Soif de vie
Disclaimer : Tout l'imaginaire de JK Rowling lui appartient, sauf Sophia et son entourage.
J'ai oublié de dire un grand merci à Tortoise, ma relectrice ! Pour ses corrections, son aide, et son résumé bien meilleur que le mien ;-) !
Bonne lecture !
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Chapitre II : Une de trop
Il s'est passé une chose incroyable. Si incroyable qu'au moment où la nouvelle s'est répandue, on ne reconnaissait plus le château. Tous les élèves criaient, pleuraient, riaient. Il y en avait dans tous ses sens, courant dans les couloirs. Et c'était l'euphorie générale.
Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est mort ! C'est la fin de la guerre !
Evidemment, là on ne va pas se mettre à pleurer. Remarquez, justement c'est ce qui me pose un problème : McGo, Dumbledore et d'autres profs ont l'air heureux, bien sûr, mais ils ne sautent pas de joie, eux. Comme s'ils s'y attendaient… J'ai vraiment trouvé ça bizarre.
Mais en fait, j'ai compris le pourquoi du comment après. Au repas, ce midi, Dumbledore a fait son éternel discours. C'est comme ça qu'on a appris que c'était un bambin d'un an qui avait vaincu le Lord Noir ! Un an, nom d'un chaudron ! Si ce n'était pas Dumbledore, je le traiterai de fou. Encore que même Dumbledore… Mais j'en reviens à mon énigme. Il se trouve que ce charmant bambin est le fils de Lily Evans et de James Potter qui s'étaient mariés à la fin de leurs études. Et eux, par contre, n'ont pas survécu.
Ça a fait un choc à tout le monde quand on l'a su. Enfin, peut-être pas à tout le monde parce que les petits ne les ont jamais connus mais même nous, alors que nous entrions juste à Poudlard quand ils commençaient leur septième année, on se rappelle clairement de la terrible préfète-en-chef et de son homologue masculin, devenu son copain cette année-là d'ailleurs. Il paraît qu'avant ils ne pouvaient pas se voir en peinture. Ça devait donner… Et puis justement, James… James Potter et la bande des Maraudeurs. Les quatre gars les plus côtés de tout Poudlard. Les quatre Gryffondor – eh oui, de ma Maison ! – que toutes les filles adoraient. Ce qu'on a pu en rêver des Maraudeurs… Au moins, quand ils étaient là, on ne s'ennuyait pas. Après leur départ, d'autres ont bien essayé de prendre la relève mais aucun n'a réussi aussi bien qu'eux à mettre la pagaille sans trop se faire prendre par la McGonagall.
- Qu'est-ce que tu vas faire samedi, Sophia ? me demanda soudain Beth.
- Hein ? B'en mon devoir de Métamorphose, comme tout le monde, non !
- Ton devoir de… ? Mais t'es pas folle ! Tu n'as pas entendu Dumbledore ?
- Heu…
Il se trouve que j'avais décroché du discours au moment où il annonçait que les Potter n'avaient pas survécu, à part bien sûr leur super héros de bambin.
- Oh, Sophia, tu es désespérante ! s'exclama Anna d'un ton las, tandis que Beth pouffait à côté de moi. Le Ministère a annoncé trois jours fériés pour toute la communauté sorcière ! Et Dumbledore a dit que les élèves pouvaient repartir dans leur familles. Il faut que tu demandes à tes parents un Portoloin, tu ne vas quand même pas rester à l'école !
- Ah, d'accord ! Super ! Trois jours, c'est génial !
- N'est-ce pas ? dit Beth avec un sourire moqueur. Alors, tu fais quoi samedi ? Moi je vais demander à mes parents de me laisser faire une fête, vous viendrez ?
- Ouais, répondis-je en parfaite synchronisation avec Anna.
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Me voilà repartie chez moi, pour la plus grande joie de mes parents qui pensaient pour une fois être tranquilles. Soi-disant que s'ils avaient été à ma place, ils auraient profité de ces trois jours pour rester à l'école et réviser mes BUSE. Non mais et puis quoi encore ? Réviser des BUSE en novembre ! A-t-on jamais vu ça ? Je ne suis pas une Serdaigle moi !
Mais ça c'est le mot de trop… En fait, ils n'ont pas digéré le fait d'avoir une fille Gryffondor et non pas Serdaigle. D'ordinaire ce comportement est plutôt l'apanage des Serpentard mais que voulez-vous, mes parents sont un peu spéciaux.
Bref j'ai réussi à les énerver. Résultat : interdiction de sortir et donc d'aller chez Beth demain. Nom d'une Mandragore aphone ! Mais pourquoi je ne suis pas orpheline moi aussi ? Tiens… peut-être qu'ils pourraient adopter le petit Potter, comme ça ils me lâcheraient un peu le chaudron… C'est à envisager, ça… Qui a dit que je n'étais pas l'intelligence incarnée ?
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Quoi qu'il est soit en ce moment, tout le monde sort, va voir ses amis, ses parents. On a l'impression que ça faisait des années qu'on ne vivait plus. Peut-être parce que justement, ça faisait des années qu'on ne vivait plus…Maman m'a raconté un jour – l'une des rares fois où ma mère se soucie de m'apprendre autre chose que des sorts ou autres joyeusetés susceptibles de me rendre première de classe – qu'une famille qu'elle connaissait s'était déchirée parce que le père soupçonnait son fils d'être un Mangemort. Et ça ne devait pas arriver qu'une fois ce genre de situations en temps de guerre.
Mais ce soir c'est encore la fête, et moi évidemment je n'ai pas le droit de sortir. Le village est trop loin, tu es trop jeune, patati patata… Trop jeune ? Non mais et puis quoi encore ? J'ai quinze ans par Merlin ! A quel âge vont-ils me considérer comme sortie de l'enfance ? Quand j'aurai mon premier gosse ! Mes parents sont vraiment des… je sais pas quoi… Des fois je me dis que Trelawney aurait plus d'instinct parental qu'eux. Trewlawney – Sybille de son petit nom – c'est la prof de Divination. Elle est arrivée cette année apparemment. On se demande bien pourquoi Dumbledore l'a engagée, vu qu'elle n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler un professeur compétent. C'est une vieille folle dont le cerveau est un peu trop ramolli par l'encens qui empuantit sa salle de cours. Mais elle au moins, je suis sûre qu'elle me comprendrait mieux que ceux que j'appelle parents.
Et en parlant d'eux ! J'ai vite compris pourquoi j'avais eu le droit à la tête des mauvais jours quand je suis rentrée de Poudlard : ils ont été invités à une soirée, sans enfants évidemment. Comme si j'avais envie d'aller à un dîner entourée de leurs quinquagénaires d'amis. Mais du coup, alors que tout le monde fait la fête, moi je suis cloîtrée chez moi. Quand je pense que toutes mes amies sont en train de s'amuser chez Beth… Finalement j'aurai préférer que le Ministère n'annonce pas cette semaine de congé pour toute la communauté sorcière. Au moins, à Poudlard, je n'aurais pas été aussi seule qu'un Graphorn des Montagnes.
Nom d'une goule enrhumée, c'est vraiment mort ici ! Je tourne en rond dans la maison. Et pour compléter l'horrible tableau de cette soirée, la RITM a annulé mon émission préférée – évidemment, les animateurs sont partis faire la fête.
Ah, mais qu'ouïe-je ? Du bruit dans ce morne cimetière qu'est mon village paumé… Et des feux d'artifice en plus ! Ça fait un halo de lumière sur la forêt qui sépare le bourg de notre maison. En fait, ça a l'air de venir de chez les Dewett, une des familles sorcières de notre village. Les moldus vont encore se demander ce qui se passe… Mais moi j'ai bien envie d'y aller… Il doit y avoir plein de monde, et puis je pourrais voir David, le fils Dewett, un ancien Gryffondor qui vient de finir ses études et avec qui je m'entendais très bien. A coup sûr il est revenu chez ses parents pour ces trois jours.
Mes parents ne reviendront pas avant une ou deux heures, ce qui me laisse au moins trois heures devant moi… ça peut se faire. En plus ils ne remarqueront absolument rien puisqu'ils ne savent même pas que je connais toutes les alarmes du jardin. Le seul problème c'est d'y aller… mais j'ai mon vieux vélo – mes parents affectionnant beaucoup les inventions moldues pratiques m'en ont offert un pour mes treize ans – et j'ai assez joué dans la petite forêt quand j'étais enfant pour la connaître comme ma poche.
Ni une, ni deux (c'est peut-être ça que papa appelle l'impulsivité gryffondorienne) je sors dans le jardin, j'allume les deux phares par un sortilège Lumos un peu trafiqué – personne n'ira vérifier que j'ai fait de la magie – et j'enfourche mon vaillant destrier. Heureusement que je connais ce sort, et la forêt, parce que même comme ça j'ai la frousse dans cette nuit sans lune. Le vent du nord qui fait bouger les grandes ombres noires des arbres me fait frissonner, de froid autant que de peur. Pourtant il n'y a rien à craindre, je connais le chemin par cœur. Je ne compte même plus mes sorties nocturnes pour aller aux fêtes du village, ou tout simplement me promener dans la forêt, observer les hiboux sauvages – mes animaux préférés – ou…
Nom d'une troll unijambiste ! Une forme sombre vient de se mettre au milieu du chemin et en voulant l'éviter j'ai percuté un arbre. Mais qu'est-ce que…? Un animal peut-être ? En fait, non… un éclair rouge a failli me frapper en pleine poitrine… Mais c'est qui ce malade ? Je tente d'attraper ma baguette que j'ai coincée dans la poche arrière de mon jeans, mais je l'ai tellement bien coincée que je n'arrive plus à l'en sortir. D'autres éclairs essayent de m'atteindre. Du coup je fais une sorte de danse de saint gui, les mains derrière le dos. Ça pourrait être comique, mais là je n'ai pas vraiment envie de rire, et l'autre non plus… Maman ! Qu'est ce que je fais là ! Soudain, victoire ! J'ai réussi à détacher ma baguette ! Mais… oh non ! En l'extirpant de ma poche je n'ai pas vu l'éclair me frapper.
Immobile, je me sens tomber lentement… très lentement… j'ai l'impression que ça dure une minute… et je tombe lourdement, ma tête heurtant le sol caillouteux. Je vais me faire incendier par les parents… et c'est le noir complet.
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La suite, la semaine prochaine...
