Chapitre 7 :
Kavanaugh reprit lentement conscience, d'abord des bruits étouffés - les ordres du médecin impatient à ses infirmières-, puis des sensations inconnues - sa poitrine qui lui semblait comme anesthésiée -, et enfin cette insupportable lumière blanche qui lui vrilla le crâne.
- Docteur, ça y est, je crois qu'il se réveille !
La jeune infirmière semblait surexcitée. Il sentit plutôt qu'il ne vit quelqu'un de plus massif se pencher sur lui.
- Dr Kavanaugh, vous m'entendez ? Ca va aller maintenant, ne vous inquiétez pas.
Il referma aussitôt les yeux. Le docteur Beckett poussa un soupir et donna des instructions à ses infirmières pour que le patient soit placé au calme.
Allongé sur le dos, les yeux mi-clos, Calvin repassait dans sa tête le film des derniers événements. Avec le recul, il ne comprenait pas lui-même comment il en était arrivé là. Il aurait aimé se prendre pour un héros tragique, chevalier prêt à mourir pour sa reine, mais bien sûr rien n'était aussi simple. Dans la salle de commandement, quand il avait compris que le wraith risquait de prendre la vie du Dr Weir plutôt que la sienne, il avait pensé à la cité, perdue sans son leader et vulnérable face à l'ennemi. C'était grave, bien sûr, c'était important, essentiel même, mais ça n'était pas ce qui avait motivé son geste. Il avait voulu en finir une fois pour toutes, avec sa solitude, avec son désespoir, avec… sa vie. Oui, il avait voulu mourir. Il avait agi dans son propre intérêt plutôt que dans celui de la cité ou de ses habitants. Il laissa échapper un grognement. Il avait une idée très claire des commentaires que cette constatation ne manquerait pas de provoquer de la part des autres. Bien sûr, il pourrait leur mentir, les laisser croire à son héroïsme, mais la dissimulation et le mensonge n'étaient pas dans son caractère.
Ces dernières semaines sur Atlantis n'avaient pas été faciles pour lui. Il s'était isolé lui-même, complètement, pour éviter d'être mis à l'écart par d'autres, ce qui s'était produit lors de son premier séjour dans la galaxie de Pégase. Le Dr Beckett avait essayé de l'approcher au début, mais il était naturellement beaucoup trop fier pour accepter qu'on lui fasse la charité. Il ne l'aurait pas cru possible, mais il avait alors commencé à ressentir le manque jusque dans sa chaire : la chaleur humaine lui manquait, l'affection d'un ami, l'oreille attentive d'un compagnon. Il se laissait couler lentement, et il ne pouvait en parler à personne. Des larmes se mirent soudain à couler sur les joues du scientifique, qui se recroquevilla dans son lit, le corps secoué de longs sanglots. Il n'avait pas pleuré depuis des années, peut-être des décennies, mais plus rien n'avait d'importance tout à coup. Il aurait voulu disparaître, finir dévoré par un wraith.
Et plus encore, il aurait voulu que quelqu'un le regrette ensuite.
