Biche blanche

Avis de l'auteur :

Hey regardez qui est là XD une revenante… Ouais, je sais, j'ai un peu beaucoup, énormément de retard… Vraiment désolée ! J'ai eu pas mal de choses à faire pendant ces 6 mois (le temps passe trop vite…). Et ce chapitre était un vrai challenge à faire ! Il amène à une transition avec la 2ème partie de la 1er partie et pour toute la suite de l'histoire, il devait donc être le plus parfait possible… Et comme je n'avais pas de correcteur qui m'aider je ne voulais pas le commencé sans un appui extérieur ! Mais voilà j'ai une nouvelle correctrice et je la remercie énormément pour son soutien et son aide ^^ grâce à elle vous avez enfin la suite !

Passez si vous avez le temps relire la chronologie de mon histoire au prologue (je l'ai modifié car je me suis aperçue que la série c'est gouré dans l'âge de ses personnages et donc moi aussi… Stiles à 16 ans et non 17 ans.)

Alors parlons chapitre 7 ^^ : Il est assez particulier car il n'a qu'une seule temporalité, c'est à dire que ce chapitre se passe dans une seule journée. Il est également la transition entre l'épisode 19 et 20 de la saison 3b (il se passe avant que Stiles aille en Hôpital Psychiatrique.). De plus, j'ai non seulement écris avec beaucoup de dialogues (c'est la quasi totalité du chapitre) mais j'ai également tenté d'alléger un peu l'atmosphère, de nous remettre dans un contexte plus proche du quotidien et d'insister sur la relation de Stiles avec son père et avec lui-même (j'en dirais plus à la fin du chapitre ;) ). Bref, ce chapitre c'est un peu un répit, avant de prendre l'ascenseur pour l'enfer. Je ne comptais pas séparer cette scène de l'épisode mais elle devenu bien plus longue que je pensais (car j'avais énormément de choses à écrire.)

Je vous souhaite une bonne lecture ^^ et on se retrouve après le chapitre (car j'ai fait une petite analyse, donc si ça vous intéresses rendez-vous après l'avoir fini sinon ça va gâcher la lecture de celui-ci).

Chapitre entièrement corrigé ^^ merci LuluHawaiiMalfoy !


Réponse aux commentaires :

Akane : Coucou ^^ comment tu vas ? J'espère que tu passes de très bonne vacance ? C'est surtout à moi de te remercié pour ton assiduité ! Alors que je suis une piètre auteur qui publie vraiment pas régulièrement :/… Et vraiment désolée (je sais comme c'est chiant ^^'). Eh bien, saches qu'avoir un petit commentaire à chaque chapitre publié par un lecteur qui suit depuis le début l'histoire c'est un vrai remerciement ^^. Alors merci infiniment et j'espère que ce chapitre te plairas ! J'ai fait participer trois personnes différentes pour celui-ci xD. J'espère que le rendu te plaira.

: Hey ! Merci beaucoup pour ces compliments ^^. Je suis vraiment désolée du gros retard, le prochain sera bien plus rapide. En tout cas j'espère que ce nouveau chapitre te plaira ^^.

Guest (du 20 Mars) : Coucou ! Merci pour ton commentaire ^^ tu as enfin la suite, vraiment désolée du gros retard. J'espère que ce chapitre te plaira ^^.

Guest (du 14 juin) : Hey ! Oui je vais plutôt bien (j'ai eu un coup au moral quand j'ai appris mon redoublement mais bon c'est la vie ^^, je ferais mieux l'année pro) et toi j'espère que tu vas bien que tu passes de bonnes vacances (si c'est le cas). La suite est maintenant xD mais désolée je n'ai pas vu les 6 mois passé et j'ai fais au plus vite pour rattraper mon retard (une fois que j'avais une correctrice). Merci pour ce jolie compliment ^^, j'espère que ce chapitre te plaira également.


Chapitre 7 : Wake up

Réveilles-toi

Il était elle ? Elle était lui ? Qu'est-ce que cela voulait-il dire ? Que voulait dire cette… Cet autre lui ? Il secoua sa tête, perdu, essayant de comprendre. Non, il avait beau réfléchir, c'était farfelu ! Complètement fou. Et pourquoi même, son autre lui serait une fille ? Pourquoi alors qu'il était un garçon ? A part si son père lui avait menti sur son sexe et qu'il était une fille ! Comme ce Bruce Reimer* ! Il frissonna de dégoût à cette pensée, s'imaginant être le deuxième Frankenstein de John Money. Il fut soudain coupé par son propre rire :

- C'est ridicule ! Tu as enterré ton cauchemar en moi et m'a séparé de toi, je n'avais aucun moyen de te faire prendre conscience que tu inversais ta réalité et ton rêve. J'ai alors pris l'apparence de Lydia pour te mettre en garde de ce démon mais… Son ombre soupira tristement : Ça n'a pas marché.

Stiles fronça ses sourcils et passa nerveusement une main dans ses cheveux. C'était irréaliste, il se parlait à lui-même, se faisant presque sermonner par sa propre personne. Merde, j'ai vraiment perdu la boule, je deviens comme Sentry dans Sentry vs Void* ou pire, Gollum ! Il allait finir comme lui !Pensa-t-il ironiquement. Il soupira fatigué et se força à ne pas devenir sarcastique. Il ne savait même plus si c'était réel ou non. Si à force de revivre ce cauchemar, il ne s'était pas enfermé dans son esprit, claquant définitivement la porte et se cachant dans une pièce sombre. Il était las, exténué d'essayer de réfléchir pour démêler le vrai du faux.

Il décida de se concentrer uniquement sur cet autre lui. Il analysa un instant ces mots et soudain, il put résoudre une partie du puzzle. Il grimaça, dépité par la nullité de son ombre pour avoir tenter de l'avertir :

- Alors, ce que tu disais ? C'était pour me protéger ? C'était bizarre ! Et absolument pas rassurant... Va vraiment falloir prendre des cours de communication ! Ne put-il s'empêcher de répliquer en se souvenant des sueurs froides qu'elle lui avait donné.

Son ombre qui avait repris sa forme initiale, la sienne, fit la moue et hocha négligemment les épaules :

- Pas vraiment, tu n'as pas supporté ce qui t'es arrivé et tu as déchiré ces souvenirs dans une partie de toi qui le pouvait. Malheureusement, le démon en a profité et a joué avec, pour t'anéantir.

Cette ombre était lui le soir de son cauchemar ? Elle était ce qui lui avait permis de survivre ? Il l'avait crée pour pouvoir continuer à avancer ? Mais alors que se passerait-il si elle et lui… ?

Attends ?! Pensa-t-il brusquement sentant la panique l'embrasser.

Était-ce pour cela qu'elle venait d'apparaître devant lui ? Elle voulait qu'il ne devienne qu'un ? Elle voulait qu'il accepte ça ? Que ce cauchemar n'en devienne plus un, mais une réalité ? La réalité de sa vie ? Non ! Non ! Non ! Il ne voulait pas ! Se souvenir, ressentir la douleur lui était suffisant ! Putain, il venait d'assister à ce cauchemar pendant près de trois putain de jours ! Il avait suffisamment fait face à ça ! Mais il pourrait encore le considérer comme un cauchemar ! Il pourrait encore l'oublier! C'était encore un rêve d'une réalité difforme ! Il avait encore la possibilité de nier ! Il fallait que cette ombre reste loin de lui ! Non ! Cette ombre devait rester loin de lui !

Il tenta de reculer, horrifié. Sa Jeep l'empêcha cependant de s'éloigner. Il se retrouva, une nouvelle fois, piégé entre sa bonne vielle compagne de route et son cauchemar. Cette ombre portait tous ses souvenirs. Elle était l'infime séparation entre la réalité et le rêve ! Il pouvait donc oublier ce que venait de lui dire le démon ! Il avait encore une chance de s'y échapper ! Il posa ses mains sur sa tête, pressant fortement ses tempes, essayant vainement de s'évader par la douleur. Il devait faire disparaître ce cauchemar, il le devait ! Il ne le supporterait pas ! C'était trop lui demander. Il n'était pas assez fort !

- Stiles ! Tu ne peux pas continuer à refuser de te souvenir de ce qui est arrivé ! Tu dois l'accepter !

L'adolescent releva violemment la tête cherchant une échappatoire. Il contourna la jeep et s'éloigna d'elle. Il recula loin de la lumière, loin de cette chose horrifiante, loin de son immonde cauchemar. La noirceur tendit joyeusement ses bras sur le corps de l'humain, l'enlaçant avec tendresse. Oui, il était mieux dans les ténèbres, il refusait cette lumière hideuse.

- Stiles ! Il te manipulera ! Il te fera tuer ce que tu aimes ! Vas-tu les sacrifier ainsi ! Vas-tu encore te complaire dans ta fuite !? Hurla son autre lui qui se faisait dévorer lentement par l'obscurité.

Il releva la tête brusquement à ces mots, les larmes sillonnant ses joues maigres. Il ne voulait plus être la cause de leurs souffrances ! Il se répugnait à l'idée d'être leurs douleurs… Mais, s'il acceptait ça, s'il accueillait cette partie de lui… Il serait détruit ! Il le savait ! Il n'arriverait pas à faire face ! Ce serait trop dur ! Ce qu'il lui demandait était trop dur ! Il sanglota misérablement, incapable de se décider. Figé d'épouvante. Son choix était-il de se sacrifier pour eux ou de les sacrifier pour lui ? Il hoqueta et pressa plus fort ses doigts contre ses tempes.

Il avait mal, putain, ça faisait si mal ! Il n'y arrivait pas ! Il n'y arriverait pas ! Il était incapable de réfléchir ! Il s'effondra et frappa violemment le sol boueux.

- Pourquoi ? Pourquoi ?! Pourquoi ! Hurla-t-il hystérique.

Je vais mourir ! Je vais mourir ! Hoqueta-t-il misérablement. Il tressaillit en sentant des bras doux l'entourer, il les repoussa vainement avant de laisser choir son visage sur cette épaule.

Cette épaule chaude et réconfortante dans ce lieu glacial et effrayant.

- Je sais. Je sais à quel point ça va être difficile, Stiles. La fuite n'est cependant pas une solution. Tu finiras tôt ou tard par me faire encore face. Tu ne peux pas t'annihiler.

L'adolescent ne répondit rien, il n'en avait de toute façon pas la force. Il savait qu'il ne pourrait pas échapper à son inconscient*. Il ferma les paupières quelques secondes et soupira, résigné. Il se redressa et rencontra ses propres yeux noisettes. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux

et essuya ses pleurs avec sa manche.

- Pour eux. Dit-il dans un souffle.

Un sourire encourageant et un hochement de tête fut son unique réponse. L'ombre commença à disparaître dans une lumière apaisante et se fondit dans le corps de Stiles. Il resta un temps hébété par ce spectacle fascinant. Il était calme mais cette paix disparue soudain, remplacée par des souvenirs et il réalisa alors pleinement son vrai lui. Il était cet adolescent qui s'était fait dévorer cette nuit-là.

Il était lui… Il était lui !

Et il hurla de supplice.

- Stiles ! Cria une voix grave.

Il essaya de respirer mais il n'y arrivait pas ! Merde ! Il se sentait mourir de l'intérieur ! C'était horrible et putain ! Il avait peur ! Il se força à ouvrir les yeux mais tout était flou et sa panique s'accentua. Il sursauta en sentant des bras musclés serrer son torse avec force. Il tenta de se lever mais l'homme le força à rester assit sur le lit. Il donna alors un violent coup de coude. Il ne savait pas où il était ! Il ne savait pas qui était avec lui ! Et putain ses souvenirs étaient un véritable merdier ! Il était désorienté et incapable de former une pensée cohérente. Son corps tremblait violemment ne désirant qu'une chose, être libéré de ce torse contre lequel son dos était. Il se sentait devenir complètement hystérique, il donna un coup de tête contre le menton de l'homme et celui-ci le lâcha un instant jurant sous la douleur.

Stiles hébété se jeta hors du lit et se sentit chuter, il fut rattrapé violemment par une poigne puissante sur son biceps droit. Stiles étouffa un sanglot de terreur quand la prise se fit plus forte et le força maladroitement à se rasseoir.

- Stiles ! C'est moi ! Calme toi ! Souffla une voix rauque contre sa nuque.

L'adolescent se figea un court instant, tentant de respirer et se pencha brusquement en avant. Il chercha à tâtons un objet, n'importe quoi pour le fracasser sur la tête de cet homme.

- Stiles ! C'est papa ! Stiles, je t'en pris calme toi ! Souffla le shérif qui le serra plus fortement et commençait à le bercer.

L'adolescent fronça ses sourcils et se paralysa en entendant ces mots. Son père ? Était-ce vraiment son père ? Il tourna la tête, regardant le visage de l'homme et plissa les yeux pour le voir. Sa vision était encore voilée et il pouvait à peine distinguer ce qui l'entourait. Un sourd sifflement faisait péniblement écho dans ses tympans et sa respiration était laborieuse. Il tenta néanmoins de reprendre contenance et observa plus méticuleusement cet homme. Il déglutit et se pinça les lèvres avant de demander d'une voix rude et hésitante :

- Papa?

La seule réponse qu'il eut fut un sanglot. Monsieur Stilinski déplaça son fils pour lui faire face et l'enlaça désespérément. Il posa sa tête contre l'épaule de son enfant et embrassa le dessus de sa tête. Il ne retint pas ces pleurs de soulagement, d'angoisse et de détresse. Il avait cru le perdre, son bébé, son fils, il avait vraiment cru perdre son petit garçon.

- Merci, merci ! Oh mon dieu, merci ! Chuchota-t-il comme une litanie, tellement heureux d'avoir son fils dans ses bras et de pouvoir entendre sa voix.

Il serait devenu fou s'il avait perdu leurs fils ! Il ne se serait jamais pardonné si ce dernier avait été perdu à cause de son incompétence en tant que père ! Il aurait fait n'importe quoi ! N'importe quoi ! Tout donné pour que cette saloperie le possède à la place de son garçon ! Un parent ne devrait jamais voir son enfant mourir avant lui ! Jamais ! Monsieur Stilinski se serait sans doute tiré une balle dans la tête si son fils n'était pas revenu ! Il n'aurait pas pu continuer s'il perdait sa dernière famille ! Il avait failli perdre l'enfant de Claudia ! Il avait presque regardé son fils mourir ! Il serra plus fortement encore le torse athlétique de son garçon.

- Stiles. Je suis là maintenant ! Je suis là, papa est là. Murmura-t-il à son enfant raide dans ses bras.

Il eut l'impression de revenir des années en arrière quand Claudia venait de mourir. Stiles, assit sur un banc, seul dans le grand couloir nacré de l'hôpital, lui avait semblé si éteint. Il sortait de la chambre où sa femme avait donné son dernier souffle et rencontra alors les yeux vides de son fils. Son petit corps tremblant de sanglots contenus. Il lui avait parut si fragile, tellement en détresse cherchant à trouver une épaule réconfortante où s'appuyer. Il s'était agenouillé et avait immédiatement pris dans ses bras le petit garçon. Son fils cacha son visage dans son épaule et se mit à pleurer par gros sanglots. Monsieur Stilinski lui avait promis qu'il serait là, à ces côtés et que sa mère était dans un lieu merveilleux, les observant depuis les cieux.

Il avait failli dans son rôle de père, il avait échoué à le protéger contre ce monstre.

Il se détacha de son fils et observa son visage. Les mains sur ses larges épaules, il fronça ses sourcils soucieux du silence et de la raideur de son enfant. Il rencontra des yeux absents, il n'aimait pas ce qu'il voyait. Il savait que son fiston avait dû vivre trois jours d'horreur. Deaton l'avait prévenu que la possession démoniaque incomplète, soit quand le démon n'avait pas de contrôle sur l'âme, laissait ce dernier conscient de ce que faisait cette immonde créature. Une prison de chair en résumé. Il serra sa prise sur les épaules de l'enfant.

- Stiles ? L'appela-t-il espérant le réveiller. Il sursauta quand Stiles le regarda soudainement les yeux écarquillés et le visage blême.

Il le poussa violemment et se jeta hors du lit, il tomba maladroitement mais se releva rapidement et courut chercher la salle de bain. Monsieur Stilinski entendit au loin, la porte s'ouvrir avec fracas et le couvercle des toilettes être relevé durement, suivit de peu par le son désagréable du relent. Le père soupira fortement et se passa une main fatiguée dans ses cheveux. Il avait espéré que Stiles n'avait pas été aussi tourmenté mais il semblerait que c'était le cas. Peu de temps après que son fils se soit évanouit, Deaton l'avait appelé et il était allé chercher son garçon pour le ramener à la maison. Le druide pensait qu'il serait mieux pour l'adolescent de se réveiller dans un environnement familier, ce qui empêcherait peut-être qu'il soit désorienté à son réveil. Mélissa était venue l'ausculter immédiatement et vérifiait son état de santé général. A part qu'il était un peu déshydraté, Stiles était relativement en forme. Ce qui était miraculeux, car son corps aurait dû souffrir de conséquences dramatiques ; il semblerait que le Nogitsune avait maintenu le corps de Stiles dans un état de sommeil. Du moins, c'est ce que supposait Mélissa et Deaton pour expliquer la santé de Stiles.

Monsieur Stilinski quitta la chambre de Stiles et le rejoignit dans la salle de bain. Il grimaça à l'odeur nauséabonde du vomi mais il s'avança et s'agenouilla à côté de son enfant. Il frotta doucement son dos qui tremblait sous les inlassables soubresauts. Il resta silencieux quand il entendit les sanglots étouffés de Stiles, il ne savait pas ce qu'il pourrait dire pour le soulager. Il supposait qu'aucun mot ne serait assez juste pour soulager la douleur de son garçon. Alors il se tut et se contenta d'être une présence rassurante.

Il ne sut combien de minutes étaient passées quand Stiles finit par arrêter de vomir de la bile. Il le regarda, sa tête affalée contre la cuvette, la respiration sifflante et les joues creusées, le teint blafard et les yeux fermés, aux paupières gonflées. Il passa une main lasse dans ses cheveux et quitta la salle de bain, se sentant nauséeux de voir son fils dans cet état lamentable. Il descendit pour chercher un verre et le remplir puis remonta et entra dans la pièce où Stiles n'avait pas bougé. Il posa le verre et ouvrit un tiroir, il prit une boite de médicament et reprit le verre en main. Il s'approcha de son enfant et s'agenouilla pour se mettre à sa hauteur.

- Stiles ? L'appela-t-il doucement.

L'adolescent releva péniblement la tête et le regarda exténué. Il se redressa en s'aidant de la cuvette. Il tendit les mains pour prendre le verre et le médicament que son père venait au préalable de sortir de son emballage. Il but un peu d'eau avant d'avaler la pilule.

- Merci. Souffla Stiles qui grimaça en entendant sa voix enrouée.

Son père prit le verre et le posa plus loin au sol. Il sourit gentiment et répondit :

- Retourne dans ta chambre te coucher, je ferais le repas en attendant.

Stiles haussa les sourcils amusé, son père faire la cuisine ? Merde alors ! Il devait être dans un état vraiment misérable. Il fit un petit sourire moqueur :

- Tu cuisines ? Désolé papa mais tu es aussi bon dans ce domaine que Dark Vador en sauveur de la galaxie.

Monsieur Stilinski ricana, sentant soudain la tension qui l'habitait, le quitter :

- Moques-toi fiston ! Mais je pourrais te surprendre. Pour toute réponse Stiles haussa plus haut encore les sourcils : Allez ! Vas te recoucher, tu as besoin de sommeil. Il fronça ses sourcils au silence de son enfant. Tu as besoin de mon aide pour te ramener dans ta chambre ?

Stiles secoua la tête de gauche à droite avant de répondre d'une voix étranglée :

- Je veux me laver.

Monsieur Stilinski ne releva pas le ton désemparé de son fils. Il est vrai qu'il était couvert de sueur et sentait la transpiration, ses cheveux étaient poisseux tout comme sa peau encore couverte d'une fine pellicule de crasse. Il hocha la tête, comprenant, il ramassa le verre et la boite de médicament et se releva, en ignorant le craquement sourd de ses articulations vieillissantes :

- Je t'apporte ton pyjama ?

Stiles passa nerveusement une main dans ses cheveux gras et grimaça en sentant ses mèches collées sur ses doigts. Il répondit avec un bâillement à s'en décrocher la mâchoire :

- Ouais, s'il-te-plaît.

Monsieur Stilinski se retourna et allait commencer à sortir de la salle de bain mais il s'arrêta et s'exclama, taquin :

- Je t'apporte ton caleçon fétiche aussi ?

Stiles fit la moue, peu amusé par cette blague et répondit sèchement :

- Très amusant, papa !

Monsieur Stilinski se retourna et continua d'un air faussement sérieux :

- Allons, fiston, on sait tous les deux que tu as un caleçon fétiche.

Stiles secoua la tête, dépité par l'humour ridicule de son père et bougonna :

- Vraiment arrêtes-toi là.

Monsieur Stilinski haussa alors un sourcil narquois :

- C'est drôle non ?

Stiles s'affala contre le mur à côté des toilettes et s'esclaffa moqueur, son père pouvait avoir un humour très étrange parfois :

- Je crois vraiment que ta définition de drôle est détraqué, papa. Tu sais, tu n'as pas à être triste, ce n'est pas ta faute, l'âge doit jouer dans la balance. Tu en as d'autres avec le même problème ! Tu n'es pas seul ! Il existe même des cours pour des personnes comme toi. Tu veux que je t'y inscrives ?

Le shérif fronça ses sourcils et demanda d'un ton sceptique :

- Essayes-tu de me faire croire que tu n'as pas de caleçon fétiche ? Parce que si je me souviens bien à ton premier match de cross…

- Attends !? Le coupa Stiles soudain interloqué et scandalisé : Comment tu sais ça ?

- Ah ! Donc tu as bien un caleçon fétiche ? J'avais raison ! Dit le Shérif d'un air triomphant.

- J'ai pas dis que… Ce n'est pas mon caleçon fétiche ! Bougonna Stiles de mauvaise foi. Oui, il en avait un, mais son père n'avait pas à le savoir, comment était-il au courant de tout ? Il pouvait voir tout ce qu'il faisait derrière son dos comme Fol œil ou quoi ?

Le shérif posa une main sur sa hanche et sourit avec espièglerie :

- Vraiment ? Je suis presque sur que tu l'avais porté une semaine.

Stiles fronça ses sourcils, il l'avait porté aussi longtemps ? Merde, alors il comprenait mieux à présent. Il pensa alors à haute voix :

- Une semaine ?… Je me disais aussi qu'il devenait inconfortable.

- J'y crois pas tu as un caleçon fétiche et tu l'as porté une semaine ! Répliqua le shérif abasourdit par la confirmation de ce qu'il avait cru, quand il n'avait pas vu l'ombre d'un caleçon de Stiles dans la panière à linge sale, pendant une semaine.

- C'était ma plume de Dumbo ! S'offusqua Stiles.

- Dumbo ne gardait pas tout le temps sa plume et ce n'était pas un sous-vêtement. Précisa Monsieur Stilinski.

- Beaucoup de célébrité en ont. Ça porte chance ! Tenta de se justifier l'adolescent.

- Ah ? Et qui donc ? Demanda le Shérif soupçonneux.

- Euh… Stiles essaya de se rappeler le nom d'une célébrité qui avait effectivement un caleçon fétiche. Non pas qu'il avait fait des recherches dessus, hein… Bon, oui il avait fait des recherches pour savoir si ce caleçon porte bonheur était efficace. Zayn Malik ?

- C'est une réponse ou une question ? Interrogea Monsieur Stilinski par le ton hésitant de l'adolescent.

- Les deux. Peu importe, c'était dans l'unique but de voir si ça fonctionnait !

- Et ça n'a pas été le cas, je suppose. En conclut le shérif avant de demander : Pourquoi le porter aussi longtemps alors ? C'était une question très pertinente, à quoi avait pensé son garçon pour rester aussi longtemps avec ?

- Pour être sur. J'ai fait comme Harry avec Ron et son élixir de chance qui n'en était pas un. Expliqua Stiles d'un ton sérieux.

- Mais son élixir de chance n'en été pas un mais il pensait l'être, c'était quoi l'intérêt que tu essayes en sachant que ce n'était pas un élixir de chance ?

- Dis comme ça… C'est peut-être pour ça que ça n'a pas marché avec moi… L'effet placebo ne fonctionne que si je ne sais pas que ce n'est pas un vrai porte bonheur…

- Stiles ! Soupira le shérif en levant les yeux au ciel et priant une quelconque divinité : Je rêve du jour où tu bosseras aussi bien en cours que tu réfléchis sur tes questions existentielles.

- Ouais, je devrais peut-être tenter la psychologie inversée, ne pas me dire que ce n'est pas un porte bonheur. Devrais-je retenter ? Peut-être quand l'ayant mal fait ça m'a porté malheur, une sorte de sort inversé comme dans Supernatural et la patte de lapin… Continua Stiles ne prêtant plus attention à son père.

Monsieur Stilinski ne s'en formalisa pas et quitta la pièce en riant de bon cœur. Il marcha dans le couloir et ouvrit la porte de la chambre de Stiles. Il avait dû faire quelques rangements, son enfant ayant cru bon de mettre des ficelles, accrochés du tableaux aux ciseaux qu'il avait planté dans le matelas. Il avait retourné ce dernier, enlevé les draps et les avait jeté pour les remplacer par de nouveaux. Il n'avait pas touché aux tableaux, même s'il aurait voulu y mettre le feu, il respecta l'intimité de son fils et toucha à ces affaires le moins possible. Il rangea un peu le foutoir de celle-ci, mettant les papiers étalés au sol dans différents cartons et c'était tout. Le reste n'avait pas changé. Il se dirigea dans l'armoire pour prendre un pyjama, un simple tee-shirt noir, un jogging gris et un caleçon noir. Il quitta la pièce et rejoignit Stiles dans la salle de bain. Il frappa contre le battant pour le prévenir de son arrivée. Il entrouvrit la porte et tendit les vêtements que prit l'adolescent avant de la refermer.

Monsieur Stilinski s'éloigna de la pièce et descendit les escaliers. Il réfléchit un peu sur ce qu'il cuisinerait. Il ferait cuire une pizza, c'était nourrissant simple et efficace comme repas.

Stiles, seul dans la salle de bain, resta un instant hébété, le bras tendu et les vêtements toujours tenus dans son poing serré. Il ne savait pas quoi faire ou plutôt il ne savait plus ce qu'il voulait faire. Il se sentait étrangement distant avec lui-même. Perdu et anesthésié de sa personne. Pourtant, le calme qu'il ressentait n'était qu'une illusion, un mur frêle qui tremblait sous les émotions de détresse et d'effroi qu'il ressentait. Il n'était pas naïf, ce n'était que les prémices de la folie qui allait le gagner lentement, insidieusement. Maintenant qu'il était revenu dans la réalité, qu'il était entier et qu'il avait accepté ça. Il allait falloir qu'il avance avec, qu'il trouve une nouvelle béquille pour continuer et ne pas s'effondrer. Pour son père, pour Scott et ses amis, Stiles devait garder aussi longtemps que possible sa tête hors de l'eau. Il ne savait pas combien de temps il tiendrait sans bouée avant de se noyer. Il devait trouver un stratagème pour empêcher le Nogitsune de prendre possession de lui avant qu'il ne lâche prise une nouvelle fois. Il n'était pas stupide, il était parfaitement conscient qu'il pourrait céder face à ce démon, encore une fois mais cela pourrait empirer. Et s'il échouait à flotter dans cet océan agité, avant que le Nogitsune ne soit détruit, il risquerait de se donner sciemment à lui. Cette pensée l'écœura ! Il se haïssait de se savoir aussi faible ! Il les mettrait en danger ! En cédant, en ne résistant pas assez, il serait la cause de leurs pertes !

Merde ! Que dois-je faire ?

Il soupira et se passa nerveusement une main dans ses cheveux. Il grimaça en les sentant poisseux et un haut-le-cœur le prit à la gorge. Il lâcha soudainement les vêtements et se hâta, la tête la première dans la cuvette. Il hoqueta et cracha de la bile mais rien ne sortit de son estomac vide. Il crispa sa mâchoire et ferma les yeux en sentant la pièce tournée désagréablement. Il se sentait lessivé et épuisé. Il attendit que le tournis disparaisse pour se lever, il s'aida des toilettes et s'appuya sur le lavabo, ses jambes trop faibles pour le soutenir correctement. Il s'affala contre le mur et réussit à se diriger vers la douche.

Il avait de nouveau cette envie presque effrayante de se laver, de se sentir propre, de purifier ce corps sale. Stiles entra dans la douche et il leva la tête vers le pommeau de douche, ferma les yeux et fit couler de l'eau bouillante. Il grimaça et tressaillit au brusque changement de température mais il laissa le liquide limpide brûler la crasse qui recouvrait son corps avili.

Il cligna douloureusement des paupières, pour essayer de voir où était le gel douche. Il tendit la main pour le ramasser au sol et ferma l'eau. Pendant quelques secondes, il resta paralysé. Il ne voulait pas se toucher, il ne voulait pas sentir ses mains sur sa peau, il ne voulait plus rien sentir de ce corps ! Il pinça les lèvres et osa ouvrir le bouchon et faire affluer le savon dans sa paume. Il regarda le gel douche âcre couler le long de ses doigts, de son poignet et s'égoutter dans l'eau encore présente du bassin de la douche. Il se rappela soudain de ce liquide rosâtre, glacial et épais s'écoulant de son anus, glissant le long de ses fesses et de ses cuisses jusqu'à rejoindre l'eau et le savon pour disparaître dans le siphon de la douche. Il ferma brusquement son poing et se força à quitter ce souvenir douloureux. Il devrait acheter un nouveau gel douche, celui-ci n'étant qu'un rappel cruel de ça. Il soupira résigné, il ne pouvait pas, ne pas se savonner, c'était ridicule. Il passa nerveusement mais avec des gestes mécaniques et calculés, sa main dans ses cheveux puis sur son visage, son cou, ses épaules, ses bras, ses pectoraux toujours légèrement douloureux et gonflés et s'arrêta au niveau du nombril. Il senti sa main commencer à trembler quand elle descendit plus bas sur son ventre, frôlant ces abdominaux raides, suivant la ligne de fin duvet brun, arrivant à la naissance des poils pubiens, sa main continua encore frôlant son ... Un sanglot le prit à la gorge et il releva violemment la tête, les mâchoires crispées, l'autre poing serré laissant les ongles mordre sa chair.

Il n'aimait plus cette sensation, ne la supportait plus ! Se toucher là, réveiller ce besoin, et ce besoin lui rappeler ce jour* ! Il n'aurait jamais cru qu'il serait horrifié d'un geste aussi simple et naturel et pourtant, il paniquait. Il se fit aussi rapide que possible, essayant de laisser un simple contact fantôme. Il respira de nouveau quand il frotta le gel douche sur ses cuisses et ses jambes mais il savait qu'il lui restait encore la nuque et ses fesses. Il se mordit fortement la joue, le sang contre sa langue, sa main passant rapidement derrière ses épaules et sur les muscles glutéaux, glissant hâtivement à la naissance du sillon de ses fesses. Il n'alla pas plus loin, il ne pouvait pas et laissa simplement le savon s'écouler. Il coupa sa respiration, apeuré, quand le gel douche coula presque avec nonchalance, suivant le creux de ses muscles fessiers. Tremblant, il enclencha violemment l'eau brûlante. Il voulait avoir mal. La souffrance lui permettait d'oublier ces sensations et ce corps.

Il resta un certain temps sous l'eau bouillante, plusieurs vingtaines de minutes, pour qu'elle finisse par devenir tiède. Il la coupa et sorti de la douche. Il prit son peignoir beige accroché à un clou. Il frotta énergiquement le tissu rugueux contre sa peau rendue sensible et douloureuse par la chaleur. Il ne s'en formalisa pas et se hâta de se sécher un minimum pour mettre son pyjama. Il fronça ces sourcils par sa soudaine envie pressante.

Il alla aux toilettes et releva soudain la tête pour ne rien voir, écœuré de se regarder ainsi. Les lèvres pincées, il soupira dépité par son comportement idiot. Il n'arrivait même plus à être normal. Le voilà qui s'angoissait pour aller uriner ! Il ne devrait pas être répugné de juste se tenir pour accomplir un acte aussi naturel que de se vider ! Il espéra que ce brusque dégoût partirait rapidement, qu'il puisse au moins pisser en paix ! Il dût attendre de longues secondes agaçantes, avant de pouvoir enfin uriner, il tira la chasse, se lava les main et enfila ses vêtements toujours échoués au sol.

Il replaça son peignoir et ouvrit la fenêtre de la salle de bain pour laisser la vapeur être remplacée par l'air frais de l'après-midi. Stiles se dirigea vers les escaliers mais s'arrêta et fronça les sourcils en entendant des voix.

- Comment va-t-il ? Demanda la voix douce et familière de Mélissa.

- Pas au meilleur de sa forme. Soupira son père :Il a beaucoup transpiré pendant son sommeil et à son réveil il était paniqué, il hurlait et m'a frappé assez durement. Il a aussi vomi de la bile.

- Je vois. Ce sont des réactions typiques de stress post-traumatique. Il faut le surveiller de près, ça ira avec le temps. A-t-il parlé de ce qui est arrivé pendant ces trois jours ?

- Non, je n'ai pas osé amener le sujet. Est-ce que… Son père se tut un instant hésitant : Est-ce que Deaton, Scott et les autres ont trouvé une solution ?

Stiles entendit le parquet craquer, il supposa que Mélissa se rapprochait de son père.

- Non, pas encore mais ne t'en fais pas, ils vont trouver.

- Je ne le supporterais pas… Souffla d'une voix étranglée son père : Si je le perds, Mélissa, je ne sais pas ce que je deviendrais.

- Je sais… On va trouver un moyen de sauver ton fils et Stiles est fort ! Il est courageux, il va surmonter ça. C'est un battant !

- Ouais, c'est un brave gamin. Courageux comme sa mère.

Stiles sentit un rire hystérique naître dans sa gorge. Il se retint difficilement et retourna un instant dans sa chambre pour reprendre le contrôle de ses émotions. Il se laissa chuter sur son matelas et passa ses mains lasses sur son visage. Ça ne va pas ! Pas du tout ! Ils pensaient qu'il été assez fort pour se battre contre le Nogitsune mais ce n'était pas le cas. Il était bien trop faible, fatigué et détruit pour affronter une telle créature ! Merde ! Il n'avait pas réussi à arrêter un prédateur alors un démon ? C'était risible ! Cette situation était juste absurde ! Si c'était lui qui devait neutraliser le Nogitsune c'était peine perdue ! Il en était incapable ! Il était bien trop apathique ! Il soupira fortement et se laissa tomber sur le dos contre le matelas. Il regarda d'un air absent le plafond blanc de sa chambre.

Il ne savait même pas comment il devait se comporter avec Mélissa et les autres. Il leur avait fait du mal. Il avait blessé Scott, le poignardant et il avait foulé le poignet de Kira avant de lui fracasser la tête contre la table en métal, sans parler des bombes et des pièges tendus. Il était la cause de beaucoup de souffrance et le seul pardon qu'ils lui demandaient était de résister au Nogitsune. Il n'avait même pas réussi à prendre le dessus, c'était Deaton qui avait empoisonné le démon et il s'était réveillé grâce à lui et rien d'autre. Il souffla fortement, il ne voyait pas le bout du tunnel… Il n'arrivait pas à voir la fin et il commençait lentement à se résigner. Peut-être que c'était sa faute ? Peut-être que s'il n'était pas là en premier lieu… Il grimaça, il ne pouvait pas avoir une telle pensée ! C'était irrespectueux pour son père ! Il refusait de faire souffrir ceux qui l'aimaient ! Il ne devait pas continuer le cheminement de cette réflexion, c'était un chemin dangereux, très dangereux et Stiles savait qu'actuellement, il pourrait faire une grosse connerie ! Et il ne voulait vraiment pas envenimer la situation. Il se leva finalement et décida d'affronter Mélissa et sûrement les autres qui viendraient lui rendre visite ou vérifier que le Nogitsune n'avait pas repris le contrôle.

A l'instant où il descendit les escaliers les éclats de voix se turent, sûrement parlaient-il encore de lui.

- Stiles, Mélissa est là, elle veut t'ausculter. Lui dit son père qui venait de poser une assiette pleine d'une part de pizza.

- Bonjour, Stiles. Dit simplement Madame McCall.

- Bonjour, Mélissa. Salua-t-il poliment et maladroitement ne sachant pas comment se comporter avec la mère de celui qu'il avait empalé avec une épée : C'est ta définition de cuisiner, papa ? Demanda narquois Stiles en montrant d'un signe de tête la table.

- Oui, c'est un plat fait maison. Je l'ai sortie de son emballage et fait cuire la pizza. C'est ce qu'on appelle faire la cuisine, fiston. Allez, installes-toi et va remplir cet estomac vide. Lui dit son père autoritairement.

Stiles ne rechigna pas et prit le siège proposé. Mélissa lui fit un sourire rassurant et affectueux et prit la chaise à côté de la sienne. Il remarqua que son père et elle se jetèrent un regard entendu.

- Alors, Stiles, ton père m'a dit que tu avais eu un réveil agité. Comment te sens-tu ?

Stiles prit le verre d'eau et avala de grande goulée avant de le reposer sur la table. Il n'aimait pas spécialement parler de sa santé physique alors mentale ? Il fit un peu la moue et haussa les épaules nonchalamment, avant de répondre, d'un air détaché :

- Nauséeux et fatigué. Il prit la part de pizza et mordit dedans. Dieu ! Il était vraiment affamé en réalité.

- Je vois. Elle hocha la tête, et fronça légèrement ses sourcils : C'est normal je suppose. As-tu mal quelque part ?

Stiles se figea un instant hésitant. Pouvait-il lui parler de sa douleur au niveaux de ces pectoraux ? Il commençait à s'inquiéter surtout qu'ils n'étaient plus aussi fermes, comme étaient supposer être un muscle, mais gonflés et tendres. C'était vraiment bizarre ! Et il avait déjà assez d'inquiétude, sans que ce corps décide de jouer avec ses nerfs. Il lança un coup d'œil timide vers son père qui l'observait méticuleusement; non ! Il ne dirait rien, pas si son père était aux alentours. Il ne savait pas si c'était quelque chose de grave et si c'était le cas, il ne voulait pas en plus gérer son père affolé.

- Non, je n'ai pas encore eu de cornes, ni d'ailes bien classes qui ont poussé. Ricana Stiles.

- Dommage, j'aurais pu faire fortune. Répliqua son père amusé.

- Tu vendrais ton fils ? Quel père indigne ! Surtout qu'avec mes superbes ailes, je pourrais être utile ! Je pourrais devenir super Stiles le sauveur de l'ombre comme Batman ! Et Scott serait Robin pour une fois ! Babilla Stiles la bouche pleine et faisant de grands gestes avec ses bras.

Mélissa et Monsieur Stilinski se lancèrent un regard soulagé. L'adolescent n'avait plus été aussi énergique depuis des semaines.

- Tu m'as l'air d'aller plutôt bien. L'interrompit soudain Mélissa : Scott va passer avec Deaton, Lydia, Isaac et sûrement d'autres personnes. Ça ira où tu veux que je leurs demande de venir plus tard ?

Stiles se tut et avala la croûte de pizza. Il fronça ses sourcils, hésitant, se sentait-il capable d'être entouré par tant de personnes ? Ou ferait-il une crise d'angoisse ? Il avait appréhendé quand il avait comprit que Mélissa était là mais finalement, il arrivait à se comporter normalement. A son grand étonnement, il remarqua qu'il n'avait plus été comme ça depuis longtemps. Il avait vraiment pensé qu'il toucherait le fond quand il avait accepté ça. Mais peut-être que les savoir en danger, lui donnait une béquille suffisante pour supporter ça ? Ce n'était que temporaire, il le savait, néanmoins, il était trop désespéré pour refuser le moindre soutien. Et si savoir que ces amis étaient en danger lui permettait de survivre alors soit, il utiliserait cette bouée. Après tout, il avait sacrifié toute chance de le nier pour leurs sauver la vie.

- Oui, pas de problème. Dit-il d'un ton détaché et en haussant les épaules.

- Très bien, ce soir je vérifierais ton pouls et ta température. Elle se leva :Ils seront ravie de te voir. Ils étaient tous très inquiets.

Stiles se lécha les doigts et prit l'assiette avec la part de gâteau que lui tendit son père. Il fit un sourire gênée à Mélissa.

- J'ai fait beaucoup de mal. Ne put-il s'empêcher de dire. Il grimaça en sentant les regards lourds des adultes.

- Tu n'y es pour rien, Stiles. Personne ne te reproches quoique se soit. Le rassura Mélissa.

- Eh, fiston, ne culpabilises pas parce que tu as été possédé.

- Ouais. Souffla Stiles, retenant de justesse des excuses qui seraient inutiles. Il n'allait pas ramener les morts ou réparer sa lâcheté d'avoir laissé le Nogitsune prendre possession de lui.

- Il faut que je retourne au travail. A tout à l'heure Stiles, et surtout reposes toi. Dit-elle accompagné par son père à l'entrée. Il hocha la tête comme remerciement.

- Merci, Mélissa, pour tout. Dit son père accompagnant Madame McCall dehors : Je sais qu'avec le travail que tu as c'est compliqué.

- Allons, nous nous connaissons depuis longtemps ! C'est tout à fait normal ! S'il y a le moindre problème avec Stiles, appelles-moi.

- Très bien. Au revoir, Mélissa.

- A bientôt. Le salua-t-elle.

Monsieur Stilinski referma la porte avec un visage apaisé. Il se retourna et rejoignit son fils qui se gavait toujours de son gâteau au chocolat.

- Il est quatorze heures. Tes amis seront là dans une heure et demie, je suppose. Tu veux qu'on se regarde un film tous les deux ? Demanda-t-il en s'asseyant sur la chaise où était précédemment Mélissa.

Stiles leva la tête vers son père et lui fit un grand sourire qui laissa apparaître de petites fossettes.

- Oui, ça fait longtemps ! S'exclama-t-il enthousiaste.

Monsieur Stilinski sourit à son tour heureux de voir dans ces yeux ternes une once de légèreté. Ils avaient vraiment besoin tous les deux de se retrouver, de faire une soirée père et fils devant un bon film. Ils n'avaient plus eu le temps de passer un bon moment rien que tous les deux depuis presque deux mois. Et ça le désolait de ne remarquer que maintenant, à quel point ils s'étaient éloignés l'un de l'autre. Il voulait un peu se rattraper et il savait comment. Il se leva et se dirigea vers son manteau, il chercha dans une de ses poches internes et sortit un sac plastique. Il rejoignit Stiles qui l'observait, intrigué, depuis la salle à manger.

- Il y a quoi là-dedans ? Demanda intrigué l'adolescent avant d'enfourner le reste du gâteau.

- Un DVD que j'ai acheté ce matin. Sourit Monsieur Stilinski.

Quand Deaton avait ramené son fils à la maison, il avait immédiatement appelé Mélissa pour qu'elle puisse vérifier son état de santé. Il tournait en rond complètement mortifié, culpabilisant de n'avoir rien pu faire. Il était allé à la cuisine et c'était naturellement dirigé vers le mini bar. Il avait sorti une bouteille de whisky, ouvert la bouteille et versé un demi verre. Il avait regardé le liquide ambre avec un regard vitreux. Il savait qu'il brisait sa promesse faite à Stiles. Il le trahissait… Mais merde son fils avait disparu pendant presque trois putain de jours ! Il était actuellement en haut, allongé dans son lit, le teint blafard, le corps grandement amaigrit et merde ! Ça lui rappelait tellement Claudia ! Il était de nouveau dépassé par la situation, impuissant et ne pouvait qu'espérer qu'il s'en sorte. Son garçon avait été possédé ! Non, il était possédé ! Deaton n'était même pas sûr que Stiles serait lui-même à son réveil. Stiles avait vécu un véritable enfer pendant soixante douze heures, il avait assisté à son reflet tuant et torturant, blessant ceux qu'il aimait. Il pouvait être complètement détruit ! Il pouvait perdre son enfant ! Il pouvait être fou ! Et lui n'était pas sûr d'être assez fort, pour vivre une nouvelle fois avec un esprit malade. Il ne se pensait pas capable de traverser cette épreuve. Et cette attente ! Cette horrible et insupportable attente, le rendait malade !

Rageusement, il but cul-sec, il grimaça et se resservit un autre verre. Il en avait besoin ! Il en avait vraiment besoin, putain ! L'alcool coulant et brûlant sa trachée, lui permettait de ne pas craquer, pas tout de suite en tout cas. Le whisky l'aidait à garder son contrôle, à ne pas frapper quelqu'un, à ne pas fracasser des objets. Il réussissait à contenir son désespoir et sa rage, alors même si Stiles n'approuverait pas, il n'était pas là pour le sermonner. Il s'étrangla à son cinquième verre et toussa fortement mais ce fut rapidement remplacé par un discret sanglot. Il posa sa main sur son visage pour contenir ses larmes mais il était trop tard, l'alcool avait laissé éclater sa fureur en désarroi. Il posa violemment le verre et se laissa glisser contre le meuble. Il perdit toute maîtrise et il pleura, pleura, si fort qu'il ne remarqua pas la présence d'une autre personne. Il réagit à peine en sentant des bras l'enlacer tendrement, il ne rechigna pas à verser ses larmes contre la poitrine de Mélissa McCall, qui lui chuchotait des mots réconfortants. Il ne comprit pas, trop bouleversé mais écouta sa voix. Il se sentit un peu rassuré de ne pas être seul. Pour une fois, dans ce malheur il n'était plus seul et malgré le cauchemar qu'il vivait avec son fils, il eut un peu d'espoir. Il avait de l'aide et des personnes qui le soutenaient, si Stiles allait mal, il aurait quelqu'un au moins qui épancherait sa peine. Ils restèrent tous deux un long moment enlacés, ensemble.

Il s'était finalement reculé, embarrassé par ce lâché prise. Mélissa avait aperçu la bouteille à moitié vide mais n'avait rien dit, au contraire, elle s'était simplement servi un verre et but le tout d'une traite. Monsieur Stilinski avait souri, penaud et avait laissé Mélissa finir le whisky à sa place. Ils étaient restés dans un silence apaisant, chacun pensant à cette épouvantable semaine. Ils avaient discuté de banalité, essayant un court instant d'oublier ce qui s'était passé et Mélissa lui avait conseillé d'aller s'aérer la tête. Il n'avait pas voulu laisser son fils seul mais elle lui avait assuré qu'elle resterait le temps qu'il revienne. Il avait voulu refuser quand il se souvint qu'il n'avait rien pour passer une soirée père et fils. Dieu ! Il ne se rappelait plus quand il avait regardé un film avec Stiles. Mélissa lui avait suggéré d'aller en acheter un. Le magasin étant à dix minutes à pied, il n'aurait aucun besoin de prendre la voiture.

Il avait accepté et maintenant il était avec le DVD de la planète des singes : les origines. Il était persuadé que Stiles aimerait.

- C'est quoi le film ? Demanda l'adolescent qui le coupa de ses pensées. Il tendit le sac à Stiles qui l'ouvrit et observa méticuleusement le couvercle : La planète des singes, les origines ? Cool ! Il était super apparemment ! S'enthousiasma-t-il.

- Va poser tes fesses sur le canapé. Répondit le shérif.

Stiles se précipita dans le salon et commença à s'installer. Monsieur Stilinski alluma la télévision, le lecteur DVD et se pencha, ces genoux grincèrent alors bruyamment, et inséra le DVD puis rejoignit son fils qui s'exclama taquin :

- A ton âge, penses à mettre de l'huile sur tes articulations. Tu vas finir comme Robocop, à peine tu sera sorti de ta voiture que les voleurs seront déjà à des kilomètres.

- Et toi arrêtes de sortir en douce ou j'achète une laisse. Répliqua le shérif qui s'affala confortablement dans le sofa noir et appuya sur la télécommande pour mettre le film.

- L'idée est bien mais… Stiles tapa ses doigts sur son menton faisant mine de réfléchir : C'est des chaînes qu'il me faudrait. Bien résistantes parce que les dernières elles n'ont pas fait long feu avec Scott.

Le shérif haussa les sourcils, dépité, et d'un sourire narquois, il répondit :

- Je ne veux vraiment pas savoir pourquoi tu en aurais besoin et ce que tu en fais avec Scott.

Stiles fronça ses sourcils et resta ébaubi un instant, ne sachant que répondre, stupéfait par les mots de son père :

- Il n'y a rien à savoir… Il chercha ses mots quelques secondes :Parce que c'est juste… Il ne termina pas sa phrase et se concentra sur le film qui commençait : C'est des trucs de loups-garous et j'étais le Yoda de Scott ! Fini-t-il par dire, fier de lui.

- Son Yoda ? Demanda le shérif intrigué tournant la tête pour rencontrer les yeux de l'adolescent.

- Oui, son maître de comment contrôler sa transformation en loup-garou et j'ai fait du très bon boulot ! Il se tut un instant un grand sourire naissant sur ses lèvres quand il continua avec orgueil : Derek en était raide de jalousie !

- Vraiment ? Demanda Monsieur Stilinski curieux, il savait que son fils et Scott s'était lié d'amitié avec Derek Hale, ce jeune homme de vingt-et-un ans mais ils n'avaient jamais parlé de ce qu'il s'était passé à sa fin de seconde.

- Ouais, pour sûr ! Il est très mauvais comme professeur et Alpha aussi, accessoirement. Répondit Stiles enthousiaste.

Il était heureux de savoir que dans un domaine au moins, il pouvait surpasser Grincheux. Bien sûr, il n'a jamais été un Alpha mais Derek avait été très mauvais et il ne fallait pas être un génie pour l'avoir compris à l'époque. Derek étant juste, trop Derek, il n'était pas vraiment doué pour guider et encore moins des adolescents.

- Tu ne m'en avais jamais parlé. Constata soudain le shérif un peu attristé.

- Ouais… Eh bien, je n'ai pas eu l'occasion et tu ne le savais pas à ce moment-là. Tenta d'expliquer Stiles pour ne pas que son père commence à se vexer de ne pas savoir.

- Alors comme ça, mon fils est le Yoda chez les loups-garous. Résuma Monsieur Stilinski un sourire discret apparaissant sur ses lèvres. Il n'allait pas lui dire qu'il était fier de lui pour être entouré de loups-garous, ça ne ferait que le conforter dans sa bêtise mais, bon sang il était tellement fier de son garçon !

- Le Yoda du vrai Alpha ! Précisa Stiles : Derek fait son grincheux mais il vient quand même me voir pour l'aider dans des enquêtes. L'adolescent se pinça les lèvres, il ne pouvait pas s'empêcher d'apprécier que cet imbécile de Monsieur-Associal-Grognon-Derek-Hale* ait besoin de lui pour l'aider à résoudre des cas.

- Tu es le Yoda et le détective privé. Donc si je comprends bien, tu passes tout ton temps à chercher des affaires surnaturels en écoutant en douce mes appels, soit dit en passant, et les résoudre, en faisant ton Charles Xavier avec des loups-garous plutôt que de travailler en cours ? Il comprenait mieux les notes légèrement en baisse et les contrôles hors sujet que certains professeurs lui avaient signalé depuis la fin de seconde. Son fils allait le rendre chèvre !

- Ça ressemble à un reproche… Bougonna Stiles.

- Bien sur que s'en est un, Stiles ! Les cours sont plus importants, c'est ton avenir.

- Je sauve des vies, c'est pas rien ! Se justifia Stiles.

- Je n'ai pas dit le contraire, mais avoir de bonnes notes te permettras d'aller dans une bonne université et faire un métier qui te plais. Le shérif avait toujours cette angoisse de voir son enfant finir comme son père ou son frère. Ce n'était certes pas la même époque mais le chômage aux États-Unis continuait de monter et il refusait que son enfant fasse un métier qu'il n'aimerait pas.

- Je sais mais considères cette activité extra scolaire comme une formation pour ma vie professionnelle. Essaya de le rassurer Stiles, connaissant par cœur la chanson du travail-bien-ait-de-bonnes-notes-pour-avoir-un-bon-avenir.

- Pourquoi le passe-temps favori de mon fils c'est jouer à Ghost Busters mais version créatures surnaturelles en tous genre ? Soupira dépité le Shérif, il aurait vraiment aimé que juste après les cours, il puisse emmener son garçon au match de La Crosse. Ah que cette époque lui manquait.

- Je dirais Batman, je suis humain, comme lui en plus ! Et Scott pourrait être Robin, j'en ai marre de jouer ce rôle ! Derek lui, se serait Superman avec le costume, il ne pourra plus jouer les durs ! Ricana Stiles en s'imaginant Grincheux en Clark Kent : Avec son justaucorps, ses collants et ses bottes, moulant, il n'aura plus de crédibilité dans le rôle de Garou-Grincheux ! Gloussa l'adolescent se sentant heureux de parler avec son père.

- Bon et si on se regardait ce film. Le coupa le shérif qui ne comprenait plus rien de ce que racontait son enfant.

- Ouais ! S'exclama l'adolescent joyeux se concentrant de nouveau pour suivre le film.

Stiles sentit soudain son envie d'uriner mais l'ignora. Les minutes défilèrent et il se mordit fortement l'intérieur de la joue. Il grimaça au goût métallique du sang, il venait de rouvrir sa plaie qu'il s'était faite sous la douche. Il soupira bruyamment dépité, et céda. Son père tourna la tête dans sa direction et demanda soucieux :

- Ça va, fiston ?

Stiles hocha la tête et souffla plus fortement en se levant :

- Ouais, je vais aux toilettes, mets sur pause, s'il-te-plaît.

Monsieur Stilinski se pencha et attrapa la télécommande. Il attendit quelques minutes que son fils revienne au salon. Il fronça les sourcils, en apercevant l'air soudain maussade qu'arborait le visage de Stiles en revenant des toilettes. Il hésita à lui demander si tout allait bien, peut-être était-il malade ? Il concéda après mure réflexion de garder son inquiétude pour lui. Il n'avait sûrement pas envie que son père agisse comme une mère poule. Et le shérif c'était promis de ne pas embêter son enfant avec ce qui s'était passé, s'il était muet, c'est qu'il ne voulait pas en parler et de toute manière, ça l'arrangeait. Il ne voulait pas savoir ce qu'avait bien pu vivre Stiles pendant ces trois jours. Il appuya sur le bouton lecture et le film reprit son cours.

- Pauvre voiture. Grimaça Stiles : Les vieux ne devraient jamais prendre le volant.

- C'est tout ce qui t'interpelle ? L'état de la voiture ? Ça laisse rêveur pour mon avenir. Ricana le shérif.

- Tu imagines combien de chatterton il faudrait que j'utilise pour réparer la jeep, si c'était elle qui subissait les dégâts ?! Elle ne pourrait sûrement même plus démarrer ! Je serais dégoûté si ma jeep se faisait exploser le pare-chocs, petit vieux ou non, la voiture c'est sacré ! Répliqua Stiles outré pour le propriétaire qui venait de voir son véhicule se faire massacrer par le vieillard.

- C'est bien ce que je dis, vaux mieux pas que je compte sur toi, alors.

- Ne t'en fais pas, papa, tu iras en maison de retraite si j'ai assez, sinon je te laisserais le placard, avec l'Alzheimer la pièce deviendra très grande. Répondit Stiles d'un grand sourire.

- Sale morveux. Marmonna faussement vexé le shérif pour la forme.

La suite du film se fit dans une ambiance bon enfant. Ils ne remarquèrent le temps passé qu'à la sonnerie qui les sortit tous les deux du combat épique entre les singes et les hommes.

Stiles se redressa et suivit du regard, son père quitter la pièce. Il grimaça légèrement en entendant plusieurs voix. Il prit la télécommande et mit sur pause, ils finiraient leur film plus tard, du moins il espérait mais il avait la désagréable intuition que ça n'arriverait pas de si tôt. Il soupira fortement, résigné mais se força à sourire, il avait été d'assez bonne humeur toute la journée. Il avait réussi à se calmer et à ne pas réfléchir ni penser à ça, il devait garder cet état d'esprit pour le moment. Il savait qu'être avec son père et quelques minutes avec Mélissa était très différent quand il deviendrait bientôt le centre d'attention de tout le monde. Échanger brièvement avec Madame McCall sans qu'il ne fasse une crise d'angoisse, et discuter en taquinant son père toute la journée, ne signifiait en rien qu'il serait apte à faire face à autant de monde. Cependant, il n'aurait pas pu refuser sans inquiéter son entourage et aussi lui-même. Il voulait se prouver qu'il était encore capable d'être lui, savoir l'avait libéré de sa réalité illusoire et il ne se sentait plus noyé dans son esprit. Il connaissait maintenant la raison de ses peurs, de son agonie, il savait pourquoi ce cauchemar lui faisait si mal et il vivait maintenant avec ça, c'était devenu son passé.

Il souffrait, il se rappelait de ce qu'il avait vécu après ça, de comment il avait été. Cet état d'hébétude où il ne savait plus qui il était, comment respirer, ni s'il était vivant. Il se sentait à présent vide, indifférent à lui-même mais surtout avec un corps qui ne lui appartenait plus, qui avait échappé à son contrôle. Si son père, Scott et les autres n'étaient pas en danger, il ne se serait jamais réveillé. Il aurait préféré le néant à un être conscient mais anéantit. Il ne surmonterait jamais ça, il ferait mieux d'essayer de ne pas réfléchir sur qui il était maintenant. Il devait essayer de s'ignorer le plus longtemps possible. Peut-être qu'en survivant ainsi, en se laissant manœuvrer guider, il réussirait à ne plus devenir un poids mort... Un problème à réparer. Il ne souhaitait plus inquiéter quelqu'un à son propos, il souhaitait qu'ils l'oublient, autant que lui s'était enterré. Le Nogitsune n'avait pas eu tord, Stiles Stilinski était la cause de cette situation désastreuse. Il était faible, eh bien, ce n'était pas nouveau, il s'était fait ridiculement tabassé par un petit vieux mais là, il avait vraiment touché le fond. Sa chute était si profonde dans ce gouffre qui lui paraissait impossible d'en sortir. Et il se sentait si seul, si différent, si anormal... Avait-il même été normal ? Non, bien sur que non, il était un hyperactif, un orphelin, un enfant exclu et maintenant... Il était ça. Il se définissait par ça. Il n'avait plus rien à attendre de quoique soit et c'était sûrement préférable.

Il secoua sa tête et désabusé, passa ses mains sur son visage poussant un fort soupir exténué. N'y pense pas, n'y pense pas, surtout ne pas réfléchir à ça, ne pas songer à ça ! Concentres-toi sur la situation actuelle, focalises-toi uniquement sur le démon et rien d'autre !

Il se leva quand le parquet commença à craquer de plus en plus fort, et se dirigea vers les nouveaux arrivants. Il s'arrêta en croisant les yeux bruns et larmoyants de Scott qui l'observa de la tête aux pieds avant de se jeter sur lui et de l'enserrer dans une étreinte fraternel. Stiles grinça des dents, mal à l'aise par rapport aux bras puissants écrasant son dos. Il répondit malgré tout à l'embrassade et remarqua derrière son meilleur ami, Lydia, Allison et les jumeaux... Super ! Le voilà entouré par toute la cavalerie. Scott se sépara de lui, mais garda ses mains posées sur ses épaules.

- Hey, mec comment te sens-tu ?

- Super ! Comme si je revenais d'une petite visite guidée de l'enfer, accompagné par le joker. C'était très instructif, d'ailleurs j'ai rencontré Lex Luthor, Magneto… Il fit mine de réfléchir : Oh et Catwoman ! Ouais, rien que ça ! Répondit sarcastiquement Stiles en s'éloignant de son meilleur ami qui le regardait d'un air ébahit.

- Question stupide réponse idiote, Scott. Soupira affligé Lydia qui dépassa le vrai Alpha en roulant des yeux et fit un sourire prudent : Salut, Stiles, tu as l'air d'un vrai zombi. Constata-t-elle avant d'ouvrir son sac à main et de lui tendre une pochette plastique assez épaisse : Ce sont tous les cours que tu as manqué, si tu ne comprends pas, dis le nous. Expliqua-t-elle à ses sourcils arqués.

Stiles hocha la tête en remerciement et prit le dossier. Il se dirigea vers le salon où il fut suivit par les invités.

- Salut, c'est vraiment sympa de te revoir. Dit Allison d'un sourire timide, arrivant au salon.

- Salut, Lydia, Allison. Il se tut un instant puis se pinça les lèvres, irrité de voir les jumeaux ici. Il ne les appréciait toujours pas et surtout ne leurs faisaient aucunement confiance mais dans sa situation, il ne pouvait même pas se fier à lui-même… Alors il était très mal placé pour les jugerIl les salua finalement : Aiden, Ethan, vous faites parti de la meute maintenant ? Pas trop dur le changement de régime ? Devenir des Garous-Végans a dû être horrible pour vous, les mecs. Ironisa Stiles pour alléger le malaise causé par la maladresse de ses amis.

- Hey, remercie Scott pour ça. On hésitait à te trancher la gorge. Répondit Aiden d'un air moqueur en se mettant à côté de Lydia. Il ignora les regards noirs de la Banshee, la chasseuse, et de son Alpha.

- Mais on est soulagé de voir que tu n'es plus le Nogitsune. Répliqua immédiatement Ethan, essayant sûrement de ne pas provoquer de conflit interne entre son frère et la meute.

- Ouais, moi aussi... Stiles se tut, cherchant ses mots, des excuses sonnant tellement creuses comparé à ce qu'il avait fait :Je suis désolé pour tout ce que je vous ai fait.

- Tu as tout vu, Stiles ?! S'alarma Scott qui avait espéré le contraire, il ne pouvait pas imaginer la culpabilité que devait ressentir son meilleur ami à l'heure actuelle. Il n'avait aucune idée de quoi faire pour le réconforter : Tu n'as pas à t'en vouloir. Je sais que tu ne voulais faire de mal à personne. Dit il finalement.

- Scott à raison, tu n'y es pour rien Stiles, tu n'as pas à présenter tes excuses. On sait tous que si tu avais pu l'arrêter, tu l'aurais fait. Lui répondit Allison en souriant sincèrement, ses sourcils légèrement froncés montrant sa préoccupation à son égard.

- Bien et maintenant que tu es de nouveau parmi nous, on va empêcher ce Nogitsune de nuire de nouveau. Répliqua Lydia d'une voix pleine d'assurance et d'un sourire suffisant.

Stiles se pinça les lèvres et déglutit, se sentant horrible. Ils essayaient de le réconforter mais ce qu'ils venaient de lui dire n'arrangeait absolument pas son désarroi, au contraire. Ils ne savaient rien et ils pensaient tous naïvement que s'il avait pu avoir un instant le dessus sur le Nogitsune il l'aurait empêché de blesser. C'était immonde, il était immonde, il avait trahi ses amis. Il avait été un lâche… Il entendit soudainement au loin l'effrayant écho de la voix inhumainement grave du Nogitsune : « s'il savait que c'était ta faute, Stiles, que tout est entièrement ta faute ». Il voulait avoir mal… Faire mal. Frapper. Fracasser quelque chose et le voir se briser, s'émietter comme il l'était. Il serra ses poings et se mordit férocement l'intérieur de la joue. S'il avait été seul, il aurait sûrement abattu ses poings contre un mur. Cogné, jusqu'à n'être que fatigue et douleur mais, voilà, il n'était pas seul. Il était entouré de loups-garous qui pouvaient très probablement écouter, en ce moment même, les battements effarés de son cœur et flairer son agonie.

Les regards lourds de non-dit sur lui, le ramena brusquement à la réalité. Il écouta vaguement son père s'attabler dans la cuisine, préparant très certainement des boissons et voulant le laisser seul avec ses amis. Il reprit assez rapidement son sang-froid. Il se lécha les lèvres et demanda finalement, coupant quelques secondes de silence pesant qui régnait après la phrase de Lydia :

- Alors vous avez trouvé quoi sur le Nogitsune ? Je ne sais que ce que vous lui aviez dit quand il me possédait. Il fronça ses sourcils par le soudain malaise glacial dans la pièce. Était-ce si mauvais que ça ? S'interrogea Stiles.

Il allait demander mais il fut coupé par Scott qui jetait des coups d'œil d'avertissement au groupe, sûrement leurs rappelaient-ils des directives qu'il leurs avait demandé avant qu'ils ne viennent chez Stiles :

- Le mieux c'est d'attendre Derek, Deaton et Monsieur Argent, ils arrivent dans pas longtemps.

- Ok… Répondit perplexe Stiles, Derek serait là ? Il ne savait pas si cet enfoiré de Grincheux daignait venir pour s'enquérir de sa santé ou venait uniquement pour voir si le Nogitsune était endormi, dans les deux cas ça le mettait en colère. Pourquoi ? Il n'en avait foutrement aucune idée.Il continua cependant : Mais vu vos têtes d'enterrements… C'est si mauvais que ça ?

Personne n'osa répondre à Stiles et pendant quelques secondes, tous détournèrent leurs yeux de lui. Il allait insister une nouvelle fois mais il fut coupé par le soupir agacé d'impatience et de frustration d'Aiden :

- Oui, c'est mauvais. Mais ce qui est le plus étrange, c'est pourquoi le Nogitsune t'aurais choisi ? Tu n'es qu'un humain sans défense… Et pourquoi il est aussi agressif ? Il fronça les sourcils en entendant les soupirs désabusés qu'il reçut. Il ne voyait pas pourquoi il devait cacher quoique ce soit à Stiles, il avait tué, torturé et blessé, il n'était plus à ça près : Ben quoi ? Demanda-t-il ne voyant pas quel était le problème.

- Tu es juste un idiot. Souffla Lydia en roulant des yeux d'un air hautain.

Stiles ne fut jamais aussi heureux d'avoir Aiden dans le groupe. Pour une fois son manque de tact et son impulsivité lui était utile. Il fronça les sourcils cependant en comprenant ces mots. C'est vrai qu'il ne s'était pas vraiment demandé pourquoi c'était lui et non Scott, qui était un vrai Alpha, ou Allison qui était une chasseuse et possédait plus de connaissances que lui dans le domaine du surnaturel. Il n'était qu'un humain tout ce qu'il y avait de plus normal, alors pourquoi lui ? Était-ce son passé qui l'avait attiré ? Il ne l'avait pas choisi uniquement à cause de ça, quand même ? Si ? Il savait qu'il se nourrissait de sa douleur mais tout de même, il ne l'aurait pas possédé juste pour cette raison. Il haussa les sourcils à la deuxièmes question :

- Quoi ? Comment ça : « Pourquoi il était aussi agressif ? ».

- Il a terrassé des Onis. Et un Nogitsune emprisonné depuis des décennies ne devraient pas avoir un tel comportement, pas quand son hôte est en plus humain. Bonjour Stiles, heureux de te revoir. Lui répondit une voix masculine venant de l'entrée, accompagnée de trois autres silhouettes.

- Bonjour Deaton, Monsieur Argent… Il eut pour réponse un hochement de tête et une salutation polie. Il fit une pause quand ses yeux rencontrèrent ceux de Derek, froids. Il pinça ses lèvres, embarrassé et agacé par cette fureur qui enserrait son estomac. Pourquoi était-il même en colère contre lui ? Stiles remarqua alors son père entrer dans le salon avec eux :Derek… Donc ce Nogitsune est enragé ? Il soupira. Il ne manquerait plus que le démon le possédant ait la rage.

- Je ne dirais pas qu'il est enragé mais plutôt sûr de lui. Ce qui est plus préoccupant. Continua Deaton.

- Attendez, je ne vois pas en quoi ça nous aiderait de savoir ça pour aider mon fils. Dit son père les sourcils froncés et distribuant des bières aux nouveaux arrivants.

- Pour pouvoir réussir à piéger le Nogitsune, il nous faut connaître son objectif. Sinon, impossible de pouvoir le chasser correctement et cela pourrait finir par devenir dangereux pour Stiles. Expliqua Monsieur Argent en acceptant la boisson alcoolisée.

- Très bien, alors que savons-nous sur ce Nogitsune ? Demanda Monsieur Stilinski.

- Eh bien, d'après Derek le Nogitsune aurait pris possession de Stiles quand Kira s'est faite électrocuter par Barrow, répondit Scott.

- Se serait le plus logique. Le Nogitsune aurait utilisé le feu du renard de Kira pour amplifier ses capacités, prenant le contrôle. Affirma Derek les sourcils froncés.

Stiles grimaça et regarda le sol. Il savait que ce n'était pas le cas. Barrow avait seulement permis au démon de pouvoir communiquer directement avec lui mais certainement pas de le posséder. Il ne voulait pas leur dire depuis quand il savait que le Nogitsune était en lui. Cela les feraient sûrement avoir des questions qui deviendraient trop intrusives et Stiles n'était pas près du tout à parler de quoique ce soit qui s'en approche. Il n'était pas stupide, c'était facile de deviner le début de sa possession, dés que son ombre avait essayé de le prévenir et cela datait de ça. Il ne pouvait cependant pas leur mentir, s'ils l'interrogeaient, ils entendraient que ce n'était pas la vérité et là ils se poseraient des questions… Merde ! Il fallait qu'il soit prudent :

- Non. Je crois que c'était bien avant. Avoua-t-il d'une voix rauque par l'angoisse. Il releva la tête et déglutit, honteux par les regards, sévères ou stupéfaits, sur lui.

- Quoi ? Cria son père d'une voix étranglé. Il s'approcha de lui et posa autoritairement ses mains sur ses épaules : Que viens-tu de dire ?

Stiles se pinça les lèvres et réfléchit rapidement à ce qu'il pouvait révéler sans que les battements de son cœur ne le trahisse :

- Il était là quand on a sauvé Malia.

- Alors tes problèmes d'hallucinations, de lecture, tes symptômes, sont causés par le Nogi-chose ? Les interrogea le Shérif avec espoir, quelques secondes passèrent dans un silence pesant.

- Je ne sais pas. Répondit finalement Deaton : Le Nogitsune est un esprit malin qui se nourrit du chaos et celui-ci est particulièrement présomptueux.

- Je vois. Dit Monsieur Stilinski d'une voix blanche, lâchant son fils. Il avait espéré que son enfant n'avait peut-être jamais été malade. Il avait pris rendez-vous avec un spécialiste à Los Angeles pour en savoir plus sur cette déviance, il ne laisserait pas son garçon finir comme sa mère. Jamais.

- Stiles as-tu communiqué avec le Nogitsune ? Sais-tu ce qu'il pourrait vouloir ? L'interrogea Monsieur Argent.

L'adolescent serra les mâchoires et se concentra sur les quelques fois où il s'était confronté à lui. Il ne se rappelait pas vraiment du Nogitsune lui révélant quoique ce soit… La seule chose qu'il savait, c'était que cette femme l'avait mis en colère :

- Il y avait une femme, japonaise, je crois, qui l'a menacé. Il est devenu furieux.

- Se doit être la mère de Kira. Expliqua Scott.

- A-t-elle appris quelque chose depuis l'hôpital ? Demanda Derek à l'attention de l'Alpha.

- Elle n'a pas encore parlé avec sa mère. Répondit Scott embarrassé.

- On a besoin de ses informations. Insista l'Oméga.

- Je sais Derek, elle va se renseigner, laisse lui un peu de temps.

- Très bien... Stiles, est-ce qu'il y a autre chose qui pourrait nous aider ? Les coupa Monsieur Argent : Un indice nous expliquant, pourquoi a-t-il ce comportement ?

- Tu penses qu'il y a autre chose, papa ? L'interrogea intrigué Allison.

- J'en suis presque sûr. Affirma le chasseur en regardant sa fille : Je sais que quand une créature surnaturelle est aussi confiante au point de s'en prendre à des Loups-Garous, Chasseurs et Kitsune, cela signifie qu'il sait parfaitement que la balance des puissances est en sa faveur.

- Mais un Nogitsune n'est-il pas censé être très dangereux ? Demanda Lydia.

- Oui sauf que celui-ci s'est retrouvé enfermé pendant des décennies, peut-être même des siècles, dans tous les cas, il devrait être affaibli. Expliqua Monsieur Argent qui retourna reporta son attention sur l'adolescent Stilinski.

- Je ne crois pas. Répondit enfin peureusement Stiles à la question du chasseur. Il n'était pas persuadé que sa douleur avait pu le rendre aussi fort. Il ne pouvait pas devenir aussi destructeur à cause de ça ! Se serait trop injuste ! Trop cruel ! S'il l'avait choisi pour ça… Il devrait leur dire ? Non, pas question !

- Stiles ? L'appela Derek en cherchant à rencontrer ses yeux :Que sais-tu ? Demanda-t-il d'un ton sévère.

Il sait ? Se demanda immédiatement l'adolescent paniqué. Non, bien sûr que non ! Les loups-garous ne lisent pas dans les pensées ! Derek a compris cependant qu'il déformait la vérité. Il se pinça les lèvres et joua nerveusement avec ses doigts. Il n'allait pas leurs révéler quoique ce soit qui serait en rapport avec ça… En revanche, maintenant qu'il y réfléchissait, il se souvenait qu'il utilisait le pronom personnel « nous », peut-être que cela expliquerait le comportement du Nogitsune ? Et s'il n'était pas le seul démon ? La biche blanche l'était aussi ? Non, cela ne collait pas. Elle l'avait aidé et l'avait guidé, elle avait sûrement été une autre forme de son autre-lui. Peut-être même, avait-elle été son ombre ? Cela expliquerait ses agissements. Il était évident que le renard ne parlait pas non plus de lui. Il lui avait dit le jour où il avait disparu et fut retrouvé dans la tanière de Malia Tate.

Mais alors, si le Nogitsune utilisait le pronom « nous », mais que cela ne s'adressait ni à la biche blanche, ni à lui-même, de qui parlait-il, donc ?

- Il …. Stiles se pinça les lèvres, cherchant ses mots ne sachant pas comment l'expliquer correctement :Quand il m'a parlé. Il disait « nous ».

- Il parlait sûrement de toi. Commenta Derek.

- Non, j'en suis persuadé. Le contredit l'adolescent en entendant des exclamations horrifiées à la fin de sa phrase.

- Stiles ? L'appela Scott d'une voix tremblante : Tu es en train de nous dire qu'il y a un autre Nogitsune ?

L'adolescent allait répondre mais il fut coupé par l'intervention soudaine de Ethan :

- Les Nogitsune sont comme les loups-garous ? Ils sont peut-être plus fort en meute.

- Putain ! Soupira Aiden agacé :Comme si un de ses monstres ne suffisaient pas…

- C'est possible ? Demanda Derek à Deaton et Monsieur Argent. Il ne connaissait pas grand-chose sur ces créatures mais il était surprenant qu'elles interagissent en groupe. Il n'avait jamais entendu de cas comme celui-ci, auparavant.

- Très peu probable. Répondit Monsieur Argent en fronçant les sourcils : Stiles, as-tu vu cet autre Nogitsune ?

- Non, il a juste mentionné qu'il y en avait un autre. Ou plutôt qu'il n'était pas seul. Précisa Stiles puis marmonna : Il ne m'a pas fait de grands discours comme les méchants dans les Marvel.

- Quand penses-tu ? Je n'ai jamais entendu de cas similaire. Dit Monsieur Argent interrogeant Deaton.

- Non, c'est très étrange… Je ne savais même pas qu'il était possible que deux Nogitsune interagissent ensembles. Se sont des renards après tous, des créatures solitaires. Répondit le vétérinaire : Mais cela expliquerait son comportement.

- Pourquoi avons-nous rencontré qu'un seul d'entre eux ? Demanda Aiden voulant comprendre quelque chose : S'ils sont deux, on aurait dû se battre contre deux Nogitsune et non un.

- Peut-être se cache-t-il ? Dit Ethan essayant de trouver une explication valable.

- Pourquoi ? Ils sont puissants, assez pour affronter une meute. Réfuta son jumeau.

- Aiden a raison, ce n'est pas logique. Les coupa Scott : Stiles, tu penses que c'était un Nogitsune dont il parlait ?

- Je ne sais pas, il ne m'a rien dit sur qui était son grand copain du crime… Répondit Stiles défait. Il aurait voulu être d'une plus grande aide. Il n'avait pas fait de recherches sur cette créature et il était dans le flou le plus total… Ce qu'il détestait de ne pas pouvoir participer à cette conversation !

- A quoi tu penses, Scott ? Le questionna Derek.

- Eh bien, le Nogitsune a utilisé Barrow non ? Donc peut-être qu'il utilise quelqu'un d'autre ? Après tout, il s'est nourri des pouvoirs de Kira, qui nous dit qu'il ne fait pas de même avec une autre créature surnaturelle ? Répondit l'Alpha.

- Le Néméton ? Le Nogitsune pourrait puiser dans le Néméton ? Intervenu Lydia.

Stiles aurait pu y penser mais quelque chose, il ne savait quoi, lui disait que le Néméton n'était pas ce qui donnait la force au renard. Pourtant en y réfléchissant bien, il serait intelligent de supposer que cet arbre ancestral était une partie de sa source de pouvoir mais une intuition lui murmurait que ce n'était pas cela. Il ne savait pas, il ne comprenait pas les agissements du renard. Il y avait trop de mystère qui entourait cette affaire. Il sentit le regard de Lydia qui attendait sûrement qu'il affirme ou non sa théorie. Il hocha la tête, après tout, c'était la seule piste crédible qu'ils avaient :

- Oui, ça pourrait. J'ai rêvé du Néméton et le Nogitsune était souvent dans le décor.

- Pourquoi pas. Dit Monsieur Argent maisil resta sceptique: Je vais passer quelques coups de fils et vous tiendrez au courant. Allison, rentrons, tu as école demain. Bonne soirée. Finit-il en les saluant et commençant à quitter la pièce.

- Je vais également continuer mes recherches pour savoir comment vaincre le Nogitsune. Ne vous en faites pas Monsieur Stilinski, Stiles, nous allons trouver une solution. Les rassura Deaton avant de suivre Monsieur Argent. Au revoir et passez une bonne soirée.

- Au revoir, Monsieur Stilinski. Dit Allison puis elle s'approcha de Stiles : Reposes-toi et laisses nous t'aider pour une fois. Elle emboîta alors les pas de son père et fit un signe de la main à Lydia et Scott.

Le shérif quitta également la pièce pour les accompagner dehors.

- Il commence à se faire tard. Constata Derek en apercevant le crépuscule. Stiles a besoin de repos et vous aussi. On continuera une autre fois. Il fit un signe de tête pour dire au revoir et rejoignit le reste des adultes à l'extérieur, qui discutaient encore.

- Ouais, pas faux. Salut, on se voit à l'école. Dit Ethan qui lança un coup d'œil à Aiden.

Son frère acquiesça et s'adressa à la Banshee :

- Ouais, Lydia viens, je te raccompagne. Salut, Scott, Stiles.

- Salut, Scott. Salut, Stiles. Dit elle avant de suivre les jumeaux.

Stiles ne fit qu'un signe de tête à chaque personne qui quittait la pièce. Il était fatigué certes, mais il voulait surtout faire ses propres recherches. Il voulait comprendre, trop de questions subsistaient sans réponses.

- Ma mère t'a dit quand elle viendrait te voir ? Demanda Scott, le seul encore présent.

- Après son travail. Répondit Stiles.

- Ok… L'Alpha resta un instant silencieux puis l'interrogea de nouveau. Il n'avait pas eu de réponse sincère : Ça va ?

- Non… Mon père pense que je suis malade… Je suis possédé par un Nogitsune rebelle… Je me suis vu te poignarder et tuer des dizaines de personnes… Merde ! Scott… Je … Il hésita, c'était étrange de parler de ce qu'il ressentait à quelqu'un mais il en avait vraiment besoin : Je suis tellement crevé. Souffla-t-il d'une petite voix.

Oui, cette phrase résumait parfaitement à quel point il se sentait exténué, éreinté.

Tout son être, épuisé.


Astérisques :

Bruce Reimer* : Histoire véridique. Un enfant qui a subi une ré-attribution sexuelle à ses 8 mois suite à une circoncision ratée, eut une ablation du pénis. Ses parents ont alors, sous les conseils de John Money, élevé leur fils comme une fille en le rebaptisant Brenda. Malheureusement, il n'a jamais supporté de vivre en tant que fille et a fini par se suicider.

Pourquoi j'utilise cette sombre histoire comme référence ?

Eh bien, je voulais d'abord faire un rappel de l'importance qu'a l'identité sexuel sur une personne. Montrer à quel point le traumatisme peut-être immense quand on enlève une structure aussi fondamental dans la construction psychologique d'une personne que son identité sexuel. La théorie du genre devenant en vogue ces derniers temps (contrairement à se que certains déments), et par le féminisme extrême, qui pousse à expliquer aux petits garçons et aux petites filles qu'ils ne sont pas différents (et donc de déconstruire l'identité qu'ils sont entrain de se faire d'eux même), engendre de très très problèmes gros psychologiques à l'âge adulte. Un enfant (un adolescent) à besoin de ses repères pour devenir un adulte accompli et équilibré (que nous confondons avec des stéréotypes, ce qui n'a rien avoir). Enlever toutes structures identitaires à un enfant, c'est lui enlevé la possibilité de se construire et de devenir un adulte avec un esprit de critique et de réflexion.

Il est très facile de manipuler des adultes perdu qui ne savent ni qui ils sont, ni ce qu'il sont.

C'était un point que je voulais rappeler car il me tenais très à cœur.

De plus, Stiles écrit une disserte sur la circoncision pour son cours d'économie. J'en ai profité pour faire un petit rappel de la saison 1 et de ses hobbies particuliers. Il a, je pense, une très grande culture générale mais ne sait pas forcément l'utiliser à bon escient. Une pierre deux coups ;).

Enfin, cette référence montre que ce traumatisme n'a pas seulement brisé une vie mais celle de toute la famille.

Il est alors possible de faire un parallèle avec cet homme à qui on a retiré sa sexualité et à Stiles qui a également eut sa sexualité enlevé par le viol. Ils ont tous les deux perdu leurs identités d'homme.

C'est un point qui va être important pour la suite de l'histoire.

Sentry dans Sentry vs Void*: Référence d'un personnage de Marvel qui souffre de dédoublement de la personnalité. Il a son lui présent et son lui passé, exactement comme Stiles. (Je n'y connais rien du tout en Marvel ^^' mais comme Stiles est un grand fan, j'ai fait mes recherches dessus. Si un de vous est un grand connaisseur je serais ravie si vous m'envoyer une liste explicative des personnages.)

Inconscient* : Attention à ne pas confondre entre conscience (ce qui fait ce que vous êtes), votre subconscient (votre cerveau qui donne des directives indépendantes de votre conscience, comme respirer, faire battre votre cœur… Bref c'est la salle des machines qui s'occupent de gérer votre corps.) et enfin l'inconscient qui est l'au delà du miroir de votre conscience (les rêves, les dédoublements de la personnalité, les phobies…)

Il existe une expression de Freud disant que l'inconscient est une « autre scène », dissimulée aux regards, où se joue notre existence. C'est le refoulement des pulsions, de nos souvenirs, des désirs qui nous angoissent ou nous font honte. Sans en avoir conscience, nous pouvons être animés par une culpabilité qui nous pousse à nous auto-punir en ratant notre vie amoureuse ou sociale. L'inconscient nous place face à une vérité dérangeante : des émotions, des fantasmes, des idées que nous ignorons peuvent déterminer notre vie davantage que notre volonté.

Il est vu aussi comme l'ensemble des processus qui agissent sur le comportement du sujet, mais hors de portée de son champ de conscience. Il correspond à ce que le sujet ne sait pas, ne perçoit pas et ce qui est également conservé dans sa mémoire.

La vie psychique inconsciente : L'inconscient, qui est intemporel, se soustrait à toute logique. Il est pluridimensionnel parce qu'il se construit par des associations de réalités psychiques actives qui échappent à la conscience et qui ne sont pas basées sur des liens logiques. L'inconscient nous apparaît comme irrationnel parce qu'il déclenche dans notre conscience (donc dans le présent) des sentiments, des images et des messages qui correspondent à des expériences passées. Mais même s'il est irrationnel, l'inconscient amène à la conscience, de façon ordonnée et structurée, de l'information dont nous avons besoin pour fonctionner. Nous pourrions dire que nos motivations, nos sentiments et nos pulsions sont inconscients puisqu'ils n'obéissent à aucun contrôle conscient.

On peut se représenter l'inconscient comme une forme de puissance énergétique qui n'est pas reliée à une finalité. C'est un outil puissant pour approfondir la connaissance de soi et pour engager un processus de guérison émotionnel et psychologique. Il est en quelque sorte la carte imprimée de toutes nos expériences antérieures et recèle une capacité de stockage qui dépasse notre conscience. Cette source de savoir est d'une importance capitale pour l'accomplissement de soi et permet, dans certains cas, d'engager un processus de guérison émotionnel et psychologique. Il est constitué d'automatismes physiologiques et psychiques, des ancrages qui ont créé des enchaînements d'affects et de processus mentaux, du contenu caché de notre mémoire, de nos croyances et de nos valeurs . Il mémorise les souvenirs connus ou enfouis, les blessures, les apprentissages, les compétences, les savoirs, les sentiments refoulés souvent cachés au tréfonds de l'inconscient. On peut dire qu'il est le réservoir qui stocke toutes les informations.

Il est le berceau des mécanismes de défense et le réservoir de solutions pour résoudre les difficultés.

Ce besoin lui rappeler ce jour* : Il est courant que pendant une agression sexuelle, la victime puisse éprouver des réactions mécaniques dans la zone génitale.

Ces réflexes ne témoignent pas d'un plaisir sexuel en ce sens qu'ils sont des réactions physiologiques réflexes (le corps réagit instinctivement aux stimuli sexuels). Les victimes qui les ont éprouvés, ils aggravent souvent son sentiment de culpabilité. Ces réactions provoquent fréquemment des conséquences difficiles dans son rapport à son propre sexe et dans ses relations sexuelles avec l'autre. Ayant été trahie par les réactions les plus intimes de son corps, il lui devient parfois difficile, dans un rapport sexuel désiré, de laisser venir la sensation de l'orgasme. Jouir au moment de l'acte ne signifie en aucun cas consentir.

Le corps réagit tout simplement au sexe. Il réagit à la peur, il réagit tout court. Le corps le fait sans la permission de l'individu ou l'intention de celui-ci. Il faut donc savoir que l'orgasme (environs 50% des victimes de viols) pendant le viol n'est en aucun cas une manifestation de plaisir. Mais bien une réponse physique et que l'esprit de la victime présent ou pas – comme la respiration, la transpiration ou un pic d'adrénaline. Les thérapeutes comparent cette expérience au chatouillement car qu'on soit chatouillé volontairement ou pas, le moment sera agréable ou pas du tout et même quand cela est désagréable et qu'on supplie que ça s'arrête, la personne chatouillée va continuer de rire, c'est plus fort qu'elle. C'est exactement ce que subira une victime de viol qui bien souvent a honteux et pense avoir aimé l'acte à cause de cette réaction biologique.

Monsieur-Associal-Grognon-Derek-Hale* : Merci Petite lune pour les différents surnoms que tu m'avais donné ^^.


Avis de l'auteur :

Je ne mentais pas quand je disais que j'avais fait énormément de recherche sur les différentes thématiques que j'aborde dans cette histoire ^^. J'espère sincèrement que vous aurez lu ces astérisques qui sont très importants pour comprendre le récit et l'évolution de Stiles.

Donc oui, Lydia (celle qui accompagne la Biche blanche) est l'inconscient de Stiles. Elle est la réaction (symbolique que j'ai, eh bien, anthropomorphisé ^^) directe du choque émotionnel que subi Stiles pendant l'agression sexuel. C'est l'état dissociatif (personnalité en mille morceau après un choc émotionnel très intense) dans lequel il se trouve pendant et après le viol. Stiles vit alors les trois état dissociatifs primaire, secondaire et tertiaire* par le biais de Lydia (fausse) qui est devenue son armure pour supporter le viol et y survivre.

Pourquoi j'ai choisi Lydia ? Eh bien dans la série Stiles à son inconscient représenté par Lydia, ne voulant pas faire de personnages hors de leurs caractères initiales, j'ai tout simplement reprit cette scène (début saison 3b) et me l'a suis appropriée. Stiles n'a pas de représentation féminine, l'image qu'il a de sa mère étant difforme (je n'en dis pas plus pour ne pas spoil la saison 5). Je suppose qu'il repose sur Lydia son idéal féminin, elle était après tout la première femme qu'il a aimé et ceux pendant 10 ans ce qui n'est pas rien.

Pour moi, j'analyse l'obsession de Stiles comme une recherche désespérée de retrouver l'image de sa mère qu'il avait enfant, avant sa maladie. Mais n'ayant que peu de souvenirs restant et son père n'ayant jamais été avec une autre femme, Stiles, doit chercher inconsciemment une mère, une femme forte en toute épreuve, la perfection de se qu'il pense est sa mère (et donc une femme). Comme je l'ai expliqué (assez rapidement) plus haut avec l'histoire de Bruce Reimer, un enfant a besoin de structures solides pour pouvoir devenir un adulte équilibré (ou du moins le plus socialement équilibré car dans la psychologie on a tous un pète de travers xD). Et cela c'est aussi avoir une représentation des deux sexes hommes et femmes tout au long de son enfance et adolescence. Stiles a connu sa mère dans un état normale que très peu de temps (la maladie déclarée s'étale sur 10 ans donc en sachant que Claudia est morte aux 11 ans de Stiles j'estime qu'il a connu sa mère que trois ans dans un état sain.) il a donc une relation très particulière avec les femmes à cause de sa relation compliqué avec la première de femme de sa vie, sa maman (d'où son comportement obsessionnelle avec Lydia).

Je ferais d'autres analyses comportemental de Stiles, ainsi que sur d'autres personnages (j'en ferais sur chacun d'eux mais là, il faut que vous ayez bien comprit tous les mécanismes par lesquels passent Stiles pour pouvoir suivre correctement son évolution dans les prochains chapitres ^^). Oui c'est une fic qui fait réfléchir (c'est mon petit péché mignon ^^').

Pour l'apparition de Derek je sais que beaucoup pourrait être déçu et inquiet du manque d'interaction entre lui et Stiles mais comme je l'ai signalé le Sterek commencera dans la saison 4 et se sera une vrai fouille psychologique de ces deux là (car Derek a aussi un énorme back ground très intéressant à étudier ^^. Mais d'abord je dois peaufiner au maximum celui de Stiles pour garder non seulement un respect aux victimes de viol mais un réalisme.)

A très bientôt je l'espère pour le prochain chapitre

Je vais faire au plus vite promis, j'ai l'objectif de finir la première partie de mon histoire soit la saison 3B d'ici fin septembre, début octobre soit 5 chapitres à écrire ^^', mais vu que j'ai une correctrice qui m'a promis de ne pas me lâcher, je devrais pouvoir très rapidement écrire la suite ^^.

*Dissociation primaire : Cette forme de dissociation représente le processus de traitement d'information particulier pendant un traumatisme psychique. L'expérience est tellement bouleversante pour l'humain que la conscience ne peut pas intégrer celle-ci normalement. L'expérience ou une partie de celle-ci est dissociée. Cette fragmentation de la conscience est liée à une altération de la conscience normale et elle est un symptôme typique du trouble de stress post-traumatique (TSPT).

Dissociation secondaire : Quand la personne se trouve déjà dans un état dissocié, une désintégration au niveau de l'expérience personnelle peut survenir : Une dissociation entre le «Moi observant» et le «Moi expérimentant». La personne prend de la distance par rapport à l'événement et vit le fait à travers la position d'un observateur. Cette définition se rapproche du trouble de dépersonnalisation (voir ci-dessous).

Dissociation tertiaire : Suite à des traumatismes continuels, les humains sont capables de créer des états du moi indépendants (Ego-states) pour stocker les expériences traumatisantes. Ces états du moi sont dans le cas extrême tellement distincts et développés qu'ils présentent des identités propres complexes. Cette définition se rapproche du trouble dissociatif de l'identité (voir ci-dessous)