Chapitre 4 – Retour au SGC
**FLASHBACK**
SGC. Environ 12 heures plus tôt. Niveau 26.
J'ai un ami qui travaille à la criminelle. Je ne vous promets rien, mais je vais essayer de le contacter. Peut-être qu'il pourra nous renseigner sur ce qui est arrivé à Ronon. Par conséquent, il n'avait pas eu d'autre choix que celui de se résigner à attendre et à patienter. Contraint et forcé, depuis des heures entières maintenant. Assez difficilement d'ailleurs, et comme un lion en cage il tournait. En rond. Il virait, avec l'impression d'avancer à reculons à chaque fois qu'il faisait un pas. Rien qu'une perte de temps majeure. Ses tripes se tordant dès qu'il remuait, presque nauséeux. Pire que des coups de poignard qu'il aurait reçu dans le ventre et qui lui donnaient envie de hurler. Alors il se débattait de son mieux contre les sales idées qui polluaient son esprit, puis aussi, contre ce que sa conscience lui dictait : de se lever, de passer outre les ordres et de remonter à la surface pour superviser les recherches. Plutôt que de rester consigné dans les quartiers temporaires que le Général Landry avaient mis à sa disposition, ainsi qu'à celle de son équipe. Fou d'inquiétude. Qu'il accepte de se l'avouer ou pas, cette réalité le rattrapait. Elle le déchirait. D'une façon assez démente, spasmodique, en pleine névrose ou quelque chose qui ressemblait à s'y méprendre à un beau bordel émotionnel. Des rigoles de sueur dégringolant entre ses omoplates. Le visage défait, les traits qui se déformaient sous la tension. Du bout des doigts, voilà qu'il frôlait les limites de la démesure. Toujours plus. Deux heures. Qu'il fixait le mur, que son regard transperçait celui de Teyla sans jamais la toucher. Sans même la voir. Deux heures interminables qui venaient de s'écouler entre la fin de la réunion et ce piteux instant au cours duquel la jeune femme se décidait enfin à ouvrir la bouche pour souffler son prénom « John.»
- On perd notre temps Teyla ! On nous garde enfermé ici, alors qu'on devrait déjà être dehors à la recherche de Ronon. C'est du grand n'importe quoi tout ça. J'aurais dû l'empêcher de partir, ne put retenir plus longtemps Sheppard.
- John, il faut vous montrer patient. Le colonel Carter a dit que l'un de ses amis policier pourra sûrement nous aider à le retrouver, essaya de tempérer l'Athosienne en se levant pour venir s'asseoir à côté de ce dernier.
- Et si cet ami refuse de nous aider, vous avez envisager cette possibilité ? Puis en supposant que Carter parvienne à le convaincre, qui vous dit que le Général Landry nous donnera son feu vert ! Ça lui est bien égal ce qui peut arriver à Ronon. Ce n'est pas un membre de l'armée américaine.
- Vous vous souvenez de ce jour où Ronon a négocié notre liberté en menaçant de se trancher la gorge ? Vous avez dit la même chose au Colonel Caldwell et pourtant, il a accepté de nous aider. Le Général Landry est un homme juste, on doit lui faire confiance. Je suis persuadée que si le Colonel Carter trouve une piste sérieuse, alors on aura l'accord de ce dernier pour la suivre. Et puis Rodney n'a pas tort sur un point, Ronon sait se défendre. Ici, il n'y a pas de Wraiths, poursuivit-elle en prenant l'une des mains du lieutenant-colonel entre les siennes.
- Peut-être que vous avez raison... mais c'est plus fort que moi, il est peut-être passé sous un bus !
- Je ne pense pas, lui répondit la jeune femme en riant un peu. On a pas entendu parler d'un bus renversé par la faute d'un grand Satedien qui n'a pas toujours très bon caractère.
- Il n'a pas vraiment mauvais caractère, disons qu'il a du tempérament et qu'il n'est pas facile à vivre tous les jours. Mais on a tous nos petits défauts, lui répondit John avec un léger sourire et en inclinant légèrement la tête.
- John, est-ce que je peux vous poser une question ? se lança Teyla.
- Je vous écoute.
- Ne vous méprenez pas sur mes intentions, je partage vos inquiétudes. Seulement... vous semblez porter une attention toute particulière à Ronon, est-ce que je me trompe ? Vous savez, il n'y a pas de honte à ça. Vous avez le droit de ressentir des choses vous aussi et de les exprimer, souffla-t-elle avec l'espoir de le pousser à se confier.
- J'ignore où vous voulez en venir, le fait est que j'agirais exactement de la même manière pour chacun d'entre vous. Ronon est comme un frère pour moi, et je ne connaîtrais pas le moindre instant de répit avant de l'avoir ramené parmi les siens. C'est nous sa famille Teyla. Si on ne le protège pas, qui le fera ?
Sur ces bonnes paroles, John Sheppard se remettait debout pour aller tambouriner à la porte devant laquelle un soldat stationnait. Sa main glissant entre les doigts de Teyla jusqu'à leur échapper. L'Athosienne cherchant dès lors à reprendre son souffle. Confuse dans ce qu'elle éprouvait. Une sorte de soulagement inexplicable venant la cueillir face à l'évocation de ce lien fraternel que le lieutenant-colonel décrivait entre lui et Ronon. Un pincement au cœur la forçant elle-même à réfléchir sur la véritable nature de ses sentiments, une main sur la poitrine.
11 heures plus tôt. Niveau 27. Bureau du Général Landry.
- Mon Général, dit Carter après que ce dernier l'eût autorisé à entrer dans son bureau. Le corps immobile et droit, au garde-à-vous. Afin d'effectuer le salut d'usage. En signe de respect et de fraternité, avant d'émettre la raison de sa présence : mon Général, j'ai peut-être du nouveau à propos de la disparition de Ronon Dex. Je demande donc la permission de vous communiquer ces informations et de poursuivre mes investigations en collaboration avec les membres de l'équipe SGA1, débita la jeune femme d'une traite comme pour mieux convaincre son supérieur.
- Colonel Carter, il me semblait pourtant avoir été clair. 48 heures, pas une de moins. Alors expliquez moi ce qui vous autorise à penser que vous pouvez outrepasser mes ordres ? lui rétorqua le commandant de la base.
- Et bien mon Général, devant l'inquiétude des membres de l'expédition Atlantis face à la disparition de l'un des leurs, il m'a semblé plus prudent de prendre les devants afin de contenir les éventuels débordements et d'éviter un mouvement de panique qui risquerait de compromettre la sécurité de la base.
- Un mouvement d'insubordination mené par le lieutenant-colonel Sheppard en tête de liste devriez vous plutôt dire, mais admettons. Je vous écoute colonel Carter, et sachez que notre temps à tous est précieux.
- Merci mon Général, rétorqua le colonel dans un sourire. Je vais essayer d'être brève.
- Il vaudrait mieux.
- Voilà mon Général, j'ai pris la liberté de contacter l'un de mes amis officier à la criminelle. Il est spécialisé dans les disparitions suspectes et les enlèvements. Bien entendu, sa discrétion nous est acquise.
- Une liberté qui reste placée sous mon autorité Colonel ! Cet officier compte procéder de quelle manière ?
- Dans un premier temps, il va concentrer ses recherches sur un périmètre assez restreint autour du bar où Ronon a été aperçu pour la dernière fois. Peut-être que quelqu'un aura vu ou entendu quelque chose.
- Et s'il ne trouve rien ? voulu savoir le Général.
- S'il ne trouve rien mon Général, le périmètre de recherche sera élargi.
- Jusqu'où Colonel ? Je vous rappelle que le projet porte des étoiles est classé secret défense et que Monsieur Dex n'est pas l'un de nos concitoyens. Mais un extraterrestre ayant échappé à la surveillance du lieutenant-colonel Sheppard. Par conséquent, je veux être informé minute par minute de l'avancée des recherches ! Et il va de soi, que le mot final me reviendra. Vous pouvez disposer, mis fin à l'entretien le Général Landry.
Dans le même temps, niveau 28. Salle de contrôle.
- Ici le docteur Mckay pour le Dédale, est-ce que vous me recevez ? Mckay, pour le Dédale.
- Docteur McKay, ici le Dédale.
- Oh génial ! s'exclama Rodney en entendant la voix du colonel Caldwell. C'est une chance que vous soyez à portée de la terre. En fait non, c'est la meilleure nouvelle de la journée. Bref. Est-ce que par le plus grand des hasards, vous seriez aussi encore à portée d'Atlantis ? demanda le scientifique rempli d'espoir.
- Affirmatif docteur, mais plus pour très longtemps.
- Ça ne fait rien, j'ai juste besoin que vous leur transmettiez un message.
- Pas de problème.
- Il faudrait que vous demandiez à Elizabeth d'activer la porte à destination de la terre. Tout de suite !
Ce que fit immédiatement le Colonel Caldwell en relayant l'information sans chercher à analyser la situation, ni se poser aucune question. Comme à l'accoutumée. Quelques minutes qui suffisaient à ce militaire d'expérience pour transmettre le message à son destinataire et puis, souhaiter bon courage à Rodney. Avant d'ouvrir une fenêtre dans l'hyperespace afin d'y engager le Dédale avec tout son équipage. Tandis que la porte des étoiles s'activait au centre de la salle d'embarquement. Le docteur McKay supervisant les opérations depuis la salle de contrôle.
- Rodney, est-ce que vous me recevez ? retentit de l'autre côté du vortex le timbre féminin et assuré du Docteur Weir.
- Oui Elizabeth ! Je vous reçois, cinq sur cinq. C'est bien comme ça qu'on dit non ? demanda McKay.
- Est-ce que vous voulez bien m'expliquer ce qu'il se passe je vous prie ! Pourquoi vous, John, Ronon et Teyla n'êtes vous pas de retour sur Atlantis comme convenu ? s'impatienta la responsable de l'expédition.
- Et ben… on a eu comme qui dirait… un léger imprévu, bafouilla le scientifique.
- Vous pourriez être un peu plus clair Rodney !
- Voilà, tout à commencé quand…
9 heures plus tôt. Niveau 22. Le mess.
Teyla ne parvenait plus à le quitter des yeux, ne serait-ce qu'un instant. Pas même le temps illusoire d'un simple battement de cils. Comme un léger tapotement au creux de la poitrine. Contre son cœur. Rien qu'un balancement subtil et presque hypnotique, une palpitation évasive. Juste impuissante et contemplative. Alors que le raclement de la fourchette qui crissait et qui grattait au fond de l'assiette lui donnait l'impression désagréable de produire un bruit strident dans ses oreilles. L'irritant au plus haut point. Pourtant, elle se taisait. Son regard devenant un havre de paix à l'intérieur duquel elle se surprenait à espérer que le lieutenant-colonel pourrait un jour venir trouver refuge. Mais elle voyait bien l'Athosienne, elle se rendait bien compte que pour l'heure la principale préoccupation de ce dernier portait un autre prénom que le sien. Ronon. Au bord des lèvres closes. Ronon. Dont l'absence se faisait âprement sentir. Et voilà qu'elle se questionnait à présent sur le genre de relation qui unissait en réalité les deux hommes. Doutant de la fraternité de leurs rapports, des gestes, des sourires, des signes annonciateurs qui souvent franchissaient la ligne de démarcation entre l'amitié et une forme plus intime d'affection. Des projections qui hélas ne mentaient pas. Jamais. Des symptômes révélateurs, et qui l'affectaient. Elle. Plus que de l'amitié. Pour sûr, rien qu'une certitude qui l'étreignait. Le mince espoir subsistant qu'il ne s'agisse pas d'amour au sens strict du terme, charnel et passionnel. La rumeur courait. Impossible à rattraper. La rumeur, rumeur, rumeur. Elle aurait voulu l'allumer, lui, pour ensuite éteindre ce brasier qui se consumait en-dessous de sa peau. Quelques réflexions personnelles que l'arrivée de Teal'c interrompait à son grand soulagement « Puis-je me joindre à vous ? » Le Jaffa demandant poliment la permission de déposer son plateau sur la table et de s'asseoir avec eux.
- Bien sûr Teal'c, avec plaisir lui répondit la jeune femme avec le sourire en lui montrant une chaise. Un peu gênée par l'attitude de John qui fixait sa montre sans manifester un quelconque intérêt pour ceux qui l'entouraient.
- Merci, lui dit le Jaffa en inclinant respectueusement la tête avant de lever les yeux sur Sheppard. Soyez rassuré lieutenant-colonel, le colonel Carter vous a promis son aide et elle tient toujours ses promesses. Il faut lui faire confiance. Bientôt, nous retrouverons Ronon Dex et nous le ramènerons à la maison. Parmi les siens.
- J'en assez de m'entendre dire qu'il faut être patient, que tout va bien, QU'ON VA LE RETROUVER ! se mit à hurler John au milieu du mess. En se relevant si brusquement que sa chaise basculait en arrière et qu'il en attrapait son assiette pour rageusement la balancer par terre. La nourriture qu'elle contenait s'étalant de partout.
- Un problème lieutenant-colonel ? intervint à ce moment précis le colonel Carter. Sous le regard de Teal'c qui se penchait avec un air circonspect pour constater l'ampleur des dégâts et celui de l'Athosienne livide.
- On vous à déjà dit que vous aviez un grand sens de l'observation ! répliqua un peu trop sèchement celui-ci.
- Je vous conseille vivement de vous calmer John. Le Général Landry nous attend tous en salle de conférence dans une heure et demie, à vingt-deux heures zéro zéro précisément. Et il serait appréciable que vous vous présentiez à lui dans un état un peu plus décent. Allez vous reposer, prendre une douche ou je ne sais quoi, mais ressaisissez-vous ! lui intima Samantha sur un ton ferme, mais compatissant. Tout en jetant un regard entendu à Teal'c.
- Je vous raccompagne à vos quartiers et je garderai moi-même votre porte afin que personne ne vienne vous déranger, les informa aussitôt le Jaffa en se levant à son tour sans leur laisser le choix.
** FIN DU FLASHBACK**
4h30 du matin. Appartement d'Elijiah, chambre à coucher.
Un jet de lumière surgissant de nulle pas, à travers la nuit. Comme un cauchemar éveillé. Une lampe torche qu'on dirigeait sur son visage et qui l'aveuglait. Et la voix de John : « Chewie, il faut vous réveiller. Allez Chewie ! » La main de ce dernier qui le secouait, des armes de partout que des soldats braquaient en direction du lit. Hurlant à Elijiah de s'agenouiller, et de mettre les mains derrière sa tête. Puis toujours John : « Est-ce que ça va Chewie ? On va vous ramener au SGC, c'est terminé. On est là.» John qui le forçait à se lever, complètement déphasé.
- John, est-ce qu'il fait nuit dehors ? John… murmura du bout des lèvres le Satedien, le corps frissonnant.
- Oui Ronon, il fait encore nuit dehors. Pourquoi ? voulu savoir John en attrapant son manteau sur la chaise à côté du lit, bien plié, bien repassé, pour l'aider à l'enfiler. Il fait froid, vos chaussures elles sont où ?
- Je sais pas… John… vous allez faire quoi de lui ? C'est pas ce que vous croyez, il n'est pas… s'il vous plaît, écoutez-moi ! Essaya-t-il de plaider en faveur du vampire que les soldats bousculaient pour lui passer des menottes aux poignets.
- Plus tard Ronon, d'accord ? Quand on vous aura ramené au SGC et mis en sécurité, conclut John.
