- Rappelez-moi quand vous avez envoyé votre Patronus ? Grogna Charles Roy de derrière son abri.

- C'est tout ce qui vous préoccupe ? Aidez-moi à défendre la voiture ! Cria Astoria en jetant un sort à l'aveugle.

- Mark ! Antoine ! Des sorts de défense pendant que j'essaie d'attaquer ! Ordonna Ron en se mettant debout.

Le voyage qui, jusque maintenant s'était déroulé parfaitement, était à présent la proie du chaos. Sous le couvert d'une tempête, des sorciers étaient apparus sur des balais, attaquant sans interruption la voiture Royale. Ils n'avaient cependant pas pris en compte que la Reine et ses conseillers étaient prêts pour faire face à une telle attaque. Le véhicule était une véritable forteresse, une merveilleuse mécanique ensorcelée. Pour le sorcier commun, la science moldue et la magie étaient incompatibles… par pour les non mages. Ces derniers avaient beaucoup essayé, échoué, recommencé, jusqu'à finalement y parvenir. Le temps n'était pas un souci, ni l'argent. Après tout, si c'était impossible, pourquoi tenter ? C'était une des différences notable entre les deux mondes, un était figé, l'autre voulait saisir les étoiles, peu importe les moyens employés.

C'est pourquoi, après avoir compris que la voiture et ses occupants ne pouvaient pas être annihilés, ils avaient juste empêché la voiture d'avancer en modifiant le terrain. Il y avait évidemment des charmes sur les roues pour ne pas être embourbées, mais elle ne pouvait rien faire quand un mur se dressait devant elle. C'est alors que Ron, Charles et Astoria avaient compris, si la voiture était impénétrable, elle était néanmoins bloquée, rendant la participation de la Reine au Grand Rassemblement impossible. Ron, ainsi que Astoria, avait mis leurs tenues de camouflage, leur permettant de se battre sans être reconnus. Pour Ron, c'était la tenue du Fantôme, noire avec seulement ses yeux visibles.

Ainsi, ils étaient sortis et combattaient un ennemi en grand nombre. Ron avait essayé de reconnaître les voix des attaquants mais toutes lui étaient inconnues. Cela n'aidait pas que la plupart des assaillants soient des étrangers, Ron avait entendu du russe, du français ainsi que de l'italien ou espagnol, il avait du mal à faire la différence entre les deux.

- AVADA KEDAVRA ! crièrent six voix en le visant.

- AVIS ! REDUCTO !

Un charme simple. Un simple sortilège qui faisait apparaître des petits oiseaux, chacun interceptant un sortilège mortel qui lui était destiné. Il eut la satisfaction de voir un des hommes tomber au sol, mort sous le coup de son deuxième sort. Il n'y prêta pas une seconde attention, se préparant au suivant. Dos à dos, Ron, Mark et Antoine travaillait ensemble, chacun aidant les autres. Ron était fier des deux hommes qu'il avait parfaitement formés. Ils se faisaient confiance, s'entraidaient sans se gêner dans une coordination parfaite. Mais cela ne suffisait pas, la balance ne penchait pas en leur faveur, ils avaient besoin de plus. Ron maudit en silence la politique. La Reine, en accord avec Charles Roy, avait décidé de se déplacer sans les grenades anti-magie, afin de se montrer non menaçante envers le domaine. D'une certaine manière, Ron comprenait. Même lui ne savait pas ce qui se passerait dans un endroit ou la magie était omniprésente. Car le Domaine n'était pas comme le chemin de traverse qui n'était pas rempli de magie. Les magasins l'étaient, il y avait des charmes qui cachaient la rue aussi, mais la rue était pas « magique ». Au contraire du Domaine qui était une zone comme Poudlard, totalement magique. La magie y était vivante à tout moment, y lâcher une telle grenade pourrait avoir des résultats catastrophique si le pire scénario se concrétisait.

C'était la conscience de Ron qui disait ça depuis un recoin de sa tête. Actuellement il souhaitait les avoir pour en finir une bonne fois pour toute. Le combat durait depuis un moment maintenant sans aucun signe de renfort. Avait-il eu tort de venir ? Il avait peur de penser à la réponse.

Soudain, transperçant le bruit des éclairs, des voix et des cris, un cor de guerre retentit. Des cris puissants retentirent ainsi qu'un sifflement aigu. Une des silhouettes encapuchonnées tomba, le cou traversé par une flèche. Tournant la tête, Ron eut le plaisir de voir des renforts arriver. D'autres sifflements retentirent tandis que d'autres flèches étaient tirées, traversant les boucliers magiques dressés pour les intercepter.

Cela soulagea la pression que Ron et ses hommes subissaient depuis un moment. Ils étaient devenus de simples spectateurs tandis que l'ennemi se tournait pour affronter cette nouvelle menace. Elle venait droit vers eux, une troupe composée de nains et d'elfes, peuples que Ron pensait éteints depuis longtemps. Mais autre chose attira son attention, un souvenir d'une terrible nuit. C'était un oiseau volant dans le ciel, sa blancheur visible dans l'obscurité qui les entourait. Un hibou blanc, un hibou qu'il pourrait reconnaître d'un seul coup d'œil, tant il l'avait vu dans ses années d'école.

Il se souvint de la dépression et de la seule fois où il avait vu son ami pleurer. Elle était là chaque fois qu'il pensait à Harry, présente dans tous ses souvenirs. En y repensant, Hermione et lui n'étaient pas les meilleurs amis de Harry Potter, ce rôle était déjà pris et il était impossible pour eux de l'atteindre. Mais elle était là, amorçant un plongeon dans sa direction, pleine de grâce et magnifique.

Hedwige.

Il ne fut pas surpris quand, loin de se poser, la chouette se transformant en Harry Potter, une baguette brandie devant lui, se tenant droit et confiant entre eux et les agresseurs. C'était évident pour lui, Harry ne pouvait devenir qu'une seule chose s'il décidait de devenir animagus. Il ne savait pas pourquoi, ni donner des arguments convainquant, mais il le savait au fond de lui.

Mais ses pensées furent perturbées par la terre qui se mit à trembler. Devant lui, Harry s'était mis à incanter. Pas un sort comme il avait l'habitude d'entendre, ni comme ceux qu'il avait appris. Non, c'était une véritable incantation, remplie de magie et bien plus puissante qu'un sort courant. Il y avait une raison pour laquelle cette magie Ancienne n'était plus apprise, elle consommait beaucoup trop d'énergie pour être utilisé dans la vie quotidienne. Mais ici, il ne pouvait que regarder Harry travailler, il était réduit à n'être qu'un simple spectateur. Encore une fois.

Il n'entendait pas ce que disait Harry, ce dernier ne parlant pas assez fort pour être entendu dans le bruit les entourant. Il entendit cependant un bruit sourd venant du sol, un son qui devenait de plus en plus fort. Soudain le sol se souleva et surplombant Ron se tenait un golem de pierre. Sous la baguette de Harry, la création se mit à attaquer les hommes en déroute, les poussant à fuir, tout en abandonnant ceux qui étaient mort entre temps. Cela n'empêcha pas un dernier homme de tomber sous le coup d'une dernière flèche tirée, provoquant un cri de joie.

Le golem, lui, ne resta pas inactif, guidé par Harry, il se mit à détruire le mur invoqué bloquant la voie. La voiture était déjà prête à rouler, fermement entourée par des nains montés sur des béliers de guerre. Les elfes étaient partis, constata Ron, avant de revenir sur ses mots en en voyant un au loin, scrutant l'horizon.

- La voie est libre, dit Harry en se tournant vers Ron et ses hommes. Dépêchez-vous de remonter et de nous suivre. Le Domaine va assurer votre protection à partir de maintenant.

- Nous vous remercions Gardien, dit Charles en s'avançant. Puis-je vous proposer de monter avec nous ?

- Je regrette, dit Harry en secouant la tête. Je ne peux pas faire cela, ce serait mal vu, juste avant que le Grand Rassemblement commence. Je me doute de la raison de votre venue, mais ce n'est pas le moment d'en discuter.

- Nous comprenons, dit Charles en souriant doucement. Dans ce cas nous vous suivrons.

- Je souhaite aussi remercier tous ceux qui sont venus à notre secours, dit Ron de sous sa capuche. Vous n'aviez aucune raison de le faire actuellement et pourtant vous êtes venu. Pour cela nous vous sommes reconnaissants.

- Vous êtes invités au Grand Rassemblement, grogna un des nains à proximité. Cela vous donne une immunité absolue ainsi qu'une aide totale jusqu'à ce que la Cloche sonne à nouveau.

- En d'autres termes, continua un nain qui semblait plus haut gradé. Le passé est mis de côté pour réfléchir au futur. Votre Reine a beaucoup à répondre, ses actions sont dénuées de sens sans explications. Mais ce n'est ni l'heure ni l'endroit pour en discuter.

C'est ainsi qu'ils reprirent la route, Harry étant visible en train de voler haut dans le ciel dans de larges cercles. Ce fut au bout d'une dizaine de minutes qu'ils franchirent les portes du Domaine. Par la fenêtre obscurcie, Ron pu voir une haie les entourer, dont beaucoup semblaient être des peuples qu'il avait, ainsi qu'Hermione, longtemps pensés disparus.

Pour la première fois il comprit que le ministère vivait dans l'aveuglement le plus total. Si les peuples magiques ne faisaient rien ce n'était pas par faiblesse, mais par envie de discrétion. Il y avait une armée présente, tous prêts à se battre s'il le fallait.

Les sorciers vivaient dans une illusion de puissance, se pensant supérieurs. A quel point ils rêvaient ? A quel point ils se trompaient ?