Chapitre 13, Ned V.


Dans les jours qui avaient suivi le départ de Rickon pour Peyredragon, accompagné de Jory, le seigneur de Winterfell avait appliqué les conseils que lui avait donné Lord Baelish et s'était rendu dans la forge dont il lui avait parlé. Là-bas, il avait rencontré un vieux maître forgeron et son apprenti, un adolescent à forte carrure. Il avait des cheveux noirs d'encre extrêmement courts, des yeux bleus sombres et le visage carré, ressemblant presque trait pour trait au roi Robert au même âge. Donc, il s'agissait de l'un des bâtards de son ami, et alors ? Pourquoi donc Lord Baelish lui en avait-il parlé ? Et pourquoi donc Jon Arryn lui avait-il rendu visite peu avant son énigmatique mort ? Il y avait quelque chose qui lui échappait, il se sentait bien. Mais quoi ?


Mais, ce soir-là, tandis qu'il se rendait dans la tour qui lui avait été attribuée avec son poste de main du roi, il croisa le jeune prince Tommen et son chat … Ser Bondisseur, si il se souvenait bien. Le jeune blond avait été attristé par le départ de Rickon, ce qu'il comprenait parfaitement. Blond …. blond ! Est-ce que … Non … Il refusait d'y croire.

Précipitamment, il se rendit donc à son bureau, où il avait laissé l'ouvrage qui lui avait donné le grand mestre Pycelle, et l'ouvrit jusqu'à la lignée Baratheon. Il la parcourut alors des yeux.

Orys Baratheon : cheveux noirs. Axel Baratheon : cheveux noirs. Lyonel Baratheon : cheveux noirs. Steffon Baratheon : cheveux noirs. Robert Baratheon : cheveux noirs. Joffrey Baratheon : cheveux blonds. Tout les Baratheon avaient les cheveux noirs, tous sauf Joffrey. Et, c'était également le cas de Myrcella et de Tommen.

Une idée commença alors à germer dans son esprit, impensable, mais … et si … et si la reine Cersei avait eu un amant durant toutes ces années ? Joffrey, Myrcella et Tommen avaient les cheveux et les yeux des Lannister, pas des Baratheon. Mais qui …

Non, avant de continuer plus loin, il devait mettre Arya en sécurité, ensuite il préviendrait Stannis Baratheon que c'était lui l'héritier légitime du trône de fer.


Le lendemain matin, le Stark se rendit auprès de sa fille et de son maître à l'épée, Syrio Forel. Il était le seul à qui il pouvait confier la sécurité d'Arya, il n'avait plus d'hommes de confiance depuis le départ de Jory, et les derniers gardes qu'il lui restait seraient d'une importance capitale dans les évènements qui allaient se dérouler dans les jours à venir à Port-Réal.

- Père ? demanda la jeune louve, que se passe-t-il ?

C'était rare qu'il vienne assister à ses leçons, encore plus ces derniers jours. Elle ne le voyait que lors des repas qu'ils prenaient ensemble depuis le départ de son frère, sinon il était toujours occupé, que ce soit sorti en ville ou bien avec un autre membre du conseil restreint.

- Il va falloir que tu quittes Port-Réal, Arya.

- Et vous ? demanda-t-elle le regard triste

- Je dois rester, pour m'occuper de quelque chose. Syrio Forel prendra soin de toi, il te ramènera à Winterfell saine et sauve.

- Je ne veux pas partir sans vous, Père.

Le nordien s'abaissa alors à son niveau et la prit dans ses bras.

- Il le faut Arya, je vous rejoindrai vite à Winterfell. Et tout recommencera comme avant.

- C'est promis ?

- C'est promis oui.

Il lui avait menti, sciemment. Il doutait de pouvoir regagner Winterfell rapidement, car dans le meilleur des cas il allait devoir aider Robert durant encore un long moment. Et, dans le pire des cas, il préférait ne pas y penser. Il se releva et lui sourit, avant de se tourner vers le braavien.

- Partez à la nuit tombée, ne passez pas par la route royale et surtout, faites-vous discrets.

- Ce ne sera pas un problème, monseigneur.

Le loup les laissa ensuite reprendre leur leçon et se dirigea vers la ville, il devait s'entretenir auprès de Lord Baelish au sujet de leurs prochaines actions. Et, peut-être que le geai moqueur aurait des idées au sujet de l'identité du père de Joffrey, Tommen et Myrcella. La seule certitude qu'il avait, même si il n'avait pas de preuve pour l'appuyer, c'était que son amant, quel qu'il soit, se trouvait à Winterfell. La mort de Jon Arryn, la chute mortelle de Bran, la bâtardise des enfants royaux, le départ précipité de Lord Stannis et enfin la lettre de Lysa Arryn, cela faisait trop pour que ce ne soit que des coïncidences.


Quelqu'un faisait disparaître les preuves, peut-être bien la reine Cersei elle-même. Et si c'était bien le cas, ils pourraient bien courir vers une autre guerre, mais il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l'éviter. La dernière … la dernière leur avait déjà trop coûté.