Janvier
Le congé des fêtes a été long, très long. Je n'ai cessé de penser à Draco. Je regrette la façon dont on s'est laissé la dernière fois. Il ne m'a pas écrit une seule fois de tout le congé, moi non plus d'ailleurs. J'en avais très envie, seulement, j'avais peur de lui mettre trop de pression et qu'il me laisse. Je lui ai dit : « je t'aime », il ne m'a pas répondu. Est-ce que c'est moi qui vais trop vite? Je dois absolument lui parler, et lui dire que je peux l'attendre finalement. Je lui avais promis que peu importe les épreuves je serais là et la première chose que je fais, c'est rompre ma promesse en l'obligeant à choisir entre noir et blanc. J'ai passé tout le temps des fêtes à regretter ma stupidité.
Assise dans la grande salle, je ne peux détacher mes yeux de l'espace vide entre Crabbe et Goyle et visiblement mon comportement ne passe pas inaperçu.
- Hé! Vicky, me chuchote Hermione en me donnant un léger coup de coude. Qu'est-ce que t'as à les fixer comme ça?
- Est-ce qu'ils t'ont fait quelque chose? Tu as peur d'eux? me dit Ron. Dis-le-nous et on va leur régler leur compte à ces deux gorilles. Puis tout bas il ajoute : « Il faut bien que l'A.D. serve à quelque chose ».
- Ron! Tu es préfet je te rappelle! Il est hors de question que tu fasses quoi que ce soit.
- Non, non. Ça va j'étais juste dans la lune, désolé.
Les deux me regardent comme s'ils s'attendaient à voir mon nez allonger comme Pinocchio. Visiblement, il ne me croit pas du tout. Est-ce que mon anxiété se voit tant que ça? Je refuse d'avaler quoi que ce soit. Mon estomac est complètement noué, je crains qu'il soit trop tard. Je tente d'avaler une bouchée de patate et j'entends les Gryffondors à ma table pousser une exclamation de surprise.
- Qu'est-ce qu'il veut celui-là, dit Ron.
- Tu t'es perdu Malfoy? Tu veux qu'on t'aide à retrouver ta maman peut-être?
- Et toi Potter? T'as besoin de retrouver la tienne? Ah! Mais j'oubliais elle est morte.
Ron se lève soudainement comme s'il voulait s'en prendre à Malfoy mais Hermione, à côté de lui, le retient fermement par le bras.
- Warren, le professeur Rogue te cherche.
- Rogue? Ok eeh, pourquoi?
- J'en sais rien moi, je ne fais que transmettre le message.
Je me lève aussitôt et me dirige vers l'extérieur de la grande salle. Je risque un dernier coup d'œil derrière moi avant de franchir la porte; Draco est sur mes pas et le professeur Rogue n'est bel et bien pas assis à la table des professeurs.
- Désolé pour Potter, si je n'avais pas répondu, ça aurait eu l'air louche.
Mon cœur bat très vite, j'en ai la nausée. Est-ce maintenant que tout se termine? Sans même m'en rendre compte, les mots se mettent à sortir de ma bouche :
- Je suis désolée Draco, j'aurais pas dû te mettre de la pression. Ça m'a hanté pendant tout le congé des fêtes. J'ai été vraiment stupide. On peut prendre tout notre temps, des années même. Je suis tellement désolée. Je ne voulais pas non plus te faire peur en te disant que je…que je t'aime. Oublie ça, t'as rien entendu, d'accord? Reprenons tout à zéro. On peut même…
- Victoria arrête! Calme-toi. Je n'aurais pas pris le risque de venir te chercher devant tout le monde pour te dire ensuite que je ne veux plus te voir.
Je lui ai dit tout ça sans même prendre le temps de respirer. J'en étais même essoufflée.
- Tu m'as manqué en fait. J'avais besoin de te voir là maintenant. C'est toi qui avais raison. J'ai été idiot de garder une distance entre nous, au cas où notre histoire serait découverte, pour pas avoir le cœur brisé, sans tenir compte de ce que toi tu ressentais. J'ai fait comme t'as dit. J'ai réfléchi et j'ai pris une décision.
- ...
- Je serai à toi à 100% à partir de maintenant. Tu es la seule chose de bien dans ma vie et moi aussi je t'aime, donc je refuse d'oublier ce que tu m'as dit, je voudrais même que tu le redises aussi souvent que possible.
Émue, je me précipite dans ses bras et le serre le plus fort possible contre moi. Il me repousse légèrement et instantanément, mon irritation d'avant Noël refait surface, celle d'être avec lui qu'à moitié. Puis je me détends en me rappelant qu'il y a quelques minutes à peine j'avais promis de l'attendre aussi longtemps qu'il faudrait. En plus, à l'extérieur, dans la cour du château, il y a tellement de risque que quelqu'un tombe sur nous par hasard.
- Je crois que tu m'as mal compris, dit-il. J'ai dit à 100%.
- Il prend alors mon visage entre ses mains et m'embrasse doucement.
- Je t'aime Draco!
- Redis-le.
- Je t'aime.
- Une dernière fois, s'il te plait.
- Haha idiot! Je t'aime.
- Merci!
Certains élèves furent témoins de la scène, mais personne de disons, critique. Seulement quelques deuxièmes années que nous ne connaissons pas, probablement des Serdaigle. Bien qu'il ait dit être à moi à 100%, nous avons tout de même convenu de rester discrets sur notre relation. Vous savez, être ami avec Potter et aimer Malfoy en même temps… le monde n'est pas encore prêts pour ce genre de chose.
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Les mois qui ont suivi ont été comme un conte de fée. Cendrillon qui fait ses corvées habituelles le jour (l'école) et qui le soir, se sauve en cachette pour rejoindre son prince au bal (dans notre cas, la salle de classe vide du 2e où nous nous voyons en cachette ou encore l'espace derrière la statue d'un sorcier avec un énorme chapeau près de la tour d'astronomie où nous pouvons nous glisser le temps d'un baiser entre deux cours. C'est un jeu compliqué, mais un peu excitant à la fois. Draco m'a promis d'agir plus « modérément » avec mes amis. Je ne lui en ai pas encore parlé, mais l'an prochain, si tout se passe bien entre nous, je vais tenter subtilement de faire comprendre à mes amis que Draco est une meilleure personne que ce qu'ils pensent pour enfin leur annoncer la nouvelle. Pas question de rester dans l'ombre toute notre vie.
