Quelques instants avant la bataille.
- Claire, demanda Harry en croisant la femme dans le couloir. Peux-tu, s'il te plait, veiller sur Lily-May ?
- Bien sûr Harry, répondit la femme, est-ce un problème si Serindë m'accompagne ? Sa fille a peur des orages et ne veux pas se séparer des miennes.
- Je n'y vois aucun souci, dit Harry en souriant à l'elfe qui était derrière la femme de Neville. Au moindre souci, appelle Nathan ou Neville d'accord ?
- On s'en sortira très bien, assura la jeune femme. La petite dort, n'est-ce pas ?
- Oui, la magie se stabilise bien. Si vous voulez bien m'excuser, la situation est urgente.
Sur ces mots, Harry décolla en direction de l'extérieur. Les deux femmes entrèrent dans la pièce avec leurs filles respectives accrochées à leurs vêtements comme des aimants. Bien sûr, comme tout enfant, la curiosité fait vite disparaître la peur et les enfants se précipitèrent au chevet de Lily-May.
Claire soupira en voyant que la petite fille dormait paisiblement, c'était si différent de la dernière fois qu'elle était entrée dans la pièce. Elle se souvenait de la lumière provenant de la chambre, puis des cris de l'enfant. C'était si violent, le corps de l'enfant se courbait sous de nombreux spasmes, si bien que Harry avait eu besoin d'elle, pour maintenir Lily-May couchée. Puis était venu le silence, comme s'il ne s'était rien passé. Elle avait vu Harry examiner l'enfant sous toutes les coutures, avant de s'arrêter faute de connaissance dans la magie de guérison.
Ce n'était que lorsque les elfes étaient arrivés qu'ils avaient eu des réponses. Les elfes avaient déjà connu ce genre de situation, ayant par le passé transmis de leur sang à un humain qui en était digne. D'après eux, il y avait trois phases. La première était la préparation et la création d'un noyau magique, si ce dernier n'existait pas. Le corps se préparait au changement à venir, si bien qu'il accumulait sans fin la magie ambiante pour être prêt le moment venu.
Puis venait la transformation en elle-même. Cette dernière était douloureuse, encore plus si la personne n'avait aucune magie en elle avant le partage de sang. Le corps mutait, à défaut d'un meilleur terme, afin de s'adapter à la magie le parcourant. D'après les elfes, c'était comme avoir un réseau de veines en plus qui apparaissait d'un seul coup, sauf qu'il s'agissait de magie et non de sang, dans ce cas-là. C'était douloureux, mais il n'y avait rien à faire à ce moment-là de la transformation. Si la personne survivait, car certaines ne survivaient pas, alors elle passait dans un sommeil réparateur avant de finalement revenir à elle.
Pour eux, la situation de Lily-May était inédite. Personne n'avait eu un tel honneur à leur connaissance. Le sang de fée était l'un des plus purs existant, avec celui des licornes et des phénix, les effets ne seraient connus que le jour où elle se réveillerait, pas avant. Ils avaient été inquiets pour sa vie au début, seulement pour changer d'opinion après une rapide réflexion. L'âge était toujours important ainsi que la force de la personne concernée, car l'opération était dangereuse et comme dit précédemment, très douloureuse. C'est pourquoi la plupart des personnes à qui ils avaient transmis de leur sang étaient de jeunes adultes, pas avant, ni après avoir atteint un certain âge, ce dernier variant en fonction de l'individu et de la vie qu'il avait mené. Mais ici, il s'agissait d'une enfant, innocente et pleine de vie, qui avait reçu du sang d'une fée. La comptabilité était forte, plus que tout autre. Les phénix regardait surtout le cœur, les licornes la pureté, mais les fées étaient différentes. Pour elles il y avait un attrait naturel envers les bonnes personnes, de même que leurs mentalités, joyeuses et insouciantes, faisait qu'il y avait peu de danger en partageant leur sang avec une petite fille. La durée était normale pour eux, car elle était jeune et il fallait beaucoup d'énergie et de temps au corps pour récupérer d'une telle épreuve.
C'est ainsi que les craintes et peurs des adultes avaient baissé, laissant simplement un adulte dans la pièce pour le moment où elle se réveillerait enfin. D'après un vieil elfe qui l'avait examinée, le plus dur était passé et son réveil devrait arriver pendant la Réunion, pas avant.
Les filles de Claire, Alice et Henriette, comme la petite Lalwendë, la fille de Serindë, avait posé beaucoup de question à leurs mères respectives en voyant là, Lily-May allongée. Pour un enfant, dormir était ennuyeux quand on pouvait jouer et s'amuser, donc par définition, elle était malade. Doucement, les mamans répondirent aux questions avant de s'installer tranquillement pour discuter, laissant les enfants jouer dans le silence.
Jouer était un grand mot, car elles venaient de deux mondes différents, puis Henriette était trop petite pour tout comprendre. C'était plus de la découverte du mode de vie de chacune, apprenant ce qu'elles avaient en commun et de différent, ce qui au final était… tout. Elles n'avaient rien en commun, que ce soit dans les loisirs ou dans l'éducation. L'elfe apprenait la connaissance de son peuple ainsi comment survivre, cultiver, construire des habitations etc. avec au final peu de loisirs. Alice était totalement à l'inverse de cela, beaucoup de loisirs et une préparation pour des études à venir, peu importe le domaine vers lequel elle voulait s'orienter.
- C'est étrange, dit doucement Serindë en regardant les enfants avec confusion. Nous sommes habitués à nous arrêter quand nous voyons des différences. Pourtant cela ne semble pas les déranger d'être différentes.
- Comment ça ? demanda Claire. N'aimez-vous pas apprendre de nouvelles choses, de nouvelles cultures ?
- Pourquoi faire ? Nous vivons de la meilleure façon possible, pourquoi regarder les autres peuples ? Nous ne partageons rien avec eux, et quand nous nous croisons, nos peuples partent en guerre, alors nous nous replions sur nous même, que ce soit eux ou nous.
- Qu'est ce qui cause ces guerres ?
- Je pense qu'il s'agit de façons de vivre, différentes. Nos principaux ennemis sont les nains. Ils n'ont aucune politesse, et pour eux, le respect est dû à la force et non à l'intelligence et ils mangent les animaux. Comment pourrait-on se supporter alors que nous, nous aimons la politesse, l'intelligence et respectons la nature ?
- Nous avons aussi nos différences, dit Claire en réfléchissant. Chez nous, je veux dire, ceux qui n'ont pas de magie en eux, il y en a, qui ne mangent pas de viande, par exemple. Même s'il y en a qui sont de fervents défenseurs des animaux, nous maintenons un respect minimum. Et puis, avez-vous essayé de discuter avec eux ? D'avoir leur point de vue ?
- Que voulez-vous dire ? Demanda l'elfe de plus en plus confuse.
- Je ne suis pas une grande connaisseuse ou spécialiste, ce n'est que mon avis, je m'excuse si je vous vexe d'une quelconque façon, répondit Claire rapidement, persuadée d'avoir fait une bêtise.
- Non, non, continuez. Je veux comprendre ce que vous voyez.
- Si j'ai bien compris, vous vivez principalement dans les forêts et les nains eux, dans des mines, c'est ça ?
- Oui, mais où voulez-vous en venir ?
- Pour reprendre l'exemple de la nourriture, je pense que c'est lié à votre manière de vivre différemment. Eux vivent sous terres, faire pousser des légumes ou n'importe quelle plante est impossible sans lumière naturelle. Nous on peut, car on utilise la science mais je sais que la technologie et la magie ne se mélangent pas ou mal. Il y a aussi l'environnement. Le leur, demande plus d'effort qu'un milieu forestier, le manque d'air, le minage… tout ça demande trop d'énergie pour simplement vivre de plantes. Vous au contraire vous vivez dans des lieux totalement ouverts. Cultiver est facile et utiliser la magie consomme moins d'énergie que la force physique je pense, donc vous n'avez pas besoin d'un gros apport en nourriture.
- Je n'avais jamais vu les choses ainsi, murmura l'elfe. Nous n'avons jamais pensé ainsi. Pensez-vous que le reste est pareil ? que nous sommes différent pas obligation, car c'est ainsi ?
- Comme je l'ai dit, je ne connais rien, c'est juste mon point de vue après des heures de lecture de livres fantastiques ! Je découvre à peine que les peuples décrits par Tolkien existent réellement ! C'est excitant et je veux en savoir plus !
- Tolkien ? Qui est ce ?
- Un homme, et le décrire serait trop long, tout comme son univers, rigola Claire. Mais pour en revenir à la question, oui je pense que la même logique s'applique pour tout. Eux qui ont besoin de force au quotidien, poussent le respect vers une personne qui peut faire vivre sa famille, plutôt que vers une personne faible qui est un poids dans leurs conditions. J'ai regardé tous les nouveaux arrivants dont vous les elfes, il semble qu'il n'y ait que vous qui utilisez autant la magie, les autres peuple en sont-ils démunis ?
- Tout le monde à de la magie, mais différente je pense, réfléchit l'elfe. Les nains sont très forts dans la magie des runes, mais c'est tout. Je pense que je comprends ce que vous voulez dire, voyez-vous néanmoins une ressemblance entre tous les peuples ? Et ai-je la permission de rapporter cette discussion à mon seigneur ?
- Bien sûr que vous pouvez ! Ce n'est pas un secret juste des observations de ma part ! Je m'excuse à l'avance si ce que j'ai dit pourrait vexer quelqu'un. Et pour répondre à votre première question, oui j'en vois une.
- Laquelle, demanda rapidement Serindë en se penchant encore plus.
- Une mère reste une mère, dit Claire en souriant tout en regardant les enfants qui s'étaient endormis. Rien ne change cela.
- Vous avez raison, fit l'elfe en mettant une couverture sur les enfants. Venez, je pense qu'ils reviennent. Je vais mettre une alarme au cas où une des filles se réveille.
(*_*)
Rassemblé en une longue haie d'honneur de chaque côté de la route, tous les peuples vivants étaient rassemblés en silence. Sous de puissants charmes protecteurs, la pluie ne tombait plus sur eux. Chacun regarda la voiture de la Reine passer, fortement entourée par les nains et les elfes, de part et d'autre du véhicule. Ils attendaient tous en silence, préoccupés par cette femme qui avait le pouvoir de tous les détruire sans effort.
Chacun avaient ses propres objectifs et envies bien sûr, ils ne venaient pas pour rien à ce Grand Rassemblement. Mais ici, Elle était là. Tous voulaient survivre, connaître les intentions de la Reine. La plupart d'entre eux s'étaient cachés devant le nombre toujours plus grand d'humains, principalement les nains et elfes. Mais maintenant, il y avait un réel danger, car ils avaient non seulement acquis les moyens de se défendre de la magie, mais aussi d'attaquer.
Devant la voiture qui s'était finalement arrêtée, apparut le Gardien, Harry Potter, héros du monde sorcier. Il était, d'après les occupants du Domaine, un homme qui les respectait comme des égaux. Mais il était aussi la raison de la présence de Reine. Allaient-ils perdre un nouveau Gardien ? Allait-il les mener à la guerre ? Pour ou contre les sorciers ? Quel futur y avait-il pour eux ?
Oui. Peu importait ce qui ressortirait de tout cela, rien ne serait plus pareil.
Aux premières lueurs du jour la première réunion, prélude à de nombreuses autres, allait commencer.
