Disclaimer : Rien d'Harry Potter ne m'appartient, si c'était le cas je serai une femme, je serai plus âgé et bien plus riche. Cette fanfiction est une œuvre originale de White Squirrel du nom de 'The Accidental Animagus' (/9863146/). Merci à lui de me permettre de traduire ses textes!
T/N: Ce chapitre n'est pas forcément le plus long que j'ai traduit, mais c'est probablement l'un de ceux m'ayant demandé le plus de recherches au niveau vocabulaire et jargon précis à un domaine.
J'ai fait en sorte de ne pas mettre de notes dans ce chapitre pour garder l'immersion parfaite, cela me semblait important. Si vous avez des questions sur certains éléments, une petite review et je vous répondrai.
Sirius fut amené enchaîné devant le Magenmagot. Il vacillait alors qu'il était pratiquement traîné par les Aurors, gardant la tête baissée pour voir approximativement là où il marchait et ne pas trébucher. Il fut guidé jusqu'à l'une des deux chaises en métal au centre de la chambre, et les chaînes se mirent aussitôt en mouvement pour l'immobiliser. Une fois assis, sa tête s'affaissa un peu sur le côté, et il leva les yeux pour la première fois… pour trouver immédiatement les yeux verts uniques de Lily Potter.
Oui, c'était ses yeux assurément, aussi certain qu'une chose puisse l'être, et le visage dans lesquels ils se trouvaient était le visage de James lorsqu'il était enfant.
"Harry…?" articula-t-il silencieusement, échouant à produire le moindre son. Ce ne pouvait être que son filleul. Mais le garçon était assis avec une famille qu'il ne reconnaissait pas – une fille de son âge avec des cheveux bruns touffus, une femme aux cheveux plus sombres mais tout aussi touffus qui était clairement sa mère, et probablement son père avec elles. Les deux enfants portaient des robes de Poudlard, et Sirius nota avec une étincelle de fierté, qu'il pensait avoir depuis longtemps perdu, que celles-ci étaient bordées de rouge. Une cohorte de rouquins derrière eux ne pouvait être que les Weasley.
Mais ce qui lui coupa le souffle était ce qu'il voyait dans les yeux d'Harry. Après ce qu'on avait dû raconter au garçon, ils auraient dû être emplis de haine, mais ils ne l'étaient pas. Ils paraissaient plutôt contenir un jugement incertain ainsi qu'un soupçon de… était-ce de la pitié? Était-il possible qu'il soit déjà au courant?
Il regarda à côté de lui et vit Lunard – Lunard, qui avait tout autant le droit de le haïr, mais cela ne semblait pas être le cas chez lui non plus. Il paraissait nerveux et confus, assis là dans ses vêtements usés jusqu'à la corde. Il savait aussi quelque chose. Mais qu'avait-il bien pu se passer? Sirius n'osait pas espérer…
"Auror Shacklebolt, amenez le second prisonnier," ordonna une voix devant lui. Son regard se reporta devant lui pour voir Amelia Bones présider la cour (elle devait être en charge du Département de la Justice Magique, maintenant), avec le vieil Albus Dumbledore assis à côté d'elle. Un murmure de confusion s'éleva. Et puis il y eût des exclamations incrédules éparses au sein des membres du Magenmagot. Sirius se dévissa le cou pour voir qui avait été amené, et il put en croire ses yeux.
"Peter!" tenta-t-il de crier, mais il fut pris d'une quinte de toux. Le rat était là! Il tira sur ses chaînes, voulant l'étrangler sur place, mais il se reprit. Tout ce dont il avait besoin était de Veritaserum, et c'en serait fini. Oui, le rat aurait finalement ce qu'il méritait. Sirius se mordit la langue pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un rêve, mais bien sûr, à Azkaban, il n'aurait jamais eu un si beau rêve.
"Peter, espèce de traitre!" aboya Sirius.
"Moi? C'est lui! Il est le traitre!" s'écria Peter en retour, ses mots rapides, comme le couinement d'un rat. Il tira également sur ses propres liens.
"Silence!" tonna Amelia Bones. Sirius et Peter s'arrêtèrent tous les deux de crier. "Qu'il soit noté que le second prisonnier devant le Conseil aujourd'hui est Peter Pettigrow." Des exclamations traversèrent la salle, qui furent réduites au silence par le bruit d'explosion produit par sa baguette.
Sirius commença à examiner minutieusement la salle d'audience. Il observa le reste du Magenmagot. Augusta Londubat occupait le siège de son fils. Sirius savait ce qu'il s'était passé à cause des vociférations de Bellatrix. Il tressaillit lorsqu'il repéra Andromeda. Merde, il avait oublié à quel point elle ressemblait à sa sœur. Elle occupait le siège qu'il avait précédemment vu occuper par James – sans surprise – elle était le choix logique pour servir de mandataire. Et Narcissa était assise à son siège! Est-ce que sa mère avait finalement passé l'arme à gauche? Barty Croupton et Cornelius Fudge étaient aussi présents, le fusillant du regard. Ils devaient encore être à la tête du Ministère. Il se demanda si l'un des deux était devenu Ministre. D'autres étaient présents dans l'audience. Alastor Maugrey montait la garde. Il semblait avoir perdu un œil depuis la dernière fois que Sirius l'avait vu, et il avait à présent un remplacement magique qui fichait vraiment les jetons et parcourait constamment la pièce. A côté de lui se trouvait une fille aux cheveux roses qui ne pouvait être que Nymphadora. Une apprentie Auror? Il en aurait presque éclaté de rire. Plus loin se trouvait une journaliste blonde vêtue de robes vert citron absolument hideuse, paraissant excessivement jubilante à la tournure des évènements, dont la plume écrivait toute seule devant elle.
Mais Sirius fut rapidement tiré hors de ses réflexions par ce que dit Bones : "Peter Pettigrow a été appréhendé la nuit dernière à Poudlard, Ecole de Magie et de Sorcellerie –"
"Quoi!" s'écria Sirius, et il ne fut pas le seul à élever la voix. Il se retourna vers Harry pour se convaincre que le garçon n'avait rien.
"De l'ordre!" rugit Bones avec un autre claquement de sa baguette. "Il a été appréhendé suite à l'intervention de Lord Potter ici présent – De l'ordre! De l'ordre j'ai dit – ! Qui a remarqué le comportement suspect du rat de compagnie d'un camarade de – Je demande de l'ordre! En conséquence de cette arrestation, M. Pettigrow est à présent chargé de manquement à s'enregistrer en tant qu'animagus, d'utilisation criminelle de la capacité d'un animagus et d'appartenance à un groupe terroriste hors-la-loi." Avant que qui que ce soit ne puisse réagir à ce dernier élément, elle interpella. "Auror Shacklebolt!"
Le gigantesque Auror s'avança vers un Pettigrow attaché et arracha la manche de l'homme, révélant la Marque Noire.
La salle tomba dans un chaos total.
Sirius réfléchissait à toute vitesse, ne remarquant qu'à peine les cris et invectives autour de lui. "Quoi?" s'étrangla-t-il. Juste… quoi? Peter s'était trouvé à Poudlard? Avec un camarade de classe d'Harry? Très probablement dans le même dortoir qu'Harry? Et Harry l'avait personnellement révélé au grand jour?! Comment cela pouvait-il être possible? Est-ce que Remus lui avait dit quelque chose?
Personne n'entendit Shacklebolt prononcer les mots "Preuve pour la défense, pièce à conviction numéro une," en référence à la Marque de Pettigrow, puisque Lucius Malfoy et consorts protestaient à grand bruit avec tous les arguments à leur disposition, tandis que la moitié des libéraux et des modérés demandaient à savoir comment un Mangemort avait pu éviter la capture pendant si longtemps et s'infiltrer dans l'école. L'un des conservatifs, Lord Jugson, exigea l'arrestation des Weasley comme en tant que complices de Pettigrow, ce qu'Andromeda et Augusta Londubat protestèrent. Lord Nott réclama qu'Harry soit interrogé, ce qui fut éventuellement rejeté comme superflu. Lorsque Madame Bones parvint finalement à ramener le calme au Conseil, elle poursuivit immédiatement au procès.
"Lord Sirius Orion Black," dit-elle, "vous êtes par la présente accusé des crimes suivants : appartenance à un groupe terroriste hors-la-loi, haute trahison, deux comptes de complicité de meurtre au premier degré à l'encontre de Lord James Potter et Lady Lily Evans Potter, conspiration afin de commettre un meurtre au premier degré sur la personne de Harry James Potter, violation majeure du Code du Secret Magique, utilisation illégale de magie Obscure, tentative de meurtre au premier degré sur la personne de Peter Pettigrow, et douze comptes de meurtres au second degré à l'encontre de…" et là, Madame Bones nomma les douze victimes moldues du maléfice de Peter. "Lord Black, que plaidez-vous?"
La voix de Sirius était devenu faible et fatiguée, mais il semblait déterminé lorsqu'il répondit : "Non coupable à tout."
"Vous soumettrez-vous à un interrogatoire sous Veritaserum?"
"Oui."
C'est à ce moment que Lord Malfoy se leva à nouveau et dit, "Je me dois d'objecter, Madame Bones. Lord Black est suspecté d'être un Occlumancien compte tenu de ses antécédents et du fait qu'il soit cohérent à peine quelques heures après avoir été transféré d'Azkaban. Par conséquent, son témoignage sous Veritaserum ne peut être considéré comme fiable."
Il y eût de nouveaux cris à travers la pièce puisque beaucoup de libéraux protestaient ses propos, mais jouer la carte d'Azkaban avait été une bonne idée, Sirius devait l'admettre. La plupart des prisonniers prenaient des semaines à récupérer d'une longue sentence. Cela soulevait juste assez de suspicion pour faire abandonner l'idée. Qui aurait cru que Patmol se retournerait contre lui un jour? Bien sûr, il avait quelques notions d'Occlumancie, mais pas suffisamment pour contrecarrer le Veritaserum.
"Je douterai de la capacité de quiconque à protéger adéquatement son esprit après si longtemps à Azkaban, Lord Malfoy," contra Andromeda.
"Nous devrions faire cela dans les règles, ne pensez-vous pas?" dit un homme à l'air bien trop suffisant qui se révéla être Lord Smith. "En particulier après avoir découvert cette malheureuse négligence d'il y a une décennie. J'appelle à un vote pour l'admissibilité du témoignage de Lord Black."
"Secondé," lança une sorcière que Sirius ne reconnut pas.
"Très bien," dit Madame Bones. "Pour l'admissibilité du témoignage de Lord Black sous Veritaserum: tous ceux favorables… tous ceux contre…" Le vote fut serré, mais une défaite claire et nette. "La motion n'est pas supportée. Je rappelle cependant au Conseil que nous avons un témoin des évènements en question. Peter Pettigrow, vous soumettrez-vous à un interrogatoire sous Veritaserum en tant que témoin de la défense?"
"N-non, non je refuse. Je ne défendrai pas ce traître," dit le rat. Sans surprise, bien sûr. S'il avait eu l'argent ou les alliés politiques, Peter aurait pu tout avouer et plaider l'Imperius, seulement Sirius l'aurait quand même tué. Mais puisqu'il n'avait ni l'un ni l'autre, tout ce qu'il pouvait faire était nier et espérer que Malfoy et Nott lui viennent en aide pour sauver leurs propres peaux.
"Il me semble que le témoignage des témoins présents sur la scène seront amplement suffisants pour régler cela, Madame Bones, même avec ces… surprenantes révélations quant à M. Pettigrow. N'êtes-vous pas d'accord, M. le Ministre?" dit Lord Malfoy, lançant un regard éloquent à Cornelius Fudge. Il avait la réponse à une question. Sirius fit le rapprochement et se jura de garder un œil sur ce Ministre si jamais il arrivait à s'en tirer.
"Madame Bones," interpela l'Auror avant que Fudge ne puisse répondre.
"Auror Shacklebolt."
"Je souhaiterai soumettre une preuve pour la défense, la pièce à conviction numéro deux." Il montra une fiole contenant un liquide argenté. "Mes propres souvenirs de l'interrogatoire de Peter Pettigrow sous Veritaserum, observé par moi-même, Auror Scrimgeour et la Présidente de ce Conseil."
"Objection! Auto-incrimination!" s'écria Lord Malfoy.
"Madame Bones, je souhaite rappeler au Conseil l'Acte d'Uniformisation des Procès de 1816, qui permet l'admission d'un témoignage sous Veritaserum lorsque celui-ci est collecté avec raison suffisante et restreint à des questions pertinentes aux charges documentées. Je rappelle aussi au Conseil de l'Acte sur les Crimes de Guerre de 1980, donnant une latitude considérablement étendue dans les affaires impliquant des crimes de guerre, ce qui inclut le cas présenté devant le Conseil en ce jour."
Sirius vit Harry et la famille assise près de lui afficher une mine surprise à cela. Ils commencèrent à chuchoter longuement avec le mari d'Andromeda à ce sujet. Cela semblait étrange qu'ils ne connaissent pas cette loi. Peut-être que la fille était une Née-Moldue, songea-t-il sans vraiment y prêter attention.
"Madame Bones, j'appelle à un vote pour l'admissibilité de cette preuve," dit Lord Malfoy, ne prenant même pas la peine d'argumenter contre cela. Il était en train de réaliser qu'il avait été mené dans cette direction depuis le début. Lord Nott seconda, mais le vote alla solidement dans la direction de Sirius. Peu, en-dehors des alliés de Malfoy, auraient sympathisés avec un Mangemort marqué.
"La motion est supportée, et la preuve est admissible. M. Croaker, je vous prie d'entrer."
Les portes du la pièce s'ouvrir une seconde fois, et Algernon Croaker, le Directeur des Indicibles, entra avec un large bassin de pierre qui semblait être rempli d'eau. Croaker dirigea un court hochement de tête vers sa belle-sœur, Augusta Londubat, lorsqu'il entra. Il semblait être d'un genre plus affable qu'elle ne l'était, un peu comme un plus jeune Dumbledore, et ce jusqu'au scintillement de ses yeux, mais en ayant un sens de l'esthétique bien moins excentrique et en gardant ses cheveux grisonnant et son bouc coupés courts. Mais la majeure partie de la salle était concentrée sur l'artéfact qu'il amenait. Une Pensine n'était pas si communément utilisé par le Conseil, puisque les projections étaient généralement difficiles à regarder, et, en toute honnêteté, le témoignage sous Veritaserum était presque toujours suffisant. Mais le Département des Mystères en conservait une spécialement pour ce genre de situation. Il amena l'artéfact à l'avant de la pièce et prit la fiole des mains de Shacklebolt.
"M. Croaker, avez-vous inspecté la preuve?" demanda Bones.
"Oui, Madame."
"Les souvenirs ont-ils été modifiés de quelques façons que ce soit?"
"Non, Madame."
"Bien. Je tiens à vous prévenir que le témoignage que vous vous apprêtez à entendre est des plus perturbants," dit-elle. "Si certains spectateurs souhaitent quitter le procès pour la suite, qu'ils le fassent maintenant." Elle fixait Harry directement. La famille de la fillette conféra à voix basse pendant une minute, mais Harry semblait catégorique quant à sa présence, et la fille semblait insister pour rester avec lui. Quelques personnes décidèrent de partir, et cela sembla être un rude combat pour la petite Weasley (une fille Weasley?) pour ne pas être envoyée hors de la pièce.
Lorsque les sorcières et sorciers qui le souhaitaient furent partis, Bones dit, "Lancez le souvenir, je vous prie, M. Croaker."
L'Indicible hocha la tête et versa le liquide argenté dans la Pensine. Il la laissa tournoyer un moment, tira sa baguette et en toucha la surface. Une image fantomatique de la tête et des épaules de Pettigrow s'éleva du bassin, son apparence exactement la même que maintenant, à l'exception du fait qu'il luttait contre une personne invisible qui essayait de l'immobiliser. Le souvenir commença Pettigrow se faisant administrer de force trois gouttes d'une certaine potion et devenant étrangement immobile. Puis, un écho de la voix d'Amelia Bones commença à parler.
"Quel est votre nom?"
"Peter Pettigrow," répondit la projection d'un ton plat et monotone.
"Êtes-vous un Mangemort?"
"Oui."
"Quand avez-vous été marqué en tant que Mangemort?"
"Le 30 Octobre 1981."
"Qu'avez-vous fait pour recevoir la Marque Noire?"
"J'ai trahi les Potter en faveur du Seigneur des Ténèbres."
"Il y eût des exclamations dans la pièce à cela tandis que les nouveaux doutes quant aux évènements de 1981 commençaient à se confirmer.
"Comment avez-vous trahi les Potter?"
"J'ai révélé au Seigneur des Ténèbres l'endroit où ils se cachaient sous un sortilège de Fidelitas."
"Vous étiez le Gardien du Secret?" C'était la voix de Shacklebolt qui avait posé cette question.
"Oui."
"Ce n'était pas Sirius Black?" demanda une autre voix, probablement celle de l'Auror Scrimgeour.
"Non."
Sirius reporta son regard sur Harry. Une expression d'horreur avait envahi son visage, et les gens autour de lui ne paraissaient guère mieux.
"Qui a lancé le Sortilège de Fidelitas?" se fit à nouveau entendre la voix de Bones.
"Lily Potter."
"Pourquoi Lily Potter a-t-elle fait de vous le Gardien du Secret alors qu'il était cru qu'il s'agissait de Sirius Black?"
"James et Lily voulait que Sirius soit le Gardien du Secret, mais Sirius pensait que c'était trop évident. Il leur a dit qu'il prétendrait être le Gardien du Secret, mais qu'il échangerait secrètement avec quelqu'un d'autre. Il m'a suggéré comme étant une personne bien moins probable."
Sirius commença à pleurer.
"Est-ce que quelqu'un d'autre était au courant de ce changement?"
"Non."
"Pourquoi cela?"
"Ils voulaient qu'un minimum de personnes soient au courant. Ils savaient que quelqu'un près d'eux était un espion, mais je pense que Sirius suspectait Remus."
Il y eût le son de pages étant tournées. "Pour nos archives, vous faites référence à Remus Lupin, correct?"
"Oui."
Sirius entendit Remus émettre un sanglot à cette révélation. Suffisamment d'yeux s'étaient tournés vers l'homme pour qu'il soit évident de qui il s'agissait.
"Pourquoi avez-vous trahi les Potter?"
"Le Seigneur des Ténèbres m'avait ordonné de lui amener toute information disponible quant à leur localisation."
"Pourquoi travailliez-vous pour Vous-Savez-Qui?"
"J'avais peur. Le Seigneur des Ténèbres m'avait traqué et menacé un an plus tôt. Il m'avait dit que je devais le servir en tant qu'espion ou mourir dans d'atroces souffrances. Je pensais déjà qu'il allait gagner, alors – "
"Lâche!" cria Sirius par-dessus le souvenir.
"Silence!" claqua Shacklebolt, le touchant de sa baguette.
"Qu'a fait Vous-Savez-Qui après que vous lui ayez révélé l'emplacement des Potter?"
"Le Seigneur des Ténèbres m'a marqué cette nuit-là et a dit qu'il avait des plans à préparer. La nuit suivante, il m'a ordonné de l'escorter jusqu'à leur résidence, ce que j'ai fait. Il m'a ordonné d'attendre à l'extérieur tandis qu'il entrait…"
"Que s'est-il passé après ça?"
"J'ai entendu James criait, 'Lily, prends Harry et pars! C'est lui! Vite! Cours! Je vais le retenir – '"
Il y eût encore plus d'exclamations dans la pièce tandis que les gens restaient figés dans leur siège par une fascination morbide, personne plus que Sirius lui-même, à part peut-être Harry.
"J'ai vu la lumière de sorts. Je pense que le seigneur des Ténèbres utilisait surtout des Maléfices de Mort. Tout s'est arrêté après à peine quelques secondes. Encore quelques secondes plus tard, j'ai entendu Lily crier : 'Pas Harry, pas Harry, pitié pas Harry!' puis, 'Pas Harry, je vous en prie, prenez-moi, tuez-moi à la place – ' et puis, 'Pas Harry! Je vous en prie… ayez pitié… ayez pitié…'"
Malgré le ton monotone de Pettigrow, ou peut-être à cause d'eux, ces mots étaient la chose la plus sinistre que Sirius ait jamais entendu. Pas même durant tout son temps à Azkaban son esprit avait-il généré un scénario aussi terrible. A travers ses propres larmes, il vit que le visage d'Harry était enfoui dans la poitrine de la femme aux cheveux broussailleux, et Remus avait couvert son visage de ses mains. En fait, la plupart des spectateurs avaient versé au moins une larme ou deux en entendant les derniers mots de Lily Potter.
"Après ça, j'ai vu la lumière d'un Maléfice de Mort deux fois de plus," continua Pettigrow inexorablement, "mais après la seconde, la maison a explosé. Je me suis précipité à l'intérieur, mais je n'ai trouvé aucune trace du Seigneur des Ténèbres. Je n'ai trouvé que sa baguette. Je l'ai prise et j'ai transplané."
"Vous avez la baguette de Vous-Savez-Qui?" intervint la voix incrédule de Shacklebolt.
"Non."
"Où se trouve la baguette de Vous-Savez-Qui?" demanda Bones après un moment.
"Dans un conduit de canalisation inutilisé des égouts de Salisbury."
Il y eût quelques bredouillements et toux dans le souvenir à ses mots.
"Avez-vous tué douze moldus à Salisbury?"
"Oui."
"Comment?"
"J'ai lancé un Confringo sur une plaque couvrant une valve de gaz dans la rue, causant ainsi une explosion."
"Donc notre couverture d'une explosion de gaz était en fait une véritable explosion de gaz?" dit Scrimgeour.
La question n'était pas destinée à Pettigrow, mais il répondit néanmoins "Oui."
"Comment vous êtes-vous échappé?" demanda Bones.
"J'ai utilisé le Sortilège du Bouclier pour me protéger, je me suis coupé un doigt pour faire croire à ma mort, j'ai pris ma forme de rat et je me suis échappé par un trou dans menant aux égouts."
"Vous êtes un animagus rat?"
"Oui."
"Êtes-vous recensé?"
"Non."
Il y eut un moment de flottement durant lequel l'Amelia Bones du souvenir sembla changer d'angle.
"Avez-vous vu Sirius Black tuer quelqu'un ce jour-là?"
"Non."
"Avez-vous vu Sirius Black essayer de tuer quelqu'un ce jour-là?"
"Seulement moi."
"Avez-vous vu Sirius Black briser le Code du Secret Magique ce jour-là?"
"Oui."
"Comment donc?"
"Il a transplané, a brandi sa baguette et tenté de me lancer un maléfice devant des moldus."
"Sirius Black a-t-il un jour été un Mangemort, à votre connaissance?"
"Non."
Le souvenir s'interrompit abruptement, et un silence pesant s'abattit sur le Magenmagot. L'horreur de ce qui avait été fait à Sirius commençait à leur apparaître lentement. Même Malfoy savait qu'il n'y avait aucun moyen de faire marche arrière. Au moins, Pettigrow n'avait donné aucun nom. Andromeda se leva pour prendre la parole, mais Madame Londubat la prit de vitesse : "Madame Bones, je propose que toutes les charges à l'encontre de Lord Black soient abandonnées immédiatement." De nombreux Lords et Ladies semblaient déjà être en faveur de cela.
"Madame Bones, c'est absurde!" gronda Barty Croupton, faisant de son mieux pour sauver la face. "Le témoignage de M. Pettigrow indique clairement que Lord Black a effectivement essayé de l'assassiner et a également violé le Code du Secret. De plus, nous n'avons aucune preuve définitive qu'il ne soit pas un Mangemort."
"Hé bien, pourquoi ne roulerais-tu pas ma manche pour vraiment vérifier pour une fois, Barty?" lança Sirius.
"C'est assez, Lord Black," dit Bones. "Auror Shacklebolt, faites-le."
L'Auror tira prestement les deux manches de Sirius, révélant des avant-bras nus.
"Je propose que toutes les charges à l'encontre de Lord Black soient abandonnées à l'exception d'une brèche mineure du Code du Secret et d'une tentative de meurtre au premier degré sur Peter Pettigrow," suggéra Lord Smith. Les Lords et Ladies commencèrent encore une fois à converser les uns avec les autres.
"Madame Bones, Lord Black était employé en tant que Sorcier d'Elite à l'époque, et en tant que tel était accrédité à – "
"Je seconde la motion de Lord Smith – "
"De l'ordre! De l'ordre!" Amelia Bones fit taire la pièce tout entière. "La motion de lord Smith pour abandonner toutes les charges à l'exception d'une brèche mineure du Code du Secret et d'une tentative de meurtre au premier degré a été secondée. Tous ceux favorables…? Tous ceux contre…? La motion passa aisément. "Lord Black, souhaiteriez-vous réviser la façon dont vous avez plaidé?"
Sirius fixa la sorcière au monocle avec confusion. Ce n'était pas la procédure normale. Elle devait vouloir quelque chose de sa part. Bien sûr, s'il était trouvé innocent, alors il serait rétabli à son poste, et donc elle était techniquement sa patronne. 'Peut-être qu'elle est de mon côté,' songea-t-il. Mais que pouvait-il faire? Il observa les Lords et Ladies du Magenmagot, regarda à nouveau Harry, et commença à avoir une idée – peut-être même une idée d'un niveau Maraudeuresque. Il savait une ou deux choses au sujet de Cornelius Fudge, et en faisant levier au bon endroit, cela pourrait marcher. Ce serait un faible prix à payer, tout bien considéré. Après tout, s'il était maintenant le Lord Black, il n'avait certainement pas besoin d'argent. Tout ce qu'il voulait vraiment, c'était voir son filleul.
"Madame Bones," dit-il tristement, sa voix toujours rauque, mais ses yeux étaient fixés sur Fudge, "Ce matin-là, j'étais submergé par mon chagrin à la mort de James et de Lily, et mes idées n'étaient pas claires. Je me suis senti responsable, et je ne pouvais penser qu'à la vengeance. J'aurais dû me préoccuper d'Harry plutôt que de poursuivre Peter. Oui, j'ai essayé de le tuer – de tuer Peter, je veux dire – mais je n'étais certainement pas sain d'esprit à ce moment-là. Lorsqu'il s'est échappé, j'ai perdu toute raison. C'est pour cela que je riais dans cette rue, la raison pour laquelle je suppose que j'ai juste été présumé coupable et envoyé à Azkaban sans même un interrogatoire, ce qui n'était pas juste une perversion de la justice, mais aussi un travail d'investigation bâclé." Croupton le fusilla des yeux, mais Fudge avait très clairement commencé à suer à grosses gouttes. Bien. "Mais de ce que je peux dire, cela est du fait de la précédente administration. Je préfèrerai de tout cœur mettre tout cela derrière moi et ne pas faire traîner les choses, Madame, et je suis donc prêt à plaider coupable pour une brèche mineure du Code du Secret, et je suis aussi prêt à renoncer à toutes poursuites pénales ou civiles à l'encontre du Ministère pour m'avoir refusé mes droits et pour emprisonnement injustifié dans cette affaire – et cela, en échange de l'abandon de la charge de tentative de meurtre."
"Je propose d'accepter la proposition du plaidoyer Lord Black immédiatement," dit tout de suite Andromeda.
"Secondé," dit Madame Londubat.
"Proposition secondée," dit Bones avant qu'un nouveau débat ne se lance. "Tout ceux favorables…?"
Les libéraux du Magenmagot levèrent progressivement leurs baguettes et les firent s'illuminer, apparemment persuadés par l'histoire de Sirius, bien que quelques personnes paraissaient vouloir être vues comme les premiers à le faire. Quelques modérés firent de même, tandis que les conservateurs de Malfoy restaient fermement immobiles. Mais progressivement, de plus en plus de baguettes furent levées jusqu'à ce que, sous le poids des regards, Cornelius Fudge fasse de même, et de nombreux modérés le suivirent, bien que Barty Croupton refusât ostensiblement de faire de même.
"Tous ceux contre…?"
Les conservateurs et de nombreux modérés illuminèrent leurs baguettes. Beaucoup de gens étaient mécontents de voir la charge de tentative de meurtre abandonnée pour raisons politiques, même s'ils n'étaient pas vraiment contre lui personnellement. Ce serait un vote serré. Sirius retint son souffle tout en attendant le verdict.
"Par un votre de trente-deux contre vingt-six…" dit Bones, "la motion passe."
Sirius sourit tandis que des applaudissements éclataient parmi ses sympathisants et dans les balcons des spectateurs. Avoir entendu l'interrogatoire de Peter avait dû lui gagner quelques bons alliés – des alliés incongrus – du côté de la lumière. Cela faisait du bien d'être de retour, se dit-il pour la première fois.
"Lord Sirius Orion Black, vous devez par la présente payer une amende de cent gallions pour une brèche mineure du Code du Secret, et toutes autres charges seront retirées de votre casier judiciaire," dit Bones. "Je vous présente mes plus sincères excuses pour les actions de ce corps il y a dix ans. Vous êtes libre de partir, et si je puis me permettre d'être la première à le dire, 'bon retour'."
Les chaînes tombèrent des bras de Sirius et, lentement, il se leva, tremblant sur des jambes vacillantes, acceptant une nouvelle volée d'applaudissements. Il ne prit pas la peine de se tourner vers le rat mais fit quelques pas instables en avant. Il voulait se précipiter vers Harry, mais il ne pouvait pas courir dans son état actuel, et il y avait quelques choses qu'il lui fallait dire en premier. Il s'approcha de l'estrade, regardant Amelia Bones droit dans les yeux. "Madame Bones," dit-il de sa voix rauque, "je ne suis pas le seul à avoir été jeté à Azkaban sans procès. Je pense que le reste d'entre eux étaient tous des Mangemorts, mais vous devriez sûrement vérifier." Tandis que le Conseil digérait cette information, il posa ses yeux sur sa cousine la plus altière, assise près de son époux, et dit, "Narcissa… Puisque tu es présente, je suppose que ma ô si aimante mère n'est plus de ce monde…? Je veux juste que tu saches que la prochaine fois que nous nous verrons… Je récupèrerais mon siège."
Laissant le couple fulminant et sous le choc d'avoir perdu leur siège mandataire, probablement sans le moindre avertissement, il franchit la salle et grimpa parmi les sièges, trébuchant le long de l'allée en direction des gens qu'il voulait le plus voir, même s'il était terrifié par comment ils pourraient réagir. Remus était le plus proche de lui. Il savait qu'il devait avoir une apparence et une odeur bien pire que celle du loup-garou, et c'était dire quelques choses; puisqu'il ne semblait pas lui-même avoir vécu une très bonne décennie. Harry était toujours dans les bras de la famille de la petite Gryffondor. Qui qu'ils furent, ils semblaient au moins se préoccuper de lui.
Mais Sirius eût du mal à croiser les yeux de Remus en s'approchant, après que tous ces secrets aient été révélés. Remus, pour sa part, affichait une expression de regret terrible – mais pourquoi? Il n'avait aucune raison de penser autre chose que ce qu'on lui avait sûrement dit. Finalement, lorsqu'il arriva à portée de bras, Remus lui saisit la main sans un mot et le serra dans ses bras comme un frère.
Sirius s'affaissa car ses jambes s'étaient dérobées sous lui, et il recommença à larmoyer. Par Merlin, il devait paraître pathétique. "Je suis tellement désolé, Lunard," murmura-t-il.
"Plus tard, Patmol," fut la simple réponse.
"Harry," Sirius murmura encore. Il essaya de faire un pas vers son filleul, mais Remus le retint.
"Attends." Il fit un geste sec de la tête en direction de Peter. Ce n'était pas encore fini.
"Poursuivons," parla à nouveau Amelia Bones. "Peter Pettigrow, au vu de cette preuve, vous êtes par la présente chargé des crimes suivants : appartenance à un groupe terroriste hors-la-loi, haute trahison, deux comptes de complicité de meurtre au premier degré à l'encontre de Lord James Potter et Lady Lily Evans Potter, conspiration afin de commettre un meurtre au premier degré sur la personne de Harry James Potter, violation majeure du Code du Secret, douze comptes de meurtres au second degré à l'encontre de…" Les douze moldus furent à nouveau nommés. "Manquement à l'enregistrement d'une capacité d'animagus et utilisation criminelle de la capacité d'un animagus non recensé. M. Pettigrow, que plaidez-vous?"
Pettigrow sourit d'une façon rappelant un rongeur et eût un petit rire nerveux avant de dire, "Y a-t-il la moindre chance que je puisse aussi négocier mes charges, Madame Bones?"
Amelia Bones se pencha en avant et fixa le rat assis dans sa chaise. "M. Pettigrow, vous faites présentement face à six chefs d'inculpation pouvant chacun entraîner la perpétuité. Espérez-vous réduire cela à une seule condamnation à vie?" Il y eût quelques rires au sein du public à cela.
Le sourire nerveux disparut du visage de Pettigrow tandis qu'il se lançait dans une tirade couinante digne d'un rat : "Très bien dans ce cas, coupable! Peu importe. Le Seigneur des Ténèbres reviendra, et alors vous ne perdrez rien pour attendre – "
"Silencio," le coupa elle-même Madame Bones. "Peter Pettigrow, puisque vous avez plaidé 'coupable', je vous condamne par la présente à vivre votre vie emprisonné à Azkaban sans possibilité de liberté conditionnelle." Elle provoqua à nouveau un craquement bruyant avec sa baguette. "Auror Shacklebolt, emmenez-le."
Tandis que Peter était arraché à sa chaise et emmenez enchaîné sous bonne garde hors de la pièce, ses yeux errèrent vers ceux qui avaient un jour été sa famille. Abandonnant tout faux-semblant, il vacilla sous les regards de Sirius et Remus, sans parler de ceux de la famille Weasley tout entière. Harry s'était aussi remis, plus ou moins, et le fixait d'un regard noir, mais il alla un cran plus loin. Lorsque Peter passa au plus près, il se jeta en avant, montra les dents, et feula vers le rat.
Pettigrow tressaillit.
De nombreux yeux dans la pièce se tournèrent vers Harry Potter. Sirius et Remus étaient dûment déconcertés. Qu'avait-il bien pu se passer au cours de sa capture la nuit précédente? Sirius vit la fille lever les yeux au ciel. L'expression des parents était indéchiffrable, et, après avoir jeté un coup d'œil autour, il vit que les Weasley, mis à part le plus jeune fils, paraissaient simplement confus.
Pendant ce temps, cependant, de nombreux Lords et Ladies au sein du Magenmagot contemplèrent le garçon avec grand intérêt. Même Andromeda parut un peu surprise. Devant eux se trouvait le légendaire Survivant, un garçon qui, à l'âge de onze ans, avait apparemment à lui seul capturé la personne ayant véritablement trahi ses parents et prouvé l'innocence de son parrain, et, comme Sirius l'apprendrait plus tard, avait gagné son premier match de Quidditch au cours de la même semaine. Maintenant, à la consternation du garçon, ils ajouteraient une ligne de plus à sa légende, à savoir avoir fait face à un dangereux Mangemort ayant assassiné une douzaine de personnes et avoir fait reculé cet homme malveillant simplement en feulant vers lui. Que Pettigrow ait sans aucun doute été le plus couard des Mangemorts ne faisait aucune différence. Certains ne l'admettraient qu'en privé, mais s'il y avait eu des doutes sur le fait qu'Harry Potter serait un acteur majeur du pouvoir, ceux-ci avaient maintenant disparu.
"Sans objection, je déclare cette session du Conseil de la Justice Magique close. Sorcier Président, je vous rends la présidence."
Tandis qu'Amelia Bones descendait de l'estrade, Albus Dumbledore se leva de son fauteuil et y monta, ses yeux scintillants follement. "Quelqu'un a-t-il d'autres affaires à présenter devant le Magenmagot?" demanda-t-il.
A cela, le Ministre se leva. "Je souhaite proposer une motion, Sorcier Président."
"Ministre Fudge."
"Comme beaucoup d'entre vous le savent, Peter Pettigrow s'était vu décerner à titre 'posthume' un Ordre de Merlin, Première Classe, pour ses supposés services au cours de la guerre. A la lumière des révélations d'aujourd'hui, je propose que M. Pettigrow soit déchu de cette distinction, et ce immédiatement…" Il n'y avait aucun doute que cela passerait, mais Fudge n'en avait pas fini. Il sembla regarder plusieurs fois entre Lord Malfoy, Dumbledore et Harry d'un air incertain, comme s'il soupesait ses options, mais il poursuivit, "En outre, nous avons été témoin aujourd'hui de la correction d'un grand tort causé par la précédente administration, par la libération de l'un de nos membres ayant été emprisonné illégalement, et par l'emprisonnement d'un meurtrier de masse qui se trouvait en liberté. Ce n'est que par l'intervention d'un autre de nos membres que ce tort a pu être corrigé. Par conséquent, en reconnaissance de son service à la nation, je propose que ce corps décerne l'Ordre de Merlin, Troisième Classe, à Lord Harry James Potter."
Sirius eût un large sourire pour ce qui était très possiblement la première fois en dix ans. Plus jeune récipiendaire de l'Ordre de Merlin de tous les temps sonnait bien. James et Lily auraient été fiers. Que Fudge ne pensât pas avoir le capital politique nécessaire pour y inclure Sirius était sans importance. Il ne le méritait pas.
Harry, cependant, ne semblait pas vraiment heureux – il semblait mécontent, en fait. Il se tourna vers la famille de la fillette et puis vers Sirius d'un air interrogateur, le sourire de ce dernier s'élargit et il hocha la tête dans sa direction. 'Prends-le! Ne t'en fais pas pour moi.' Mais Harry ne semblait pas satisfait. Juste avant que Dumbledore ne lance le vote, le garçon interpela, "Sorcier Président, puis-je parler?"
"Bien sûr, Lord Potter."
Les regards de toute la pièce semblaient traverser le garçon. Personne n'osait faire le moindre bruit. Il semblait tendu sous cette pression, ce qui était compréhensible. Après tout, Sirius l'apprendrait bientôt, il s'agissait de sa toute première déclaration publique mis à part les quelques phrases de procédures d'un peu plus tôt. Il sembla considérer quoi dire un moment, comme s'il choisissait ses mots soigneusement, et dit : "Je veux juste que tout le monde sache qu'Hermione, ici présente, a joué un rôle clé dans la capture de Pettigrow. Ce… ce n'aurait pas été possible sans elle."
Sirius commença à se poser d'autant plus de questions au sujet de cette Hermione. "Harry!" lui chuchota-t-elle.
"Chut!" lui chuchota-t-il en retour. "Donc… donc si le, heu, Magenmagot souhaite m'honorer de cette récompense, il devrait en être de même pour elle."
Sirius se couvrit la bouche et fut plier en deux par un léger, mais déplaisant, son semblable à une toux. Il riait pour la première fois en une décennie. Ce garçon était en tout point la nature noble et attentionnée qu'avait été sa mère.
"Je peux attester de la déclaration de Lord Potter," dit Dumbledore avec son scintillement. "Mlle Hermione Granger a, en effet, joué un rôle vital dans la capture de Peter Pettigrow. Ai-je une motion pour récompenser Lord Potter et Mlle Granger par un Ordre de Merlin, Troisième Classe, pour leurs services à la nation?"
"Je le propose," dit immédiatement Andromeda.
"Secondé," dit Elphias Doge.
Ce vote passa également vite, avec presque tout le monde en faveur mis à part la faction de Malfoy.
"Excellent," dit Dumbledore. "Je m'attends à ce que le Ministère travaille en accord avec l''Office de Lord Potter pour programmer la présentation formelle de la récompense. Maintenant, s'il n'y a pas plus d'affaires – et après avoir été témoin de l'une des prises de décisions les plus rapides dont j'ai été témoin au cours de mes années de service – sans objection, je déclare cette Session Extraordinaire ajournée." Il conclut avec un autre craquement retentissant de sa baguette.
Lentement, les gens commencèrent à sortir de la Salle du Magenmagot, mais beaucoup s'attardaient, observant ce qu'Harry ferait. Andromeda se dépêcha de rejoindre le groupe et, utilisant un tour qu'elle avait appris en grandissant avec ses sœurs, elle conjura un mur de brume fin mais dense autour de la famille, les dérobant à la vue. Remus tira sa propre baguette et lança le Sortilège d'Assourdissement que les Maraudeurs avaient copié de Rogue.
"M-merci… C-Cousine," balbutia Sirius. Il y avait tant de choses qu'il avait envie de dire, et il savait à peine par où commencer. Saisissant son plus vieil ami encore en vie par les épaules, il dit, "Je suis désolé, Lunard. J'ai cru que tu étais l'espion. Si j'avais su – "
"Non Patmol. Je suis désolé," répondit Remus. "J'aurais dû deviner que vous auriez échangé. J'aurais dû partir à ta recherche ou celle de Peter ou d'Harry – "
"Non, non, c'est entièrement de ma – " Sirius s'interrompit et rit faiblement. Il était inutile de se disputer à ce sujet. "Regarde-nous Remus. Tu es déjà tout grisonnant."
"Hé, dis donc, tu parais plutôt dépenaillé toi-même, Sirius. Finalement, la chair reflète la folie intérieure."
"C'est sûr que tu en connais un rayon à ce sujet, pas vrai?"
Les deux hommes sourirent et échangèrent une nouvelle accolade.
Soudain, un portail s'ouvrit dans la barrière de brume avec le son d'un coup de vent, et une sorcière aux cheveux roses y entra en sautillant.
"Coucou, les gars, vous commencez la fête sans moi?"
Sirius secoua la tête. "Je n'arrive pas à croire… est-ce que c'est vraiment la petite Nymphadora?"
"Juste Dora si tu sais ce qui est bon pour toi," dit-elle en lui faisant les gros yeux. "Ou Tonks." Andromeda leva les yeux au ciel. "Ça fait longtemps que je n'ai pas vu l'un de vous deux," dit Dora d'un ton pince-sans-rire. "Vous venez souvent ici?"
"Je suis surpris que tu te souviennes même de moi, Dora," répondit Remus.
"Voyons, comment pourrais-je oublier un visage si séduisant?" lança-t-elle en retour en lui faisant un clin d'œil. Sirius ricana un peu lorsqu'il vit Remus rougir.
Mais il ne comptait pas perdre plus de temps. Il s'approcha du garçon aux cheveux hirsutes qui avait attendu patiemment au cours de cet échange, et s'accroupit afin d'avoir les yeux à son niveau.
Si c'était possible, il avait déjà un regard encore plus perçant que celui de Lily, même derrière ses lunettes. La famille de la fillette s'avança tout près de lui. "Harry…" commença-t-il. Il déglutit difficilement et refoula des larmes. "Je ne sais pas ce qu'on t'a dit, mais… je suis ton parrain."
Le garçon hocha la tête avec un masque de calme et marmonna, "Je sais." Sirius n'était pas sûr de l'avoir vu cligner des yeux une seule fois.
"Harry, je suis tellement désolé… Je n'aurais jamais dû faire confiance à ce rat pour commencer. J'aurais dû être là pour toi. Tu n'aurais pas dû avoir à entendre tout ça de sa bouche. Tu n'aurais pas dû avoir à être celui qui le capture – Je n'arrive pas à croire que tu l'aies capturé toi-même! Comment…? Je suis tellement désolé, Harry. Pourras-tu me pardonner? Pourras-tu pardonner ton stupide parrain pour avoir tout fichu en l'air?"
Il y eût un silence inconfortable. Harry semblait trop submergé par ses émotions pour parler. Sirius n'était que vaguement conscient du fait qu'il était maintenant à genoux, avec ses mains pendant devant son torse, suppliant à la façon d'un chien. Lorsque le silence et le regard d'Harry devinrent trop lourds à supporter, il commença à bafouiller à nouveau : "Mais regarde-toi : déjà à Poudlard, et même un Gryffondor, naturellement, mais après tout, dans quelle autre maison aurais-tu pu…?"
Finalement, Harry ouvrit la bouche : "En fait, heu, monsieur… le Choixpeau envisageait Serdaigle."
Sirius aboya de rire. "Tout comme ta mère. Et s'il te plaît, appelle-moi Sirius… si le cœur t'en dis, bien sûr…"
Harry cilla une fois, lentement, et sourit légèrement. "Sirius…" dit-il, comme s'il disait le mot pour la première fois. "Je suis content que vous ne soyez pas le traitre au final."
Sirius ne remarqua même pas qu'Harry lui avait tendu une main mais jeta ses bras autour du garçon avant de commencer à sangloter. Harry se fit raide comme une planche au début, mais finit par se détendre un peu et le tapota maladroitement sur le dos.
"Et puis il y a cette petite demoiselle," dit Sirius, s'écartant et se tournant pour serrer la main de la fillette aux cheveux broussailleux. "Harry," dit-il d'un ton retors, "si tu t'aies déjà trouvé une petite-amie – "
"Beurk! Non! C'est ma sœur!"
Sirius se redressa, pris de vertiges. "Sœur?"
"Nous avons adopté Harry il y a six ans," expliqua le père de la fillette. "Mon nom est Daniel Granger. Voici ma femme, Emma, et notre fille, Hermione."
"Adopté…" marmonna Sirius en leur serrant également la main. Il fallait bien s'y attendre, mais il n'y avait néanmoins pas songé.
"C'est une assez longue histoire," ajouta Emma.
"Et une qui pourra attendre que tu aies un minimum récupéré," intervint Andromeda. "Harry se porte très bien avec sa nouvelle famille."
Sirius se demanda pourquoi ils se montraient si évasifs soudainement. Par la barbe de Merlin, Harry ne s'était quand même pas retrouvé chez l'affreuse sœur de Lily, pas vrai? Il commençait à avoir mal à la tête, maintenant.
Andromeda le prit par le bras. "Nous devrions y aller," dit-elle doucement. Remus prit son autre bras pour l'aider à rester stable. Elle dissipa la barrière de brume et commença à le guider vers la sortie. Mais à ce moment-là, elle manqua de foncer dans Maugrey Fol-Œil, qui avait apparemment maintenu les journalistes les plus fouineurs à distance.
"Venez," dit-il d'un ton bourru. "Bones et Dumbledore veulent vous parler." Avec le claquement sourd de sa jambe de bois sur le sol de pierre, il les mena jusqu'à la sortie où le Sorcier Président et le Directeur du Département de la Justice Magique se tenaient.
"Lord Potter," commença Madame Bones. "Je souhaitais vous présenter mes excuses. J'aurais dû vous prévenir plus spécifiquement de ce que comportait le témoignage de Pettigrow."
Harry prit une profonde inspiration. "Je vous remercie, Madame Bones… mais je pense que j'aurais eu besoin de l'entendre un jour – peut-être pas en public, mais je suppose que cela se serait su de toute façon, n'est-ce pas?"
Bones acquiesça avec réticence.
"Votre nièce dit le plus grand bien de vous, Madame Bones," intervint Hermione. "Nous apprécions vraiment le travail que vous faites."
Le visage d'Amelia Bones s'éclaira. "Oh, je vous remercie, Mlle Granger. Je suis heureuse que Susan soit devenue amie avec vous deux."
'Déjà en train de se faire des connexions,' songea Sirius avec un sourire en reprenant son souffle. Madame Bones prit congé, et alors Dumbledore se tourna pour lui parler.
"Sirius, mon garçon, je vous dois aussi des excuses," dit le vieux sorcier. Il semblait se porter bien après ces dix années, mais de toute évidence l'excitation de la journée l'avait fatigué. "Si j'avais été plus attentif aux actions de Barty Croupton il y a dix ans, j'aurais pu vous sauver d'Azkaban."
"Non, Albus…" Sirius s'interrompit et soupira. Cela ne servait à rien de protester comme ça. "Tout le monde a commis des erreurs ce jour-là. Je suis juste heureux d'avoir eu la chance de recoller les morceaux… Harry, si tes…" Il ne parvenait pas à se résoudre à dire "parents". "Si ta famille est d'accord, allons déjeuner… ou diner… ou prendre le thé, ou… quelle heure est-il au juste?"
"Non, Sirius, pas aujourd'hui," le stoppa Andromeda. "Tu files tout droit à Ste Mangouste."
"Non merci. Je vais bien." Il avait l'impression d'être sur le point de perdre connaissance.
"Ce n'est pas le cas. Tu as été sous exposition constante à des Détraqueurs pendant dix ans."
"Et pourtant je parle déjà avec des phrases complètes."
Elle ne démonta pas. "Sirius, en tant que Soigneuse agréée et parente proche, j'insiste pour que tu passes au moins une semaine à Ste Mangouste pour récupérer de – "
"Au diable tout ça. Je veux apprendre à connaître mon filleul."
"Tu n'es pas en condition de – "
"Et est-ce que je n'aies pas un rang supérieur au tien techniquement?"
"Ahem. Je crois que je peux vous venir en aide," interrompit Dumbledore. Tous les yeux se tournèrent vers lui. "Le weekend prochain est un weekend à Pré-au-Lard pour Poudlard. Si vous êtes d'accord, M. et Mme Granger, je pense que nous pourrions arranger une visite spéciale pour que les quatre d'entre vous puisse rencontrer Sirius – et vous aussi, Remus, si vous désirez y prendre part – pendant que les élèves seront hors du château, disons pour le déjeuner du Dimanche, au Trois Balais? Cela donnerait à Sirius une semaine pour récupérer avant la rencontre. Remus, je crois que cette proposition s'étend également à vous?"
Remus opina. Les parents se tournèrent vers leurs parents avec enthousiasme. Dan et Emma échangèrent un regard et acceptèrent rapidement. "Cela semble être une excellente idée," dit Emma. "Nous avons hâte d'y être."
"Très bien," dit Sirius, un peu boudeur, ne voulant pas laisser sa cousine savoir, même s'il s'appuyait de plus en plus lourdement sur elle et Remus, que ses jambes étaient sur le point de se dérober sous lui. "Je suppose que je peux attendre une semaine de plus. Je te suis… Cousine Andi." Il fut déçu de ne pas obtenir la moindre réaction d'Andromeda. Ça l'avait toujours énervée par le passé.
"Préparez-vous," chuchota-t-elle, et elle ouvrit les portes. Sirius fut ébloui par les flashs d'appareils photo et étourdi par les questions qui lui étaient criées alors que les Aurors semblaient avoir rassemblé les journalistes hors de la pièce maintenant. La sorcière en robes vert citron était au premier rang. Le groupe essaya de se frayer un chemin, mais la pression de la foule était trop grande, et le Ministre de la Magie venait de s'interposer devant eux.
"Lord Black, je voulais juste vous présenter personnellement mes excuses pour le rôle mineur que j'ai joué dans votre malencontreux emprisonnement," dit Cornelius Fudge en lui serrant la main vigoureusement et en essayant de toute évidence de sauver les apparences. Sirius résista à l'envie de lever les yeux au ciel. Si le rôle de Fudge dans cette affaire avait été petit, alors lui était un hippogriffe.
"Merci, M. le Ministre, mais je crains d'avoir rendez-vous avec un lit à Ste Mangouste à l'heure actuelle," dit-il sans vergogne.
"Oh, bien sûr, Lord Black." Fudge parut seulement un peu déçu. "Lord Potter, je pense que je vous dois au moins des excuses, moi aussi. Et mes félicitations à vous et à votre sœur pour avoir permis la libération de votre parrain et corrigé ce tort." Il serra la main des enfants devant les appareils photo. Harry parut un peu rebuté mais murmura quelques mots de reconnaissance.
"Quelque chose que vous voudriez dire à la presse, Lord Potter?" interpela un sorcier parmi le groupe de la presse.
"Hé bien…" commença Harry. Il jeta un coup d'œil à Andromeda, qui soupira et hocha la tête. "Le fait est que… cela fait six ans aujourd'hui que Maman, Papa et ma sœur m'ont proposé de rejoindre leur famille. Même maintenant, cela reste le moment le plus heureux de ma vie. Je… je n'ai jamais pensé que j'aurais l'occasion de rencontrer quelqu'un proche de mes parents biologiques, mis à part quelques cousins distants. Mais aujourd'hui, j'ai put rencontrer mon parrain, qui était tout sauf le traitre que je le pensais être, ainsi qu'un autre ami de mes parents. Donc… aussi bizarre que cela ait pu être, je n'aurais pas pu demander un meilleur jour d'anniversaire."
Il y eût des oooh audibles parmi la foule qui commença à s'écarter respectueusement tandis que la famille nouvellement étendue d'Harry le menait vers la sortie. Sirius larmoya à nouveau et se demanda d'où pouvait bien venir ce jeune homme si attentionné. Il semblait tenir plus de Lily que de James. Andromeda et Dumbledore essayèrent d'escorter le groupe à travers la foule en minimisant le harcèlement de la presse, mais ce fut un chemin difficile. Sirius disait à quiconque s'approchait trop qu'il ferait une déclaration lorsqu'il aurait récupéré, mais juste avant qu'ils entrent dans l'Atrium, il vit un sorcier avec des cheveux blancs lui tombant aux épaules et d'étranges robes arc-en-ciel s'approcher de lui. Une petite fille l'accompagnait, presque cachée derrière lui, avec de grands yeux argentés et des cheveux blonds platine où l'on aurait pu se perdre en les contemplant.
"Lord Black, Xenophilius Lovegood du Quibbler," dit le journaliste. "Est-il vrai que vous êtes secrètement Stubby Boardman?"
Cette question était suffisamment étrange pour que Sirius s'arrête net. "Stubby Boardman…? Le chanteur des Hobgobelins…?" dit-il, penchant la tête sur le côté. "Je ne me souviens pas de ça. Je ne pensais pas que mes souvenirs étaient si mauvais. Remus?"
"Sirius, tu chantes affreusement mal," lui rappela son ami.
"Très juste… Nope, ce n'est pas moi, désolé," dit-il, laissant un journaliste dépité derrière lui.
Le coin des expressions désuètes:
« Bas de buffet »
Expression insultante voulant dire "moins que rien".
La partie du meuble dont il est question étant celle qui se voyait le moins, l'expression servait à désigner quelqu'un (ou quelque chose) sans importance.
