Merci pour ta review Cora-Hearts
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Livrée au mot : liberté, Moyesïa gambadait joyeusement dans la plaine de l'île enneigée. A ses côtés, ne pipant pas mot, Molono était bien forcé de suivre.
Inquiet, l'albinos, otage de la démone, scruta le ciel. Le désert blanc s'étendait sur des kilomètres, et au loin, seul un imposant massif montagneux contrastait au reste du paysage. Une forêt de sapins aux branches recouvertes de neige pliaient leurs cimes à chaque rafale de vent.
Le jeune homme retourna son attention aux nuages approchant, et menaçants. Voyant le temps se couvrir, les nuages gris approcher, il se tourna vers Moyesïa dans l'espoir que sa kidnappeuse ait un semblant de maturité. La jeune démone pour sa part souriait gaiement, son nez et ses joues rougies par le froid étaient dissimulés sous une écharpe. N'ayant pas le luxe de s'éloigner bien loin du navire pirate, elle se contentait des lieux.
Reculant, Sïa regarda son œuvre. Un bonhomme de neige. Beau, qu'il était beau. Parfaitement symétrique, les deux sphères composant son corps à l'équilibre parfait, bien rondes, bien formées. Des yeux en pierre, et des branches en guise de bras.
-Il lui faut un nez, murmura la brune ayant régressé vers l'enfance, laissant ses tracas de côté le temps de la création de son ami sphérique blanc.
Gardant le silence son prisonnier la considéra. Il n'aimait pas cette stupide gamine, présentée sous les traits d'une adulte. Vraiment, Molono était excédé de voir pareille futilité.
-Tss, t'es vraiment conne.
-Ha, tu trouves aussi, soupira Moyesïa ignorant plus qu'autre chose la remarque.
Cherchant des yeux ce qui pourrait servir de nez à son bonhomme, la démone soupira. S'amuser dans la neige, elle l'avait fait rarement. A la cité d'Akuma il ne neige pas. On ne peut voir cette douceur blanchâtre qu'en s'aventurant sur des pics plus loin. Alors, goûter à ce plaisir si rare d'enfoncer des bottes fourrées dans la neige, elle n'avait pu y résister. Allant jusqu'à braver l'interdiction de son capitaine.
Bien que tout le long de son escapade une petite voix intérieure lui chuchota des atrocités, un bruit de fond gâchant le moment présent. Cette si petite voix lui rappelant la situation précaire. Aussi bien ses erreurs, que le moment où faire face à son capitaine viendrait.
Non, secouant la tête, la brune décida de les chasser de son esprit persécuté constamment par des interrogations. Juste une petite heure réclama-t-elle. Une petite heure loin de tout, loin des responsabilités, et loin des sourires forcés lors de ses moments d'absences pour ne pas inquiéter les heart. Juste une petite heure pour apprécier un plaisir simple, jouer dans la neige. C'était comparable à obtenir la lune ? Certainement pas.
S'arrêtant de divaguer, Sïa regarda d'un air inquiet la forêt. Elle fronça des sourcils en sentant l'approche d'étrangers. Elle ne pouvait pas prendre le risque de se faire remarquer. Alors évitant toute rencontre, la démone remonta ses pas, et tira sur la chaîne retenant son prisonnier qui resta planter droit comme un piquet. Le regardant par dessus son épaule, Sïa soupira.
-Une tempête se lève.
Cette phrase fut à peine prononcée, qu'un flocon de neige tomba sur le bout du nez de Sïa. Cette dernière releva la tête, tandis que d'autres flocons tombèrent. Autour d'eux le vent froid reprit de la vigueur, les cimes du sapin plièrent plus souvent. L'albinos ne mentait pas.
Le paysage environnant se brouilla. Sïa claqua des dents, tout en observant les alentours. Elle devait rentrer au sous-marin. Mais le climat actuel réduisait grandement sa visibilité, au point de ne distinguer qu'une masse floue représentant Molono à ses côtés. Seule cette chaîne le retenant, les liait.
Moyesïa avança au bonheur la chance, d'un pas hésitant et chancelant. Ses yeux plissés, elle continua sa route, se dirigeant vers ce qui lui semblait être le chemin vers le sous-marin. Mais les secondes devinrent minutes, jusqu'à ce que ces dernières deviennent à leur tour une longue heure.
Le froid semblait chaque minute plus intense, son avancée dans la neige ardue. La démone tomba à genoux, ses bras l'enserrant et ses mains frottant énergiquement ces derniers. Epuisée, la brune ne trouva pas le courage de se relever comme de précédentes et nombreuses autres fois. La chaîne qu'elle tenait encore dans ses mains n'était même pas tendue, au point qu'elle se questionna. Son alibi avait-il réussi à se faire la malle ?
Piochant une ultime fois dans ses forces, Sïa se releva mais à bout chuta. Son visage fut accueilli par un oreiller glacial mais si accueillant. Ses paupières s'alourdirent, l'envie irrésistible de s'incliner devant la volonté de Morphée la piqua à vif. Quant à sa chaîne, elle disparut, son pouvoir lui en demandait trop.
Prêt de son visage, les bottes de Molono entrèrent un instant dans son champ de vision, ce dernier s'accroupit à sa hauteur, et lui caressa du bout de l'index la joue.
-Bienvenue sur mon île. Qu'elle t'emporte. Que mon monde blanc devienne ta tombe pirate.
Suite à cela, le jeune homme délaissa le corps frigorifié en proie à la morsure du vent. La neige tombante recouvrit petit à petit Moyesïa s'endormant sans lutter bien longtemps.
Du côté de Molono, l'albinos remonta le col de son manteau avec la ferme attention de ne pas finir comme la heart qui l'avait mis dans pareil pétrin. Enfin bon, au moins le voici libre, et hors de portée du toubib psychopathe.
Ses soucis étaient loin d'être réglés, mais Molono savait quoi faire. Trouver au plus vite un moyen d'entrer en contact avec Joker.
Le chirurgien avait farfouillé dans ses magouilles pour son plus grand malheur, il devait réparer ce coup du sort avant d'en pâtir! Depuis des années, il préparait son jeu, avait épluché chaque donnée! Il avait renversé l'ancien régime de l'île, en tuant ses propres parents à petit feu à l'aide de poison, et se jouait de la crédulité de tous sur cette île! Lui, le prince Molono, aurait touché à son but si ses sombres projets n'avaient pas été découverts, le forçant à prendre la mer pour fuir l'île.
Soupirant face à sa malchance, l'albinos s'engouffra dans la forêt de sapins. Il continua, quelques pas encore, puis soudainement un large sourire s'étira sur ses lèvres. Au loin, des lumières blafardes de petites habitations lui indiquèrent où aller et que lui, contrairement à la démone, était sortit d'affaires.
Rajustant sa capuche, ne prenant aucun risque d'être découvert, le fugitif emprunta le chemin déblayé le conduisant en lieu sûr. Dans les rues de la ville, il se faufila entre les passants, et en toute discrétion chaparda une bourse de Berry des poches d'une vielle dame. Sans remords, il poursuivit son chemin jusqu'à atteindre une auberge pouvant être dans ses moyens.
Une fois celle-ci trouvée, il se paya une chambre. S'allongeant sur son lit, regardant le plafond, Molono soupira. Il était dans la mouise, ses affaires en cours avec Joker étaient en danger.
-J'étais si près du but...Si Joker apprend que nos plans sont en fâcheuses postures, il me tuera sans doute.
Effectivement, après tout l'homme sous le pseudo de Joker était bien peu patient, et ne pardonnait aucune erreur. Sans oublier que ne pouvant le contacter, ce dernier pourrait bien stopper brutalement tout, et envoyer l'un de ses hommes de main le liquider.
Déglutissant à cette pensée, Molono se redressa. S'il voulait avoir une chance de voir ses plans se concrétiser il devait agir maintenant, quitte à prendre des risques!
Sortant de sa chambre, le jeune homme retourna au comptoir de l'auberge. A l'aubergiste, il quémanda poliment la possibilité d'obtenir un escargot phone. Répondant au désir de son client, la jeune employée espérant une prime ce mois-ci se leva.
-Attendez un instant monsieur.
La blonde marcha calmement vers la porte dans son dos, et s'éclipsa une poignée de minutes. Revenant avec un escargot phone gris, elle le tendit à Molono qui s'en empara tout en la remerciant. Revenu dans le calme de sa chambre, l'albinos prit le risque de contacter l'un de ses associés. Il tourna le disque numéroté de l'escargot phone puis, avec impatience attendit qu'on décroche à l'autre bout du fil.
Cette attente qui fut pourtant infime sembla durer des heures pour l'ex-captif des hearts. Il sentit même une veine pulser sur sa tempe en écoutant l'infernal peule peupeule peupeupeule du gastéropode, et enfin! Délivrance!
-Orange.
-Mandarine.
-Molono! s'écria d'une voix enjouée son interlocutrice.
-Tais-toi bordel! chuchota l'albinos tout en se claquant le front de sa main. Le plan a foiré, je suis toujours sur l'île. Je n'ai pas pu m'enfuir. Ma barque s'est fait attaquer par un monstre marin, puis j'ai eu toute la misère du monde à fuir des pirates.
-De plus, nos documents sont dans les mains de Trafalgar Law. Il s'est intéressé à nos histoires.
-T'as tout raté, sombre crétin.
-La ferme Emy. Je doute que tu aurais fait mieux J'ai déjà élaboré un plan pour nous sortir de ce pétrin. Un membre de l'équipage du heart est séparé des autres. Elle avait comme décidé de me promener dans le dos de son capitaine. Grâce à la tempête, je l'ai semée. Dès demain nous irons chercher le corps, mort ou vif, et auront en apparence un otage.
-Qui nous permettra de l'échanger avec nos documents, compléta l'associée de Molono. Un guet-apens plus loin, et espérons que les heart pirates deviennent de l'histoire ancienne.
-Je n'aurai pas dit mieux, Emy.
Sur le visage de l'escargot quelques rougeurs apparurent, alors que Molono sourit sournoisement. Un échange bref suivit avant que le jeune homme ne raccroche et ne ramène l'animal au secrétariat. Bien entendu, il garda sa capuche pour ne pas se faire remarquer. Dans cette partie de l'île, on ne pouvait pas dire qu'il était le bienvenu.
Une fois revenu dans le calme de sa chambre le fugitif des heart se déchaussa, et fatigué d'avoir dû suivre cette stupide pirate dans la neige à l'aurore, s'endormit. Quelques heures plus tard, une fois la tempête apaisée, avec une impatience dissimulée, Molono attendait à la terrasse d'un café son acolyte.
Apportant son thé à ses lèvres, l'albinos sourit discrètement.
-T'attends depuis longtemps?
-Non. Une dizaine de minutes tout au plus, répondit Molono alors qu'une main se posait sur son épaule.
Déposant sa tasse vide, ainsi que des berrys sur la table, l'albinos se releva. Il fit face au visage métissé de sa fiancée, et acolyte. Son amie venue de South Blue éternua une nouvelle fois. Aussi emmitouflée que personne, Emy jura tout de même contre la fichue température de l'île hivernale. Ses dreadlocks, elle jurait pouvoir les casser, affirmant qu'elles avaient gelé.
Tirant sur la manche de l'albinos, Emy attira l'attention de ce dernier. La brune sourit au jeune homme.
-Alors, elle est où notre petite otage?
Molono dégagea son bras de sa prise, puis se mit en route avec sur ses talons la métisse. Dans le calme, le silence était apaisant, ils traversèrent la forêt de sapins. Le temps en ces lieux semblait tourner au ralenti, le froid offrant ce silence, les animaux hibernaient au seing de ce paysage figé. Leurs pieds s'enfoncèrent dans l'épais manteau blanc, tandis qu'ils arrivèrent rapidement dans une pleine. Pas un rocher, pas une âme qui vive dans les environs. Cherchant de longues heures Moyesïa, ils durent se rendre à l'évidence. Introuvable, ils ne retrouveraient pas la brune.
Revenus bredouille à leur chambre d'hôtel, Molono au pied du mur s'assit lourdement sur le bord du lit. Refermant la porte derrière eux, sa fiancée lança un journal local de l'île à ses côtés, tout en ajoutant :
-Tu fais la une.
Un coup d'œil au bout de papier, et les souvenirs des jours précédents revinrent à l'albinos gloussant sombrement.
Deux jours auparavant.
Molono jura, et se cacha derrière quelques caisses patientant dans les caves du château. Des gardes du palais à ses trousses, il dut emprunter l'un des passages secret d'urgence. Appuyant contre une brique, une porte dérobée apparut. Sans l'ombre d'une hésitation, Molono s'y engouffra emportant avec lui quelques dossiers chapardés plus tôt dans les archives.
A son tour, une jeune fille dévala l'escalier, à sa suite des soldats. En larmes, elle chercha des yeux Molono avant de se précipiter vers le passage secret. L'actionnant, elle ordonna aux gardes de s'y engouffrer.
-Par pitié! Ramenez mon frère!
-A vos ordres!
Les soldats exécutèrent les ordres sans broncher, alors que l'albinos à peine sorti de l'enfance gravit dans le sens inverse les marches. Elle arpenta à vive allure les couloirs du château, puis se calmant, prenant une profonde inspiration, elle rentra en silence dans la chambre de sa soeur aînée, prochaine souveraine.
En voyant sa sœur alitée, la jeune fille ne retint pas plus ses larmes. Elle prit place sur le banc qu'occupait Elise, son autre grande soeur tenant la main de la malade Otitie. La benjamine des trois fondit en larmes, bras croisés sur le lit de la malade où sa tête se nicha dans le creux de ces derniers. Une main tremblante se posa sur le sommet de la tête de la pleurnicharde, alors que d'une voix cassée l'alitée tenta de la rassurer.
-Ne pleure pas, nina.
Plus maîtresse de ses émotions, Elise détourna le regard tout en maudissant son frère, ce traître. Comment Molono, un membre de leur famille avait bien pu faire cela à leur précieuse soeur aînée?! Sans oublier les dernières terribles révélations qui avaient éclaté au grand jour! Il était aussi le responsable de la mort précoce de leurs géniteurs.
Et voila que maintenant il s'attaquait à leur soeur?! Comptait-il tous les décimer les unes après les autres! Nina sanglotant refusait d'y croire, contrairement à Elise tirant un trait sur son frère. Une quinte de toux prit Otitie s'affaiblissant à vue d'oeil. Resserrant sa prise sur la main de sa soeur, Elise sentit un nœud à sa gorge se former.
Les deux albinos voyaient leur soeur les quitter sans pouvoir intervenir, alors que soudainement, un bruit attira leur attention dans un coin de la pièce. Elles se retournèrent toutes deux, et virent sur un fauteuil près de la fenêtre une femme applaudissant, et arborant un sourire n'aspirant rien de bon.
Essuyant du revers de la main ses larmes, et reniflant un bon coup, la benjamine ne pipa mot contrairement à Elise se relevant brusquement, folle de rage.
-Qui êtes vous?! Comment avez vous pu rentrer?!
-Très émouvant, vous êtes très émouvantes, déclara la femme tout en ne cessant d'applaudir, pour peu j'aurai versé une larme, ironisa t'elle.
Se relevant avec grâce, sans difficulté cette silhouette élancée, svelte et aux formes prononcées les domina. Perchée sur des talons, ses pas résonnèrent contre le carrelage, alors que l'inconnue s'approchait des soeurs. Elle se présenta à elles, tout en souriant sournoisement devant leurs expressions de terreurs en leur apprenant qu'elle était un démon.
-Je ne crois pas en ces sornettes, vociféra haut et fort Elise se demandant qu'attendait elle pour appeler la garde.
Devant le répondant de la princesse, le démon gloussa discrètement. Les humains avaient toujours eut le don de la divertir. Passant une mains dans sa tignasse rousse, l'intruse jeta un regard supérieur vers l'alitée et sans compassion, prédit sa mort aux deux sœurs. La plus jeune reniflant, et repoussant ses sanglots jusqu'alors eut du mal à retenir ses larmes, tandis que son aînée s'énerva d'avantage.
Mais, Elise sut au plus profond d'elle-même que cette étrangère avait raison. Otitie n'en aurait certainement pas pour longtemps, leur frère l'avait conduite vers sa tombe.
Leur tendant ses mains, le démon afficha un sourire si perfide et malsain que Nina alla trouver refuge derrière le dos de sa sœur.
-Frêles humaines, laissez-moi vous offrir un pouvoir pouvant sauver votre aînée. Pactisez donc avec un démon.
-Et puis quoi encore, hurla hors d'elle Elise protégeant sa sœur.
Cet être surnaturelle comme elle se décrivait était assurément dangereuse. Se laisser convaincre n'était il pas un risque trop gros à prendre ? Mais d'un autre côté, leur sœur ne ferait pas long feu si rien n'était fait. Sans ce pilier fort, les deux plus jeunes seraient livrées à elle-même, et surtout seules faces à leur traître de frère.
Un gémissement de douleur de la part d'Otitie finit par mettre un terme à toute résistance. Ecoutant attentivement le démon devant eux, les princesses reçurent la proposition de devenir les nouvelles moires, qui lutteraient aux côtés des démons et se hisseraient aux sommets des humains une fois que les nouveaux envahisseurs gagneraient leurs combats.
Le désire de se venger de leur frère présent, les deux princesses scellèrent leur destin à ce démon ainsi que celui de leur sœur, et abandonnèrent derrière elles leurs yeux, endossant les fonctions de moires.
-Votre nom, demanda froidement Elise ne lâchant pas de ses yeux la rousse devant-elle, à qui elle serrait la main.
-On m'appelle La Tacticienne.
Retour au présent
-Bande de racailles ! Vous allez me tuer à la tâche! S'écria Ban tout sourire alors qu'il déposait le petit déjeuner de tous sur la table de la salle à manger.
Il n'en fallut pas plus aux pirates pour se jeter tels des affamés sur la nourriture. En sommes, ce fut un moment banal sur le navire pirate. L'équipage s'empiffrait de bon matin, et ce tout en oubliant les règles de bienséances à table. Mais malheureusement pour eux, lorsqu'ils dépassaient de bien trop ce qui était acceptable, Ban et sa louche se chargeaient de les ramener sur le droit chemin.
Dans cette agitation devenue quotidienne, le chirurgien en bout de table, café en main, lisait le journal du jour tout en tentant de faire abstraction du désordre. Quant à son second à ses cotés, il engloutissait un pot de miel d'un air absent. Le trouble de Bepo n'échappa pas au toubib, et ce dernier ne prit pas de détour pour en connaître la raison.
-Un problème Bepo?
-Je ne vois pas Moyesïa, capitaine.
-C'est vrai. Elle est où notre ventre sur patte kawaii, intervint Penguin la bouche pleine. Vais la chercher!
Mettant ses dires en application, le brun se leva brusquement, les pieds de sa chaise raclant le sol avant de se précipiter vers la sortie. Décidé bien vite à l'accompagner, Shachi emboîta le pas de son grand comparse, et touts deux, décidèrent de faire un crochet à leur chambre pour récupérer de quoi jouer un mauvais tour à leur nakama.
Un sourire espiègle sur leurs visages, ils coururent gaiement jusqu'à la cabine de leur nakama. Gloussant, ils se demandèrent l'un l'autre le silence, alors que Penguin main sur la poignée amorçait un décompte.
-1...
Shachi trépigna d'impatience.
-2...
Le rouquin comme le brun approcha les trompettes en plastiques de leurs bouches, et prirent une grande inspiration.
-3!
Il déboulèrent dans la pièce, et soufflèrent dans les faux instruments de toutes leurs forces, puis se calmèrent bien vite en voyant la pièce vide. Et dire qu'ils espéraient faire une farce à leur amie! Un réveil en fanfare !
-Vous ne l'auriez pas eu, déclara leur capitaine dans leur dos, deux morfales bruyants comme vous contre son haki aurez été débusqué bien vite, soupira Law tout en fermant la porte de sa cabine et désespérant de leurs gamineries.
Shachi et Penguin s'entre regardèrent, puis rigolèrent de bon coeur. Ils avaient parfaitement conscience que leur capitaine devait saturer avec leur quatre cent coups annuels, mais tout de même, les deux farceurs ne cessaient de se vanter d'animer le Polar Tang.
Mais passant ce point, la question de savoir où se trouvait Moyesïa revint bien vite. Réquisitionnant quelques uns de leurs camarades, les deux mécaniciens la cherchèrent partout, l'appelant par moment.
Cependant, l'Aniki du démon devint rapidement aussi blanc qu'un linge, alors qu'il retournait le sous-marin pour retrouver « sa sœur » introuvable.
Réunis dans la salle commune, les pirates du heart se rongèrent les ongles à cause de l'inquiétude les ayant rapidement envahis. Pas uniquement à cause de la brusque disparition de la brune, mais aussi, et surtout, parce que l'un d'entre eux devait se sacrifier en allant prévenir le capitaine de l'absence de la démone.
De cette cellule de crise, Rodrick s'en alla bien vite, décrétant que ce ne serait certainement pas lui que cette garce, en l'occurrence il parlait de Sïa, causerait des ennuis avec le capitaine.
-Vas-y Tim! S'écria Moe.
-Hein?! Pour-pourquoi moi! C'est Shachi et Penguin qui l'ont découvert! A eux de s'y coller!
Une joute verbale éclata bien vite, qui ne déboucha sur aucun accord. Ce fut Chad et sa voix portante qui put apaiser les esprits en proposant tout bonnement un jeu d'hasard pour trancher.
En face à face, Tim contre le duo de mécaniciens débuta les hostilités. Et alors que Tim suppliait le ciel de l'épargner, d'un coup de coude dans les côtes Penguin attira l'attention de Chad. Glissant un billet dans la poche de l'arbitre, d'un clin d'œil le tricheur s'assura la victoire.
Ce fut clair pour Chad qui sourit sournoisement, tout en sortant d'une de ses poches une pièce de monnaie.
-Pile, c'est Tim. Face, les deux p'tits cons.
La pièce sur l'index et son pouce, Chad jeta un coup d'œil à tous ses camarades et apprécia voir le stress de chacun à son paroxysme. Quant à lui, il joua des doigts et la pièce qu'il usait fila vers le plafond.
Tournant sur elle-même, attirant l'attention de tous, ce petit berry allait décider du sort de trois hearts. La saisissant au vol, Chad d'un tour de passe-passe intervertit sa place avec une autre. Il plaqua le berry sur la paume de sa main gauche, puis souleva son autre main pour laisser le résultat « du hasard » à la vue de tous. C'était Face...
Instantanément, Shachi et Penguin le fusillèrent du regard. Les deux p'tits cons s'étaient faits rouler!
Mains dans les poches, furibonds et traînant des pieds, les deux mécaniciens ne pouvant rien dire, du moins en publique sortirent de la pièce. Chad n'avait qu'à bien se tenir, ils se promettaient d'obtenir un jour ou l'autre leur vengeance !
-Tu sais, pas besoin d'avoir deux victimes aujourd'hui...proposa Shachi.
-Je suis totalement d'accord...
Nouvel échange visuel, les deux meilleurs amis devinrent l'espace d'un instant pires ennemis.
-Le premier devant la porte de cap'tain s'en tire, proposa Shachi filant vers les quartiers de son capitaine sans attendre Penguin.
-Hey! Tricheur !
Ne perdant pas plus de temps, le brun tenta de rattraper son retard. Les deux amis étaient bien au coude à coude alors qu'ils courraient dans les couloirs du navire.
A la fin, ils se retrouvèrent devant la porte du ténébreux, chacun tenant le col du tee-shirt de l'autre et chahutant bruyamment pour savoir qui avait gagné. Mais, avec effroi, ils virent la porte des quartiers en face d'eux s'ouvrir sur Law.
-Que se passe t'il, encore?
-Ben..., commença pathétiquement Penguin.
La salive des deux hommes semblait s'être asséchée, contrairement aux sueurs froides dévalant leurs dos.
-J'attends, s'impatienta le ténébreux les foudroyant de ses yeux cernés.
Leurs bouches pâteuses, leurs langues pesant des tonnes, il trouvèrent un second souffle, inspirèrent et d'une seule voix déclarèrent:
-Moyesïa n'est plus sur le navire, capitaine.
