Lavande s'amusait. C'était un sentiment qu'elle avait perdu depuis longtemps, mais se balader à travers les rayons du magasin avait fait renaître ce sentiment. Elle était arrivée près d'un centre commercial d'Édimbourg qu'elle connaissait, l'ayant souvent visité avec sa mère. C'était un plaisir simple, une chose banale, un loisir et une passion qu'elle avait perdue. Elle se souvenait des discussions enflammées avec Parvati au coin du feu de la salle commune de Gryffondor, des rêves qu'elles avaient faites toutes les deux. Il y en avait un qui avait maintenu sa volonté intacte pendant la guerre contre Voldemort, celui de monter sa propre boutique avec Parvati. Elles avaient découvertes que c'était Harry qui avait donné l'argent aux jumeaux pour qu'ils puissent monter leur entreprise, chose qu'elles avaient trouvé formidable. Si elles allaient voir Harry avec un bon dossier et en montrant le sérieux qu'elles portaient au projet, les deux filles étaient sûres qu'il accepterait de les aider. Cependant, tout s'était effondré. Parvati et sa sœur avait été rapatrié en Inde à la fin de la guerre, la laissant seule. Si cela lui avait fait mal, elle aurait pu s'en sortir, jusqu'à ce qu'elle découvre les conséquences de la guerre sur elle, elle était maintenant un loup garou. Lavande n'avait jamais su comment Fenrir Greyback lui avait transmis le gène alors qu'il était sous forme humaine et que ce n'était pas une nuit de pleine lune, mais c'était arrivé.

Une étrange odeur frappa son odorat, la faisant se retourner vers la porte du magasin. Ce qu'elle vit la fit reculer et chercher une autre issue. Une vingtaine d'hommes étaient en train de rentrer, et ses sens lui signalaient qu'ils n'étaient pas de simple personnes, mais des sorciers. Ces derniers étaient en train de vider le magasin, lançant des sorts de confusions à toutes les personnes et bloquant les issues, elle était condamnée. Son cœur se serra quand elle vit deux personnes qu'elle connaissait rentrer dans la boutique, deux personnes qui pouvait la sauver, mais aussi la condamne. Silencieusement, elle attendit, attendant qu'ils la trouvent, c'était inéluctable.

- Elle est là ! Cria un des hommes. Approche ! Et pas de gestes menaçants !

Doucement, la tête haute, elle marcha entre les rayons, ignorant les baguettes pointées sur elle, avant de se placer face à deux de ses anciens amis, Ron et Hermione. Elle vit le visage de son ex-petit-ami se crisper, tandis que celui d'Hermione était triste, une larme solitaire était en train de tomber, larme qui était apparu à la seconde où Lavande était apparue.

- Lavande ? Souffla Hermione doucement. Nous pensions…

- Ronald, Hermione, dit Lavande d'un ton neutre.

- Lavande Brown, dit un auror près de Ron. Loup garou depuis la bataille de Poudlard. Disparue de la réserve de Loup garou de Winchester. Elle est présumée coupable du meurtre de trois aurors quand elle a fui. L'ordre est de la capturer et de l'interroger avant de la ramener dans le camp.

- Ne me dit pas quoi faire Diggle ! Siffla Ron entre ses dents.

- Veuillez m'excuser Monsieur, dit l'homme en saluant son supérieur. C'est un ordre qui a été émis avant votre arrivé au poste, je ne faisais que vous mettre au courant.

- Je ne retournerai pas là-bas, dit Lavande en essayant de garder son sang-froid.

- Lavande s'il te plait, dit Hermione d'une voix suppliante. C'est pour ton bien. Tu peux y vivre sans blesser personne.

- Ferme-la Granger ! Cria Lavande. Toi, plus que tous ces imbéciles sais ce qu'est cette réserve. C'est un foutu camp de concentration ! Mettons tous les loups garou au même endroit, isolé des autres ! Avec une jolie petite étiquette et un appel tous les matins pour être sûr que tu es toujours là ! Comment peux-tu accepter qu'une telle chose existe !? Tu as lu les même livres scolaires que moi, tu connais Hitler, comment ose tu tolérer que ces camps existent quand tu sais où cela mène ! Où est passé la femme qui défendait le droit des elfes de maisons ? Ces derniers méritent-ils aussi de vivre comme du bétail ? Ou alors il n'y a qu'eux qui ont le droit d'avoir des droits égaux aux sorciers ?

Hermione avait reculé sous l'assaut verbal de l'ancienne Gryffondor, mais elle ne pouvait rien dire, rien faire. Lavande avait raison, les sorciers avait recré les camps de concentration, cherchant à rassembler tous les loups garous, vampires et autres créatures dans des lieux spécifiques. Elle avait combattu contre ça, essayant de modifier les lois quand elle avait pris la tête du département, mais c'était trop tard. Elle avait réalisé que la seule personne qui aurait pu l'aider était partie. Avec Harry, elle aurait pu y arriver, mais elle l'avait trahie, et elle avait tout perdue. Elle avait combattu un moment, mais Ron avait finalement pris un elfe de maison et elle c'était habituée à sa présence, perdant de vue la raison pour laquelle elle avait choisi cette carrière. Si elle avait choisi Harry, son rêve d'égalité aurait pu se réaliser, mais elle avait fait la pire erreur de sa vie, lui coûtant son rêve, sa vie, ses idéaux.

- Sache-le Hermione, dit Lavande d'une voix froide. Si je retourne là-bas, ils sont tous morts. Chaque foutu gardien mourra sous mes crocs.

- Lavande, pleura Hermione en voyant les baguettes de tous les aurors se dresser à cette menace. Pourquoi ? Pourquoi de tels mots ?

- Tu ne sais pas Hermione ? Tu ne sais pas ce qu'ils ont fait ? Ce qui hante mes nuits ? Dit Lavande d'une voix douce en avançant tranquillement vers Hermione. Soit, je vais te raconter.

Tout le monde retenait son souffle, seul la main levé de Ron empêchait les aurors de tirer des sorts sur la femme. Lavande était maintenant juste devant Hermione, les yeux fixer dans ceux de sa femme. Il priait toutes les fibres de son corps de ne pas avoir fait d'erreur, que Lavande n'allait pas attaquer.

- Quand la bataille c'est terminée, continua Lavande. J'ai découvert deux choses, deux choses qui ont détruit la vie. La première fut la réalisation que j'étais devenue un loup garou. Comment, je l'ignorais, mais la première nuit, j'ai tué mes parents chez qui j'étais retournée, festoyant de leurs corps. Ce ne fut que le lendemain que j'ai découvert ce que j'avais fait, et cela fut la première chose qui fissura mon esprit. Le déni me prit ensuite, sur ce que j'avais fait, mais aussi sur mon ventre qui grossissait. Pendant longtemps, j'ai cru que j'avais tout simplement pris du poids, mais non, j'étais enceinte.

Tout le monde écoutait la femme raconter son histoire, une histoire qui les fit frissonner de peur. C'était un récit qui était digne d'un conte pour effrayer les enfants, car aucun d'eux n'avait rencontré un loup garou sauvage comme elle l'était. Rassembler les loups garou les avait rendu moins dangereux et nombreux, car beaucoup avait été abattus dans les chasses organisées. Mais à leur horreur, la femme continua.

- Dans le monde moldu, ce fut facile quand il est né, je lui ai donné mon nom, Mark Brown était mon fils. Je n'avais plus rien, sauf lui, un petit bébé qui a éclairé ma vie alors que j'étais dans l'obscurité. Mais cette vie s'acheva quand je fus amenée dans un de ces camps. La magie ne ment pas, quand je fus enregistrée, j'ai découvert qui était le père de mon fils, c'était Greyback. Le chien n'avait pas fait que me transformer, dans mon inconscience il m'avait violé. Cependant j'ai aimé mon fils, car je n'avais rien d'autre. J'aurais pu le détester pour qui il était, mais non, il était ma lumière, ma vie. Mais tout se termina une nuit, une nuit qui me hante, qui me ronge, qui me donne faim. On m'a sortie de la maison qui m'était assignée, et devant mes yeux, des hommes mirent le feu à la maison, mon bébé à l'intérieur.

Hermione avait les larmes aux yeux, essayant vainement de détourner le regard de la femme qui la regardait toujours. C'était horrible, elle ne voulait pas entendre la suite, elle voulait partir, ne pas être là. Tout était mieux que de savoir ce qui c'était ensuite passé.

- J'ai lutté pour sauver mon fils, continua Lavande d'une voix froide. J'ai lutté, mais je n'étais pas assez forte. J'entends encore le rire des hommes qui me tenaient, puis le cri de mon fils, avant qu'il ne disparaisse. Je les entends encore, « après tout tu devrais être heureuse, c'était le fils de Greyback », « Tu devrais nous remercier, nous venons de faire ce que aurai dû faire à sa naissance », « Eh les gars ! On aurait dû la laisser brûler aussi, cela aurait fait un loup garou en moins ». Mais je n'étais pas assez forte, mon esprit a cassé cette nuit. Je me suis enfuie peu après, mais j'ai encore leurs odeurs dans ma tête. Ramène moi là-bas Hermione, fait le, et je te jure sur mon âme et ma vie, ils mourront tous.

Ces derniers mots furent un simple murmure, un murmure qui fut entendu de tous et les poussèrent à faire un pas en arrière. Ils étaient en danger, cette femme était plus que sérieuse dans ses paroles, et la peur les figeait sur place. Pour la plupart d'entre eux, c'était leur première mission avec un réel danger, ils n'étaient pas prêts à cela.

- Ô Refuge, chuchota Lavande en saisissant son médaillon. Amène-moi en ton sein, que dans ta protection je puisse vivre libre.

Sous les yeux de tous, Lavande disparue, laissant Hermione s'effondrer en larme dans le magasin. Ron n'était pas mieux, les yeux vitreux, il s'agenouilla doucement pour essayer de calmer sa femme. Pour la première depuis longtemps il avait peur. Logie Coldstone avait réveillé de vieille blessure, mais surtout les derniers mots qu'Harry lui avait dits.

Ils étaient assis dans un bar, Harry ayant invité Ron à boire un coup après que ce dernier soit sorti de l'entrainement des aurors. Les moments qu'ils passaient ensemble se faisaient de plus en plus rares, ce soir-là, Harry avait dit des mots qui avait frappé Ron, mais qu'il comprenait que maintenant.

- J'ai le sentiment que la guerre n'est pas finie Ron. Je pense qu'une autre se prépare. Moins sanglante peut-être, mais avec des conséquences pires que celle qui vient de finir.