Disclaimer | Les personnages de la série Stargate Atlantis ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété de leurs créateurs : Brad Wright & Robert C. Cooper. Je n'en tire aucun profit.
A BREATH OF IMMORTALITY
Keep on dreaming
Prologue – Le repos du guerrier
Les images défilaient, à une allure presque frénétique. Pour mieux se succéder les unes après les autres sur l'écran de télévision. En haute définition. Sur l'écran donc, celui qu'on avait fixé au mur. Juste là. Au-dessus du comptoir. De telle sorte que c'est à peine si son attention parvenait encore à les retenir plus d'une seconde moribonde dans son champ de vision. L'esprit ailleurs. Il l'avouait, alors que les couleurs qui en jaillissaient lui donnaient comme l'impression désagréable de venir s'incruster à la surface de ses rétines. Le forçant à cligner des yeux, sans qu'il ne puisse parvenir à s'en débarrasser. Elles s'enracinaient autour de ses iris. Il les sentait. L'envahir, le pénétrer, ses pupilles se dilatant et se rétractant malgré les interférences qui enraillaient de manière disparate le débit et qui pixelisaient les joueurs sur le terrain de foot. Ce truc l'hypnotisait. Littéralement. Son regard devenant incapable de s'en détourner. Avec en bruit de fond les cris bestiaux des supporters qui s'excitaient, qui insultaient l'arbitre et puis qui menaçaient aussi de se cogner entre eux pour la beauté du geste. Qui avaient simplement l'air d'être possédé par une entité d'un genre plutôt hostile en fait. Quelque chose de malfaisant. Vraiment. En tout cas, ça y ressemblait. Bien sûr, il n'y connaissait pas grand-chose. Il devait l'admettre. Un peu surpris par cette étrange coutume consistant à se réunir tous ensemble pour partager un moment de fête. En principe. Mais qui se muait en affrontement, un verre à la main et le sourire aux lèvres. Dans un paradoxe aussi gigantesque qu'un trou noir. Le son se répercutant de partout dans la salle, tournant, et montant jusqu'au plafond pour aller rebondir contre les murs à chaque fois que la tension grimpait d'un cran à l'intérieur du bar. Ronon se mettant aussitôt à chercher une échappatoire. Guidé par ses instincts les plus primaires. Besoin de sortir d'ici, de respirer, besoin de …
Il l'ignorait en réalité. Ça le dépassait. Incapable de l'expliquer, de le formuler, de concrètement se le représenter pour ensuite l'exprimer à haute voix. Pas tellement à l'aise en société. Ou tout du moins, lorsqu'il lui fallait symboliquement déposer les armes et renoncer à se battre pour se faire entendre. Uniquement en confiance avec ses amis. Quoique. S'il devait se fier à l'état de ses deux compagnons du soir, Teyla et Sheppard, peut-être qu'il lui faudrait envisager de revoir son jugement dans les plus brefs délais. Il s'annonçait grandiose le retour sur Atlantis. Pour sûr. Un soupir remontant du fond de sa gorge pour se transformer en grognement lorsque John sautait de son tabouret les bras en l'air et que la jeune femme riait aux éclats.
- Hey, Sheppard ! se décida enfin à dire Ronon pour interpeler le lieutenant-colonel en lui tapant sur l'épaule.
- Non mais vous avez vu ça Ronon ? Vous avez vu ça ! rétorqua celui-ci en lui montrant l'écran de la télévision.
- Vu quoi… releva Ronon incrédule.
- Mais ça ! Ce tacle là, il lui a cassé la cheville ! Y'a faute !
- Vous êtes sérieux ? Elle n'a rien sa cheville…
- C'est que vous n'avez pas bien regardé alors Ronon, le reprit avec douceur Teyla en articulant chaque mot.
- Quoi, vous allez essayer de me faire croire que cet homme a mal au point de se rouler dans la terre en hurlant ?
- Absolument, acquiesça la jeune femme en inclinant légèrement la tête.
- C'est pas de la terre mais de la pelouse de luxe, se sentit obligé d'ajouter John.
- Mouais, ça change tout… marmonna Ronon pour seule réponse.
- Et puis vous savez Ronon, tout le monde n'a pas pour habitude de se battre contre des Wraiths. Alors il est fort probable que la constitution de cet homme soit moins résistante que la vôtre, compléta Teyla.
- Ça s'est sûr ! conclut fièrement le Satedien, une moue rieuse peinte sur la figure.
Là-dessus, voilà que l'arbitre sifflait la mi-temps. Occasionnant une émeute improbable en plein milieu de la salle quand les supporters assis à leurs tables respectives se ruaient au comptoir pour commander. Trinquant et bousculant tous ceux qui se trouvaient sur leur passage. Sans aucun discernement ni la moindre excuse. Le lieutenant-colonel leur faisant signe qu'il allait aux toilettes. Siphonnant le fond de son verre avant de disparaître.
- Non mais il va où là ! Râla Ronon en le voyant prendre la tangente.
- Aux toilettes, lui chuchota Teyla.
- Bon bah vous lui direz pour moi que je suis rentré au SGC.
- Quelque chose ne va pas ? s'inquiéta cette dernière devant son air embarrassé.
- Faut pas vous en faire. J'ai juste envie de marcher un peu, tenta de la rassurer le satedien.
- De marcher un peu ? Le SGC se trouve à des kilomètres de cet endroit Ronon.
- Je sais.
Oui. L'ex-runner savait. Un léger rictus stagnant à la bordure de ses lèvres entrouvertes, sur quoi il prit la direction de la sortie en se faufilant parmi les corps en sueur. La moiteur ambiante chargeant l'atmosphère d'un taux d'humidité tellement élevé que ses vêtements poissaient et lui collaient à la peau. L'obligeant à se glisser tel un colosse aux pieds d'argile entre les ombres recouvrant son âme et les lumières artificielles des réverbères longeant le trottoir de l'autre côté de la fenêtre. Un grand guerrier dont le cœur en miettes se répandaient en éclats de compassion, d'empathie, et le dotant d'une intelligence émotionnelle supérieure à la moyenne. Capable d'analyser et de maîtriser ses propres émotions, et surtout, de composer avec celles des autres.
Bref, un homme hors norme. Un euphémisme. Du genre à ne pas passer inaperçu. Jamais. De part son allure, son imposante stature. Mais qui s'en accommodait. Puisque de toute façon, il ne pouvait rien y changer. D'une nature résiliente. En dépit des blessures de ce passé qui continuait à lourdement peser sur ses épaules. Puis une fois dehors, il adressait un signe de la main à Teyla qui le scrutait de son regard perçant. L'athosienne se penchant sur Sheppard à son retour des toilettes pour lui souffler à l'oreille des choses qu'il devinait aisément. De toute évidence on parlait de lui. La jeune femme effleurant avec douceur l'avant-bras du lieutenant-colonel pour empêcher ce dernier de le suivre, et sûrement aussi de le retenir. Il supposait. Dans la mesure où Teyla devinait mieux que personne ces instants au cours desquels son existence vacillait comme la flamme d'une bougie. Pour les saisir au vol. Ces fragiles minutes de doute qui l'habitaient, et qui le poussaient malgré lui à la solitude. La seule qui sache lire en lui comme dans un livre ouvert, sans qu'il n'ait besoin de prononcer un seul mot. Pour ça, il lui vouait une sincère reconnaissance. Pas la brute qu'on décrivait. La violence de certains préjugés se révélant plus destructrice que ses poings. Et baissant la tête en pinçant les lèvres, il prenait la tangente. Fuyant la clarté du monde. Ses poumons se remplissant et se vidant avec déjà plus de facilité. Libre de toute contrainte.
Il marchait. Le long des trottoirs, les semelles de ses rangers claquant contre le bitume. Objet du hasard. La lumière blafarde des réverbères éclairant chacun de ses pas. Les mains bien au chaud au fond de ses poches. Son magnum à particules coincé dans la ceinture de son pantalon, au niveau de sa taille. L'ensemble se dissimulant sous les pans de son manteau. Quelques nuages parsemant le ciel et dessinant des visages d'un bout à l'autre de la Voie lactée. Et Ronon ne pouvait pas s'empêcher de penser à Méléna. Cette dernière aurait aimé voyager parmi les étoiles. Découvrir de nouveaux mondes, traverser la porte et rencontrer d'autres peuples. Mais lui, c'est dans ses yeux à elle qu'il aimait contempler les astres. Une douleur sourde s'emparant de tout son corps sans qu'il ne puisse en réfréner les effets indésirables. Une myriade de frissons le parcourant alors tout entier. Presque fiévreux. Dans un état second, l'un de ces états dans lequel il détestait se retrouver. Un voile opaque obscurcissant son regard absent. Peut-être que finalement, il n'aurait pas dû quitter ce bar et rester avec ses amis. Plus tellement certain de savoir de quel côté se diriger et quel chemin emprunter pour rentrer à la base « T'es pas malin mon vieux…» qu'il se surprit à murmurer en tournant sur lui-même. Aucun moyen de communication à sa portée. Lorsque d'un coup, il lui sembla entendre des cris. Quelque part. Quelqu'un qui appelait. La voix d'une femme, et comme des bruits de lutte. Dans le calme de la nuit, le murmure le plus insignifiant venant faire écho au silence.
Maintenant, il savait dans quelle direction s'orienter. Il lui suffisait pour cela d'écouter et de se fier à son intuition. Puis, une minute plus tard il se mettait à courir. Jusqu'à en perdre haleine. Une fois arrivé au point de rencontre, il ne lui restait plus qu'à se dissimuler à l'angle de la rue. Assez proche pour voir, mais suffisamment en retrait pour que sa présence passe inaperçue. En tout cas, il le croyait. Toute son attention se focalisant sur cette scène qu'il observait, soucieux d'évaluer les risques et surtout, de jauger les forces en opposition. La crosse de son arme étroitement prise entre les doigts. Indécis. Ne sachant pas réellement s'il devait intervenir ou pas. S'il devait...
