Chapitre 4 : L'intrusion
Deidara ne vit la queue de scorpion foncer sur lui qu'au dernier moment, il n'avait plus le temps d'esquiver l'attaque, il allait se faire empaler, et la blessure ne lui laisserait aucune chance vu la puissance du métal et l'efficacité du poison. Il ferma les yeux. Mais aucune douleur ne survint. Il ouvrit les paupières et vit la pointe stoppée à quelques centimètres de lui. Il tourna la tête pour regarder Sasori, qui le fixait de ses petits yeux sombres avec sévérité. Il frissonna, repensant encore aux paroles d'Hidan. La voix glaciale de son partenaire le fit sursauter.
- Qu'est ce qu'il t'arrive bordel ? Aujourd'hui tu as manqué de te faire tuer une bonne dizaine de fois pendant l'entraînement. Tu n'es pas aussi concentré que d'habitude et tu fais n'importe quoi.
Deidara ouvrit la bouche pour répondre, mais que pouvait-il dire ? Il n'allait pas lui expliquer ce qui l'empêchait d'être attentif ? Il referma la bouche et détourna les yeux. Le marionnettiste siffla.
- Je ne sais pas pourquoi tu as l'air si perturbé, mais on arrête l'entraînement pour cette fois. Continuer ainsi ne mènera qu'à ta mort à ce rythme. Va te reposer, ou faire ce que tu veux, mais règle ce problème et rapidement, je n'ai pas envie de perdre mon temps.
Le blond n'attendit pas davantage pour détaler hors du champ de vision de son acolyte.
Deidara était installé dans un fauteuil du salon commun, occupé à réfléchir en boucle sur ce qui le perturbait, un livre ouvert sur les genoux pour faire comme s'il n'était pas en train de se perdre dans ses pensées. Il fallait vraiment qu'il trouve le moyen de pouvoir confronter Sasori sans repenser avec répulsion aux paroles que l'immortel avait dites à Kisame et Itachi. Sinon, il allait probablement mourir d'ici peu, soit à cause de son inattention, soit parce que son partenaire n'aurait plus de patience avec lui et l'éliminerait lui même. Dans le couloir, des voix se firent entendre, de plus en plus fortes, particulièrement celle d'Hidan qui ne pouvait vraisemblablement pas parler avec calme. La porte du salon s'ouvrit sur lui, ainsi que Kisame et Itachi, et dès qu'ils aperçurent le blond dans son fauteuil, ils se turent. Deidara en fut très agacé, pourquoi devait-il être tenu à l'écart des conversations ?
- Je vous dérange dans votre discussion, veuillez m'excuser, lança-t-il d'un ton mielleux faussement désolé.
Les trois nouveaux arrivés échangèrent un regard.
- On a vexé la blondasse on dirait.
Hidan n'aurait pas pu provoquer davantage le jeune shinobi d'Iwa, qui se leva, faisant valser le livre qui était sur lui.
- Ferme la, comme si j'en avais quelque chose à foutre de vos conversations de merde ! C'est juste super chiant de vous voir vous taire et me fixer comme des dindes dès que vous voyez que je suis là !
Sans laisser le temps à quiconque de répondre, il partit, énervé. Il ne savait pas gérer ses émotions, et dès que quelque chose l'agaçait, tout explosait en lui. Il lui fallut de longues minutes à marcher en silence dans les couloirs du repaire pour s'apaiser. Il fallait vraiment qu'il se maîtrise. Sasori pouvait peut être l'aider sur ce point ? Lui qui maîtrisait si bien son attitude, excepté l'agacement. Mais si Deidara lui demandait de l'aide, il lui fallait d'abord présenter au marionnettiste ses excuses concernant son inattention durant ces derniers temps. Il souffla un bon coup pour se donner du courage, et se dirigea vers les quartiers de son aîné, déterminé à le confronter sérieusement. Plus il approchait de la porte, plus son anxiété grimpait, et si le ninja l'envoyait bouler ? Quand il fut devant la porte, il attendit quelque instants, hésitant. Le silence était tellement pesant dans ce lieu sombre qu'il pouvait entendre son coeur battre. Il n'avait jamais craint personne, à l'époque où il était encore à Iwa, sous la supervision du Tsuchikage, il se plaisait même à faire l'insolent envers le vieil homme. Tout comme il s'était comporté avec son impertinence habituelle quand il avait rencontré les membres d'Akatsuki. Mais Sasori avait été une rencontre décisive pour son caractère rebelle, passer du temps à ses côtés, l'avoir vu à l'oeuvre, savoir comment il agissait, s'habituer à son caractère, toutes ces expériences le dissuadait de le provoquer. Il finit par toquer, mais aucune réponse ne lui parvint. Deidara posa la main sur la poignée, l'abaissant doucement. Ce n'était pas fermé à clef, et la porte s'ouvrit dans un léger grincement. Entrant dans la pièce, le jeune shinobi parla.
- Danna ? J'aimerais vous parler de quelque chose, vous êtes là ?
Il balaya la pièce du regard, il n'y avait aucun signe de présence de Sasori. L'endroit était rangé avec précision, rien ne dépassait. Cela ne l'étonnait pas, son aîné était quelqu'un de droit, qui calculait tout, dans tous les aspects de sa vie. Il y avait un grand lit contre le mur, large au point que trois ou quatre personnes auraient pu s'y tenir, mais cela ne surprit pas le jeune homme, qui connaissait la silhouette massive de son équipier. De chaque côté du lit se trouvaient des tables de chevet, et sur la gauche, il y avait une grande armoire, tandis que sur la droite, une porte entrouverte donnait sur une salle de bain identique à celle qu'il avait lui aussi dans sa chambre. Sur le mur à sa gauche, une autre porte, fermée pour sa part. Il se souvint que Konan avait parlé d'une seconde pièce, un atelier. Peut être le marionnettiste y était-il ? Deidara s'avança et il ouvrit cette porte, mais la pièce derrière était plongée dans le noir. Il eut pourtant une frayeur en apercevant une silhouette ressemblant à celle de son partenaire, mais il comprit rapidement qu'il ne s'agissait pas de lui, mais d'une construction de bois inerte, probablement une nouvelle conception de l'artiste. Sasori essayait-il de se fabriquer une copie de lui même ? Pour un usage combatif ? Pour une diversion ? Il retourna dans la chambre, sans savoir s'il devait sortir, ou attendre son aîné ici. Peut être que ce dernier prendrait mal le fait qu'il soit entré en son absence, et il n'avait aucune envie de l'agacer davantage, surtout alors qu'il voulait lui demander un service. Il n'eut pas le temps de réfléchir plus, des voix lui parvinrent du couloir, approchant.
- Hidan, tu veux pas arrêter de venir me faire chier tous les jours ? J'ai des choses à faire.
- Oh voyons, à d'autres, qu'est ce qui peut être plus important que nos passionnantes conversations.
- Qu'est ce que tu me veux encore ?
- Tu le sais très bien.
Deidara paniqua, il avait peur d'être surpris dans ce lieu où il n'était pas censé être, et sa seule réaction fut décidée par la peur. Il ouvrit l'armoire et entra à l'intérieur pour s'y cacher. Se calant contre les vêtements suspendus qui portaient le parfum de son partenaire, une odeur qui lui fut vraiment agréable, ce qui l'aurait d'ailleurs surpris s'il n'avait pas été si paniqué, et il fit coulisser la porte pour la refermer. Il n'eut pas le temps de la fermer complètement, déjà, la porte de la chambre s'ouvrait, et le blond se figea, le coeur battant bien trop vite.
