Neville regarda tristement autour de lui. Cela faisait des années qu'il vivait ici avec Claire, et aujourd'hui, il fermait la porte pour une durée indéterminée. Il venait de finir d'emballer ses affaires, ainsi que celle de sa femme. Il ne lui restait que la valise de ses filles à faire. Ce qui devait n'être que quelques affaires, devenait des cartons entiers pleins de souvenir en tous genres. Il n'avait pas pu laisser derrière lui, des objets qui avaient énormément de valeur à ses yeux. Il eut une pensée pour sa fille Alice, qui avait boudé pendant trois jours quand il avait commis une erreur impardonnable. Elle avait cinq ans et lui avait offert une tasse pour le petit déjeuner, tasse qu'il n'avait pas utilisée le jour même. C'était ce genre d'objet qu'il ramassait alors qu'il marchait dans la maison, des cadres photos, décorations, dessins…

Soudain, un petit sifflement vint à lui sous forme d'étincelle. Cette dernière siffla quelques secondes avant d'exploser en un mini feu d'artifice, la signature de George. Neville pouvait reconnaître le style des jumeaux d'un simple regard, tant il les avait vu démontrer leurs produits dans la salle commune de Gryffondor. Il eut un pincement au cœur en se corrigeant, il n'y avait plus qu'un des frères, Fred était mort lors de la bataille finale. Un bruit à la porte retentit et Neville ne fut pas surpris de voir George se tenir sur le palier, le visage grave. Pourtant, une lueur joyeuse dansait dans ses yeux.

- Neville ! Ça fait si longtemps ! Comment vas-tu ?

- George, dit Neville avec un petit sourire. Je peux te serrer la main, ou il y a un risque ? J'aimerais dire bien, mais… j'imagine que tu es au courant.

- Neville, Neville, Neville, pour qui me prends-tu ? Je ne blague pas comme ça ! Je suis d'un autre niveau, maintenant ! Pour te révéler un secret je suis l'entreprise numéro un de l'Angleterre magique et dans deux semaines, j'annoncerai l'ouverture d'une succursale en France. Mon produit numéro un est la poignée de main verdoyante !

- La poignée de main verdoyante ? demanda Neville méfiant. Dois-je conclure que je ne dois surtout pas te serrer la main ?

- Tous tes poils se transformeraient en plantes, créant une forêt plus ou moins grande sur ton corps. Evidement nous avons évités certaines zones du corps. C'est très désagréable d'avoir un saule cogneur au niv…

- Ça va, ça va, je vois l'idée, dit Neville en rigolant. Que fais-tu ici ?

- Puis-je ? Demanda George, devenant sérieux, et regardant le canapé du salon.

- Installe-toi, je t'écoute. Après tout ce temps j'imagine que ce n'est pas une visite de courtoisie.

- Non, en effet ! Pour commencer, je tiens à m'excuser pour le peu de soutien que j'ai apporté à la fin de la guerre. Pour être honnête, la mort de Fred fut très douloureuse. Ce n'était pas juste mon frère, tu sais ? C'était mon jumeau. J'ignore si tu le sais, voire si le monde sorcier le sait, mais de vrais jumeaux comme Fred et moi sont rares. J'ai perdu une partie de mon âme, à ce moment-là et il m'a fallu des années pour redevenir moi-même.

- Je suis désolé, dit Neville doucement.

- Ne t'inquiète pas, tu n'y es pour rien. A ce moment-là Harry était parti, toi aussi, tout le monde avait changé. Tout sauf le monde sorcier, qui lui, est resté le même, ou pire. A ce moment-là j'ai pris comme credo, une phrase qui a lancé notre boutique. Tu veux savoir laquelle et surtout qui nous l'a dite ?

- Je n'ai jamais su comment vous avez commencé la boutique, dit Neville en souriant.

- Harry, dit George en souriant doucement. Sur le quai du Poudlard Express, avant que nous nous séparions. Il nous a tendu le prix du tournoi des trois sorciers et nous a dit ceci : « j'ai besoin de rire. On en a tous besoin. Et j'ai l'impression que, dans quelque temps, on en aura encore plus besoin que d'habitude ». J'ai pris ces paroles à la lettre et poursuivi son vœu.

- George…

- A l'époque, je n'étais pas en état de le dire et il était trop tard. Maintenant je le peux, je suis du coté de Harry, peu importe où il est. Mais il n'est pas tout seul, parce que je sais que tu sais où il est. Je ne te demande pas de me dire où il est, mais je suis venu te transmettre un message pour lui et vous donner à lui et à toi, quelque chose.

- Je t'écoute, dit Neville avec sérieux.

- Nous attendons. Quand le moment viendra nous serons présents. Tu n'es pas seul et nous n'avons pas oublié qui est notre chef.

- De qui tu parles ? Qui est nous ? Et pourquoi moi ?

- Attrape ! Dit George en lançant un petit sachet.

- Neville l'attrapa facilement et ouvrit l'emballage. A l'intérieur se trouvaient deux Gallions. Non, deux imitations. Les deux faces étaient gravées respectivement d'un éclair et d'une tête de Cerf. Neville tourna une des pièces dans sa main et comprit.

- L'AD existe toujours, dit Georges en souriant. En attendant le retour de Harry, tu es le leader. Tu l'as prouvé en menant la rébellion à Poudlard, alors que Rogue et les Carrow étaient à la tête du château. Luna et Ginny sont deux femmes remarquables, je l'admets, mais Gin' est trop fonceuse pour agir en tant que chef et Luna… beaucoup trop lunatique pour diriger. Pas un défaut, je l'adore ! Mais des trois tu es le meilleur Leader. Rien qu'à voir la situation actuelle, tu as tout anticipé et ta famille est en sécurité. Ginny veut juste se déchaîner et Luna attend patiemment. Tu es le Leader en l'absence de Harry, nous le savons, tu le sais et moi aussi.

Neville resta silencieux. Il ne savait pas quoi dire. Dans un sens George avait raison, c'était lui qui avait dirigé l'AD en septième année. Ginny agissait et Luna donnait les informations précieuses qu'elle obtenait, car personne ne faisait attention à elle. Avec la rébellion il avait protégé beaucoup d'élèves, et évité le pire à certains.

- Nous avons besoin de Harry, continua George. C'est un symbole. La Reine a joué son coup et le peuple sorcier se détruit. Si Harry revient tout le monde le suivra pour éviter une destruction totale.

- Il ne voudra pas George, crois-moi.

- Il n'a jamais voulu, tout ce qu'il a vécu. Pourtant il l'a toujours fait. C'est la vie qu'il a choisie. La voie d'un Leader. Voldemort… Harry aurait pu fuir, après tout c'était un enfant comme nous. Mais il s'est levé et s'est battu. Nous connaissons Harry, il agira. Peut-être pas comme nous le voulons mais il ne restera pas immobile, s'il peut agir.

- Je lui donnerai, répondit Neville en montrant la pièce. Mais c'est tout ce que je peux faire.

- Et je ne te demande rien de plus, finit George en souriant. Passe lui le bonjour, veux-tu ? Et un dernier message, qu'on ma chargé de lui donner. « La famille n'est pas juste une question de sang, nous t'aimons toujours et tu seras le bienvenu. »

- C'est de qui ? demanda Neville curieux.

- Ma femme, rigola George. Angelina. Je ne pense pas avoir à dire plus, tu la connais après tout. Sauf comment on en est arrivé là. Peut-être un jour, où on mangera ensemble.

- Compte sur moi, j'amènerai ma famille aussi dans ce cas.

- J'ai hâte d'être ce jour-là, dit George les yeux brillant. Cela fait tellement longtemps… Prends soin de toi Nev'.

- Bien sûr. Et si besoin… finit Neville en agitant la pièce. Je viendrai.

Un pop et George avait disparu, laissant Neville seul dans son salon. Il vit l'heure et se dépêcha, sa femme risquait de s'inquiéter. Il avait néanmoins hâte de vivre chez Harry, il ne savait pas comment ce dernier avait obtenu l'approbation pour que sa famille reste, mais il débordait de gratitude envers les habitants du Domaine, pour leur tolérance. Peut-être, parce que sa femme était non magique et qu'elle courait les mêmes dangers qu'eux ? Possible…

Il rassembla ses affaires, puis les rapetissa avant de transplaner à son tour, abandonnant sa maison pour une durée indéterminée.

(*_*)

Ron était furieux. Il traversait à grandes enjambées les couloirs du ministère avec pour seule direction, le bureau du ministre. C'était une mission suicide comme il l'avait deviné et il était sûr que McLaggen le savait aussi. C'était juste une occasion de se débarrasser de lui. Il ignora la secrétaire qui essaya de l'arrêter et rentra en trombe dans le bureau.

- Ah Weasley, dit McLaggen en souriant. Je vois que tu reviens les mains vides.

- Pire que ça imbécile, dit Ron en frappant le bureau. Non seulement sa famille est partie, et devine qui nous attendait là-bas ? L'armée de la Reine ! Sa maison était surveillée et c'est de justesse que Susan et moi, avons réussi à nous échapper ?

- Vous avez donné des informations ? demanda le ministre en devenant blanc.

- Non, grogna Ron. Les hommes sont lourdement armées, magiques et moldus. Nous avons eu de la chance qu'ils manquent d'expérience. C'est grâce à ça que j'ai réussi à neutraliser deux gardes et fuir en amenant Susan.

- Tu me dis que non seulement vous avez échoué, mais qu'en plus vous avez risqué de dévoiler de précieuses informations sur le ministère à notre ennemi ? Dis-moi pourquoi je ne dois pas vous virer sur-le-champ ?

- Parce que tu as risqué la vie de trois héros de guerre, sombre idiot ! Cria Ron. Tu penses que tu pourrais garder ton poste, si Neville, Susan et moi mourrions ? Tu fais exactement les mêmes erreurs que Fudge et ce dernier à fini mort. Continue ainsi et cela t'arrivera aussi. J'énonce juste un fait, tu as vu ce dont est capable la Reine. Je suis persuadé qu'elle a des espions partout.

- Surveille tes paroles, siffla le ministre en devenant rouge. N'oublie pas qui est ton supérieur.

- Pour combien de temps ? Railla Ron. Si je sors et raconte ça aux journaux, ta cote de popularité va chuter à grande vitesse. Encore une fois, tu n'es pas différent de Fudge. La différence est qu'à l'époque, il avait juste Harry en popularité, comme rival. Même aujourd'hui son nom est partout et sur toutes les lèvres. Ils se tournent aussi vers Hermione, Susan, moi et bien d'autres qui ont combattu. Toi, tu n'es nulle part, personne ne te regarde. Mon conseil est d'entamer des négociations avec la Reine. Sans ça nous sommes perdus. Au revoir.

Sur ces mots il partit. Il avait envie de rentrer chez lui et retrouver Hermione et ses enfants. Il craignait ce qu'il allait arriver. McLaggen ne ferait rien, il le savait. Une nouvelle guerre approchait, comme l'avait prédit Harry.