« Avis à toutes, » dit une voix Nigérian sur la fréquence de la police, « che'chez une dame disparue. Une oyibo b'itannique aux cheveux blonds et des vêtements militai'es. Elle est a'mée, et mentalement instable, mais p'enez la vivante. »
Les flics se détendirent un peu. Cela expliqua les deux Jeeps de l'armée britannique qu'ils étaient en train de suivre. Les Jeeps allèrent chacun dans un sens différent quand le feu passa au vert, donc ils sont allés tout droit.
S'ils cherchaient une dame oyibo, ça serait plus intelligent de rester en ville. Il y avait peu de chance qu'une étrangère se promènerait ailleurs, encore moins la nuit.
Les conducteurs des Jeeps britanniques étaient de l'armée nigériane, mais les passagers étaient britanniques. Les Nigérians devaient être en train de les aider puisqu'ils connaissaient mieux la ville. Ça devait être important si les deux armées travaillaient ensemble.
De temps en temps un Jeep s'arrêterait à côté d'eux et leur demanda s'ils avaient vu quelque-chose, mais personne n'avait l'air de voir quoi que ce soit.
Ils passèrent des heures à la chercher en ville. Un Jeep s'arrêta de nouveau à côté d'eux sous la lueur du feu rouge d'une intersection où, malgré l'heure tard, il n'y avait pas mal de voitures. Les flics descendirent la fenêtre.
« Vous avez vu quelque-chose, messieurs ? » demanda un homme bien vêtu en costume.
« Non, monsieur. On en a à peine vu des oyibos, encore moins des blondes en vêtements militai'es. »
« Oyibo ? » demanda M à un des soldats oyibos à côté de lui.
« C'est ce qu'ils appellent les blancs ici. On me dit que ce n'est pas supposé être raciste si c'est ce que tu pensais. »
« Ah. » dit M.
« On doit chercher dans les hôtels ? » proposa leur conducteur nigérian.
« Je ne sais pas ; je m'en doute qu'elle est en assez bon état pour se prendre une chambre d'hôtel. » répondit M. Soudainement, quelqu'un commença à crier sur la radio. Les policiers n'entendirent pas ce qu'on disait, mais le Jeep rugit son moteur et brula le feu rouge, passant de justesse entre deux voitures noires, qui s'arrêtèrent au milieu de l'intersection en panique et se firent emplafonnés par les voitures suivantes.
Les policiers sortirent de leur voiture pour arrêter le trafic. La dame oyibo perdue attendrait. Si le départ soudain était une indication, l'armée avait trouvé une piste de toute façon.
Deux Jeeps et une voiture de police défoncèrent la barrière en bois du port. Un projecteur éclaira dans leur direction, et les véhicules s'écartèrent en panique, et un énorme conteneur s'écrasa là où ils venaient d'être. Le conteneur se renversa sur son côté avec un CRASH tonitrue.
« Raaaaaaaaaaah ! » cria 003 à l'agonie depuis les commandes d'une grue. Le son s'est attrapé par un micro, et le son re-émit par les hauts parleurs était fortement hantant. Avec l'attache hydraulique au bout du câble, la grue ramassa un autre conteneur. Il se tourna pour le donner de l'élan, et le lâcha, le balançant vers les autorités. Ils s'abritèrent derrière un mur énorme de sept rangées de colonnes de conteneurs.
« Ici caporal Hedges, on a confirmé que l'intrus au port est 003. Elle est dans une grue et balance des conteneurs partout ! »
« Essayez de monter dans la grue et l'arrêter ! On arrive ! » commanda M.
Deux conteneurs percutèrent le mur au-dessus d'eux, mais il semblait que la grue n'arrivait pas à accumuler assez d'élan pour balancer un conteneur au-dessus du mur, donc ils étaient à l'abri pour le moment. Les flics et les soldats sortirent de leurs véhicules et ont regardé autour des conteneurs pour bien voir. La grue était une grue sur rails, pouvant rouler tout le long du quai. La grue roula vers eux et ramassa encore un autre conteneur.
On entendit la sirène d'une autre voiture de police, qui roula sur le débris de la barrière avec un autre Jeep britannique. Ils se firent accueilli par des cris d'attention, et virèrent pour échapper le conteneur qui vola vers eux.
Dans la cabine du grutier, 003 à moitié hurlait en rage et à moitié fondait en larmes. Les sons émis des haut-parleurs n'était presque pas reconnaissable comme humain, comme les cris d'une banshie ou la llorona. C'était effrayant.
Les soldats britanniques se groupèrent au coin des conteneurs, et entendirent le vrombissement du câble qui redescendit chercher un autre projectile.
« Elle recharge ! Allons-y ! » commanda le caporal Hedges. Les soldats se précipitèrent aux pieds de la grue, plusieurs tirant leurs fusils en l'air pour essayer de l'endommager.
Mais 003 avait déjà saisi le prochain conteneur, et sans même le remonter, le tira de sa place en haut de l'empilement et le traîna sur le quai. Les soldats sautèrent de son chemin, mais deux, dont un le caporal, ont été forcé à sauter dans la mer pour ne pas se faire écrabouiller.
Encore deux Jeeps arrivèrent. M et le général Abuja y sortirent et évaluèrent la scène. Les soldats ont atteint les pieds de la grue, et montaient l'échelle.
Après d'avoir balancé celui qu'il portait, la grue ramassa un autre conteneur et se tourna pour être parallèle aux rails. Le conteneur était pile en face du soldat le plus haut sur l'échelle. La grue commença à rouler à l'arrière, et le conteneur bascula dans l'autre sens. Le soldat commença à grimper plus vite en panique. La grue s'arrêta brusquement et bougea en avant. Le conteneur garda son momentum et percuta là où était le soldat il y avait trois secondes. Quand le conteneur se rebasculer dans l'autre sens, l'échelle était détruite, et la grue penchait un peu. Le soldat en-dessous de lui s'avait baissé de justesse, mais ne pouvait plus monter plus haut. « Vas-y ! » il cria à son compatriote.
Avec un dernier tir du bras, le soldat arriva en haut, mais se fit grossièrement accueilli par un arrosage de balles imprécises de la mitraillette carrée sortant de la cabine.
« Comment diable a-t-elle eu un Uzi ? » s'exclama M d'en bas.
La grue commença à tournoyer, et le conteneur s'envola vers M et le général Abuja. Ils se lancèrent à terre, et les deux Jeeps dont ils sont arrivés dedans explosèrent. Le soldat se tenait de toutes ses forces pour ne pas tomber, mais 003 lui jeta un coup d'œil et visa l'Uzi vers lui de nouveau. Ses yeux étaient pleins de larmes, donc elle s'est retournée pour les essuyer du bras pour qu'elle puisse voir. Le soldat utilisa le moment pour regarder à gauche, lâcher, et plonger dans la mer avant qu'elle lui tire dessus. L'impact avec l'eau lui fit mal partout, mais il n'était pas blessé. Les autres soldats dans l'eau vérifient qu'il pouvait encore nager.
« Comment on va la descendre de là ? Avec l'échelle détruite elle ne pourrait pas descendre même si elle voulait. » demanda M.
« Attend, j'ai une idée. » dit le général Abuja. Il sortit une radio. « On a une situ'tion au port. Env'yez deux hél'coptères ca'go, et ve'fiez bien qu'ils aient des câbles de t'euil ! »
Tout le monde se replièrent à la sécurité du mur de conteneurs, en attendant que les hélicoptères arrivent. 003 essayer de creuser un trou dans la défense, mais le bras de la grue n'était pas assez long pour ramasser les conteneurs les plus loins, car normalement ils se faisaient ramener aux grues par chariot-élévateur et camion pour se faire monter sur des bateaux. Les soldats et les policiers sursautaient à chaque fois qu'elle balança un autre conteneur pour essayer de détruire le mur.
Après ce qu'on aurait cru était des heures, mais n'était vraiment que quelques minutes, les projecteurs des hélicoptères apparurent au-dessus. Le général reprit son radio. « Att'pez la g'ue avec vos câbles et ti'ez ! »
« Mais mon gén'al, les Mi-24 ne peuvent pas soulever une fraction d'une g'ue comme ça ! »
« Y'a pas besoin de le soulever, il faut juste le faire tomber. Et essayez de la faire tomber doucement ! »
La grue s'agita vers les hélicoptères qui lui assaillirent, essayant de les anéantir du ciel, mais ils volaient trop haut. Ils y avaient bientôt attaché leurs câbles. 003 fit tournoyer la grue, et les hélicoptères se firent tirer l'un vers l'autre, à peine évitant une collision brutale.
« Allez-y, vite ! » cria le général Abuja dans son radio. « Elle vous tirera du ciel si vous attendez ! »
Les hélicoptères rugirent fort vers le nord, chaque un tirant un peu opposé à l'autre, pour que la grue tombe entre eux. Les roues du côté de la mer commencèrent à se soulever de par terre. Les hélicoptères tirèrent plus fort, se penchant en avant pour plus de pouvoir. La grue grinça. Avec un coup sec, les roues par terre se cassèrent, n'ayant pas été construit pour soutenir le poids de la grue entière. Avec une pause hésitante mais climatique, la grue commença finalement à se renverser sous son propre poids.
Les hélicoptères se redressèrent, se battant pour du contrôle, mais la grue à 700 kilotonnes les tira comme des cerfs-volants accrochés à un piano tombant. À peine ralentit du tout par les hélicoptères, la grue percuta le mur de conteneurs, les détruisant tous et écrasant leurs contenus. De la poussière irruptit d'un d'eux.
« À terre ! » crièrent les soldats. « Il pourrait y avoir une explosion de poussières ! »
Tout le monde se jeta à terre, mais après quelques secondes, rien ne s'est passé. Les hélicoptères avaient été jetés par terre, et leur dessous étaient en tellement mauvais états que ça serait difficile d'atterrir, mais ils volaient encore. Ils lâchèrent les câbles, qui tombèrent par terre, faisant des crissements métalliques horribles.
L'haut-parleur continua à tonitruer ses propres bruits horrifiques, mais maintenant qu'il était par terre, on entendait la source : 003 sanglotant comme un enfant à la crête de sa colère.
Les soldats se rapprochèrent, et elle essaya de les tirer dessus avec l'Uzi, mais une seule balle y sortit. Avec ça, elle perdit le désir de résister, et tomba de son siège bouleversé dans les décombres en métal sous elle.
M enjamba le mur d'un conteneur détruit. « Tout va bien se passer, 003. » il dit, et aussitôt la tira dessus avec un pistolet tranquillisant avant qu'elle fasse autre chose d'inattendu.
003 était assise par terre dans une salle à l'ambassade, à renifler en mangeant tristement un pot de crème au chocolat.
« Pouvez-vous me lire ces lettres ? » demanda le docteur Hall, brandissant un test de vision ordinaire, avec des lettres rétrécissantes en taille.
003 renifla de nouveau, s'essuya des larmes, et clignota des yeux. « C, I, P, Z, U, B, L, V, A, O, S, M, F, K, H, G, T, C, N, Q, W, D, E. »
Hall tourna montrer à M le tableau. La première lettre était E. « C'était tout faux, » il chuchota. Il se retourna vers 003. Pourrez-vous me donner la racine carrée de 121 ? »
003 pensa, puis mit sa main sur sa tête pour masser sa douleur. « 7 ? »
« Elle est devenue folle, » remarqua M.
« Sa motricité est aussi affecté, t'as remarqué ? Elle a de la crème dans le coin de ses lèvres parce qu'elle met toujours sa cuillère trop à gauche. » M la regarda, elle avait effectivement du chocolat sur le visage. « Maintenant bon, je suis autant expert sur la télépathie que n'importe qui d'autre dans le monde, mais si je devais deviner, je dirais que le lien télépathique que Passion Débordante ont cultivé en captivité était une béquille. Ils doivent le compter dessus pour rester sain d'esprit. Sans saisies de l'autre, comme quand ils sont loin l'un de l'autre, leurs cerveaux se confondent, et reprennent des fonctions cognitives d'enfants. »
« Et c'est ça, avec la colère du fait que la mission a fait faillite, qui l'a envoyé en saccage, » conclut M.
« Sauf votre respect, monsieur, je ne recommande pas de les garder dans la Service Secrète. Les désavantages de leur lien télépathique sont trop risqués.
« Risque noté, mais je voudrais quand même que plus d'études soit faites. » Il pensa un moment. « Normalement notre politique serait de ne pas délivrer des 00s de des capteurs étrangers et de nier leur existence, mais je crois que ça serait plus prudent de faire une exception ici. Avoir Passion Débordant ensemble est très important pour l'étude de leur phénomène. » Il se tourna vers 003. « Je suppose que tu voudrais aller sauver votre mari ? » 003 se requinqua et hocha la tête violemment.
« En cet état, monsieur ? »
« Si c'est la distance qui obstrue leur lien, du moment qu'on retrouve 0011 et l'emmène là, j'ai confiance qu'elle pourra terminer la mission. »
Le docteur Hall n'avait pas l'air sûr, mais ce n'était pas sa décision à prendre. Il ne pouvait que faire des recommandations à M, et franchement, il n'avait pas de meilleures idées.
« Un dernier test, » il suggéra. Il tint sa main vers elle. « Debout, s'il vous plait. » Elle le fait, mais elle ne se tenait pas droit et tremblait des genoux. « La fois d'avant, quand ils se sont tirés dessus, ils ont arrivé à repérer la position de l'autre très précisément, » il expliqua. « Peut-être que même à haute distance elle pourra nous indiquer vaguement par où il est. Vous pourrez nous montrer dans quelle direction est votre mari, 003 ? »
003 essaya de réfléchir, puis, comme avant, eu mal à la tête et se le tint. Elle tourna lentement en rond comme si elle essayait de trouver de la réception téléphonique.
Ceci continua longtemps, trop longtemps. M était à point de la demander d'arrêter quand elle se leva la tête, se retourna maladroitement sur les talons, et visa le doigt vers le mur.
« Attends là ! Bouge pas ! » commanda le docteur Hall, sortant de la salle. Il fouilla l'ambassade pour une boussole et une rapporteuse, et revint vite. Il mit la rapporteuse contre la boussole et mesura l'angle du doigt de 003. « Exactement 60 degrés. Est-nord-est d'ici. »
« Bon travail. Allons trouver 0011. »
