avait même pas su voir que… L'annonce des fiançailles de Ben avait surpris tout le monde, Sara la première. Ça faisait huit mois qu'il fréquentait Joan – un record. C'était une vétérinaire de 28 ans – un peu plus âgée qu'eux. Blonde, les cheveux courts, plutôt petite et mince… elle était, de l'avis général, 'jolie'. Sara trouvait qu'elle n'allait absolument pas avec Ben. Elle était beaucoup trop sérieuse, beaucoup trop 'précieuse' et hypocrite. Elle avait l'air tellement plus adulte qu'eux…

En fait, de tout leur petit groupe d'amis, c'était sans doute Megan qui avait fait le plus d'efforts envers la nouvelle venue, argumentant avec logique que si Ben était avec elle c'est qu'elle le méritait. Sara, trop préoccupée par ses propres problèmes, n'avait pas cherché plus loin. Elle en avait simplement déduit que la jolie brune n'avait jamais vu en Ben qu'un ami et qu'elle s'accommodait très bien de la nouvelle situation. D'ailleurs elle était actuellement avec un dénommé Alexandre tout à fait charmant et qui la traitait comme une déesse vivante. Mais manifestement Megan était une bonne comédienne – peut-être même une trop douée pour son propre bien. Et manifestement la situation ne la satisfaisait pas. Loin de là… Elle s'en voulut énormément de n'avoir pas su voir sa détresse.

Le fait d'avoir eu raison sur les sentiments de son amie à propos de leur ami commun ne lui apportait aucune consolation. Cela lui semblait sans issue. Ben avait eu un penchant pour Megan, de ça elle était sûre. Mais si il avait accepter d'épouser Joan – c'est elle qui l'avait proposé – c'est qu'il avait du passer outre. Il n'était pas de ces hommes à prendre ce genre de choses à la légère. Elle comprenait maintenant la réaction de Megan. 'Plus rien ne me retient ici…'. Elle secoua doucement la tête. Peut-être que tout n'était pas encore perdu. Le mariage n'avait pas été prononcé, pas vrai ? Il n'aurait lieu que dans six mois. Elle avait encore le temps.

- « Megan, peut-être qu'il n'est pas trop tard pour… pour… » tenta Sara en passant une main rassurante dans son dos.

- « Pour quoi ? » s'enquit la jeune femme, désabusée. « Il n'y a rien a faire, je ne ferais rien et je n'irais pas à cette foutue fête ! » s'entêta t'elle, le visage fermé, cette moue boudeuse si caractéristique et si adorable flottant sur ses lèvres.

- « Là c'est toi qui agit comme une gamine » lui fit remarquer la brunette en haussant un sourcil réprobateur. Megan ne répondit rien mais lui tira la langue en faisant preuve d'une maturité discutable. « Meg'… » gronda Sara dans une parfaite imitation d'une mère qui gronderait un enfant capricieux, « je te pensais un peu plus mûre et un peu plus combative » poursuivit-elle sur le même ton. « Si tu l'aimes alors… »

- « Sara, » l'interrompit son amie en fixant enfin ses yeux sombres dans les siens, « il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit… quelque chose qui… » La jolie brune, cherchant ses mots, mordit sa lèvre inférieure et replaça nerveusement une mèche derrière son oreille. « Tu te souviens de cette fête chez Sam, il y a dix mois environ ? » s'enquit-elle brusquement.

- « Je… Oui… Je m'en souviens » répondit la jeune experte, de plus en plus perdue. Elle s'en souvenait d'autant plus que c'est là qu'elle avait rencontré Marc, un charmant dentiste qu'elle s'était empressée d'éconduire dès que les choses étaient devenues sérieuses. Elle se souvenait aussi que les cocktails avaient défilés à une vitesse assez impressionnante – et non, ça n'avait rien à voir avec le fait que cette soirée s'était déroulée exactement un an après la catastrophe 'Gil Grissom', absolument rien.

- « Eh bien, cette fois là on avait beaucoup bu. Beaucoup trop. Toi tu étais partie avec ce mec, celui qui ressemblait un peu à Harrison Ford… Enfin, bref tu étais partie avec lui et Ben et moi, on avait décidé de rentrer à pied, chez lui » expliqua Megan, les yeux dans le vague comme si elle cherchait dans ses souvenirs. « Je… Je ne me rappelle plus vraiment ce qui c'est passé… Mais le lendemain matin, ou plus tard dans l'après-midi, quand je me suis réveillée j'étais… on avait… on a couché ensemble » avoua t'elle dans un murmure alors que Sara réprimait un hoquet de surprise. « Je ne t'en ai jamais parlé parce que… je ne savais pas quoi te dire » reprit-elle à mi-chemin entre le rire – nerveux – et les larmes.

- « Qu'est-ce que… que c'est-il passé ? » demanda finalement Sara d'une voix traduisant toute l'affection et la compassion qu'elle éprouvait pour la jeune femme. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle ait pu laisser passer ça, qu'elle n'ait pas su voir ce qui se passait sous son nez.

- « Je suis partie avant qu'il se réveille » commença Meg, les joues inondées de larmes qui venaient mourir sur ses lèvres tremblantes. « Je sais ce que tu vas dire mais c'était différent, on n'était pas nous même, c'était juste un dérapage » fit-elle rapidement avant que Sara ait pu ouvrir la bouche. « On en a jamais reparlé après ça… »

- « Et tu en as conclu qu'il ne voulait pas d'une relation avec toi, que cela ne voulait rien dire pour lui ? C'est ça ? » s'enquit la brunette avec précaution. Son amie hocha la tête, honteuse, et Sara ne put s'empêcher de poser une main rassurante sur son avant-bras. Megan semblait tellement fragile, tellement jeune, tellement désemparée… Elle ne se souvenait pas l'avoir vu ainsi auparavant et elle avait mal pour elle. « Et si il en a déduit la même chose que toi… Tu aurais pu lui laisser un mot, non ? »

- « Quoi comme mot ? » lança la jeune new-yorkaise avec un cynisme qui n'était là que pour cacher la peine qu'elle pouvait ressentir à l'instant. « 'Je suis désolée que ça ait du se passer comme ça mais je t'aime. Je voudrais qu'on essaye de construire quelque chose ensemble. Téléphone-moi dès que tu es réveillé. Je t'embrasse. Megan' ? » Voyant qu'elle n'avait pas été au bout de son idée, Sara s'abstint de faire remarquer qu'en effet ce genre de mot aurait été particulièrement bienvenu. « Et risquer de perdre son amitié ? Non, jamais, je tiens trop à lui pour ça, je l'aime trop pour ça. Je ne veux pas le perdre. De toutes façons il semblerait que j'ai eu raison puisque Ben a… » poursuivit-elle, le souffle court, sans prêter attention au changement significatif qui s'étaient opérés dans l'attitude de son interlocutrice.

- « Meg', il y a un truc que tu devrais savoir à propos de Ben… » la coupa Sara en levant une main pour lui faire signe de se taire. La jolie brune fronça les sourcils et pencha légèrement sa tête sur le côté dans une interrogation muette. « Il est juste derrière toi. »

Megan, déjà pâle et nauséeuse, blanchit brutalement. Sara eut, un instant, peur qu'elle ne s'évanouisse mais la jeune femme parvint à rester debout. Elle articula difficilement un 'Quoi ?' silencieux avant de fermer les yeux devant l'expression sérieuse et désolée de son amie. La scientifique se fit violence pour retenir le sourire qui menaçait d'étirer ses lèvres. La vie était surprenante parfois… Devant elle, se tenaient ses deux meilleurs amis, aussi pâles l'un que l'autre, définitivement fous l'un de l'autre et incapables de se l'avouer. Deux jeunes adultes intelligent, vifs sensés, intuitifs, courageux – voire même un peu téméraires sur les bords – et pourtant incapables de se lancer… Elle ne les laisserait pas ruiner ça. Un amour aussi mutuel et profond. Elle n'avait pas eu cette chance et elle ne les laisserait pas gâcher la leur, même si Megan devait lui faire la tête pendant une semaine – ça ne durait jamais plus…

- « Humm… J'ai… J'ai des choses à ranger dans ma chambre, donc je… je vais monter et vous laisser… discuter » fit-elle, amusée malgré elle par l'air terrifié qu'affichait Megan. Elle tourna donc les talons et monta à l'étage, insensible aux suppliques silencieuses que lui adressait son amie. Meg, mortifiée, n'eut finalement d'autre choix que de faire face à un Benjamin manifestement surpris mais arborant un léger sourire assez déroutant.

- « Ecoute, on n'a qu'à faire comme si j'avais rien dit, d'accord ? » proposa t'elle, mal à l'aise, incapable de le regarder dans les yeux et manquant ainsi le regard tendre et plein d'espoir qu'il posait sur elle. « On n'en reparlera plus et… »

La brunette fut coupée dans sa tentative de replis par un doigt effleurant ses lèvres et elle eut à peine le temps de relever la tête, stupéfaite, que le doigt en question était remplacé par des lèvres chaudes dans un baiser d'une douceur qui acheva de la troubler. Elle eut une pensée fugitive pour le bras qui s'était glissé autour de sa taille et qui était à présent la seule chose qui lui évitait de s'effondrer. Mais elle ne s'attarda guère sur ces réflexions lorsqu'une main hésitante vint caresser sa nuque sous ses boucles brunes afin de l'attirer encore davantage de ce corps ferme à l'odeur délicieusement familière. Elle gémit lorsque les lèvres si bienvenues désertèrent les siennes mais ne protesta pas lorsqu'elles se frayèrent un chemin le long de son cou avant de remonter vers son oreille.

- « Je ne suis pas d'accord, je veux essayer » susurra Ben, son souffle chaud tout contre sa peau générant un frisson dans tout le corps de la jeune femme.

- « C'est ce que j'avais cru comprendre » répliqua Megan, taquine, remise du choc. « Mais pourquoi est-ce que… » Elle fut rapidement mise au silence par un nouveau baiser fiévreux, beaucoup plus passionné et plus demandeur que le précédant, auquel elle se fit un devoir de répondre. « Une petite chose quand même, qu'est-ce tu penses de Washington ? »


TBC... (pour le coup, le suivant c'est à Vegas et on retrouve Grissom)