Chapitre 10
Écrasé au sol, étouffé par le poids des plumes maudites couvrant son corps, Seiya serra le poing. Il devait faire brûler son cosmos, qu'il s'enflamme, qu'il explose afin de le débarrasser de cette charge qui ne faisait que le ralentir. Rassemblant ses forces, il prit appui sur ses mains, et s'efforça à se relever. Il ne pouvait pas laisser Saori s'envoler bêtement hors de sa portée. Une fois debout, il concentra son cosmos dans son corps puis, soudainement, le laissa éclater brutalement, éjectant toutes les plumes noires de sa peau et de son armure. Même Jamian, tout proche de lui, fut violemment éjecté contre la paroi de la falaise.
À présent libre de ses mouvements, Seiya releva la tête. Les corbeaux, comme au Colisée, tenaient la jeune femme au bout de maigres ficelles, l'emmenant au loin…
"Il est trop tard ! s'esclaffa Jamian, derrière lui. La fille est déjà hors de portée !"
Le Pégase n'eut qu'une seconde d'hésitation. Ils étaient très loin, oui, mais pas encore trop loin. Il chargea son poing, concentra son cosmos, puis envoya une rafale de météore en direction des corbeaux… et ceux-ci commencèrent un à un à perdre de l'altitude, lâchant les ficelles retenant Saori. Alors que Jamian se lamentait sur sa réussite, il s'élança à toute vitesse vers elle. Au dernier instant, il sauta en avant pour réceptionner la jeune fille, tout juste avant qu'elle ne touche le sol… mais une douleur fulgurante, accompagnée d'un craquement peu rassurant, lui fit presque aussitôt regretter sa méthode.
"Je crois que je me suis cassé le bras…"
Il se redressa néanmoins autant qu'il le put, tenant toujours une Saori évanouie contre lui.
"Désolé, Jamian, mais nous finirons ce combat une autre fois !
– Tu crois qu'on va te laisser partir comme ça ?"
Surpris, Seiya se retourna vers la voix, trop féminine, qui venait de derrière lui. Figé par le choc, il regarda un instant une jeune femme masquée, qu'il ne connaissait que trop bien, s'avancer vers lui. Son cosmos chargé d'agressivité pulsait tout autour d'elle, en rythme avec le bruit sec de ses talons claquant sur la pierre. Son armure d'argent reflétait le clair de mur comme une lame de couteau aiguisée.
"Ça faisait longtemps, Seiya. ricana-t-elle. Tu vois, cette fois, j'ai revêtu mon armure, comme promis… et, cette fois, nous allons nous battre pour de bon !
– Shaina ?"
Seiya pesta : c'était bien la dernière personne qu'il avait envie de voir, dans un moment pareil. Coincés entre le chevalier d'argent du corbeau, dans son dos, elle en face, un précipice infranchissable à sa droite et une falaise de plus de trois-cents mètres sur sa gauche, il devait bien admettre que Saori et lui étaient face à un dilemme bien problématique.
"Tu n'as plus le choix : te battre contre l'un de nous deux ou creuser un tunnel. annonça le chevalier du Serpentaire. À moins que tu ne préfères te jeter dans le vide ? Pas très confortable, comme situation, n'est-ce pas ?"
Serrant les dents, Seiya recula jusqu'au ravin, tenant fermement Saori contre lui… Il devait trouver une solution, et rapidement. Il ne doutait pas une seconde que, s'il tardait trop à se décider, Shaina le déchiqueterait sur-le-champ avec ses griffes du tonnerre, sans qu'il n'ait la possibilité même de se défendre. C'est alors qu'un mouvement attira son attention, et il baissa les yeux sur la jeune femme dans ses bras. Ses yeux s'ouvraient délicatement.
"Tu as repris connaissance ? constata le Pégase. Il aurait peut-être mieux valu que tu restes évanouie : la situation est critique."
Ils échangèrent un regard et, non sans surprise, Seiya vit dans les yeux de Saori… de la reconnaissance, et une confiance absolue. Comment était-ce possible, elle qu'il connaissait si méprisante et odieuse ? Il ajouta cependant, sans laisser transparaître son trouble :
"On joue à pile ou face… et nous pouvons très bien y laisser la vie tous les deux.
– Je te fais confiance, Seiya…"
Il la regarda un instant, toujours aussi surpris… mais elle semblait sincère. Elle ne montrait pas le moindre signe de peur, lui souriant presque alors que la situation ne s'y prêtait pas. Il releva les yeux, regardant le précipice, sans accorder la moindre attention à Shaina pu Jamian.
"Bon ! Accroche-toi bien à moi !"
Sans hésiter, Saori passa un bras à son épaule, la serrant aussi fermement que possible, avant qu'il ne s'élance vers le bord du ravin. Il fit quelque pas, puis sauta, se jetant littéralement dans le vide, serrant la jeune femme contre lui.
...
Soupirant de frustration, Shun regarda tout autour de lui : c'était la deuxième fois que les chevaliers de bronze lui échappaient, la deuxième fois qu'il suivait leur cosmos et qu'il tombait sur une impasse. Il s'était retrouvé au Colisée d'abord, suivant les cosmos de Ikki, Hyoga et Shiryu, ne retrouvant qu'un tapis de corbeaux morts, avant de suivre le cosmos de Seiya ici-même, dans ces montagnes escarpées. Où était-il passé, cette fois ?
Alors qu'il avançait, à la recherche du chevalier Pégase, un cri rauque, comme un croassement désagréable, se fit entendre, à quelques mètres devant lui. Étouffant son cosmos, il se colla à la falaise, et s'approcha lentement, attentif.
"Auraient-ils perdu la raison ?! Ils se sont suicidés, c'est certain !
– Décidément, Seiya, tu me surprendras toujours !"
Seiya ? Il était donc bien ici… Shun se risqua à jeter un œil au duo qu'il espionnait. Il y avait une femme aux cheveux noirs, et un homme chauve, au dos voûté. Ils portaient tous deux une armure à l'éclat d'argent, et étaient penchés sur le précipice, regardant le vide avec un grand intérêt.
"Ne me dis pas que…
– Cet idiot aurait sauté dans le vide ?!" s'écria la voix de Phénix dans sa tête, lui soutirant une grimace.
Il s'éloigna un peu, pour ne pas se faire voir, puis regarda à son tour dans le vide. C'était trop haut, bien trop haut pour qu'il puisse survivre à l'atterrissage, même pour un chevalier. Il avait peu de souvenirs de Seiya mais, entêté comme il était, il avait vraiment dû se retrouver dans une situation désespérée, pour en arriver là.
"Reste là, je descends chercher la fille ! croassa l'homme. Avec un peu de chance, elle a survécu à la chute !"
Shun s'écarta de justesse, regardant le chevalier chauve sauter à son tour dans le vide, se servant de corbeaux le soutenant comme d'un parachute. La femme, elle, resta là à le regarder descendre lentement dans le noir, avant de s'éloigner du bord du ravin, soupirant de dépit.
"Il a sauté avec Saori ? Pourquoi il a fait un truc pareil ?
– Saori ? murmura Shun, pour ne pas se faire entendre. La petite-fille de Kido ? Qu'est-ce qu'il ferait avec elle ?
– Tu crois qu'ils voulaient l'armure d'or pour quoi ? Tes chers frères travaillent pour elle.
– Ce que tu dis n'a aucun sens…"
Il soupira et ferma les yeux, rassemblant ses pensées. Cela dit, ça expliquerait quelques choses : pourquoi le Colisée lui avait semblé si familier, alors qu'il ne se souvenait pas y avoir mis les pieds ; pourquoi Ikki n'avait pas semblé intéressé par l'armure d'or – si c'était une demande des Kido, forcément ; cette histoire de Tournoi… Mais ça lui semblait quand même étrange, car ils détestaient tous Saori, quand ils étaient enfants. Pourquoi mettraient-ils leur cosmos à son service ? C'était vraiment trop bizarre.
"Seiya et Ikki se sont fait manipuler."
Il rouvrit les yeux, et fut à peine surpris de voir que le décor avait changé, tant il avait l'habitude de cet endroit. Il y faisait toujours nuit, mais le ciel ressemblait à un immense coloriage au crayon bleu sombre, avec quelques petites étoiles blanches reliées entre elles, dessinant des constellations. Sous ses pieds, la pierre avait été remplacée par de l'herbe verte et fraîche, ainsi que de nombreuses fleurs blanches. S'il se retournait, il le savait, il verrait une petite maison en pierre blanche et bleue. De gros rochers, à l'horizon, marquaient la limite de ce monde et, au loin, se trouvait un immense volcan. À quelques pas de lui, le regardant avec son habituel sourire moqueur, se trouvait Phénix. Il était un peu plus grand et musclé que lui, le teint bronzé et couvert de cicatrices et ne portait en tout et pour tout qu'un pantalon blanc, taché de terre et de sang, et l'armure orangée que lui-même portait à cet instant. Ses longs cheveux blancs dansaient avec les plumes de son dos dans une brise imperceptible, et ses yeux rouge sombre le fixaient. Depuis qu'il l'avait vu la première fois, il l'avait toujours trouvé effrayant, car il ressemblait énormément au Maître de l'île de la Reine Morte, sans son horrible masque de démon… du moins, c'est comme ça qu'il l'avait imaginé là-dessous.
"Comment ça, « manipulés » ?
– Saori a promis à Seiya de l'aider à chercher sa grande sœur. Quant à Ikki, son appât, c'était toi. Il a répété qu'il n'était au Tournoi que pour te retrouver, qu'il se fichait du reste."
Shun baissa les yeux. Oui, c'était bien le genre d'Ikki mais, alors, pour Hyoga et Shiryu ? Quelles étaient leur motivation ? Ils devaient certainement en avoir une.
"Shiryu suit le mouvement par loyauté envers Seiya, je crois. poursuivit Phénix, comme s'il avait lu ses pensées. Et l'autre, j'en sais rien, et je m'en fous, il m'insupporte."
Le silence s'installa un petit instant dans ce monde. « Le Monde Dans le Noir », comme il l'avait appelé, quand il était petit, car il y allait très souvent quand il se retrouvait tout seul, dans le noir. Parfois, il lui suffisait de fermer les yeux pour s'y rendre. Il ne comprenait pas trop comment ça fonctionnait, mais c'était très apaisant, de s'y retrouver, et c'est tout ce qui comptait. Ça l'était parfois moins, depuis que le volcan était subitement sorti des rochers. Il l'avait remarqué à partir du moment où il avait entendu la voix de Phénix pour la première fois… ou peut-être avait-il toujours été là sans qu'il ne le voie ? Il ne savait plus trop, et ça n'était pas important.
"Tu crois qu'il s'est tué dans la chute ?
– Si tu savais dans quel état il était, au Mont Fuji…
– Phénix…
– Ce que je veux dire, c'est qu'il est coriace. Ne t'en fais pas trop pour lui.
– Peut-être mais on devrait…"
Un cosmos, soudainement, les ébranla. Il était puissant, bien plus puissant que celui d'un chevalier.
"Qu'est-ce que c'est que ça ?!"
Ce n'était pas le cosmos de Seiya, ni celui de Hyoga ou Shiryu. C'était si fort qu'ils s'en sentirent oppressés, et une soudaine lumière dorée éclaira le Monde Dans le Noir, qui était pourtant plongé dans l'obscurité nocturne. Ce fut si clair et soudain que Shun dû fermer les yeux pour les protéger, levant ses bras devant son visage.
Quand il rouvrit les yeux, il se trouvait à nouveau dans les montagnes, adossé à l'immense falaise, et le ravin à quelques mètres devant lui. L'herbe, les fleurs, le volcan et même Phénix s'étaient volatilisés.
"Tu en mets, du temps, pour ramener cette gamine, cette Saori Kido… entendit-il plus loin. Tu dois retourner immédiatement au Sanctuaire, ordre du Grand Pope !"
Il resta tout contre la falaise, hésitant. Trois cosmos supplémentaires se faisaient sentir, là où se trouvait la femme chevalier, et il ne savait trop comment se comporter : il avait envie de sauter a son tour dans le précipice, pour rejoindre Seiya et s'assurer qu'il va bien… mais une autre part de lui, sans qu'il ne comprenne d'où ça vienne, avait très envie de rester là, et affronter ces chevaliers, qui en auraient sans doute après le Pégase, s'ils voulaient tant emmener Saori.
"Quelle est cette cosmo-énergie, Shaina… ?
– Alors vous la sentez, vous aussi ?!
– Je n'avais jamais ressenti une telle chose auparavant !
– Même les douze chevaliers d'or ne dégagent pas une telle énergie.
– Le seul être capable d'avoir un tel rayonnement… c'est la déesse Athéna !"
Shun fronça les sourcils et baissa les yeux dans le vide. Mais alors, si c'était vraiment le cosmos d'Athéna…
"C'est impossible ! s'écria Phénix, presque avec colère. Cette gamine ne peut pas être Athéna !"
Alors, sans qu'il ne contrôle ses gestes, le jeune chevalier s'élança avant de sauter, afin de rejoindre Seiya et Saori. Il n'était pas le seul, semblait-il, à vouloir en avoir le cœur net.
...
"Je n'arrive pas à y croire. C'est cette gamine qui envoie de telles ondes…"
Paralysé, Jamian ne pouvait que regarder avec effroi la jeune fille qui lui faisait face. Sa robe blanche était maculée de terre, de poussière et d'un peu de sang, elle avait quelques bleus à venir sur les bras mais, malgré tout, elle ne semblait pas en souffrir ou s'en sentir affaiblie, dégageant un cosmos si puissant qu'il se sentait étouffer.
"Vous feriez mieux de retourner au Sanctuaire. Et dites ceci au Grand Pope : s'il veut me voir, qu'il vienne lui-même ! Je ne chercherai pas à fuir, ni à me cacher !
– Tu es naïve ! s'écria Jamian. Si tu crois que le Grand Pope va se déplacer pour toi… Le Grand Pope n'est peut-être que le serviteur de la déesse Athéna, mais il a le pouvoir de commander aux chevaliers… Il est donc au-dessus des 88 chevaliers… Et, toi, tu voudrais qu'il… !?"
Excédé, le chevalier d'argent leva les bras au ciel, et les corbeaux se réunirent en une nuée de plumes sombres au-dessus de sa tête.
"Il n'y a plus d'hésitation à avoir ! Jetez-vous sur elle !"
Les oiseaux se précipitèrent alors, tous hurlant et croassant vers la jeune femme… mais alors qu'ils étaient tout proche de l'atteindre, elle émit à nouveau un cosmos doré et puissant… et les corbeaux rebroussèrent aussitôt chemin. Jamian vit alors, avec horreur, sa horde d'oiseaux filer sur lui à toute vitesse, toutes griffes dehors. Ils l'encerclèrent et, alors, se mirent tous à l'attaquer. Il sentait leur bec et leurs serres déchirer sa peau, et il hurla.
"Aaah ! Arrêtez ! Vous ne me reconnaissez pas !? Arrêtez !"
Le supplice sembla si long, alors qu'il hurlait aux corbeaux de le laisser partir, sous le regard impassible de la jeune fille devant lui. Elle qui avait pourtant semblé si fragile, quand il l'avait emportée, le regardait se faire taillader par ses propres oiseaux sans réagir.
Quand les corbeaux s'envolèrent enfin, il s'écroula au sol. Son corps n'était que souffrance, et il avait l'impression de sentir encore les serres dans ses bras quand il se redressa mollement.
"Pourquoi… ? Ils m'ont toujours obéit au doigt et à l'œil… Serais-tu un démon !?"
Sans hésiter, il s'élança vers la jeune femme. S'il ne pouvait pas utiliser ses corbeaux, qu'à cela ne tienne, il s'occuperait d'elle lui-même avec ses poings… mais un cosmos puissant se fit sentir autour d'eux. Cela n'était pas celui de cette Saori : il était agressif, et semblait hurler son envie de se déchaîner. L'aura pulsait avec violence, si bien qu'elle le mettait mal à l'aise. Non-loin d'eux, il vit une silhouette se découper dans l'ombre. Elle n'était pas bien grande, mais était imposante par ce qu'elle dégageait.
"Qui c'est, celui-là ? D'où il sort une cosmo-énergie aussi offensive… ? Qui es-tu !?"
La silhouette s'anima, s'avança lentement vers lui, comme s'il voulait mesurer son effet et l'impressionner. Un ricanement lui échappa.
"Qui je suis… ? Je suis celui qui revient des entrailles de la terre pour t'éliminer.
– Tu… tu espères m'impressionner ?! Si tu tentes de me barrer la route, tu mourras !"
Le jeune homme devant lui ricana à nouveau, nullement impressionné.
"Je mourrais ? Moi, me faire tuer par un corbeau ?
– Il n'y a rien de drôle ! s'écria Jamian, s'élançant vers lui. Meurs !
– Je crois que tu n'as pas bien saisi à qui tu avais affaire ! C'est plutôt toi qui va disparaître, corbeau ! Un battement d'aile suffit !"
Le chevalier leva subitement les bras, et une bourrasque violente s'éleva en direction du chevalier d'argent.
"Que les ailes du Phénix t'emportent !"
Un cosmos puissant et brûlant frappa Jamian de plein fouet, qui ne put alors plus lutter contre le vent. Son armure vola en éclat, et son corps fut emporté. Le chevalier de bronze le regarda décoller du sol avec un sourire moqueur et satisfait.
"Et bon retour en Grèce, minable…"
Saori n'en croyait pas ses yeux. Devant elle, vêtu de son armure brillant d'un éclat de feu, se tenait le chevalier du Phénix, qu'elle avait cru mort. En voyant Ikki revenir sans lui, elle était persuadée qu'il avait péri au Mont Fuji.
"Tu es vivant, toi aussi !"
Le jeune homme se tourna vers elle. Il avait toujours ce mépris dans les yeux, comme au Colisée, mais son cosmos décrut quand leurs regards se croisèrent.
"Ça n'est pas passé loin. Mais, comme tu peux le voir…
– Tu es venu pour nous sauver ?
– Ça, ce n'est pas garanti."
Saori le regarda avec incompréhension, d'abord, puis une certaine crainte s'empara d'elle. Pourquoi était-il là, dans ce cas ? Voulait-il s'en prendre à elle ? À Seiya ? Le chevalier eut un soupir et haussa les épaules.
"Je n'ai pas encore choisi dans quel camp j'allais me battre, tout simplement. Je te déteste toujours autant, mais j'ai du respect pour Seiya."
Le Phénix eut une brève grimace, puis se dirigea vers le Pégase, allongé au sol un peu plus loin. Alors que Saori allait l'interrompre, trois cosmos se firent sentir près d'eux. Phénix les reconnut immédiatement : c'étaient ceux qu'il avait ressenti, là-haut, sur la falaise. Évidemment, ils allaient forcément descendre à leur rencontre à un moment ou un autre. La femme, cependant, n'était pas avec eux : était-elle gentiment rentrée au Sanctuaire ?
"Notre mission consistait à détruire le Colisée et à capturer la jeune fille ! Éliminer les chevaliers de bronze était la mission de Mysti et des autres !"
Phénix arqua un sourcil. Au moins, maintenant, Shun ne pourrait plus l'accuser d'avoir mis le Colisée en pièce. Cela dit, il ne pensait pas que tant de chevaliers avaient été envoyés au Japon. Seiya et ses frères avaient dû sacrément en baver, après leur combat contre ses chevaliers noirs.
"Nous ne dirons rien, pour Jamian. Donne-nous la fille et nous te laisserons la vie sauve.
– Pff ! Je suis prêt aussi à vous laisser la vie sauve, si vous retournez en Grèce."
Aussitôt, les chevaliers l'entourèrent, menaçants. Dans sa tête, une voix grave et ferme lui ordonna de se taire, et d'arrêter de toujours provoquer tout le monde… mais il n'en avait que faire. Ça faisait au moins trois ans qu'il entendait toujours cette même rengaine.
"Bien. S'il veut tant que ça se battre…
– Un chevalier de bronze contre trois chevaliers d'argent, il n'a aucune chance…
– Tu veux en finir avec la vie, chevalier… ?"
Phénix baissa les yeux au sol, et s'éloigna simplement de deux pas. Il fit ensuite volte-face et, avec son pied, traça une ligne au sol, dans la poussière. Il regarda ensuite les chevaliers d'argent, et leur air d'incompréhension lui donna presque envie de rire.
"Vous voyez cette ligne ? Tant que la demoiselle et Seiya n'auront pas quitté les lieux en toute sécurité, vous restez derrière. Celui qui la franchira mourra, c'est aussi simple que ça.
– Quoi ?!"
Sans un mot de plus, mais gardant néanmoins son sourire satisfait, le jeune homme se détourna d'eux pour se rapprocher de Seiya. Prudemment, il passa ses bras sous ses épaules et ses genoux et le souleva, avant de jeter un regard à Saori.
"Allons nous-en.
– Mais, Shun…"
Phénix serra les dents et détourna les yeux, avant de s'éloigner des chevaliers d'argent. Il sentait leur regard incrédule sur son dos, et ne doutait pas un seul instant qu'ils ne laisseraient pas passer un tel affront. Il lança lentement un décompte, dans sa tête, dissimulant son amusement derrière un masque neutre.
"10… 9… 8… 7…"
Il en était à 4 quand, indigné, un des chevaliers d'argent s'écria derrière lui.
"Pour qui te prends-tu, chevalier de bronze !?"
Presque au même instant, il l'entendit courir dans sa direction. Lâchant les jambes de Seiya d'une main, il se retourna en un éclair et frappa de son poing dans l'air. Une décharge de cosmos fusa, et frappa le chevalier d'argent, si fort que ses épaulettes et son casque volèrent en éclat, et il s'écroula au sol.
"Capella !" crièrent les deux autres alors que Phénix reposa délicatement le Pégase au sol.
"Je vous avais prévenus : celui qui franchira la ligne mourra."
Il se releva pour regarder l'expression horrifiée des deux chevaliers d'argent restant. L'un était équipé de chaînes, pourvues de boulets à pointes. Quant à l'autre, c'était l'épaulette gauche, qui portait ces mêmes pointes. Juste en les regardant, il ne sut trop déterminer leur constellation. Il fit brûler son cosmos, le laissant s'étendre jusqu'aux deux hommes.
"Alors ? À qui le tour, messieurs ?
– Ce n'est pas un simple chevalier de bronze… Son cosmos est effroyable…
– Attends… Regarde son armure. C'est celle du Phénix !
– C'est donc lui qui a vaincu les chevaliers noirs et est devenu leur maître, sur l'Île de la Reine Morte ? Je ne m'attendais pas à ça."
Le chevalier serra le poing. Il ne savait trop s'il devait être satisfait d'avoir fait parler de lui à ce point, ou s'il devait s'indigner pour le commentaire – et le regard du chevalier à l'épaule pointue sur ses bras. Ça n'était tout de même pas de sa faute s'il avait un corps aussi minable.
"Dans ce cas, Capella a été stupide, de foncer tête baissée ! rétorqua le chevalier aux boulets en s'avançant, mais restant derrière la ligne. Si c'est vraiment Phénix, je ne vais pas retenir mes coups. Moi, Dante, chevalier de Cerbère, gardien des Enfers ! Attrape ça, Phénix ! Le Boulet de l'Enfer !"
À une vitesse folle, le chevalier saisit son arme, et envoya un de ses boulet dans sa direction. Phénix eut tout juste le temps d'entendre le cri de Saori derrière lui et tendit la main pour rattraper l'arme. Cependant, à sa grande surprise, le boulet lui échappa, comme animé d'une volonté propre, et s'enroula autour de son poignet.
"Bien joué. le félicita Dante. Stopper ce boulet d'une seule main… Normalement, elle aurait dû être emportée.
– Je suis plus coriace que j'en ai l'air, grommela amèrement Phénix.
– Shun, c'est bien ça ? Nous sommes désormais inséparables, et logés à la même enseigne. Tu disais que je mourrais, si je franchissais la ligne. Il en est maintenant de même pour toi ! Franchis cette ligne et tu mourras !
– Quoi ?!
– Autrement dit, cette ligne est la frontière entre notre vie et notre mort ! Allez ! Viens par-là, Shun !"
Soudain, Dante tira un coup sec sur sa chaîne, la tendant entre eux. De son côté, Phénix tira également : pas question de s'approcher trop près de lui.
"Tu préfères que ce soit moi qui vienne à toi ?!" s'écria le chevalier d'argent, alors que le boulet se détacha soudainement du poignet de Phénix, qui faillit en perdre l'équilibre. Il lança alors directement une dizaine de boulets, qui filèrent droit sur lui. Saori cria.
"Shun, prends garde !
– Mon nom, c'est Phénix !"
Agacé, le chevalier de bronze laissa à peine les nouveaux boulets de son adversaire franchir la ligne. Il brandit son poing et l'abattit vers les armes, envoyant une puissance vague de cosmos qui les réduisit en éclats.
"Impossible ! Comment a-t-il pu tous les détruire !?
– Fini de jouer, Dante."
En une demi-seconde, Phénix se retrouva derrière le chevalier d'argent, qui eut à peine le temps de le voir bouger.
"Qu'était-il censé m'arriver, si je franchissais la ligne, murmura presque Phénix d'un ton acerbe ?
– Mais comment… ?
– Contrairement à l'autre, je n'ai pas l'intention de me laisser crever ! Je vivrai et me battrai ! Grâce aux Ailes du Phénix !"
Une bourrasque se leva, et une vague de cosmos s'abattit sur le chevalier d'argent. Son plastron vola en éclats, et lui-même fut éjecté dans les airs.
Comme promis, voici le chapitre 10 !
Désolé pour les quelques heures de retard mais j'avais… oublié quel jour on était. Ça arrive même aux meilleurs.
Que de combats, encore, dans ce chapitre. J'ai eu un peu de mal à rédiger certains passages, car je ne voulais pas faire trop copier-coller en changeant juste des noms dans les dialogues… mais Phénix a un caractère assez similaire au Ikki original, avec les provocations et le côté insupportable en plus. J'espère que l'histoire vous plait toujours autant malgré tout. On en apprend plus sur Shun et son monde, aussi… mais n'en révélons pas trop d'un coup. :)
Enfin, j'ai le plaisir de vous annoncer que le chapitre 11, ainsi que le chapitre 12 sont rédigés ET corrigés ! Si tout se passe bien, ils seront en ligne en temps et en heure ! Le 13 doit encore passer à la relecture, mais ça devrait aller, normalement.
On se revoit donc dans deux semaines !
Fun fact : ce chapitre fait exactement 10 pages dans mon google doc. Pas fait exprès.
