Voilà un nouveau chapitre, comme promis, j'espère qu'il vous plaira ;-)

Un grand merci à tous pour les reviews, en ce moment mes connections internet sont très limités mais dès que je pourrais, je vous répondrais plus... personnellement :-)

XXX

oxoOoxo

(Don't give up, Eagle-Eye Cherry)

- « … et finalement il s'agit de l'huile pour les mains sèches de la gamme 'Secrets des mille et une nuits' de Chanel. C'est une édition limitée et les produits viennent juste de sortir. Seules quelques boutiques privilégiées peuvent se vanter de l'avoir en rayon sur tout le territoire américain. Il n'y en a qu'une à Vegas, en fait. Mais on ne peux pas être sûr qu'elle l'ai acheté ici et puis maintenant avec Internet… elle a très bien pu la commander en Europe » conclut Hodges après une – interminable – série d'explications scientifiques dont Gil se serait bien passé.

- « Bien, merci quand même. On va vérifier et voir si on peut trouver quelque chose. Vous pouvez y aller. Vous auriez du terminer il y a trois quart d'heure » fit l'entomologiste en récupérant la feuille de résultats.

- « Oh, ce n'est pas grave. C'est toujours un plaisir de travailler av… pour vous » s'empressa de répondre David avec un large sourire que Nick n'aurait pas hésité à qualifier de fayot et qui exaspéra profondément le chef de l'équipe de nuit. Ce dernier accorda donc à son subordonné un simple hochement de tête et profita de l'arrivée de Megan dans le labo pour prendre congé.

L'état jeune femme l'inquiétait vraiment. Il avait tout de même été témoin de deux de ses malaises en moins de 24 heures et elle lui semblait plus pâle qu'il y a cinq ans – même si paradoxalement elle était définitivement plus épanouie. Il se promit de la surveiller de près, ne serait-ce que pour Sara pour qui elle comptait énormément. Pour l'heure, la jeune chargée de communication semblait entretenir une discussion animée avec Greg entre deux éclats de rire.

- « … bien sûr, et l'opossum fait 'pourquoi c'est moi l'ornithorynque ?' ? Excellent ! J'adore ce moment ! » approuva avec enthousiasme l'aspirant expert, illustrant ses propos par de grands gestes désordonnés. « Et quand le mammouth répond à l'opossum 'Je ne suis pas gros, c'est ma fourrure qui fait de l'épaisseur !' » Là, ils reprirent tous les deux en cœur, avec une voix de fausset : « 'Hein, hein… il est gros !' » avant d'éclater de rire une nouvelle fois.

Grissom les observa interagir avec quelque chose comme de l'attendrissement. Il ne comprenait pas vraiment – voire pas du tout – de quoi ils parlaient mais leur attitude enfantine l'amusait sans fin. Il haussa un sourcil interrogatif et croisa les bras, adossé contre le plan de travail, en attendant qu'ils aient terminé. C'est Megan qui remarqua sa présence en premier, leurs regards se croisèrent un bref instant et il eut l'impression qu'elle pouvait lire dans son âme. C'était assez terrifiant comme impression mais il la laissa faire parce qu'il lui devait au moins d'être honnête avec elle et que l'avoir de son côté pourrait se révéler utile pour… plus tard. Il se rappelait encore de l'enveloppe qui l'attendait à l'hôtel, là-bas à Manhattan. Il se rappelait la manière dont elle avait anticipé ses actions. Et il lui serait toujours reconnaissant pour ce portrait qui trônait dans son salon…

- « Tiens, salut Griss » le salua Greg en remarquant à son tour sa présence. « Megan vous cherchait alors je l'ai accompagnée jusqu'ici » fit-il avec un grand sourire.

- « On a peut-être trouvé la meurtrière » annonça de but en blanc la jolie brune. « Sara et Catherine ont interrogé un caissier qui a dit qu'il avait vu la victime avec une femme rousse trois jours avant sa mort et Nick a trouvé quelque chose sur une des bandes » expliqua t'elle alors qu'elle jouait distraitement avec son pendentif – un lys remarqua l'entomologiste.

- « Enfin une bonne nouvelle » se réjouit Gil, vraiment content et surtout vraiment soulagé que l'enquête avance enfin.

- « C'est ce que je pense aussi » répondit la brunette avec un léger hochement de tête. « Les autres travaillent dessus… »

Il y eut un silence qui sembla s'éterniser un long moment avant que le jeune laborantin ne prenne conscience de la tension qui régnait dans la pièce et ne s'éclipse discrètement après avoir articuler un 'à tout à l'heure' silencieux accompagné d'un clin d'œil à l'attention de la jeune chargée de com'. Quand il fut parti, laissant les deux autres seuls, ils continuèrent à s'observer sans un mot. Il n'y avait pas vraiment d'animosité entre eux. Plutôt de la curiosité. Et une certaine forme de respect bien qu'accompagné de réserve, de circonspection.

- « Mad… Megan, vous vouliez me dire quelque chose ? » Grissom décida de se jeter à l'eau, n'appréciant que très moyennement d'être observé et mis à nu de la sorte. Il avait l'impression d'être un suspect à un interrogatoire. Ou un adolescent devant les parents de la fille qu'il veut emmener au bal de la promo. Plutôt désagréable. Surtout face à une – à priori inoffensive – jeune femme de plus de 15 ans sa cadette.

- « Ça dépend » fit la jolie brune en s'asseyant souplement sur un coin du bureau sur lequel elle s'appuyait. Ses jambes se balançaient dans le vide d'une façon tout à fait enfantine mais son regard était mortellement sérieux. « Vous vouliez me dire quelque chose ? »

- « Comme quoi ? » répliqua Grissom, d'un ton léger qui ne reflétait en aucune façon le tumulte intérieur dont il était victime.

- « Ne jouez pas à ça avec moi. » Cette fois le ton était glacial, presque menaçant. L'expert ne s'y trompa pas. « Un mot de moi, un seul mot et elle ne vous adressa plus jamais la parole. » Megan exprimait un fait concret. Il n'y avait ni fierté ni suffisance dans son ton. Elle ne se vantait pas d'avoir ce pouvoir là sur Sara, elle prévenait seulement son interlocuteur qu'elle ferait tout pour la protéger. L'entomologiste songea que ça lui donnait un air félin… un peu comme une panthère qui protège ses petits. La pensée le fit sourire intérieurement.

- « Je sais » fit-il, avec gravité cette fois. « Et vous auriez sans doute raison. Je ne suis pas vraiment quelqu'un à qui on devrait s'attacher… Je peux être franc avec vous ? » Megan fit un vague geste de la main signifiant quelque chose comme 'faites dont'. « Je ne peux pas vous promettre de ne pas lui faire du mal… à nouveau. Je ne l'ai pas voulu la première fois. Mais je peux vous promettre que je ferais tout mon possible pour la rendre heureuse… si j'avais une deuxième chance, je veux dire » rajouta t'il rapidement.

- « Ce n'est pas suffisant » intervint froidement la jeune femme.

- « Je n'ai rien d'autre… je voudrais vraiment pouvoir lui offrir quelque chose de plus, des certitudes, des déclarations enflammées, des lits de pétales de roses, des bains de champagne et des soleils couchant sur des plages paradisiaques… mais ce n'est pas moi, ça » avoua l'entomologiste avec sincérité. Il aimait Sara. Il l'adorait même. Megan savait ça même si la principale intéressée l'ignorait certainement. Mais si il n'était pas capable de lui prouver, cela signifiait-il réellement quelque chose ?

- « Ce n'est pas ce qu'elle veut. Ça » fit la brunette en esquissant un faible sourire. « Et vous le savez. Elle a besoin de pouvoir vous faire confiance, de pouvoir compter sur vous, d'être sûre de représenter quelque chose pour vous, d'avoir votre respect, votre affection, votre amour. Ce sont des choses qu'elle mérite et dont elle a trop été privée » conclut-elle dans un murmure, comme si elle s'adressait davantage à elle-même. Elle releva la tête et ses yeux chocolat accrochèrent le regard turquoise de son vis-à-vis. « Je n'interviendrais pas, ni dans un sens ni dans l'autre sauf si j'y suis obligée » expliqua t'elle en redescendant souplement de son 'perchoir'. « Par contre, si vous la faites encore souffrir, ce n'est pas sur un post-it que je marquerais ces mots mais au fer rouge sur votre peau » le menaça t'elle très sérieusement, la voix dangereusement basse avant de quitter la pièce comme si de rien était. « Au fait, on vous attend en salle de visionnage… Et il va de soi que nous n'avons jamais eu cette conversation » ajouta t'elle, malicieuse, en s'arrêtant brièvement sur le seuil pour mieux repartir.

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- « Elle a vraiment dit qu'elle allait chercher G… le Dr. Grissom ? » répéta Sara, persuadée d'avoir mal entendu. Elle avait été surprise de ne pas retrouver Megan avec Jeff et les autres mais cette explication là ne tenait pas la route… et n'était pas pour la rassurer.

- « Mais oui » confirma l'agent Thomas avec un petit sourire espiègle. « Je lui ai demandé si elle était sûre de vouloir faire ça et elle a dit, je cite 'Toujours', fin de citation. »

- « Bien » fit la jolie brune sur un ton qui indiquait clairement que ce n'était pas 'bien' du tout. Loin de là. Elle n'eut cependant pas le loisir de se torturer davantage en imaginant la conversation qu'avaient pu avoir sa meilleure amie et son ex-amant puisque la brunette en question fit irruption dans la salle comme si de rien était. Elle arborait un petit air serein et satisfait qui, selon Sara, n'augurait rien de bon.

- « Tiens, vous êtes revenues » lança Megan en se laissant tomber nonchalamment – mais toujours avec une grâce certaine – sur une chaise. « Et vous, vous avez réussi à avoir une meilleure image ? » s'enquit-elle ensuite à l'attention des trois hommes présents.

- « Oui, » répondit Archie avec l'un de ses sourires éclatants, « on imprime ça en ce moment même et on va essayer de la suivre avec les différentes caméras qui pourraient se trouver sur son chemin » expliqua t'il en désignant du menton, les images qui passaient simultanément sur trois écrans.

- « Parfait » fit la voix de Grissom depuis la porte. « On va faire circuler cette photo dans la ville et pendant ce temps, il faudrait vérifier les ventes d'un produit… Chanel ici, sur les états qu'elle a déjà visités et par correspondance » annonça t'il sans sourciller. La tirade de Megan tournait toujours dans sa tête mais il était un professionnel avant tout.

- « On pense qu'elle n'est pas vraiment rousse » intervint Catherine. « Cependant, elle a du le rester au moins pendant qu'elle était à Vegas » temporisa t'elle après y avoir réfléchit un instant. « Il vaudrait mieux que les traits du visage soient bien visibles. »

- « Le bon côté, c'est que lorsqu'on l'aura, on aura qu'à comparer l'empreinte et l'ADN et hop ! L'affaire sera bouclée ! » se réjouit le jeune texan avec son optimisme habituel.

- « Certes, Nick » acquiesça l'entomologiste, amusé. « Bon, il va être 22 heures, j'ai une affaire à confier aux deux autres et il y a des insectes » continua t'il, faisant sourire – de manière plus ou moins évidente – toutes les personnes présentes. « Je pense être de retour vers minuit, on se retrouvera en salle de conférence. Pour l'huile… ? »

- « Les filles vont s'en occuper » le coupa Megan en récupérant d'un geste souple la feuille qu'il tenait à la main avant de la confier à Catherine et Sara. « Puisque ces messieurs ont l'air de maîtriser la situation ici… » fit-elle, taquine, « autant les laisser gérer ça. Quant à moi, j'ai quelques journalistes à traumatiser. Peut-être que Brass voudra se joindre à moi » déclara la brunette, l'air ravie, en quittant la salle.

- « Je crois qu'on a pas vraiment le choix » constata Cath, faussement défaitiste.

- « En effet » approuva Nick, souriant.

- « Parfois, je me demande vraiment comment Ben fait pour la gérer… » se demanda Jeff avec humour.

- « Il ne le fait pas, il prend sur lui » lui répondit Sara, malicieuse. « Allez travaille bien » le salua t'elle moqueusement en suivant l'experte blonde jusqu'à un labo libre et informatisé.

- « Parfois, je me demande vraiment comment je fais pour la supporter » reprit l'agent fédéral en secouant la tête.

- « Tu prends sur toi ? » lui suggéra la jeune brune, rieuse, depuis le couloir. Nick ricana et Archie sourit alors que l'homme laissait retomber sa tête sur le bureau avec un bruit sourd.

- « Je dois moi aussi vous laisser… » les informa Grissom, un discret sourire au coin des lèvres, avant de s'éclipser à son tour. Il avait besoin d'un peu de temps seul, pour réfléchir et la collecte de spécimens rampants était idéale pour ça.

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- « J'ai peut-être quelque chose… » fit Sara en s'arrêtant de pianoter sur le clavier de son ordinateur. Les lumières de l'écran jouaient doucement sur son visage, l'éclairant de lueurs surréalistes.

- « Humm ? » répondit vaguement Catherine, absorbée par ses propres recherches mais tout de même attentive.

- « Eh bien, si j'étais elle, je n'aurais pas passé de commande via Internet, ça laisse trop de traces. Payer en espèces, donc anonymement, dans une boutique est un choix plus logique, quitte à se déguiser. Et même, si on ne peut pas savoir où elle se trouvait ces quatre derniers mois, le nombre de personne à avoir acheté se produit n'est pas si élevé. D'autant que je pense qu'on peut éliminer les villes dans lesquelles elle avait déjà commis un meurtre » expliqua la jeune femme en faisant défiler une liste sur son écran.

- « Ça fait beaucoup de suppositions… » objecta l'experte. « Toutefois j'aurais tendance à penser comme vous. On peut toujours essayer. »

- « Surtout qu'à 193 dollars le flacon de 50 cl, les paiements en espèces ne doivent pas être si courants » ajouta la brunette avec un sourire quelque peu désabusé.

- « En effet » admit la blonde en souriant à son tour. « Je vérifie quand même les autres formes de règlement… »

Le léger bruit des touches sur lesquelles on pianote fut le seul bruit que l'on entendit dans la pièce durant les cinq minutes suivantes. Jusqu'à ce que Catherine, taraudée par une question depuis un moment déjà, se résolve à la poser.

- « Comment c'est de travailler au FBI ? »

Sara redressa vivement la tête, surprise par l'intervention de sa voisine et par le contenu de l'interrogation.

- « Que voulez-vous dire ? » s'enquit-elle, abandonnant momentanément ce qu'elle était en train de faire.

- « Eh bien, vous avez été experte à Manhattan d'après ce que j'ai compris, et maintenant vous appartenez au FBI donc vous avez forcément des éléments de comparaison… qu'est-ce qui est différent ? Est-ce que vous préférez ce que vous faites actuellement ou bien… ? J'ai l'impression que c'est un peu la même chose et je m'interrogeais » explicita la blonde avec un petit sourire contrit. « Désolée, je ne voulais pas me montrer indiscrète… »

- « Non, ce n'est pas… ce n'est pas grave. Je comprends » intervint la brunette en souriant à son tour, rassurante. « Pour répondre à votre question, la principale différence, pour ma part, réside dans le fait qu'on est moins souvent dans les labos et plus souvent sur le terrain. On ne s'occupe pas uniquement du côté scientifique de l'enquête, on procède aussi aux arrestations, aux poursuites… » commença l'agent fédéral en faisant attention à bien choisir ses mots afin de bien faire passer son opinion. « On fait un peu votre travail plus celui de la police sauf que la plupart du temps, on ne procède pas aux analyses en elles-mêmes ni à la relève des indices. Et puis on voyage beaucoup sur tout le territoire. De plus nous n'enquêtons que sur les crimes violents. Jamais de cambriolage… sauf s'il est accompagné d'un meurtre bien entendu » fit-elle avec humour. « Je crois qu'on a plus de contact avec les gens de cette façon et même si je ne suis pas vraiment sûre de préférer ça, je sais que c'est bien pour moi. Je sais que sinon je pourrais passer des jours entiers cloîtrer dans un laboratoire. J'ai l'impression d'être plus utile ainsi. Sans compter que j'ai beaucoup de liberté et toute une équipe sous ma direction. C'est un avantage non négligeable » continua t'elle, rieuse. « J'adorais les gens avec lesquels je travaillaient à Manhattan et c'est la même chose à Washington. Ni mieux ni moins bien, juste différent. »

- « Je vois » acquiesça Catherine, compréhensive. Elle hésita un moment avant de formuler sa question suivante. « Est-ce que… C'est juste une hypothèse bien sûr… mais est-ce que vous pourriez redevenir experte après ça ? Quitter le FBI, réintégrer une équipe… si l'occasion se présentait… » L'experte savait qu'elle avançait en terrain glissant et sa façon d'agir n'était pas des plus subtiles mais on pouvait bien mettre ça sur le compte de la simple curiosité, non ? Et s'il se trouvait que ces interrogations n'étaient pas tout à fait innocentes, ce n'était que pour le bien de son meilleur ami. Voilà tout.

- « Non » répondit simplement et sincèrement la jolie brune. La scientifique ne voulait voir dans ce discours qu'une simple coïncidence et traita donc la réponse comme telle, en faisant fis d'un quelconque rapport avec Grissom. « Quitter Washington, éventuellement, ce n'est pas une ville que j'affectionne particulièrement, mais pas le FBI, j'aime bien trop ce que je fais. Et le badge est très cool comme dirait Megan… » ajouta t'elle avec un sourire malicieux.

- « Et le badge est très cool, évidemment » approuva Catherine en riant de bon cœur. Elle comprenait son point de vue. Elle appréciait l'honnêteté dont sa cadette avait fait preuve et sa réponse lui plaisait. En fait c'était assez proche de ce à quoi elle s'était attendue. Pas vraiment encourageant mais pas totalement hostile à toute forme de changement non plus.

- « Et puis les opérations commandos, les infiltrations, ça me manquerait trop. Une fois, Jeff et moi, nous nous sommes faits passés pour un couple de mafiosi… C'était vraiment très drôle » fit Sara, souriant au souvenir. « Bon, ces recherches ne vont pas avancer toutes seules… » poursuivit-elle avant de se retourner vers son ordinateur, pas très sûre de ce qui venait de se passer mais persuadée que cela avait – ou aurait – son importance, d'une manière ou d'une autre.

- « Vous avez raison, on a encore du pain sur la planche… »

oxoOoxo

TBC...