Chapitre 2 – De feu et de glace
Et ils roulaient. Ensemble. Ils roulaient, roulaient, roulaient. Beaucoup trop rapidement pour qu'on puisse encore espérer les rattraper. Les pans de la nuit s'écartant sur leur passage dans un souffle insaisissable. Juste impossible à capturer. Alors qu'ils se tenaient silencieusement l'un à côté de l'autre. Deux hommes que rien ne prédestinait à se rencontrer, et pourtant… ils roulaient. Le long de la route, avec cette impression complètement folle de survoler le bitume à la vitesse d'un jumper qui prendrait le risque de s'arrimer à la coque organique d'un vaisseau ruche pour voyager à travers l'hyperespace. Des passagers clandestins, à la poursuite de leur propre destin.
Une simple idée. Qui s'ancrait progressivement dans l'esprit du Satedien, chemin faisant. Comme des milliers d'explosions successives que leurs âmes électriques viendraient projeter dans l'habitacle de la voiture.
De nombreuses questions restant en suspens, du moins dans l'immédiat. Sauf pour l'une d'entre elles. La plus basique. La plus facile, la plus abordable aussi. Celle qui n'évoquait rien de particulier chez lui. Neutre. Si bien qu'au bout du compte, il ne laissait tomber qu'un mot « Non » une syllabe, un son unique et qu'il peinait tellement à articuler. Par conséquent, le reste attendrait. Il s'y résignait. Incapable de réfléchir, de raisonner. La gorge sèche, qui brûlait, qui le grattait et qui s'irritait à chaque fois qu'il essayait de parler. Accentuant un peu plus cruellement son manque de conversation. Non. Il ne connaissait pas ce poème. Rien à ajouter. Pire. Lorsque la main du vampire se tendait au ralenti vers son visage afin d'essuyer la trace de sang qui commençait à coaguler à la commissure de ses lèvres. Un geste exprimant de la compassion, de la reconnaissance, sans doute aussi de la possessivité. Mais qui provoquait dans tout son corps un mouvement de recul impossible à réfréner. Au point qu'il en oubliait de respirer. Des nœuds à l'estomac qui lui provoquaient une sorte d'écœurement impossible à soulager. La nuque humide de transpiration. Un torrent de sueur dégringolant entre ses omoplates, la peau frissonnante. Et … ils roulaient. Le dos s'enfonçant lourdement contre le dossier de son siège. Paupières fendues. Ils roulaient, en sens unique. Sans possibilité de retour. Sans jamais faire de pause, sans s'arrêter. Les lumières blafardes des réverbères glissant sur le pare-brise. La sensation d'un pouce qui redessinait les contours de sa bouche refusant de le quitter. Une émotion forte qui le possédait tout entier. Semblable à des lambeaux qui pendaient tragiquement d'un bout à l'autre de son existence. Une parenthèse hors du temps, des heures, des jours, ce temps qu'il voyait se disloquer depuis des années maintenant. Les quelques lueurs qui s'agitaient dans le regard de… il ne savait pas, bref, les quelques lueurs qui s'agitaient dans le regard de cet homme l'éblouissant. Quelque chose de différent. Il la devinait. Cette cassure. Cette fêlure qui l'abîmait, cette blessure. Ils se ressemblaient. Et… ils…
- Tu veux qu'on s'arrête ? T'es livide, lui demanda… il ne savait toujours pas.
- Non. Ça va, sa tête remuant légèrement pour accompagner sa réponse.
- T'es sûr ? Parce-que t'as vraiment pas l'air d'aller bien et que je me sens un peu responsable de ton état. Je suis désolé. J'aurais pas dû te mêler à tout ça, tu veux que je te dépose quelque part ?
- Non.
- D'accord. T'es pas patient, et t'es pas non plus d'un genre bavard. Je note. Alors je te propose d'aller prendre un verre, et ensuite, j'en sais rien. On avisera, ça te convient ?
- Ça me va, conclut Ronon.
Le coude appuyé sur le rebord de la vitre entrouverte, Ronon regardait le paysage défiler. Le menton calé dans la paume de sa main. Son rythme cardiaque se calmant, diminuant et se stabilisant progressivement. Sous le poids de ce sentiment étrange qui écrasait ses épaules. Entre l'envie de fuir, de rester, d'attraper le volant pour stopper leur périple et ce, au risque de provoquer un accident. Idée sordide qui venait s'imprimer sur ses rétines sans qu'il ne sache trop pourquoi. Une sorte de flash. Attaché à la vie, à sa vie. Celle qu'il menait parmi les Atlantes. Sur la Citée. Au creux de ce noyau solide à l'intérieur duquel il lui avait été permis de s'enraciner. Bref. Partagé donc. Entre la tentation de lui fausser compagnie malgré son refus de s'arrêter un instant plus tôt, incompréhensible après coup, et l'obligation quasi viscérale de devoir soumission et obéissance à cet homme qui n'admettrait pas qu'on résiste à sa volonté. En dépit des apparences. Il le pressentait. Peur de comprendre de quoi il retournait quand il lui disait « On m'a souvent répété que je devais apprendre à exister pas moi-même et pas à travers quelqu'un d'autre. Que je ne pourrais me sentir en sécurité que le jour où j'assumerais enfin ce que je suis, et aussi en acceptant de rester seul. Alors j'ai arrêté d'essayer d'expliquer aux autres que moi, je concevais les choses autrement. Parce-qu'ils ne comprenaient pas, et qu'ils n'écoutaient pas. Ils ne m'entendaient pas. Pas de la manière dont toi tu m'entends. Au fait, je m'appelle Elijiah.» Les yeux du Satedien quittant dès lors les déboires de la route et les tumultes du paysage urbain pour reporter son attention sur lui. Sur Elijiah. Un visage qu'il pouvait désormais associer à un prénom. Tel un souffle d'air chaud qui sortirait des grilles du métro. Ou de la bouche des enfers. Au choix. Ses paupières se plissant, plus aucun doute ne lui étant permis. Il manipulait son esprit. Lui dictant quoi penser, orientant le fil conducteur de ses réflexions, jusqu'à ce qu'il ne s'appartienne plus vraiment. Peut-être aussi qu'il délirait, qu'il s'inventait des choses pour masquer ses propres erreurs.
Les lèvres qui remuaient, la bouche qui s'ouvrait et se refermait. Le cours des mots se mélangeant et s'emmêlant sur sa langue. Dans une drôle de situation. Le bras qu'il gardait appuyé contre le rebord de la vitre se dépliant pour mollement retomber sur ses jambes alors qu'ils ralentissaient.
- On est arrivé, décréta Elijiah en s'engageant dans une impasse.
- Arrivé où ? Y'a rien ici… lança le Satedien, tout en le toisant avant de se redresser et de regarder autour d'eux.
- Tu verras bien. Il va falloir me faire confiance, lui répondit le vampire en même temps qu'il se garait au pied d'un immeuble désaffecté. Puis qu'il coupait le contact et détachait sa ceinture de sécurité.
Faire confiance à un parfait inconnu, tout un concept ! Un suceur de sang. Une créature, que la nature avait doté de puissants pouvoirs psychiques. Comme dans les séries que le lieutenant-colonel Sheppard lui faisait regarder à la télévision. John… sinon, comment expliquer que ces choses au faciès bestial aient pu tomber en poussière sous la lame d'une épée ? Après tout, l'univers regorgeait de mystères. Puis, si des êtres comme les Wraiths avaient pu évoluer et se développer à partir d'un parasite, sa théorie devenait tout à fait crédible. Ses yeux s'ancrant à ceux du supposé vampire quand ce dernier faisait le tour de son Aston Martin pour venir lui ouvrir la portière.
- Tu comptes descendre de ma caisse, ou tu préfères m'attendre ici ? Chewie… un surnom que le supposé vampire saisissait à la volée au milieu du bordel qui régnait en maître absolu dans son esprit et qui sembla beaucoup l'amuser.
Plus rien n'ayant le moindre sens à partir de ce moment précis. La moindre logique dans son comportement. La moindre petite importance. Ses poings se fermant, raide dans ses mouvements. Presque ankylosé. La mâchoire qui se crispait douloureusement. Personne pour l'aider à gérer la pression, l'interrupteur dans son cerveau basculant alors en position off. Le désir de lâcher prise. Mal à l'aise dans cette voiture, sans pour autant parvenir à en sortir. Des forces contradictoires qui l'animaient et le déchiraient avec une intensité que rien dans cette galaxie ou dans une autre ne saurait égaler. Zéro perspective. Le contact de sa peau chaude contre la peau froide de cet homme qui lui tendait la main pour l'encourager à sauter le pas brouillant tous ses radars. Une main que Ronon se surprenait pourtant à prendre sans trop savoir pourquoi. Leurs doigts s'entrelaçant. Étroitement. En vrai, il aurait pu le tuer. Juste pour lui faire ravaler ce sourire narquois et moqueur qui étirait ses lèvres d'un coin à l'autre de ses oreilles. Détestant se sentir pris au piège, à la merci de quelqu'un d'autre que lui-même.
Une main qu'il relâchait hâtivement une fois debout, dans la rue. Les semelles de ses rangers claquant sur le bitume lorsque il remettait pied à terre. Emboîtant le pas du vampire. Pour s'engager dans le hall d'entrée de l'immeuble désaffecté. De la musique résonnant et pulsant dans la structure même du bâtiment.
- Est-ce que tu es prêt ? l'interrogea Elijiah en arrêtant de marcher pour se planter face à lui.
- Prêt à quoi ? lui rétorqua frontalement le satedien.
- À entrer dans un monde dont on ne ressort jamais indemne. Un monde oublié par les étoiles. Un monde souterrain dans les entrailles duquel s'exprime les pires misères et où tous les parias de la société finissent par venir ramper et se terrer comme de la vermine, acheva le vampire de toute évidence satisfait de ses effets.
- Un peu comme dans le reste de l'univers quoi, rien de nouveau ! le coupa brusquement Ronon dans ses élans. En haussant les épaules, pour ajouter avec un air faussement rieur : on reparlera de vermine quand vous vous serez retrouvé coincé dans un cocon Wraith pendant plusieurs heures, bon, je vous attends.
Enfin, il ne l'attendait pas vraiment non. Façon de parler. Pas d'un genre très patient comme l'avait si justement souligné son guide du soir. Lui. Ce fameux Elijiah, dont l'esprit flirtait à la lisière du sien et qui l'air de rien, venait lui chuchoter à l'oreille « Elijiah Hassan Jazeem. Si jamais...» Si jamais quoi ? La bouche ronde et les joues gonflées comme celles d'un hamster, Ronon riait plus franchement cette fois-ci en entendant le son de cette voix devenue familière lui décliner son identité complète. L'équivalent d'une confirmation de ce qu'il soupçonnait déjà, de ce qu'il savait. De ce qu'il ressentait au fond de ses tripes. Des torsions, des contractions, quelques distorsions impossibles. Rien que des spirales infernales qui s'évanouissaient dans son regard et se dilataient en faisceaux étincelants. Ouais. Hassan Jazeem. D'accord. Il en prenait note. Puis, il s'inclinait poliment. Baissant brièvement la tête, les yeux tournés vers le bas et le dos droit. Les bras qui restaient le long de son corps. Une attitude ayant la vertus de traduire son assentiment. Une marque de respect. Plus que ça en réalité, il cessait de lutter. Endoctriné. Tout ce qui ne leur appartenait pas disparaissant. Pour instaurer entre eux un vague moment de flottement, le reste n'étant plus qu'une formalité. Le réveil s'annonçant brutal. Suite à quoi, il passait devant le vampire pour traverser le hall et emprunter une porte qui débouchait sur une cour intérieure. De vieux pavés au sol. Des lampadaires muraux éclairant les façades, et quelques mètres plus loin un escalier en colimaçon montant dans les étages. L'ensemble s'agrémentant d'une rampe en fer. Sur sa gauche, une autre porte qui ressemblait à une issue de secours avec un levier extérieur. Des échos mélodiques remontant des sous-sols.
Une minute plus tard, voilà qu'il poussait la dite porte pour s'enfoncer dans les boyaux de la structure. Longeant un premier couloir qui donnait sur un escalier au bas duquel un second couloir aboutissait sur une pièce dont l'atmosphère saturée le prenait à la gorge. Des corps en sueurs se mouvant les uns contre les autres. Lascivement. Avec une sensualité exacerbée. Des odeurs pesantes, étouffantes, oppressantes. Au plafond, des projecteurs qui tournaient et qui lui crevaient les yeux à coup de flashs meurtriers. Les hauts-parleurs crachant un son obsédant, et le bruit ambiant créant une énorme caisse de résonance dans toute la salle. L'une des mains d'Elijiah venant se poser dans la bas de son dos pour le diriger à travers la foule jusqu'au bar. Retour au point de départ.
Et encore John dont le souvenir lointain se voilait...
- Assieds-toi, lui dit le vampire en lui désignant un tabouret libre. Tu bois de la bière ?
- Ouais, lui confirma Ronon. Assez perturbé par ses gestes, ses attentions. Soudainement halluciné. Une gêne persistante et malaisante dans la poitrine. Sa tête se mettant à tourner avec les projecteurs au plafond. Limite hagard.
- Deux bières Jack, sur mon compte ! se mit à crier Elijiah pour se faire entendre. Avant de s'asseoir à son tour sur un tabouret tout près de lui. Beaucoup trop près. Si près qu'ils auraient pu se toucher, le barman posant les deux chopes sur le comptoir. Alors tu veux toujours avoir des explications, ou tu préfères tirer tes propres conclusions ?
- Je vous écoute, répondit péniblement le Satedien en attrapant sa chope de bière pour y tremper les lèvres.
- Je vois. Tu ne lâches jamais rien Ronon Dex, n'est-ce pas ! Tu veux que je commence par quoi ?
- Par le début, qu'il lui jeta comme s'il s'agissait d'une évidence. Les cils qui battaient, des points lumineux de partout devant les yeux qui crépitaient. Son rythme cardiaque s'emballant à nouveau, à l'étroit dans cet endroit clos. Comme un peu plus tôt en début de soirée. Mais en mille fois pire, son organisme réagissant et luttant contre des stimuli toxiques.
- OK. Je rentrais chez moi, quand j'ai entendu des cris et comme toi, je suis venu pour aider cette fille. Avant de m'apercevoir que ceux qui s'en prenaient à elle étaient bien plus nombreux que moi. La suite tu la connais.
- Tout ce que je sais, c'est que sans mon intervention vous seriez peut-être mort à l'heure qu'il est. Ça s'arrête là.
- Tu me déçois, je te pensais plus perspicace que ça. Et avec un petit effort ?
- Et si vous, vous en faisiez un d'effort !? Vous êtes qui exactement…
- Tu veux vraiment le savoir ?
- Je demanderais pas sinon, le contredit Ronon en vidant sa chope d'une traite. La bouche pâteuse. Nauséeux.
- Ainsi soit-il, souscrivit le vampire en reposant sa chope sur le comptoir afin d'accéder à sa requête.
MARYLIN MANSON SWEET DREAM [BANDE-SON]
Il le voyait. Se rapprocher, tout son corps se tendant vers lui. Du haut de son tabouret. Et il la sentait, l'absence de son souffle qui caressait ses lèvres. Son cœur n'en finissant plus de battre à tout rompre. Le bout de ses doigts effleurant son cou, à l'emplacement de son tatouage. Hérissant son épiderme. Sweet dream…
Ses lèvres glaciales qui défloraient sa peau brûlante…
Les hauts-parleurs. Les corps, torrides et débauchés qui bougeaient, qui se mouvaient. L'ambiance charnelle, de feu et de glace, l'atmosphère sexuelle qui planait jusque dans le creux de ses reins. Dangereuse attraction. Déphasé. Les murs qui se dédoublaient, les paroles du morceau qui jouait… je veux t'utiliser et abuser de toi. Je veux savoir ce qu'il y a en toi. Tiens-toi averti. Reste averti. Tiens-toi averti, ça avance… tout le monde veut quelque chose. Tout le monde, tout le monde, tout le monde… l'impression que sa tête allait éclater, la brume de fumée stagnant au plafond s'abattant sur lui comme par un jour de brouillard. Les substances illicites qu'il inhalait et respirait le faisant planer. Pour le rendre, lui… rien que lui… cet autre… magnétique… charismatique… ses lèvres glaciales qui se...
Des lèvres glaciales se collant contre son oreille « On appelle ça l'effet aquarium.»
Toute forme de contrôle lui échappant, il se déconnectait. Restant inerte, alors qu'Elijiah se levait et puis qu'il l'entraînait avec lui au milieu de la piste de danse. L'abandonnant à son sort. Et il le contemplait. Il le détaillait et il le dévorait des yeux. Cet homme, à la peau brune. Il le découvrait. Il le déshabillait du regard, avec la masse de ses boucles qui venait lui dévorer le visage. Une moustache et une barbe taillée. Des bijoux. Des boucles d'oreilles, quelque chose au fond des yeux qui le réduisait au silence. Un vampire. Il délirait, ou pas. Il…
Le vampire, ou peu importe ce qu'il était, Elijiah, juste Elijiah, se dirigeant à présent vers un homme couché sur un canapé. Un homme sur lequel il s'allongeait entièrement. Son corps le recouvrant, l'autre en dessous dégageant son cou pour lui offrir sa gorge. La fumée, les projecteurs… Elijiah… ce même faciès bestial qu'un Wraith. L'horreur. Et des crocs qui s'allongeaient, pour se planter dans la chair de l'homme qui souriait, et qui paraissait prendre son pied. Le Satedien se surprenant à l'envier. N'importe quoi. Il aurait dû se tirer, prendre son flingue et tous les allumer. Il aurait dû… chercher à … il ne savait plus. Perdu. Au lieu de le fixer. Elijiah. Plutôt que de… bousculer un mec un peu trop entreprenant pour lui arracher des mains son verre et le boire cul sec. Ses jambes menaçant de le lâcher. Il tremblait. Les crocs perforant la peau pour aspirer le sang que contenaient les veines de sa victime. Il devait intervenir. Faire quelque chose, sauf qu'il ne fonctionnait plus normalement. Ses paupières devenant collantes et poisseuses. Un désastre. Lorsque de nulle part, le vampire surgissait devant lui, sans qu'il n'ait eu le temps de le voir revenir… chewie… ce qu'il ressentait pour John et qu'il refusait de s'avouer… parce-qu'il aimait les femmes. Il aimait sa femme. La seule qu'il ait un jour connu… Elijiah… oui Elijiah.
- On les appelle des calices. Ce sont des volontaires qui donnent de leur sang pour nous nourrir. Rassure-toi, il va bien. On ne les vide jamais entièrement. Ronon… t'es encore avec moi… hey, Ronon !
Hey, Ronon…
Certains d'entre eux veulent que tu les utilises. Certains d'entre eux veulent abuser de toi. Certains d'entre eux veulent être abusés. Les doux rêves sont faits de ça… les doux rêves…
