Quand je suis parti, Merlin avait tout juste pris le jeune Roi Arthur sous son aile, quand je suis revenu, l'enfant était devenu un homme. Je ne pourrais pas te dire combien de temps s'était écoulé depuis que j'étais devenu un vampire, Avalon à son temps propre. Ce que je vais te dire, ce n'est pas ce que j'ai vu, mais les ragots que j'entendais en traversant les villages avec Morgane.

Assis sur son trône, le Roi Arthur avait donné un vent nouveau sur la Grande Bretagne et une paix régnait partout. Le plus surprenant était ce que les gens pensaient de la magie. Cette dernière était là, elle était connue, mais pas comme tu peux le penser. Un elfe, un nain ou même un centaure n'était pas de la magie à cette époque. Pour la population, ce n'était que des manifestations de la magie. La magie était ce qu'ils ne pouvaient pas voir. Qu'il pleuve après plusieurs jours de sécheresse était de la magie, un magicien, Merlin par exemple, était un utilisateur de la magie, mais lui ne l'était pas. C'est assez dur à expliquer, tellement l'idée même est particulière, encore plus car la magie n'était pas une chose venant de Dieu. Car un centaure était pour eux une des créations de Dieu, pas de la magie. La magie est ce qui n'est pas visible, ce qui l'est est l'œuvre de Dieu, voilà la vision des gens de l'époque.

Sous les leçons de Merlin, des utilisateurs de la magie étaient envoyés un peu partout afin de subvenir aux besoins de la population. Soigner, réparer, aider, faire pleuvoir ou repousser les tempêtes… voilà le rôle des sorciers à cette époque. Ils étaient aimés, cela était certain, respectés aussi, mais, à notre grande surprise, ils n'étaient pas craints. Pour ceux qui avaient vécu à Avalon, c'était un choc, surtout pour Morgane qui s'attendait à être crainte. Rien de tout cela.

Nous attisions la curiosité des paysans, non habitués à voir des magiciens se balader librement, et non rattachés à une région. Si bien que même si nous essayions de passer inaperçu, on nous posait beaucoup de questions, et petit à petit, nous nous aperçûmes que nous étions surveillés. Je ne le sus que bien plus tard, mais les magiciens étaient tout de même surveillés par des soldats, au cas où certains veuillent dominer leurs secteurs. Ce n'est pas comme aujourd'hui ou un sorcier peut aisément se débarrasser de tels gardes, à l'époque, seul une poignée comme Merlin le pouvait. Cependant, la simple idée qu'un magicien puisse empêcher la pluie de tomber ou déclenche une canicule était une menace suffisante pour qu'ils soient surveillés. Et comme ils étaient surveillés, il n'y avait aucune crainte à avoir, ainsi allait la logique des paysans.

Mais personne ne nous défia, ni ne nous arrêta, si bien que la route vers Camelot se fit sans encombre. Avec ce que j'ai dit de Morgane, tu t'attends à ce que je te raconte les massacres qu'elle commettait sur son chemin n'est-ce pas ? Tout à fait l'opposé, au contraire, elle était belle. Loin d'Avalon, elle découvrait les choses les plus simples. Les champs de blé l'émerveillaient, voir un artisan travailler, était source de magie pour elle. C'était des choses qu'elle avait le pouvoir de faire d'un claquement de doigts, mais voir un homme ou une femme le faire à la main était une chose qu'elle admirait plus que tout. Des problèmes survinrent bien sûr, sa soif de liberté n'avait aucune limite. Pour elle, le concept de payer lui était étranger, si elle voulait, elle prenait, tout simplement. Alors je pris sur moi, encore et toujours lors de ces colères, pour ne pas qu'elle détruise tout. Ce n'était pas bien difficile de la calmer, lui dire ce qu'il pourrait arriver était suffisant. La vue des champs lui plaisait ? Comment pourrait-elle les contempler si elle tuait les personnes qui les cultivaient ? Une logique simple qui fut salvatrice bien des fois. C'est ainsi que je me mis à la connaître par cœur, je pouvais tout anticiper, de ses gestes jusqu'à ces demandes.

Puis vint la pire des choses qui puisse arriver. Morgane fut ignorée. C'était une pure malchance, ou plutôt une suite de moments désastreux. Sur le point de rencontrer Arthur pour la première fois, elle fut coupée et jetée au sol par un messager accourant vers le Roi, annonçant une terrible nouvelle. Une guerre contre le royaume. Dans toute autre circonstance, je suis sûr qu'Arthur aurait aidé Morgane à se relever, mais cette fois, le Roi avait toute son attention sur le messager. Morgause venait de déclarer la guerre au Royaume. Plus que tout, celui qui menait la charge n'était autre que Mordred. Encore une fois, je n'ai compris que plus tard la signification de ces mots et qui était qui. Morgause, demi-sœur d'Arthur, avait créé l'arme ultime pour tuer Arthur.

Morgause n'avait aucun pouvoir, et haïssait personnellement tout utilisateur ou personne proche de la magie. Plus que tout, elle voulait le pouvoir, je te l'ai dit précédemment. Elle n'aimait pas Arthur, mais elle réussit à tomber enceinte de lui, son demi-frère, pour le bien de son plan. Un plan des plus cruels qu'est celui de transformer un enfant en une personne ne voulant qu'une chose, la mort de son père. Mordred, élevé par sa mère, grandit avec la haine de son père, et chaque instant de sa vie fut consacré à tuer ce dernier. Et quel père peut tuer son fils de ses propres mains ? Arthur savait qui était Mordred, et j'ignore encore aujourd'hui s'il avait pu le rencontrer une seule fois.

Je me répète, mais c'était une pure coïncidence que l'annonce de la guerre fut à ce moment-là, mais elle changea tout. Arthur partit au galop, ses chevaliers à sa suite, tournant le dos à Morgane, dont la chute l'avait fait tomber dans la boue. Je n'ai rien pu faire, sa rage explosa. Camelot subit un incendie monstrueux tant son pouvoir lui échappa, et elle commença un spectacle macabre, transformant chaque personne présente en cendres.

Il est inutile de te préciser ce qui en découla, nous fumes traités en tant qu'ennemis, et une bataille s'engagea. Brève, puisque ce n'était que des soldats, mais toute envie pacifique que Morgane avait en tête, disparut à ce moment-là. Puis Merlin arriva, et ce fut un spectacle de magie que nul n'a jamais revu depuis. Merlin l'emporta, nous obligeant à fuir. Ce n'était pas qu'il était plus fort, juste que Morgane avait épuisé une bonne partie de sa puissance avant l'arrivée de Merlin.

Merlin. Le premier ennemi de Morgane, celui qui était son égal. Voilà quelque chose qui la mettait hors d'elle, il était ce qui allait l'empêcher de prendre le pouvoir, elle le savait. Alors elle rejoignit la guerre, la guerre pour le pouvoir. C'était devenu une guerre sur deux fronts pour le Roi. Physique contre Mordred, et magique contre Morgane.

Dans sa guerre, elle créa beaucoup d'abominations, d'autres vampires, tu le sais, mais aussi les premiers Inferi et Détraqueurs. Elle sema la crainte parmi la population avec ses pouvoirs, si bien que les magiciens qui, jusque maintenant étaient aimés, était maintenant craints. Beaucoup la rejoignirent, car son côté était l'endroit le plus sûr pour eux. Mais Merlin n'était pas en reste, et sous l'étendard du Roi, il rassembla les peuples magiques. N'imagine pas un seul instant qu'il y avait quoique ce soit de beau dans ces moments-là, c'était un cauchemar. Chaque Journée était consacrée à nous défendre contre Merlin et ses alliées. Les nuits, Morgane ranimait les cadavres qu'elle envoyait se battre aux côtés de ses troupes. La présence des Détraqueurs, tu le sais, minait le moral et l'esprit de tous, ennemis comme alliés, et les rares sommeils que nous avions étaient remplis de cauchemars. Tu ne sais pas ce que cela fait de faire un cauchemar pour que celui ressemble à un rêve comparé à la réalité.

Combien de temps cela dura, je l'ignore. Mais la bataille se déplaça, Arthur la rejoignit à un moment, et chaque jours étaient les mêmes. Nous étions obligés de nous déplacer, Merlin s'en assurait à l'aide de sa magie. Sache que Poudlard se tient à un des endroits où la bataille fut énorme, tellement que la magie en est devenue ambiante. Le lac fut creusé par une explosion de Morgane, et rempli par les pluies torrentielles de Merlin.

Et puis nous arrivâmes ici, à l'endroit même où se tient le domaine, au point de départ de Morgane, nous étions de retour à Avalon. Cela déchaîna Morgane, comprenant pourquoi Merlin avait fait en sorte de toujours nous faire reculer. A ce moment-là, nous étions nombreux, des milliers. Des milliers de monstres, né de la destruction des villages par Morgane. Chaque paysan devenait un de ses soldats, non par choix, mais par la mort. Revoir Avalon m'emplissait de joie, car c'était l'image d'un paradis à coté de ce que j'avais vu depuis le début de la guerre. Mais Morgane fit une chose horrible, une chose qui changea l'issue de la bataille.

Pour dire la vérité, Arthur était vaincu, tout comme Merlin. Les célèbres chevaliers de la table ronde étaient morts, les uns après les autres. Arthur n'était plus que l'ombre de lui-même, après avoir tué son fils. Mais Morgane… encore aujourd'hui mon cœur saigne pour ce qu'elle a fait.

Dans sa colère, sa rage, sa peur de revivre enfermée, elle commit l'irréparable, créant le silence absolu de chaque espèce magique en un instant.

Elle brisa les protections d'Avalon.