Merci à tous ;-)
Bien sûr que ce n'est pas fini (je promets un happy-end :-))
Les 'vraies' explications ne sont pas encore pour ce chapitre mais pour le suivant pas de panique...
PS : je me suis amusée à la fin de celui-ci (vous verrez) alors on aime ou on n'aime pas mais j'aimerais bien savoir ce que vous en pensez
oxoOoxo
(Sulk, Radiohead)
Quand Sara émergea, la nuit tombait déjà sur Vegas et les rayons du soleil agonisant berçaient la pièce d'une douce lumière rose-orangée, conférant à la chambre une atmosphère irréelle. La première chose dont elle prit conscience était qu'elle était nue et qu'un corps, nu lui aussi se tenait tout contre elle. La deuxième chose dont elle prit conscience était qu'elle se trouvait actuellement dans la maison de Gil, dans la chambre de Gil et plus précisément dans son lit après une séance particulièrement jouissive de sexe débridé – un bon compromis entre tendre et intense – avec lui. 'Et merde…' fut sa première pensée. Cette situation n'appartenait à aucun des scénarios qu'elle avait envisagés et elle se retrouvait sans texte, sans savoir quoi faire ensuite. Elle n'aurait pas de faire ça, et surtout pas comme ça.
Se traitant mentalement de tous les noms, elle se détacha avec précaution de l'étreinte – qu'elle se refusait à avoue confortable – de l'entomologiste et elle s'empressa de s'habiller sans lui accorder un seul regard. Elle l'entendit bouger dans son sommeil derrière elle et retint son souffle jusqu'à ce qu'il se calme à nouveau avant de se remettre à la recherche de son jean. Dix minutes plus tard elle était dehors et hélait un taxi. Une demi-heure plus tard elle était arrivée au Bellagio et regagnait sa chambre – qui était en fait leur chambre à Megan et à elle mais, Dieu soit loué, la jeune chargée de communication n'était pas là – dans une sorte de brouillard anesthésiant. Ce n'est qu'une fois plongée dans un bon bain bouillonnant, Tracy Chapman en sourdine et un verre de vodka à la main, qu'elle s'autorisa à penser à ce qu'elle venait de faire. Et ce n'était pas brillant…
Enfin, le sexe avait été brillant. C'est le reste qui laissait à désirer. Elle avait été plus que pitoyable. Elle s'était effondrée comme… comme une gamine puis s'était littéralement jetée sur lui comme si elle n'avait pas fait l'amour depuis cinq – ce qui n'était absolument pas vrai, merci beaucoup. Il ne s'était même pas expliqué – non pas qu'elle lui en ait vraiment laissé le temps et avait du la prendre pour une nymphomane… ou une idiote. A ce stade, elle ne savait pas réellement lequel de ces qualificatifs elle préférait. Aucun sans doute. Mais les deux étaient valables. Sara se laissa couler un instant avant de remonter à la surface, les yeux fermés mais l'esprit plus clair. Eh bien, ils étaient allés chez Grissom, ils avaient fait l'amour et elle était partie comme une voleuse. Chacun son tour, non ? Elle n'avait, certes, pas fait exprès mais ça avait un petit quelque chose de doux-amer, comme une revanche.
Sauf que d'habitude, lorsqu'on se vengeait, on était soulagé. Ou satisfait. Ou même vraiment content de soi. Certainement pas dévasté. Ce qui était définitivement son cas. Elle était triste – sans savoir pourquoi. Elle était déçue – sans savoir de quoi. Et elle était surtout très lasse, très fatiguée – ce qui n'était peut-être pas si étonnant après deux bonnes heures de sport en chambre. Elle aurait voulu pleurer – mais elle s'était promis de ne plus le faire pour 'lui' ou pour quoi que ce soit en rapport avec 'lui'. Elle aurait voulu crier – mais ce n'était pas comme si elle était seule dans l'hôtel. Et, plus que tout autre chose, elle aurait voulu retourner dans cette étreinte si tendre et si rassurante qu'elle venait de quitter. Mais c'était difficilement envisageable maintenant, n'est-ce pas ?
Elle avait été stupide. Comme si, inconsciemment, elle n'avait pas voulu entendre ses excuses. Comme si elle n'avait pas voulu croire qu'il en avait. Pas voulu croire que quelque chose était encore possible entre eux. Elle avait préféré couper court. Juste être avec lui une dernière fois. Ne rien vouloir de plus. Ne rien envisager de plus. Etait-ce elle ou elle fuyait une situation qu'elle ne pensait pas pouvoir contrôler et qui menaçait de bouleverser son avenir ? Avait-elle volontairement saboté ses chances de réessayer avec un homme parfait pour elle ? Se complaisait-elle vraiment dans le rôle de la pauvre jeune fille bafouée ou voyait-elle trop de chose dans le simple désir de mettre un terme à quelque qui n'avait pas même commencé ? Peut-être que c'était tout simplement Megan qui déteignait sur elle…
&&&
- « C'est bien la chose la plus stupide que tu n'aies jamais faite » fit une voix familière depuis le seuil de la chambre d'hôtel.
Sara ne prit pas la peine de se retourner pour affronter le regard – sans doute sombre et orageux d'après le ton utilisé – de Megan. Elle continua à remplir méthodiquement sa valise avec un calme bien trop étudié pour être réel. D'ailleurs il ne l'était pas du tout. Réel. La tâche manuelle et répétitive – sortir un vêtement de l'armoire, le plier, le mettre dans le sac et recommencer – lui permettait de se dispenser de 'trop' penser et de maîtriser le tremblement de ses mains depuis qu'elle avait quitté son bain… et son verre de vodka.
- « Et pourtant tu en as fait des choses stupides… » poursuivit la jolie chargée de com' en pénétrant dans la pièce. « Mais là tu t'es surpassée. Si, si » continua la brunette, sarcastique, alors que la porte claquait derrière elle. « Tu réalises, j'espère, que ton comportement est d'une puérilité pathétique » ajouta t'elle en prenant place dans un des confortables fauteuils qui garnissaient la pièce, ne s'offusquant pas plus que ça du manque de réponse de sa meilleure amie.
Megan savait qu'elle l'écoutait. Pas la peine d'en rajouter. La jeune femme était déjà très satisfaite de son entrée qui se voulait 'terriblement' dramatique. Oui, bon, c'était plus ou moins réussi… mais elle n'avait pas eu le temps de répéter. Et puis, en toute honnêteté, elle n'avait jamais été une tragédienne très douée. De toutes façons les mélodrames n'étaient pas à la mode. C'était un thème complètement dépassé, obsolète. Passons.
- « Alors quoi ? Tu as eu ta petite vengeance ? Tu es contente maintenant ou tu… ? »
- « Arrête ! » l'interrompit brutalement Sara, un sanglot dans la voix.
Elle se retourna avec brusquerie, prête à hurler sur celle qu'elle considérait comme sa sœur. Celle qui semblait prendre un malin plaisir à lui rappeler la stupidité et le pathétisme de sa situation. Pourtant, lorsqu'elle ancra ses yeux chocolat dans ceux de Megan, elle n'y trouva qu'une affection sans borne mêlée à une tendre sollicitude. Un petit sourire triste jouait sur les lèvres de la jeune femme brune au teint diaphane. Sara se calma instantanément, comprenant que son interlocutrice n'avait adopté ce ton dur que pour la faire réagir. Bien sûr. Megan était toujours là pour elle après tout. Et elle possédait cette étonnante – quoique parfois effrayante – faculté de toujours savoir ce qui se passait dans sa vie, ou allait s'y passer, avant elle-même.
- « Bon, je sais que tu sais que je sais, alors si on passait directement au moment où tu m'avoues tout ? » reprit la jeune chargée de communication en croisant les jambes avec élégance.
- « On a couché ensemble. Je suis partie avant qu'il ne se réveille. On repart demain matin pour Washington. Et, là, je fais ma valise. Il n'y a rien d'autre à rajouter. » fit Sara alors qu'elle martyrisait un pauvre tee-shirt sans défense. « Et arrête de me regarder comme ça ! »
- « D'accord… Tout d'abord tu vas lâcher ce tee-shirt. C'est un de mes préférés et j'aimerais encore pouvoir te l'emprunter quand on sera rentrées » lui demanda Megan d'une voix douce et ferme à la fois, un léger sourire aux lèvres. « Maintenant, quel est le problème ? »
- « Quel est le problème ? » s'étrangla à moitié l'ex-experte, perdant finalement son calme.
- « Oh, ne joue pas les martyrs, Sar', tu t'es mise toi-même dans cette position… » lui souffla son amie, pas complètement compatissante mais pas vraiment acerbe non plus. Juste objective et sincère. « Ce n'est pas une question piège. Alors je répète, quel est le problème ? »
- « Tu veux dire à part le fait que je n'ai eu de réponse à aucune de mes questions, que je suis désespérément amoureuse d'un entomologiste instable, » commença la scientifique en se laissant lourdement tomber sur le lit, à côté de la valise à moitié remplie, « que je viens de le planter sans une explication et qu'il va croire que je me suis bassement vengée, que je viens sans doute de me priver de ma meilleure chance d'avoir un jour une famille, que je ne sais plus du tout quoi faire et que… ? »
- « Ok, ok, » l'interrompit la brunette, une lueur de malice dans les yeux « là, maintenant c'est plus clair… La vérité c'est que je n'ai pas de solution miracle pour toi et même si j'en avais une je ne te la donnerais pas parce que je suis ton amie et que ça ne serrait pas un service à te rendre » continua t'elle sur un ton plus affectueux. « Qu'est-ce que tu vas faire pour remédier à cette impressionnante liste de 'problèmes' ? »
- « Rien » répondit Sara avec emphase, en souriant avec ironie. « Rien du tout. Je vais rentrer tranquillement chez moi, je vais me cacher sous ma couette avec mon nounours préféré et je ne compte pas en émerger avant l'été… éventuellement » conclut-elle avec l'ombre d'un vrai sourire sur les lèvres alors que Megan souriait franchement à sa tentative d'humour.
- « Tu as conscience que ce n'est pas une attitude très constructive, n'est-ce pas ? » fit cette dernière en redevenant sérieuse. « Jusqu'à présent, toutes les erreurs que tu as pu commettre sont facilement excusables. Des erreurs de parcours, on en fait toutes. Mais si tu renonces maintenant, là tu seras vraiment ridicule et tu ne pourras t'en prendre qu'à toi si tu finis vieille fille » trancha la jolie brune sans ciller.
- « Merci pour ce vote de confiance » rétorqua l'agent fédérale, quelque part réconforter par le discours de son amie.
- « De rien » fit l'autre jeune femme avec un haussement d'épaule et un sourire espiègle. « Et sinon, au lit, il est toujours aussi bon ? »
Cette réflexion lui valut un petit cri indigné et un tir groupé – coussin, tee-shirt et paire de gant – dans sa direction qui fut le déclanchement d'une mémorable bataille rangée. Il était presque 21 heures quand les deux brunettes, épuisées et riant aux éclats, rendirent les armes. Megan, affalée sur la multitude de coussins qui jonchaient à présent le sol, observa du coin de l'œil Sara, elle-même étalée sur un épais tapis à l'autre bout de la pièce. La jeune femme était contente d'avoir pu – ne serait-ce que brièvement – changer les idées à son amie mais, même si elle le dissimulait bien, elle était vraiment inquiète pour elle. Elle savait que, pour cette fois, elle ne devait pas aider Sara, elle devait la laisser gérer sa vie, faire ses propres choix sans être poussé dans un sens ou dans un autre. Elle savait aussi que l'ex-experte en était tout à fait capable. Le problème étant de savoir si elle y arriverait à temps cette fois.
- « Sar', Mr et Mme Robins vont arriver dans une trentaine de minutes, tu veux venir dîner avec nous ? » proposa Megan lorsqu'elle eut repris son souffle et suspendu ses réflexions.
- « Oui, pourquoi pas ? » fit Sara, se sentant plus détendue qu'elle ne l'avait été depuis qu'elle avait appris qu'ils allaient à Vegas. « Mais seulement si tu me promets de faire ce test de grossesse dès que ce sera fini » ajouta t'elle, taquine.
- « Deal. »
&&&
En se réveillant seul dans son lit – lit froid ce qui signifiait qu'elle devait être partie depuis un moment déjà – Gil Grissom ne fut pas particulièrement surpris. Peiné, sans doute. Triste, aussi. Et un peu désespéré. Mais pas surpris. Il l'avait un peu cherché, non ? Il roula sur le côté et inspira un instant dans l'oreiller qui portait encore son odeur. Une délicieuse odeur fruitée avec une touche d'épice. Non, il ne regrettait pas d'avoir cou… non, d'avoir fait l'amour avec elle. Ni cette fois-ci, ni celle d'avant. Parce qu'elles avaient été magiques. Mais il regrettait définitivement le réveil. Dans les deux cas. Il se releva à regret et s'habilla, décidant qu'une tasse de café lui ferait sûrement le plus grand bien. Son mug à la main et Bach en sourdine, il s'assit dans le canapé et ferma les yeux.
Il aimait Sara, rien de nouveau là-dedans. Maintenant, décidait-il de tirer un trait sur sa chance d'être heureux avec elle et la laissa t'il partir comme elle l'avait fait avec lui il y a cinq ans, ou décidait-il de prendre les choses en main ? Pouvait-il espérer que le départ de Sara avait moins avoir avec une cynique forme de vengeance qu'avec l'incertitude, les doutes et cette peur irrationnel qui l'avait faite fuir Manhattan ? Pouvait-il espérer que ce n'était pas encore fini et que si il avait l'occasion de s'expliquer, de s'excuser vraiment, tout pourrait encore s'arranger ? Il l'espérait. Il l'espérait parce que si on lui en donnait l'occasion, il ferait tout pour que ça marche cette fois-ci…
&&&
- « Meg ! »
- « Quoi ? »
- « Alors ? »
- « Alors quoi ? »
- « Le test ! »
- « Quoi, le test ? »
Un soupir.
- « Megan… »
- « Oui, oui, je sais. »
- « Alors qu'est-ce que ça dit ? »
- « Je n'en sais rien, moi ! Une certaine personne a kidnappé le mode d'emploi… »
- « Oh, pardon. »
Une porte qui s'ouvre et se referme.
- « Tiens, voilà. »
- « Hummppfff. »
- « Alors ? »
- « Alors, alors, il faut au moins avoir un doctorat pour décoder ces trucs là… T'ai-je déjà dit que j'aurais adoré travailler à la NSA ? »
- « Meg ? »
- « Oui ? »
- « Honnêtement, j'en ai rien à faire pour le moment. »
- « Sympa. »
- « Megaaaaaaaaaaaan ! »
- « Saraaaaaaaaaaa ! »
- « Arrête de jouer avec mes nerfs ! »
- « Tes nerfs ? Tes nerfs ? Dis-moi, qui est-ce qui est coincée dans la salle de bain à essayer de déchiffrer un bout de papier de deux kilomètres de long alors que je n'ai besoin que d'une putain de phrase pour savoir si ce putain de trait bleu veut dire 'enceinte' ou 'pas enceinte' ! »
- « Ok, calme toi, ça va aller… »
- « Hummppfff. »
…
- « Alors ? »
- « … »
- « Meg, tout va bien ? »
- « … »
- « Meg, si tu ne me réponds pas tout de suite je viens te chercher par la peau des fesses ! »
Un rire cristallin.
- « Pas de menaces à la future maman. »
- « Je t'en foutrais des… QUOI ? »
Une porte qui s'ouvre.
- « Surveille ton langage. Je ne tolèrerais pas que la marraine de mon enfant utilise ce genre de vocabulaire. »
- « Ça veut dire que… ? »
Un hochement de tête.
- « Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! »
- « Sara ? »
- « Mmm… »
- « Tu m'étouffes. »
- « Désolée. »
oxoOoxo
TBC...
