Un chapitre un peu plus cours que les autres mais c'était soit ça, soit il fallait attendre jusqu'à mercredi prochain (et je ne voulais pas donner raison aux mauvaises langues... n'est-ce pas ptite mac ;-)?)
Bon week-end àmes trois revieweuses préféréeset gros bisous (oh, et à tous les autreslecteurs aussi, of course :-))
XXX
(Shut Your Mouth, Garbage)
- « … Donc, en définitive, toutes les ressemblances entre les victimes sont davantage basées sur un aspect extérieur » conclut Sara après avoir succinctement exposé leurs découvertes. Elle évitait soigneusement de croiser le regard de Grissom mais, mise à part cette petite précaution, elle était relativement à l'aise à présent.
- « Les hommes choisis sont agréable à regarder : grands, fins et musclés. D'après leurs positions ils devaient souvent porter des costumes. Ils ont l'air en bonne santé, relativement intelligents, cultivés, riches… Mais profondément, ils n'ont rien en commun. Rien de plus significatif que ce des hommes, de leur âge et de leur classe sociale, peuvent avoir » compléta Nick entre deux bouchées de donuts – donuts gracieusement offert par Megan qui était en train de finir le sien avec application.
- « Elle observe ses victimes et les 'sélectionne' de cette façon. Elle ne se base pas sur des critères de caractère, d'activités professionnelles ou de hobbies particuliers. Elle recherche un 'genre' d'homme. Le genre que toutes les femmes recherchent. Par contre, elle prend soin de vérifier qu'ils soient célibataires… ou en tous cas ni mariés ni engagés » fit la jolie brune en question avec un sourire malicieux.
- « Donc d'après vous elle fait quoi ? Elle s'assoit sur un banc, elle repère un homme qu'elle juge attirant, le suit et l'approche d'une manière ou d'une autre avant de le tuer ? » suggéra Catherine, pensive.
- « En quelque sorte, » approuva Sara, « maintenant il faut réussir à déterminer le pourquoi de ces choix. On y a déjà réfléchi la dernière fois… Soit on a à faire à un psychopathe qui tue et torture par plaisir soit à une personne qui agit dans un but précis et 'logique' comme dans le cadre d'une vengeance… Le fait qu'elle ou il ne s'en prenne qu'à un certain type de personne peut s'appliquer aux deux cas. Le premier relèverait d'une obsession et le second d'une envie de se venger de quelqu'un qui correspondrait au profil. Mais d'une manière ou d'une autre, ça revient à chercher une aiguille dans une botte de foin » explicita mécaniquement la brunette son attention fixée sur le tableau. Ils étaient déjà passés par là 6 mois auparavant et ça n'avait rien donné. Elle espérait vraiment qu'ils réussiraient cette fois mais il n'y avait pas vraiment de raison qu'il en soit ainsi… Enfin, elle allait faire de son mieux et puis, quelque part, elle avait confiance en Gil, du moins en sa volonté de résoudre les affaires qui lui étaient confiées.
- « Nous savons quand même quelques petites choses sur notre meurtrière » intervint à son tour Jeff, resté muet jusque là. « Le fait qu'elle voyage tend à suggérer un travail souple ou une aisance financière. Pour avoir pu aborder ces hommes elle doit avoir, elle aussi, une certaine éducation… »
- « Ou une certaine plastique » le coupa Sara non sans ironie, un sourcil haussé comme pour le défier d'aller contre cette affirmation. Loin de là, il lui concéda au contraire un sourire amusé et inclina la tête.
- « Evidemment » admit l'agent fédéral. « Toutefois, vu la recherche dans la mise en scène des crimes et l'absence d'indice, on ne peut lui nier une vivacité d'esprit assez remarquable. »
- « Tu raisonnes comme un homme » le contra Megan, mine de rien en secouant ses boucles brunes. « Ce n'est pas une question d'intelligence mais de sang-froid et de volonté. Mais par contre, je pense qu'elle aime lire et qu'elle le fait beaucoup… Cette façon d'opérer me fait penser à un livre dont m'a parlé Lily il n'y a pas longtemps. Je crois qu'il s'appelle 'le secret de la rose sanglante' ou quelque chose comme ça. Je vous suggère de commencer par là » fit la jeune femme avant de se relever souplement du sol où elle s'était de nouveau assise.
- « Je crois que je sais de quel livre il s'agit » annonça Catherine après avoir réfléchit un petit moment. « Il me semble que ma sœur l'a lu aussi… L'auteur est une anglaise… je devrais pouvoir retrouver ça rapidement » continua t'elle, davantage pour elle-même.
- « Bien, étant donné que la relecture des dossiers n'a rien apportée, il ne nous reste plus qu'à attendre les derniers résultats des analyses et peut-être affiné un peu le profil de la personne que nous recherchons… » fit l'entomologiste, repassé en mode 'professionnel' depuis un moment déjà. Bien sûr la simple présence de Sara restait toujours une distraction dangereuse mais il avait réussi à passer par-dessus. Du moins une partie de lui y était parvenue, l'autre… l'autre avait plus de mal mais se tenait relativement tranquille – pour l'instant. « Il faut revoir les dernières vingt-quatre heures de monsieur Peters et à partir de… »
Grissom fut interrompu par la brusque arrivée d'un Jim Brass quelque peu essoufflé. Le directeur adjoint prit quelques secondes pour retrouver une certaine contenance, puis pour leur adresser un sourire collectif avant de se tourner délibérément vers Megan.
- « La presse est là » l'informa t'il. « J'ai pensé que vous voudriez leur dire un mot… »
- « Oui, merci » répondit la jolie brune, souriante. « Je vais me changer et je suis à vous tout de suite » fit-elle en quittant la pièce dans une tornade brune.
- « Alors, vous avez pu avancer ? » s'enquit Brass, reportant son attention sur ses experts et les deux autres agents.
C'est Gil qui entreprit de résumer leurs précédentes réflexions et découvertes qui, bien que minces et encore superficielles, semblèrent revigorer l'enthousiasme du directeur adjoint. Ce dernier posa quelques questions supplémentaires aux uns et aux autres puis la conversation se tarit peu à peu alors que tous réfléchissaient à la suite des investigations.
- « 'Après l'agitation fiévreuse de la vie, ils dorment bien…' » souffla l'entomologiste en regardant les photos des neufs victimes.
- « Shakespeare » commenta Sara sans vraiment y penser, perdue dans ses propres pensées.
- « Macbeth » ajouta Megan, espiègle, en revenant dans la pièce, ressemblant plus que jamais à une redoutable femme d'affaire.
- « Acte 3, scène 2 » compléta Grissom, amusé à la fois par la facilité des deux jeunes femmes à replacer la citation et par l'air éberlué des autres.
- « C'est dans 'Jane Eyre' ! » se défendit simplement la chargée de communication tandis que Sara rougissait adorablement et fixait résolument un point par-dessus l'épaule d'un Jeff qui avait bien du mal à dissimuler son sourire. « Bon, » reprit la jolie brune, « je prends le cow-boy avec moi » fit-elle en désignant Nick du menton.
- « Pourquoi ? » demanda Brass, tout prêt à accepté mais curieux d'entendre ses raisons.
- « Parce que j'ai besoin d'un experts avec moi et parce que la presse va adorer ses jolies petites fesses » répondit la brunette, sans gêne.
- « B… Bien, allez-y » fit le directeur adjoint mi-surpris mi-amusé par cette explication tandis que Nick rougissait furieusement sous le regard goguenard de Catherine.
- « Parfait » approuva la jeune femme en attrapant le texan, qui n'eut pas son mot à dire, par le bras pour l'entraîner à sa suite. Elle s'arrêta pour lancer un sourire encourageant à Sara puis sortit, le regard pétillant, un beau brun sur les talons. Les autres les suivirent du regard jusqu'à ce qu'ils disparaissent.
- « Jane Eyre, hein ? » leur parvint la voix taquine de Nick depuis le couloir.
- « Tu ne connais pas Charlotte Brontë ? » répondit celle plus lointaine, mais tout aussi taquine, de Megan.
- « Comme ça, tu trouves que j'ai des 'jolies petites fesses' ? » fit encore le texan, sa question leur apparaissant que comme un vague murmure. Il n'y eut pas de réponse. Seulement un léger cri – de surprise plus que de douleur – leur confirmant que la brunette l'avait sans doute fait taire d'un léger coup bien placé.
- « Je crois que je vais y aller aussi » annonça soudain Brass, souriant. « Je sens que ça va être intéressant… »
- « Elle est toujours comme ça ? » s'enquit finalement Catherine une fois que le directeur adjoint eut à son tour disparut.
- « Joker » plaisanta Jeff tout en venant se poster aux côtés de Sara de sorte que leurs bras se touchent. Il avait senti l'angoisse qui avait saisi la jeune femme au départ de Megan et, d'une manière ou d'une autre, il savait qu'elle avait besoin de sa proximité.
La jolie brune, reconnaissante, lui sourit doucement et posa une main légère sur son bras, comme pour se persuadé de sa présence et s'assurer son soutien. Elle avait toujours eu recours à son travail afin d'oublier – au moins pour un temps – ses problèmes, quelqu'ils soient. S'occuper l'esprit était le meilleur moyen pour ne pas s'attarder sur – et se laisser submerger par – tout ce qui n'allait pas dans sa vie. Et ce qui n'allait pas dans sa vie, en cet instant précis, se résumait en deux mots : Gil Grissom. Tant que ce qui n'allait pas dans sa vie était à des milliers de kilomètres, cela restait très supportable. Mais lorsqu'il se trouvait dans la même pièce qu'elle son monde en était profondément et désagréablement bouleversé. Pendant cinq, elle avait soigneusement évité ce genre de situation.
En ne participant pas aux conférences auxquels il était susceptible d'apparaître par exemple. Ce n'était pas de la lâcheté, c'était de la prudence – faute d'indifférence. Cette fois-ci, ne pas venir, alors qu'on le lui demandait, que c'était pour son travail, aurait été de la lâcheté. Ça et une certaine curiosité malsaine de savoir ce qu'il faisait maintenant. Donc elle était venue. Résolue à faire l'impasse sur les sentiments – relativement contradictoire entre amour et haine – qu'elle éprouvait. Mais elle n'avait pas vraiment songé à ce qu'elle pourrait lui dire si l'occasion d'un face à face se présentait. Elle n'était même pas sûre de vouloir qu'une telle occasion se présente, justement. Parce qu'elle n'avait aucune idée d'où cela pourrait les conduire.
Elle n'avait aucune idée de ce pourrait en être les conséquences… ni de ce qu'elle voulait qu'elles soient. Elle n'était certainement pas venue pour régler des comptes – même si l'idée l'avait effectivement effleurée. Elle n'était pas non plus venue pour tenter de renouer avec l'homme qu'elle avait connu et qui l'avait fait trop souffert. Si il fallait trouver une raison alors elle était là pour comprendre, pour savoir… Elle ne voulait pas d'explications et n'accepterait aucune excuse. Ça non. Il n'en avait pas et si il avait la prétention d'en avancer ne serait-ce qu'une, elle le giflerait sur le champ. Ou peut-être pas… C'était encore bien trop confus et bien trop douloureux. Même après ces cinq années. Et cette constatation lui faisait peur parce qu'elle la faisait se sentir fragile, vulnérable… et stupide aussi.
Perdue dans ses propres réflexions, elle ne remarqua même pas le regard intense de Grissom posé sur elle. Un regard sombre. Un regard toujours tendre mais empreint d'une lueur plus douloureuse et pensive. L'entomologiste avait eu l'esprit bien trop occupé ses dernières heures pour prendre de le temps de réfléchir sérieusement. Enfin, son projet de se racheter aux yeux de Sara et de tenter de la reconquérir était des plus décidés. Mais il ne s'était pas vraiment posé la question des obstacles qui pourraient se poser à lui – mis à part son comportement passé et le fait qu'il devrait d'abord regagner la confiance de la jolie brune. Il ne s'était pas attardé sur la possibilité d'obstacles plus… terre à terre. Tels que le problème toujours récurrent de leurs localisations géographiques toujours hautement incompatible. Ou tel que l'existence d'un autre homme.
Mais maintenant qu'il avait un instant pour souffler et qu'il y réfléchissait posément… La jalousie était un sentiment vain. Il le savait. Mais s'était un sentiment humain. Si la preuve n'en avait pas été faite avant, il était effectivement humain. Et son côté 'humain' s'inquiétait à présent des relations qui semblaient unir sa Sara et ce Thomas. Avaient-ils réellement besoin de se tenir si près l'un de l'autre ? Avait-elle réellement besoin de le toucher de cette façon ? N'était-il pas marié ou quelque chose dans ce genre-là ? Bon, rien dans leur précédant comportement ne laissait présager d'une intimité au-delà des frontières de la stricte amitié mais il s'agissait de deux professionnels… Même si ils entretenaient une relation, ils ne s'autoriseraient certainement pas le luxe de le crier sur les toits.
Quelque part, il n'y croyait pas vraiment. Il connaissait chacune des expressions de Sara – après tout n'avait-il pas passé une semaine entière à l'observer de près ? – et la lueur qui habitait ses yeux quand elle… aimait… ce n'était pas celle-là. Il manquait quelque chose. Un éclat dans le regard. Un léger rosissement des pommettes… Mais plus il y pensait, plus il lui semblait qu'il ne la connaissait pas tant que ça. Qu'il avait perdu ce droit. Cependant, elle n'avait pas pu changé tant que ça. Et s'il se fiait à son instinct, elle n'était pas amoureuse de cet homme-là. Pas plus qu'il ne l'était en retour. Les attentions de Jeff à l'égard de Sara n'étaient pas différentes de celles qu'il avait à l'égard de Megan. 'Pitié, faites que j'ai raison' songea t'il, suppliant une quelconque entité supérieure s'il en existait.
D'un autre côté le fait qu'elle ne soit pas avec l'agent fédéral ne lui garantissait en aucun cas qu'elle était libre – même si ça allégeait considérablement le poids sur ses épaules. Quant au fait qu'elle pourrait encore l'aimer… Il ne se faisait guère d'illusion. Il essaierait bien sûr, mais il ne se faisait pas d'illusion. Il ne s'en faisait plus depuis un moment déjà. Pourtant, s'il devait recommencer à espérer, alors le timing était idéal. Son travail ne pouvait pas être toute sa vie. Il n'y avait qu'elle pour le sortir de cette spirale infernale, de ce cercle vicieux dans lequel il s'égarait régulièrement et de plus en plus souvent. Il n'y avait qu'elle pour lui faire ressentir quelque chose. Autre chose.
- « Bien, si on s'y remettait… » proposa Jeff, conscient du silence ambiant quelque peu tendu, de la perplexité de Catherine et des regards significativement absents du docteur Grissom et de Sara. « La meilleure piste qu'on ait eu la dernière fois était celle des fleurs, on pourrait essayer de voir dans cette direction… sans oublier le livre bien sûr » ajouta t'il avec un léger sourire, les ramenant tous à la réalité et à la raison de leur présence ici.
TBC...
