Bon, je ne vais pas 'encore' m'excuser pour le délai mais je n'en pense pas moins (pour ma défense j'étais vraiment malade cette semaine ET débordée de boulot...). Comme d'habitude merci à mes 3 revieweuses préférées et un clin d'oeil à Isa que j'adore donc et qui m'a donné l'idée pour la chanson (qu'est-ce que je ferais sans toi puce ;-)). Sinon on est à Washington environquatre mois après le chapitre précédent, j'espère que ça vous plaira.

XXX


(Little Hily, Superbus)

- « Hello darling, je suis là ! » raisonna une voix joyeuse dans tout l'appartement alors qu'une porte claquait et qu'un léger courant d'air rafraîchissait brièvement l'atmosphère. « Brrr… Il fait horriblement froid dehors. Je suis sûre qu'il ne faisait pas aussi froid à Manhattan. Enfin, j'ai du café tout frais et du cheese-cake dont tu me diras des nouvelles… »

Sara sourit, presque inconsciemment, depuis le canapé et releva le nez de son livre – de toutes façons elle le connaissait par cœur et à la fin Elisabeth finissait toujours avec Darcy, quelle connerie… Son sourire s'élargit encore à la vue d'une Megan surexcitée et rayonnante, un sac en papier dans une main, un parapluie détrempé dans l'autre. Elle écouta d'une oreille distraite son amie babiller – à propos de la circulation, de la neige, du nouveau salon de thé autrichien et du serveur du Starbucks… entre autres choses – alors qu'elle se débarrassait de son élégant manteau parsemé de discrets flocons blancs. Elle l'observa un moment, attendrie, un sentiment de bien-être se répandant dans tout son être. Megan n'avait été absente qu'une dizaine de jours, mais Dieu qu'elle lui avait manqué…

Elle aimait beaucoup Washington et son travail était génial, mais la jeune femme lui avait définitivement manqué. Sara nota, amusée, son tailleur chic tranchant adorablement avec les crayons de couleur qu'elle avait piqués dans ses boucles brunes relevées en un flou artistiques des plus intéressant. Il n'y aurait pas d'étreintes, il n'y aurait pas de longues déclarations d'amitié mais elles savaient et elles étaient heureuses d'être là maintenant… Megan déposa le sachet sur la table de verre qui séparait le canapé de la cheminée et se laissa gracieusement tomber dans un fauteuil avec un soupir de contentement. L'autre jeune femme secoua doucement la tête, une lueur malicieuse dans les yeux, en voyant son amie sortir du sac deux grands cafés et une quantité non négligeable de gâteau.

- « Tu es rentrée quand ? » s'enquit Sara, une part de – délicieux – cheese-cake à la main.

- « Hier soir, tard… et j'ai dormi pendant au moins 12 heures d'affilées » répondit la brunette après avoir pris une longue et réconfortante gorgée de café brûlant. « Toutes ces négociations me tuent, j'ai à peine pu voir la Nouvelle Orléans. D'ailleurs, il faudra qu'on y retourne au printemps quand Ben sera à Londres… »

Son interlocutrice acquiesça d'un hochement de tête et d'un sourire. Elle avait encore du mal à assimiler le fait que sa meilleure amie était à présent chargée de communication pour le FBI et que son efficacité lui apportait des assignations et des responsabilités de plus en plus importantes. Elle-même avait passé deux ans entre le terrain et les labos fédéraux avant de ce décider à explorer davantage l'aspect moins 'scientifique' et plus 'humain' des investigations et ce depuis presque un an maintenant. Dans la section des crimes violents. Et elle adorait son travail – sans compter que ses qualifications plus pointues faisaient d'elle un élément précieux et quasiment autonome. A 29 ans, elle ne tarderait plus à voir sa propre équipe… Mais bien que toutes deux employées au FBI, les deux jeunes femmes travaillaient rarement ensemble et puisqu'elles ne vivaient plus ensemble non plus, elles devaient batailler pour se voir au moins trois fois par semaine.

- « Et toi, ça va ? » demanda Megan avec un sourire chaleureux.

- « Humm… Oui, je ne sens presque plus rien » fit la jeune brune en pourtant machinalement une main à son bras juste sous son épaule.

Elle s'était faite tirer dessus lors d'une opération musclée un mois auparavant et elle avait été arrêtée pendant deux semaines. Deux semaines d'un ennui total – entrecoupées de virées entre amis. Enfin, elle en avait profité pour parfaire la décoration de son appartement. Rien de bien extravagant. Quelques tableaux aux murs, quelques cadres sur les étagères et quelques coussins colorés pour rehausser le canapé crème. En fait il ressemblait plus ou moins à celui qu'elles avaient à Manhattan. En plus petit – là le piano occupait un bon tiers du salon. Mais toujours clair, moderne et chaleureux. Megan et Benjamin avaient acheté un penthouse quelques rues plus loin. Elle, elle ne faisait que louer, n'ayant pas réellement l'impression d'être chez elle dans cette ville…

Les deux jeunes femmes parlèrent un long moment de tout et de rien. De la mission de Megan à la Nouvelle Orléans, de la dernière affaire de Sara, de leurs amis, de leurs projets, de la dernière tenue de Carrie dans 'Sex and the City' et même du temps – particulièrement neigeux en cette mi-février. Mais l'ex-experte sentait bien que quelque chose tracassait son amie. La façon dont elle se mordait la lèvre, dont elle jouait nerveusement avec son alliance et dont elle fuyait son regard… Et étant donné que Megan était toujours très directe – bien que sachant se montrer très subtile – ce qu'elle lui cachait n'allait certainement pas lui plaire. Elle espérait seulement qu'il ne s'agissait pas d'un problème entre la brunette et son mari. Elle savait de source sûre que le jeune homme avait ronchonné à l'idée que Meg soit en mission pour la Saint-Valentin – trois jours auparavant.

- « Il y a un problème avec Ben ? » attaqua Sara, décidée à en avoir le cœur net.

- « Quoi ? Oh, non… » s'empressa de démentir la jolie brune. « Non, je t'assure, tout va bien. Il a râlé pour la forme mais ça n'a pas nui à son romantisme » continua t'elle avec un sourire malicieux, en sortant de sous sa chemise une magnifique petite chaîne à laquelle un délicat lys d'or blanc. « Ce n'est pas ça… » reprit-elle doucement comme si elle pesait ses mots. « Ma… ma visite d'aujourd'hui n'est pas totalement anodine. Enfin, je voulais te voir bien sûr, mais il y a une autre raison. J'ai eu Jeff avant de venir ce matin. A propos de l'affaire Macphee. Il y a eu du nouveau. »

- « Un autre meurtre ? » s'enquit la jeune femme, avec inquiétude, d'un ton soudain beaucoup plus 'professionnel'. « Pourquoi ils ne m'ont pas appelé ? » s'indigna t'elle avec fougue.

Elle n'était pas en colère contre Megan, ni même contre Jeff – son actuel patron – mais plutôt contre elle-même. Cette affaire avait été son premier, et seul, échec depuis qu'elle était entrée au FBI. Ce n'était pas le sien particulièrement puisque tout un département avait été mobilisé. Mais elle l'avait ressenti comme tel. L'affaire Macphee ne devait son nom qu'à la première victime d'une relativement longue et morbide série. Huit hommes en tout avaient été tués – neuf si on prenait en compte le dernier meurtre. Dans quatre villes différentes et sans lien apparent : Washington, Détroit, Minneapolis, Denver. A une semaine d'intervalle chacun. Le dernier avait été commis peu après Halloween et depuis, plus rien. Les effectifs avaient été réduits et l'équipe de Jeff Thomas était la seule à avoir poursuivit l'enquête avant de renoncer, deux semaines auparavant. Affaire non classée.

C'était un terme que tous les agents détestaient mais ils ne pouvaient se permettre d'y consacrer davantage de temps. Ils revenaient dessus entre deux enquêtes sans grand succès. Le seul élément 'positif' était que la presse avait, elle aussi, calmée ses ardeurs. Les meurtres avaient défrayé la chronique de par leur esthétisme – smoking, roses et champagne étaient toujours présent ainsi qu'une certaine mise en scène – et leur cruauté – les hommes avaient été longuement torturés avant d'avoir la gorge tranchée. Pour ne rien arranger, le meurtrier était particulièrement méticuleux et avait réussi un sans-faute jusqu'à présent. Pas une seule empreinte, pas la moindre trace d'ADN et aucun témoin. Il était soit très intelligent soit très chanceux. Et le premier cas se révélait plus probable et plus inquiétant.

Megan ne s'était pas occupée de cette affaire mais avait des idées bien établies sur la question. Pour elle, le meurtrier était une meurtrière. Elle n'en démordait pas. 'Les crimes sont bien trop sophistiqués et trop passionnés pour qu'il s'agisse d'un mec', voilà le fond de sa pensée. Et si l'équipe avait d'abord été réticente, ils devaient avouer que le concept n'était pas dénué de sens. De plus la jeune brune avait toujours eu un très bon instinct pour ce genre de chose et les avait déjà aidés dans quelques affaires sans avoir l'air d'y toucher. Quoiqu'il en soit, un nouveau meurtre signifiait la réouverture de l'enquête et une nouvelle possibilité de mettre la main sur le serial killer.

- « Ils ne t'ont pas encore appelé » répondit calmement Megan, « parce qu'ils sont en pleine négociations. Jeff n'est pas sûr de pouvoir récupérer l'enquête et, honnêtement, je pense qu'il ne voulait pas avoir à subir tes foudres » ajouta t'elle, espiègle. « Dès qu'il aura le feu vert, il te contactera… »

- « Mais pourquoi est-ce qu'il te l'a dit, à toi ? » s'enquit Sara, sa curiosité aiguisée. Elle comprenait son patron. Si il l'avait appelé en lui disant qu'ils risquaient de se faire évincer par un quelconque bureau de province, elle aurait tempêter et se serait immanquablement énervé contre lui.

- « Eh bien, s'il parvient à convaincre le 'grand chef', l'équipe qui ira sur place sera composée de toi, Jeff et… moi » fit la brunette avec un sourire rayonnant.

- « C'est vrai ? » s'exclama Sara, ravie. Elle ne put s'empêcher de se jeter sur Megan et de manquer de l'étouffer dans une étreinte fougueuse malgré la gravité de la situation. Ce serait la première fois qu'elles travailleraient ensemble et la jeune femme avait hâte d'y être. « C'est génial ! J'espère que Jeff réussira à les amadouer » conclut-elle avec mi-sérieuse, mi-taquine. Mais son sourire se fana bien vite lorsqu'elle remarqua que si son amie paraissait partager son enthousiasme de manière générale, ses yeux étaient voilés par une légère crainte. « Qu'est-ce que tu ne m'as pas dit ? »

- « Si on a cette affaire, il faudra que l'on se prépara à s'envoler pour… Vegas » annonça la jolie brune, hésitante. « Las Vegas » répéta t'elle plus fermement devant le mutisme stupéfait de Sara. Et puis elle attendit le coup d'éclat… qui ne vint jamais. A la place, Sara parut éteinte puis eu un léger sourire sans joie.

- « Las Vegas… Bien sûr… » murmura t'elle pour elle-même, défaite.

Depuis qu'elle était entrée au FBI et qu'elle avait quitté Manhattan, ses 'passages à vide' avaient été de plus en plus espacés et de moins en moins violents. Il pouvait se passer des mois sans qu'elle ne pense à 'lui'. Et alors qu'elle était quasiment 'guérie' – mais pas tout à fait – il fallait qu'il revienne dans sa vie. Ce stupide petit enfoiré. Elle savait qu'il travaillait encore là-bas. Elle se refusait à se demander si c'était une bonne ou une mauvaise chose… Elle savait aussi que ce jour viendrait et qu'elle avait besoin de le revoir, besoin d'avoir des réponses pour pouvoir définitivement tourner la page. Mais elle n'était pas sûre d'être prête pour ça, d'avoir acquis assez de recul pour ça, d'être assez forte. Elle était plus heureuse que jamais que Megan l'accompagne.

- « Ça va aller, Sar' ? » l'interrogea justement son invitée, la tête légèrement penchée sur le côté, l'air concernée.

- « Ce n'est pas vraiment comme si j'avais le choix, pas vrai ? » fit la brunette avec un petit sourire en coin plus cynique qu'autre chose.

- « Je ne laisserais pas te faire de mal… »

Sara sourit pour de bon cette fois, amusée par la lueur vengeresse qui illuminait les yeux chocolat de la jolie brune qui lui faisait face. Son air déterminé et son ton sec auraient pu décourager n'importe quel ennemi en cet instant précis… Elle dégageait quelque chose de presque sauvage. Et Sara, la sachant sincère, en fut profondément réconfortée.

- « Je sais. Et puis ce n'est pas comme si j'avais quelque chose à me reprocher » reprit-elle sur un ton plus enjoué dont Megan ne fut pas dupe mais qu'elle ne commenta pas.

- « Bien sûr. De toutes façons on ne va pas là-bas pour prendre le thé mais pour faire notre boulot. On arrive, on résout l'enquête et on repart » renchérit la jeune femme en faisant distraitement rouler la tasse dans ses mains. « Oh, jolie carte » remarqua t'elle soudain, après quelques secondes de silence, en avisant puis en s'emparant d'un petit rectangle de papier qui traînait sur une console à portée de main. La feuille aux parures roses et rouges réussissait malgré tout l'exploit d'arborer un dessin d'une exquise simplicité. « Un admirateur secret ? » s'enquit-elle, taquine en ouvrant la carte pour tomber sur une charmante citation dégoulinante de bons sentiments.

- « Idiote ! » la gronda gentiment Sara en secouant ses boucles brunes. « Je sais que c'est toi qui me l'a envoyé… »

- « Mais pas du tout ! » se récria la jeune femme, faisant mine d'être outrée et échant assez misérablement. « Bon, ok » admit-elle. « Mais avoue que ça t'a fait plaisir. » Sara acquiesça en riant. « Comment tu as su que c'est de moi ? » s'enquit Megan avec une petite moue contrariée. « J'ai demandé à Ted, de l'écrire et de l'envoyer… »

- « Ted ? Le vendeur de chez Prada ? » s'exclama la brunette, luttant contre le fou rire qui la gagnait. « Tu es pleine de ressources… » lui accorda t'elle. « Mais tu as choisi la carte et la citation et puis, franchement, un admirateur secret ? Je t'en pris ! »

Megan soupira bruyamment puis céda elle aussi à la gaieté du moment, heureuse d'avoir pu distraire Sara de ses préoccupations précédentes, ne serait-ce que temporairement. Les deux jeunes femmes échangèrent un regard complice puis replongèrent dans un silence tranquille et agréable, se reposant simplement sur la présence de l'autre, bercées par les bruits de la ville au loin et la douce lueur des bougies… Plus tard dans la soirée – et au beau milieu de 'Love actually' – le téléphone sonna, interrompant de façon très malvenue Hugh Grant lors d'un déhanché des plus intéressants. Sara délaissa momentanément la cuillère qui lui servait à piocher dans le pot de glace qui trônait entre elles. Lorsqu'elle revint, quelques minutes plus tard, Megan su, d'un simple coup d'œil, qu'elles partiraient à Vegas mais elle ne su pas si elle devait s'en réjouir ou non.

Le lendemain à 15 heures, les deux jeunes femmes discutaient encore devant un café et un sac de beignets mais cette fois-ci le décor avait quelque peu changé… Les halls du BWI – Baltimore/Washington International Airport – grouillaient d'une foule pressée qui allait et venait entre les terminaux. Essentiellement des hommes d'affaire et des diplomates. Le petit café ou les deux brunettes avaient pris place se targuait d'être d'origine française et affichait le nom 'Au bon pain'. Nom dont la banalité affligeante ne leur avait pas échappé. Le vol était prévu pour 16 heures et puisqu'elles avaient enregistré leurs bagages, il ne leur restait plus qu'à attendre. Sara continua de parler comme si de rien était alors que Ben arrivait derrière Megan et l'enlaçait par surprise.

- « Salut chaton... » murmura tendrement le jeune homme au creux de son oreille alors que, la surprise passée, elle s'appuyait contre son torse en levant les yeux au ciel. 'Chaton'. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre… songea t'elle mi-amusée, mi-agacée par ce surnom. « Je n'ai rien trouvé à la boutique, mais, dis-moi, tu es diablement sexy aujourd'hui » fit-il mine de constater en entourant sa fine taille de ses bras. La jolie brune était vêtue d'un tailleur sombre – dont la jupe lui arrivait largement au dessus du genou – tandis que l'autre avait opté pour un tailleur-pantalon plus classique mais tout aussi flatteur et au combien élégant.

- « Tu dis ça comme si c'était une mauvaise chose » fit Megan avec une candeur feinte. « Je suis brillante, adorable ET diablement sexy… » le reprit t'elle, malicieuse, en appuyant tout particulièrement sur le 'et', un sourire canaille flottant sur ses lèvres.

- « Je ne sais pas pour brillante et adorable » la taquina Ben en retour, le nez dans ses boucles brunes, « mais tu es définitivement sexy. »

Devant cette scène criante de tendre complicité amoureuse, Sara ne put s'empêcher d'éprouver une certaine jalousie. Pas une jalousie dirigée vers l'un ou l'autre – ils étaient ses meilleurs amis – mais plutôt envers leur bonheur commun. Ça paraissait tellement simple et tellement évident pour eux… Leur bonheur n'accentuait en aucun cas sa propre mélancolie, bien au contraire, mais il la mettait en relief et lui faisait prendre conscience d'un manque, d'un désir profond de quelque chose... sans qu'elle ne sache vraiment quoi, sans qu'elle ne se l'avoue en tous cas. Ça et l'appréhension croissante – mêlée d'une bonne dose d'excitation – due à leur prochaine arrivée à Las Vegas n'arrangeait rien. L'idée de 'le' revoir, de 'lui' parler à nouveau la rendait légèrement nauséeuse.

- « Hey les tourtereaux, il va falloir penser à y aller… » fit soudainement une voix grave et amusée derrière Sara.

La jolie brune se retourna vivement pour se retrouver face à un homme brun d'une quarantaine d'année au sourire avenant et au regard pétillant. Grand et à la carrure plus que respectable, le brun arborait un sourire charmeur des plus séduisant. Jeff Thomas. Le chef de leur équipe, actuellement vêtu d'un costume qui le donnait un 'je ne sais quoi' de Men In Black. Allure qu'il ne manquait pas de cultiver en jouant négligemment avec des lunettes noires – guère utiles en ces temps hivernaux. La première fois qu'elle l'avait vu, il lui avait tout de suite rappelé Benjamin. Avec 15 ans de plus et une aura… différente. Jeff pouvait paraître très dur et très renfermé quand il le voulait. En présence d'inconnus son visage se fermait et son attitude se faisait glacial. Quand il n'aimait pas quelqu'un il pouvait se montrer vraiment désagréable.

- « Allez les filles » reprit-il en passant un bras affectueux autour de la taille de Sara. « Il ne faudrait pas rater notre avion… Benjamin, à la prochaine » continua t'il en gratifiant le jeune homme d'une amicale et vigoureuse poignée de main. « Je promets de te ramener ta femme en un seul morceau… enfin, si elle ne fait pas trop de bêtises » plaisanta Jeff avec un clin d'œil en direction de Megan qui lui répondit d'une grimace enfantine.

- « A bientôt Ben » le salua Sara tandis qu'il déposait un baiser sur sa tempe et la gratifiait d'un sourire d'une affection toute fraternelle.

- « A bientôt Sar', prend soin de toi » fit-il doucement, un sourire encourageant aux lèvres.

Il ne savait pas tout à propos de ce qui s'était passé 5 ans auparavant mais il savait que la jeune femme avait souffert et que ce voyage ravivait des blessures mal cicatrisées. Le brun se tourna ensuite vers sa jeune épouse et la couva d'un regard débordant d'amour. Il réalisait encore avec difficulté qu'il était marié avec cette brunette qu'il adorait. Elle saurait protéger Sara quelque soit la chose ou la personne dont elle devait être protégée. Il attira Megan à lui dans une étreinte tendre avant de ravir ses lèvres d'un baiser passionné. Elle revenait à peine de sa dernière mission et devait déjà repartir…

- « Tu vas me manquer, sweetie… » glissa Ben à l'oreille de le jolie brune qui sourit contre son cou, raffermissant sa prise autour de la nuque du jeune homme, se délectant de son odeur.

- « Tu vas me manquer » lui confia Megan avant de s'écarter de lui. Après un nouveau baiser papillon, elle s'en détacha complètement. « Je te téléphone dès qu'on arrive, promis. »

Sur ces mots, Jeff l'enlaça de sa main libre et dirigea les deux jeunes femmes vers leur porte d'embarquement. Ce n'est qu'une fois dans l'appareil aux côtés de Megan, le front posé contre le hublot, que Sara réalisa vraiment que dans quelques heures elle serait face à 'lui'. A celui qui avait volé son cœur avant de le briser comme on brise un simple vase, du revers d'une main. Non pas qu'elle avouerait à quiconque ce genre de pensées mais elle se l'était avouée à elle-même depuis un moment déjà. Et Meg savait même si elle ne dirait jamais rien. Elle avait envie de pleurer ou de rire jusqu'à épuisement. Elle avait envie de crier, de réduire de la porcelaine en miettes – ou autre chose de 'cassable' – et plus que tout de s'enfuir loin d'ici. Mais elle ne fit rien de tout cela et finit par s'endormir d'un sommeil troublé par l'idée qu'elle n'était pas prête pour cette confrontation et qu'elle ne le serait sans doute jamais…


TBCpour la 'confrontation à Vegas...