Chapitre 2 :

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis l'alerte, et la vie reprenait son rythme dans la cité. Le Dr Weir passait tous les matins à l'infirmerie pour s'entretenir avec le Dr Beckett avant de rejoindre son bureau. Celui-ci lui avait passé un savon magistral le lendemain des événements, et depuis il semblait calmé, mais le regard qu'il posait sur elle n'était toujours pas redevenu le même. Peut-être qu'il ne le redeviendrait jamais.

- Toujours pas de changement ?

Le Dr Kavanaugh refusait de parler à qui que ce soit depuis son réveil, même au Dr Heightmeyer, qui avait pourtant passé beaucoup de temps à son chevet. Malgré elle, Elisabeth sentait renaître une pointe d'agacement à l'égard du scientifique. Elle aurait voulu le renvoyer le plus rapidement possible sur Terre, mais la psychologue avait jugé plus prudent de garder le colonel Caldwell en observation quelques temps vu ce qui lui était arrivé. Le Dédale et son équipage restaient donc à quai en attendant.

- Je crois qu'il est temps que j'aie une petite discussion avec le Dr Kavanaugh. Qui sait ? C'est peut-être ce qu'il attend ?

- Très bien, essayez donc si vous y tenez.

Elle s'était attendue à plus de résistance de la part du médecin. Sans doute cette situation le mettait-elle mal à l'aise, lui aussi. Prenant son courage à deux mains, elle repoussa le rideau et s'assit résolument sur le siège installé à côté du lit.

- Dr Kavanaugh, je… hum… je tenais à vous présenter mes excuses. Je sais que cela ne changera rien à ce qui s'est passé, ou à ce qui aurait pu se passer, mais je voulais vous dire que je suis sincèrement désolée.

Elle prit une inspiration, se cala dans son siège, et osa enfin regarder le scientifique dans les yeux. Il l'observait d'un air détaché, comme si ce qu'elle disait ne le concernait pas.

- Vous pourrez bien entendu en référer aux autorités concernées à votre retour sur Terre.

Toujours aucune réaction. Elle se leva et se préparait à sortir quand elle entendit sa voix. Elle se figea instantanément.

- Dr Weir, avec votre permission, je souhaiterais rester sur Atlantis.

Elle se retourna lentement. Avait-elle bien entendu ? Après ce qui s'était passé, comment pouvait-il lui demander ça ?

- Je reprendrai mon travail au laboratoire. Je vous promets de ne plus vous causer d'ennui.

La voix était calme et posée, pourtant le Dr Weir sursauta légèrement à l'écoute de la dernière phrase. Elle songea brièvement à ce que John Sheppard aurait pu répondre à ça : « Vous promettez de ne plus vous faire torturer sous mes ordres ? ». Mais elle n'avait aucune envie de plaisanter, et encore moins d'accepter. Reprendre le Dr Kavanaugh sur Atlantis la première fois déjà avait sans conteste été une grossière erreur. Cependant, comment refuser une demande aussi raisonnable ? Même si elle souhaitait plus que tout ne plus jamais revoir l'homme, le scientifique restait un des meilleurs, et la cité avait désespérément besoin des meilleurs, si insupportables soient-ils. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle avait accepté son retour.

- Je pense que vous devriez vous reposer. Le Dédale ne repartira pas avant quelques jours, prenez le temps de réfléchir. Vous me tiendrez informée de votre décision.

Elle sortit aussitôt, pour ne pas devoir affronter son regard. Au fond d'elle-même, Elisabeth espérait de tout cœur que le docteur Calvin Kavanaugh repartirait bientôt sur Terre.

Le souhait du Dr Weir ne devait pas se réaliser. Le Dédale repartit sans le Dr Kavanaugh, lequel rejoignit l'équipe des scientifiques qui travaillaient sur les nouvelles technologies découvertes dans la cité. Il prit ses nouveaux quartiers et accepta sans rien dire les changements apportés par Elisabeth, qui avait pris soin de l'éloigner le plus possible de ses propres quartiers, au détriment de son confort. Ce faisant, elle songea non sans amertume qu'elle n'était plus à ça près en ce qui concernait le scientifique. Kavanaugh reprit son travail comme il l'avait laissé. Il avait gagné en discrétion ce qu'il avait perdu en arrogance, ce qui aurait pu faire remonter sa côte de popularité auprès de ses collègues, si toutefois il en avait eu une. Il ne s'énervait plus dans le cadre professionnel, et n'avait aucun contact avec personne une fois sorti du laboratoire. Même les rares personnes avec qui il avait tant bien que mal lié connaissance lors de son premier séjour sur Atlantis ne le voyaient plus du tout. Carson avait bien essayé de s'immiscer dans sa vie au début, mais il s'était heurté à un mur et avait finalement dû renoncer. Le médecin avait un jour déclaré au Dr Weir que le scientifique aurait aussi bien pu être réellement torturé, au vu de sa réaction. Elisabeth, quant à elle, se demandait toujours pourquoi celui-ci n'était pas rentré sur Terre. L'idée même de la réponse la mettait mal à l'aise, et elle évitait autant que possible de le croiser dans les couloirs.