Chapitre 7
Un silence choqué prit place dans la salle souterraine. Seul au milieu de tous, Shun sentait le regard de chacun peser sur lui, tantôt curieux, tantôt perdu, tantôt suspicieux… Il se mordilla brièvement la lèvre puis redemanda, incertain.
"Où sommes-nous ?
– Tu ne te souviens pas ? demanda Seiya, visiblement surpris. C'est toi qui nous a fait venir ici.
– Moi ? Mais…"
Il eut un instant de réflexion, puis pâlit soudainement, et ses yeux passèrent sur chacun d'entre eux en silence… avant de s'arrêter sur le Cygne. Il regarda sa plaie béante, qu'il couvrait toujours avec sa main, et le sang qui maculait toute son armure. En croisant son regard, suspicieux, les sourcils froncés, visiblement en colère contre lui, Shun comprit. Ses yeux s'agrandirent sous le choc, puis il porta une main à sa bouche, de nouvelles larmes se formant aux coins de ses yeux.
"C'est… c'est moi qui…
– En effet, répondit froidement Hyoga."
Il secoua la tête, une fois, deux fois, puis ferma les yeux, comme s'il voulait se soustraire à cette réalité. Un sanglot lui échappa, si sincère qu'à cette vision, Ikki sentit son cœur tomber en morceaux. Malgré le choc et l'incompréhension face à son comportement, il fit un pas et posa une main sur son épaule.
"Shun… ?
– Ne me touche pas… !"
Paniqué, Shun avait repoussé sa main, et s'était éloigné d'eux, tentant encore de se soustraire à leur regard. Il tremblait, comme un animal traqué et effrayé.
"Je ne voulais pas… Je… Je suis désolé… !"
Les chevaliers de bronze s'échangèrent un regard. Incrédule, Hyoga croisa les bras, ses yeux lançant des éclairs à ses camarades, et particulièrement à Ikki, visiblement affecté par la situation. Celui qui semblait si fort et stoïque avait perdu toute sa froideur et semblait se laisser attendrir par le chevalier du Phénix.
"Vous n'allez pas vous laisser amadouer par ça, quand même. Il a clairement essayé de nous tuer.
– Tu vois bien dans quel état il est. contra le Dragon. Une détresse pareille, ça ne se joue pas.
– Je suis d'accord avec lui. acquiesça Seiya. Je ne me souviens pas beaucoup de lui, mais il ne me semble pas que c'était un menteur.
– Le Shun que je connais ne se jouerait pas de nous comme ça ! Je vais lui parler."
Sur ses mots, Ikki se retourna vers son petit frère, qui s'était assis dans un coin de la grotte, au pied d'un petit promontoire. Ses jambes étaient remontées contre lui, et il les serrait de toutes ses forces, tremblant encore, essuyant ses larmes de temps en temps. Là, se dit Ikki, il ressemblait davantage à un enfant perdu et effrayé qu'à un homme cruel et aveuglé par la colère. En à peine une minute, il s'était complètement transformé. Alors, lentement, il s'agenouilla devant lui, pour ne pas l'effrayer davantage, et écarta une mèche devant ses yeux, sans qu'il n'oppose la moindre résistance, cette fois. Il remarqua, cependant, la crispation de ses doigts.
"Hey… Tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé ? Je te promets que je ne vais pas me fâcher…"
Shun leva les yeux sur lui, contenant tant bien que mal ses larmes. Cette vision le ramena un instant en enfance, quand il le retrouvait, parfois, enfermé seul dans le placard par Jabu et ses copains, pleurant à chaudes larmes. Dans ces moments-là, il le prenait dans ses bras, le berçait quelques secondes ou minutes, il ne savait plus, puis se dépêchait d'aller trouver les coupables pour le venger. Mais, pour l'instant, Shun n'avait pas l'air d'avoir envie d'un câlin. Alors il se contenta de poser une main sur son bras et de capter son regard.
"Tu… tu ne me croiras pas… finit-il par dire. Vous ne me croirez pas.
– Essaie toujours. Je veux tout savoir."
Il détourna les yeux un petit instant, puis regarda les chevaliers de bronze, par-dessus l'épaule de son frère. Ils étaient là, tous les trois, attentifs, attendant sa réponse. Si Shiryu et Seiya le regardaient avec une curiosité innocente, Hyoga, lui, le regardait avec… mépris ? Il baissa les yeux sur sa plaie, puis les larmes revinrent d'elles-mêmes.
"Je suis désolé, Hyoga… ce n'était pas moi… Je te le jure.
– Je peux savoir qui, alors ?
– Je… je ne sais pas… Je crois que…"
Il se tut, frottant ses yeux un peu brutalement, le poing serré. Ikki l'imaginait ballottant entre mille émotions : la peur, la honte, la culpabilité, la tristesse, peut-être de la colère aussi…
"Parfois, je ne me reconnais pas… reprit alors son frère. Parfois, je regarde mon reflet et je ne me reconnais pas… j'ai l'impression de voir quelqu'un d'autre… Parfois je ne contrôle pas mes gestes… ni mes mots… P-parfois… j'entends des voix… qui me parlent…"
Choqué par cette révélation, Ikki ne sut trop comment réagir. Se retournant de moitié, il observa un instant les réactions de ses camarades : Hyoga avait levé les yeux au ciel et les deux autres s'étaient simplement échangé un regard qui ressemblait vaguement à "tu as entendu comme moi ?".
"Je sais que c'est pas normal… Ça a l'air bizarre, mais je te jure que c'est la vérité. reprit Shun, la voix tremblante. Je t'en prie… Tu dois me croire… J'ai peur… Parfois, j'ai l'impression… d'être possédé…
– Possédé, rien que ça, intervint Hyoga ?"
Tous les regards se tournèrent vers le Cygne, qui haussa les épaules avec dédain.
"Moi, je le crois. contra Ikki. Tu n'as pas vu, comme moi, son comportement dans la forêt, avant que le Cygne noir n'intervienne. Ça n'avait rien à voir avec ce qu'il nous a montré jusqu'à maintenant.
– Tu délires ? répondit Hyoga. Tu es trop aveuglé par le fait que c'est ton frère. Tu serais prêt à lui pardonner tout et n'importe quoi et ce, depuis le début de toute cette histoire. Tu allais même lui laisser l'armure d'or."
Shun les regarda tour à tour avec incompréhension, avant de se lever lentement, prenant appui sur la paroi dans son dos – et sur la main que lui tendit son grand frère quand il se releva également. Il frotta une larme coulant encore sur sa joue, avant de planter son regard dans celui de Hyoga, sincèrement perdu.
"Quelle forêt… ? Quelle armure d'or… ?
– L'armure d'or que tu as volée quand tu as débarqué au Tournoi.
– Quel Tournoi… ? De quoi parles-tu… ?
– De quoi te souviens-tu en dernier, Shun ?"
Le garçon se tourna alors vers Shiryu, qui l'encourageait du regard. Il resta un instant silencieux, comme s'il prenait le temps de comprendre le sens de la question, avant qu'il ne baisse son regard vers le sol.
"Mon dernier souvenir… ? souffla-t-il, semblant pensif, sa voix baissant lentement. C'est… des fleurs et… une tombe…
– Une tombe ? répéta Seiya, penchant la tête. La tombe de qui ?"
À cet instant, il n'y eut aucune réponse. Silencieux et immobile, Shun semblait trouver énormément d'intérêt au sol sous ses pieds, respirant lentement. À la surprise générale, il semblait dormir debout, les yeux mi-clos.
"Shun… ? Ça va ?"
Hésitant, Ikki posa une main sur son épaule, et, soudainement, le cosmos du Phénix s'enflamma, alors que le jeune chevalier leva la main pour le repousser brutalement. Ses yeux bleus, à nouveau brûlants de colère et de haine, se braquèrent sur Hyoga, qui recula d'un pas sous la surprise.
"Shun ?
– Tu vas me le payer, Hyoga…"
Sans laisser à Ikki le temps de réagir, le Phénix bondit en avant et, à une vitesse folle, frappa Hyoga en pleine poitrine, son poing s'enfonçant dans le trou béant de son armure. Sous le choc, aucun des chevaliers ne sut comment réagir. Cependant, après quelques secondes de silence abasourdi, l'Oiseau de feu fronça les sourcils, et ôta lentement sa main de son adversaire. Il vit alors, enroulé entre ses doigts, une sorte de long collier de fines perles, agrémenté d'une croix d'or finement ouvragée.
"... Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda-t-il avec curiosité. Alors, c'est ce truc qui protégeait ton cœur ?
– Ce truc, c'est le rosaire de la croix du nord. C'est le dernier souvenir de ma mère."
Reniflant avec dédain, le Phénix jeta le bijou aux pieds de Hyoga, sans plus de considération, avant d'essuyer sa main pleine de sang sur son vêtement.
"Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? demanda Seiya. Il y a deux secondes, il était redevenu normal et là…
– J'ai eu un moment de faiblesse, je dois l'admettre. le coupa le Phénix, lui jetant un regard noir. Mais ça ne se reproduira plus. Car je vais dès maintenant mettre fin à tout ça. Dans votre état, un simple battement d'aile de phénix suffira à vous mettre à terre. Tous."
Son cosmos s'enflamma, l'enveloppant comme une cape de feu. L'air devint brûlant, presque suffoquant, tandis qu'il tourbillonnait tout autour des chevaliers de bronze. C'est alors que le Phénix écarta brusquement ses bras, puis déchaîna contre eux toute sa colère.
"Par l'Envol du Phénix !"
Une bourrasque violente fit trembler les parois de la grotte, jusqu'à faire tomber quelques stalactites. Ce fut si violent que les chevaliers ne purent y résister : s'ils parvinrent à rester un petit instant au sol, l'attaque finit par les emporter, les repoussant brutalement aux quatre coins de la salle comme de vulgaires poussières. Le Phénix les regarda heurter les parois, avant de s'écrouler au sol, inconscients. Si Ikki, plus résistant que les autres, sut relever brièvement la tête pour qu'ils échangent un regard, il finit tout de même par s'écrouler comme les autres, assommé. Le Phénix soupira et se détourna d'eux.
"C'est fini… Je n'ai plus qu'à récupérer l'armure d'or et… quoi ?!"
Alors qu'il avait relevé les yeux, il avait vu, se tenant debout devant lui… l'armure d'or, presque entièrement reconstituée. Ne manquait que le casque, toujours caché dans sa petite cavité, un peu plus loin. Derrière cette armure, une silhouette se tenait debout.
"Seiya ?! Comment est-ce possible ? Tu devrais être au sol avec les autres !
– Je ne me l'explique pas non-plus. Avant que je ne m'en rende compte, l'armure d'or s'est tenue devant moi, comme pour me protéger.
– Pour te protéger ? Tu te fiches de moi ? s'écria le Phénix, secouant la tête comme s'il refusait d'y croire. Ça voudrait dire qu'elle t'aurait reconnu comme digne d'elle ?!
– Ça veut surtout dire que ce n'est pas toi qu'elle va désigner !"
Alors que le Phénix allait riposter, Seiya, à une vitesse folle, lui décocha un coup de poing en pleine mâchoire, l'envoyant au sol. Sonné, il l'entendit néanmoins lui dire :
"Tu n'es pas le seul à avoir connu l'Enfer pendant toutes ces années d'entraînement, Shun !"
Il prit appuis sur le sol et se redressa. Un goût ferreux avait envahi sa bouche, et il cracha un peu de sang, avant de se relever entièrement. Il lança un regard abasourdi à Seiya, essuyant le sang qui coulait encore sur son menton du revers de la main.
"Tu tiens à peine debout… Comment… Comment as-tu pu m'envoyer au sol sans ton armure ?
– Je te l'ai dit, l'armure d'or ne veut pas de toi pour vainqueur."
Serrant les dents et les poings, le regard du Phénix se tourna un instant vers la cavité dans la paroi, derrière lui, là où reposait le casque d'or. Il pouvait encore y voir son éclat, s'il était assez attentif, avant de se tourner vers Seiya, dans une grimace de colère malgré la douleur lancinante dans son visage.
"Chacun d'entre nous est revenu au Japon après avoir enduré de terribles entraînements. reprit Seiya. Je ne comprends pas comment, toi, ça a pu te transformer à ce point !"
Le Phénix ouvrit la bouche pour répondre, mais se tut, son regard se perdant un instant dans le vide. Ses yeux semblèrent s'éteindre, l'espace d'un instant, comme s'il était à nouveau frappé de sa propre illusion. Pendant un moment, Seiya crut qu'il allait redevenir le Shun qui s'était mis à pleurer et implorer leur pardon…
"Shun… tes années passées sur cette île ont été horribles… mais tu dois pouvoir redevenir celui que nous avions connu ! Moment de faiblesse ou pas, tu l'as fait, à l'instant ! Ce combat n'a aucun sens, restons-en là !
– Ça y est, tu as fini ?"
Il releva les yeux sur Seiya et, quand le Pégase vit son sourire effronté, il comprit qu'il s'était trompé.
"Je cesserai de me battre quand j'en aurai fini avec vous !
– Tu ne veux rien entendre !"
Le Phénix n'eut le temps de réagir, alors que Seiya, de toutes ses forces, frappa à nouveau, en pleine poitrine, cette fois. La violence du coup le décolla du sol, avant qu'il n'atterrisse quelques mètres plus loin. Tremblant, le corps réduit à une masse douloureuse, il se redressa, portant une main à sa tempe couverte de sang.
"Fichu Hyoga… S'il ne m'avait pas gelé le bras…"
Il baissa les yeux sur son bras engourdi par le froid et, choqué, vit des fissures se former sur son armure. De plus en plus grandes, elles couvraient rapidement toute sa protection jusqu'à ce que, soudainement, elle n'éclate en morceaux, se répandant en poussières sur le sol de la grotte. Le Phénix se releva prestement, regardant son adversaire, abasourdi.
"Mais… comment est-ce possible ?! Comment a-t-il pu briser mon armure à mains nues ?! Ce n'est tout de même pas à cause de l'armure d'or ?
– L'armure du Phénix est devenue poussière. Il est temps que ton cauchemar sur l'Île de la Reine Morte en fasse autant !"
Le Phénix eut à peine le temps de se mettre en garde, que Seiya frappa à nouveau. Les météores de Pégase jaillirent à toute vitesse et, s'il aurait pu facilement les parer dans d'autres circonstances, il se les prit néanmoins de plein fouet, se faisant balayer violemment jusqu'à heurter la paroi de la grotte. Il retomba au sol, sonné.
Après quelques secondes, ne le voyant pas se relever, Seiya courut le rejoindre, craignant le pire… et c'est alors que l'impensable se produisit. L'armure du Phénix, alors en poussières, se souleva, comme agitée par la brise, et se déposa délicatement sur le corps de son porteur… avant de lentement se reconstituer. Sous ses yeux, il vit l'armure reprendre vie d'elle-même, avant que le Phénix ne se relève à son tour, comme si de rien n'était, braquant sur lui son habituel air satisfait.
"L'armure du Phénix renaît-elle vraiment de ses cendres ?!
– Qu'est-ce qui te surprend, Seiya ? Le Phénix est immortel, nous ne portons pas notre nom pour rien. répondit-il sur le ton de l'évidence. Mon armure n'a rien à voir avec les vôtres : elle est capable de se reconstituer d'elle-même."
Il s'avança de quelques pas vers lui et lui sourit.
"Tu as essayé. Mais c'est moi qui remporterai ce combat.
– Non… que te frappe le Météore de Pégase !"
Le Météore fusa à toute vitesse vers le Phénix… sauf que, cette fois-ci, réactif, l'Oiseau de feu para chacun des météores avec ses mains, un à un, à la grande surprise de Seiya.
"Ils les a tous arrêtés ?!
– Que veux-tu ? Je viens de renaître de mes cendres. Tu ne peux plus rien contre moi."
Il approcha encore, jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de lui. Le Pégase pouvait aisément voir son visage, à moitié dissimulé derrière son imposante frange caramel : ses yeux bleu clair, si doux, autrefois ; son insupportable sourire en coin ; les plaies déchirant son sourcil gauche, déjà figées par le sang séché et l'hématome qui commençait à se former sur sa joue droite…
"Ta seule attaque n'a plus aucun effet, tu vas devoir admettre ta défaite. As-tu encore quelque chose à dire ?
– Tu as dit… que tu n'étais pas Shun. C'est exact ?
– … C'est exact. répondit le Phénix, après un silence surpris. Et donc ?
– J'aimerais au moins savoir comment je dois t'appeler...
– J'ai signé ma lettre de mon nom, Seiya. Phénix, ça me va très bien."
Il se redressa alors et brandit le poing.
"Maintenant que ta curiosité est satisfaite, tu vas pouvoir mourir en paix !"
Son poing s'abattit vers Seiya qui, par réflexe, leva les bras pour se protéger, les yeux fermés. Il attendit la douleur du coup… mais seul un bruit de métal s'entrechoquant lui parvint.
"Mais… comment ?!"
Il ouvrit un œil, puis l'autre… et vit le métal vert d'eau recouvrant son bras gauche, ainsi qu'un bouclier se tenant entre Phénix et lui. Son adversaire se redressa et se tourna vers les chevaliers toujours inconscients.
"Le bouclier de Shiryu ne serait quand même pas venu de lui-même ?!
– Quoi qu'il en soit… rien ne peut détruire ce bouclier. Même pas toi, Sh… Phénix."
Desserrant un peu le poing, il regarda à nouveau Seiya, les yeux écarquillés sous la surprise, avant de reprendre son expression fermée et colérique.
"Je ne vais même pas essayer de détruire ce bouclier. Autant m'attaquer directement à ton esprit ! Avec l'illusion du Phénix !"
Il frappa à nouveau, visant directement la tête du Pégase… mais la température chuta brutalement. Les deux bras levés pour se protéger du coup, Seiya était entouré de flocons de neige tourbillonnants, créant un mur de cristaux infranchissables.
"Encore ce mur de glace ?! Comment est-ce possible ?
– Je crois… que l'armure d'or n'est pas la seule à vouloir me voir remporter ce combat. Je sens le cosmos de mes camarades avec moi. Je ne combats pas seul !"
Phénix fit un pas en arrière, jetant un œil aux garçons inconscients à quelques mètres d'eux. Aucun n'avait bougé mais, il le sentait aussi : leur cosmos enveloppait Seiya comme une seconde armure… même Ikki s'était allié au Pégase pour lui venir en aide. À ce constat, le chevalier serra le poing. Lui se complaisait dans la solitude… mais ça ne l'empêcha pas d'avoir un sentiment de tristesse agaçant qui lui enserrait le cœur. C'était douloureux, et il détestait ressentir ça.
"Mes amis sont de précieux alliés. reprit Seiya. Tu as rejeté l'amitié, l'amour de ton frère et même tes larmes, tu n'as aucune chance !
– Ça suffit ! Puisque c'est comme ça, je vais tous vous balayer à nouveau !
– Arrête, Phénix, tu vois bien que c'est inutile !
– Par l'Envol du Phénix !"
Cette fois, Seiya se contenta de lever la main, et arrêta l'attaque avec une facilité déconcertante. La Poussière de Diamants de Hyoga dansait encore autour de lui.
"C'est terminé, Phénix ! Il est temps de mettre fin à tout ça avec le Météore !
– Es-tu stupide au point d'oublier que ça n'a plus d'effet sur moi ?!"
Ignorant l'avertissement, le Pégase lança son Météore sur Phénix. Celui-ci voulut lever les mains pour parer mais… il était bien incapable de bouger. De violents courants d'air l'encerclaient et le paralysaient, et il sentit distinctement le cosmos d'Ikki. Tout s'était passé si vite, il avait à peine eu le temps de prendre conscience de la situation qu'une pluie de météores s'abattit sur lui. Son armure se fissura, éclata par endroits, il sentit la douleur fuser dans ses membres… puis le buste de son armure explosa, quand un Météore plus puissant le traversa, le frappant si fort dans la poitrine qu'il crut la sentir s'ouvrir en deux. Le goût ferreux du sang envahit à nouveau sa bouche et, au creux de son oreille, il crut entendre une voix juvénile lui parler, le supplier de mettre fin à tout ça et de se rendre.
Adossé à la paroi de la grotte, le chevalier semblait incapable de bouger. Sa poitrine couverte de sang se soulevait si lentement que Seiya crut un instant l'avoir tué. Il s'avança doucement vers lui, et son regard se perdit sur son poignet gauche, où était attaché un petit bracelet en cuir tressé, brun. Il pensa brièvement qu'il ne l'avait jamais vu avant. Sur l'autre bras, cependant, il vit une énorme tache violacée, grande comme sa main, et il eut une grimace douloureuse.
"Phénix… tu t'es battu avec un bras dans un état pareil ?"
En relevant les yeux, il croisa le regard adouci et brillant de larmes contenues du chevalier. Pendant un instant, le Pégase eut un sourire d'espoir. Venait-il de faire revenir le Shun de son enfance ?
"Tu aurais gagné, de toute façon. répondit le chevalier. Je ne voulais pas que Phénix remporte ce combat.
– Shun ?"
Le silence lui répondit. Dans une grimace douloureuse, le Phénix porta une main à sa plaie béante, regardant un instant vers les chevaliers à terre, un peu plus loin.
"Il faut que tu saches… une chose très importante, Seiya. J'aurais aimé te le dire en d'autres circonstances… mais il n'y a pas de bon moment pour ça... Ceux que tu penses être tes amis... ne le sont pas vraiment…
– Comment ça ? demanda Seiya, sincèrement surpris. Qu'est-ce que tu essaies de me dire ?
– Ce sont tes frères, Seiya… nos frères."
Une main douce se posa sur l'épaule de Seiya, alors que le garçon le contournait pour rejoindre ses camarades. Il tenait à peine debout, et répandait une longue traînée de sang sur son chemin mais, trop choqué par sa déclaration, le Pégase put à peine bouger pour lui venir en aide. Il le regarda s'écrouler à genoux aux côtés d'Ikki, et écarter une mèche de cheveux de son visage, puis ses sanglots étouffés s'élevèrent dans la salle.
"Shun, qu'est-ce que tu racontes ?! Comment ça, ce sont nos frères ?!
– Les cents enfants de la fondation… on n'a pas été choisis au hasard… On a tous… le même père."
Seiya le vit se tourner vers lui, et il sut aussitôt qu'il ne mentait pas. Il semblait avoir, en face de lui, un mélange entre Shun et Phénix : il pleurait à chaudes larmes, mais il y avait de la colère dans ses yeux. Pas la rage folle du chevalier qui avait essayé de les tuer : juste de la colère et peut-être un peu de dégoût.
"Tu sais qui c'est ? Notre père, tu sais qui il est ?"
Shun se mordit brièvement la lèvre, avant d'hocher la tête, l'air grave Puis il se retourna pour regarder un à un les chevaliers au sol.
"Qui est-ce ? Dis-le moi, s'il te plait !
– Non… Je ne peux pas te le dire… C'est trop horrible…
– Shun…
– Pour nous, c'est ce qu'il pouvait arriver de pire."
Seiya eut un instant de réflexion, ne comprenant pas la réaction du Phénix… puis, soudainement, un nom lui vint en tête.
"Tu… Non, c'est impossible… Ça ne peut pas être… !"
Il fut soudain interrompu par une violente secousse, si brusque qu'elle failli le jeter au sol et Shun manqua de peu de s'écrouler sur son frère. Ils échangèrent un regard alarmé.
"Qu'est-ce qu'il se passe… ?
– Un tremblement de terre ! répondit Seiya. Je crois que le Mont Fuji est entré en éruption ! Si on reste là, on va tous finir ensevelis !"
Seiya courut vers Shun, qui s'était tourné vers ses amis, serrant la main d'Ikki avec la force du désespoir. Il le saisit par l'épaule et le secoua un peu.
"Lève-toi, Shun ! On doit vite sortir d'ici, ou on va finir enterrés vivants !
– Je ne peux pas…
– Shun !
– Je ne peux plus me lever… !"
Il le vit lâcher la main d'Ikki, puis se tourner vers lui. Malgré le sang couvrant son visage, et sa joue gonflée et violacée du coup de poing qu'il lui avait mis, il n'avait jamais eu l'air aussi serein. Ses yeux brillaient de larmes, cependant.
"Tout ça, c'est de ma faute… parce que j'ai été trop faible… C'est peut-être tout ce que je mérite.
– Ne dis pas ça, Shun !
– Tu voudras bien… dire à Hyoga et Ikki que je suis désolé… ?
– Arrête !
– S'il te plaît… C'est tout ce que je demande..."
Son sourire était horriblement triste, son regard suppliant, et Seiya baissa les armes. Ikki n'avait jamais pu refuser quoi que ce soit à son petit frère, et il comprenait mieux pourquoi. Cependant, il ne voulait pas lui promettre ça, ça voulait dire accepter de l'abandonner. Mais, juste au moment où il voulut répondre, le plafond de la grotte s'écroula, et ils eurent juste le temps de se couvrir la tête de leurs bras, dans un geste vain pour se protéger.
Hey ! L'arc Chevaliers Noirs est enfin bouclé !
Vous comprenez, maintenant, pourquoi je ne pouvais ABSOLUMENT PAS couper ce chapitre en deux ? Ça aurait fait deux chapitres trop courts (et, en plus, je voulais marquer le coup pour la fin de cet arc).
Malheureusement, dernièrement, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire et, par conséquent, le chapitre 8 n'est qu'à moitié écrit. J'espère que les deux semaines à venir me permettront de le terminer dans les temps et d'entamer le chapitre 9.
Je tenais, ici, à remercier Miss MPREG et Darkacuario de laisser une review sous chacun de mes chapitres, et merci aussi à mes deux amis bêta-lecteurs pour leurs retours sur mes textes. Sans eux, je n'aurais peut-être pas autant l'envie de partager cette histoire.
Si j'ai fini à temps, on se revoit dans deux semaines pour le chapitre 8 !
Salut !
