Assise devant son bureau, Hermione pleurait. Cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Tout ce qu'elle essayait de faire était d'écrire une simple lettre ! Et pourtant, elle en était incapable. Dans la pièce, à peine éclairée par la bougie du bureau, il y avait des dizaines de parchemins roulés en boules, preuve du nombre d'essais ratés.
Comment expliquer ses gestes, comment LUI faire comprendre son point de vue ? Et pire que tout, arriver à dire qu'elle avait eu tort. Elle le savait, mais l'avouer était plus dur, sachant que ce n'était pas à une personne lambda qu'elle voulait le dire, mais à Harry. Au fond, elle savait qu'elle ne méritait aucun pardon, ni même un regard de sa part, mais depuis peu, une nouvelle colère l'animait.
Elle, qui était connue pour son intelligence, sa capacité de réflexion, son courage et sa loyauté, avait cédé au pouvoir. Si avide de prendre une place importante au ministère de la magie, de gravir les échelons, avec un jour la possibilité de devenir Ministre de la magie ! Une soif de pouvoir qui lui avait fait perdre de vue ce qui était important pour elle. Qu'avait-elle dit une fois ? Qu'avait-elle dit à son meilleur ami, alors qu'il s'apprêtait à affronter Voldemort ? Ah oui, elle s'en souvenait « il y a des choses plus importantes, le courage, l'amitié… » * L'amour… c'était ce qui avait failli sortir à la fin de cette phrase, mot qu'elle n'avait pas réussi à dire. Avait-elle aimé Harry ? Elle ne savait pas car à présent, la seule chose qu'elle voulait, était le revoir et essayer de réparer les choses, même si elle ignorait si c'était seulement faisable.
Ces derniers jours, alors qu'elle était seule chez elle, elle avait réfléchi et tout analysé. La première chose qu'elle avait remarquée, était qu'elle avait du mal à se concentrer sur un sujet précis, quelque chose semblait la bloquer. Dans d'autres circonstances, elle était persuadée qu'elle ne l'aurait pas vu, mais avec son cerveau pleinement concentré là-dessus, elle ne pouvait être aveugle. Elle se souvenait de sa visite à Poudlard, ou plus précisément la visite qu'elle avait rendue à sa fille, Rose, en apprentissage à l'infirmerie de Poudlard.
Revoir le château lui avait mis le sourire aux lèvres. Comment ne pas le faire, quand la simple vue du château lui ramenait en mémoire une énorme quantité de souvenirs magnifiques ? Saluant quelques élèves se prélassant dans le parc, elle avait été choquée de constater qu'aucune fumée ne sortait de la cheminée de Hagrid. Par expérience, elle savait que le demi géant avait toujours quelque chose sur le feu, peu importe l'heure de la journée. Elle se rappela lui avoir un jour posé la question, s'il ne craignait pas qu'un incendie se déclenche. Il avait admis que cela avait failli arriver dans le passé mais qu'un jour, Dumbledore était venu sécuriser la cheminée, afin que cela ne se reproduise plus. Concentré sur sa visite ainsi que de la raison derrière, elle se promit de se renseigner sur Hagrid, et c'était d'un pas vif qu'elle avait pris le chemin de l'infirmerie.
L'infirmerie était toujours la même que dans ses souvenirs, les mêmes lits, les mêmes rideaux, la même ambiance reposante, qui fit qu'elle se sentit aussitôt en paix. Entendant des voix derrière un rideau de privatisation, elle s'y dirigea, reconnaissant la voix de sa fille.
- …Et faites attention la prochaine fois Gregory, je ne sais pas ce que vous faisiez si près du Saule Cogneur mais vous n'aurez peut-être pas autant de chance, la prochaine fois !
- Oui guérisseuse Weasley, fit une petite voix.
- Excellent diagnostique et soin Miss Weasley, fit une voix d'homme. Essayez de rendre votre conclusion un poil plus menaçante. Après tout, il ne faudrait pas qu'il se sente à l'aise ici, il faut le décourager de s'y retrouver !
Cette phrase, quelque peu… dérangeante, fut suivie d'un rire agréable, suivi de celui de sa fille. Sans le savoir, Hermione venait d'apprendre la raison pour laquelle la plupart les potions avaient un goût horrible, tout cela pour décourager les élèves de faire des choses pouvant les amener à se blesser ! Une part d'elle pensait que c'était horrible, tandis que l'autre félicitait la personne pour avoir eu une idée aussi sournoise. Elle sentait néanmoins une injustice pour ceux qui étaient blessés contre leur volonté, mais elle supposait que cela devait être de l'humour de guérisseur.
- Maman ? Que fais-tu-la ? demanda Rose en sortant de la zone de confidentialité.
- Hé Rosie, répondit Hermione en prenant sa fille dans ses bras. J'ai besoin de ton aide.
- LA sorcière la plus intelligente de son époque a besoin de moi ? dit Rose en se moquant doucement avant de voir que sa mère était sérieuse. Ok, dis-moi ce qui ne va pas.
- J'ai besoin que tu m'analyses, dit Hermione d'un ton grave. JE n'ai pas besoin de t'expliquer pourquoi je ne peux pas simplement aller à St Mangouste et tu es la seule guérisseuse de confiance vers laquelle je peux me tourner.
- Heureusement que tu me fais confiance, je suis ta fille, tout de même ! rigola Rose, avant de perdre à nouveau le sourire. Vu ton absence totale de sourire j'imagine que c'est grave. Mais je ne suis qu'apprentie, tu es sûre que tu ne veux pas que le guérisseur Pomfresh te regarde ? Je ne veux pas commettre d'erreur.
- Au contraire Miss Weasley, dit l'homme qui était toujours là. Madame Weasley, permettez-moi de me présenter, Antoine Pomfresh, ma mère parle souvent de vous, en bien je vous rassure. Miss Weasley, bien que vous soyez en apprentissage, vous êtes une guérisseuse, dès le moment où vous avez fait votre serment. Je comprends la difficulté de soigner un membre de sa famille, mais cela peut arriver un jour ou l'autre. Si cela peut vous rassurer, je ferai une seconde analyse après vous, afin de valider tout ce que vous trouverez, s'il y a quelque chose, bien sûr.
- Guérisseur Pomfresh, si cela pouvait rester secret…
- Ça le restera, dit le Guérisseur d'un ton sérieux. A l'instar de certains confrères de Sainte-Mangouste, j'ai fait mon serment de guérisseur. Sans votre accord, je ne peux en aucun cas divulguer l'état de mes patients en dehors des personnes concernées.
- Merci beaucoup, dit Hermione avant de se tourner vers sa fille. Quand tu veux ma chérie.
Rose souffla un bon coup puis pointa sa baguette sur sa mère qui s'était assise sur un lit. Autour d'eux, les rideaux s'étaient fermés et le guérisseur Pomfresh avait déclenché les sorts de discrétions et de privatisation.
- Seardetrimenta*
Près d'elle était posée une feuille de parchemin, ainsi qu'une plume prête à l'emploi. Cette dernière s'activa une fois que le sort toucha Hermione, inscrivant des mots au fur et à mesure qu'elle était diagnostiquée. Au bout de quelques minutes, elle s'arrêta et Rose récupéra la feuille. Le guérisseur lança à son tour le sort avant de confier peu après sa copie à Rose pour qu'elle compare les résultats.
- Bon maman, tu es en bonne santé, pas de maladie ou blessure inconnue. Par contre…
- Oui ? Demanda Hermione en commençant à s'inquiéter.
- Il y a quelque chose qui circule dans ton sang, il va me falloir un échantillon pour pouvoir découvrir ce dont il s'agit. Avant de commencer, tu as pris une potion quelconque, ces derniers jours ?
- Aucune.
- Alors nous allons découvrir qui t'empoisonne.
- Empoisonner est un terme fort, sans preuve Miss Weasley, dit Antoine derrière elle. Mais en l'absence de connaissance du patient, il s'agit d'une conclusion possible. Excellente analyse cependant, Madame Weasley si vous permettez ?
- Allez-y, dit-elle en présentant son bras.
- Nous avons une potion en stock, ainsi l'analyse de votre sang va juste prendre quelques minutes. Si vous m'excuser. Miss Weasley, en d'autres circonstances vous m'auriez accompagné mais il est préférable de rester près de votre mère cette fois-ci, je reviens sous peu.
Sur ces mots il partit, laissant la mère et la fille seule. Les deux étaient inquiètes, bien sûr, mais Rose essaya de détendre sa mère en lui parlant de son apprentissage et de la vie au château. Cela eut un effet, car sa mère sourit en comparant ce que vivait sa fille avec l'époque où elle était étudiante. Bien sûr, l'angoisse était toujours là, sentiment renforcé en voyant le guérisseur revenir avec un air sérieux. Il tenait dans ses mains ce qui devait être le résultat de l'analyse, ainsi qu'une petite fiole de potion.
- Peu importe ce qui vous a mené ici, vous aviez raison. Dans votre sang coule une potion de relâchement ainsi que de tranquillité. Ces deux potions combinées, vous empêchent de vous concentrer pleinement et de vous sentir coupable. D'après l'analyse, elles sont présentes dans votre sang depuis longtemps, alimenté régulièrement.
- Alors comment m'en suis-je rendue compte ?
- Un sentiment fort, un sujet qui vous tient particulièrement à cœur… ce genre de raison. Ce ne sont pas des potions très efficaces mais discrètes, il faut renouveler leur présence régulièrement sinon elles perdent leur effet, mais les briser est facile. Pour une femme telle que vous, avec votre passé, il n'est guère étonnant que cela arrive maintenant avec tout ce qui se passe en ce moment même.
- Pouvez-vous dire d'où cela provient et comment supprimer cette potion de mon sang ?
- Impossible de le savoir, j'en suis désolé. Pour vous en débarrasser il vous suffit de boire cette potion. Il s'agit d'une potion de purge et je vous conseille de vous rendre aux toilettes avant de la boire, l'effet est… désagréable.
Plusieurs minutes passèrent ensuite alors qu'Hermione s'y dirigeait. En voyant sa mère ne pas revenir, Rose entra dans les toilettes, découvrant sa mère en pleurs.
- Qu'ai-je fait Rosie ? Depuis combien de temps ? Qu'est-ce que je dois faire ?
Avec difficulté, Rose réconforta sa mère jusqu'à ce qu'elle s'endorme de fatigue. Sa mère était intelligente et elle en concluait qu'elle avait compris des choses graves. Elle espérait que cela permettrait à sa famille de se soigner.
C'était il y a quelques jours et maintenant Hermione avait l'esprit clair. Elle était responsable de ce qu'elle avait fait à Harry, ça elle en était sûre, même si cela lui déplaisait. Seulement les potions avaient accentué le désaccord qu'elle avait avec Harry, le rendant moins important, moins grave. Mais elle était à l'origine de l'éloignement de son ami, c'était son tort.
Ainsi, les larmes, qui étaient au début des larmes de tristesses étaient sèches et le sentiment disparu car un autre avait pris le relais. D'abord la colère, contre celui qui la droguait, puis contre elle-même, puis vers le monde sorcier. Cette colère devint, sans qu'elle s'en rende compte, de la haine. Une haine totale envers le système sorcier, haine contre un système si raciste que pour atteindre un haut poste elle avait dû travailler plus dur que n'importe quel sang pur, de sorte qu'elle avait perdu son meilleur ami.
La lettre, qui au départ devait être une lettre d'excuse, devenait une lettre pleine de colère, de haine, de menace et de promesse. Promesse que cette fois-ci, il ne mènerait pas le combat.
Ce serait elle qui s'en chargerait.
* Harry Potter à l'école des sorciers
*Il s'agit d'un sort de soin que je tire d'une fanfiction, Recnac Transfaerso de Celebony. Je ne prends aucun crédit dessus.
