Chapitre 4
Nous étions en mars et mes cours de « magie noire » étaient terminés. Severus n'avait plus rien à m'apprendre. Malgré cela, nous continuions à aller à chaque minuit dans les cachots, et là, à la lueur des bougies, nous parlions de tout et de rien, tels deux adolescents normaux. Sev se montrait très protecteur avec moi, et j'avais appris quelques semaines auparavant, qu'il avait envoyé un Ravenclaw à Ste-Mangouste lorsqu'il l'avait entendu tenir des propos déplacés à mon égard. A présent, l'école entière savait que lorsqu'on s'attaquait à Phoenix Princea, on trouvait Severus Snape sur le chemin. Cela faisait bien rire nos amis Gryffindor, qui trouvaient ça trop mignon.
Sev n'était pas le seul à s'inquiéter. Lorsqu'il allait à une rencontre avec le Seigneur des Ténèbres, je restais longtemps dans la Salle Commune à l'attendre, angoissée. Je savais pourquoi il était Mangemort, et cela m'inquiétait encore plus. Et si Voldemort découvrait la vérité ?
Je restais alors assise sur un fauteuil, dans ma cape d'invisibilité, et j'attendais. Il entrait alors avec Lucius, qui montait l'escalier aussitôt pour aller se coucher, alors que Sev se laissait tomber dans un fauteuil. Dès que Malfoy avait disparu, j'enlevais ma cape et me précipitais vers mon meilleur ami pour l'inspecter de la tête au pied, et vérifié qu'il n'avait rien. Ça le faisait rire.
-Tu n'a pas à t'inquiéter pour moi, Shéra.
-Tu t'es inquiété pour moi pendant des années !
-Normal, tu étais une enfant menacée par son père !
-Sev… Je t'ai déjà perdu dans le futur, je ne veux pas te perdre à cette époque aussi… Qu'est-ce que je ferais sans toi ?
Comme toujours lorsque je parlais de mon époque et de la mort de mon tuteur, les larmes me venaient aux yeux, et il m'attira dans ses bras.
-Tout va bien… Tu n'a pas à t'inquiéter. Je ne disparaîtrai pas.
Et je le croyais, comme je l'avais toujours cru.
Ce jour-là, c'était mon anniversaire, j'avais 18 ans. Mes amis Gryffindor avaient fait une petite fête dans la Salle sur Demande, et j'avais été les y rejoindre avec Severus dès que tous les Slytherin avaient quitter la Salle Commune. Pâtisseries, croustilles, boissons, rien n'avait été oublié. Il y avait de la musique, et des fauteuils ainsi que des divans un peu partout. Nous étions restés un long moment à parler, et lorsque minuit avait sonné, ils m'avaient offert leurs présents. Sevy, que j'avais emmené, s'amusait a jouer avec les rubans. Severus l'agaçait avec un bout de laine, et le chaton essayait désespérément de l'attraper, nous faisant rire. Peter avait été le dernier a m'offrir son cadeau, et je le remerciai froidement.
Peu importe mes efforts pour que mon animosité ne paraisse pas trop, c'était peine perdue. Lorsque la soirée fini et que nous fûmes sur le chemin de notre salle commune, Severus se tourna vers moi.
-Pourquoi détestes-tu Peter ?
-Il va trahir Lily et James.
-Oh…
-Il est avec Voldemort, puis lorsqu'il sera tué, il sera avec mon père…
-Pourquoi j'ai l'impression que tu ne me dis pas tout ?
-Lorsque… J'étais désobéissante… Mon père me « donnait » à lui…
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
Je soupirai longuement, avant de m'arrêter pour lui faire face.
-Durant deux ans, Sev. De mes trois ans jusqu'à mes cinq ans, jusqu'à ce que tu m'arraches à cet enfer, j'étais punie par le viol. Mon père m'enfermait dans ma chambre et il appelait Peter. J'étais petite, mais ces souvenirs resterons à jamais en moi.
Il ne parlait pas, mais je voyais à l'éclat de ses yeux et aux plis de ses lèvres qu'il bouillait de rage. Ses jointures étaient blanches a force de serrer les poings.
-Je savais ?
-A mon époque ? Oui… Lorsque tu m'as sauvée, tu m'as emmenée à l'hôpital, puisque j'avais été battue… Le médecin a fait une batterie de tests et s'est rendu compte que j'avais été agressée à plusieurs reprises.
-Et je n'ai rien fais ?
-Le plus important était de m'éloigner… Mais tu as tué Peter quelques années plus tard. Alors tu vois… J'aurai beau faire des efforts, jamais je ne pourrai pardonné à Peter tout ce qu'il m'a fait.
-Je comprends… Et maintenant que je sais, je ne pourrai pas m'empêcher de le voir d'une autre manière… Dire que James, Sirius et Remus donneraient leur vie pour lui…
Je m'approchai pour le voir, assit sur son trône, avec sur les genoux une petite fille aux yeux verts et aux longs cheveux noirs.
-Shéhérazade… Mon ange… Tu sais ce que c'est ?
-C'est un chiot, papa…
-Oui… Un chiot… Veux-tu que nous jouions avec lui ?
-Oui papa ! Oui !
Il déposa le chien par terre, et la fillette descendit des genoux de son père pour caresser l'animal.
-Recules-toi, ma jolie…
La fillette se recula, et il pointa sa baguette sur le chiot.
-Doloris.
La boule de poils noirs se mit à couiner, a se tordre de douleur, et la petite fille se tourna vers son père, les larmes aux yeux.
-Papa… Arrêtes… Le pauvre petit chien…
-Tu n'aimes pas mon jeu ?
-Noonnnn…
-Tu n'es jamais contente de rien !
La scène disparu, et il ne restait que lui, qui s'avançait vers elle.
-Tu n'es qu'une fille très désobéissante… Une peste, un monstre ! Qui peut aimer un déchet de la société comme toi ! Je sais où tu es, Shéhérazade… Tu crois pouvoir me sauver en tuant Voldemort… Je t'en empêcherai, mon bébé… Je t'empêcherai d'interrompre mon destin ! Je tuerai tous ceux qui te sont chers dans ce passé… Il aura l'honneur de donner deux fois sa vie pour toi… Et j'aurai la joie de la lui retirer pour une deuxième fois… Bien que cela ne vaudra jamais tous les points qu'il m'a enlevé… Et lorsqu'il sera mort, tu reviendras avec moi, ma belle… Et nous continuerons nos petits jeux… Peter n'est plus là pour jouer avec toi, mais ce n'est pas grave… Je le remplacerai… Tu es belle maintenant, ma chérie, tu le sais ? Tu es belle, et tu es à moi… Personne ne pourra te défendre, maintenant…
Les camarades de dortoirs de Phoenix s'éveillèrent en sursaut en l'entendant hurler. Elles eurent beau la secouer, rien ne semblait pouvoir éveiller la jeune Slytherin. L'unes des camarades décida d'aller chercher le directeur, et lorsqu'elle arriva dans la salle commune, ce fut pour voir tout le monde rassemblé.
-Qu'est-ce qui se passe ?
-C'est Princea… Elle n'arrête pas de crier, et on arrive pas à la réveiller…
-PHOENIX !
Severus se précipita vers l'escalier, qui se défila sous lui et le ramena aussitôt à la Salle Commune. Malgré cet échec, le Slytherin recommença, et recommença, si bien que lorsque le directeur arriva, le pauvre essayait toujours de monter, de plus en plus enragé et inquiet, les cris ne cessant pas. Dumbledore fit un geste et les marches permirent l'ascension au Slytherin qui monta aussitôt. Les camarades de chambre furent mise à la porte et il s'approcha de son amie.
-Phoenix ?
Elle continuait à hurler, et il eut un serrement au cœur en voyant des larmes sur ses joues.
-Shéhérazade… Réveille toi… Shery…
Il la secoua doucement et elle ouvrit les yeux subitement.
Aveuglée par mes larmes, cela prit un moment avant que je ne reconnaisse Sev devant moi. J'éclatai en sanglots et cachai mon visage dans mes mains.
-Il… Il était là… Il a dit qu'il savait où j'étais… Qu'il voulait continuer à jouer avec moi… Qu'il allait remplacer Peter… Qu'il allait venir et tous vous tuer… Que ça lui ferait plaisir de te tuer une deuxième fois…
-Calme toi… Calme… Il ne me fera rien, il ne fera rien à personne… Il ne peut pas savoir exactement où tu es et il n'a aucun moyen de venir.
-Je veux pas te perdre encore…
-Tu ne me perdra pas. Fais-moi confiance.
Je levai les yeux vers lui et acquiesçai en voyant son regard sérieux.
-Tu sais que tu a fais peur a tes compagnes de chambre ? Elles ont même envoyé chercher Dumbledore.
-Mais… Comment t'es monté ici, toi ? Je croyais que les garçon ne pouvait pas venir dans notre dortoir !
-Dumbledore a enlevé le sort. Je croyais qu'il serait monté derrière moi, mais… Il semble croire que je gèrerais mieux la situation que lui.
J'hochai la tête, essuyant mes larmes. Il me sourit, avant de m'ébouriffer les cheveux.
-Ça va aller ?
-Oui…
-Bon. Il est tard maintenant, essaie de te rendormir.
Il se leva pour partir, mais je l'agrippai par la manche.
-Sev… Reste… S'il te plait…
Il hésita un moment, puis vint me rejoindre. A ce moment, je ne pensai pas à mes compagnes de chambre, ni à l'étrangeté que cette scène pourrait avoir à leurs yeux. Ce que je savais, c'était que je n'étais pas rassurée et que, comme depuis toujours, seul lui saurait me calmer. De plus… Si jamais mon père arrivait… Je préférais ne pas quitter Sev des yeux. Je m'endormie finalement blottie dans ses bras, priant Merlin de me laisser mon meilleur ami.
Dumbledore sourit en voyant le jeune Snape monter l'escalier en courrant. Il se tourna vers les compagnes de chambre de la jeune Slytherin, qui venaient de sortir.
-Vous serait-il possible d'occuper un autre dortoir, pour cette nuit ?
-Vous… Vous allez les laisser seuls ? s'étrangla McGonagall.
-De quoi avez-vous peur, Minerva ?
-Il est contre le règlement de laisser les élèves de sexe contraire dormir ensemble !
-Jamais il ne se passera quelque chose entre eux deux, Minerva. Vous pouvez me croire. Ce lien entre eux est bien de l'amour, mais pas ce genre d'amour. Un amour plus profond et inconditionnel que celui qui unie un couple.
L'amour d'un père et d'une fille. Et ce, peu importe l'époque, peu importe la différence d'âge présente. Ils ne seraient jamais rien d'autre qu'un père et une fille, des meilleurs amis, une famille s'étant choisie et étant tout l'un pour l'autre.
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