Chapitre 6

Harry était né depuis trois mois lorsque je rentrai ce jour-là, fatiguée et à bout. Je commençais à détester mon travail et comme Sev avait terminé ses études et enseignait maintenant dans une petite école de campagne, nous arrivions à vivre assez bien, si bien que je commençais à penser à l'éventualité de laisser mon travail et de trouver autre chose. Durant ma recherche d'emploi, le salaire de Sev suffirait à payer le loyer et les comptes.

J'entrai dans l'appartement pour le trouver anormalement sombre. Je déposai mes clefs sur le meuble en entrant et m'avançai pour trouver le salon plongé dans la pénombre. Mes yeux s'ouvrirent de surprise lorsque je vis Sev et Remus au beau milieu du salon, plongés dans une activité… plutôt sportive, disons-le ainsi. Je fis demi-tour aussitôt et quittai l'appartement sans dire un mot, trop choquée pour cela. Pas choquée-dégoûtée, seulement choquée-surprise. Il est dur d'entrer chez soi pour trouver ses deux meilleurs amis en train de s'envoyer en l'air sur le plancher de son salon. Surtout lorsque rien ne semblait prévoir que ces deux amis soient attirés, d'une quelconque façon, l'un de l'autre.

Je marchai pendant un moment, peu désireuse de rentrer pour les surprendre à nouveau. Je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter, quand même. Comment réagirions-nous si cela n'était qu'une aventure qui allait les mener à ensuite se détester ? Les Maraudeurs pardonneraient-ils à Severus ? Notre amitié allait-elle être brisée pour une stupide partie de jambe en l'air ? Étais-ce seulement du sexe pour du sexe, sans aucun sentiment ? Est-ce qu'ils couchaient ensemble parce qu'ils croyaient ne trouver personne ? Ou alors s'aimaient-ils ? Si c'était le cas, pourquoi ne pas en avoir parler à personne ?

L'heure du repas était passée depuis longtemps, et la nuit commençait à tomber sur Londres. Je m'achetai en sandwich, avant de finalement prendre la chance de retourner chez moi. Lorsque j'entrai, Sev était seul dans le salon, assit sur le canapé, et semblait m'attendre. Il leva vers moi un regard qui me fit penser à celui d'un petit enfant qui croit avoir fait une faute.

-Shéra… Je suis désolé… Je croyais pas que tu reviendrais si tôt et…

-Je… Comment tu le sais… Je suis repartie aussitôt…

-Tu crois que tu pourrais tromper un loup ? demanda t'il avec nervosité. Il avait sentit ta présence, mais quand il a réalisé, tu étais déjà partie…

-Sev… Je…

-Je suis désolé… Je voulais pas que tu sache comme ça que j'étais gay…

Il semblait vraiment nerveux, et je lui fis signe de se taire, avant de m'asseoir. Il prit place dans le fauteuil en face de moi.

-Il y a une chose que je veux savoir…

-Oui… ?

-Est-ce que tu l'aime, ou est-ce que c'est juste pour du sexe ?

Il soupira.

-Je l'aime…

-Et lui ?

-Pareil… Tu connais Remus. Tu le vois coucher sans sentiments ?

-Je ne le voyais pas gay non plus.

Le silence retomba.

-Tu sais Sev… Je savais déjà que tu l'étais.

-Ah bon ? Je veux dire… A ton époque… Remus est… Il est mort, non ?

J'hochai la tête, pensive.

-Oui… Tu a trouvé quelqu'un d'autre, je suppose… Petite, il y avait quelqu'un qui venait, pendant que j'étais couchée… Un jour, je t'ai demandé si tu voyais quelqu'un pendant que je dormais, et tu m'as demandé pourquoi. Tu pensais que je vous avais vus, et tu avais peur de ma réaction… Mais j'avais remarqué une odeur de parfum, que je ne sentais que le matin. Et comme tu ne portais jamais de parfum… Maintenant que j'y pense, ce n'était pas un parfum très féminin.

Je ris à ce souvenir.

-Alors dans mon innocence, je t'ai demandé quand tu me la présenterais, que je voulais avoir une maman. Tu étais mal à l'aise et tu avais peur de m'en parler… Mais tu m'a dis que je n'aurais pas de mère, car tu ne voyais pas une femme. Je ne comprenais pas, au début, et tu a du m'expliquer que tu voyais un homme, que tu n'aimais pas les femmes.

-Pourquoi j'avais peur ?

-Ce n'est que plus tard que je ne te l'ai demandé. Tu m'as expliqué que tu avais peur de ma réaction car tu ne savais pas comment mon père m'avait élevée, concernant l'homosexualité. Qu'il avait déjà tué un des meilleurs amis de son père, parce qu'il était gay, après l'avoir torturer des heures. Tu avais tellement de douleur dans les yeux… C'est seulement maintenant que je comprends qu'il s'agissait de Remus…

Je passai une main dans mes cheveux.

-Après que tu m'ai expliqué que tu aimais les hommes, ça a prit quelques jours avant que tu ne me présente Xavier. On s'est adoré tout de suite. Aussitôt après, tu as cessé de le voir.

-Pourquoi ?

-Je crois que tu avais peur… Tu ne l'aimais pas, mais tu avais peur que moi je m'y attache, et que j'en souffre le jour où tu dirais à Xavier de ne plus revenir. Par la suite, tu ne ramenais jamais la même personne, même si je ne l'ai compris que des années plus tard. Adolescente, tu m'a expliqué que tu avais déjà donné ton cœur et qu'il était parti avec lui sans te le rendre. Que tu n'aimerais plus jamais.

Il resta silencieux un moment.

-Vous êtes ensembles depuis longtemps ?

-Trois semaines…

-Pourquoi tu ne m'as rien dis ?

-J'avais peur de ta réaction, surtout que tu n'a jamais laissé sous-entendre qu'à ton époque, j'aimais toujours les hommes.

-Habituellement quand on est homo, on le reste, Sev.

-Justement, je sais pas trop… Les filles m'attirent, mais un peu moins que les garçons.

-Et Remus ?

-Et carrément moins que Remus ! Mais bon… J'aurais pas voulu t'apprendre que ton tuteur avait eu des relations homosexuelles plus jeune, et te traumatisée…

-Il en faut plus que ça pour me traumatiser. J'ai été surprise, ça oui…-jamais j'aurais cru vous voir Remus et toi en train de coucher ensemble dans notre salon- mais je n'ai pas été traumatisée.

Il hocha la tête après un moment, soulagé.

-Et les Maraudeurs, ils savent ?

-Personne… Bien que Peter ait faillis nous surprendre dans la chambre de Remus, il y a deux jours.

-Ahhhh… C'est pour ça que lorsque tu es revenu, ta chemise était boutonnée de travers !

-Quoi ? s'étrangla t'il.

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Le lendemain, j'arrivai du travail avec un mal de tête atroce. J'entrai dans le salon pour trouver Remus et Severus blottit l'un contre l'autre devant la télévision. Je me laissai tomber dans le fauteuil près d'eux en poussant un soupir de découragement. Remus fit un mouvement pour se dégager, mais Severus le retint.

-Dure journée ?

-Je HAIS ce job.

Il se mit à rire, alors que Remus rougissait jusqu'aux oreilles. Je m'étirai, puis me leva.

-Je vais aller faire une sieste. Si vous écoutez la télé, ne mettez pas le volume trop fort.

Je regardai Sev fixement en disant cela. Il éclata de rire alors que je me dirigeai vers ma chambre.

-Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? demanda Remus.

-Tu n'a pas saisis le sous-entendu ? Elle nous demande de ne pas être trop bruyant si on décide de faire l'amour.

Connaissant Remus, il devait a présent imiter la tomate.

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Lorsque je sortis de ma chambre après ma petite sieste, le salon était vide, et la chambre de Sev fermée. Je cognai à la porte, sans l'ouvrir cependant.

-Des macaronis, ça vous dis ?

Sev ouvrit la porte, vêtu d'une robe de chambre, et hocha la tête.

-On va prendre une douche, et on te rejoins.

-D'accord.

Malgré que je prenne garde à ne pas laisser mon regard errer dans la chambre, je remarquai que Remus était toujours dans le lit, caché sous les draps.

-A tout à l'heure !

Je tournai les talons pour aller à la cuisine, et alors que je mettais l'eau à bouillir, je vis Sev et Remus sortir de la chambre pour rejoindre la salle de bain, Sev toujours avec la robe de chambre et Remus caché dans un drap. Tous deux avaient leurs vêtements dans les bras. Ils disparurent bien vite tous les deux. Si je n'entendis rien grâce au Sort de Silence, cela n'empêchait pas les coups dans le mur, et c'est légèrement mal à l'aise que je mis la table, avant de finalement me diriger vers la porte de la salle de bain.

-Vous êtes de vrais lapins ! Laissez ce pauvre mur tranquille, il a jamais demandé à être frappé !

Par la suite, si le pauvre mur reçut encore des coups, je ne peux prendre sa défense, n'ayant rien entendu.

Le souper était presque prêt lorsque Sirius entra dans l'appartement.

-Salut Phoe ! Mmmmm ça sent bon ! C'est quoi ?

-Macaronnis.

-Je vois ! Remus est là ?

-Oui, mais…

Il se dirigea vers le fond de l'appartement, au moment où la porte de la salle de bain s'ouvrait, montrant Remus et Severus, seulement vêtus de leur pantalon, leurs cheveux mouillés montrant bien qu'ils sortaient tous deux de la douche.

Sirius fit un pas vers l'arrière, l'air choqué.

-Sirius… fit Remus.

-Tais-toi. Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! Je te déteste, Remus !

-Sirius, arrête ! intervins-je. Ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent !

-Tu savais ? m'accusa t'il. Tu savais et tu n'as rien dis ?

-Ce n'était pas à moi de le faire ! Et je ne le sais que depuis hier, alors on se calme !

-Sirius… Est-ce que tu peux m'écouter…commença Remus.

-Non ! Depuis combien de temps ?

-Trois semaines…

-TROIS SEMAINES ? TU NOUS CASSES LES OREILLES AVEC TON SEVERUS DEPUIS UN AN ET DEMI, ET TU ES AVEC LUI DEPUIS TROIS SEMAINES ET TU NE NOUS DIS RIEN !

Sev et moi tournâmes la tête vers Remus, qui rougit aussitôt.

-Un an et demi ? Wow… Je suis flatté… Mais, tu n'aurais pas pu venir me le dire avant ? demanda Sev.

-Quand James et Lily vont savoir ça… ricana Sirius. Mais pourquoi Phoenix le savait et pas nous ?

-C'était pas voulu, Siri… Je les ais surpris hier au beau milieu du salon…

-Houuuuuu… J'espère que vous avez penser à désinfecter, j'aimerais pas avoir des surprises en m'assoyant sur le tapis lors de notre prochaine soirée vidéo…

-Et Peter, vous ne lui direz rien ? demandais-je.

-Mmmmm… Peter est homophobe. Il a clairement dit à Remus, au tout début de son obsession, de ne plus jamais lui en parler parce qu'il trouvait ça dégoûtant.

J'eu un sourire d'excuse pour Remus et Severus. Sev me regardait et hocha la tête. Ce salaud trouvait dégoûtant deux hommes ensembles, mais ne s'embarrasserait pas de principes lorsqu'il violerait une enfant.

Sans dire un mot, nous surprenant tous, Sirius sauta sur le téléphone.

-LILYYYYYYYYYYYYYYYYY ! ILS SONT ENSEMBLES DEPUIS TROIS SEMAINES ! … Non, le bonhomme Sept Heure et le Monstre du Loch Ness… Bien sur, Rem et Sev ! De qui d'autre je pourrais te parler ! …Trois semaines ! Ouais ! … Je viens de les surprendre au sortir de la douche. … C'est pas pire que Phoenix, elle les a surpris dans le salon, hier. … Quoi ? Bin, Phoenix a déjà fais des macaronnis…

Sirius se tourna vers moi.

-Tu crois que tu pourrais en refaire ? On mangerait tous ici, fêter la nouvelle !

Remus et Severus étaient rouges, et j'hochai la tête en riant. Ce soir-là, James arriva avec une bouteille de champagne pour fêter l'événement. Nous passâmes la nuit a parler et a boire, et le nouveau couple répondit à nos questions, plutôt gênés.

-Il ne reste plus que toi et moi à nous caser, Phoe ! fit Sirius en passant un bras autour de les épaules.

-Bas les pattes, Casanova.

-Je ne voulais pas dire nous caser ensemble, rigola Sirius. Nous caser, point. On est les seuls célibataires de cette bande de ploucs que nous sommes.

-Et Peter, tu ne le compte pas ? demanda James.

Remus et Sirius échangèrent un regard.

-Peter agit bizarrement.

-Qu'est-ce que vous voulez dire ? demanda Lily.

-Il ne rentre presque plus à l'appart, ses heures de travail restent les mêmes mais il gagne plus d'argent… Il semble avoir des nouveaux amis plutôt louches…

-On le surveillera, dit James.

Pourtant, je savais que c'était le début de la fin, car jamais ils n'accepteraient que Peter soit Mangemort.

Je ne pouvais leur dire, car j'avais besoin que Peter ne les trahisse. C'était le seul moyen de voir Voldemort, qui se cachait très bien. Il était hors d'atteinte, et sans le savoir, Peter servait mes desseins.

Lorsque je demandai à Sev comment Remus avait réagit en voyant sa marque, il eut un sourire triste. Il avait expliqué à Remus qu'il était l'espion de Dumbledore, dont l'Ordre du Phénix avait tant entendu parler, sans le voir ; c'était une protection pour Severus. Remus avait d'abord été effrayé, mais lorsque Dumbledore avait confirmé la chose, il s'était juste inquiété pour Sev, lorsqu'il avait des réunions.

Malgré tout l'amour qu'il avait pour Remus, je réussis à le convaincre de ne rien lui dire me concernant, concernant le futur. A quoi cela l'avancerait de savoir que dans une époque qui n'existerait pas, je me le promettais, il avait été tué par celui que deviendrait l'enfant qu'il cajolait ? Il n'avait pas besoin de cette tâche dans son bonheur.

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Alors ?