Dans un craquement, Neville apparut devant l'entrée d'un tunnel à moitié effondré. Il ne restait que quelques mètres à faire avant d'arriver à son but. Tout ce qui arrivait ces derniers jours, la pression sur son ami, le danger que courait sa famille… pour faire simple, le gentil Neville Londubat était énervé.

C'était quelque chose qui lui était souvent reproché, gentiment bien sûr, mais peu de gens avait réussi à briser la patience de Neville. Pas qu'il ne lui arrivait jamais de s'énerver contre telle ou telle situation ou personne, mais plutôt cette colère qui, dès qu'on était en face, donnait tout de suite envie de fuir. C'était très peu arrivé depuis la guerre contre Voldemort et l'après-guerre, mais cela lui arrivait de plus en plus ces derniers temps. S'il y réfléchissait, la dernière fois, remontait il y a un peu plus d'un an, quand un journaliste avide de potins avait été jusqu'à le suivre à l'école de sa fille. Cela n'était arrivé qu'une fois, mais plus aucun journal n'avait envoyé d'hommes vers lui, se contentant d'interview par ordinateur.

A l'époque, il avait pensé que c'était la crainte qui avait fait reculer tous ces hommes et femmes, maintenant il se demandait si ce n'était pas plutôt une intervention de la Reine ou un complot de ce genre, auquel il commençait à croire de plus en plus. Plus d'une fois ces derniers jours, il pouvait presque entendre Maugrey derrière lui, crier « VIGILENCE CONSTANTE ! » ou encore « ce n'est pas de la paranoïa s'ils veulent vraiment te tuer ». Il n'avait jamais imaginé un seul instant, qu'il suivrait ou même repenserait un jour à cet homme tordu par la guerre et les combats, et il n'était pas au centre du conflit ! Que Harry tienne debout face à tout cela montrait sa force et sa volonté, et ce même, s'il lui arrivait de craquer.

Mais c'était Harry, une fois qu'il avait repris ces esprits, il n'y avait plus aucune trace de sa cassure, seulement un souvenir gravé dans la tête de Neville. Il ne voulait pas être à sa place, jamais. C'était cela que Neville avait réalisé, il y a longtemps, Harry avait une vie qu'il ne pouvait et ne voulait imaginer, car il savait qu'il ne tiendrait pas une seule minute. Il avait été forgé comme une arme, c'était ainsi que Harry se décrivait et se voyait. D'après lui, toute sa vie, depuis son placement chez les Dursley, était un plan de Dumbledore pour faire de Harry un homme capable d'agir, le moment venu. Son avis n'a jamais été demandé, ni son accord, comme un objet que l'on utilise, comme une arme dont on se sert pour tuer son ennemi, pas le sien, celui du monde sorcier, comme l'était Voldemort. Car Harry était la carte du monde sorcier, celle qui était utilisée pour que tout le monde vive confortablement. Au moindre problème, on faisait appel à lui pour qu'il règle le problème. C'était écœurant.

Pourtant, Neville n'avait rien pu dire ou faire le jour où Harry avait dit tout cela, il avait juste pu écouter son meilleur ami lui expliquer ce qu'était sa vie et le chemin à suivre, chemin dicté par des hommes comme Dumbledore, où, comme Neville en était venu à le comprendre récemment, la Reine. Elle ne lui avait rien demandé, juste accueillir les réfugiés qu'elle envoyait. C'était peu, mais Neville savait mieux. La Reine connaissait Harry, du moins elle avait de nombreuses informations venant de Ron par exemple. Par extension, elle savait que Harry ne pouvait pas rester stoïque devant tant de douleur, qu'un jour il sortirait pour régler le problème. C'était subtil, mais la Reine n'était pas mieux que Dumbledore, c'était toujours leurs besoins avant celui de Harry.

C'était pourquoi il était là ce soir, pour parler aux personnes concernées, et le dire de régler leurs problèmes seuls, et de laisser Harry en paix. En fait, il savait que c'était une menace vide de sens, il n'avait aucun pouvoir politique, ses richesses étaient certes, grande, mais inutiles dans ce cas précis, et aussi fort qu'il était, la force brute ne l'aiderait pas non plus. Pourtant il se devait d'au moins essayer, pas pour lui, mais pour Harry.

Tambourinant à la porte, il attendit que l'on vienne ouvrir. Il lui avait fallu quelques jours, et l'aide incroyable de sa femme pour trouver cet endroit. Trouver la Reine était impossible, Neville le savait, mais ses hommes, comme Roy ou Ron, était plus facile. C'était sa femme qui lui avait donné l'idée d'où chercher, car un soir, alors qu'il y réfléchissait, il avait demandé à sa femme qu'est-ce qu'elle envisageait.

- Je me cacherais là, ou personne ne chercherait à me trouver, donc soit chez l'ennemi, soit dans un lieu qui n'a aucun intérêt, avait-elle dit.

Il avait d'abord pensé au Ministère de la magie, dans un endroit comme le Département des mystères qui était propice pour se cacher, mais c'était impossible d'y accéder facilement et discrètement. Alors il avait réfléchi à la seconde idée de sa femme, avant d'imaginer le lieu parfait, LogieColdstone. Il savait que le village avait été rayé de la carte, mais pas les réseaux souterrains comme les égouts, un endroit parfait pour se cacher sans discerner le moindre doute puisque le village n'existait plus. Il lui avait fallu quelques jours pour trouver l'entrée mais c'était fait, il y était.

Dans un grondement sourd, la porte en métal s'ouvrit, laissant Neville se féliciter intérieurement, il avait eu raison !

- Londubat ? Par la Reine, comment vous nous avez-vous trouvez ? Quelqu'un sait que vous êtes ici ? Rentrez vite avant que l'on nous voie !

Tranquillement, Neville suivit Charles Roy à travers les égouts. Enfin, ce qui devait être les égouts à l'origine, car il y avait maintenant des couloirs bien entretenus et éclairés par de nombreuses ampoules au plafond. Finalement, ils entrèrent dans une pièce, mais avant que Neville ait pu dire quoi que ce soit, une femme, d'après la voix, prit la parole.

- Charles, le Fantôme et sa femme sont convoqués dans le bureau du Ministre, nous avons l'audio.

- On connait les raisons ?

- Inconnues, mais cela semble urgent et profondément secret, c'est le sous-directeur lui-même qui est venu les chercher.

- Merde, Londubat ! pas un bruit à partir de maintenant, gardez le silence quoi qu'il en coûte !

(*_*)

- Une idée de ce que veut McLaggen ? demanda Ron à Hermione.

- Aucune, mais j'ai peur que cela ne soit comme à l'époque de Fudge, a répondu Hermione soucieuse. Sa cote est au plus bas, Gringott's a fermé ses portes et les sorciers sont en panique.

Dans un silence calme, ils suivirent le sous-directeur dont aucun n'avait pris la peine de retenir le nom jusqu'au bureau de ministre. Ce dernier était devenu de plus en plus paranoïaque ces derniers temps, allant jusqu'à remplacer les membres de son bureau toutes les semaines de crainte qu'un espion de la Reine soit l'un deux. Si le décompte de Ron était bon, ils étaient guidés par le huit ou neuvième sous-directeur, et ce dernier était visiblement trop jeune pour le poste, car il avait du mal à se diriger dans le Ministère.

Une fois arrivé, il les invita à entrer avant de fuir au plus vite accomplir la tâche que venir de lui crier le ministre, tache constituant à vérifier la présence de tout le monde dans ses bureaux et de lui rapporter le moindre mouvement suspect. L'ordre, comme il avait été crié, n'avait rien de secret ou discret, si bien que tout le ministère serait au courant rapidement.

Entrant dans le bureau, ils virent ce qu'ils avaient deviné à la perfection, McLaggen était le reflet de Fudge après le retour de Voldemort. Des valises sous les yeux, mal coiffé et habillé, ainsi que de nombreux tics nerveux montrant l'état de panique dans lequel était l'homme. Ils avaient presque pitié de lui, car ils ne voulaient pas être à sa place, mais comprenaient en même temps ce qu'il subissait, car ils étaient pareil. Même s'ils le cachaient bien, eux aussi étaient rattrapés par les choix qu'ils avaient fait, le Ministre lui, payait pour le monde sorcier tout entier.

-Bien ! vous êtes là ! S'écria McLaggen. Weasley ! Prenez tous vos hommes, de vos deux bureaux, et rendez-vous à ce Domaine et rasez-le !

- Maïs…

- Pas de discussion ! Je sais que tous les loups garous et les sœurs Patil se trouvent là-bas. Elles doivent payer pour ce qu'elles ont fait ! Et Potter aussi pour nous causer tant de soucis ! Exécution !

- Non !

- Ce n'est pas une demande Weasley ! fit le ministre en se tournant vers Ron.

- Et je vous dis non ! Je n'ai pas les hommes pour mener une attaque de cette envergure et je…

- Weasley, je me fiche de ce que vous pensez, vous allez faire ce que je vous dis IMMÉDIATEMENT !

- Non, répéta Ron sans bouger.

Un long silence s'abattit dans le bureau, un silence horrible pendant lequel Ron et Hermione purent voir McLaggen comprendre et analyser la réponse de Ron. Hermione pensait comme Ron, il n'y avait aucune chance qu'elle marche contre Harry, et elle ne participerait pas à la mort de ces employés pour faire plaisir au ministre.

- Si vous le prenez ainsi, dit McLaggen en appuyant sur un bouton. Je dois vous arrêter jusqu'à nouvel ordre pour suspicion de trahison envers le Ministère. Messieurs, emmenez les dans les cellules.

Avant qu'ils n'aient pu réagir, deux hommes surgirent de l'ombre et assommèrent Ron et Hermione.

(*_*)

Neville, Charles Roy et la femme qui tournait le dos à Neville entendirent avec effarement le dernier ordre du Ministre. Pour Neville, c'était la preuve que le monde sorcier allait sombrer dans le chaos le plus total à partir de maintenant, et il devait prévenir Harry rapidement.

- Merde, merde, merde ! Fit Charles Roy en saisissant un téléphone. Londubat, prévenez Potter ! On n'a plus le temps !