Voilou, le deuxième, comme promis... ;-)
Oh, et je vous conseille la chanson, elle est super (BO de Shreck - si ça s'écrit comme ça - 2)
oxoOoxo
(Ever Fallen in love, Pete Yorn)
- « Bon, je te laisse, Warrick, Greg et Nick m'ont promis de m'emmener dans une arcade de jeux sur le Strip » fit Megan avec enthousiasme, un canette de coca light dans une main et une écharpe en cachemire écrue dans l'autre.
La jeune femme avait momentanément abandonné les tailleurs, choisissant plutôt de porter un jean foncé et un petit pull turquoise sous sa veste de velours noir. Ses longues boucles brunes avaient été ramassées en deux couettes lâches qui tombaient de part et d'autre de son fin visage, lui donnant un petit côté gamine. Sara, sa tasse de café à la main, elle aussi en jean et joli haut près du corps, ne put s'empêcher de sourire devant le comportement de sa meilleure amie. Elle secoua doucement la tête, faisant voler ses boucles parfaites, une lueur amusée dansant dans ses yeux, les illuminant d'éclats ambrés.
- « Amuse-toi bien puce » répondit finalement l'ex-experte avec sincérité. « Mais n'oublie qu'on est invité à manger avec le Dr Robins et sa femme ce soir… »
- « Je sais, je sais… je pense leur dire de venir au Bellagio » intervint la jeune chargée de communication avant de se diriger vers la porte. « Tu es sûre que tu ne veux pas venir ? » s'enquit-elle une dernière fois. La scientifique, toujours souriante, fit non de la tête. « Ok, il ne me reste plus qu'à te souhaiter bonne chance alors. Surtout n'hésite pas à m'appeler si… enfin bon, n'hésite pas. Je t'adore. » Et avec ça et un dernier clin d'œil la brunette passa la porte, manquant le 'Je t'adore' aussi murmuré par son amie mais le devinant sans doute.
Sara poussa un soupir amusé avant de s'adosser de nouveau au plan de travail et de reprendre la lecture d'une revue scientifique – fort intéressante – entre deux gorgées de café insipide. Elle était sensée attendre Jeff qui discutait avec le sous-directeur Brass mais, très honnêtement, ce n'est pas lui qu'elle attendait. Megan le savait. Jeff le savait sans doute. Gil devait le savoir. Elle le savait. Et elle était morte de trouille. Littéralement.
C'est ainsi que la trouva l'entomologiste quand il pénétra dans la pièce, une dizaine de minutes plus tard, deux gobelets de 'vrai' café à la main. Il s'arrêta un instant sur le seuil, profitant du fait qu'elle ne l'avait pas encore vu pour pouvoir l'observer. Elle était réellement superbe. Encore plus qu'avant si c'était possible. Le jean qu'elle portait complimentait à merveille ses longues jambes et sa taille fine. Et son haut chocolat aux reflets dorés moulait à merveille ses formes harmonieuses tout en rappelant la couleur si particulière de ses yeux. Ses boucles brunes encadraient délicatement un visage au teint pâle et aux traits gracieux.
Lui qui savait sa peau si douce, et en connaissait le parfum si envoûtant, se retenait difficilement de passer une main sur le galbe de sa joue ou de frôler du doigt ce petit pli soucieux entre ses sourcils. Que dire à une femme que vous aimez de tout votre être mais que vous avez lâchement abandonné des années auparavant ? Comment pouvez-vous espérer vous faire pardonner ? Il soupira et ce simple bruit suffit à attirer l'attention de la jolie brune qui releva brusquement la tête… et faillit lâcher sa tasse.
- « J'ai pensé que vous auriez envie de boire autre chose que cette abomination » fit Grissom en lui tendant l'un des verres en carton qu'il tenait, rompant ainsi le silence quelque peu tendu qui s'était installé.
Sara accepta le gobelet sans un mot et le goûta machinalement. Un moka avec beaucoup de sucre, de crème, de vanille et de noisettes. Ça n'avait quasiment plus le goût de café mais c'était délicieux. Son préféré en fait. Elle se passa distraitement la langue sur les lèvres en se demandant comment diable pouvait-il se souvenir de ses détails au bout de cinq ans alors qu'il l'avait vu en commander une seule fois.
- « J'espère que vous aimez toujours ça » reprit, presque timidement, l'entomologiste en venant se placer à ses côtés. La brunette joua un moment avec le verre entre ses mains avant de se décider à répondre. Après tout il avait fait le premier pas…
- « J'aime toujours ça, oui » confirma finalement la jeune femme à voix basse. 'Et je t'aime toujours mais je te déteste tellement que je ne sais pas vraiment si ça veut encore dire quelque chose' voulut-elle lui crier. Elle renonça, cependant. Ce n'était ni le lieu ni le moment.
- « Tant mieux » osa Gil en esquissant un sourire. « J'imagine que beaucoup de choses ont du changer en cinq ans… »
- « Effectivement » répliqua succinctement l'ex-experte avant de reprendre une gorgée de cette – au combien – délicieuse boisson.
- « C'est étrange de se dire que Megan et Benjamin sont mariés maintenant. Lorsque je les avais vus, les choses étaient un peu… compliquées » commenta t'il dans une hasardeuse tentative d'humour tandis qu'il s'injuriait intérieurement. 'Pauvre abruti, tu n'es pas là pour lui parler de la vie sentimentale de ses meilleurs amis !'
- « Vous l'avez dit vous-même, les choses changent… » énonça Sara d'une voix égale et Grissom se demanda dans quelle mesure cette affirmation pouvait s'appliquer à leur propre situation.
- « Peut-être pourrions nous continuer cette 'discussion' ailleurs » suggéra maladroitement l'entomologiste. Sara arqua un sourcil inquisiteur en se tournant vers lui et aurait pu jurer l'avoir vu rougir. Elle joua un instant avec l'idée de le rembarrer purement et simplement mais elle était là pour avoir des réponses et hocha donc de la tête en signe d'acquiescement pour le plus grand soulagement de l'homme à ses côtés. « Très bien, je… je vous aurais bien proposer de venir chez moi mais… »
- « D'accord » le coupa la jolie brune dont la curiosité était piquée. Il avait bien été chez elle à l'époque, elle n'allait pas se défiler si cela lui offrait la possibilité de découvrir l'endroit où il vivait. Et non, la perspective de passer du temps – seule et dans un endroit privé – avec un homme dont un simple frôlement déclanchait chez elle de délicieux frissons n'avait rien à voir avec sa décision.
- « Pardon ? » fit Gil en manquant de s'étouffer. Est-ce qu'elle avait réellement dit qu'elle était d'accord pour venir chez lui ?
- « Je pense que c'est une bonne idée d'aller chez vous d'autant plus que nous venons de manger et qu'un restaurant est donc hors de question et il fait bien trop froid pour s'asseoir dans un parc » expliqua Sara avec une logique implacable alors que les effluves de l'after-shave de l'expert – le même qu'il y a cinq ans – lui chatouillait délicatement les narines, la faisant quasiment soupirer d'aise. Elle a-do-rait cette odeur, ce n'était pas sa faute… Et puis s'il pouvait éviter d'avoir les yeux aussi bleus…
- « Parfait. C'est… parfait » acquiesça l'entomologiste. 'Evidemment crétin,' s'insulta t'il mentalement, 'pourquoi n'accepterait-elle pas, ce n'est pas comme si tu étais de ces hommes prêts à profiter de toutes les situations'. Il refusa fermement de s'attarder sur cette partie de son cerveau qui lui suggérait qu'il aimerait beaucoup faire visiter sa maison à la charmante brunette qui la suivait actuellement dans les couloirs et qu'elle serait encore plus charmante allongée sur ses draps de cotons blancs… ou même plus simplement dans ses bras.
&&&
Le trajet jusque chez lui se fit en silence. Sara le passa à regarder par la fenêtre et Gil le passa à regarder Sara – quand il ne regardait pas la route. Mais à peine avait-il mis un pied chez lui que l'entomologiste perdit tout son sang-froid et tout d'un coup l'idée de la supplier à genoux – de quoi ? – ne lui sembla plus si mauvaise. Il opta à la place pour aller se servir un verre de Scotch non sans avoir demandé à son invité si elle était tentée – elle ne l'était pas. La jolie brune, après avoir confié sa veste au maître de maison, fit rapidement un tour d'horizon. L'intérieur lui plut dans une certaine mesure – si ce n'est le fait qu'il ne semblait pas vraiment habité. Elle s'arrêta un instant devant son portrait – occupant toujours la place d'honneur où Jim l'avait trouvé. Elle se demanda la signification d'un tel… hommage mais préféra ne pas s'attarder là-dessus.
A l'époque où ils s'étaient connus, la jeune femme s'était souvent demandée à quoi pouvait ressembler l'antre de l'entomologiste. Eh bien, elle ne s'était pas complètement trompée… Le mobilier sobre, les lumières claires mais pas trop vives, les teintes blanches et grises, les papillons encadrés, les recueils de poésie anglaise, les vieux livres d'entomologie. Elle sourit doucement en passant avec révérence le dos de sa main sur la reliure d'un vieil exemplaire des œuvres complètes d'Henri James. Elle en avait un comme celui-là à la maison. Ça avait quelque chose d'effrayant… Mais elle se rassura en se disant qu'elle, au moins, avait une plante verte, une bonne dizaine de photos sur les murs, deux ou trois bouquets de fleurs, quelques coussins de couleurs vives sur le canapé, des bougies aux formes bizarre un peu partout dans le salon et son frigo était littéralement recouvert d'aimants à l'image des personnages de Disney – Megan était passée par là…
- « Vous êtes sûre que vous ne voulez rien ? » lui demanda à nouveau Gil, la sortant de ses réflexions. Elle se retourna pour le trouver quelques pas derrière elle, un verre à la main et l'air légèrement inconfortable.
- « J'en suis sûre, merci » fit la jeune femme avant de croiser nerveusement les bras sur son torse. Mon Dieu, ils avaient l'air de deux étudiants à un premier rendez-vous… Et encore, les étudiants marchaient aux hormones et auraient vite fait de régler la situation.
- « Sara… » se lança l'expert avant de s'arrêter net, ne sachant comment continuer.
- « Dr Grissom » répliqua Sara, peu disposée à l'aider d'une manière ou d'une autre.
- « Gil, s'il te plaît. Ou Griss. Ce n'est pas comme si… » Il n'osa pas finir sa phrase devant le regard de la brunette qui s'était fait meurtrier. « D'accord, tu ne veux pas t'asseoir ? » L'ex-experte haussa un sourcil au tutoiement mais prit tout de même place sur le canapé sans faire de commentaire. « Sara, » retenta Grissom en s'asseyant à ses côtés – mais pas trop près quand même – après avoir déposé son scotch sur la table basse, « je ne sais pas… je voudrais que… ce n'est pas facile » fit-il finalement avant d'enlever ses lunettes et de passer une main sur ses yeux.
- « Pour toi ou pour moi ? » Devant la perplexité de son interlocuteur la jeune femme prit sur elle de préciser sa pensée. « Ce n'est pas facile, je suis d'accord mais ça ne l'est pas plus pour moi. Et je ne suis pas celle qui nous a mis dans cette situation » lui rappela t'elle, un brin sarcastique.
- « Je sais » admit l'entomologiste d'un ton tellement défait qu'elle s'en voulut un peu pour la sècheresse de sa réflexion précédente. « C'est juste que je ne trouve pas les mots pour dire ce que je voulais… un peu ironique pour un célèbre orateur, non ? » ironisa t'il avec un petit rire qui sonnait faux et lui donnait l'air d'un enfant perdu – un air que Sara jugeait positivement adorable mais elle garda cette idée pour elle.
- « Pas la peine de prendre des gants, 'ce n'est pas comme si', n'est-ce pas ? » suggéra la jolie brune, à moitié pour l'aider et à moitié pour l'enfoncer.
- « Tu as sans doute raison mais j'aurais vraiment aimé avoir agit différemment il y a cinq ans, avoir 'pris des gants' comme tu dis… » murmura Grissom en se perdant dans la contemplation du fond de son verre qu'il avait repris en main.
- « L'important c'est de faire ce qui nous semble juste, pas ce qui ménage les sensibilités » intervint la jeune femme d'un ton égal. Elle savait qu'il était seulement maladroit mais ce genre de phrase un peu 'bateau' la blessait.
- « Je m'exprime mal » reprit Grissom en la couvant d'un regard si tendre et si intense qu'elle dut détourner les yeux. « Ce n'était pas juste et ce n'était certainement pas ce que je voulais. Je n'ai pas d'excuse et je n'en cherche pas. Je me suis comporté comme… comme le dernier des connards » avoua t'il avec sincérité, songeant que, quelque part, Megan n'aurait pas désapprouvé. « Et je regrette. Tu ne peux pas savoir comme je regrette d'être parti ce jour là, comme je m'en veux. J'ai eu mal, je n'ai pas cessé de penser à toi, à ce qui aurait pu… J'ai fait une erreur mais- »
- « Une erreur ? » répéta Sara, incrédule. « C'est comme ça que tu vois ça ? Une 'erreur' ? »
- « Non ! Sara, non. »
Gil lui prit la main, comme pour éviter qu'elle ne s'enfuie – une option à laquelle elle devait avouer qu'elle avait peut-être un tout petit peu pensé. Elle ne la retira pas, bien trop occupée à retenir ses larmes le plus discrètement possible – sans grand succès. Elle n'était pas prête pour 'cette' conversation. Pas encore. Le scientifique raffermit sa prise sur la main de la jeune femme mais ce geste de réconfort et d'affection eut plutôt tendance à faire redoubler le flot de larmes qui se pressaient derrière ses paupières maintenant closes.
- « Sara, non » répéta t'il encore, incapable de trouver les mots pour la rassurer et terriblement frustré par ce fait. Avec des gestes délicats et plein de précaution, il attira la jeune brune à lui – étonné qu'elle ne le repousse pas – et la serra contre son torse en la berçant très tendrement, savourant simplement sa chaleur contre lui. « Tu n'es pas une erreur, tu es la plus belle chose qui me soit jamais arrivé » murmura t'il doucement, le nez dans ses cheveux.
- « Je ne comprends pas » souffla Sara contre son épaule, bien trop épuisée émotionnellement pour ne serait-ce que songer à se détacher de ce qui semblait être devenu son point d'ancrage dans la tempête de sentiment qui l'habitait. Devait-elle vraiment détester cet homme qui la tenait si étroitement contre lui ? Ou pouvait-elle juste se laisser aller à l'aimer comme elle en avait envie ?
- « Je suis tellement désolé mon ange, tellement désolé… » lui répondit seulement Grissom en continuant de la bercer et de tracer des arabesques sur son dos du bout des doigts.
Ils restèrent ainsi un long moment. Sara blottit dans les bras de Gil qui lui chuchotait d'une voix douce des mots sans aucun sens. Et puis l'étreinte se fit moins affectueuse, plus sensuelle. Les caresses se firent plus marquées et les souffles s'accélèrent. Quand la jeune femme releva la tête, les yeux brillants, pour fixer son regard sur les lèvres de l'expert, il sut immédiatement où ce la allait les mener. Il en avait envie bien sûr. Il en avait eu envie depuis qu'il avait de nouveau posé les yeux sur elle. Et il était plus qu'évident qu'elle partageait cette envie. Toutefois, se lancer là-dedans, si vite, alors qu'aucune explication n'ait réellement été échangée n'était pas une bonne idée. Cela apporterait plus de problème que de solution. Il n'avait pas pu s'expliquer. Elle n'avait pas eu l'occasion de pouvoir seulement commencer à lui pardonner.
S'il cédait maintenant, elle lui en voudrait et… Il cessa de penser rationnellement lorsqu'il sentit ses lèvres souples et douces se poser sur les siennes. Et il cessa de penser tout court lorsqu'une langue malicieuse entreprit de tracer les contours de sa bouches et qu'un corps aux courbes on ne peut plus attrayantes se pressa langoureusement contre le sien. Son second cerveau prit le relais et, sans plus réfléchir, il souleva Sara pour la porter dans sa chambre. Leurs lèvres ne se quittèrent pas une seconde alors qu'elle se redécouvrait avec un plaisir et avec une fougue partagée. Lorsqu'ils tombèrent sur le lit, ni l'un ni l'autre n'était plus en mesure d'aligner la moindre pensée cohérente et leurs vêtements ne furent bientôt plus qu'un lointain souvenir…
oxoOoxo
Bon, on ne peut pas vraiment dire qu'ils se soient expliqués mais on a quand même avancé, non ?
