Disclaimers: Nous ne possédons aucun des actes révolutionnaires, nous n'avons pas intenté la révolution française, les personnages utilisés ont aussi été empruntés. Ils viennent de nous ne savons pas qui, mais certainement pas de nous. Seulement, ne volez pas l'intrigue.
Titre: Liberté, Égalité, Fraternité
Auteurs: Ephemeris, Black Mirror et Little Wingz
Couples : Éventuel 1x2, 3x4, 5xMeiran, 2xHilde (sens unique).
Résumé : Plongez les pilotes de gundam au cœur de la révolution française et voyez l'intrigue se corser, des amours grandir et des cœurs se briser. Les révolutions, comme les guerres, ne sont jamais de jolies choses.
Type : Historique, Aventure, Drame. Hey, c'est une révolution!
Rating : PG-13 (un peu de violence. C'est la guerre!)
Statut : travail en progression
Warnings : YAOI! AU! Le rating risque d'augmenter. Si vous avez une recherche à faire sur la révolution française, ne vous fiez pas sur notre fic, certains détails ont été modifiés ou arrangés à notre façon pour mieux marcher avec notre histoire. Certains personnages risquent de mourir, mais ne vous inquiétez pas, les cinq pilotes resteront en vie.
Liberté, Égalité, Fraternité
Chapitre IIVitry-sur-Seine, le 15 janvier 1782
Dans une petite pièce éclairée seule par le feu de la cheminée, une odeur de thym et de romarin infusés flottait dans l'air. Une jeune femme qui ne devait pas avoir plus de trente ans, avait fait de la soupe se servant des quelques derniers brins d'herbes séchées qu'elle possédait, les laissant tomber dans la marmite pleine d'eau contaminée. Une mince couche d'une matière visqueuse s'était formé sur le dessus, la chaleur faisant bouillir le liquide. La frêle femme s'avança, une cuillère en bois à la main, et tentait d'enlever cette matière en faisant attention d'y laisser les quelques herbes qui flottaient à la surface. La soupe avait pris une couleur verdâtre et personne n'aurait pu dire si elle venait du romarin ou de la saleté que contenait l'eau avant même d'être mélangée.
Un garçon délicat était accroupis près du feu, le mur opposé supportant son dos. Il gardait ses bras tendus devant lui, espérant que le feu procurerait un peu de chaleur à ses doigts qui commençaient à s'engourdir à cause du froid. La lumière qui émanait des flammes l'éclairait, faisant danser les ombres tout autour de lui. Ses courts cheveux bruns tombaient devant ses yeux d'un bleu azure comme s'il eut gelé sur place, sa peau d'habitude tannée pâlissant de minute en minute. Il serra un peu plus la petite couverture de laine autour de ses bras, souhaitant que le vent froid ne s'y infiltre pas. Jamais il n'avait connu une nuit apportant un vent aussi frigorifiant et un ciel si sombre qu'à cet instant. Les volets fermés frappaient contre la fenêtre à cause des puissantes bourrasques de vent qui déchiraient la nuit par ses sombres gémissements.
La femme murmura d'une voix à peine presque inaudible :
« Neuf mois. » Elle prit une profonde respiration, un sifflement se fit entendre venant du fond de sa gorge. « Voilà depuis combien de temps ils sont partis. »
Le ils auquel elle faisait référence remplaçait les deux visages absents de la maison : son mari et son fils aîné.
« C'est lui qui les a envoyés là-bas, » continua-t-elle d'une voix pleine d'hostilité. « Louis n'aurait jamais dû monter sur le trône. Ce gros porc. »
Le garçon releva la tête lentement, ne répondant pas, comme à son habitude. Mais son regard prouvait, par l'étincelle qui brillait dans ses yeux, qu'il écoutait, mémorisant chaque détail et ne perdait rien de ce que sa mère pouvait dire.
« Et cette Autrichienne. Jamais un mariage politique n'a porté une aussi grande disgrâce. Le gros porc avec Mademoiselle Extravagance. Je paris que le dauphin n'est pas né de leur union, mais de la sienne avec ce Fersen. »
Elle se servit un bol de soupe, puis un autre qu'elle tendit à son fils cadet. Elle se baissa et s'installa en face de lui, lui faisant signe de manger. Prenant le bol dans ses mains, il s'exécuta, savourant la chaleur qui envahissait son corps que ce simple contact lui procurait.
« Ton père et ton frère ont été envoyés à la guerre, Heero. Ils sont allés dans ce nouveau pays, l'Amérique. Tu le réalises, n'est-ce pas ? »
Il acquiesça. Sa mère se rapprocha de lui, partageant sa propre chaleur corporelle, si minime fut-elle. Le jeune garçon ne rejeta pas cette intimité. Elle plaça sa main dans les cheveux de son fils et approcha sa tête de son épaule, le laissant s'appuyer contre son corps, l'enlaçant alors qu'elle sentait une maigre épaule se laisser aller contre sa poitrine.
« Le roi doit comploter ça depuis des années. Le fait que j'ai refusé d'épouser son frère, le comte d'Artois, l'a rendu sans pitié envers François et ma nouvelle famille. L'homme que je considérais autrefois comme mon ami, aujourd'hui, me regarde comme si je n'étais qu'un insecte, une toute petite créature sur laquelle il se permet de marcher sans aucun remord. Nous sommes vraiment traité comme les déchets de la société. »
Elle caressa gentiment la tête de son fils, glissant ses doigts dans l'amas de cheveux bruns désordonnés, tout en allant déposer un léger baiser sur son front. Même si elle ne reçut aucune réponse à son geste, elle savait très bien que, dans le cas de son plus jeune fils, les sentiments ne se disaient pas avec la bouche, mais avec les yeux.
Remplissant se cuillère de soupe chaude et l'apportant à sa bouche, elle fut arrêtée par un cognement provenant de la porte qui résonna dans toute la pièce.
Le corps de Heero sembla reprendre vie à cet instant car sa tête tourna vers la porte et il se leva pour aller répondre, sachant qu'il valait mieux pour sa mère, faible et mal nourrie, qu'elle demeure là où elle se trouvait. Heero touchait presque la poignée que les nouveaux arrivants, ne semblant pas apprécier que la réponse tarde à venir, relancèrent leur demande :
« Ouvrez au nom du roi ! »
Le visage de la jeune femme devint tout à coup très pâle. Sans que personne n'ait encore répondu, la porte s'ouvrit d'elle même et une lettre fut jetée au sol. Heero s'approcha pour prendre le morceau de papier, mais sa mère fut plus rapide que lui et s'en empara. L'ouvrant sauvagement et, malgré le fait qu'elle avait du mal à respirer et que ses mains tremblaient fortement, elle parvint à extirper le mince morceau de papier de son enveloppe. Étant issue d'un rang élevé, elle avait eu droit à une très bonne éducation grâce à laquelle elle avait appris, entre autre, à lire et elle s'était fait une joie de transmettre son savoir à ses deux enfants.
La lettre quitta ses mains et voltigea quelque peu avant d'heuter le sol, suivit d'un bruit sourd. La mère du garçon s'était effondrée sur ses genoux. Heero n'avait pas besoin de lire ce que contenait ce message.
Son père et son frère étaient morts. Le froid cruel des Amériques avait eu raison d'eux et les avait tués avec, sans doute, beaucoup d'autres.
Le roi avait finalement eu ce qu'il voulait; la mort de son père et de son frère. Herro, retournant tranquillement à la place qu'il occupait quelques minutes plus tôt près du feu sans qu'une seule émotion ne vienne prendre place sur son visage d'enfant, jura silencieusement qu'un jour il aurait sa vengeance.
Après cette tragique nouvelle, il ne fallut que très peu de temps à sa mère, pauvre femme qui n'avait pas beaucoup de force en elle-même, pour mourir de chagrin. Trop longtemps elle avait attendu leur retour; trop longtemps elle les avait pleurés; elle ne tint plus et partit les rejoindre. Heero fut pris en charge par le frère de sa mère, Odin Lowe, capitaine de la garde royale.
En France, à cette époque, l'armée était séparée en plusieurs quartiers dont la garde royale et les gardes françaises. La garde royale qui était en charge de la protection du roi et du palais royal était composée seulement d'hommes de la noblesse, tandis que les gardes françaises regroupaient des hommes issus de la population de bas niveau dont des paysans qui s'étaient entraînés à l'art de la chevalerie et des nobles n'ayant pas de titres ou de fortunes assez puissants pour accéder à l'honneur d'être de la garde royale.
Son oncle avait réussi à convaincre le roi de faire entrer Heero dans la garde royale. Ses arguments étaient qu'ainsi le jeune garçon ne serait pas porter à chercher vengeance et qu'il constituerait, dans le futur, un atout important de sa garde. Mais la vraie raison d'Odin était que Heero vivrait bien mieux comme soldat de la garde royale que comme soldat des gardes françaises.
Le roi avait trouvé l'idée merveilleuse et avait donc pris le garçon sous son aile. Mais en grandissant jour après jour si près du roi, Louis XVI, assassin de ses parents et de son frère, Heero se préparait à venger sa famille.
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Paris, le 3 avril 1789
Le niveau de pauvreté n'avait jamais été aussi bas. Le peuple français ne trouvait, pour nourrir leur ventre affamé et ceux de leur famille, que de la nourriture avariée et pas toujours suffisamment de pain pour tout le monde. Cet état faisait qu'il était très difficile de garder sa carcasse en bonne santé et en vie pour longtemps. La criminalité avait considérablement augmenté dût en grande partie par les gens aveuglés par la faim, qui étaient prêts à tout pour avoir quelque chose dans l'estomac et pour cesser de voir leur proches mourir de faim.
Le trésor royal touchait le fond à présent, ce qui n'empêchait pas que soient organisés très fréquemment de grands bals à la cour. Vivant la grande vie à Versailles, ni Louis XVI, ni Marie-Antoinette ne prêtaient l'oreille à leur peuple qui se mourrait.
Louis XVI, en qui tous les espoirs reposaient, était devenu le roi le plus exécrable que la monarchie entière ait connue.
À cette époque, les gens du peuple s'étaient regroupés en plusieurs petites organisations dont le seul but était de renverser le roi et toute la monarchie. Même si des lois existaient pour restreindre les rumeurs et les paroles malveillantes sur le couple royal, le mécontentement était si fort qu'il devenait très difficile de contenir la montée des révolutionnaires.
Sur la place des Tuileries, un homme d'une trentaine d'années était monté sur le petit muret de pierre qui entourait un lac artificiel et parlait avec véhémence à une foule de gens qui n'avaient pas droit aux privilèges. Une belle perruque très blanche et bouclée ornait sa tête, il parlait comme au théâtre, regardant les yeux de son public grandir d'admiration à chacun de ses mots. Il ne parlait pas de faiblesses, il ne parlait pas de nourriture, pas plus que d'argent. Il parlait de patriotisme.
« Mais elle existe, je vous en atteste, âmes sensibles et pures, elle existe cette passion tendre, impérieuse, irrésistible, tourment et délices des cœurs magnanimes, cette horreur profonde de la tyrannie, ce zèle compatissant pour les opprimés, cet amour sacré de la patrie, cet amour plus sublime et plus saint de l'humanité, sans lequel une grande révolution n'est qu'un crime éclatant qui détruit un autre crime. »
Un jeune homme aux cheveux longs se pencha à l'oreille d'un autre homme et lui murmura si doucement qu'il put à peine entendre :
« Où Robespierre va-t-il chercher tout ça ? »
Le blond à ses côtés répondit par un sourire et haussa les épaules en signe d'ignorance.
Un second jeune homme d'origine chinoise arriva à leur niveau et dit, sans prendre la peine de baisser le ton :
« Certaines personnes ont un cerveau qui leur sert à quelque chose, Maxwell. »
Se mettant à bouder, le dénommé Maxwell fit signe à son compagnon de se taire alors que le discours continuait.
« -cet égoïsme des hommes non dégradés qui trouve une volupté céleste dans le calme d'une conscience pure et dans le spectacle ravissant du bonheur public. Vous la sentez en ce moment qui brûle dans vos âmes; je la sens dans la mienne. »
Levant sa main au dessus de sa tête, il lança d'une voix forte et puissante :
« Elle existe ! »
Un élan d'applaudissements et d'acclamations s'éleva de l'audience. Robespierre quitta sa scène improvisée alors que la foule commençait à se disperser et rejoignit les jeunes gens qui discutaient doucement un peu plus tôt.
« Toi, mon ami, » dit le garçon aux cheveux longs, « tu es le Dieu des mots. »
Robespierre rougit légèrement, tentant en vain de se cacher derrière sa grande cape noire.
« Duo, » intervint le Chinois, « pourrais-tu laisser cet homme tranquille. Il n'a pas besoin de se faire importuner par toi à cet instant. »
« Importuner ? » Duo en resta bouche bée. « Je te ferai remarquer que je le complimentais mais il est vrai que comme toi tu ne te fais pas complimenter souvent, je peux comprendre que tu ne saches de quoi il s'agisse. »
Wufei, le Chinois, le fixa un moment.
« Un que je ne te donnerai pas, » continua Duo en tirant la langue à son interlocuteur, une habitude qu'il n'avait jamais réussi à abandonner malgré le temps.
Juste quand Quatre allait prendre le problème en main pour stopper la dispute, essayant de calmer ses amis et de faire revenir la paix, un groupe d'une demie douzaine de soldats de la garde royale, s'avança dans la foule, voulant faire une annonce au public. Celui qui semblait commander le groupe déroula le rouleau qu'il tenait dans sa main et lut son contenu à voix haute, sa voix nasillarde attirant plus l'attention que les mots qu'il prononçait.
« Laissons savoir à tous qu'aura lieu une lapidation publique dans moins d'une demie heure sur la place publique. Heero Yuy sera lapidé et tué pour avoir attenté à la vie de notre Roi, Louis XVI. Allons acclamer sa mort. »
L'homme roula l'annonce et fit signe à sa troupe de rebrousser chemin alors qu'il étaient suivis par une foule curieuse. Pour les gens du peuple du 18e siècle, il était commun d'assister à des exécutions publiques. Leur vision de la chose était comparables à aller au théâtre, sauf que le spectacle était gratuit et montrait la réalité. Personne ne s'occupait de la raison pour laquelle le pauvre diable allait mourir, ils n'étaient là que pour se distraire.
« Une lapidation, huh ? » s'exclama Duo, réfléchissant.
D'un air penaud, Robespierre regardait le sol avec un profond intérêt et dit, d'une gentille voix :
« Vas-y Duo. Il faut que je prépare mon discours de demain et tu sais bien que ces choses-là ne se font pas toutes seules. »
Le natté secoua la tête fermement.
« Non, je vais t'aider. Déjà que tu as préparé le discours d'aujourd'hui tout seul je ne vais pas te laisser encore- »
« Et tu t'es très bien débrouillé par toi-même, » ajouta Wufei. « Maxwell, il n'a pas du tout besoin de ton aide. »
Croisant les bras sur sa poitrine, Duo se tourna vers le Chinois.
« Bon sang ! C'est quoi ton problème aujourd'hui ? Tu vas arrêter de me dire quoi faire. »
Grognon, il refusa d'entendre ce que lui disait Wufei et se contenta de grommeler après lui.
Un garçon aux yeux verts s'approcha d'eux et glissa sa main autour de la taille de Quatre. Le blond posa sa main sur le bras qui l'enlaçait et resserra la prise de laquelle il était prisonnier, rougissant légèrement.
« Tu sais Duo, tout ce que tu risques de faire c'est de le distraire. »
Robespierre acquiesça inconsciemment.
« Pas toi aussi, Trowa. Qu'est-ce que je t'ai fait à toi ? »
Wufei se mit en marche, suivant la foule qui se dirigeait déjà vers la place publique.
« On en a simplement assez d'avoir à jouer les bonnes d'enfant avec toi. »
« Qu'est-ce que c'est sensé vouloir dire, espèce d'imbécile aux yeux en amende. »
Duo, qui marchait dans les pas de Wufei, lui rentra dedans, ne s'attendant pas le moins du monde à ce que la Chinois fasse demi tour pour se retrouver en face du garçon qui l'ennuyait profondément.
« Hey ! »
« Ça veut dire 'arrête d'agir comme un gamin,' espèce d'idiot. »
Duo grogna encore une fois.
« Merci, j'avais compris. J'étais de bonne humeur avant que tu ne te ramènes. »
En soupirant, Trowa et Quatre avancèrent par réflexe, Trowa posant fermement sa main sur l'épaule de Duo et Quatre tentant d'attraper Wufei par le bras pour éviter qu'il ne charge.
« Tu viens, Wufei, » commença Quatre. « Je crois que nous devrions retourner à la boulangerie. Meiran doit avoir besoin de nous. »
Trowa fit pivoter Duo pour que leurs pieds suivent le chemin de la place publique, sachant que la lapidation qui ne devait pas tarder de commencer aiderait son ami à se sortir Wufei de l'esprit.
« D'un gamin à un autre, huh ? » s'exclama ce dernier alors que le blond le faisait changer de direction.
« J'ai entendu ! » dit Duo en reculant. « J'aurai ma revanche, tu peux y compter. »
Wufei pouffa de rire.
« J'attends de voir ce que tu vas me faire. »
Traînant le Chinois le plus loin possible du garçon aux yeux violets, Quatre arrêta sa course un moment.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu t'es battu avec Meiran ? »
Fièrement, Wufei détourna la tête de la vue de Quatre, cachant son visage comme s'il boudait.
« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? »
« Elle t'a encore fait dormir dans la remise, c'est ça ? »
Aucune réponse, mais Quatre savait bien qu'il avait vu juste.
« …et tu rejettes tout sur Duo parce que Meiran a toujours le dernier mot. »
« Je rejette tout sur Duo parce qu'il le mérite ! » hurla Wufei, ne s'occupant pas du fait qu'il attirait l'attention de quelques gardes qui passait par là.
Quatre soupira, secouant la tête. Il savait bien qu'il était impossible de parler à Wufei quand il s'agissait de lui faire admettre que sa femme avait le dessus dans leur couple. Meiran était une femme difficile à vivre surtout quand on essayait de contrôler ses faits et gestes. Imaginez être son mari.
« Je te dis simplement de ne pas te fâcher avec lui. Duo n'excelle peut-être pas dans le domaine des mots et des discours, mais il peut sans grande difficulté enrager les foules. Tout le monde sera prêt à le suivre. Par son humanité, il guide les gens pour qu'ils nous accompagnent et se battent pour notre cause. Il représente pour nous un ami fidèle mais aussi un grand meneur, ne l'oublie jamais. »
« C'est justement cette humanité qui me donne le pouvoir de l'affronter. Je sais que, peu importe ce que je fais, il me pardonnera toujours. Mais je suis plus que certain que c'est aussi cette humanité qui le perdra un jour et qui causera sa chute. »
Quatre acquiesça, comprenant que trop bien ce que voulait dire son ami. Duo était quelqu'un qui avait tendance à donner très vite sa confiance et qui avait souvent du mal à bien juger les gens qui l'entouraient. Et même s'il constituait le centre de l'esprit révolutionnaire qui planait, il était également celui qui donnait le plus sa confiance.
Ils tournèrent la rue, laissant leurs inquiétudes se dissiper et entamèrent une conversation moins sombre.
« Duo pardonne et oublie toujours. »
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Retournons à Duo et Trowa.
« Oh la ! Qu'est-ce qu'il est chiant aujourd'hui, Wuffy. »
Trowa ne prit même pas la peine de répondre et d'ailleurs, il ne montrait aucun signe dévoilant qu'il écoutait le flot de paroles incessant qui s'arrêtait à peine pour respirer et encore, pas toujours.
« Alors, où on va comme ça ? » demanda-t-il en jetant un coup d'œil d'un côté.
Trowa regardait fixement devant lui, ses yeux ne bougeant pas du grand bâtiment en pierre qui se trouvait au bout de la rue. Il émit un petit bâillement en fermant à moitié les yeux. Il n'avait que très peu dormi la nuit précédente et son ami ne l'aidait pas beaucoup.
« La lapidation, » fut tout ce qu'il dit pour répondre à la question de Duo dont la réponse donna à Trowa que deux secondes de répit.
« Ce n'est pas l'endroit que je préfère, mais si j'ai le choix entre aller voir un homme se faire fouetter et se faire torturer ou rentrer à la boulangerie et me faire ennuyer par Wufei, je choisis la lapidation. »
Il leva ses mains vers le ciel, laissant voir une ligne de peau au dessus de sa ceinture de cuir et gronda avec une voix déterminée :
« Par ici la torture, cher bourreau! Je suis fin prêt à tout encaisser. »
Au moment où ils arrivèrent, fixant l'estrade installée exprès pour les tortures publiques, ils se retrouvèrent dans une large masse de Parisiens bruyants.
« D'ici, le torturé va nous sembler une petite fourmis et les instruments de torture à de petites aiguilles, » grogna Duo, un brin exaspéré par le fait qu'il allait manquer tout le spectacle s'il ne bougeait pas de sa place. Mais il lui était difficile d'avancer tant les gens se serraient les uns contre les autres.
Trowa acquiesça, se trouvant quelque peu soulagé. Il n'avait jamais vraiment apprécié ce genre de spectacle où on voit des gens en pleine agonie. Il tourna la tête, se préparant à consulter Duo, mais ses yeux ne retrouvèrent pas ceux qu'il était si habitué de voir.
« J'y ai plongé, » entendit-il d'une voix étouffée qu'il reconnut pour celle de Duo. Celui-ci s'était enfoncé dans la foule, disparaissant de la vue de Trowa chez qui se dessinait un petit sourire en coin.
Quel idiot, se dit-il à lui-même
Comme Trowa allait emboîter le pas à Duo, des chuchotements s'élevèrent de la foule alors qu'un homme se faisait traîner sur l'estrade de la place publique par un mastodonte qui ne devait être constitué que de muscles. Il était suivi par deux hommes bâtis comme lui, postés là pour se charger de prendre la situation en main si le prisonnier faisait des siennes.
Des pierres volaient déjà dans les airs, atteignant autant les gardes que l'homme arrêté sans que ceux-ci ne semblent s'en préoccuper et des cris s'élevaient de la foule.
« À bas le traître ! » hurla une femme que se trouvait juste devant Trowa, brandissant une pierre et la lançant de toutes ses forces pour blesser le prisonnier malgré le fait que la distance à laquelle elle se trouvait par rapport à l'estrade ne lui laissait pas beaucoup de chance de toucher sa cible. Comme on pouvait s'y attendre, le projectile se perdit dans la foule, frappant sans doute un pauvre diable qui devait se demander ce qui lui arrivait.
Trowa secoua la tête, une certaine déception au fond des yeux. Comme ils manquaient de nourriture, les habitants de Paris se faisaient de plus en plus violents. Une grande partie des boulangeries avaient été attaquées par des gens affamés, laissant plusieurs propriétaires morts ou gravement blessés. Quatre, Duo, Wufei, Meiran et lui-même tenaient une boulangerie et Trowa savait à quel point il était difficile d'empêcher les gens de vouloir leur mort. En fait, on les accusait de cacher du grain pour se nourrir eux-même sans considérer leurs voisins qui mourraient de faim. Bien qu'aucune preuve n'appuyait les rumeurs qui circulaient, rien n'arrêtait ces affamés tiraillés par leur ventre qui saccageaient les boutiques et qui en massacraient les propriétaires. Mais par chance, leur boulangerie n'avait pas été touchée et par cette vague de d'animaux enragés.
Un homme plus petit que les trois brutes se présenta sur l'estrade coiffé d'un tricorne et vêtu d'un pourpoint finement brodé, montrant sa qualité d'homme du monde et sa fortune sur sa poitrine. Il s'agissait sans doute de celui qui prononcerait le jugement à en juger par le rouleau qu'il tenait dans sa main. Il se redressa alors que les trois colosses s'arrêtèrent devant lui, montrant leur proie. Ces derniers dépassaient l'homme d'une bonne tête si ce n'est plus, ce qui sembla gêner l'homme qui se trouvaient devant eux. Le lançage de pierre cessa, incitant l'homme à commencer son discours de condamnation pour que l'on puisse passer à l'exécution de la sentence.
« Maudits soient les aristocrates ! » entendit murmurer Trowa avec un son rauque venant du fond de la gorge.
L'homme au tricorne déroula le texte qu'il tenait toujours et le lut d'une voix forte pour bien se faire entendre, d'un ton régulier qui ne laissait transparaître aucune émotion.
« Nous sommes ici pour célébrer la mort de ce traître, Heero Yuy, qui a comploté et tenté d'assassiner notre bien-aimé Roi, Louis XVI. »
Trowa regarda le traître en question, essayant de distinguer les traits de son visage mais tout était flou de l'endroit où il se trouvait. Tout ce qu'il arrivait à voir était sa chevelure brune qui contrastait avec le rouge carmin qui s'échappait de la blessure qu'il avait au front.
« Comme le veut la coutume, ce sera vous, chers sujets, qui infligerez la sentence à cet homme. Il s'agit d'une flagellation pub- »
L'aristocrate n'eut pas le temps de finir sa phrase car le prisonnier, Heero Yuy, ayant profité du manque d'attention de ses gardes, s'était défait de l'emprise de celui qui le tenait en lui assénant un coup de pied qui le fit tomber à genoux avant de lui cogner la tête contre le sol jusqu'à ce que le sang s'en écoule.
Les deux gardes qui étaient restés à l'arrière vinrent à la rescousse du premier mais ne furent pas assez rapide pour attraper le 'traître' car celui-ci s'était jeté dans la foule. Les gens s'étaient poussés pour laisser le passage libre au jeune homme, riant à gorges déployées.
« Attrapez-le ! » s'écria l'aristocrate, sa voix si forte et confiante quelques minutes plus tôt semblant l'avoir abandonné.
Les spectateurs rirent de plus belle en entendant cela. Cette exécution se transformait en vraie comédie et le torturé, en Arlequin.
Trowa vit la foule devant lui s'écarter d'un coup pour laisser le passage libre au prisonnier qui avait du mal à avancer à cause des blessures que son corps portait malgré le fait que la torture n'ait pas encore commencée.
Le 'traître' sembla se ressaisir accéléra le pas pour se mettre à courir à une vitesse impressionnante, surtout pour quelqu'un de blessé . Le garçon aux yeux verts le regarda venir à lui comme une étoile filante, mais il eut le temps de remarquer ses yeux d'un bleu azur et sa carrure qui semblait si frêle mais si forte à la fois.
Plusieurs femmes, au passage du prisonnier, passaient des commentaires sur le physique du garçon, le qualifiant de joli garçon et lui lançant des invitations d'escapades nocturnes.
L'aristocrate resté sur l'estrade et à qui la population faisait dos ne cessait de crier des ordres et des injures qui étaient complètement enterrés par les acclamations des spectateurs pour le fugitif qui devaient s'entendre jusqu'à Versailles. Quelques passants s'arrêtèrent pour observer ce qui se passait et participer aux rires et aux cris de la place.
Alors que Heero se rapprochait dangereusement de Trowa, la foule se referma entre les deux garçons, bloquant la retraite du fugitif et un bon nombre de spectateurs se jetèrent sur lui pour l'attraper et le faire rebrousser chemin vers l'estrade. Trowa observa la scène sans trop la comprendre. Un homme pas très loin de lui remarqua son regard interrogateur et l'informa du nouvel élément mis en jeu de la situation.
« L'aristo là-bas a dit qu'il donnerait dix louis (1) à celui qui lui ramènera ce Heero sur l'estrade. »
Une jeune femme à côté de l'homme, sans doute sa femme, ajouta :
« Le peuple est si facile à influencer. »
Trowa acquiesça, ne voyant rien à répondre à cela. Heero Yuy était revenu à sa place initiale, ses bras tenus fermement par les gardes, laissant des marques rouges sur sa peau. Bizarrement, aucune expression ne paraissait sur le visage du garçon qui devait pourtant bouillonner de rage.
Trowa émit un petit grognement, se demandant où pouvait bien se trouver Duo. Il ne l'avait accompagné que pour lui remonter le moral et maintenant, il était coincé à l'arrière, tout seul. De toute façon, il n'avait jamais vraiment aimé ce genre de 'festivités' dégradantes.
Des pierres avaient recommencé à voler vers l'estrade, la plupart manquant leur cible, mais quelques unes, plus précises, y parvinrent et frappèrent le détenu déjà bien amoché.
Après avoir bien attaché le repris de justice, un des deux bourreaux s'avança, un fouet en main. On lui avait enlevé sa chemise, exposant ainsi plusieurs blessures dues aux pierres qui l'avaient percuté, mais également dues à d'autres plaies que des gardes lui avaient sans doute infligé lors de son séjour en prison. Le tortionnaire fit un merveilleux sourire au prisonnier, découvrant ainsi les cinq dernières dents qui lui restaient en bouche.
Le fouet s'éleva dans les airs, prêt à s'abattre de toute sa force lorsqu'il fut interrompu par une voix s'élevant de la foule.
« Bon habitants de Paris, » commença la voix qui semblait très familière à Trowa. « Allons-nous rester là à regarder l'un des nôtres se faire battre à mort ? »
Trowa tourna la tête pour essayer de voir la personne qui parlait. Évidemment, il aperçut Duo monté sur les épaules d'un homme de la foule bien plus grand que lui, s'adressant à la populace. Personne n'osa répondre à sa question. Certaines personnes connaissaient Duo parce qu'il avait su se démarquer dès son arrivée à Paris par ses idées et ses idéaux de liberté, se débarrassant de la monarchie et de ses rois. Les autres, qui considéraient Duo comme un parfait étranger, le laissaient parler, ne voyant pas l'intérêt de le faire taire.
L'aristocrate et les bourreaux se retournèrent vers lui, lui lançant des regards noirs en signe d'avertissement. Mais cela n'empêcha pas Duo de continuer ce qu'il avait commencé.
« Heero Yuy s'est retourné contre le roi et on va le tuer pour ça. » Il fit une pause, cherchant les bons mots à employer puis reprit. « J'estime que, comme il a trahi le roi, il est de notre côté ! »
Des acclamations s'élevèrent de la foule tel un volcan prêt à exploser.
Quel idiot, se dit Trowa en souriant. Il a toujours maîtrisé l'art des grandes entrées.
Soudainement, les gens se ruèrent sur l'estrade, s'emparant du fouet qu'ils lancèrent dans la foule, criant contre les gardes et les écartant du prisonnier. Duo rejoignit le mouvement, encourageant les gens qui se ralliaient à sa cause. Trowa savait très bien qu'à cause de la distance qui le séparait de l'estrade, il ne pouvait qu'observer ce qui se passait sans pouvoir prendre part au soulèvement, mais sa position le satisfaisait parfaitement. Depuis le temps, il avait appris que même si Duo était impulsif et tête brûlée, il ne se ferait jamais attraper et pouvait très bien prendre les choses en main de lui-même.
Autour de lui, les gens courraient pour atteindre l'estrade et se joindre à ce qui devenait assez rapidement une émeute. Tout ce qu'il pouvait dire était que les deux gardes avaient rejoint le premier au sol et que l'aristocrate se trouvait en très mauvaise posture. En effet, Duo, ayant fait vite de volé son tricorne, tenait fermement l'homme par les cheveux, le faisant grimacer de douleur.
« Q-qui êtes-vous ? » bafouilla-t-il, la bouche si grande ouverte que même sans qu'un son n'en sorte, Duo aurait comprit la question qui lui était posée.
Bombant le torse et s'écartant de manière à se retrouver face à face avec l'homme, sa tresse battant l'air au passage, il lui lança un sourire malicieux et répondit clairement :
« Mon nom est Duo, Duo Maxwell. »
La foule se tut, ne voulant pas rater une parole de l'échange des deux hommes.
« Et maintenant, avant que je t'expédie dans le même monde que tes brutes, je t'annonce que je le prends avec moi, » dit-il en pointant du doigt Heero Yuy qui était toujours attaché près des trois colosses évanouis.
« M-mais c'est un crim-criminel. Il a… il a essayé de tuer- »
« Quelle honte y a-t-il à cela ? Il a tout simplement agit plus vite que moi. » Il sourit, ses yeux pétillant aux pensées qui lui traversaient l'esprit. « Ne t'en fait pas. La prochaine fois sera la mienne. »
L'aristocrate frissonna. D'une voix incertaine, il demanda :
« La prochaine fois pour quoi ? »
« Pour tuer le roi, évidemment ! Tu n'écoutes donc rien de ce que je dis ou quoi ? »
À peine eut-il achevé sa phrase qu'il leva son point et l'envoya dans la mâchoire de l'aristocrate sans que celui-ci ne put dire quoi que ce soit, le coup l'envoya directement dans la foule en bas de l'estrade.
Après ce détail gênant réglé, Duo se retourna pour prendre le prisonnier mais il n'était plus sur l'estrade. Il pensa que quelqu'un, après l'avoir débarrassé de ses liens l'avait tout simplement lancé dans la cohue de la foule pour qu'il puisse s'enfuir allègrement, sans penser que le jeune homme, contrairement à quand il avait tenté de fuir, s'était évanoui.
Duo profita du fait qu'il était en hauteur pour scruter le sol à la recherche du corps du prisonnier qu'il remarqua très vite, étendu sur le sol, face contre terre. Il sauta à bas de l'estrade et se précipita sur lui, s'empressant de le retourner pour éviter qu'il ne s'étouffe dans la terre et le sable qui formait le sol.
Le voyant pour la première fois de près, Duo ne put s'empêcher d'arrêter son mouvement pour regarder ce visage qui, malgré les blessures qui le recouvraient, lui sembla très beau. Il revint à lui quand les gens autour de lui se mirent à applaudir.
Il saisit alors le corps qui semblait sans vie de Heero Yuy et s'éloigna de l'estrade, retournant de l'endroit d'où il était venu, ne manquant pas d'entendre les exclamations d'admiration des gens qui s'étaient écartés pour les laisser passer.
« Il est vraiment facile d'influencer le peuple français dans ces temps désespérés. »
-fin du chapitre 2
(1) Les louis étaient une des monnaies en vigueur à cette époque.
Faits historiques
Le discours prononcé par Robespierre, qui est un personnage historique, est vrai. Il ne provient malheureusement pas de mon grand talent d'écrivaine.
Note de l'auteur : Vraiment désolée pour la grande attente que nous vous avons faite endurer. Nous espérons que nous ne vous avons pas perdus. Le prochain chapitre ne devrait pas trop tarder étant donné qu'il est presque achevé.
Réponses aux reviews :
Ali-shan -Je suis contente que notre histoire te plaise. C'est vrai qu'on s'est embarqué dans un gros projet mais on adore ça et ton review me laisse à croire que toi aussi tu aimes bien. Merci pour les encouragements et j'espère que la suite t'aura plu.
Yami Aku - Et voilà la suite ! Ça a été long mais elle est là. En espérant que tu ne penses pas avoir attendu pour rien… A plus.
Aligan - Il est vrai que tes informations sont exactes (mis à part lorsque tu dis que Louis XVI était le fils de Louis XV, car il s'agit en fait de son petit-fils) mais sache que nous n'avons pas trouvé nécessaire de parler des jeux d'argents de la reine. Notre histoire se base principalement sur l'opinion du peuple et la façon dont celui-ci perçoit la situation. De plus, nous n'avons pas fait les choses à moitié et nous avons passé beaucoup de temps à faire des recherches sur la révolution française avant même d'avoir commencé à écrire. N'oublions pas non plus que l'histoire ne met pas en vedette Marie-Antoinette mais les cinq pilotes et plus particulièrement Duo dans le premier chapitre. Mais merci pour tes encouragements et je souhaite que la suite t'aura comblée.
Vaaliyah - Après ta charmante proposition, je suis allée visiter ton site et j'y ai laissé une critique. Alors voilà la suite et à bientôt j'espère.
Ephemeris, Black Mirror, Little Wingz
