Vous avez vu ? Je n'ai pas mis une semaine pour poster ;-) et avec un peu de chance la suite viendra dimanche(ne suis-je pas adorable ? ... sans commentaires...)
Sinon, encore merci les filles (et voui, Megara, j'ai vu Love Actually... en fait je l'ai même en DVD, j'adoooore :-)), c'est la 'confrontation' tant attendue (enfin, la première partie parce que... vous verrez bien...)
Enjoy the show
XXX
PS : j'espère qu'il n'y a pas trop de faute mais Isa a dit que c'était parfait (enfin, elle est très optimiste je trouve...)
(Since U been gone, Kelly Clarkson)
Les couloirs du LVMP étaient plutôt déserts à cette heure où – en théorie – la plupart des gens se préparaient à aller au lit. Toutefois l'effervescence régnait au sein de l'équipe de nuit réunie dans la salle de repos. Les cinq experts autour de la table arboraient des mines sombres et des airs moroses plus ou moins prononcés. Nick et Catherine, en particuliers, affichaient clairement leur mécontentement face à 'l'ingérence' du FBI dans leurs affaires. Holly et Warrick ne paraissaient pas ravis non plus mais s'abstenaient de le crier à corps et à cris comme leur collègues. Grissom, lui, à son habitude, ne manifestait que peu d'émotion et, pour l'occasion, seule une indifférence contrariée marquait légèrement ses traits.
- « … mais enfin, tu as bien vu ce que ça a donné la dernière fois ! » continua de protester Catherine, clairement révoltée. « Culpepper est un incapable et… »
- « Et il ne s'occupera pas de cette enquête » la coupa son supérieur quelque peu exaspéré. Ses quatre subordonnés le regardèrent, surpris et il reprit la parole, plus calmement « Si tu m'avais laissé finir tu aurais su que ce n'est pas Culpepper qui dirigera les choses. Washington nous envoie des agents qui… »
- « Washington ? » vint simultanément de plusieurs experts, incrédules. Ils écopèrent d'un regard noir qui les dissuada de continuer.
- « Washington nous envoie donc des agents qui ont travaillé sur une affaire similaire il y a quelques mois » énonça Gil en saluant d'un léger signe de tête Jim Brass qui venait d'entrer dans la pièce. « Il pourrait s'agir d'un serial killer et, pour une fois, je pense que cette aide sera la bienvenue. » Devant le choc manifeste que causa cette déclaration, il se surprit à sourire et à échanger un regard amusé avec le directeur adjoint. « Ils auraient pu tout aussi bien nous retirer l'affaire… »
- « Les fed' ne sont pas tous comme Culpepper » précisa Jim, appuyant l'avis de son ami. « Je connais un peu Jeff Thomas, c'est quelqu'un de bien et il ne se laissera pas manipuler par les 'puissances supérieures' » ajouta t'il dans l'espoir de remonter un temps soit peu le moral des troupes.
Sa tentative, bien que courageuse, eut un effet des plus modérés. Nick se renfrogna. Catherine renifla de dédain mais ne commenta pas. Les deux autres restaient partagés. Leurs supérieurs ne pouvaient leur reprocher leur scepticisme, eux-mêmes n'appréciant guère de se voir imposer ces nouveaux venus. Leur dernière collaboration avec le FBI s'était assez mal passée. Ils se souvenaient tous de 'l'étrangleur de Las Vegas' et de la façon dont les fédéraux s'étaient emparés de l'enquête, finalement résolue par leur soin.
- « Toujours est-il que nous n'avons pas le choix » fit l'entomologiste en se redressant sur son siège. « Thomas et son équipe seront là dans moins d'une demi heure. Warrick, Holly vous vous occuperez du suicide suspect au MGM. Vega vous attend déjà là-bas. » Les deux experts hochèrent la tête en signe d'acceptation et, une fois leur assignement en main, ils quittèrent la pièce. « Catherine, Nick vous restez avec moi sur l'affaire Pierce. Je compte sur vous pour bien vous tenir avec les agents du FBI » conclut-il avec le ton d'un père qui réprimande ses enfants. Et tout cas c'est ainsi que la jeune femme semble le prendre puisqu'elle adopta un air positivement outré. Le jeune texan, lui, leva les yeux au ciel.
- « Bien, je vais aller les accueillir » annonça Brass, visiblement soulagé de ne pas essuyer d'avantage de protestations.
- « On sait qui accompagnera l'agent Thomas ? » s'enquit Nick une fois le directeur adjoint hors de vue. Il avait presque craché le mot « agent » et « Thomas » avait davantage ressemblé à une insulte qu'à un nom. Grissom ne releva pas.
- « Ils ne seront que deux plus un chargé de communication pour gérer la presse » répondit le chef de l'équipe de nuit. « Je n'en sais pas plus. »
- « Deux bureaucrates et un chargé de com'… on est gâté » commenta Catherine, acerbe. Là encore Grissom ne la reprit pas, sachant que sa verve n'était pas particulièrement dirigée vers les agents mais plutôt vers le système qui les leur imposait et qui avait toujours tendance à dévaloriser leur travail d'expert.
- « Je sais ce que vous en pensez… tous » admit Gil en posant son regard sur chacun de ses collègues « Mais puisqu'on n'a pas le choix, essayez de faire un effort. » Il se sentait un peu hypocrite de leur demander ça alors qu'il savait pertinemment que lui-même n'hésiterait pas à 'ruer dans les brancards' mais il pensait d'abord aux victimes. Déjà neuf selon ce qu'il avait compris. Ça faisait neuf de trop et s'il fallait coopérer avec le FBI pour éviter qu'il y en ait davantage, il le ferait. Il sentit son bipeur vibrer. Ça ne pouvait dire qu'une chose. « Ils sont arrivés » annonça t'il à ses collègues, coupant cours à toute discussion.
- « Quand faut y aller, faut y aller… » fit doctement Nick en se levant, bientôt imiter par les deux autres.
Sur le chemin qui menait à la réception, l'entomologiste fut arrêté par son homologue de l'équipe de jour et ses deux collègues rejoignirent donc seuls le hall d'entrée. Un rapide coup d'œil leur suffit à déterminer les nouveaux arrivants. Un homme – des plus séduisants fut bien obligée d'avouer Catherine – en costume noir discutait avec Brass un peu en retrait. Et deux jeunes femmes faisaient de même avec l'hôtesse d'accueil. Deux grandes et jolies brunes. L'une, les cheveux lisses lui retombant sur les épaules, portait une courte jupe noire et une chemise blanche qui cintrait sa taille fine. L'autre, les cheveux plus courts formant des boucles bien dessinées, était moulé dans un pantalon noir et un haut bordeaux. Toutes deux, du point de vue des deux collègues, représentaient l'archétype de la femme d'affaire élégante et hautaine. C'est donc non sans un certain étonnement qu'ils les virent rire volontiers à une remarque de la réceptionniste.
- « Eh bien on n'est pas sorti… » commenta sobrement Nick en les toisant avec réserve. Il était profondément ennuyé à la perspective de devoir suivre les directives de ronds de cuirs qui n'auraient pas su faire la différence entre une fibre de coton et un poil de chat. La blonde approuva silencieusement.
Ils virent Jim et l'homme qu'ils supposaient être Thomas s'approcher des brunettes. Le directeur adjoint leur tendit une main chaleureuse qu'elles serrèrent l'une après l'autre. Celle en jupe affichait un sourire angélique dont on pouvait difficilement déterminer si il était sincère ou nom. L'autre semblait plus réservée mais sourit aimablement à son interlocuteur qui parût intrigué par quelque chose lorsqu'elle se présenta et l'observa ensuite attentivement.
- « Sara Sidle… » répéta t'il comme pour lui-même sous le regard intrigué de la jeune femme.
- « Il y a un problème ? » s'enquit-elle avec une nervosité qui ne passa pas inaperçue auprès de Brass. Machinalement elle chercha le regard de Megan pour y trouver le soutien dont elle avait besoin.
Depuis qu'ils étaient arrivés à l'aéroport de Vegas sa nervosité – atteignant déjà des sommets pendant tout le vol – était montée en flèche. Elle ne savait absolument pas comment elle faisait pour mettre un pied devant l'autre ou répondre aux gens. Elle bénissait donc la fonction 'pilote automatique' que son cerveau avait eu la présence d'esprit de développer au fil d'enquêtes particulièrement pénibles. Les vagues de nausées qui l'avaient insidieusement attaquée lorsqu'elle avait franchi le seuil du labo, revinrent à la charge quand elle comprit que l'homme en face d'elle la connaissait d'une manière ou d'une autre. La seule façon qu'il avait de savoir – en toute logique – était que Gil Grissom lui avait parlé d'elle. Et elle n'était pas sûre d'apprécier l'attention. Mon Dieu, elle allait être malade…
- « Pas du tout » s'empressa t'il de la rassurer avec chaleur, bien moins convaincu qu'il s'en donnait l'air.
Il se souvenait plus que parfaitement de la conversation qu'il avait eue avec Grissom quelques mois auparavant. Et si au premier abord il s'était interrogé sur l'identité de la jeune brune – après tout un dessin restait un dessin et n'était pas vraiment 'fiable' – il n'avait plus aucun doute. Sara Sidle. C'était donc elle. A sa décharge, il devait admette que son ami avait bon goût et la description qu'il lui en avait faite était étonnement fidèle. La brunette semblait savoir qu'une confrontation avec son… ex-ami, ex-amant ?... était imminente et elle semblait la redouter. Mais ce qui inquiétait davantage Brass c'était le fait que l'entomologiste n'avait pas mentionné la venue de la fameuse Sara ce qui pouvait sous-entendre deux chose. Soit il n'avait pas voulu en parler. Soit il n'était pas au courant.
Si il se fiait à son instinct, la deuxième solution était la bonne. Et ça ne lui disait rien qui vaille. Une personne un peu optimiste se serait réjoui et aurait supposé que cette rencontre inopinée allait pouvoir permettre à son ami de renouer avec la jeune femme qu'il n'avait pas cessé d'aimer. Mais Jim connaissait l'entomologiste et, en toute objectivité, il savait que ça ne serait pas facile. Gil avait eu un comportement odieux – bien que pouvant être qualifié de 'raisonnable' – avec elle et ses sérieuses lacunes dans le domaine des émotions humaines ne l'aideraient pas à arranger les choses. Si tant est qu'il essaye, songea Brass dans un soupir.
- « Nick ! Catherine ! Venez par ici » interpella t'il ses collègues à travers le hall avec un enthousiasme exagéré, tentant de dissiper le silence quelque peu tendu qui avait suivi sa dernière intervention. Ses deux subordonnés s'approchèrent avec une mauvaise volonté à peine dissimulée et le directeur adjoint invectiva mentalement Culpepper pour avoir fourni à son ancienne équipe des excuses toutes trouvées afin de nourrir leurs préjugés à l'égard des fédéraux. « Voici Nick Strokes et Catherine Willows, deux membres de l'équipe de Gil Grissom. Ils travailleront avec vous. Les gars voici Jeff Thomas et Sara Sidle de la section des crimes violent au FBI et Megan Tyler, chargée des communications »
Sara s'était instinctivement tendue à l'allusion à l'entomologiste et Megan avait posé une main apaisante sur son avant-bras. En revanche, l'utilisation de son nom d'épouse avait fait tiquée la jeune femme qui avait gratifié Jeff d'un splendide regard noir. Le brun lui avait renvoyé un sourire innocent tout en sachant parfaitement qu'elle préférait garder son nom de jeune fille dans son travail et qu'il l'avait présenté à dessin sous celui de son époux. Il adorait par-dessus tout la faire enrager. Enfin, avec parcimonie parce qu'il n'avait aucun envie d'affronter ses foudres. Serrant distraitement les mains molles qu'on lui tendait, il posa un regard soucieux sur Sara. Elle était d'une pâleur inhabituelle et inquiétante. Un échange muet avec Megan lui apprit qu'elle avait les choses en main et il ne chercha pas plus loin.
Il se promit néanmoins de garder un œil sur sa protégée… sur ses deux protégées en fait. Quoique la jeune mademoiselle Wentworth l'éviscèrerait sûrement si elle savait qu'il la considérait comme telle. Sara aussi du reste. Mais ça n'empêchait rien ajouta t'il mentalement avec un léger sourire. Laissa là ses pensées, il retourna à l'observation des nouveaux venus et scruta d'un œil critique les experts avec qui ils allaient devoir travailler. Ils les savaient doués. Le laboratoire de Las Vegas était après tout le meilleur du pays – après celui du FBI bien sûr se rengorgea t'il mentalement. En revanche ils n'avaient pas l'air ravi à l'idée de travailler avec eux. C'était compréhensible après tout. Mais lui et son équipe avait été sur cette affaire pendant plus de six mois, il ne pouvait décemment pas l'abandonner à l'équipe de ce Grissom même s'il était certain de leur valeur.
- « Où est Grissom ? » demanda Jim une fois que les présentations furent faites.
- « Ecklie l'a harponné en chemin » répondit Nick avec une grimace qui exprimait tout le bien qu'il pensait de l'homme en question. « Il ne devrait pas tarder… »
Tendue à l'extrême, Sara s'obligea à respirer lentement et profondément de façon à ne pas hyper-ventiler à cette idée. Elle se concentra sur la chaleur amie que diffusait la main de Megan sur son bras et le visage chaleureux de celui qui s'était présenté comme Jim Brass. Dès qu'elle l'avait vu, elle avait ressenti un agréable sentiment de familiarité. Gil l'avait décrit à la perfection et même à l'époque elle avait éprouvé de la sympathie pour cet homme. Elle se rappelait de Catherine aussi – la 'vieille amie' – et, après un bref examen, elle décida qu'elle ne l'aimait pas – il faut dire qu'elle commençait avec un sérieux handicap, elle était blonde. Le sentiment semblait d'ailleurs bien réciproque. Tant mieux. Nick – un jeune texan si ces souvenirs étaient corrects – lui semblait déjà plus sympathique malgré la réserve qui se lisait dans son attitude.
Elle savait très exactement ce qu'il devait penser. 'Encore ces abrutis de fédéraux qui viennent mettre leur nez dans nos affaires et qui finiront par s'attribuer toute la gloire de la résolution de l'enquête'. Elle le savait parce qu'elle avait pensé la même chose lorsqu'elle travaillait encore à Manhattan en tant qu'experte et qu'elle s'était retrouvée dans une situation semblable. Et Dieu sait qu'elle avait pesté contre les abrutis en question. Andrew et Megan en avaient entendu parler pendant des semaines. Elle ne pouvait donc pas exiger de ces gens une confiance aveugle dès le départ… Ces réflexions l'avaient efficacement distraite pendant un temps et c'est donc complètement non préparée qu'elle fut percutée avec force par la joyeuse exclamation de Brass.
- « Ah, le voilà ! »
Habituée à ne guère se faire d'illusion, elle sut immédiatement que le 'le' se référait à une personne que – personnellement – elle aurait bien évité jusqu'à la fin de sa vie. Bon, elle se savait légèrement hypocrite sur les bords… Elle aurait très bien pu refuser de partir avec Jeff qui aurait tout simplement emmené quelqu'un d'autre ayant également travaillé sur cette affaire. Elle voulait 'le' revoir. Simplement pas là et surtout pas maintenant. Elle aurait voulu se préparer à l'idée pendant un mois ou deux. Elle aurait voulu le revoir sur un terrain connu – ou au moins neutre. Et, au-delà de tout ça, elle aurait voulu ne pas sortir de plus de huit heures d'avion – huit horribles heures qui l'avaient laissé à bout de nerf, fatiguée et toute fripée. Elle était définitivement maudite.
Elle le savait et l'avait toujours su mais au moins, maintenant, elle en avait la preuve formelle. D'ailleurs, pour couronner le tout, elle ne se donnait pas plus 10 secondes avant de s'évanouir gracieusement. Dans le hall de 'son' labo, devant 'ses' collègues et avec un peu de chance – pensée à consonance hautement sarcastique – à 'ses' pieds. Merveilleux. Si elle se fiait au regard inquiet de Jim Brass, elle était déjà trop pâle pour son propre bien et elle avait sans doute l'air totalement paniquée. Ce qui pouvait être considéré comme normal puisqu'elle était effectivement totalement paniquée. Magnifique. Bon, le côté positif c'est que elle, au moins, elle s'y attendait. Elle n'osait même pas imaginer ce qui se serait passé dans le cas contraire…
- « Gil, je te présente Jeff Thomas qui dirige la section des crimes violent à Washington et qui c'est occupée de la première affaire » commença Jim alors que l'entomologiste se rapprochait de leur petit groupe.
L'expert ne voyait les deux jeunes femmes que de dos mais malgré se fait, il marqua un tant d'arrêt lorsque son regard se posa sur la brunette au cheveux bouclés. Brass applaudit mentalement qu'il ait pu reconnaître si facilement – bien qu'inconsciemment – Sara. Grissom, quant à lui détacha son regard de l'harmonieuse silhouette, attribuant cette 'hallucination' au souvenir de l'affaire 'Debbie Marlin' et au jacassement stressant dont Ecklie l'avait, peu de temps auparavant, accablé. Le directeur adjoint, lui, se demandait comment introduire les deux autres nouvelles venues. Il hésitait entre faire mine de rien – 'et voici Sara Sidle, de son équipe' – ou glisser une allusion subtile – 'vous vous connaissez déjà je crois…'. Il décida de faire l'autruche et se para de son sourire le plus innocent quand Gil les rejoignit finalement.
- « Les deux charmantes jeunes femmes derrière vous sont venues avec lui » précisa donc Brass tandis que les deux hommes précédemment présentés échangeaient un courtois signe de tête. « Sara Sidle, des crimes violent elle aussi, et Megan Tyler, chargée de communication, porte parole dans cette affaire. »
Très franchement il n'aurait raté la réaction de son ami pour rien au monde. Ce n'était pas tout à fait ce à quoi il s'attendait mais tout de même le spectacle en valait la peine. Un Gil Grissom pris de cours n'était pas quelque chose qu'on voyait tous les jours. L'entomologiste avait blanchi significativement puis rougit et re-blanchit. Le tout en une petite seconde. Son expression se situait quelque part entre le choc, l'incrédulité, la terreur totale et la joie pure. Il semblait à la fois prêt à mourir sur place et sur le point de renaître. Paradoxal. Un bref coup d'œil en direction de la jeune Sara Sidle surprit Jim. Elle avait manifestement retrouvé une maîtrise de soit qui l'étonna et dont il fut admiratif. Vraiment. Seuls ses yeux – quand on y prêtait attention – reflétaient la tempête intérieure qui l'animait.
Gil déglutit lentement et prit une profonde inspiration. Ce n'était pas possible. Ce n'était définitivement pas possible. Elle n'était pas là. Elle ne pouvait pas être là. Le pouvait-elle ? Ce n'était pas elle. C'était une autre Sara Sidle, brune, grande, mince et d'une petite trentaine d'années comme il devait en exister des dizaines… Son esprit scientifique – resté en veille depuis cette révélation – se ressaisit et l'assura qu'il s'agissait bien de 'la' Sara Sidle. Celle qu'il adorait et qu'il avait fuit – lâchement. Son instinct confirma que le nœud dans son estomac, la sécheresse de sa bouche et l'emballement de son rythme cardiaque étaient la preuve par A + B que c'était 'elle'. Bien. Céder à la panique n'était définitivement pas une option, idem pour l'élan de tendresse et la fuite ne marcherait pas cette fois-ci.
Donc il avait un problème. Revoir la femme de sa vie – à n'en pas douter – cinq ans après l'avoir 'perdue' aurait pu être considéré comme une 'bonne' chose mais il n'était pas certain que se soit précisément le cas. Pas en ces circonstances du moins… Jugeant qu'un silence prolongé ne serait pas du meilleur effet – et avait un air de déjà vu – il se reprit et se tourna vers les 'charmantes jeunes femmes' en question avec un sourire un peu faible mais sincère. Le regard que Megan lui jeta était si noir et si plein de rancœur que son masque d'impassibilité – fruit de longues années de travail – vacilla. Mais c'est sans aucun doute l'indifférence tranquille dans celui de Sara qui l'ébranla le plus et lui fit le plus mal. Tout plutôt que l'indifférence…
La jolie brune en question s'auto-congratula chaudement pour cet exploit. A savoir ne pas avoir flanché devant le regard turquoise éperdu de l'homme qui lui faisait face. Et elle s'autorisa même un léger haussement de sourcil, se voulant interrogatif et d'une neutralité parfaite. Elle avait gagné la première manche… Certes… Mais pourquoi alors avait-elle désespérément envie de pleurer ? Elle était ici pour résoudre une enquête, pas pour s'enfoncer encore davantage dans le gouffre béant de sa vie sentimentale. Une fois que l'affaire serait close, alors là, peut-être pourrait-elle tenter d'y voir plus clair. Pas avant. Et si elle le faisait ça ne serait certainement pas pour lui mais pour elle. Pour sa tranquillité d'esprit. Qu'elle soit encore follement amoureuse de lui n'y changerait rien. Pas vrai ?
- « Mesdemoiselles, » finit par articuler Grissom après un silence plus que suspect aux yeux de ses deux subordonnés et amis, « j'espère que vous avez fait bon voyage. »
A peine eut-il pris conscience de sa phrase qu'il fut pris de l'irrésistible envie de se taper la tête contre les murs. Bravo, bien joué Gil, très bonne entrée en matière, vraiment. En même temps, il avait dit la première chose qui lui était passé par la tête. Juste après 'je t'aime' et 'pardonne-moi' qui avaient été éliminés d'office par instinct de conservation.
- « Si nous allions dans un endroit plus approprié pour parler de notre affaire ? » suggéra Jim, venant au secours de son ami et encourageant les autres à se rendre dans la salle d'étalement où était regroupé tout ce qui concernait l'affaire, plus loin dans l'immeuble.
Grissom aurait pu l'embrasser – même si il aurait préféré pratiquer cette activité avec la brunette devant lui dont les boucles caressaient doucement la nuque à chaque pas. Il n'avait pas pu s'empêcher de remarquer combien elle était belle. Autant que dans ses souvenirs, peut-être même plus. Ignorant les regards appuyés de Catherine, il ne pouvait détacher le sien de la jeune femme. Il regrettait son sourire tendre et rieur, il regrettait cette étincelle de joie et de malice qui dansait dans son regard autrefois, il regrettait d'être parti. Il le regrettait tant…
TBC (of course, se serait sadique d'arrêter là...)
