Disclaimers: Nous ne possédons aucun des actes révolutionnaires, nous n'avons pas intenté la révolution française, les personnages utilisés ont aussi été empruntés. Ils viennent de nous ne savons pas qui, mais certainement pas de nous. Seulement, ne volez pas l'intrigue.

Titre: Liberté, Égalité, Fraternité

Auteurs: Ephemeris, Black Mirror et Little WingZ

Couples : Éventuel 1x2, 3x4, 5xMeiran, 2xHilde (sens unique).

Résumé : Plongez les pilotes de gundam au cœur de la révolution française et voyez l'intrigue se corser, des amours grandir et des cœurs se briser. Les révolutions, comme les guerres, ne sont jamais de jolies choses.

Type : Historique, Aventure, Drame. Hey, c'est une révolution!

Rating : PG-13 (un peu de violence. C'est la guerre!)

Statut : travail en progression

Warnings : YAOI! AU! Le rating risque d'augmenter. Si vous avez une recherche à faire sur la révolution française, ne vous fiez pas sur notre fic, certains détails ont été modifiés ou arrangés à notre façon pour mieux marcher avec notre histoire. Certains personnages risquent de mourir, mais ne vous inquiétez pas, les cinq pilotes resteront en vie.


Liberté, Égalité, Fraternité

Chapitre I

Pendant des siècles, la France fut gouvernée par des rois. De générations en générations, ces rois se succédèrent, protégeant leurs intérêts en oubliant que le peuple français ne vivait pas aussi bien que la famille royale et la noblesse. Quel euphémisme ! En fait, le peuple menait une vie misérable, mourrait de faim et portait une grande haine à tous ces aristocrates qui, même en vivant dans le luxe, avaient toujours trop d'argent.

À la mort du roi Louis XV en 1775, le peuple eut l'espoir que son successeur remplirait mieux la fonction de dirigeant mais en resta déçu, se faisant encore plus accabler d'impôts. Il faut dire que la reine, Marie-Antoinette d'Autriche, jeune fille très insouciante, s'offrait des bijoux valant une fortune et les robes les plus chères de Paris, n'écoutant pas ce que pouvait dire Jacques Necker, le ministre des finances de l'époque, très aimé du peuple. Il avait beau la mettre en garde que toutes ces dépenses folles n'étaient pas d'une grande aide au trésor royal, la jeune femme s'en moquait éperdument, continuant de satisfaire ses moindres désirs. De toute façon, pourquoi écouter un homme qui se souciait du peuple ? Et le peuple, qui était-il pour parler d'argent, de toute manière ? Mais pendant que les réserves du trésor royal diminuaient, le peuple ne s'en portait pas mieux et les gens poursuivaient leur vie malsaine.

À cette époque, la famille royale et sa cour ne vivaient pas à Paris mais à Versailles, petite ville située à quelques lieues de la capitale. La cour était composée de la haute noblesse, c'est-à-dire des aristocrates les plus riches et ayant les titres les plus importants.

Après plusieurs années d'angoisse, Marie-Antoinette mit au monde son premier fils et le premier dauphin de France, Louis Joseph. Le peuple avait commencé à douter du couple royal en matière de produire un héritier. Leur espoir s'était réveillé à la naissance du premier enfant royal. En effet, la reine avait eu, quelques années plus tôt, une fille à qui elle avait donné le nom de sa propre mère, Marie-Thérèse. Le peuple fut totalement soulagé en apprenant la naissance d'un deuxième enfant, cette fois-ci, un garçon.

Comme pour fêter cet heureux événement et pour plaire à la coutume, le couple royal alla présenter le dauphin à Paris. Après que l'héritier du trône ait été montré aux Parisiens et que ceux-ci l'aient adulé, Louis XVI laissa sa femme ramener leur fils à Versailles seule. Certaines obligations que lui imposait sa fonction le gardèrent à Paris quelques jours.

Sur le chemin entre Paris et Versailles se trouvait une petite ville connue sous le nom de Nanterre. Les habitants se faisaient une joie de se rassembler pour voir passer les voitures de luxe des nobles se rendant à la cour du roi ou vers la capitale, s'imaginant les robes et les bijoux luxuriants des dames de la cour et de la netteté des habits des gentilshommes qui les accompagnaient. Ce qu'ils préféraient était de voir passer le couple royal dans les plus beaux carrosses avec toute leur suite. Les ayant vus passer la veille et la présentation du dauphin, ils savaient pertinemment qu'un deuxième passage s'en suivrait dans la journée. Mais lorsqu'ils virent Marie-Antoinette passer leur ville seule et que le roi rentrerait plus tard, ils voulurent rendre honneur à leur souverain. Le maître d'école, le père Martin, qui tenait également l'orphelinat de la ville, eut la brillante idée de faire dire un compliment quand le cortège transportant le roi passerait. L'idée plut tant à Marie-Antoinette qu'elle décida de prévenir le roi de cette délicate attention.

Nanterre, le 25 novembre 1781

Après le départ de la reine, toute la ville se prêta au jeu, tentant du mieux possible d'écrire un compliment digne d'un roi, et surtout du leur. À la grande surprise de tout le monde, ce fut Camille Desmoulins, jeune garçon d'une dizaine d'années, élève du père Martin, qui alla trouver ce dernier avec un compliment adressé au roi qu'il avait lui-même rédigé. Le maître d'école en fut très heureux car le compliment était en latin, suivi de sa traduction en français. Tout ceci donna une seconde idée au professeur : faire prononcer le compliment par un enfant de la ville. Il pensa que Louis XVI en serait fort ému et que Nanterre aurait les faveurs de sa Majesté. Il songea immédiatement à Desmoulins, mais dès qu'il eut exposé son idée, le garçon tenta de protester :

« M… mais Mon…Mon…Monsieur. Vous oub…oub… »

À ces mots, le prêtre se rappela soudain du handicap dont souffrait son élève. Desmoulins bégayait. Ce jeune garçon pouvait écrire de merveilleuses choses sur papier, mais quand venait le temps de les dire, rien ne sortait de sa bouche correctement, rendant son texte complètement incompréhensible. Mais le père Martin ne voulait pas démordre de son idée et insistait pour qu'un enfant soit chargé du compliment.

« Eh bien, dit le boulanger. Nous n'avons qu'à remplacer Camille par un de ses camarades. »

« Mais que dites-vous là ? s'écria le père Martin. Ses camarades, comme vous les nommez, sont des perturbateurs, ils ne se prêteront jamais au jeu. Et imaginez que le roi le prenne mal. Le pauvre enfant, pour avoir voulu s'amuser, pourrait y laisser la vie. »

« Alors nous sommes dans une impasse, dit le forgeron. Et maintenant que le roi est au courant, nous ne pouvons plus faire marche arrière. Mais il n'est pas question qu'un de nos enfants soit mis en danger par leur insouciance. Tiens, et si on prenait un enfant de l'orphelinat. Comme ça, on ne risque pas de perdre quelque élément utile, il n'y a que de la racaille dans cet orphelinat, sauf votre respect, mon père. »

Et il n'avait pas tout à fait tord, le père Martin le savait bien, étant le directeur de cet endroit depuis une dizaine d'années. Les enfants qui s'y trouvaient, n'ayant jamais reçu d'affection, étaient malheureux et évacuaient toute la colère qu'il ressentaient en faisant des mauvais coups et en exaspérant toute la ville. L'idée de substituer un de ces gamins encombrant à son meilleur élève ne déplaisait pas au père Martin. Après un moment de réflexion, il regarda ceux qui attendaient son verdict et dit :

« Très bien, ce sera Maxwell. »

Le jeune Maxwell, Duo Maxwell, était un des pensionnaires de l'orphelinat que le père Martin avait en horreur. Malgré le fait qu'il n'ait que dix ans, il était, sans contestation possible, le plus turbulent des orphelins dont il avait la charge. Il avait des cheveux plus longs que les autres enfants et ne les portaient pas en queue de cheval comme les autres, mais les tressait pour qu'ils ne l'encombrent pas.

Cet enfant ne suivait aucune règle, faisait preuve d'une grande arrogance et avait, d'après les dires du prêtre, un esprit vil et tordu. Il était vrai que Duo n'aimait pas l'autorité et se moquait de tous les adultes de la ville, tous sauf un : le père Maxwell. Cet homme était le contraire du père Martin et s'occupait également de l'orphelinat mais, à l'opposé de son confrère, il était aimé par tous les enfants et en particulier par Duo. Cette affection était due par le fait que c'était le père Maxwell qui l'avait trouvé et qui s'était occupé de lui depuis le début. Il lui avait donné le prénom de Duo et celui-ci avait, par la suite, pris d'office le nom de famille du prêtre, se baptisant lui-même. Le père Maxwell l'avait laissé faire, se sentant flatté que cet enfant qui n'aimait presque personne se soit comme approprié une partie de son identité. Le prêtre le chérissait comme s'il avait été son vrai fils et le garçon semblait l'aimer autant qu'il aurait aimé son père s'il l'avait connu.

Alors que le père Martin cherchait le garçon dans toute la ville car, évidemment, il ne restait jamais dans les environs de l'orphelinat malgré le règlement, Duo discutait avec Hilde, une jeune fille de son âge qui, elle, avait la chance d'avoir des parents et avec qui il s'était lié d'amitié. Ils s'étaient installés, comme à leur habitude, près du petit lac qui se trouvait à la sortie de la ville, laissant la brise fraîche du matin leur caresser le visage et faire flotter leur cheveux.

« … et alors, le père Maxwell m'a demandé d'aller chercher une bassine d'eau pour nettoyer la salle à manger parce que j'avais volé le cheval de bois de Jonathan. Mais franchement. Qui voudrait avoir un stupide cheval de bois… »

« Et qu'est-ce qui s'est passé ? » Les yeux de Hilde ressemblaient à des soucoupes en écoutant vivement l'histoire que lui racontait Duo, ne ratant aucun détail. Elle savait très bien qu'après son entretient avec Duo, tous les enfants de la ville viendraient la questionner en quête de petits faits amusants.

« J'ai donc fait ce qu'on m'avait demandé. »

« Juste comme ça. »

« Je dois obéir au père Maxwell. Nous ne voulons pas l'avoir sur le dos, n'est-ce pas ? »

Elle approuva de la tête, gloussant légèrement.

« Ensuite, je suis reparti avec ma bassine vers la cuisine, mais mon regard a été capté par quelque chose qui volait juste devant le bureau du père Martincompétent. Je suis tête en l'air parfois. Devant moi, il y avait un monarque en plein vol. Magnifique, du orange, du rouge et du noir se promenaient dans le couloir par les battements rapides de ses ailes. »

Duo se leva et se mit à imiter le vol du papillon en dansant et en sautant d'une racine à l'autre tandis que Hilde le regardait de ses yeux plein de fascination, un sourire illuminant son visage d'enfant.

« … et si enchanté que j'étais, j'ai oublié la bassine. Je l'avais placée par terre pour pouvoir suivre le joli papillon et je ne suis jamais revenu la chercher. Devine où je l'ai laissée. »

Hilde souriait mais ne répondait pas, tant l'enthousiasme l'envahissait.

« Allez devine, devine. »

Duo s'était laissé tomber près de Hilde pour se relever dès qu'elle lui fournit la réponse qu'il attendait.

« Devant la porte du père Martin. »

Après un éclat de rire, le joyeux garçon se mit à imiter les mouvements du prêtre sans le moindre bruit tant le rire lui coupait le souffle. Se ressaisissant, il prit les expressions faciales de l'homme, le nez bien haut, pointant vers le ciel, puis, descendant sa mine déconfite sur ses chaussures trempées de l'eau froide et sale de la petite bassine.

« C'est sûrement encore la faute de ce sale petit amuseur de foule » dit Duo en prenant une voix grave pour copier celle du prêtre, croisant ses bras sur sa poitrine, refaisant la scène. « Il est vraiment insupportable. Je me porterai mieux s'il était mort et enterré plutôt que si près de ma merveilleuse personne. »

Alors que Hilde commençait à rire, Duo la suivit, laissant de côté son rôle pour un bref instant.

« Tu sais, » lui dit la jeune fille. « Le père Maxwell ne pourra pas toujours te protéger. Même s'il fait tout ce qu'il peut, les ennuis te rattraperont un jour ou l'autre. D'ailleurs, tu les attires comme la lumière attire les insectes. »

Duo soupira, il savait très bien que ce qu'elle disait n'était pas faux.

« Tu ne peux pas continuer comme ça éternellement. Enfin, tu finiras bien par grandir et sortir de ce monde de farces. »

Reprenant sa précédente attitude, Duo se redressa, relevant la tête et tentant de toucher le ciel avec son nez.

« Quelle idée absurde ! Comment oses-tu me dire qu'en grandissant, il ne m'arrivera plus d'aventure ! Sache qu'un jour, des gens écriront des livres qui parleront de moi. »

« Et tu seras sans doute le seul à les lire. Parce que, dis-moi, qui ça intéresse de lire des histoires qui concernent le petit garçon préféré du père Maxwell ? »

Elle regarda ailleurs pendant un instant et lui en profita pour lui sauter dessus. Quand ils étaient ensemble, ils ne faisaient que rire et s'amuser. Entre eux s'était installée peut-être une amourette d'enfant, mais certainement une grande amitié.

Duo, qui riant toujours, se retourna en entendant quelqu'un qui l'appelait au loin. En effet, il vit un jeune garçon un peu plus âgé que lui et qui avait la moitié du visage cachée derrière une longue mèche de cheveux, courir vers lui. Dès que le nouvel arrivant fut assez près pour que Duo puisse l'entendre sans qu'il ait besoin de crier, il s'empressa de passer le message qu'il transportait.

« Duo, c'est le père Maxwell qui m'envoie. Tu dois rentrer à l'orphelinat tout de suite, le père Martin te cherche partout. Il a pas dû apprécier le coup de la bassine d'eau. »

« Tu vois, je te l'avais dit que tu allais avoir des ennuis, » se moqua Hilde, pointant son doigt vers lui. Elle afficha son expression la plus fière et alla chercher la voix la plus grave qu'elle put dans son petit corps. « Sache qu'un jour, les gens écriront des livres qui parleront de moi. »

Sur ces mots, Duo tira la langue à la jeune fille et suivit son ami, Trowa, qui semblait très inquiet. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, quelques années plus tôt alors que le père Maxwell avait ramené le natté à l'orphelinat, Trowa l'avait pris sous son aile et le protégeait comme la prunelle de ses yeux, ne le laissant jamais trop loin de sa vue. Il le considérait comme son frère et l'aurait suivi n'importe où. Pour Duo, Trowa était devenu son grand frère. Pour Trowa, Duo représentait toute sa famille, mais il était également le seul ami qu'il avait. Il aurait fait n'importe quoi pour lui.

Les deux garçons coururent jusqu'à l'orphelinat, Trowa tirant son ami par le bras pour qu'il aille plus vite. Le père Maxwell les attendait à l'entrée mais quand il voulut expliquer la situation à son protégé, il fut devancé par son confrère qui attrapa Duo par l'oreille et qui l'entraîna à l'intérieur. Malgré les protestations de l'enfant, il ne lâcha pas prise. Il l'emmena dans son bureau où se tenait déjà Camille Desmoulins, droit comme un piquet, ne sachant pas trop ce qui lui arrivait. Il força Duo à s'asseoir sur la chaise à côté de celle où se tenait Camille. Une fois que le père Martin se fut installé derrière son bureau en chêne massif, les deux enfants en face de lui, il leur expliqua la situation.

« Alors voilà. Je vais vous expliquer la situation, même si Desmoulins est déjà bien informé. Le roi va passer par Nanterre demain dans la matinée et la ville se doit de lui faire honneur… »

« Quelle bonne nouvelle ! Quoique je ne vois pas du tout ce que ma petite personne peut avoir à faire dans cette histoire. »

« … Pour cela, le jeune Desmoulins a rédigé un compliment… »

«…Vous m'avez sûrement amené ici pour me faire jurer que je ne le ferai plus, » disait Duo en levant la main gauche et en posant la droite au niveau de son cœur.

« … et c'est vous qui le réciterez. »

« …De toute façon, vous ne pouvez pas m'obliger à bien me comporter parce que… » Les yeux améthystes de Duo sautèrent presque hors de sa tête. « Quoi ! »

« Nous avons besoin d'un enfant pour réciter le compliment et vous savez très bien que notre cher Desmoulins ne peut s'exprimer en public et ne peut remplir cette tâche. C'est donc vous, Maxwell, qui en serez chargé. Vous êtes le mieux placé pour remplacer Desmoulins. »

Duo se renfrogna, regardant Camille du coin de l'œil, et tentait de comprendre pourquoi lui, était meilleur pour remplacer un élève si studieux et si doué. Après un moment de réflexion, il dit :

« Et qu'allez-vous faire si je décide de tout gâcher et de faire passer tous les habitants de Nanterre pour de parfaits idiots ? »

Le père Martin fit un sourire malveillant, comme s'il attendait une telle remarque de la part du garçon en face de lui.

« Vous feriez mieux de ne rien faire qui pourrait désappointer le roi, il se pourrait très bien qu'il ne soit pas aimable face à votre impertinence. »

Duo fixa le prêtre en boudant.

Si seulement un regard pouvait tuer, se dit-il à lui-même. Il arriva tout de même à faire sortir du fond de sa gorge les mots qui le turlupinaient depuis un moment.

« Pourquoi moi ? »

Le père Martin le regarda droit dans les yeux et lui répondit :

« Disons que la petit bain qu'ont pris mes chaussures ce matin a guidé mon choix. Pour ce qui est du compliment, j'ai chargé le père Maxwell de vous y préparer, je ne veux pas m'occuper de vous. Maintenant, sortez. Et ne vous éloignez pas de l'orphelinat. La sanction pourrait être pire. »

Duo et Camille sortirent donc sans poser de questions. Une fois à l'extérieur, Camille lança un regard à Duo, mais se remit très vite à fixer le plancher et lui dit :

« Pa…pardon Du…Duo. »

Duo plaça sa main sur l'épaule de Camille pour le rassurer, lui faisant relever la tête qui se trouvait à cet instant un peu plus haute que celle de Duo.

« J…je n'av…avait pas pré…vu que ça se pass…pass…passe comme…me ça. »

« Pourquoi pardon, tout ça c'est de la faute du père Martincompétent. Ne te traquasse pas pour si peu. J'aurai juste à dire au roi ce que tu as écrit et ce sera fini. Personne ne sera tué pour une si petite affaire. Je te promets. »

Camille lui sourit, heureux son ami ne soit pas en colère contre lui. Il n'aurait pas supporté que Duo ait des ennuis par sa faute. Il était un des seuls enfants de la ville qui ne se moquait pas de lui. Comme si ce n'était pas assez qu'il bégaye, il était aussi le préféré du père Martin et s'attirait la foudre de ses camarades de classe, mais également des orphelins qui étaient très mal traités par le prêtre. Duo et Camille se séparèrent, l'un retournant à ses études et l'autre vers son père adoptif.

Duo retrouva donc le père Maxwell qui expliquait à Trowa les événements de la matinée. En voyant son frère arriver, il ne put s'empêcher de soupirer. À cela, Duo répondit :

« Je sais, je sais. Je me suis encore mis dans le pétrin. Mais si vous aviez vu sa tête ce matin, je vous jure que ça en valait la peine. Seigneur ! Il ne peut pas prendre une farce ce type. »

Le père Maxwell lui jeta un redoutable regard.

« Duo, j'apprécierais que tu ne parles pas du père Martin ce façon si vulgaire, mais l'heure n'est pas à la plaisanterie. Voilà comment ça va se passer. La voiture du roi va s'arrêter devant les grilles de l'entrée de la ville. Toi, tu t'avanceras et te mettras à genoux… »

« Quoi, à genoux ? » protesta Duo. « Mais c'est pas juste. Que ce soit le père Martin qui aille ramper devant le roi ! »

« C'est comme ça, tu n'as pas le choix. Tu t'es mis tout seul dans cette situation, à toi d'en subir les conséquences. Enfin, une fois à genoux, tu liras le compliment qui est inscrit sur cette feuille, je te conseille de l'étudier ce soir pour ne pas te tromper demain. Et quand le cortège se remettra en route, tu pourras te relever. »

Broyant du noir, Duo marmonna des choses incompréhensibles sur les stupides prêtres soupe au lait. Le père Maxwell tendit le compliment à son protégé. Duo regarda ce qui était écrit, lut à demie voix les taches d'encre qui maculaient la feuille et protesta :

« Et en plus c'est en latin. Je hais le latin et j'y comprends rien. »

« Je ne crois pas que tu ais ton mot à dire, mais tu devras lire également la traduction en français. »

« Quel l'imbécile, celui qui a inventé cette stupide langue. »

« C'est la langue de Dieu, jeune homme, et je te prierais de ne pas l'insulter en ma présence. »

C'est alors qu'une idée vint illuminer le visage du natté.

« Si je réussis à impressionner le roi, il pourra peut-être me aire sortir de ce trou. »

Le père Maxwell ne répondit pas tout de suite, prenant tout son temps pour bien saisir les mots du jeune garçon. Il se frottait les mains ensemble, tentant désespérément de garder le peu de chaleur qu'il leur restait.

« C'est possible. » Il fit une pause. « Aurais-tu le projet de nous quitter, cher enfant ? »

D'un air penaud, Duo continua sa pensée, espérant ne point offenser l'homme qui se tenait en face de lui.

« N'importe quoi pour m'éloigner le plus possible du père Martinompétent, oui. »

« Que serais-tu devenu si je ne t'avais pas ramené ici ? »

« Mort de faim. »

Le prêtre lui sourit et le laissa partir. Il savait que qu'il pouvait lui faire confiance. Mais il avait un mauvais pressentiment qui le fit très mal dormir cette nuit là.

« Duo, » murmura Trowa, resté avec lui, regardant le soleil arriver à son zénith, « est-ce que tu m'emmèneras avec toi quand tu partiras ? »

Duo lui donna une tape amicale sur l'épaule et répliqua d'une voix enjouée :

« En as-tu déjà douté ? Je ne partirai pas sans toi, Tro. Ne pense pas que tu vas m'échapper si facilement. »

À ces mots, Trowa sourit de ce sourire qu'il n'osait montrer qu'à Duo. Il faut dire que ce dernier était le seul capable de faire réagir son aîné. Le natté le gratifia d'un de ses sourires authentiques et partit vers le dortoir de l'orphelinat.

Duo, lui, étudia le texte comme le lui avait conseillé le père Maxwell, et s'endormit sans crainte, se disant que le lendemain serait son jour de gloire. L'idée de se faire remarquer par le roi lui tournait dans la tête. Il s'imaginait déjà sortir de Nanterre et se faire mener à Paris, ou mieux, à Versailles. Il fut enchanté par cette idée et passa une très bonne nuit.

Quand il se réveilla le lendemain, il remarqua qu'un uniforme de l'école du père Martin était posé au pied de son lit.

« J'ai même le costume pour aller avec le rôle, » se dit-il en enlevant les chiffons qu'il avait sur le dos pour enfiler ces beaux vêtements fraîchement lavés.

« J'espère que je pourrais les garder après le spectacle. »

Il rayonnait de bonheur car il s'était bien préparé et était très impatient de parler au roi. Mais, une fois habillé, toute la joie qu'il s'était faite s'envola quand, en regardant par la fenêtre, il se rendit compte qu'il avait plut toute la nuit et que la pluie ne semblait pas vouloir s'arrêter de si tôt.

À ce moment-là, le père Maxwell entra dans le dortoir, réveillant tout le monde et, pour finir, tendant quelque chose à Duo.

« Camille a composé un nouveau compliment pour le roi. Il est plus court et plus approprié vu le temps qu'il fait aujourd'hui. »

Duo se contenta de faire oui de la tête, sachant très bien qu'il ne servirait à rien de faire une crise de colère à cet instant. Tout le monde semblait énervé. La population s'affairait à tout préparer et à tout mettre en ordre, que les choses soient parfaites. Le garçon voyait bien que s'il faisait un pas de travers, on ne le lui pardonnerait jamais.

La matinée fut, d'ailleurs, atroce pour tout le monde. Le père Martin ne cessait de donner des ordres pour que tout soit prêt à temps et jetait des regards noirs à Duo, le menaçant silencieusement.

Quand l'enfant qui surveillait la route annonça l'arrivée du roi, tous les habitants de la ville se précipitèrent aux grilles. Duo, dans son déguisement d'écolier, ses cheveux nouvellement tressés, se faisait tirer par le père Martin qui n'était pas d'excellente humeur. Mais de toute manière, il n'était jamais d'excellente humeur.

La voiture royale s'arrêta juste devant l'entrée de la ville et un valet ouvrit la porte. Duo sentit une pression dans son dos et commença à avancer. Il s'arrêta à l'endroit prévu mais hésita avant de se mettre à genoux. Le sol habituellement terreux avait pris cette texture boueuse qui résultait de toute la pluie qui était tombée.

Mais, repensant à son idée, il se baissa et sentit ses rotules s'enfoncer dans cette matière visqueuse.

« Tu paieras pour ça, Martincompétent » pensait-il. « Tu le paieras très cher. »

Il déroula la feuille qui tenait dans sa main droite, mais il resta sans voix pendant un moment, se rendant compte qu'il avait pris le compliment de la veille à la place de celui que le père Maxwell lui avait donné le matin même. Voyant la porte du carrosse du roi ouvert et son but si près, il mit lentement le papier devant lui et tenta de se souvenir de cette stupide phrase en latin qu'on lui avait apporté quelques heures plus tôt.

Il hésita un instant, cherchant dans sa mémoire les mots, puis commença :

«R-rex auguste, hodie cum Phoebus se in imtrem converterit, unum te habemus Solem. »

Quelques rires étouffés lui parvenaient de derrière, mais il ne leur prêta aucune attention, bien décidé à finir ce qu'il avait commencé. Retrouvant bien plus facilement la traduction de ce qu'il venait de dire, il s'exécuta sans problème.

« Hélas, Majesté, aujourd'hui, Phoebus s'est tourné en pluie. Vous êtes notre seul soleil. »

Et il attendit, mais rien ne se passa. Personne ne respirait et attendait que le roi dise quelque chose, mais au lieu de cela, ce fut le valet qui parla. Il s'adressa au roi et lui dit : « Sire, le compliment est terminé. » et ce dernier lui fit un signe de la main voulant dire qu'ils pouvaient repartir.

Dès que le cortège se remit en route, Duo se leva, n'en croyant pas ses yeux. Il s'était presque couché dans la boue pour lui faire un discours et ce roi ne lui avait même pas adressé la parole. Si Trowa n'était pas allé le chercher lui-même et ne l'avait pas sorti de l'espèce de transe dans laquelle il s'était plongée, sans doute que Duo serait resté planté là très longtemps, attendant toujours sa réponse malgré le départ du souverain. Le silence qui régnait dans la ville après la froide visite du roi était assez effrayant pour rendre quelqu'un fou. Trowa choisit donc d'emmener son ami vers le lac.

« Et c'est lui qui gouverne la France ? Cet homme qui ne remercie même pas quand on le complimente ? J'ai fait tout ça pour rien ? »

Trowa le regardait avec fascination. Rares étaient les moments où il avait vu son ami dans une telle splendeur.

« Pense que le père Martin va te laisser tranquille pour un bon moment maintenant. C'est quand même un point positif. »

« Comme si ça pouvait me remonter le moral. »

Hilde les rejoignit, assez désappointée.

« Je ne t'ai même pas vu. Il y avait la grosse femme du boulanger en plein dans mon champ de vision. Alors, qu'est-ce que le roi t'a dit ? »

« Il s'agit plutôt de ce qu'il n'a pas dit, » répondit Trowa à la place de Duo, qui ne semblait pas vouloir répondre d'ailleurs.

Un air confus traversa son visage alors qu'elle tentait de comprendre ce qui s'était passé.

« Comment un homme qui ne s'occupe pas de son peuple peut-il gouverner un pays ? Dès qu'on me laissera sortir de cet orphelinat, j'irai à Paris et je m'occuperai de toute cette politique qui n'est que bêtise. »

Hilde rit à cette idée, ne croyant pas un mot de ce que disait son ami.

« Et pour quoi faire ? » lui répondit-elle. « Une révolte ? »

Un sourire en coin se forma sur les lèvres de Duo, son visage prenant un air légèrement machiavélique tandis qu'un plan s'élaborait dans son esprit. Sur un ton des plus calme, il répondit tranquillement à la remarque de son amie :

« Non, une révolution. »

Trowa le regarda, hésitant.

« Mais tu ne connais absolument rien à propos de la politique. »

« Donc il vaudrait mieux que je m'y mette immédiatement. »

Duo se saisit d'une des branches de l'arbre près d'eux et l'utilisa pour y grimper. Alors, il leva la main gauche et dit, tel un serment :

« Moi, Duo Maxwell, je te jure solennellement, Louis XVI, que dans pas plus de dix années, tu entendras mon nom dans la bouche de tous les individus de Paris. Et ça, je m'y tiendrais.


-fin du chapitre I

Faits historiques

Le compliment dont il est question a été dit par Robespierre (homme important de la révolution qui apparaîtra dans les chapitres à venir) à Louis XVI et ce dernier n'a vraiment daigné répondre.

En 1781, Camille Desmoulins avait environ 23 ans et a grandi à Guise et non à Nanterre.

Nous ne savons pas s'il existait un orphelinat à Nanterre à cette époque.

Le père Martin n'a sans doute jamais existé puisqu'il sort de mon imagination.


Note de l'auteur : Bienvenue dans notre histoire ! nous espérons vraiment qu'elle vous plaira et nous voulons absolument savoir ce que vous en pensez. Le premier chapitre est peut-être un peu lent, mais ne vous inquiétez pas, d'autres personnages feront leur chemin à travers l'histoire dans le prochain chapitre.

À propos des Faits historiques, il s'agit d'une section qui sera présente à la fin de chaque chapitre pour expliquer les vrais faits et les modifications que nous avons apporté. Comme il s'agit d'un UA, certains faits auront été altérés puisque Duo et les autres pilotes n'étaient pas présents quand la révolution a éclaté.

Ceci étant un projet commun, prenez note que cette histoire vous sera présentée en français et en anglais, sous le nom de Liberty, Equality, Fraternity.

Merci de nous lire.


Ephemeris, Black Mirror et Little Wingz