Biche blanche
Avis de l'auteur :
Coucou tout le monde ^^ ! Me revoilà pour un tout nouveau chapitre ! Je m'excuse du retard mais avec les fêtes de fin d'année, les exams dur dur de tout concilier.
Ce chapitre est un peu particulier parce qu'il est divisé en 2 parties. Il était bien trop long à lire j'ai préféré le scinder. Vous aurez donc 2 chapitres dans le mois ^^ c'est votre cadeau de Noël de ma part ^^. D'ailleurs joyeuses fêtes et Bonne année ! J'espère que la rentrée pour certains n'est pas trop dure.
Il n'y a pas d'astérisque, ni de remarque particulière sur un passage qui pourrait déranger certains.
J'espère que ce chapitre vous plaira et que la fin ne sera pas trop casse-tête
Je vous attends pour ceux qui ne sont pas inscrits et ont des questions sur le forum de Team Kyouran dans le sujet dernière publication à : « fic : Biche blanche ».
Un grand merci à Nao et Voidonce pour leurs corrections et bons conseils ^^ (oui il y a du monde sur cette fanfiction lol)
Bonne lecture ^^
Merci à Mejishi01 pour sa correction ^^
Réponses aux commentaires :
- Akane : Coucou ! Bonne année et joyeux noël ^^ ! Eh bien merci beaucoup pour ton commentaire ça me fais toujours chaud au cœur ^^. D'accord, je te comprends tout à fait en tant que lectrice je suis souvent très frustrée de ne pas avoir la suite d'une fanfiction qui m'a plu. Je m'excuse encore du retard. Normalement je devais publier ce chapitre pour le premier de l'an, mais j'ai eu un doute de savoir si je le mettais en ligne avant sa correction ou après. Et bon j'ai craqué et je le publie maintenant ^^. J'espère que celui-ci te plaira aussi, ha ha merci beaucoup du compliment c'est vrai que c'est beaucoup de travail ^^ j'essaye de mon mieux de rendre cette fic agréable à lire et réaliste dans la psychologie de Stiles j'espère que pour l'instant ça marche. Bonne lecture et à bientôt peut-être pour le chapitre 2 bis ^^
Chapitre 2
PARTIE 1 /2 :
Plus de mal que de bien.
Malia.
La créature fit quelques pas, s'enfonçant dans les bois sombres, puis s'arrêta. Elle tourna sa fine tête et observa Stiles. Elle semblait l'attendre. L'adolescent haussa les sourcils, complètement déconcerté : il ne savait plus si c'était un rêve ou la réalité... Cet animal lumineux n'apparaissait que dans son imaginaire. Il fut tenté de compter ses doigts mais le comportement étrange de la biche l'intrigua. Il se leva gauchement et s'avança vers elle. La biche fit un bond, surprenant Stiles, qui se mit à courir pour la suivre. Elle était rapide, agile. Sa lumière s'égarait à chacun de ses mouvements. Il écarta les broussailles qui le gênaient, ne voulant pas perdre de vue la créature. Il savait qu'il ne devait pas la suivre. Chaque fois qu'elle était là, ses cauchemars n'étaient pas loin, mais aussi stupide et incompréhensible que cela puisse paraître, sa présence l'éloignait de ses craintes. Il ne réfléchit pas, étant incapable de comprendre la situation. Son corps se mouvait seul. Il lui fut impossible de rassembler ses esprits, ni même d'analyser la situation. Il était dans une étrange brume qui l'engloutissait. Il ne voyait ni n'entendait rien, à part la biche blanche et le bruit de ses sabots effleurant l'herbe.
Il ne sut même pas où il allait, obnubilé par la créature qui le guidait dans cette triste forêt.
Ce fut quelques minutes plus tard que la biche s'arrêta. Elle se retourna, regarda Stiles de ses grands yeux sombres et entra dans une cavité que l'adolescent n'avait pas remarquée jusqu'alors. Il fut étonné de la voir disparaître dans cette grotte assez étriquée. Il s'approcha et posa une main hésitante sur la roche. La biche illumina l'environnement, permettant à Stiles de voir où il était et pourquoi. Il croisa une nouvelle fois ses yeux obscurs et il tressaillit : son regard était effrayant, comme deux trous béants dans son crâne, donnant l'ignoble illusion que ses orbes avaient été arrachés. Il ferma les yeux soudain secs, ouvrit les paupières et sursauta en ne trouvant que l'obscurité.
La biche était partie.
Il tendit immédiatement la lampe pour éclairer la cavité et émit un hoquet de surprise. Cette grotte avait été habitée, s'il en jugeait par les vêtements épars au sol. Il recula, sortit de là, courut chercher Scott, ignorant son appréhension d'être seul au milieu des bois. Il avait du mal à se déplacer rapidement. Les hautes herbes et les broussailles le freinaient, mais il continua de s'enfoncer dans la forêt. Il se maudit, inquiet de ne pas voir Scott. Sa crainte précédente revint l'étreindre insidieusement. Sa respiration se fit hachée mais il ne s'arrêta pas de courir.
Stiles se retourna soudain pour voir si quelqu'un le suivait. Il avait cette désagréable impression que quelque chose se cachait dans les ténèbres et attendait pour le dévorer.
Il hurla d'horreur en détournant le regard, vérifiant où il mettait les pieds. Il vit un visage. Ce dernier poussa un cri, faisant écho à celui de Stiles. Il lui fallut peu de temps pour reconnaître Scott. Soulagé il dit, essoufflé :
« Oh ! Je crois que j'ai trouvé quelque chose.
-Moi aussi, répondit Scott.
-C'était Malia ? lui demanda Stiles.
-Je crois, montre-moi ce que tu as trouvé d'abord, dit Scott. »
Stiles hocha la tête et se dépêcha d'emmener son ami vers la grotte mais ne lui fit pas part de la manière dont il l'avait trouvé. Il se refusait d'inquiéter Scott et ne voulait pas que ce dernier le prenne pour un fou. Ils s'accroupirent pour entrer dans l'antre.
« C'est un terrier de coyote, dit Stiles.
-De coyote-garou, rectifia Scott. »
Stiles soupira, se sentant vraiment heureux pour son père. Ils avaient une chance d'aider le shérif et peut-être que s'il résolvait cette affaire, son père garderait son emploi. Stiles espérait que ce qu'il faisait aurait une utilité pour lui. Il se refusait d'être une source de problèmes et d'angoisses pour son père. Il avait besoin que son fils soit fort, le soutienne, et Stiles comptait bien l'aider du mieux qu'il le pouvait.
L'humain s'avança et ramassa le vêtement que sa lampe éclairait faiblement :
« Tu vois ça ? C'est à Malia. »
Scott regarda attentivement le manteau que son ami lui montrait, s'assurant que c'était bien de Malia dont il était question.
« Tu te souviens, c'est le même que celui qu'elle portait sur la photo », expliqua Stiles, la voix pleine d'espoir.
Les deux adolescents explorèrent un peu plus la cavité et Scott ramassa la peluche qu'il distinguait à peine dans l'obscurité. Le loup-garou se figea soudain, faisant tressaillir Stiles qui le regarda, interloqué et effrayé.
« On ne devrait pas être ici ! » dit alors Scott, alarmé.
Stiles se détendit un peu mais fronça les sourcils, ne comprenant pas ce que disait son ami :
« Comment ça ?
-Elle ne reviendra plus maintenant, on vient juste d'envahir sa maison », renseigna Scott.
Il se tourna, faisant face à Stiles, le visage grave :
« Notre odeur va rester imprégnée.
-Si elle ne reviendra pas ici, où va-t-elle aller ? » pensa Stiles à voix haute.
Scott soupira, fatigué d'avoir loupé d'aussi près Malia :
« Je ne sais pas, avoua-t-il, déçu.
-Tu peux la pister ? Tu penses que tu as son odeur ? » demanda Stiles, se sentant dépité par le retournement de situation.
Il n'allait tout de même pas rater de si près la jeune fille ! Stiles se pinça nerveusement les lèvres. Il aurait presque hurlé de rage et de frustration ! Ce coyote-garou ne devait pas s'enfuir, elle était le seul espoir pour son père ! Scott était bien un loup-garou ! Avec son odorat, il pourrait forcément la tracer. Après tout, il s'était retrouvé en face d'elle.
Scott hésita, esquivant le regard trop brillant de son ami, avant de répondre :
« Peut-être. »
Il se tut avant de se résigner et révéla le problème :
« Mais je suis meilleur à ça quand je suis complètement loup et j'ai toujours peur de le faire et de ne pas me retransformer », se confia-t-il, plantant ses yeux désespérés dans ceux de Stiles.
Il soupira, honteux, quand il le vit l'éviter.
« La porte est toujours ouverte », conclut l'humain, comprenant les doutes du loup-garou.
Stiles tapota nerveusement les doigts, n'aimant pas parler de cette cassure dans son esprit. Il voulait pour le moment se concentrer sur Malia. Non pas qu'il fuyait cette histoire de porte d'esprit... bon peut-être qu'il souhaitait que ce problème disparaisse comme il était apparu. Mais maintenant, Stiles ne désirait qu'une chose : voir son père sourire et profiter de rendez-vous galants. Il ne voulait pas le voir la sueur au front, des rides de tourment et travailler très tard le soir en se levant tôt le matin. Stiles était terrifié à l'idée que son père se penche de nouveau sur l'alcool et se morfonde. Il devait réfléchir, chercher une solution à leur problème. Il voulait aider, qu'ils finissent cette affaire qui lui tenait tant à cœur.
Il était en colère contre lui-même. Il se rappelait du visage tracassé de son père à cause de lui. Il ne supportait pas l'idée qu'il se tourmente pour lui alors qu'il avait assez d'ennuis avec son travail. Il ferait tout pour se rendre utile !
Stiles pensa soudain à Derek. Peut-être que l'ancien Alpha les aiderait ? Il ne l'avait plus revu depuis l'incident avec la sorcière. Il se gratta la nuque presque hystériquement en pensant à cette soirée. C'était un cauchemar et ça ne s'était jamais passé, c'était son foutu esprit tordu qui lui avait donné une hallucination ! C'était ça et rien d'autre.
Il soupira assez bruyamment, ne remarquant pas le regard lourd et préoccupé de Scott sur lui. Perdu dans ses pensées, il se demandait quand Derek reviendrait chez lui. Non pas que cela l'intéressait mais il s'interrogeait tout de même. La meute avait été disloquée, certains étaient morts, d'autres étaient partis. Stiles espérait que Derek ne s'en aille pas non plus, même s'il n'y avait rien pour le retenir à part une maison délabrée qui se ferait bientôt détruire.
« Et Derek ? Il ne peut pas nous aider ? » interrogea Stiles.
Le loup-garou reprit un peu pied, se forçant à ne pas harceler son ami de questions sur sa santé, qu'elles furent mentales ou physiques. Il soupira en sortant son portable de sa poche et ne vit aucun nouveau message. Il secoua la tête en signe de négation.
« Si je ne peux pas joindre Derek, quelqu'un d'autre devra nous aider », répliqua Scott, un peu désemparé par son inutilité dans la situation.
Stiles se pinça les lèvres, frustré et préoccupé par le silence de l'ancien Alpha. Il n'était pas habitué à ce qu'il ne soit pas là pour les aider. Il savait que Derek n'était pas du genre à les laisser seuls face à un problème. Il espérait que rien de grave ne lui soit arrivé. Pourtant, une partie de lui-même fut soulagée qu'il soit absent, qu'il ne l'ait pas vu depuis un moment... C'était un sentiment étrange. Et s'il était honnête, Stiles dirait qu'il aimait beaucoup Derek. Il fut néanmoins en sa présence incapable de paraître confiant. Pire, il ne comprenait pas pourquoi il se sentait minable, misérable voire pathétique et faible. Il avait beau essayer de se raisonner, il n'arrivait pas à garder une bonne estime de lui-même. La sensation d'être sale, pitoyable et même honteux le gagnait encore plus quand Derek était dans les parages. Il était un peu apaisé par l'absentéisme de l'ancien Alpha mais paradoxalement, il désirait tout de même sa présence.
Il ne comprenait pas. Il ne se comprenait pas, il ne savait pas ce qui clochait chez lui. Il ne comprenait même pas cette paranoïa qui le dévorait complètement. Par moments, il ne se reconnaissait plus, ni lui, ni son corps, et il haïssait cela… le fait d'être un inconnu pour lui-même.
« Je crois qu'elle est un peu hors de la juridiction de mon père », dit malicieusement Scott coupant le fil des pensées de Stiles.
Il se concentra de nouveau sur la situation.
Stiles se figea, comprenant les mots du loup-garou. Il sourit, répondant au sous-entendu de son ami :
« Et plus dans celle de mon père. »
Stiles l'appela immédiatement, impatient de raconter les découvertes que lui et Scott avaient faites. L'adolescent avertit le shérif et ils convinrent qu'il serait mieux de tout lui expliquer quand il arriverait. Il raccrocha et s'assit contre un arbre, le loup-garou à ses côtés. Tous deux attendaient l'arrivée de Monsieur Stilinski. Soudain, le petit silence fut coupé :
« Si ton père résout cette affaire, il reprendra sa place de Shérif n'est-ce pas ? », lui demanda Scott, toujours empli de culpabilité.
Stiles, le regard dans le vide, hocha les épaules et répondit franchement :
« Je n'en sais rien. Il n'a pas voulu me le dire. »
Scott se déplaça, un peu mal à l'aise. Il mordilla l'intérieur de sa joue, soupira et dit :
« Je suis désolé. Si Rafael n'était pas venu à la maison pour jouer le père... »
Stiles fronça ses sourcils, en désaccord avec le poids que son meilleur ami pensait porter :
« Tu n'y es pour rien, mec. Tu n'as pas à te sentir coupable.
-Peut-être », répondit Scott, pas convaincu.
Il soupira une nouvelle fois et observa du coin de l'œil son ami :
« Eh, Stiles ? »
L'humain, curieux, regarda le loup-garou, surpris par le ton de sa voix grave :
« Ouais ? », répondit-il.
Scott hésita un instant, cherchant sûrement ses mots. Finalement il dit :
« Si tu avais un problème, tu m'en parlerais, pas vrai ? »
Stiles écarquilla les yeux, perdus, s'interrogeant sur la raison de cette question. Il fronça les sourcils et poussa un soupir de fatigue. Il se passa nerveusement une main dans les cheveux. Il comprit rapidement la raison de cette question et ce sérieux dans le ton de Scott. Il savait que son comportement de ces derniers temps pouvait être alarmant. C'était surtout ce qu'il s'était passé en cours qui avait vraiment terrifié Scott. Il comprenait l'inquiétude de son meilleur ami mais il en avait marre de voir ses proches se faire un sang d'encre en croyant qu'il dissimulait quelque chose de grave. Il souffla fortement, agacé, et répondit sarcastiquement :
« Tu crois que je te caches quelque chose ?
-Stiles, réponds-moi s'il te plaît », rétorqua Scott, semblant irrité qu'il lui réponde par une autre question, et son regard se fit plus suppliant.
L'adolescent se tut quelques instants. Depuis quelques jours, son ami se faisait plus observateur et plus soucieux. Ce qu'il s'était passé pendant les cours ne l'avait pas apaisé. Pire que tout, cela avait dû sûrement attiser la culpabilité ou la crainte de Scott : il ne savait pas trop comment interpréter les réactions exacerbées de son ami. Bien sûr, Stiles était assez touché par la préoccupation du loup-garou et, sans trop savoir pourquoi, ça le touchait plus que de coutume.
Mais il n'était pas un enfant. Il n'avait pas besoin de soutient moral, que ce soit son père, Scott ou qui que ce soit. Il voulait qu'on le laisse tranquille, aussi étrange que cela puisse être. Il savait au fond qu'il était horrifié de cette solitude et pourtant, il la désirait ardemment. Il devait se débrouiller, faire face à ses problèmes et les régler seul. Il devait aussi aider son père pour son travail et ses amis avec cette histoire de Bardo. Il n'avait, au final, que les mêmes préoccupations que Scott et Argent à cause du Nemeton. Il avait juste des hallucinations plus virulentes, ne le laissant pas en paix, même pendant les cours. Non, il ne cachait rien à son ami, vraiment rien. Il savait déjà tout ou presque de ses problèmes. Il avait juste omis ses sentiments envers cet homme étant donné que ce n'était pas important ainsi que ses cauchemars... Mais il était hors de question qu'il en parle à quelqu'un. Il ne mentait pas à Scott, il était dans la même situation qu'eux. Stiles répondit enfin :
« Je n'ai pas plus de problèmes que toi ou Allison. »
Cette phrase sembla plus frustrer Scott qu'autre chose et il s'appuya lourdement contre le tronc de l'arbre. Il ferma ses paupières et se passa une main dessus. Il regarda de nouveau l'humain qui se pinçait les lèvres, embarrassé par sa réaction :
« Ce n'est pas vrai. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé le jour où tu es parti rejoindre les autres au Nemeton mais depuis tu sembles... Comment dire... Déconnecté ? Désorienté même. »
Stiles sentit sa nuque devenir douloureuse. Il essaya de respirer lentement et passa sa main sur son cou pour se débarrasser de cette impression de serres l'écrasant. Il eut brusquement la bouche pâteuse et sèche. Il ne savait pas pourquoi les insinuations de Scott le mettaient dans cet état d'effroi. Il se força à garder le contrôle de son corps qui tressaillait. L'humain regarda ses mains et fut horrifié de les voir trembler. Il tenta de les cacher et pensa que c'était sûrement dû au froid.
Oui, il avait froid. Il prit quelques respirations avant de répondre, tentant de calmer cette crise de panique qui n'avait pas lieu d'être. Il resta silencieux quelques secondes qui lui parurent des minutes. Il répondit ensuite assez durement à Scott :
« Il ne s'est rien passé. »
Le loup-garou se redressa en remarquant le changement d'attitude de son ami. Il avait du mal à sentir l'odeur de Stiles : il ne pouvait pas savoir s'il avait peur. Les bois et la terre masquaient à merveille son odorat, alors Scott se devait d'être plus observateur et à l'écoute. Il avait entendu le cœur de l'humain battre plus vite quand il avait mentionné cette fameuse nuit et les tremblements de ses mains ne lui avaient pas non plus échappés. Le loup-garou était perdu et déconcerté par le comportement paradoxal de son ami. Il ne savait pas s'il s'était passé quelque chose ce jour-là ou si Stiles était encore choqué et horrifié d'avoir été sur le point de perdre son père.
Il se rappelait quand il était venu les chercher, lui et les autres. Il avait trouvé son ami, sentant fortement le sang et la terre. Inquiet, il l'avait trouvé beaucoup trop silencieux et pâle, souriant à peine. Il avait croisé le regard interrogateur de Derek, tous deux ne comprenant pas vraiment la réaction de Stiles. L'adolescent humain avait été reclus, hésitant et avait semblé sur le point de s'effondrer et de fondre en larmes. Scott avait voulu lui parler mais Stiles s'était simplement contenté de lui sourire et de s'enterrer dans un silence sombre et effrayant. Le loup-garou se souvenait que Stiles n'avait pas voulu monter dans sa Jeep, semblant terrorisé par cette dernière. Le shérif avait dû conduire et la ramener chez eux et Stiles était monté dans sa voiture. Scott avait voulu raccompagner Allison et son père mais le comportement trop étrange de Stiles lui avait fait changer d'avis. Il avait demandé à Derek de ramener les Argent, ce qu'il avait accepté. Il avait sûrement compris qu'il souhaitait être seul avec son meilleur ami. Scott avait essayé de parler à Stiles durant tout le trajet, tentant de le libérer de son monde mais sans succès.
Il avait dès lors surveillé son meilleur ami de loin. Il avait vu des changements inquiétants s'opérer chez Stiles. Il n'avait plus pris sa Jeep pour aller au lycée. Ce fut Lydia qui l'interrogea sur cette étrange habitude de prendre le bus scolaire. Son ami s'était alors ramené le lendemain avec sa bonne vielle Jeep, prétextant qu'elle avait été en réparation et se justifiant maladroitement plus que de raison. Scott ne savait pas s'il était le seul à avoir deviné que c'était un mensonge et qu'il feintait sa bonne humeur. Le loup-garou remarqua que Stiles était souvent égaré et qu'il n'arrivait pas à se souvenir de certaines choses triviales comme des interros. Il était aussi incapable de suivre une conversation : il finissait par babiller des phrases inintelligibles, prétextant que c'était la fatigue. Malgré cela, ce qui terrifiait réellement Scott était la perte totale de confiance que Stiles avait en lui.
Quelques jours après l'incident avec Madame Blake, la meute ou du moins, ce qu'il en restait, se retrouva chez Derek. Il y eut une grande discussion sur la nouvelle situation de Scott en tant que vrai Alpha. Il avait posé plusieurs questions à l'Oméga pour comprendre son nouveau statut. Isaac avait alors taquiné Stiles pour s'être fait attendre le soir de l'incident. L'adolescent n'avait pas eu la réaction escomptée. Il n'avait rien répondu et s'était renfermé sur lui-même. Derek, intrigué par ce malaise, avait tenté une conversation avec Stiles mais ce dernier n'avait répondu que par des monosyllabes et avait presque fui l'appartement. Un peu plus et il était partit en courant et en hurlant.
Le temps avait passé. Derek et Peter quittèrent Beacon Hills sans que les adolescents ne sachent pourquoi. Allison et lui avaient réussi à aller de l'avant après cette sombre nuit mais Stiles ne semblait plus être lui-même, et c'était ce qui horrifiait Scott. Il voyait son ami sombrer seul et ça, il ne pouvait pas l'accepter. Il voulait être sûr que son meilleur ami sache que, s'il avait besoin de quelqu'un, il était là.
« Mec, tu sais que si tu as un soucis tu peux m'en parler. »
Stiles soupira, excédé, et préféra se lever, voulant faire disparaître sa panique. Il se retourna pour faire face à Scott et répondit, faisant fi de désinvolture :
« Oui, je sais. »
Scott allait parler, il voulait arrêter cette discussion pénible. Il chercha le moindre signe de phare dans les bois et aperçut les lumières familières de voitures. Il jeta un coup d'œil à son ami avant de lui dire. Ce dernier soupira, défait, sachant parfaitement ce que Stiles ferait. Effectivement, ses doutes furent confirmés lorsque l'humain coupa court à la conversation :
« Au fait, c'est pas eux qui arrivent ? », demanda innocemment Stiles en faisant un geste de la tête vers les phares lumineux sillonnant les troncs d'arbres.
Scott se mit également debout, préférant ne pas insister. Il ne savait pas si Stiles lui mentait ou non mais s'il s'était bien passé quelque chose, il espérait qu'il lui en parlerait.
Au loin, ils virent les voitures de police arriver et se garer. Le shérif ainsi que ses collègues descendirent des véhicules et le premier salua les deux garçons, qui lui indiquèrent la cavité. Monsieur Stilinski ne perdit pas de temps et jeta un coup d'œil dans la grotte, voulant vérifier les dires des deux adolescents. Une fois qu'il eut fait le tour et pris des notes avec ses confrères, il se retira de la cavité, tenant un objet dans un sac plastique. Il se dirigea vers les deux adolescents pour leur parler :
« Tu es sûr que c'était elle ?, interrogea-t-il immédiatement Scott.
-Je l'ai regardé droit dans les yeux et ils ont brillé comme les miens », répondit l'Alpha, convaincu.
Stiles était très heureux que son père soit arrivé. Il avait pu arrêter cette étrange conversation qu'il avait eue avec Scott mais il allait surtout pouvoir lui remonter le moral.
« Ça a du sens, Papa », renchérit Stiles.
Le shérif fronça les sourcils en signe de contradiction et chuchota :
« Mais ce n'était pas une fille. C'était un coyote, n'est-ce pas ? »
L'adolescent Stilinski souffla, un peu triste de l'hésitation de son père, et admit difficilement :
« Mais oui, tu vois, c'est la partie qu'on n'a pas encore résolue. »
Scott décida d'intervenir pour soutenir son ami. Tous deux voulaient absolument aider le shérif à résoudre cette affaire. Ils décidèrent d'expliquer la théorie la plus logique :
« Mais si c'était la pleine lune et qu'elle s'était transformée pendant que sa mère conduisait, alors n'importe quoi aurait pu se produire. »
Stiles hocha la tête, d'accord avec cette hypothèse, et renchérit :
« Des choses horribles auraient pu arriver : déchirer, réduire en pièce, détruire des choses… »
Scott reprit la fin de la phrase de son ami. Ils étaient déterminés à convaincre le shérif :
« Ce qui a probablement causé l'accident. »
Le shérif ne crut toujours pas à cette histoire. C'était beaucoup trop surfait à son goût.
« Penses-y, Papa, d'accord ? Ils sont sur la route, Malia se transforme, elle est incontrôlable, la mère se crache et tout le monde meurt », insista Stiles.
Scott termina pour Stiles :
« Excepté Malia. »
Le shérif assimila l'hypothèse mais grimaça, toujours gêné par quelque chose.
L'adolescent humain réfléchit quelques secondes, tentant de comprendre ce qui dérangeait son père. Il le devina rapidement : pourquoi Malia ne serait-elle pas allée voir son père ?
« Elle s'en veut, fuit dans la forêt et finit par se retrouver piégée dans le corps d'un coyote », conclut Stiles en espérant avoir persuadé son père.
Ce dernier, le visage toujours grimaçant, parla enfin :
« C'est sensé. »
Il vit Stiles soupirer de soulagement et remarqua l'étonnement de Scott. Il poursuivit :
« Dans un conte chinois ! » sa voix tonna de colère.
Stiles ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais il se tut voyant le visage déconfit de son père. Toute sa bonne humeur disparut et un sentiment de honte l'étreignit. Il avait voulu aider et s'était démené pour trouver un quelconque indice mais si son père ne le croyait pas et trouvait ça grotesque, il avait fait tout ça pour rien.
Il se sentit pitoyable, ridicule. Il passa nerveusement une main dans sa chevelure brune et essaya de se raisonner en s'apercevant de la panique qui le gagnait à nouveau. Stiles ne voulait pas le décevoir. Il ne voulait pas le tracasser davantage et, quand il vit le regard déconcerté de son père, il baissa la tête, ne supportant plus cette expression. Il se pinça les lèvres, se trouvant méprisable de l'avoir démoralisé, sa gorge se noua en entendant sa voix désemparée :
« Les garçons, c'est dingue !, tenta de s'adoucir un peu le shérif en remarquant l'étrange défaite chez son garçon. Ça ne doit pas s'ébruiter. Vous deux, pas un mot. »
Stiles releva la tête et s'aperçut qu'il n'était pas fâché. Le shérif continua, plus sérieux.
Stiles ne l'écouta pas vraiment, un peu perturbé par sa réaction excessive. Il réalisa que sa respiration était devenue plus hachée et que ses mains tremblaient. Il soupira en pensant que c'était encore un contrecoup du froid. Il souffla sur ces dernières pour les réchauffer et ferma les yeux pour se détendre et se calmer.
« Scott ? », appela soudain le shérif.
Stiles, entendant le nom de son ami, se réveilla et tourna la tête. L'Alpha avait les yeux plissés et regardait un point précis dans le vide. L'adolescent Stilinski allait appeler son ami, interloqué par l'effroi peu commun qui habitait les traits sereins de l'Alpha mais il fut coupé par son père.
« Scott ? », se répéta le shérif, inquiet par l'absence de son interlocuteur.
Le loup-garou sursauta un peu en revenant à la réalité, surprenant les deux Stilinski. Il cligna des yeux, un peu choqué, et se détourna :
« Désolé, » s'empressa de dire Scott.
Il déglutit et vérifia une dernière fois si ce qu'il avait vu était vrai ou faux.
« Vous disiez ? », reprit-il.
Stiles regarda le loup-garou, intrigué, devinant que ce dernier venait d'avoir une hallucination assez effrayante pour avoir réagi avec autant de virulence. Son ami hocha la tête pour confirmer la pensée de Stiles et ce dernier se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas lui demander ce qu'il avait vu. Peut-être avait-il la même hallucination ? Peut-être que Scott voyait aussi la biche blanche... ?
Le shérif allait avertir de nouveau les deux adolescents lorsqu'une voiture de police familière lui fit oublier ce qu'il voulait dire :
« Oh ! Ce n'est pas vrai ! », marmonna-t-il, visiblement très en colère.
Les deux adolescents reprirent pieds et tournèrent la tête pour voir le père de Malia descendre de la voiture, en compagnie de Rafael.
Scott soupira, las, comprenant que son père venait encore de faire une erreur. Il marmonna, en colère :
« Pourquoi il s'en mêle !? »
Stiles observa son ami qui avait le visage plissé d'angoisse et d'appréhension par l'arrivée de Rafael. L'humain posa une main rassurante sur l'épaule du loup-garou qui se contenta de soupirer de frustration.
Stiles allait lui parler mais il se tut quand il entendit les hurlements entre les trois adultes. Les deux adolescents restèrent silencieux, ne sachant pas vraiment quoi faire, ni quoi dire. La situation était assez déconcertante, voire gênante pour Stiles et Scott. Trouver des corps et sauver des vies, ça, ils pouvaient le faire. Parler à la famille, c'était autre chose. Ils n'étaient que des adolescents pas encore assez matures pour pouvoir calmer la haine ou apaiser la tristesse d'un père. Ils avaient eux-mêmes encore besoin de leurs parents pour les écouter dans leurs émois amoureux ou de leurs peurs adolescentes. Piégés entre l'enfance et l'âge adulte, ils n'étaient que des adolescents qui se retrouvaient au centre d'une histoire bien trop grave et compliquée pour leur esprit encore jeune. Ils apprenaient encore ce que signifiait être un adulte responsable. Ils s'en rendaient compte maintenant, à tel point qu'ils étaient devenus dépendants de leurs parents. Ils avaient besoin d'eux pour les rassurer, les aider, leur apprendre à mûrir : devenir des hommes.
Les parents commencèrent à s'éloigner et Scott s'avança pour rejoindre Rafael :
« Papa ! », appela-t-il.
Monsieur McCall se retourna vers son enfant. Il avait le visage tiré par la colère, une grimace de fureur sur ses lèvres. Il répondit d'une voix énervée :
« Je te parlerai dans une minute. Je veux savoir si ta mère est d'accord que tu traînes dans les bois la nuit. »
A la fin de sa phrase, les deux policiers emmenèrent le père de Malia, laissant Scott paralysé, peu habitué à voir son père aussi courroucé. Stiles rejoignit son ami et lui donna une accolade de consolation. Les deux adolescents soupirèrent, se sentant vraiment inutiles et impuissants, ce qui les agaça. Ils avaient fait tous ces efforts pour pas grand-chose. Pire, ils allaient se faire gronder par leurs parents et sûrement se faire punir. Stiles fit la moue à cette pensée, trouvant injuste l'idée que son père décide de sévir son comportement d'aujourd'hui alors qu'il avait voulu l'aider.
Ils furent ramenés quelques minutes plus tard par leurs parents.
Stiles resta assez silencieux durant tout le trajet, ne souhaitant pas parler et se sentant épuisé. Son père n'engagea pas vraiment la conversation. Était-ce parce qu'il ne savait peut-être pas trop quoi dire ou bien était-il exaspéré par les monosyllabes de l'adolescent en guise de réponses ?
Une fois arrivé à la maison, Stiles monta vite dans sa chambre, se changea en pyjama et s'allongea sur son lit. Il ferma les yeux en espérant dormir, mais il s'aperçut très vite qu'il en était incapable. Il soupira et se redressa. Il grimaça face à la violente douleur qu'il sentit à la poitrine. Il posa une main dessus, essayant d'étouffer cette sensation vraiment insupportable. Il se pencha un peu, essayant de respirer sans être gêné, mais il ne réussit pas complètement. Il enleva son tee shirt, alluma la lumière et s'avança vers le petit miroir accroché à la porte intérieure de l'armoire afin de voir ce qui lui arrivait.
Il écarquilla les yeux à la vision étrange de son corps. Stiles n'était pas particulièrement musclé, pas non plus maigre. Il était plus fin que son meilleur ami. Il remarqua cependant que le grand manque d'appétit et de sommeil lui avait fait perdre quelques kilos. Il avait encore ses bras développés et son ventre couvert de discrets abdos dus à lacrosse. Il remercia ce sport de le maintenir dans un état physique acceptable : ni maigrichon, ni gros. Stiles eut soudain une sensation de malaise et il grimaça. Il n'aimait pas particulièrement se regarder dans la glace et encore moins depuis un certain temps. Il se sentait nauséeux, n'appréciant pas cette image floue et difforme de son corps. Il avait l'irrépressible envie de briser ce miroir et de vomir rien qu'en voyant son reflet, mais il voulait comprendre ce qui lui arrivait.
Il regarda, intrigué, sa poitrine qui paraissait toujours enflée. Ce n'était pas voyant, juste une impression de ce qu'il sentait. Par contre, ses aréoles étaient plus larges que la normale et striés de veines violacées. Perplexe, il tâtonna sa poitrine mais à la moindre pression exercée dessus, il geignit de douleur. Il soupira, las, fatigué par ce corps étrange qui le faisait souffrir. Il savait que son état d'esprit n'arrangeait pas sa santé. Son manque d'énergie était dû à ses crises de paniques répétitives. Il supposa que, peut-être, il avait reçu un coup à la poitrine et que c'était la raison de cette douleur et de ces étranges veines ressorties. Il haussa les épaules et s'éloigna du miroir.
« Ça va passer de toute façon », se dit-il en rabaissant son tee shirt et en retournant s'allonger sur son lit.
Il se coucha sur le dos et ferma les yeux. Lentement, il sentit son corps s'alourdir et son esprit se perdre dans les ténèbres. Il fut plongé dans le néant du sommeil.
Il ne sut pas vraiment combien de temps il avait dormi, mais il faisait encore nuit lorsqu'il se réveilla. La pâle lumière de la lune s'enlisait insidieusement dans les fentes du store fermé, laissant d'inquiétantes ombres apparaître dans la petite chambre de l'adolescent. Le vent soufflait assez fort, sifflant avec perfidie, donnant l'ordre aux branches des arbres de se mouvoir et déplaçant la terrifiante pénombre qui s'étirait toujours plus loin, toujours plus proche du lit.
Stiles, couché sur le dos, encore l'esprit ensommeillé, observa un instant les curieuses silhouettes au plafond de sa chambre. Il n'y prêta pas attention et ferma ses paupières. Mais il reprit soudain conscience, réveillé par une étrange sensation. Il ouvrit les yeux et regarda la pièce en fronçant les sourcils, dérangés par les picotements présents dans ses bras et dans ses jambes. Il tendit ses muscles pour se déplacer mais s'aperçut que son corps n'obéissait pas. Il continua, s'efforçant à se déplacer, faire un geste, quelque chose, mais rien, absolument rien. Il avait l'ignoble impression que son esprit était enfermé dans une prison de chair. Il arrivait à peine à respirer correctement. L'effroi le prit et il essaya de hurler, de crier, d'avertir quelqu'un, mais rien ne changeait. Rien. Il était là, les yeux rivés au plafond, incapable de contrôler son corps.
C'est alors qu'il entendit un sinistre ricanement et une panique sans nom l'étreignit. Il sentait la présence de quelqu'un, de quelque chose. Il hésita un instant à regarder l'entrebâillement de sa porte mais, lorsqu'il le fit, un frisson d'horreur le prit.
Derrière la porte se trouvait une ombre à l'apparence humanoïde. Elle était immense avec de longs bras semblables aux primates. Ses jambes étaient insupportablement maigres. Stiles apercevait les pourtours d'os dans la noirceur de cette immonde créature. Pourtant, le plus effrayant fut son faciès : un immense et hideux sourire pourfendait le visage obscur de la chose où deux trous béants s'avéraient être des yeux. Nonchalamment, le monstre pénétra dans la pièce, le pas léger, et il s'approcha silencieusement de Stiles. La créature tendit une main aux doigts difformes vers le visage épouvanté de l'adolescent, qui détourna le regard, ne pouvant supporter la vision de cette chose immonde.
La chambre sembla se figer à l'apparition du monstre. Les ombres se firent discrètes, comme effrayées par la créature, et le vent se tut également. La chaleur de la pièce se dispersa, laissant un froid glacial et meurtri s'installer. L'odeur du bois et du renfermé s'atténua, laissant place à celle de l'agonie et de la mort.
Stiles ne pouvait ni se protéger, ni fuir. Il resta là, dans son lit, pétrifié. Il supplia que quelqu'un vienne l'aider, il implora, il hurla, il pleura dans son esprit, son corps toujours immobile. Il comprit qu'il allait mourir. La chose grimpa sur son lit à quatre pattes, ses jambes se disloquant. Elle s'avança lentement, souriante. Elle s'arrêta à quelques centimètres de lui. Stiles paniqua en sentant son souffle glacial et putride contre son visage. Elle sortit un son grave, inhumain. Un rire. La chose riait aux éclats. L'adolescent tenta désespérément de s'éloigner de cette immondice mais cela ne fit qu'amuser l'épouvantable créature qui tendit une main vers le visage de l'adolescent. Ce dernier sentit des larmes d'horreur sillonner ses joues.
Brusquement, une éblouissante lumière jaillit du corps de Stiles. Il entendit un hurlement féminin, que l'adolescent connaissait bien, derrière lui :
« Non ! » fit la voix de Lydia.
Stiles entendit deux autres cris insupportables suivis de voix assourdissantes dans une langue qu'il ne connaissait pas. Il ferma les yeux et essaya de se boucher les oreilles. Il ne voulait plus vivre ça. Il souhaitait disparaître ! Il voulait courir loin d'ici, loin de tout ça ! Il n'en pouvait plus, il ne supportait plus. C'était trop, juste trop. Il prit une grande inspiration et hurla silencieusement dans le capharnaüm des cris.
Il ouvrit soudain les yeux et se redressa violemment sur son lit, le souffle court et trempé de sueur. Stiles se jeta sur sa lampe et l'alluma. Il observa la pièce, affolé, cherchant cette ombre horrible. Il soupira, un peu rassuré, passa une main tremblante dans ses cheveux et s'essuya les yeux. Il prit plusieurs inspirations, s'obligeant à se détendre. Il eut un rire amer quand il comprit ce qu'il venait de se passer :
« Encore ce cauchemar. »
Il était frustré d'avoir eu de nouveau ce mauvais rêve. Il avait cru s'en être débarrassé. Apparemment, il avait eu tort. Il décida de se lever pour faire quelques recherches, car, après tout, il n'allait pas se rendormir. Il était beaucoup trop traumatisé par ce qui venait d'arriver. Il alluma son ordinateur et tapa sur le moteur de recherche "biche blanche" et "rêve".
Il ne voulait pas se rappeler ce qui venait de se passer. Ce cauchemar qui était dû à la paralysie du sommeil était courant ces dernières semaines. C'était ce qui le faisait souvent hurler la nuit. Il soupira, ne sachant pas vraiment quoi faire pour se libérer de ce merdier.
Sans plus de cérémonie, il ouvrit la première fenêtre de Google dont le titre fut : « Ni Ombre ni Lumière ».
Il commença à lire la signification de cet animal :
« Elle représente la douceur. Elle nous enseigne la vision au-delà des éléments matériels et superficiels de la vie. Elle nous apprend à discerner le cœur des choses et les causes plutôt que les effets. La biche est la gentillesse et l'amour inconditionnel. Elle ne fait pas la différence entre le bien et le mal, ce qui est clair et sombre. La force de la biche est qu'avec tout l'amour qu'elle a, elle soigne les souffrances des autres. La biche nous enseigne aussi qu'il ne faut pas se laisser influencer par des personnes mal intentionnées ou des situations négatives. Il faut rester confiant, et les aspects négatifs se disperseront. »
L'adolescent ferma rapidement la fenêtre, ne trouvant pas ce qui pouvait l'aider ici. Il cliqua sur une autre et chuchota :
« Par sa fragilité, la biche symbolise la femme passive qui est la proie de l'homme chasseur. Dans une vision plus positive, c'est un aspect féminin de la personnalité... »
Stiles soupira fortement, frustré, et quitta le site. Il continua ses recherches mais ne trouva que le même symbolisme, ce qui l'agaça. Il voulait quelque chose de plus compréhensible que ce charabia ! Il décida d'enlever le mot « rêve » dans sa recherche et ne se concentra sur les mythes et légendes liés à l'animal. Il trouva rapidement un site qui lui sembla intéressant, il cliqua dessus et le lu :
« La chasse à la biche, dans la tradition mystique des Celtes, symbolise la poursuite de la sagesse qui ne se trouve que sous un pommier, l'arbre de la connaissance. Elle représente dans de nombreux mythes le symbole des femelles au caractère parfois démoniaque, aussi douce puissent-elles nous paraître par ailleurs. Dans de nombreux contes européens anciens, des jeunes filles et jeunes femmes se transforment en biches. Cette métamorphose semble liée à un imaginaire remontant au néolithique, peut-être même plus ancien, antérieur en tous cas aux invasions indo-européennes. Alors la femme "était" la biche, ou la biche "était" la femme dans son aspect supérieur. (…) Il est possible que les biches aient été les symboles des rites d'initiation des jeunes filles préhistoriques. Ainsi, souvent, dans les histoires féeriques, une fée peut prendre l'aspect d'une biche blanche. »
L'adolescent haussa les sourcils, étonnés par ces révélations. Alors cette biche pourrait être une sorte de fée ? Stiles sourit à cette pensée, s'imaginant la fée Clochette. Il recula dans son siège et prit un carnet où il écrivit ce qui pouvait l'aider à comprendre ce qu'était cette biche qu'il voyait. Il surligna tout de même la deuxième phrase. Il relu encore une fois et se dit qu'avec sa chance, elle serait sûrement démoniaque. Au moins, si ce site était correct, cette créature serait peut-être une sorte de créature féerique. Après tout, pourquoi pas ? Il y avait bien des loups-garous, des Banshees, des créatures cannibales, des hommes-lézards... Bon, il n'était plus trop à un être surnaturel près et une fée, ça pouvait être sympa, non ? Après moult réflexions, il avait l'ultime conviction qu'elle ne ressemblerait pas du tout à celles des Walt Disney.
Stiles allait éteindre son ordinateur après plus d'une heure de recherche mais il s'arrêta en remarquant le titre d'un article écrit : « La Blanche Biche, ou le meurtre de la sœur totémique ». L'adolescent cliqua dessus. Il se rappelait un peu de cette légende mais n'y avait jamais réellement prêté attention. Il se mit à chuchoter :
« Un symbole matriarcal. La biche est un symbole de fertilité de la nature sauvage. Les animaux blancs sont des créatures magiques du monde des fées (le Sidh). Les fées sont le souvenir fantasmé des druidesses et des déesses-mères de l'ère matriarcale. A cette époque, le mariage et la reconnaissance de paternité n'existaient pas. L'amour, la sexualité, et les femmes étaient libres. La biche blanche est un animal totémique matriarcal, du temps où les sociétés étaient organisées en clans matrilinéaires. Chaque animal totem était l'ancêtre mythique d'un clan, défini par la lignée maternelle : une société sans père ni mari, mais où l'oncle maternel élevait les enfants de sa sœur, à la place du père (…) »
Stiles ferma la fenêtre, déçu de ce qu'il trouva. Il ne voyait pas le rapport avec lui et se retrouva sans réelle réponse. Si la biche blanche qu'il voyait était une fée démoniaque, pourquoi l'avait-elle aidé à trouver son chemin ? Pourquoi ne la voyait-il que dans ses cauchemars ? Est-ce que quelqu'un pouvait la voir ? Peut-être qu'elle était tout simplement une hallucination...
Non, ça ne pouvait pas l'être : elle l'avait guidé jusque dans la grotte. Il soupira, fortement agacé et épuisé par ce manque de réponses. Pire : ses recherches lui faisaient se poser toujours plus de questions.
Il se rappela soudain de l'ombre humaine que cette créature possédait. Il n'était pas sûr de trouver une information intéressante avec Google mais il avait encore deux heures devant lui. Il inscrivit alors sur le mode de recherche : « biche ombre humaine », il haussa les sourcils en lisant les différents titres d'articles qui correspondaient à ses mots clés et s'arrêta sur : « La biche blanche Free » qui l'intrigua. Il cliqua dessus et lu l'article :
« C'est une histoire probablement d'origine celtique ; or, dans la mythologie celtique comme dans la grecque, la biche symbolise la douceur et la fécondité de l'amour, et comme le dit Paul Diel, une certaine qualité d'âme, de finesse et de sensibilité sublimes, et aussi un état supérieur de conscience, la rencontre de l'instinct et de l'esprit, l'état de nature en conscience. Peut-on dire alors que la métamorphose est une tentative de passage d'un état antérieur à un nouvel état, plus subtil et lumineux ? Ou faut-il considérer que la biche symbolise un contenu inconscient particulièrement riche que la conscience pour son malheur ne parvient pas à intégrer, car d'autres contenus destructeurs s'y opposent ? La chasse, symboliquement, est aussi une quête spirituelle dirigée contre les instincts sauvages, et chez les Celtes, la chasse à la biche est la poursuite de la sagesse, de la qualité d'âme dont nous avons parlé. Une des variantes qui racontent l'histoire de la blanche biche s'appelle « Le chasseur aux étoiles ». »
Stiles se pinça les lèvres à la fin de la phrase. Il recula dans son siège et passa ses mains dans ses cheveux courts, les brossant dans un geste inconscient. Il inspira puis expira fortement, un mal de crâne qui pointant le bout de son nez. Il tira son carnet à ses côtés et écrivit ce qui lui semblait assez intéressant. Il marqua les mots « origine celtique » et « état supérieur de conscience », lui rappelant son expérience avec le Nemeton.
Il s'interrogeait sur la question de la métamorphose d'une femme en biche, comme si la transformation était le symbole physique d'une évolution psychologique ou psychique. Celle où la biche était la représentation d'un cauchemar que l'esprit ne peut intégrer l'étonnait également. Il se demandait si cette créature qu'il voyait n'était pas cette cassure dans son esprit, ou peut-être était-elle le symbole de son subconscient ? Était-ce pour cela qu'il voyait sa belle Lydia dans ses cauchemars ? Toujours fidèle à elle-même : forte et courageuse. Une femme que Stiles avait, depuis son enfance, admirée et adorée. Il l'avait aimée de tout son cœur pour ce qu'elle était : incroyable.
Il n'oubliait pas pour autant que cette biche pourrait aussi bien être une créature surnaturelle physique : une fée. Cette idée était seulement faussée par l'absence de probabilité que cet être hors norme apparaisse pour l'aider. Justement, pourquoi cet être hors norme apparaîtrait-il pour l'aider ? Pourquoi dans ses rêves uniquement ? Pourquoi Lydia était souvent à ses côtés ? Était-ce ses pouvoirs de Banshee qui les liaient ? Non, c'était incohérent.
Peut-être qu'elle prenait l'image d'une femme en qui il avait confiance et qu'il avait aimé ? Mais si c'était ça, alors pourquoi ? Pour le manipuler ? Lui faire du mal ? Le rassurer ? Le protéger ?
Finalement, ses recherches n'avaient abouti qu'à plus de questions et de doutes. Il soupira fortement, posant sa tête lourdement contre le dossier, et fit tourner son siège. Il réfléchissait, se demandait où il pouvait trouver des réponses définitives à ses questions. Il avait trouvé pas mal d'informations intéressantes, mais c'était trop vague et pas certain. Il arrêta soudain son siège, bloquant ses pieds sur le bureau. Il savait ce dont il avait besoin ! Il devait essayer de voir dans le bestiaire d'Allison. Oui, il trouverait forcément ses réponses !
Auteur : Et vous alors qui pensez-vous qu'est la « Biche blanche » ?
A bientôt je l'espère pour la suite du chapitre 2 ^^.
