Chapitre 2 :
Le docteur McKay écoutait d'une oreille distraite le rapport que faisait son collègue tchèque sur les dernières découvertes de l'équipe d'exploration du major Sheppard, qui revenait juste de mission. Il repensait encore une fois à l'incroyable baiser échangé une semaine auparavant avec ce dernier. Tous deux se croyaient alors condamnés, et John l'avait embrassé avec fougue quelques secondes seulement avant l'intervention en force du lieutenant Ford qui les avaient libérés. Que Ford ait pour une fois suivi son intuition plutôt que les ordres de son supérieur relevait du miracle, mais ce n'était pas ce qui obsédait le scientifique. Il observa Sheppard du coin de l'œil. Celui-ci ne cessait de tripoter un petit objet entre ses doigts, sans doute un trombone, et ne semblait pas réellement intéressé par le rapport du scientifique. Curieux, il lui avait toujours semblé que le major s'intéressait de très près à ses propres rapports sur la technologie extra-terrestre (ou « extra-atlante » en l'occurrence). Après tout, il avait un QI suffisamment élevé pour lui permettre de saisir la plupart des explications, même celles de Rodney lui-même.
Ce baiser avait été si … différent, si étrange et pourtant si tendre. Il ne pouvait pas l'oublier, même si c'était ce qu'il souhaitait le plus à ce moment précis. De l'oublier, ou de le revivre ? Il voulait oublier la douceur des lèvres qui avaient attaqué les siennes, l'odeur virile de ce corps qui se tenait si près du sien, beaucoup trop près, mais plus que tout, il voulait oublier ce qu'il avait ressenti pendant ce si bref instant, cette douce chaleur qui s'était répandue à travers son corps et lui avait réchauffé l'âme, alors même qu'il pensait devoir mourir bientôt. Mais il n'était pas mort, et le major non plus, et depuis une semaine il s'efforçait de l'éviter à toutes les occasions où c'était possible. Son attitude n'avait pas échappé au major, et il y avait maintenant un grand froid entre eux. Sheppard ne lui avait pas jeté un seul regard depuis le début du briefing, il l'ignorait royalement. Même si Rodney comprenait sa réaction, il souffrait de se retrouver si près de lui à nouveau et de ne pas pouvoir lui parler. Il aurait tellement voulu que tout redevienne comme avant, quand John et lui n'étaient que deux amis qui se chamaillaient en permanence. Mais tant qu'il ne pourrait pas oublier, c'était impossible, il le savait bien. Et comment pourrait-il oublier ?
Le docteur Weir observait le petit manège des deux hommes depuis quelques temps déjà, se demandant si elle ne devrait pas intervenir. Il était évident que quelque chose clochait depuis leur dernier retour de mission, une semaine auparavant. McKay admirait Sheppard, ça lui avait toujours paru évident, et ce dernier avait littéralement adopté le scientifique en en faisant un membre de son équipe d'exploration. Ils s'entendaient parfaitement, même s'ils aimaient passer leur temps à se critiquer mutuellement, chacun essayant d'avoir le dessus sur l'autre. Pourtant ces derniers jours, Elisabeth aurait juré qu'ils ne s'étaient pas adressés une seule fois la parole. On ne les voyait jamais ensemble, et même lorsqu'ils étaient dans la même pièce, ils ne se regardaient pas, comme maintenant. Oui, quelque chose clochait, c'était évident, et elle aurait aimé savoir quoi, mais aucun des deux hommes n'avaient répondu franchement à ses questions, allant jusqu'à nier l'évidence. Et ni le lieutenant Ford, ni Teyla, n'avaient pu lui fournir la moindre explication. A bout de nerfs devant cette situation absurde, elle interrompit le discours du docteur Zelenka, puisque de toute évidence il n'intéressait pas grand monde, et mit fin à la séance. Le major Sheppard quitta aussitôt la salle en soupirant, suivi par le docteur McKay qui évita soigneusement de prendre le même chemin que lui.
