Chapitre 4 :
Tous les scientifiques avaient été rassemblés dans un des grands laboratoires. Ou plutôt, ils s'étaient soudainement réveillés là, alors qu'ils se trouvaient tous répartis dans la cité. Et ils étaient enfermés. Le Dr Kavanaugh s'était assis contre un mur et il se taisait. Les autres scientifiques retenus avec lui dans la pièce avaient commencé par des messes basses relativement discrètes, mais au fur et à mesure que le temps passait, ils s'étaient mis à pailler comme des volatiles effrayés. Kavanaugh soupira. Sans les écouter vraiment, il ne pouvait s'empêcher d'entendre leurs commentaires paniqués et leurs idées stupides pour venir en aide à leurs chers dirigeants, vraisemblablement captifs dans la salle de commande. Comme si ces imbéciles avaient une chance de réussir quoi que ce soit. Si encore McKay avait été là, peut-être aurait-il eu une idée de génie, puisque c'est ce qu'il clamait être. Et même si cela lui coûtait de l'admettre, Calvin devait reconnaître que c'était vrai : il était un génie, lui. En attendant, pas de Dr McKay, et la situation semblait bel et bien bloquée. Ils allaient devoir attendre que quelqu'un les sorte de là.
Le temps passait lentement dans la salle de briefing, trop lentement au goût de John et de Ronon qui commençaient tous deux à montrer des signes d'impatience. Elisabeth elle-même perdait son calme, à voir les deux hommes s'agiter comme des ours en cage. Alors qu'elle cherchait une idée pour occuper l'esprit de ses deux coéquipiers, Zhaan fit une nouvelle apparition, sans passer par la porte, cette-fois. Elle se matérialisa à côté de l'entrée, et sa présence calma instantanément toute l'équipe. Sans qu'elle ait besoin de dire quoi que ce soit, John et Ronon se rassirent en silence. Mais avant même qu'elle de prenne la parole, tous sentirent que quelque chose avait changé. Si elle était toujours calme, elle paraissait en même temps agacée par quelque chose - ou quelqu'un ?
- J'ai de mauvaises nouvelles, annonça-t-elle d'emblée. Les miens ont parcouru votre cité et ils ont sondé l'esprit des vôtres en passant.
Un grand silence suivit cette déclaration. Elisabeth n'était pas surprise, mais elle commençait à sentir l'inquiétude poindre.
- Vu les circonstances, un de mes compagnons va devoir se nourrir.
John n'aimait pas beaucoup la tournure de cette phrase. De quelles circonstances exactement s'agissait-il ? Et qu'entendait-elle par « se nourrir » ?
C'est alors que le compagnon en question fit son apparition soudaine, se matérialisant de la même façon que Zhaan. Lui n'était pas bleu, pas plus qu'il n'inspirait confiance aux humains.
- Oh mon Dieu, non !
Elisabeth ne pouvait détacher les yeux de la monstruosité qui lui faisait face. Elle s'était levée d'un bond à son apparition, tout comme les trois autres.
Un wraith.
Ils allaient devoir nourrir un wraith.
- Nous allons voir s'il y a des volontaires parmi les vôtres.
La voix de Zhaan les tira de leur stupeur, mais avant qu'ils n'aient pu lui demander d'autres explications, elle disparut une nouvelle fois, les laissant seul en compagnie de la créature. Avec ce qui devait passer pour un sourire chez les siens, mais qui n'apparut que comme une horrible grimace aux humains, celle-ci prit la parole.
- Nous n'avons pas été présentés, je crois.
Tandis que Ronon cherchait désespérément quelque chose qui puisse leur servir d'arme, le sang de John ne fit qu'un tour dans ses veines.
- Nous savons exactement qui vous êtes et ce que vous faites, lança-t-il comme un défi au monstre.
Le wraith se rapprocha lentement de lui et se baissa jusqu'à ce que son visage blafard soit à la hauteur de celui du colonel.
- Erreur, colonel John Sheppard, vous savez seulement de quelle espèce je suis, mais moi, je sais exactement qui vous êtes.
Les deux ennemis se fixèrent en silence pendant quelques secondes, puis le wraith se redressa de toute sa hauteur et quitta la pièce sans plus accorder d'attention au militaire.
Celui-ci n'en revenait pas : comment ce wraith pouvait-il connaître son nom et son grade alors qu'il venait juste de passer la porte? Durant un bref instant, il avait eu l'impression que la créature avait lu en lui comme dans un livre.
- Colonel, Teyla chuchotait depuis sa place sans le regarder pour ne pas attirer l'attention, je crois… je sens que ce wraith n'est pas tout à fait comme les autres.
- Pas comme les autres ?
- Il est … différent. C'est dur à expliquer, mais lorsqu'il vous a regardé, il n'avait pas… faim.
Sheppard ne put s'empêcher de sourire à cette idée.
- Merci pour cette information, Teyla, je me sens déjà mieux !
- Non, colonel, vous ne comprenez pas, c'est la première fois que je ressens ça auprès d'un wraith. Ils ont toujours faim quand ils sont proches des humains, toujours.
Les yeux fixés devant lui, John ne put s'empêcher de frémir à l'évocation de l'appétit des wraith. S'ils voulaient tous s'en sortir, cette fois, il faudrait vraiment la jouer serrée. Enfin, comme d'habitude…
