Harry était à sa fenêtre, observant avec une légère angoisse l'animation qu'il y avait sur le terrain du Domaine. Au fur et à mesure que la nuit tombait, des torches s'allumaient, illuminant les tentes et habitations installées un peu partout. A toutes les heures du jour et de la nuit, de nouveaux invités arrivaient en nombre. Il avait eu peur au début, peur pour Neville et sa famille, de même que pour Luna. C'était des humains après tout. Luna, quand elle était revenue avec Neville, Harry lui avait parlé, et elle ne lui avait rien caché. Pour la première fois, elle lui avait parlé du monde sorcier, de ces lois de plus en plus restrictives, racistes, cruelles. Elle lui avait dévoilé ce qu'était devenu le monde qu'il avait quitté.

Il en avait eu un aperçu avec Lavande, et il devait se répéter que Luna ne mentait jamais, pour y croire. C'en était trop, rien n'était à la hauteur des camps de loup-garou bien sûr, mais tout aussi grave. Il ne savait pas s'il devait féliciter ou maudire le travail d'Hermione. D'après Luna, elle n'avait rien fait pour améliorer les choses, mais avait empêché que cela s'aggrave, ni plus ni moins. Elle devait faire avec le travail de ses prédécesseurs, Harry en convenait, mais qu'est ce qui retenait Hermione, celle qui luttait pour les droits des elfes de maisons ? Plus il y pensait, moins il comprenait, car même s'ils n'étaient pas d'accord sur certaines choses, comme les mangemorts, l'égalité entre tous les peuples, n'était pas une chose à laquelle elle aurait volontairement renoncé.

Un éclat de rire le sortit de ses pensées et il repéra rapidement d'où il venait. Alice Londubat. La petite était très curieuse et remplie d'énergie. Apprendre l'existence de la magie avait été pour elle un signe d'aventure et de nouvelles découvertes. Il rigola doucement en se rappelant la première rencontre de l'enfant avec le Seigneur de Gringott's, Ragnok. La petite fille avait brisé toute rencontre formelle en sautant devant le gobelin et posant mille et une questions. D'abord surpris, le gobelin avait rapidement perdu son sérieux pour répondre à quelques questions, promettant de répondre aux autres plus tard.

Harry n'était pas doué pour la politique, il haïssait cela pour être plus juste, mais il devait reconnaître que l'enfant avait aidé d'une manière qu'il était impossible à reproduire. Elle était un crédit pour l'éducation fournie par la Reine, un exemple de tolérance et de paix. Harry pensa que c'était la première fois que les gobelins n'étaient pas vus comme… et bien, des gobelins, mais juste comme des êtres différents. Pas que l'enfant n'ait pas vu qu'ils n'étaient pas humains, ça elle le savait, mais elle n'y avait pas porté préjudice, juste une grande curiosité. Cela avait aidé qu'il lui parle de Gringott's et des trésors que renfermaient les cavernes souterraines. Elle avait dévoré les informations et en voulait plus, avoir les personnes concernées sous la main, était une occasion fantastique pour elle.

Sans le savoir, elle était le centre de tous les regards, car elle avait accompli une chose à laquelle personne n'avait jamais assisté. Une humaine, une fée, un gobelin, un elfe et un centaure jouaient ensembles. Tous des enfants, venant de peuples qui avaient des siècles de rancune entre eux, étaient en train de tirer un petit nain dans leurs jeux. Ce dernier hésitait, et Harry pouvait voir des nains prêts à intervenir à la moindre menace, mais il savait qu'il ne se passerait rien. Une chose qu'il avait apprise en vivant au Domaine, c'était que les enfants étaient précieux, très précieux. Ici, ces enfants s'amusaient, faisant fi des histoires de leurs peuples

- Magnifique n'est-ce pas ? dit Nathan derrière lui.

- De voir des enfants jouer ensemble ? Demanda doucement Harry. Toujours, même si cela arrive fréquemment au Domaine. J'imagine que tu parles du fait qu'ils se rencontrent pour la première fois ?

- Bien sûr, dit le Vampire en s'approchant. Une humaine, venant d'un peuple qui représente le plus gros danger pour chaque espèce, joue sans soucis avec eux.

- C'est une enfant Nathan, elle se comporte comme tel. Elle cherche des compagnons de jeu, c'est tout. Bien sûr elle est curieuse, peut-être posera-t-elle des questions qui seront offensantes pour beaucoup, mais son jeune âge jouera en sa faveur et on lui pardonnera. S'amuser est le privilège des enfants. Les rancunes, les conflits, toutes ces choses ne doivent pas toucher les enfants. Jamais.

- Bien dit Gardien ! Fit une voix derrière eux.

Se retournant, ils virent Ragnok, le Seigneur de Gringott's se tenir sur le pas de la porte. Vêtu d'une grande armure, le gobelin était impressionnant, même sans armes. C'était une chose que tous devaient respecter, le Domaine était une zone de non conflit. Oser attaquer une personne avec des intentions malveillante voyait des représailles sévères infligées au coupable, allant du bannissement à la mort selon la gravité. Beaucoup se vouaient une haine ancestrale, comme les nains et les elfes, mais chacun faisait un effort pour freiner ses ardeurs. Cela aidait qu'une arène ait été construite pour se défouler. Chacun pouvait combattre, avec comme seule règle de combattre loyalement. Le combat s'arrêtait soit à la capitulation, soit au premier sang versé. Harry n'aimait pas cette règle, mais ils en avaient décidé ainsi, alors il n'avait rien dit.

- Seigneur Ragnok, dit Harry en s'inclinant, que vos ennemis tremblent devant votre nom.

- Et que les vôtres saignent jusqu'au trépas, répondit le Gobelin en s'inclinant. Je vois que vous avez appris nos coutumes.

- Vivre ici l'oblige, dit Harry en faisant signe au gobelin de s'asseoir. Je regrette de n'avoir rien appris là-dessus à Poudlard, cependant. Tout ce que nous apprenions étaient les rebellions gobelines.

- Si vous connaissiez la vérité derrière toutes ces révoltes alors vous comprendriez notre colère, répondit le gobelin. Mais je ne viens pas ici pour cela, laissons l'Histoire à l'endroit où elle à sa place, je viens pour autre chose.

- Je vous écoute.

- J'ai lu votre lettre. J'avoue avoir eu envie de la brûler quand j'ai vu qu'elle provenait de vous, pourtant, je l'ai ouverte. J'admets que le mystère devant votre infraction m'a toujours perturbé, car je ne comprenais pas votre geste. Mon peuple se refuse à dire à haute voix le nom écrit sur ce papier, de même qu'en parler. Seriez-vous prêt à jurer la vérité sur cette histoire ?

- Moi, commença Harry en fixant le Gobelin dans les yeux, Harry James Potter, Gardien du Domaine, jure sur ma vie et ma magie, avoir pénétré par effraction le territoire gobelin non pour voler, mais pour détruire une aberration connue sous le nom d'horcruxe !

Quand rien ne se passa, que Harry était toujours vivant, le Seigneur de Gringott's perdit de sa rigidité.

- Au nom du peuple gobelins, je vous remercie pour ce vœu ainsi que pour votre action passée. Votre nom est à nouveau bienvenu dans notre banque et vos comptes restaurés. A partir de ce jour, je fais de vous un ami de la Nation ! Nous nous tiendrons à vos côtés dans n'importe quelle bataille !

Sur ces mots, le Seigneur Ragnok se leva, s'inclina, puis sortit sans dire un mot de plus. Harry resta figé un moment, traitant mentalement ce qui venait de se produire. Se tournant vers le Vampire, il s'apprêtait à en parler quand il vit que le Vampire ne le regardait pas, mais était toujours tourné vers la fenêtre.

Dehors, le vent venait de se lever, les nuages étaient sombres et on pouvait entendre le tonnerre gronder au loin. Mais il y avait une chose étrange, un air de déjà vu pour Harry. Alors qu'une tempête s'annonçait, une petite lueur bleue venait dans leur direction.

Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle arrive sur eux et Harry n'eut besoin que d'un seul regard pour comprendre ce dont il s'agissait, un Patronus. Sous la forme d'un serpent, ce dernier s'arrêta devant lui et parla.

- Le convoi de la Reine est attaqué, nous demandons de l'aide, je répète, nous demandons de l'aide !