Les pilotes d'hélicoptère qui lui avaient sauvé lui firent avaler une bouteille entière d'eau froide, mais quand il se réveilla, il fut quand même très déshydraté. Et merde, sa tête faisait plus que jamais.
« Ah, t'es debout. » salua le docteur Hall. « T'es à l'ambassade du Tchad. Bois encore de l'eau. »
0011 prit l'eau volontiers, et le boit tout vite.
« Savez-vous où est 003 ? » demanda M. « Elle est encore vivante ? »
« Capturée. » gémit 0011, essayant de se masser sa propre tête. « Iraniens. »
« Des Iraniens ou le gouvernement Iranien ? »
0011 tendit deux doigts. « 747. » il rajouta, incapable pour le moment de créer des phrases plus utiles. Heureusement que M n'était pas un con.
« Un 747 faisait partie des avions violant l'espace aérien du Tchad. » se souvint M de sa conversation avec le général de l'armée de l'air tchadienne ce matin. « Demandez à l'armée de l'air tchadienne si leurs radars ont tracé la trajectoire du 747. » il ordonna à un soldat Anglais. Celui-ci courra vite faire son devoir.
« Uranium. » rajouta 0011.
« De l'uranium ? Du yellowcake ? » M demanda pour clarifier. 0011 hocha la tête. « Vendait ou achetait ? » 0011 tendit deux doigts de nouveau. « Si les Iraniens achètent de l'uranium sur le marché noir, ça ne peut être pour le mal du monde. Ça sera combien de temps avant qu'ils abandonnent d'essayer de construire des armes nucléaires ? » il soupira. « Les enjeux viennent de grandir. Où qu'est 003, l'uranium est probablement au même endroit. »
Le docteur Hall avait préparé une boussole et un rapporteur en avance cette fois-ci. « 0011, on sait que t'arrive à localiser ta femme de tout près, et elle avait pu te localiser au plateau Ennedi depuis Lagos. Vois si t'arrive à la localiser de loin aussi. »
0011 ravagea sa tête en douleur, respirant en petits halètements. Après encore plus longtemps qu'avait pris 003, il indique du doigt vers l'est.
« Exactement 90 degrés. » annonça le psychologue.
« Elle doit être à une latitude de 12° 6' nord. » dit M. Il regarda une carte mondiale. Le Soudan ? L'Éthiopie ? Le Djibouti y est tout pile. Ou même l'Inde ?
« L'armée de l'air tchadienne a répondu. » dit le soldat d'avant. Il déplia une feuille de plastique transparent qu'il avait dessiné dessus et la superposa sur la carte. Il leur montre une ligne en feutre noir avec un coin subtile. « Le 747 n'a que suivi cette trajectoire pour 40 kilomètres, la route qui serait la plus facile en Iran autour de l'Arabie Saoudite, mais ils ont changé de cap, allant plus vers le nord. » La ligne devint pointillée à la frontière avec le Soudan. Les Tchadiens ont arrêté de tracer sa trajectoire quand ils sont partis, mais voilà ce qu'ils auront fait. » La ligne pointillée courba légèrement, comptant la courbature de la terre, et finissait dans la mer Rouge, supposant que l'avion n'a pas survolé l'Arabie Saoudite, car les Iraniens avaient quasiment leur propre guerre froide avec eux en ce moment. Voilà probablement pourquoi les Iraniens voulait de l'uranium, d'ailleurs.
« Ça ne s'accorde pas avec la position supposée de 003. » dit le docteur Hall.
« Peut-être qu'il a atterri au Soudan et a été emmené au Djibouti depuis là ? »
Ça prit toute la journée pour que Moneypenny et tous les autres chercheurs d'Mi6 à Londres de trouver la réponse. À ce moment-là, 0011 et le docteur Hall ont trouvé que 003 avait bougé d'un degré, ce qui voulait dire quelle bougeait vers le nord, ou plutôt, qu'on la bougeait.
Des journaux Égyptiens avaient publié hier qu'un 747 avait fait un atterrissage d'urgence à une base aérienne près de l'ancien port de Baranis. Les journaliers avaient spéculé qu'il appartenait au militaire Iranien à cause des marquages dessus, qu'ils pouvaient voir depuis l'aéroport civil. L'intelligence Britannique en Égypte s'est puis mobilisée pour trouver ce qui s'est passé après. L'autorité portuaire de Baranis les avait dit qu'un navire Iranien, le Goborzène avait amarré pile au moment que le 747 avait atterri, et est parti tout-de-suite après d'avoir ramassé une cargaison. Depuis ces derniers jours, il naviguait à la maison à travers la mer Rouge et dans le golfe d'Aden. À présent, il était presque au large de l'Oman.
« Informez la commande navale, immédiatement, et l'OTAN, le Pentagone… » commanda M. « Le Goborzène sera dans ses propres eaux en 48 heures. On ne peut pas gaspiller une seconde si on veut arrêter ce navire. » Il se tourna vers 0011. « Bon, filons vers les Émirats Arabes. Tu te sentiras peut-être un peu mieux là, et on discutera comment te mettre sur ce navire. »
Ces citoyens du Bahreïn qui s'intéressaient aux navires se sont amusé à regarder la mer, tandis que les flottes entières du golfe Perse de la Royal Navy et la US Navy se mobilisèrent pour intercepter le Goborzène.
« Hedges, messagez la marine américaine de nous rejoindre à 26° 04' nord, 55° 54' est. » dit le capitaine Hartford de la frégate classe Duke HMS Montrose à l'opérateur radio, en partant de la base navale Jufaïr. Le Montrose et ses escortes de dragueurs de mines ont rencontré quelques navires américains venant de leur propre base, et après 24 heures avaient passé au nord de Dubaï jusqu'à la limite des eaux iraniennes et omanaises. Au point de rencontre, il se trouvaient finalement vingt-cinq navires.
Devant eux était le détroit d'Ormuz, un passage fin de mer qui était la seule sortie à l'océan Indien. Le détroit était divisé au milieu en territoire iranien et omanais, bloquant les eaux internationales. Les Omanais n'était rarement hostile en protégeant ses eaux, et laissait d'habitude passer des navires dans une voie deux kilomètres de large, mais c'était important pour les Omanais de maintenir de bonnes relations avec l'Iran. Pour ne pas fâcher les Iraniens, ils leur ont laissé bloquer le point le plus fin du détroit.
En vingt-quatre heures, le Goborzène atteindrait la sécurité de ses mers patrimoniales, à l'autre côté du détroit. La seule manière de l'intercepter serait de percer le blocus iranien. Tel offensif voudrait dire pleins de morts, et surement la guerre.
Chaque navire s'arrêta devant la ligne invisible divisant les eaux de l'EAU et l'Oman. Les quatre dragueurs de mines rejoignirent leurs équivalents américains, le USS Dextrous et le USS Gladiator, pour créer un groupe de dragueurs de mines. Le Montrose se plaça à côté du porte-avions USS George Washington.
« Dites aux Américains de nous signaler quand leur Congrès déclare guerre, et qu'on fera la même chose quand la reine déclare guerre. » dicta le capitaine Hartford.
« Y'a pas besoin. » était la réponse de l'amiral américain Smith. « Suivez-nous. Le seul navire qui doit couler aujourd'hui c'est le Goborzène. »
La flotte américaine avança en territoire omanien. Le Montrose suit curieusement.
Après une vingtaine de kilomètres, la terre se replia vers le sud. « Voilà l'entrée ! On tourne ici ! » dit l'amiral Smith sur le George Washington.
Les navires américains tournèrent à droite, dans le désordre de montagnes et de baies qu'était la péninsule Moussandam. Les dragueurs de mines allaient en premier, au cas où la mer était piégée. Mais elle ne l'était pas. Ça ne servirait à rien.
« C'est une impasse ! Qu'est qu'ils essayent de faire, les Américains ? Appâter les Iraniens ici pour du combat proche ? » demanda le capitaine Hartford avec colère, regardant la carte devant lui.
La flotte navigua à travers la chaine de montagnes à moitié submergé, et était bientôt au bout de la baie. De l'autre côté d'un isthme minuscule, environ 200 mètres de large, était le golfe d'Oman.
« Les Américains disent de nous préparer à l'impact. » avertit Hedges.
« Quel genre d'impact ? »
« Ils disent d'activer nos protocoles d'éruption volcanique si on en a. »
« Il y a de l'activité volcanique par ici ? » demanda le capitaine.
« Pas du tout. » dit un des navigateurs.
« Qu'est ce qui se passe, alors ? »
Les Britanniques reçurent leur réponse immédiatement. Chacun des frégates à missiles américains tira sur l'isthme. Les missiles percutèrent la face rocheuse avec des fortes ondes de choc. Les Britanniques regardèrent depuis la passerelle en stupeur la falaise érupter dans une explosion plus grosse que les missiles auraient dû faire. De la roche se fait propulser jusqu'au ciel, faisant penser à tels désastres comme le Mont Saint Helens ou le Krakatoa. La mer se secoua violemment aussi, envoyant des raz-de-marée qui menaçaient de bouleverser toute la flotte. Des roches pleuvèrent du ciel tout autour de l'isthme, mais la marine s'était positionnée assez loin pour ne pas se faire marteler.
Quand la poussière, la fumée, et le feu se dispersa, l'isthme n'était plus, laissant ouvert un passage au golfe d'Oman, à côté du blocus iranien. Les Britanniques étaient abasourdis.
« Demandez aux Américains comment dans le nom de Dieu ils ont fait ça ! » commanda le capitaine.
« Réponse de la George Washington. » annonça l'opérateur radio Hedges quelques moments plus tard. « 'Excusez-nous, mais cette information sera classifiée jusqu'à mercredi au plus tôt.' »
La vérité, qu'on peut vous donner maintenant, c'est que c'était un plan de contingence que les Américains avaient développé en secret. Ils avaient creusé l'intérieur de l'isthme et l'ont rempli avec assez d'explosifs pour rivaliser une bombe atomique. Faire exploser le tout leur donnait une passe 'sortez-du-golfe-Perse-gratuitement.'
Un petit navire américain de patrouille, le USS Tempest, navigua à travers le canal frais, utilisant de l'échographie pour regarder le sol de la mer. « C'est assez profond pour le porte-avion ! » ils dirent. Les navires américains et britanniques foncèrent dans le canal. Ils pouvaient aller à pleine vitesse intercepter le Goborzène.
Pas tellement loin, aux Émirats Arabes, un Hercules britannique, qui avait beaucoup volé ces derniers jours, décolla, avec 0011, le docteur Hall, M, et Q qui leur avait rejoint, pour finir cette histoire une fois pour toute.
