Alice rouvrit les yeux. Elle avait disparut mais cela ne l'étonnait même pas. Il faisait sombre mais il semblait que les lieux devenaient doucement de plus en plus lumineux. La pièce passa ainsi du noir au gris sombre et plus tard du gris moyen au clair pour finir enfin d'une éclatante pureté. Tout était d'un blanc si lumineux que le jouet du plisser légèrement les yeux avant de pouvoir distinguer ce qui semblait avoir juste apparu à l'instant.

Quand sa vue fut habituée à la luminosité ambiante le jouet pu remarquer la présence en face de lui d'une bien étrange créature. Il sursauta immédiatement. C'était peut être l'être le plus étrange qu'il ait vu en ces lieux de démence mais peut être disait-il ça parce que celle qui semblait être une jeune fille devant lui n'avait de loin pas la féminité des autre qu'il avait vu jusqu'alors. Délicieusement masculin, elle était vêtue d'une robe de bonne déchirée dont le tablier de dentelle partait en lambeau. Etrangement, ses jambes étaient cachées par un pantalon tout aussi troué que le reste de sa tenue et l'ensemble des vêtements était en bonne partie recouvert d'une substance rouge bordeaux qui avait à moitié séchée…Du sang ?

Mais le plus troublant dans cette créature venue de nulle part semblait-il était le fait que malgré tout ces efforts le jouet ne parvenait pas à poser les yeux sur son visage. Et quand il posait son regard à coté du visage, cherchant à tromper ainsi par sa vision latérale le sort qui semblait s'être abattue sur lui il ne voyait qu'une masse floue et informe aux couleurs incernables. Pourtant il était certain qu'elle avait un visage aux traits dessiné et tout à fait normal…alors…pourquoi ?

Comme elle ne semblait pas bouger il s'avança un peu :

« Excusez-moi…je… »

Mais il s'arrêta se rendant compte avec stupeur que l'autre devant lui avait entamer exactement les mêmes gestes à l'inversé et avait prononcer les mêmes mots en écho d'une voix qui semblait être la sienne…Il fronça les sourcils ne comprenant pas ce qui se passait et leva un peu le regard remarquant un cadre autours de la personne qu'il aurait jurer ne pas avoir vu il y a quelque secondes encore. Un miroir ?

Il fit alors un tour sur lui-même et remarqua que la salle en était remplie. Partout ces même silhouettes aux habits entachés et surtout partout ces mêmes visages flous. Mais tous les miroirs n'étaient pas pareils. Certains déformaient singulièrement sa silhouette, l'amincissant ou la grossissant dans des proportions souvent monstrueuses. Mais sur aucun, aucun il ne pouvait arriver à capter le reflet de son visage…Pourquoi ?

Cependant il fut tiré de ses pensées par l'impression étrange qu'un des reflets avait bougé alors que lui-même était resté immobile…Non c'était un rêve sûrement…ou quelqu'un qui errait parmi les miroirs. Cette pensée l'effraya un moment par sa très forte probabilité. Après tout n'avait-on pas tenté d'attenter à sa vie plusieurs fois ? Et sa chère rose n'en avait-elle pas payer le prix ? Il fronça les sourcils et alors qu'il étudiait l'immense salle du regard il eut à nouveau la même sensation et se retourna vivement. Le jeu se répéta plusieurs fois le forçant à se retourner dans tout les sens si vite et si souvent qu'il finit par en perdre l'équilibre et tomba au pied même du premier miroir.

Un rire s'éleva alors, un rire semblable au sien en tout point, bientôt rejoint par des centaines d'autres. Et alors que le jouait se relevait il découvrit ses reflets, tout les reflets de l'immense salle qui riait de lui depuis leurs cadres.

« Bouffon !»Lança l'un deux et bientôt l'insulte fut reprise par tout les autres entrecoupé de quelques « Crétin ! », « Pauvre fou !» et « Imbécile ! ».

C'était réellement effrayant…Perdu, ne sachant ni que faire ni que dire Alice restait à les contempler les regardant tous, clones aux visages indécelables, qui riaient de lui.

Mais bientôt ils s'arrêtèrent de rire et le premier d'entre eux qu'il avait vu, sûrement celui qui était le plus ressemblant de son model initial, commença alors à s'avancer sous le regard inquiet d'Alice. Et alors qu'il s'avançait le reflet sortit de sa glace dont la surface semblait être devenue aussi perméable qu'un filet d'eau et vint se poster devant le jouet, se baissant pour l'attraper par les habits et le secouer un peu.

« On a peur ? Mais dis-toi que ce n'est que le commencement… » Susurra-t-il à l'oreille de son original tout en le relevant lentement. Il semblait doté d'une force incroyable puisqu'il n'eut aucun mal à relever totalement le jouet puis le jeter dans la glace la plus proche. Il sembla alors à Alice avoir traversé une cascade d'eau glacée. Et il chuta sur le sol. Mais Alice n'eut pas le temps de reprendre ses esprits que déjà d'autres mains le soulevaient.

« Tu n'as pas peur ? Oh cela ne va pas tarder… »

Et on le jeta encore. A nouveau la sensation de froid la chute et puis d'autres mains, d'autres paroles blessantes. Et tout était à la fois trop rapide trop sombre et trop vif pour qu'il puisse voir quoique ce soit. On le jeta encore, et encore et encore pendant ce qui sembla au jouet être une éternité. « Tu as peur ? Supplie ! » Lui hurlaient-t-on avant de le jeter encore. La tête lui tournait affreusement. Peur ? Non, il n'avait pas peur, juste mal à la tête.

« Ne t'inquiètes pas ça vas venir… »

Et on le jeta encore, plus forte cette fois à travers un autre miroir et toutes les lumières s'éteignirent alors qu'il s'écrasa sur le sol. Quelque chose de mouillé sur son visage. Il porta la main à son nez. C'était poisseux, du sang ? Aucunes mains ne le prenaient plus. Tant mieux. Il ferma les yeux et se recroquevilla sur lui-même. Mais ou était-il encore tomber ? Où était la voix qui l'avait sauvé ? Mais cela ne le touchait plus…n'est ce pas ?

Malgré lui un sanglot lui échappa. Non ! Il ne pleurerait pas ! Il se sentait pourtant si misérable, si fragile et si insignifiant dans sa robe déchirée et couverte de sang. Et l'obscurité autours de lui ne le réconfortait nullement. Il faisait froid et un courant d'air se faisait sentir bien qu'aucune issue ou sortie ne se laissait voir. Qu'importe. Ce jeu était passé au dessus de lui depuis longtemps. Et s'il devait mourir, sacrifié comme un pion sur un échiquier géant, qu'il meurt.

Quelle consolation s'il pouvait mourir là maintenant, misérable comme un rat dans un coin d'égout, jeté dans un coin d'obscurité. Quel ne serait pas son réconfort s'il pouvait s'endormir là, fermer les yeux et ne jamais plus les rouvrir, s'endormir à jamais et partir loin de ces lieux pourrit de vices jusqu'à la moelle.

« Menteur…. »

Une main se posa sur son épaule et le jouet sursauta. Un visage s'approcha de son oreille et il pu sentir son souffle chaud sur sa nuque. La peur s'empara alors de lui, hérissant chacun des poils de son corps, rampant sur sa peau comme un insecte indésirable. Il était pétrifié sentant cette présence assurément hostile derrière lui, incapable d'entamer le moindre son ou geste.

« Menteur …» répéta une voix qui lui sembla familière.

« Tu ne veux pas mourir parce que tu sais très bien que si tu meurs tu ira en enfer ...»

Alors qu'il s'apprêtait à répondre d'une voix peu assurée, le jouet fut coupé dans son élan en sentant les lèvres de son agresseur parcourir sa nuque. A nouveau la peur le prit, intense et vive. Il était terrorisé.

Les lèvres parcourait toute la peau de son cou et s'arrêtèrent juste sous le lobe de l'oreille. La main qui était posée sur son épaule glissa jusqu'à sa taille qu'elle enserra. Accompagnée en plus de dents, les lèvres s'emparèrent et attaquèrent alors le lobe de l'oreille du jouet. Les frissons de peur qu'il ressentait furent alors accompagné d'autres frissons qu'il se refusait de qualifier. Il y avait dans cette présence derrière lui quelque chose d'horrible qu'il n'arrivait pas à définir et le sentiment d'un affreux danger. Une autre main vint s'ajouter à la première, se glissant autour de ses côtes pour l'enserrer là, sous les aisselles.

Tout d'un coup, l'évidence lui sauta aux yeux. La personne derrière lui…C'était un homme ! Alice ouvrit grand les yeux à cette révélation et se retourna pour faire face à son agresseur. Ses mains vinrent palper le torse de cet étranger pour s'assurer de sa découverte et sa peur ne fit que grandir. Les lèvres s'étaient emparées de son visage maintenant léchant les traces de sang qui le tachait. Les mains se firent plus insistantes, plus entreprenantes glissant sur ses cuisses et hantant le jupon déchiré de sa robe. Et Alice porta ses mains à ses lèvres pour diminuer la sensation d'écœurement qui le prenait. C'était un homme !

Il y avait dans les caresses de cet homme quelque chose de réellement malsain qui plongeait Alice dans un état à la fois de dégoût et de peur mais aussi dans un état presque hypnotique. Il ne pouvait pas s'enfuir ! Prisonnier des mains de cet inconnu il fallait à Alice toute la volonté du monde pour ne pas soupirer d'une aise qu'il ne voulait s'avouer. Il ne disait rien. Comment aurait-il pu ? Et l'autre ne disait rien non plus. Au fond cela valait peut-être mieux. Il entendait le bruit de ses volants de dentelles que l'on déchirait, le souffle de son agresseur, le froissement de tissus qu'on enlevait, le bruit de son cœur qui cognait à tout rompre contre la cage thoracique et son propre souffle, rapide, haletant, suppliant presque, témoignage de la peur qui l'élançait maintenant réellement. Il en avait mal au ventre maintenant et était toujours incapable du moindre geste. Et pourtant n'aurait-il pas voulu fuir ? Il allait se faire violer et il n'arrivait même pas à esquisser le moindre geste pour repousser son agresseur !

« Menteur… Je te connais bien mieux que tu ne le penses. Comment pourrait-il en être autrement ? Ce n'est pas moi qui t'empêche de bouger. Si tu veux fuir, fais le…Mais tu ne le fera pas…»

Non ! C'était faux ! Totalement faux…et pourtant il ne bougeait pas…et il ne bougea pas plus quand l'inconnu se coucha sur lui et quand les soupires se derniers vinrent lui caresser le cou, il enlaça le cou de l'autre, s'agrippant à lui comme s'il craignait de s'envoler soudainement à chacun des râles qui lui échappait des lèvres.

Ah ! Il le haïssait, il haïssait cet autre de tout son être, il le haïssait quand il prit son visage entre ses mains et l'embrassa violement, il le haïssait quand il explora son visage du bout des doigts et il le haït davantage quand, à bout de souffle, il sanglota. Il avait reconnu son propre visage dans celui de son agresseur et comprit enfin tout le dégoût qui l'avait envahi.

Ce n'était pas parce que c'était un homme qu'il s'était sentit tant écoeuré par les caresses de l'autre mais parce qu'il avait reconnu en lui l'un de ses reflets. Sa main se pressa à nouveau à ses lèvres. Et alors même que leur enlacement atteignait son apogée, le jouet s'évanouit.


Olala j'en ai prit du temps ! Bien désolée vraiment l'inspiration me manquait, les cours…puis des problèmes d'ordo Enfin, voila enfin mon chapitre ! Exactement 1900 mots de récit. Au moins, c'est pas court…Merci beaucoup à toutes les reviews. Les quelques soirs où j'ai écrit c'était à presque à chaque fois après avoir eut une review !

Quand à l'histoire et bien :) Encore un ou peut-être deux chapitre et c'est la fin du rêve ! Je ne veux pas faire de spoiler mais je suis bien heureuse de retrouver mon petit Jezy adoré ! Après tout c'était sensé être une histoire pour le mettre en avant ! (Il doit être bien énervé le pauvre de n'être apparut qu'au début)

J'espère que je vous pondérais ce prochain chapitre un peu plus rapidement !

Grosses bises à toutes !