- Silence !

La salle du Magenmagot était pleine. C'était le lendemain de l'attaque contre le chicaneur. C'était la première attaque dont était victime l'Angleterre magique, depuis que le règne de Voldemort s'était achevé, et au vu des personnes impliquées, cela avait provoqué une réunion urgente du Magenmagot. Les derniers membres en retard venaient de s'installer et la séance commença. Au centre de la pièce se tenait Blaise Zabini, faisant ses débuts en tant que Président Sorcier du Magenmagot. D'origine italienne, sang pur néanmoins, le sorcier n'était jamais devenu mangemort, bien que beaucoup le pensaient. Il en était ressorti comme un parfait Serpentard en jouant sur tous les tableaux sans jamais prendre parti, si bien qu'il était, d'un point de vue politique, neutre dans les conflits.

- Hier, Les bureaux du Chicaneur ont été pris pour cible par des sorciers masqués. Ces hommes étaient habillés de la même manière que les célèbres mangemorts accompagnant le seigneur des ténèbres, il y a de cela vingt-cinq ans. Nous pensons que le dernier article du journal est la justification de cette attaque. Je laisse la parole à Ronald Weasley, Chef du département des Aurors, afin qu'il puisse nous faire part de ses conclusions.

D'un pas lent, Ron descendit de son siège vers le centre de la pièce. Il savait qu'il allait devoir parler, mais il n'aimait absolument pas cela. Il était d'autant plus contre, au vu de ce qu'il allait dire, et ce qu'il avait découvert en regardant l'homme qu'il détenait dans ses cellules était pour le moins inquiétant. Il espérait que les sorciers étaient prêts pour ce qui allait arriver, car lui n'en était pas persuadé. Saluant Zabini d'un signe de tête, il se permit de regarder son public avant de commencer son rapport.

Il nota que rien n'avait changé, la faction sang pur était toujours ensemble, formant un groupe de familles conservatrices et traditionnelles. C'était la faction qui avait eu dans ses rangs des familles comme les Malefoy, Nott, Lestrange et bien d'autres. Pour cela, Ron ne pouvait que féliciter la Reine, d'un seul coup, elle avait anéanti les plus dangereux, car au fond de lui, il était persuadé que Drago Malefoy n'avais pas changé. Près d'eux il y avait la faction Neutre, dirigée par Daphné Greengrass. Les membres qui composaient cette faction aimaient les traditions, voulaient les respecter, mais voulaient en changer certaines. Beaucoup avaient du sens, d'autres étaient limite ou même horribles. Ni bon ni mauvais, tels étaient les neutres. Puis il y avait le dernier bloc, plus ouvert aux nouveaux nés moldus, moins traditionnels et voulant être plus… hé bien, plus ouverts. Il n'y avait pas d'autres mots. Ouverture plus large des frontières, des lois et protocoles, ou encore l'égalité devant la loi. La loi est absolue, le sang ne devait pas être une justification pour ne pas être condamné.

Tant de factions, tant de divisions pour un même monde. Chacune avait eu son moment de force et de domination dans cette salle, mais aujourd'hui, tous étaient amputés. La faction sombre avait perdu bien des membres, lors de la destruction d'Azkaban et se retrouvait sans leader. De l'autre côté, il n'y avait tout simplement pas de chef, ou plutôt ils attendaient le retour de Harry. Ron savait depuis longtemps, qu'il fallait avancer sans Harry, mais eux n'acceptaient pas cela. Il n'y avait au final que les neutres qui affichaient complet et fort, ce qui n'était pas forcément bon. Ils n'étaient pas du genre à prendre des décisions, mais plus à trouver des compromis entre les conservateur et les progressistes.

- Comme l'a si bien résumé notre Président Sorcier, l'attaque visait uniquement le Chicaneur. Nous avons reçu un appel à l'aide de Luna Lovegood, propriétaire du journal.

- Et puis-je demander comment vous avez reçu un tel signal ? demanda Grégoire Goyle de sa place.

Grégoire Goyle était le fils de Gregory Goyle. Ron n'avait jamais vu la femme de l'ancien garde du corps de Drago Malefoy, mais il était clair que Grégoire avait hérité du cerveau de sa mère et non de son père. Il avait cependant hérité la musculature de son père qu'il utilisait pour intimider ses interlocuteurs. Point positif, c'était un piètre sorcier, ce qui n'en faisait pas un adversaire dangereux. Il était toutefois bien formé sur le plan politique.

- Comme beaucoup de personne le savent, répondit Ron, Luna Lovegood était membre de l'AD au cours de son année à Poudlard. Comme chaque membre, elle a gardé ce qui nous permettait de communiquer, en silence, les rassemblements.

- Je trouve cela curieux, répliqua Grégoire d'un ton mielleux. Depuis la mort du Seigneur des ténèbres, nous n'avons connu aucune attaque. Un article publié par ce journal déclenche une attaque et ceux qui réagissent sont les hommes de Harry Potter.

L'AD était connue. Chaque membre, qui avait participé à la bataille finale, avait eu sa carte de Chocogrenouille avec comme mention son adhérence à cette armée secrète. Il y avait cependant une chose qui avait changé. Bien qu'elle conserve son nom, AD, elle était plus connue comme l'AP dans les coulisses. L'Armée de Potter. Il les avait formés et ce n'était pas pour rien qu'aujourd'hui encore, c'était les méthodes de Harry qui formaient les Aurors. Ron le déclarait à chaque fois, il ne faisait que répéter les mêmes mots que Harry, lors de leur cinquième année. Mais cela ne changeait rien, peu importe le nombre de fois que cela était nié, c'était des hommes et des femmes qui étaient fidèles à Harry Potter, c'était ainsi qu'ils étaient vu.

- Ou voulez-vous en venir Lord Goyle ? demanda Zabini.

- Un article qui a pour but de nous effrayer, et cela juste après une attaque de la reine moldue. Nous avons perdu notre prison, ainsi que beaucoup de membres d'illustres familles de notre communauté. Il est logique que la peur ait entraîné ce genre d'attaque, mauvaise certes, mais on ne contrôle pas ces gestes quand nous sommes effrayés. Puis à la grande surprise ce sont les hommes de Potter qui se rassemblent pour attaquer ces hommes. Une armée que nous n'avons pas vue depuis vingt-cinq ans, est rassemblée.

- Je ne vois toujours pas où vous voulez en venir.

- J'y viens, Président Sorcier. D'après ce que j'ai appris, Harry Potter voulait utiliser des méthodes radicales contre ceux qui ont un jour soutenu le Seigneur des ténèbres. Je le soupçonne de ne pas s'être isolé, comme beaucoup semblent le penser, mais à rassembler une armée en vue de prendre le contrôle de notre monde. Pour la première fois nous avons revu Neville Londubat, les jumelles Patil ainsi que Justin Finch-Fletchley pour n'en nommer que quelques-uns. Des rumeurs circulent aussi sur l'homme attrapé ainsi que son état, et si elles s'avèrent vraies, alors notre monde est en péril.

- Monsieur Weasley, dit Zabini en se tournant vers Ron. Que pouvez-vous nous dire.

- Wilson Jordan, déclara Ron, est un sorcier de Sang pur de famille mineure. Il possède sur son épaule un tatouage, qui n'est pas la marque des ténèbres, même si sa tenue vestimentaire le laissait penser. Il s'agit d'un sablier avec gravé dessus « Toujours Pur ». Dans les deux récipients du sablier il y a d'une part un sang doré, considéré comme « pur » et d'autre part, un sang de couleur noire, représentant les nouveaux nés moldus, peut-être même les moldus. Peu importe combien de fois le sablier tourne, les deux sangs ne mélangent pas. Voici les conclusions auxquelles nous sommes arrivés.

- Une nouvelle marque des ténèbres ? Demanda Daphné Greengrass de sa place.

- C'est possible, dit Ron en se tournant vers elle. C'est la première fois que nous la voyons, donc il est trop tôt pour l'affirmer. Mais, la phrase semble le suggérer.

- Et son état ? Vous n'avez pas répondu, reprit Goyle.

- Il est vivant, répondit Ron d'un ton sérieux. Mais il n'a plus une once de magie en lui. C'est pourquoi nous n'avons pas pu l'interroger sous Veritaserum. De mes souvenirs, un objet lui a été lancé, une petite sphère argentée. Cette dernière s'est fixée au bouclier qu'il avait dressé avant de tomber au bout d'un moment. Il est acceptable de soupçonner qu'elle a absorbé toute la magie de l'homme.

- Et c'est de cela dont nous devons nous méfier ! cria Grégoire Goyle en se levant. La reine moldue a créé des armes pour nous tuer tous ! Azkaban, suppression de magie, que va-t-elle faire ensuite ? Paralyser notre économie ? Au vu de la dernière déclaration des gobelins, il semble qu'ils se sont alliés à elle ! Nous devons agir.

- Vous sautez rapidement aux conclusions Lord Goyle ! Cria Blaise Zabini au-dessus des murmures inquiets qui montaient dans les gradins. J'invite Hermione Weasley à répondre de ses recherches à ce sujet.

Hermione descendit doucement les marches. Elle n'avait pas dormi de la nuit, et c'était avec passion qu'elle avait cherché des informations au sujet de ce Grand Rassemblement. Elle avait vu son Elfe de Maison pleurer en regardant le ciel et quand elle l'avait interrogé, elle n'avait eu comme réponse que « la Cloche sonne ». Elle ne savait pas de quoi il s'agissait mais avait rapidement reçu beaucoup de rapports inquiétants. Les vampires rigolaient, les loups garous avaient hurlé… beaucoup de choses bougeaient et son département n'arrivait pas à suivre.

- Les espèces magiques, dit clairement Hermione en regardant l'assemblée, se sont toutes mises en mouvement. Chacune d'entre elles parle du son d'une Cloche et d'un Grand Rassemblement. A l'heure où je parle, nous avons perdu la trace de trois vampires, centaures, loup garou et bien d'autres. Nous ne savons pas où ils vont, ni dans quel but. Ils sont tous sur le qui-vive et je crains pour la sécurité de nos Aurors en les chargeant de la surveillance.

- Est-il possible que l'article les ait fait réfléchir sur la disparition de notre monde ? demanda Daphné.

- C'est possible, mais non prouvé. Pour la plupart des espèces, dites sombres, comme les vampires ou les loups garous, la vie est difficile. Pour les centaures ou les gobelins, la vie est meilleure, mais toujours restreinte. Tout cela à cause des lois en place qui sont discriminatoires. Si quelqu'un avec les moyens de changer cela, comme la Reine par exemple, peut améliorer leur vie, je soupçonne qu'ils se joindront tous à elle sans aucune hésitation.

- Nous connaissons votre sentiment sur les droits des créatures magiques, fit Grégoire Goyle avec dédain. Mais nous ne pouvons laisser courir un loup garou en liberté sans mettre en danger note communauté. Mais cela importe peu devant cela. Nous devons agir avant que cela ne devienne trop dangereux.

- Dangereux pour qui ? répliqua Ron. La frappe de la Reine n'a touché aucun lieu public. Azkaban avait en son sein les pires mangemorts ainsi que les créatures qui ont détruit tout un village moldu. Comment elle a fait je l'ignore, mais elle l'a fait. Si une personne l'a informé de l'emplacement de la prison, alors elle sait aussi où se trouve le ministère de la magie, le chemin de traverse, Poudlard et bien d'autres endroits. Elle ne veut pas notre mort à tous, mais des changements !

- Alors il nous faut agir, dit Daphné en se levant. Calmer la situation. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester assis alors qu'il y a une nouvelle marque, la menace de la Reine ainsi qu'une possible rébellion des peuples magiques.

Ainsi commença la réunion, d'abord calme, puis de plus en plus violente. La peur avait repris le cœur des sorciers. Elle dura deux heures, pendant lesquelles rien ne fut décidé. Ce fut Blaise qui y mit fin, comprenant qu'il ne servait à rien de continuer.

(*_*)

Loin au nord, dans la plus célèbre école de sorcellerie, un Homme était assis devant sa maison, à contempler le château. C'était devenu son petit plaisir de voir l'école s'illuminer au fur et à mesure que la nuit tombait. Comme beaucoup, il avait entendu le son de la Cloche l'appeler. Il se disait que son sang de géant le lui permettait, même s'il était moitié humain.

- Tu sembles pensif, Hagrid, dit une voix derrière lui.

- Bonsoir Firenze, comment vas-tu ?

- Je viens te saluer, une dernière fois mon ami, avant de partir. Le troupeau s'en va. Nous avons lu les étoiles et tous les signes nous indiquent qu'il est l'heure.

- Les étoiles, rigola doucement Hagrid. Non, mon ami, tu n'as pas besoin de les lire, tu as entendu le son de la Cloche, toi aussi, c'est évident. Mais tu n'es pas le seul à penser ainsi, tu sais ? J'y songe aussi.

- Une ère sombre approche Hagrid, continua le centaure en approchant. Les sorciers s'étaient limités aux espèces dangereuses, comme les loups garous, mais cela va changer. La peur revient, elle amène avec elle, doute et colère. Nous partons avant de subir à notre tour la crainte des sorciers. Ecoute mon conseil, prend ton frère avec toi et partez.

- Merci Firenze, dit Hagrid en tendant sa main au centaure. Tu rejoins le Domaine n'est-ce pas ? Salue-le de ma part s'il te plait.

- Oui, c'est le dernier endroit où nous pouvons vivre libres, acquiesça le centaure en prenant la main tendue. La route va être longue mais il le faut.

- Au revoir Firenze, amène ton peuple en sécurité.

- Toujours, finit le centaure en se retournant. Sache que tu es un ami Hagrid, un véritable ami. J'espère que tu prendras la bonne décision.

Sur ces mots, le centaure disparut dans la forêt, non sans avoir tiré une dernière flèche en direction du château. C'était un au revoir, semblable à celui qu'ils avaient donné à l'enterrement d'Albus Dumbledore. Comme pour Hagrid, le château et ses terres étaient leur maison, maison qu'ils quittaient aujourd'hui. Au fond de lui, le demi géant avait pris sa décision depuis un moment, mais il avait du mal à quitter Poudlard. Il y vivait depuis plus que quatre-vingt ans et c'était difficile, c'était sa maison après tout. Il versa une larme, qui se transforma en un sanglot. Un sanglot, car il devait partir, Firenze avait raison. Depuis des années il avait du mal à pouvoir aller sur le chemin de traverse à cause de son sang. Il le pouvait encore, grâce à qui il était, il le savait. Rubeus Hagrid, Gardien des clefs et des lieux de Poudlard, défenseur de Poudlard ! Un titre magnifique, mais vide de sens ou de respect, donné par un gouvernement obligé de le faire et non par reconnaissance. Son frère lui n'avait rien eu et pire, restreint à la forêt interdite.

Se calmant, il rentra chez lui et d'une main hésitante, il écrivit maladroitement sa lettre de démission. Il dut la refaire plusieurs fois, tant il pleurait en la rédigeant, mais elle était faite, bien que la nuit soit tombée depuis un moment.

Regardant par la fenêtre, il vit le bureau de la directrice éclairé et prenant sa veste et sa lampe, il prit la route du château, il avait sa lettre à remettre.