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Ce n'est rien.

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Résumé

Ce n'est rien, absolument rien, si ce n'est peut–être l'effluve d'un vieux souvenir, une illusion tenace, qui finira par passer. [OS, Avery Jr.]

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(Tout est à JKR)

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Note d'auteur

Cet OS a été écrit dans le cadre du Dark Fest organisé par le Discord Festumsempra. Le lien est dans le chapitre 1, si ça vous intéresse de venir discuter HP/écriture/faire des défis d'écriture, n'hésitez pas à nous rejoindre !

Petites précisions en ce qui concerne l'écriture de cet OS : un incipit tiré au sort + un personnage imposé parmi les Mangemorts.

Merciii beaucoup à Aselye, Applecherrypie, Sun Dae V, Tiph l'Andouille et Katymyny (très contente que ça t'ait plu, et merci mille fois pour tes reviews sur les autres textes !) pour les retours sur ce recueil !

Bonne lecture ! Je suis toujours curieuse de savoir ce que vous en pensez :)

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Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Il est évident, à l'étincelle qui pétille dans son regard triste et banal, qu'elle pense la même chose. Imprévisible. Elle en voit défiler tant d'autres, pourtant c'est moi qu'elle laisse la plaquer contre le mur de sa chambre, nuit ou jour, ma peau contre la sienne, son souffle chaud et humide contre mon cou.

« Adrian…

— Ne parle pas », je souffle.

Quelque chose dans mon nom, prononcé avec tant d'innocence, me fait frémir. Elle ne sait rien, ignore tout, devine peut-être et s'en fiche sans doute. Avec elle, pas d'attente, pas de faux-semblants, d'éducation rigide qui dissimule les aspérités sous un vernis de mensonges. Et qui le saura, après tout ?

Son corps prend le pas sur le mien, sa chaleur éteint ma solitude. De ses doigts, elle caresse mon dos avec douceur, remonte jusqu'à mon bras, saisit ma main dans une puissante décharge électrique. Un cri rauque s'échappe de ma bouche. Non. Ce n'est rien. Il n'y a rien, si ce n'est les milliers d'insectes qui rampent sous ma peau, creusent la chair de mon poignet pour en dévorer les veines. Mes dents pénètrent dans ma lèvre inférieure, tachent ma langue du goût métallique du sang.

La fille s'écarte, déstabilisée.

« Qu'est-ce qui t'arrive ?

— T'occupe. »

Ce n'est rien. Rien. Un vieux souvenir. Une sensation qui finira par passer. Je la serre plus fort contre moi, tâchant de me concentrer sur elle, uniquement elle. D'oublier par la jouissance la douleur rouge qui m'obscurcit la vue. En vain. Mes muscles se contractent tant qu'elle en vient à se débattre sous la force de mon étreinte.

« Tu me fais mal… »

Il lui faut donc être stupide pour être surprise par la douleur que je lui inflige, qui ne vaut pourtant pas un centième de la mienne. Un flot d'injures franchit mes lèvres. Elle tente de se raccrocher à moi et je la pousse au bord du lit dans un mouvement de colère.

« Mais c'est quoi ton problème ? »

Elle est jolie assise sur le matelas, les draps entre ses mains, cheveux blonds en bataille, à la fois indignée et lascive. Titubant sur le parquet ciré, je saisis mon pantalon sous une nouvelle onde de douleur.

« T'es sérieusement en train de te rhabiller ?

— Crois-moi, tu n'as pas envie que je reste. »

Enfiler ma chemise, les dents serrées. Non, ce n'est rien, absolument rien. Ne pas paniquer. Ne pas hurler.

« C'est quoi ton problème, Cendrillon ? T'as garé ton carrosse en double-file ? »

Je me fige.

« Cendri-quoi ?

Cendrillon, répète-t-elle en détachant chaque syllabe. Tu vis dans une grotte ou quoi ?

— Tu ne devrais pas évoquer ce genre de chose, l'avertis-je froidement. Tu ne devrais pas me provoquer. »

La main plongée dans son épaisse chevelure, elle ne fait que l'ébouriffer davantage. Jolie, c'est le cas de le dire. Rien de spécial, juste des yeux clairs et des cils presque invisibles. Un regard défiant et rieur, qui aime jouer au courage et refuse la peur.

« T'es vraiment étrange, lâche-t-elle finalement. On se connaît depuis des mois et je n'arrive toujours pas à te cerner.

— Laisse tomber, d'accord ?

— J'ai bien compris que tu te sentais supérieur, plus important que le reste d'entre nous, seul détenteur des secrets de l'univers… Le truc, Adrian, c'est que les gens importants ne viennent pas dans mon bar miteux pour boire. »

Je la regarde un instant, interdit. La douleur pulse toujours en moi mais cette fois-ci, je peux la supporter.

« Tu ne sais pas ce que tu dis.

— Alors explique-moi. Reste… »

Je n'ai rien à lui dire ; peu de chance que la révélation lui plaise. Ma baguette gît dans la poche intérieure de ma veste. Même sans elle, il me suffirait de refermer mes doigts sur son cou en attendant que son souffle s'éteigne. D'abord poupée entre mes mains, paralysée par la surprise, elle mettrait quelques secondes à comprendre. Ils n'osent jamais croire en leur propre mort, au début. Persuadés d'être trop vivants, trop exceptionnels pour y passer.

Ils se trompent.

Ils ne peuvent rien contre la faiblesse de leur condition. Arrive le moment où la vérité les étouffe, le moment où leurs yeux s'embrasent sous la panique, où leurs lèvres se fendent d'une dernière prière.

La fille ne sait rien. Elle n'a pas la moindre idée du pouvoir entre mes mains. Elle n'a pas compris que deux mots de ma bouche suffiraient à la tuer.

« Tu reviendras ? » interroge-t-elle devant mon silence pensif.

A ces mots, la douleur ravage ma peau, instille son poison dans mes veines. Elle sourit, moqueuse.

« Ils reviennent toujours. »

La porte claque entre mes doigts.

Mensonge.

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« Adrian ! »

Encore lui. Devant mon immeuble miteux, transpirant sous la chaleur étouffante de juin, Seth Mulciber tient à peine debout. Je me demande depuis combien de temps il est planté là, plus immobile – quoique moins brillant – qu'un lampadaire.

« Qu'est-ce que tu fous là ?

— Il faut qu'on parle.

— J'ai du boulot, repasse plus tard. »

J'ouvre la porte sans prêter attention à son air débraillé. Cet imbécile s'est montré incapable de faire preuve de la moindre dignité depuis la chute. Ses cheveux trop longs me donnent l'impression d'accueillir le clochard du coin sur mon palier, quoique trois mornilles ne suffiraient pas à m'en débarrasser. Lui qui avait pris de l'embonpoint avec les années a considérablement maigri. Sa peau paraît dégonflée par endroits, comme si l'air autrefois contenu dans son ventre fuyait à présent par le nombril.

« Elle est revenue, Adrian. Tu sais qu'elle est revenue.

— Tu te trompes. T'as dû faire un mauvais rêve. Je te connais, tu flippes toujours pour pas grand chose. »

Je pourrais éprouver de la pitié pour un vieil ami ; en vérité, il n'en est rien. Ce n'est pas la première fois qu'il débarque devant ma porte, le regard hanté par les cauchemars puis, plus tard, par les souvenirs. Je m'apprête à refermer la porte derrière moi lorsqu'il me retient, comme s'il avait lu dans mes pensées.

« Tu te souviens de Dolly ?

— Dolly ? je répète, incrédule.

— La poupée. Celle que tu n'arrêtais pas de fourrer dans le sac de MacDonald.

— Bien sûr que je me souviens. »

Adolescent, Seth était sujet aux terreurs nocturnes. Son sommeil n'était qu'une longue suite d'horreurs dont je me délectais des récits : une femme sans dents au sourire d'abîme, des coffres anciens qui vous aspirent, des chiens affamés venus des Enfers, une poupée de porcelaine dont on se débarrasse en vain. Il m'en racontait la teneur au réveil, la gorge serrée, puis souriait lorsque je lui annonçais que ses supplices étaient en réalité une mine d'or d'idées.

« Elle ne s'en est jamais remise, cette sale idiote, je souffle. Elle l'a brûlée mille fois avant de comprendre qu'on la multipliait de notre côté comme des petits pains. »

Le regard de Mulciber accroche le mien.

« Tu m'avais dit que cela ferait cesser mes cauchemars, murmure-t-il.

— Ça a marché, non ? »

Entre nous s'installe le silence, brisé par le passage d'un véhicule lointain à intervalles réguliers.

« Pendant un temps. Et puis… »

D'une nervosité palpable, il ne tient plus en place, me renvoie un regard incrédule, cherche dans le mien une réponse que je ne peux lui donner. Je sens d'ici son haleine alcoolisée.

« Tu as bu, n'est-ce pas ?

— Et alors ? s'agace-t-il. Qu'est–ce que ça change ? »

Même pâteuse, un éclat de dureté transparaît dans sa voix. Il essuie du plat de la main son front en sueur ; je m'apprête à m'écarter lorsque d'un geste brusque, il agrippe la manche de ma chemise.

« Tu la sens, toi aussi...

— Lâche-moi, Seth.

— Comment tu peux être aussi calme ? Tu ne peux pas ne pas la sentir. Tu ne peux pas... »

Ses doigts tremblent sous la panique ; un geste suffit à m'en dégager.

« Respire, espèce d'idiot, tu vas encore nous faire une crise d'asthme.

Respirer ? Tu sais ce que ça signifie, pas vrai ?

— Inhaler, exhaler... Ça fait un moment que je pratique. »

Il secoue la tête, furieux.

« Tu sais très bien de quoi je parle. »

J'époussette ma chemise salie par ses mains et recule d'un pas. De la folie pure brûle dans ses yeux. Fou, c'est bien ça. Il a l'air fou et malade.

« Tu as bu, je répète. Tu tombes en lambeaux, Seth. Tu ne sais plus ce que tu dis.

— Pas à moi. Ne me renvoie pas ton air de mépris ! »

J'attrape la poignée, m'étonnant de sentir à quel point, malgré la chaleur, mes doigts sont glacés. Exalté par une cause qui m'échappe, Mulciber ne me lâche pas des yeux.

« Tu t'es regardé ? »

Il crache à mes pieds. Son ton a changé.

« Tu te crois si exceptionnel, si intelligent, propre sur toi, parce qu'un mensonge t'a suffi à t'en sortir… Mais je me souviens, moi, de ce que t'étais. Et c'était pas beau à voir. »

Sa main se lève pour saisir mon poignet, trop lente pour y parvenir. Il ment. Il n'y a pas de retour possible, c'est terminé, seule refont surface les illusions du passé.

Il sourit, et dans ce sourire, j'ai l'impression d'apercevoir la figure de ses cauchemars.

« Tu crois que t'es quelqu'un. Mais t'es rien face à lui. »

Rien. Le mot résonne encore dans la ruelle vide, je m'accroche à lui comme à la poignée pour l'ouvrir, parce qu'il a à la fois tort et raison : il n'y a rien, absolument rien, et à nouveau la porte se renferme sur sa peur et ma solitude.

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Mon pas se fait rapide, empressé dans les rues de Londres. Tout va bien, ce n'est qu'une tendinite, la faute au déménagement effectué le mois dernier, qui coïncide parfaitement avec la douleur lancinante qui me revient par vagues de plus en plus rapprochées. Il y a du monde, des moldus qui s'entassent dans les boutiques et on comprend pourquoi : le début des soldes. Ils passent et me regardent à peine, avançant tous d'un pas identique, dans la même direction, des moutons à la suite du berger de la consommation.

Un coup de baguette et ils trébuchent, s'étalent sur le trottoir comme les imbéciles qu'ils sont, ramassent leur attaché-case, paniqués à l'idée qu'on ait pu les voir aussi ridicules. A terre ou non, ils sont ridicules. Impuissants. Ils jouent leur rôle, déroulent leur petite vie tranquille, des œillères sur la face, inconscients de tout.

Je pense à elle au milieu des poivrots, qui leur sert des bières sur des tables où personne ne songe à faire la poussière. Le soleil tape fort à faire fondre mon crâne. Ce ne serait pas un mal : que mon cerveau ne soit plus qu'un liquide à presser, un jus d'orange rassis qui finit son existence dans l'évier. Son bar n'est qu'à deux rues d'ici, il me suffirait d'y entrer, commander un whisky et comme Mulciber, y noyer cette douleur chronique qui finira par me tuer. Je pourrais en choisir un, n'importe lequel, lui faire subir un dixième de ce que j'éprouve, là maintenant, à l'intérieur de mon poignet en feu. J'accélère le pas au milieu des innocents qui ne soupçonnent rien, en contre-sens de leur monde imbécile.

Dans le reflet d'une vitrine, j'aperçois mon visage baigné de sueur, tordu par une souffrance graduelle. Je passe sans m'arrêter devant l'Oubli et sa devanture rougeâtre, la pancarte Happy Hour dès 18h. Mes chaussures s'enfoncent dans le bitume brûlant. Pas l'ombre d'un arbre pour m'abriter. Marcher, marcher, et encore marcher.

Le soleil décline, ne reste qu'une chaleur insolente. Je sens que ma peau est brûlée. Je dois avoir de la fièvre, la gangrène peut-être, il faudrait que je me fasse examiner.

« Hé ! hurle une voix. Monsieur, attention !

— Mais il est malade ou quoi ? »

Il me faut une poignée de secondes pour réaliser que je me tiens au milieu d'une route fréquentée. J'entends à peine le bruit des voitures, des klaxons autour de moi. Rien. Ce n'est rien d'autre qu'une hallucination particulièrement réaliste, une angoisse enfouie qui pour une raison inconnue, choisit cet instant pour ressurgir. Ce n'est rien d'autre qu'un membre de mon corps qui se délite, tombe en lambeaux comme autrefois mon âme. Rien. Peut-être qu'à la fin de la journée, il ne restera rien de moi.

La silhouette qui me tire de la route est une femme, une moldue au visage plein de sollicitude qui m'oblige à m'appuyer contre le mur dégradé d'un immeuble. WAKE UP, hurle un tag au-dessus de moi, tentative absurde de réveiller une société trop longtemps endormie. On ne réveille rien par des mots, je songe au bord de l'évanouissement. Les mots sont aussi inutiles que le reste.

« Vous allez bien ? Vous êtes très pâle. Attendez, je dois avoir un peu de sucre dans mon sac. Mangez, ça vous fera du bien. »

Je repousse sa main, elle aussi luisante de sueur et sale, sans aucun doute. Mes doigts tremblent. Je ne peux plus. Un hurlement écorche ma gorge, déchire la rue.

« Votre poignet… », souffle-t-elle, horrifiée.

J'y jette pour la première fois un regard. L'encre autrefois effacée, redevenue d'un noir de jais, semble avoir creusé la peau si profondément qu'on distingue la chair et le sang mêlés. Un serpent insolent y déploie son corps avec lenteur, tenant à son extrémité la forme glaçante et décharnée d'un crâne aux yeux noirs et vides.

La douleur est telle que je ne peux plus l'ignorer. La douleur est tout. Je sens ses crochets s'enfoncer dans ma peau, son venin pénétrer mes veines. Il n'y a rien à repousser, rien à fuir. Dans la nuit tombante, sans considération pour les yeux effrayés de la femme qui m'a recueilli – qui n'est rien face à ce qui m'attend –, submergé par la violence de l'évidence, j'accepte enfin qu'il me faut disparaître.

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Au loin, des pierres verticales s'élèvent sur la pelouse au milieu des fleurs fanées, des Profonds Regrets, A jamais dans nos cœurs et autres Repose en paix effacés par la crasse que le temps a incrustée dans le marbre. Un craquement me fait sursauter. Une à une, comme surgissant des profondeurs de la terre, des silhouettes fantomatiques et drapées de noir s'élèvent dans l'obscurité.

Je les ai tant vus encagoulés que je reconnaîtrais chacun d'eux. Au milieu d'une végétation foisonnante, je distingue Lucius Malefoy, occupé à soumettre chaque élément de son environnement à une rigoureuse étude, Crabbe et Goyle sur ses talons. Mulciber titube entre les arbres, l'air perdu et hagard. Macnair balance ses mains épaisses le long de son corps dans un mélange de nervosité et d'excitation ; il ralentit comme pour savourer l'instant, ou pour attendre Nott et Yaxley qui le suivent de près, aussi raides que des balais.

Nous ne sommes pas seuls dans le cimetière.

Deux adolescents.

L'un gît à terre, une éternelle surprise gravée sur ses traits ; l'autre se tient debout, plein de défiance. Il toise une ombre recroquevillée au sol, bras contre sa poitrine, près d'un immense récipient de pierre d'où s'échappe l'odeur fade et métallique du sang. Un serpent de la taille d'un tronc s'y enroule avec paresse avant de glisser lentement jusqu'à son maître.

Il est là.

Entre les tombes règne une atmosphère humide et poisseuse, comme dans un cachot délaissé par le soleil. Aucune trace de vent ne vient assécher la sueur qui macule mes mains. Mon cœur s'accélère, fait la course avec les milli-secondes. Seul un réflexe étranger conduit mes pieds jusqu'au cercle tracé par les miens, un cercle incomplet, brisé par les absences, alors même que les présents se découpent en trous noirs sous la pâleur de la lune.

Lui.

Devant moi, deux yeux rouges qui annihilent tout, même la nuit. Sa bouche, gouffre pâle qui vient tordre un visage de marbre, s'ouvre sur une voix familière et cruelle.

« Je sens les effluves de la culpabilité. Une terrible culpabilité empeste l'atmosphère. »

La douleur a disparu. Seule demeure une anesthésie déconcertante. Rien. Je ne comprends rien. Je peux à peine penser, à peine amorcer un geste.

Un frisson glacial s'empare de l'assemblée. Pettigrow pleure sur le sol, plus pathétique que jamais. Mon cœur implose pendant le discours dont je peux saisir que des bribes – fidélité éternelle, plaider l'innocence –, la puissance de sa voix se rappelle à moi en même temps que mes mots devant le tribunal, le jour où j'ai juré n'être face à l'horreur qu'un simple instrument, qu'une autre main que la mienne en portait la responsabilité.

« Comment ont–ils pu penser que je ne reviendrais pas ? »

Silence.

« Eux qui savaient tout ce que j'ai fait, il y a déjà longtemps, pour me garantir contre la mort ? Eux qui avaient eu la preuve de l'immensité de mes pouvoirs, au temps où j'étais le plus puissant des sorciers ? Cette fois encore, je peux avancer une réponse. Peut-être ont-ils cru qu'un pouvoir plus grand encore pouvait exister, un pouvoir qui aurait pu vaincre Lord Voldemort lui-même... Peut-être ont-ils juré fidélité à un autre ? »

Sa question s'insinue en moi tel un venin tandis que, gravé sur ma peau, un serpent noir glisse entre mes veines. A ce nom, Lord Voldemort, qu'il prononce avec une sorte de déférence glacée, je me prends à frissonner avec le cercle. La déception qui domine dans sa voix me broie l'estomac, réveillant une peur ancienne et jusqu'ici endormie. Dans le silence du cimetière, face à cette figure à la voix aiguë, au visage immonde et déformé, je comprends enfin à quel point je me trompais. Je ne suis pas autre. Je suis à lui.

Sans plus attendre, je m'agenouille devant mon Seigneur.

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(Fin)

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