Ron pensait qu'il y avait un air de déjà vu, en voyant tous les Weasley assis autour de la table. Pourtant, pour la première fois, il y avait tous les enfants, aussi. Les appeler enfants était dur, après tout, ils avaient tous la vingtaine, avec Victoire, la fille de Bill et Fleur, et Teddy approchant progressivement la trentaine. Teddy, le fils de Remus et Tonks, faisait maintenant officiellement partie de la famille après son mariage avec Victoire. Ce n'était qu'une formalité après tout, il avait grandi au Terrier depuis la mort de sa grand-mère, Andromeda, décédée peu de temps après la guerre. Elle n'était pas âgée, ni même malade, mais le cumul avait eu raison d'elle. Personne ne pouvait nier qu'elle avait tout fait pour son petit-fils, mais à leur plus grand regret, cela n'avait pas suffi.

Ainsi tout le monde était là, regardant Ron, les yeux pleins de curiosité. Même ses parents, Molly et Arthur, avaient un regard étrange. Ils connaissaient Ron, le voir aussi calme était anormal, tout comme l'absence d'Hermione à ses côtés. Il était revenu la veille, tenant une Hermione endormie dans ses bras, puis l'avais montée dans sa chambre sans parler. Quand il était redescendu, il avait convoqué une réunion de famille. Son regard grave et l'absence de colère était un mauvais présage, car Ron ne pouvait contenir ses émotions, du moins en temps normal.

- Ron, dit Georges en brisant le long silence. Si tu pouvais nous dire ce qui se passe. Et où est Hermione.

- Elle… commença Ron avec difficulté. Elle… Nous payons pour nos choix.

- Cela ne répond pas à la question Ron, dit Percy d'un air réprobateur. Es-ce difficile de te concentrer sur une question et d'y répondre ?

- ELLE EST EN TRAIN DE MOURIR ! Cria Ron. C'est ça que tu veux savoir ?

Cela jeta un froid dans la pièce. Plus que tout, c'était ses actions qui les figeaient sur place. Ils se rappelaient tous, du moins les aînés, sa peur et angoisse permanente quand Hermione était enceinte. Plus que n'importe quel Weasley, Ron était un vrai papa poule, et rien ne faisait quitter le chevet de sa femme ou ses enfants quand ils avaient quelque chose. Le voir ici, tremblant de tous ses membres au lieu d'être près d'Hermione, était incompréhensible pour eux.

- Papa, dit Rose en se levant. Que se passe-t-il ? Qu'est-ce qu'a maman ? Je l'ai vue hier et elle allait bien. Il y avait quelque chose, mais rien qui pouvait mettre sa vie en danger.

- Tu l'as vue hier ? demanda Ron en se tournant vers sa fille. Qu'est-ce qu'elle avait ?

- Elle ne te l'a pas dit ? répondit Rose en pâlissant. Elle était droguée par des potions. De relâchement et tranquillité pour être précise.

- QUOI ? s'écrièrent toutes personnes présentes.

- Elle est purgée maintenant, dit Rose. Mais je ne sais pas qui le faisait ni depuis quand. Mais comme j'ai dit, rien qui pouvait mettre sa vie en danger. Maintenant papa, dis-moi ce qu'elle a pour que je monte la voir.

- Dette de vie, lâcha Ron d'un ton vide.

- Mais à qui… commença Arthur avant de se taire et de pâlir. Il n'a pas…

- Non, dit Ron. C'est pire que ça. Les enfants je vais vous raconter une histoire. Le ministère de la magie a cru bon de mo…

- Attention Ron, dit Percy en levant la voix. N'oublie pas pour qui tu travailles. Tu ne peux pas…

- Essaye de me menacer Perce, juste essaye, gronda Ron. Je ne suis pas d'humeur et il est temps d'assumer nos choix passés. Pour ce qui est du ministère, qu'il aille se faire…

- Je ne resterai pas assis, alors que tu insultes le ministre, Ron ! Cria Percy en se levant. En tant que nouveau sous-secrétaire, je t'ordonne de…

Il n'alla pas plus loin. Devant lui, Ron avait sorti sa baguette et la tenait brandie vers lui. C'était son regard qui mit Percy sous silence, car il n'avait pas son frère sous les yeux. Non, il avait un Auror pleinement qualifié et prêt à agir. Doucement, Percy recula, il était un homme de politique, il n'avait aucune compétence de duel.

- Sors !

Ce simple mot ne venait pas de Ron, mais d'Arthur qui s'était, lui aussi, levé. Il avait un regard que peu d'entre eux, avaient jamais vu. Ce n'était pas de la colère, c'était au-dessus. Arthur Weasley était un homme gentil, trop gentil et souvent défini comme faible, jusqu'à ce que la famille soit touchée. Tous avaient au moins vu une fois ce regard, principalement après avoir fait une action portant atteinte à l'honneur de la famille. Même Fred et George connaissaient les limites à ne pas franchir, et peu importe les blagues, méfaits et coups qu'ils faisaient, peu avaient réellement déclenché une telle réaction de leur père.

- C'est la deuxième fois que tu places ton travail devant ta famille Percy, dit Arthur. J'ai pardonné la première fois car tu étais jeune et que tu semblais avoir compris. Pourtant aujourd'hui tu recommences, donnant même des ordres dans ma propre maison. Sors, tu n'es plus le bienvenu, ici !

Pendant quelques instants, tous crurent que Percy allait dire quelque chose. Ils ne savaient pas quoi, mais son regard signifiait que ce n'était pas des excuses. Pourtant il ne dit rien, il prit la main de sa femme et transplana.

- L'histoire que je vais vous raconter, reprit Ron après un moment, est la mienne, celle d'Hermione et de Harry Potter.

- Tu as connu mon parrain ? s'écria Teddy. Comment…

- Oui je l'ai connu Teddy, répondit Ron avec un sourire triste. Tous a commencé, quand…

Et Ron raconta ses années à Poudlard, un passé qu'il avait gardé sous silence, tout comme ses frères et sœur avaient fait. Tous virent les plus jeunes rire, s'émerveiller, frissonner alors que Ron parlait. Ron était un excellent conteur, le favori quand il fallait lire une histoire avant que les enfants s'endorment, plus jeunes. Cependant, alors que les enfants étaient totalement pris dedans, les plus âgés connaissaient la fin et les visages devenaient de plus en plus sombres.

Quand il arriva à la fin de la guerre, qu'il aborda les choix qu'ils avaient faits, Molly se mit à pleurer dans les bras d'Arthur. Pour les enfants, ils avaient une expression d'incompréhension, de dégoût pour Teddy, de colère aussi. Ils avaient tous grandi avec le mythe de Harry Potter, savoir qu'il été comme un membre de la famille. Mais qu'il ait été traité ainsi allait à l'encontre total de la façon dont ils avaient grandi. La famille, les amis, c'était plus important que tout le reste, plus fort que les obstacles qu'ils rencontraient ! C'était avec cette mentalité qu'ils avaient été éduqués ! Ils ne comprenaient tout simplement pas.

- Comprenez que chacun d'entre nous avait ses raisons, dit Ron en les regardant, tour à tour. A l'heure actuelle nous voyons que nous avions tort, mais à l'époque c'était pour nous les bonnes décisions. Harry était un Weasley, de tout sauf de sang et la moitié de la famille lui doit la vie. Et maintenant… nous subissons les conséquences de nos choix.

- Tu répètes ça depuis tout à l'heure Papa ! dit Rose avec une larme à l'œil. Qu'est ce qui arrive à maman ? Qu'est-ce qu'a fait Harry ?

- Nous étions face à lui hier, dit Ron d'un ton sombre. Moi depuis quelques jours pour dire la vérité, même s'il ne le savait pas. Hermione à trahi ma couverture en m'envoyant un Patronus et il l'a… assez mal pris.

- Oh Merlin, dit Ginny en se couvrant la bouche de ses mains.

- Il a rompu tout lien avec nous, continua Ron, sans prendre en compte l'exclamation de sa sœur. Pire que tout, il a rejeté les dettes de vies que nous lui devons.

- En quoi est-ce horrible ? demanda Victoire.

- Car il n'a aucun mot à dire sur le sujet Victoire, dit Bill en regardant sa fille. Une dette de vie est magique et doit être prise au sérieux. Une dette de vie est une chose qui se crée quand une personne est sauvée par une autre, sans objectif autre que sauver la première. En prenant Hermione et le Troll, Harry n'avait aucune raison d'y aller. C'est cela qui fait qu'elle à contracté une dette de vie, car il lui a sauvé la vie sans rien attendre en retour, juste parce que c'était la bonne chose à faire. Les dettes de vie sont rares, car tu as toujours une arrière-pensée en sauvant quelqu'un, c'est un membre de ta famille, un collègue Auror par exemple, ce genre de chose. Le problème ici est ce qu'elle devient cette dette.

- Qu'arrive-t-il ? demanda Teddy.

- Elle se met en sommeil, ou plus exactement elle attend de pouvoir être remboursée, continua Bill. Si ce que dit Ron est vrai, Harry a dit qu'il rejetait cette dette mais il ne le peut pas, ce n'est pas lui qui est concerné, c'est Hermione et Ron ! Je me demande d'ailleurs comment tu n'es pas dans le même état qu'elle, Ron.

- Car j'ai trop trahi Harry, dit Ron d'un ton plat. J'ai mal aussi mais la douleur est à la hauteur ce qu'il ressent envers moi. Le choix d'Hermione l'a blessé plus que le mien, son rejet est donc proportionnel.

- Qu'est-ce que tu dis papa ? dit Rose en tremblant.

- Comme j'ai dit Rose, dit Bill en la regardant. Une dette de vie est magique. La magie d'Hermione VEUT rembourser cette dette. Mais se savoir rejetée ainsi n'est pas bon et deux possibilités se présentent. Soit elle arrive à sortir du choc et sa magie n'aura de cesse d'être attiré par Harry par devoir ou…

- Je meurs, dit une voix faible derrière eux.

- MAMAN ! HERMIONE ! s'écrièrent Ron, Rose et Hugo.

Sur le pas de la porte se tenait Hermione, tenant à peine sur ses jambes. Elle essaya de leur sourire mais elle n'y arriva pas. Elle fut conduite par Ron vers une chaise ou elle tomba littéralement dessus. Tous pouvaient voir qu'elle n'allait pas bien, mais personne ne savait quoi dire.

- Désolée de vous avoir inquiétés, dit-elle d'une petite voix. Je vais aller mieux, je vous le promets. Mais j'ai beaucoup à faire et même si Harry ne veut plus de moi je serai là. Plus jamais !

Peu comprenaient le sens de ces deux derniers mots, mais tous savaient combien Hermione était intelligente. Ron savait qu'Hermione venait de se promettre quelque chose, il ne savait pas quoi exactement, mais il mettait sa main à couper que cela concernait Harry. Il avait une dernière chose à faire ici avant de recoucher Hermione. Peu importe les raisons pour lesquelles elle était descendue, elle n'était pas en état de faire quoi que ce soit.

- Teddy, rends-toi à l'endroit où se trouvait le village que les Détraqueurs ont détruit. A partir de là va vers le Sud et tu tomberas là, où habite ton parrain. Et s'il te plait, ne lui en veut pas de ne pas avoir pris contact avec toi.

- Tu penses qu'il serait contre la présence de Victoire ? demanda Teddy après un moment ?

- Harry est beaucoup de chose mais il n'a rien contre vous. Après tout vous n'êtes en rien responsable de la situation actuelle.

Sur ses mots, Ron prit Hermione dans ses bras et suivi de ses enfants et sa mère, il se dirigea vers sa chambre, informant les autres qu'il revenait. Personne ne retint Teddy et Victoire qui se levèrent et partirent, leur destination facilement devinable.