Réponse à la review de caro-hearts: Merci beaucoup pour tes mots. Je suis rassurée que tu penses que Law n'est pas OOC, c'est l'une de mes plus grandes craintes.
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PDV du narrateur
A part, isolé spirituellement des combats faisant rage autour de lui, Hop n'avait dieu que pour sa maitresse combattant contre le chirurgien. Admirant chacun de ses pas graciles, au bout d'un moment, l'albinos ferma ses yeux. Et derrière ses paupières closes, tel un film accompagné d'une douce balade, les souvenirs de leur commencement, du début de leur relation, s'enfilèrent les uns après les autres. A la mélodie, il n'avait aucune fausse note jusqu'à aujourd'hui. Il le savait, il le pressentait, ressentait la fin de son service de majordome arriver.
*Flash Back*
Agé de quatorze ans, Hop se présenta aux portes de la séparation de la cité. Grimpant sur des caisses reposant sur une charrette, profitant que le propriétaire de la dite charrette négociait les poules qu'il devait vendre, l'albinos tenta de voir par dessus la foule de démons présents, la partie aisée de la ville.
Aux portes, il y avait du monde. Une famille bourgeoise avait décidé de refaire son personnel, et lui, le petit vagabond dont l'existence n'était connue de personne, pouvait peut-être espérer, dans cette embauche, se sortir du trou à rat dans lequel il était né.
Faisant vibrer ses tympans, les paroles acerbes du vendeur de poule lui écorchèrent les oreilles. Des grossièretés familières pour Hop, s'enfuyant au pas de course hors de portée du commerçant.
Sa petite frimousse se fraya un passage parmi les visages sombres, creusés, et usés l'entourant. Bousculé de chaque côté, l'albinos eut toutes les peines du monde à garder son équilibre. La poussière constamment soulevée par les activités des démons rendait l'air environnant lourd, pratiquement irrespirable. Des quintes de toux se réveillaient à chaque coin de rue, et le tapage habituel de coup sur le thorax y mettait fin. Dans les quartiers insalubres d'Akuma, la pollution atteignait des pics, battait des records.
Arrivant près d'une file d'attente, le jeune Hop prit place dans la queue. Mais, il y fut brusquement expulsé par un garde. Soulevant par le col du pull Hop, le garde dont la visière du casque masquait le regard, traîna le garçon plus loin. Hop se débattit face à cette forte poigne qui l'envoya valser au sol. Des manches usées de son pull, Hop essuya la boue couvrant son visage, alors que sous son nez, le garde agitait une feuille jaunie.
Pointant du doigt une ligne en particulier le démon braya sur le plus jeune.
-Moucheron t'as pas vu qu'il faut être adulte pour postuler! Fais pas perdre notre temps! Y en a qui bosse! Va polluer l'air à d'autres!
Se relevant, il n'en fallut pas plus à Hop pour prendre la poudre d'escampette. Les larmes menaçaient de couler, son alphabétisme le rattrapait de nouveau, lui offrant une nouvelle dose d'humiliation.
Usant de ses pouvoirs, sa queue touffue apparut tout comme ses oreilles blanches. L'albinos fuit tous ses regards posés sur lui, et le jugeant. Il s'essouffla dans cette course, jusqu'à ce que brusquement on l'agrippa par l'épaule et tira dans un coin sombre. Se débattant comme il le pouvait, il fut bien vite ficelé par des cordes usées. Bâillonné, Hop fut balancé dans une caisse dont on referma le couvercle.
Plongé dans le noir, la panique gagna Hop. Le jeune démon tapa contre la surface plate l'enfermant, priant pour qu'on l'aide. Que lui voulaient ses inconnus?! Un trafique d'Akuma, comme il en existait tant d'autres certainement.
Son kidnapping d'un jour lui parut sans fin. Telle la marchandise qu'il était, il fut lancé, mal réceptionné par moment, et bousculé. Pire qu'être dans un navire prit dans une tempête, songea le futur majordome. Et lorsqu'enfin il fut extrait des ténèbres de sa caisse, se fut pour être plongé dans d'autres, ceux d'une cellule. Dans son dos, les grilles de sa désormais prison se refermaient.
Ignorant du lieu de sa détention, sachant seulement grâce à des reniflements qu'il n'était pas seul, Hop fit un pas en avant et marcha sur la main de quelqu'un.
Pour cette acte involontaire, il reçut un coup de poing dans la mâchoire l'envoyant percuter la grille qu'il sentit dans son dos. Glissant contre celle-ci, une main sur sa joue enflée, le jeune homme n'eut qu'à attendre dans l'horreur sa fin proche. La vie qui n'était déjà pas tendre avec lui, avait visiblement décidé qu'il était de trop dans la masse.
Ses heures plongées dans les ténèbres devinrent jours et nuits, sans qu'il ne s'en rende compte. Hop avait perdu toute notion du temps. Son regard s'était habitué à la pénombre, et lorsqu'occasionnellement, et sans crier gare, une porte en haut d'un escalier s'ouvrait, la lumière dont il n'avait plus droit s'infiltrant dans les moindres recoins, chassant le noir, lui brûlait la rétine.
Toujours, de ces escaliers descendait une blonde gracieuse, portant des robes somptueuses, et d'environ son âge. Il y avait toujours autour de cette fleur, qualificatif donné par Hop, des gardes. Ignorante de ses peines, cette fleur était inaccessible. L'albinos l'admirait de loin, alors que des cellules on emmenait sans explication d'autres prisonniers. Longtemps, ces passages brefs furent à Hop sa seule distraction, un instant, une poignée de secondes, qu'il savourait.
Cette fleure ignorante de ses malheurs brillait, fleurissait dans un jardin à des lieux du sien, où la mauvaise herbe envahissait chaque centimètre de terre. Le jardin de sa fleur était de celui entretenu par un jardinier méticuleux, contrairement au sien devant sans doute dormir au lieu de désherber.
Sa fleur était entourée par d'autres triées sur le volet. Leurs jardiniers devaient, chaque jour, leur parler à ces roses, tout en prenant garde à les respecter. Sans quoi, leurs épines ripostaient. Et le jardinier serait remplacé par un meilleur, comprenant que ces fleurs, cette fleur, cette blonde, était plus précieuse que tout.
Un jour, la mauvaise herbe qu'était Hop passa les portes de sa cellule, et ne fut jamais aussi proche de la blonde, comme toujours sublime, étincelante. Remontant les escaliers, admirant de dos la Rose, et contrairement aux autres prisonniers, le futur majordome ne traînait pas des pieds.
Sa bouche sèche, sa langue comparable à une éponge non déballée, se retournait, se préparait au compliment qu'il devait dire à cette fleur. Certes, aucun prisonnier précédemment emmené n'était revenu, mais pour mourir sans regrets il aurait suffit à Hop de lui parler, non, une conversation serait déjà un espoir de trop, rien que lui dire une simple phrase, à sa rose, le comblerait.
Anne, car jusqu'à présent s'était bien elle la rose, soupira et d'un claquement de doigts s'envoya, ainsi que gardes et prisonniers, dans son monde. Une fois là-bas, elle s'assit sur un fauteuil et s'acquitta de sa corvée, nourrir le cerbère colossal résidant dans son monde. Pour ce faire, la blonde lui donnait les kidnappés apeurés devant elle.
Une fois à son tour, au devant de la fleur, l'albinos articula une question qu'il pensait sincèrement:
-Vous êtes la plus belle chose au monde?
Un sourire franc, des yeux d'enfant de retour, Hop attendit sa réponse qui ne vint jamais. Sans montrer le moindre intérêt au démon en face d'elle, Anne l'envoya autre part en un battement de cils.
Et une fois dans cet autre part, l'albinos dut supporter de nouveau une longue attente. Il était seul, dans une immense salle, où quelques heures plus tard, Anne le rejoint. Pourquoi avait il été le seul épargné ?
-Pour me distraire, fut la réponse d'Anne.
Hop accepta, Hop grandit dans un costume de majordome, devint le parfait écervelé de sa ravisseuse lui donnant un sens à sa vie. Etre un parfait pantin adulant sa maîtresse.
*Retour au présent*
Retrouvant pieds avec la réalité, Hop détourna son regard de sa maîtresse. Recentré sur son adversaire, il observa avec mépris Sïa. Ou plutôt selon lui, selon la définition qu'il avait d'elle, une fleur de naissance se révélant être de la mauvaise herbe. Et lui, le jardinier, devait s'en occuper, s'en débarrasser pour sa rose, Anne, illuminant son existence par son unique présence. Alors, sans crier gare, de sa rapidité exceptionnelle, le démon bondit vers Moyesïa, esquivant avec agilité un coup de patte.
Utilisant ses hakis, Sïa prédit ce coup, et put l'éviter, avant de frapper voilement son adversaire dans ses côtes. Laissant une plainte de douleur lui échapper, Hop dans un enchaînement de roulé-boulé, laissa sa main frotter contre le sol pour stopper sa course. Hargneux, le blond repartit à la charge, tandis que Moyesïa se préparait à contrer, de rendre coup pour coup tout se que le majordome avait à lui donner.
S'accroupissant, l'une des jambes d'Hop partit heurter une cheville de la heart qui tomba. Tel un ressort, les pattes toniques d'Hop s'allongèrent, et d'un saut il atterrit sur les hanches du pirate.
Sans plus attendre, le jeune homme coinça la miss sous lui et la rua de coups. Ainsi malmenée, Kagugarami se protégea de ses bras jusqu'au moment opportun où elle renversa la tendance. Enroulant les chevilles d'Hop de ses chaines, elle lança l'autre bout à un cerbère de passage entrainant dans sa course l'ancien vagabond des rues. Se débarrassant de ses entraves, Hop s'apprêtait à retourner à l'assaut quand l'une de ses oreilles capta son prénom. Il ne perdu pas un instant, se fut sa maitresse qui en avait fait usage.
Délaissant Moyesïa, le poursuivant malgré tout, il se dirigea vers la confrontation de sa maîtresse face à la supernova ayant pris l'avantage.
Quant à Anne, elle foudroya de son regard le chirurgien la menaçant de son nodachi. La jeune femme fit apparaître la dernière armure qu'elle avait un stock, et se vit affublée de son armure en fer blanc, au bustier en spiral. Ses jambes n'étaient plus à nu, cette armure était complète, et protectrice dans son intégralité.
Au même instant son fidèle majordome la rejoint. Hop partant au devant de sa maîtresse administra deux ou trois coups à Law, avant de s'être volontairement embroché sur la lame du chirurgien déconcerté. Prenant appui sur l'épaule d'Hop blessé, Anne passa par dessus ce dernier. Deux de ses doigts en bouche, la dresseuse de cerbères appela ses chiens démoniaques en sifflant.
Les monstres à trois têtes délaissèrent dans l'instant les hearts qu'ils affrontaient pour se précipiter vers Trafalgar. Quant à Anne, ses yeux bleus azurs se rouvrirent, ses canines avaient telles Sïa il y a peu grandies, et planta son regard dans celui du capitaine pirate se trouvant dans l'incapacité de bouger.
Envoûté, Law ne pouvait faire l'ombre d'un geste, et seulement regarder sa triste fin sans pouvoir agir. Une fin qui aurait pu se produire, si comme sortie de nul part, alors que sa présence avait été oubliée de tous; Moyesïa traversa les rangs des cerbères, sauta à son tour par dessus Hop, et saisit par la taille, en plein vol, Anne qui laissa un hoquet de surprise lui échapper, au même titre que l'emprise qu'elle exerçait sur le ténébreux.
Ne perdant pas de temps, le chirurgien sachant que sur les cerbères ses pouvoirs étaient vains, activa sa room et se téléporta hors de portée des mâchoires dentées des chiens des enfers. Un peu plus loin, à même le sol, après une série de roulé-boulé, Moyesïa maintenait tant bien que mal la blonde au sol.
Le reste des pirates sachant que la fin de la confrontation arrivait à grands pas, se précipitèrent dans la mêlée. Les cerbères sans ordres furent pris au dépourvu, et les hearts en profitèrent largement.
La situation tournait dans le sens d'une victoire pour les pirates. Mais la silhouette blessée et épuisée d'Hop se dessina dans le dos de Moyesïa, devant déjà gérer Anne. Les mains prises, la démone fut totalement vulnérable face au jeune démon s'apprêtant à lui assainir un coup bas. Mais c'était sans compter sur Tim, non loin, qui à la vue de ce qui allait se produire vola à la rescousse de sa nakama
Un coup porté à la tête, et Hop bascula mollement sur un côté, sombrant dans l'inconscience. Sïa remercia Tim d'un fin sourire, et ce dernier s'empressa de l'aider une fois de plus. Anne, aux mains de Tim, Moyesïa eut le loisir de l'enchaîner.
Law arrivant près d'eux, pointa sous la gorge de la lady démonaique la lame de Kikoku, tout en affichant un rictus. La pointe d'une lame pressant sous sa gorge, un filet de sang dégoulinant le long du cou, Anne déglutit avec difficulté.
-Ordonne de suite à tes bêtes de cesser le combat, ordonna sèchement le capitaine pirate.
Regardant une dernière fois le champ de bataille, un soupir échappa à Anne. Puis à l'instant où elle replongea ses pupilles dans celles de son vis-à-vis, nullement le sentiment de résignation n'y brillait. De son air hautain, toujours à défier son monde, la lady déclara de sa voix de soprano.
-Arrêtez!
De suite les cerbères se stoppèrent, alors qu'Anne administra soudainement un coup de pied d'une violence sans nom à Hop étalé au sol, le faisant ainsi sortir de sa torpeur. Dans un premier temps, submergé par l'incompréhension, Hop papillonna des yeux avant de les poser sur sa maîtresse le jugeant pour son manque de réaction.
Muettement, ils échangèrent apparemment des adieux sans que les hearts ne comprennent. Les coins des yeux d'Hop lui piquèrent et bien vite des larmes dévalèrent sur son visage. La gorge nouée, avec l'impression que son cœur était compressé entre deux étaux, l'albinos murmura:
-Je vous suivrai jusqu'à ce monde, car après tout s'est là qu'est ma place, à vos côtés...
-Brave lapin domestiqué, le félicita Anne.
Le brave lapin domestiqué vit apparaître au creux d'un de ses yeux un curieux symbole, qui apparut également sur les corps des cerbères. Quant à Anne, ayant depuis longtemps reporté son sceau sur son animal de compagnie, elle fit venir de son monde une dague qui se plongea dans l'œil d'Hop. Le majordome hurla sous la douleur, alors que les cerbères les entourant devinrent plus bestiaux que jamais.
Tandis que les symboles qui les ornaient disparaissaient, leurs babines se retroussèrent, et leurs oreilles pointues se dressèrent au dessus de leurs têtes. Les bêtes ne répondaient plus à rien. Ils tournèrent autour des hearts et de leur dresseuse, tels des vautours survolant une charogne.
Les hearts refermant leurs rangs furent pris de court. Soudainement, un cri grisant ébranla les oreilles de tous. Hop, toujours en larmes et regardant sa maîtresse, se faisait tirer par la jambe par l'un des cerbères vers le reste des monstruosités.
La jambe du blond était broyée par les mâchoires du cerbère, offrant à Hop mille souffrances, alors que bien vite, il fut submergé par les corps difformes des cerbères l'encerclant. La bave dégoulinait des mâchoires, la folie brillait dans les yeux de fouine des chiens des enfers. Sans plus tarder, les cerbères se jetèrent en parfaits affamés sur leur steak vivant, Hop. Dans des cris d'agonie, dans une marre de sang, sa chaire fut arrachée, son bras droit tordu puis séparé de son torse. Hop mourut dans d'atroces souffrances, tout en hurlant des excuses à sa maîtresse Anne, regardant le spectacle macabre avec indifférence.
Et comme si la situation ne s'était pas assez envenimée d'un coup, sur la ligne de l'horizon des navires de la marine apparurent, et filèrent vers le port Rocky. On leur avait signalé les agissements de Trafalgar Law dans le coin, et que l'axe de commerce le plus important de Red Line était en danger.
-Chirurgien de la mort! Vous êtes en état d'arrestation! Libérez de suite le port Rocky !
Les navires s'amarrant pointèrent leurs canons en direction des hearts, tandis que les cerbères se retournèrent vers les quelques marines débarquant sur les quais. A la vue de ces chiens à trois têtes, nombre des pantins de la justice prirent peur. Quant aux chiens à trois têtes en question, sans hésitation, une grande partie se retourna contre les marines, dont les rangs furent massacrés.
Chez les heart, la manche du capitaine fut tirée par sa nakama dans le but d'attirer son attention.
-Capitaine, il faudrait battre en retraite.
Le capitaine approuva vivement. Il avait récupéré leur nakama, Moyesïa, et désormais il devait songer à mettre son équipage hors de portée des crocs des cerbères. Ainsi, évitant les balles perdues des marines, les coups de dents des cerbères, l'équipage pirate parvint, avec quelques blessés à rejoindre leur navire. Les mécaniciens s'activant auprès des moteurs, rapidement le sous-marin jaune canari disparut sous l'océan.
Au port Rocky.
Anne restée au port, se cachait de ses anciens lèche-bottes canins. Les hearts étaient partis, certes, mais le capitaine avait veillé à ne lui laisser aucune chance en la transperçant de son sabre. Alors, une main compressant sa blessure à l'abdomen, et s'appuyant à un hangar, la blonde tentait de s'en sortir malgré tout.
Elle était affaiblie, d'un coin de sa bouche un filet de sang s'écoulait. Trébuchant, la maîtresse des cerbères tomba au sol, toussa du sang, et lorsque son regard remonta, elle croisa celui transperçant d'Etartin, le leader du groupe de musique rock, accompagné par ses deux amis.
-Pauvre fille. Tu me fais pitié, déclara le musicien.
Dans l'incapacité de répondre, la lady se contenta de le foudroyer du regard, tout en prenant conscience qu'elle n'avait pas souhaité les extirper de son monde! Qu'une conclusion pouvait se solder de cette constation. Ses forces l'abandonnaient, sa fin était proche.
Derrière le groupe de démons, des cerbères les avaient trouvés. Etartin d'une voix plate ordonna à ses acolytes de s'occuper des toutous embarrassants, alors qu'il tirait de sa poche une corde en nylon de guitare. Et alors que Ximer et Duck partirent combattre, l'argenté s'approcha d'Anne qui tenta une fuite se soldant par un cuisant échec. L'étranglant de sa corde, le musicien la plaqua contre son torse alors qu'Anne de ses mains tentait de le faire lâcher prise. Ses faibles appels à l'aide se transformèrent au fil du temps en des suffocations. Enfin, jusqu'à se que ses bras ne tombèrent mollement de part et d'autre de son corps.
-Et Etartin! T'as fini de t'amuser?! Demanda Ximer.
-C'est vrai. Grouille! Ces clebs me les brisent, renchérit Duck.
-Oui, oui, j'ai terminé, opina le guitariste aux cheveux couleur poivre.
Mais attirant leur attention, au dessus de la mer, le ciel s'ouvrit en deux. De cette fissure sortie une patte géante pourvue de griffes acérées. En voyant cela, les marines jouèrent des castagnettes avec leurs genoux, alors que le phénomène inexpliqué au-dessus de leur tête se poursuivit.
De la déchirure céleste, trois têtes de cerbère passèrent, puis de puissantes et saillantes épaules. Le reste du corps du cerbère colossal retenu auparavant dans le monde d'Anne, se dégageait de celui-ci. Une fois la bestialité géante à l'air libre, ce dernier s'étira alors qu'il retroussait ses babines en voyant le buffet surprise qu'était les marines pour lui.
Mais bien vite il déchanta. Duck agile sur ses pattes de félin fléchit les jambes, alors qu'Etartin délaissait le corps d'Anne dans les bras de Ximer.
-Garde-la. On s'occupe de cette chose, décréta Etartin.
-Quoi?! Pourquoi c'est toujours moi! Protesta tout en gonflant les joues le rouge.
-Ferme là, et obéit.
-L'enfumé ta gueule!
-Taisez vous, soupira Etartin, Duck diversion.
L'homme chat hocha la tête, puis dans plusieurs bonds se retrouva devant la truffe de l'être difforme. Griffes sorties, il lacéra la peau du museau de la tête centrale. La bête grogna puis chercha à attaquer ce gêneur pendant de longues minutes. Durant ce laps de temps, le leader des deux autres musiciens prépara les lieux.
Etartin passant une main dans ses cheveux poivre, fut satisfait bien qu'il ne le montrait pas. Retournant son attention à son comparse, il vit qu'il finissait à temps. Un coup de patte du cerbère et Duck se retrouva à racler le sol du port. La bête enragée fit un pas dans leur direction, mais à cet instant précis Etartin fit apparaître un cercle magique. Il adressa un regard vers les représentants de la justice, la marine, et se dit que leur présence était une véritable aubaine.
Le cercle magique aspira soudainement les âmes des marines, tombant les uns après les autres à genoux, bouches grandes ouvertes d'où s'extirpaient leurs enveloppes spirituels. Quant au cerbère colossal, il s'agita de plus belle, ne voulant pas finir comme [s]EUX[/s], enchaîné au monde humain. Une fin encore plus triste que le labyrinthe d'Anne, selon lui.
Bien vite plus aucun marine ne fut en vie, et sous les pattes du cerbère, la mer se divisa, ne laissant qu'un trou béant où d'autres entités gigantesques et bestiales étaient confinées. Etartin ouvrit les grilles de la cage de ces monstres, et le cerbère géant y fut happé. Dans un hurlement strident, ce fut le seul son qu'on retenu de l'animal démoniaque avant que les flots se réapproprièrent le terrain dont on les avait dépourvu.
Cette tâche finie, Etartin rejoignit ses deux comparses, tout en cachant sa fatigue. Il jeta un coup d'œil à Duck dont une partie du visage était en piteux état. Son leader tira une fiole de sa poche, et coula sur le visage meurtrie de son ami quelques gouttes transparentes, qui guérirent Duck.
-Que ces larmes peuvent être utiles, rigola de bon cœur Ximer.
Ne répondant pas, le grisâtre tendit la main vers le guitariste qui lui remit le corps sans vie d'Anne. Etartin laissa courir ses doigts sur la joue humidifiée par des larmes d'Anne, s'attarda à passer sous son pouce la lèvre inférieure de la blonde, tout en scrutant chaque détail du doux visage, paisible, semblant dormir, qu'il avait sous les yeux.
-Magnifique. Je pense que gourmandise nous acceptera avec un tel présent. Il faut la mettre au frais pour la préserver.
-Et se barrer d'ici, renchérit Duck tout en s'allumant une nouvelle cigarette.
Etartin prit en compte le souhait de son ami, puis hocha la tête consentant à leur demande. Après tout, dans un port si vaste il trouverait un navire aisément et répondant à leurs critères. Mais, en passant devant des caisses, ils virent un jeune marine tétanisé sur place et traumatisé. Etartin le regarda du coin de l'œil, avant de lui sourire sadiquement.
-Veinard. Tu seras le seul survivant. Rapporte donc à tes supérieurs cette journée d'horreur. Et crains mon courroux si tu ne le fais pas.
Le marine hocha vivement la tête, alors qu'il tremblait de la tête aux pieds. Duck se retint de faire ses griffes sur lui, alors que Ximer de lui exploser les tympans pour le plaisir.
Suivant leur leader, ils trouvèrent leur bonheur. Un petit navire largement assez grand pour eux trois et tout équipé. Ils mirent les voiles, posèrent le corps d'Anne dans un congélateur puis se dispersèrent sur le navire pour s'approprier les lieux.
Plus loin, sur le navire des hearts, le mot détente n'était pas d'actualité. Les mécaniciens poussaient les moteurs à fond, tandis que touts ceux pouvant aider, même si les postes n'étaient pas respectés, le faisaient. Conduisant les plus gravement blessés sur la table d'opération du chirurgien déjà bien amoché lui-même, mais faisant passer ses hommes avant. Enfilant des gants, l'équipe médicale du chirurgien de la mort referma la porte du bloc derrière elle.
Tim, ainsi que Charle, l'un des jumeaux roux, étaient les plus touchés, entre vie et mort. Les heures qui suivirent, ne furent qu'angoisse. A une vitesse de croisière, le navire voguait à l'abri de regards indiscrets. À la porte du bloc, Chorle attendait avec anxiété le dénouement des soins de son frère. Dans son coin, tentant de se faire oublier, Moyesïa attendait également.
Cette attente la foudroyant, lui remontant la gorge, lui saisissant les tripes. Le monde se refermait sur elle, comme si ce dernier était devenu une brochure qu'on froissait à peine l'avait-on eu en main. Si ses nakamas ne s'en sortaient pas, si à cause de son erreur ayant entraîné cette confrontation face à Anne, ses précieux amis trépassaient la brune deviendrait ce bout de papier froissé, et déchiré, bon à jeter
Puis soudainement les portes de la salle s'ouvrirent sur Trafalgar. Moyesïa délaissa le mur qu'elle fixait, et un soupir lui échappa en voyant les mines joyeuses éclaircissant les visages de ses amis parlant avec leur supérieur, apportant sans l'ombre d'un doute, de très bonnes nouvelles tant espérées et attendues.
Puis, remarquant le regard de sa nakama, le chirurgien la fixa. Il mit un terme aux explications sur l'état de ses patients, puis marcha jusqu'à Sïa. Lui faisant un signe de la tête, il ordonna à sa subordonnée de le suivre.
Sans une objection, cette dernière s'exécuta bien consciente que l'heure des réponses aux interrogations de Trafalgar avait sonné. Les deux pirates arrivèrent au bureau de Law. Entrés dans celui-ci, le capitaine s'assit dans son fauteuil et considéra en silence la jeune femme lui faisant face. Pas l'ombre d'un geste de la part de Sïa attendant le verdict.
Law doutait. Sa camarade était bien mystérieuse, et depuis le soir de noël, fameux soir où il avait vu une toute nouvelle facette de sa part de démon, mille interrogations, et doutes, le hantaient. Moyesïa représentait-elle un danger? Son intégrité était-elle sincère, et durable ? Pourquoi tant de mystères l'entourant!
-Capitaine?
A l'entente de son titre, le pirate de longue date revint à lui, délaissant ses pensées. Sa nakama quant à elle se mordit la lèvre tout en fuyant ses yeux métalliques. Avait-elle encore le droit de l'appeler ainsi? Voudrait-il la garder? ...Moyesïa voulait les sauver d'elle...trop de sang avait déjà coulé pour sa vie. L'hécatombe devait cesser là.
Mais, d'un autre côté, Trafalgar était un D. Désormais la jeune femme était comme piégée. Il était un D! Bordel! Un D qui l'avait côtoyée ! Un D ayant conduit la dresseuse des cerbères à sa perte ! Un D s'étant révélé aux yeux des démons. Plus question que la heart s'en aille.
-Vous êtes un D, finit par dire la jeune femme tout en relevant sa tête vers son capitaine dont touts les muscles se sont tendus à cette affirmation véridique.
Serrant les dents, le brun l'incendia de son regard de glace. Comment pouvait-elle connaitre cela?! Impossible ! Law était pourtant certain que personne dans ce vaste monde ne connaissait ce secret bien gardé. Ses craintes s'amplifièrent, sa nak-, non ce démon lui donnerait des réponses, et ainsi il aviserait de son sort, qui s'assombrissait d'un cran.
-Comment ?
-Ne faite pas semblant de ne pas comprendre. Cela ne te va pas Trafalgar. Mais, si tu le désires, je répète. Tu es un D. J'en suis certaine, ne le nie pas. Les cerbères sont aussi appelés les traqueurs. Ils pourchassent les D.
Assimilant les révélations précédentes de Moyesïa, le chirurgien observa avec méfiance l'ex-noble contournant son bureau. Une fois à ses côtés, le visage inexpressif de Sïa renvoya le regard de son capitaine, alors que le démon poursuivit sans entrain ses explications avec difficulté. Il y avait tant à dire, tant de détails à ne pas négliger, et surtout ce regard pesant et jugeur la pétrifiait sur place.
Avoir perdu ce semblant de confiance avec Law était douloureux. Après tout, Moyesïa savait qu'elle l'avait acquise avec un trop plein de facilité chez lui. Son capitaine, si elle pouvait encore le nommer ainsi, était un homme froid et distant, aux secrets bien gardés. Ce semblant de confiance qu'il plaçait au sein de chaque membre de son équipage devait être entretenu par eux. Et cette tache, la jeune démone y avait failli, et savait pertinemment que son avenir ne lui permettrait jamais de remplir pleinement cette fonction.
-Je vais t'expliquer. Tout. Et répondrai à tes questions au mieux. Premièrement, il faut savoir ce qu'il s'est passé il y a mille ans.
Mille ans? Les dates s'approchaient bien trop du siècle oublié selon Law, qui donna toute son attention à la jeune femme.
-A cette époque, pour une raison m'étant inconnue, pour la première fois démons et humains se rencontrent. Deux cent ans passent ainsi, où durant lesquels les rivalités sont constantes. On craint ces êtres aux pouvoirs dans un camp, d'un autre en minorité, la technologie effraie. Mais les événements ne s'arrêtent pas là. En arrivant sur cette terre nos vies raccourcissent pour devenir comme les vôtres. On découvre par miracle un moyen de les allonger. Voler l'âme de ses étrangers nous ressemblant physiquement, mais qui riposteront en se rendant compte qu'au fil des démons qu'ils tuent, ils se voient investis de pouvoirs. Une guerre devint vite inévitable. Le dénouement de celle-ci m'est inconnu. Ceux revenus de cette hécatombe furent au nombre de sept. Sept démons rendus fous par les horreurs qu'ils avaient faites et vues. Pour connaitre cette réponse, il suffit de lire les ponéglyphes.
Se stoppant là, Sïa observa son capitaine absorbant tant bien que mal toute ces informations. Et il avait de quoi être estomaqué! Après avoir découvert l'origine des fruits du démon à l'aide d'une naufragée, il lui suffit de parler à cette dernière pour connaitre le siècle oublié?! Ce fameux siècle dont la marine souhaiterait effacé des mémoires de tous. Mais pour autant, ses interrogations étaient loin d'être toutes soufflées.
-Et les D, qu'ont-ils à voir dans tout cela? Et qu'as-tu fais lors de notre précédentes escale.
S'armant de patience face au ton dur qu'employait son supérieur, avec un pincement au cœur, Sïa reprit ses interminables explications qu'elle aurait tant voulu porter dans sa tombe.
-Sur l'île que j'ai rasé, j'ai rencontré ce que l'on appelle un chevalier. Les humains évoluant en tuant des démons passent par trois grades: Chevalier, Dragons céleste et enfin Ange. Quant aux D, ils sont les ancêtres de démons, d'anges et d'humains s'étant liés entre eux, ne comprenant pas l'existence de cette guerre futile. Et comme tout, comme tu l'as certainement remarqué, tous peuples sont tels les maillons d'une chaîne. Les démons s'en prennent aux humains, les anges s'en prennent aux démons, les démons abattent leurs crocs sur les D, leur permettant d'évoluer à leur tour. Et moi, j'ai remis le mécanisme de ce sinistre engrenage en route...le portail d'Akuma ne permait pas de passer trop de démons en même temps, celui du chevalier l'a pu...j'ai...j'ai...conduit à la création d'une nouvelle guerre, acheva de déclarer Sïa tout en baissant la tête, honteuse.
Quant au chirurgien prit d'assaut par un mal de tête monstre, il tenta un rapide résumé de la situation. Donc il y a mille ans, démons et humains se rencontrent pour la première fois, et une guerre éclate. En se servant de chacun comme source de pouvoir ils évoluèrent, ou rallongèrent leurs vies. Par la suite des démons, anges, et humains pacifiste s'unissaient, et leurs progénitures ayant survécus jusqu'à aujourd'hui sont les D... C'était trop gros à avaler.
Tellement que le ténébreux releva son regard sur sa nakama, mais se stoppa devant son regard rougeâtre, aux pupilles félines centrées sur sa silhouette. La gestuelle de sa nakama n'avait pas changée, Sïa ne bougeait pas d'un iota. Son regard émeraude ayant laissé place à celui rougeâtre fixa son capitaine.
Avec un faible sourire, Sïa ajouta doucement, la question lui pesant le plus sur le cœur; Qu'allez vous faire de moi Trafalgar?
Allait-il la virer de son équipage? Son choix aurait été totalement justifié. Se débarrasser du démon qui sans doute chercherait à réparer ses erreurs la connaissant, lui permettrait de se soustraire de tous ses ennuis, enfin en partie. Le fait qu'il soit un D l'impliquerait tôt ou tard. Soupirant le chirurgien relâcha ses épaules.
-Retourne à tes taches, ordonna le ténébreux. J'expliquerai au reste de l'équipage toute cette désagréable histoire. Ils doivent savoir à quoi nous sommes confrontés. Ma décision est la même qu'avant, tu restes sur mon navire, dans mon équipage.
Un faible sourire illumina le visage de la brune, reconnaissante. Trafalgar ne la pardonnait certainement pas, une sanction tomberait à coup sûr. Sa patience était à bout, et la jeune femme ne l'ignorait pas. Les paroles étaient inutiles à l'instant, et la présence de Sïa se faisait de trop. Le comprenant avec aisance cette dernière sortie du bureau de son supérieur, le cœur lourd. Ses amis allaient se lancer dans une confrontation qui n'aurait jamais dû avoir lieu, tout cela pour elle, ayant fait un choix tout autant important, et lourd de conséquences en quittant son capitaine.
...le jour de son sacrifice viendrait...
Et voilà la fin d'Anne! Je suis certaine que beaucoup d'entre vous sont heureux de sa mort ^^
