Under A Blood Red Sky

Part 1: City of Blinding Lights

Dans les rues d'une ville oubliée, des pas faisaient entendre leurs claquements qui se répercutaient sur chaque mur, la plupart en ruine.

De flamboyantes lumières s'allumaient successivement à mesure que les pas avançaient. La lueur argentée de l'astre lunaire éclairait faiblement une longue silhouette tremblotante, parcourant le sentier. Un couple de rat couinant traversa le chemin, sans s'apercevoir que deux personnage fort singulier se promenaient dans leur quartier.

L'un deux accélérait le pas, se rapprochant des extrémités froides de la ville, s'éloignant du cœur torride de la cité, où se tenait un carnaval. Le deuxième adopta son rythme et continua à le suivre. Un ivrogne beuglant des chansons paillardes surgit de nulle part et tomba sur le poursuivant. Un éclair vert illumina les environs et un sourd bruit de chute étouffé martela les pavés. La luminosité se réduit. Le temps se chargea, les deux silhouettes ne stoppèrent pas cependant leur manège.

Soudain, de piquantes gouttes de pluie firent leur entrée et enveloppèrent la ville d'un glacial manteau. Des éclairs bleus déchirèrent le ciel, et la première silhouette se mis à courir. La deuxième disparue. Un vrombissement assourdissant arriva enfin et le reste ne fut plus qu'une série incessante d'orages plus violents les uns que les autres. Le premier homme, le poursuivit, avait le souffle court et avait décidé maintenant de ne plus se retourner.

Il tenait quelque chose de lourd contre son torse, ce qui ralentissait sa course. Mais il n'aperçu plus son assaillant. Il ne vit qu'une ombre massive se jeter sur lui et tenant dans son poing ganté une sorte d'énorme câble électrique. Il reçu la partie où de gros fils ressortait dans le ventre, et une décharge d'une puissance phénoménale le grilla sur place.

Il tomba doucement sur le sol mouillé. On lui retira le fardeau qu'il avait tenu contre lui. La silhouette pointa un morceau de bois vers le ciel et la lueur de la lune fut concurrencée par une lumière verte intense et malsaine.

Des cris d'horreur ainsi que des sanglots se firent entendre alentour : une tête de mort flottait dans les cieux…

Le froid…

Partout, du froid glacial, autant de l'intérieur que de l'intérieur. Ma gorge est sèche, ma langue comme du carton glacé et j'ai l'impression que des bloques de glace se succèdent sur mon torse.

C'était comme si j'étais mort. Si seulement ce pouvait être vrai, ne serait-ce pour arrêter ces douleurs…

Tout d'abord, je ne vois que du noir, d'ailleurs, dans l'état dans lequel je me trouve, je ne peux savoir réellement si j'ai les yeux ouverts ou fermés. Soudain, des néons agressifs s'allument juste au-dessus de moi et m'aveuglent.

Mes yeux m'irritent, et tous les membres que je sens encore me font savoir que je les possède via une douleur vive. Je veux ne serait-ce que gémir ou pleurer, cela me semble impossible.

Mes oreilles bourdonnent et des sons vagues qui semblent vouloir former des mots flottent dans l'air.

J'essaye de bouger mais la douleur redouble. Alors, je vois deux grandes ombres cacher un peu les néons qui me blessent. Elles parlent, d'un ton posé, presque un murmure et doucement. L'une des deux voix est plus grave que l'autre. Donc il doit y avoir une femme ainsi qu'un homme.

Je tente de cligner des yeux pour pouvoir me faire remarquer, mais chaque clignement me brûle. Je ne comprends rien, je n'assimile plus rien.

Commençons par des choses faciles. Mon nom, oui, bon début. Mais qui suis-je ? Très bonne question, je la note dans mon agenda mental. Passons à autre chose. Pourquoi je suis ici ? J'ai l'air en vie, du moins je le pense, alors pour quelles raisons des ombres me survolent telles des charognards ?

La fatigue me gagne. Je n'arrive pas à bailler. Tout ce que je puisse faire pour l'instant, c'est de fermer les yeux et d'imaginer que je dors. Sans prêter attention aux murmures qui me bercent je sombre dans le monde de Morphée. Aller, gros dodo…

Mes yeux s'ouvrent d'eux même. J'ai passé une nuit épouvantable. Ou une journée, je ne sais pas. En tout cas, j'ai mal dormis. Dans mon sommeil je voyais des gens en robes nager dans l'air sur des bouts de bois hérissés à leur extrémité. N'importe quoi, je délire.

Maintenant, je sens que je peux plus bouger. Enfin une nouvelle pas trop mauvaise. Par contre, j'ai toujours mal. Je bouge lentement, et au fur et à mesure que je me lève, je sens qu'un morceau de tissu me recouvre et glisse sur moi comme de l'eau tiède.

Je m'aide de mes bras pour me relever mais à mi chemin d'être assis, je m'écroule comme une masse et tombe sur mon lit. Je me rends seulement compte à quel point le matelas est dur.

Cela m'arrache un soupir, de fatigue et d'exaspération. Je me replis sur le côté et j'entrevois une silhouette. Elle est assise près de mon lit. Je remarque faiblement des tâches de couleur qui forme une personne. En ce cas, l'orange domine les autres couleurs.

Elle me dit quelque chose, je ne saisis que de rares mots qui assemblent des phrases incompréhensibles.

- Je… désolée… retrouvé… mort… chance… entends ?... Harry…

C'est une voix douce et aigue. Une fille, jeune me semble-t-il.

J'essaye de répondre que je n'entends rien mais tout ce que mes lèvres n'arrivent qu'à produire est un claquement sec. Ma gorge est déshydratée et aucun son n'en sort.

Mais des milliers de questions font la file dans mon esprit. Qui est-elle ? Qui est ce Harry ? Et surtout, qui suis-je ?

Devant mon échec, j'étouffe un gémissement. Une main tendre et chaude vient me caresser le front. C'est agréable. Je ferme les yeux et me rendors. Doux rêve…

Au réveil, la silhouette est revenue. Elle continue à me parler. Je saisie de plus e plus de mots mais ne comprend pas grand-chose. La silhouette à l'air triste, je le sens.

Comme si je l'avais blessée. Mais qu'ai-je fait de mal ?

Elle me quitte, je crois comprendre qu'elle reviendra plus tard. Un sentiment très étrange m'envahit. Qu'est-ce que c'est ? Oh, mince je ne trouve pas… C'est sur le bout de mes lèvres.

Ah oui, j'ai trouvé : de la joie. J'éprouve de la joie.

Et elle revient, la silhouette qui fut près de mon lit. Elle est en train d'entasser des vêtements dans un sac. C'est ce que mes yeux me montrent du moins. Je suis courbaturé, mais j'arrive à me lever et même à marcher. J'ai un pansement énorme au ventre et chaque respiration m'est douloureuse.

La jeune femme me donne des habits et me laisse seul le temps de les mettre. J'arrive à parler, avec difficulté. Mais je n'ai pas le temps de dire ce que je souhaite. La fille revient et me donne une paire de lunettes rondes. Comment puis-je savoir ce que sont vraiment ces verres arrondis surmontés de métal alors que je ne sais même pas qui je suis ?

Je la mets sur mon nez et soudain, les taches floues forment des meubles, portes ou personnes. J'ai l'impression de voir pour la première fois. Le voile qui me brouillait la vue se retire.

Et la première chose que je distingue avec netteté n'est pas des moindres : une jeune fille ornée d'un magnifique sourire, d'une chevelure de feu ainsi que le visage constellé par des étoiles rousses.

Alors, elle me parle et je l'entend et l'écoute clairement. Je recouvre mes sens. La vue, l'ouïe, je n'ose imaginer le toucher.

- Bonjour, me parle une voix cristalline et douce. Tu peux m'appeler Ginny.

Ginny… Ce nom résonne dans ma tête. Je souris.

- Euh…, balbutie-je. Enchanté. Et moi? Comme pouvez-vous m'appeler?

La jeune fille change son sourire radieux pour un sourire triste.

- Tu ne te souviens pas bien sûr, c'est normal.

Cette réponse ne me satisfait pas et soulève en moi maintes questions. De plus, j'ai la sensation de ne pas vraiment aimer ce qui est « normal ».

- Aller, reprit la fille, on s'en va…

Je ne me pose même plus aucune question. Et pourtant… Qui suis-je ? Où suis-je ? Que m'est-il arrivé ? Ce n'étai pas original d'accord mais ces questions étaient plus utiles que « qu'est-ce qu'on mange ? ».

Elle me donne une canne, pour m'aider dans ma marche, ainsi que son bras pour me soutenir. Je me sens vieux, mais le miroir de mes toilettes m'a renvoyé tout à l'heure l'image d'un jeune homme, peut-être d'une vingtaine d'années. D'ailleurs, déjà bardé d'une cicatrice sur le visage. Un accident ou une bataille ? De plus, mes yeux font partie des étrangetés qui m'entourent. J'ai les yeux pourpres…

Ginny prend la valise dans qu'elle avait remplie plutôt et nous parcouront un long corridor. Nos pas claquent sur le linoléum. Nous croisons diverses créatures étranges sorties de livres dont je ne sais si je les ai vraiment lus.

Sans que j'en sois conscient, nous avions quitté cet hôpital pour le moins original et hétéroclite pour arriver devant la sinistre vitrine d'un magasin aux mannequins horribles.

Je n'ai même point le temps de savoir le comment de ce miracle que la jeune fille me couvre d'un long manteau et m'entraîne bien plus loin dans la rue. Nous nous rapprochons de la civilisation. Je lis plusieurs écriteaux. Il semblerait que nous nous trouvions dans une bourgade du nom de Londres.

Et maintenant, nous entrons dans une sorte de bar bizarrement famé. Cette course ne se finira-t-elle donc jamais ?

L'intérieur de l'établissement est sombre et enfumé. En outre, il est étroit. Ginny me quitte un moment pour aller adresser quelques mots à l'homme qui semble être le tavernier. Je vois des pièces argentées passer d'une main à l'autre, et la jeune fille revient avec une clé.

Toujours sans un mot, depuis le début de la promenade c'est comme ça, nous montons un escalier et Ginny me tire vers une des portes qui décorent ce couloir et ouvre celle-ci avec la grosse clé rouillée trop grande pour ses fines mains.

Nous entrons dans une chambre où la lumière est moins radine qu'en bas. Il y a un lit baldaquin est une armoire, simple. La jeune fille me fait m'assoire sur le lit et pose la valise sur le meuble.

- C'est chez toi ici dorénavant, m'affirme-t-elle. J'ai tout réglé et Tom, l'aubergiste, te ferra apporter un repas tous les matins, midis et soirs. Sauf si tu ne le souhaites plus. D'accord ?

Je hoche la tête pour approuver et la remercier, de toute façon, je n'ai pas le choix, mais je ne vais tout de même pas lui cracher dessus. Je souffle un peu, la douleur de ma blessure au ventre me relance un peu.

Ginny me prend la main et m'aide à me relever. Je frissonne au contact de sa peau douce. Troisième sens, le toucher.

- Viens, dit-elle, je t'offre une glace.

Et c'est comme cela que je ne sais comment, nous nous retrouvions à la terrasse d'un glacier dans une rue assez singulière, avec tous ces gens coiffés de grands chapeaux pointus et de longues capes de toutes les couleurs. Suis-je au carnaval de Venise ?

Les parfums des 9686 goûts différents du glacier, un homme du nom de Fortarôme, me font tourner la tête. Quatrième sens, le sentir.

Dans ma bouche, la glace à la vanille aux pépites de sang de dragon (très vitaminé) que je viens d'engloutir est froide et délicieuse, un cinquième sens s'active en moi. Le goûter.

A l'hôpital, je crois me souvenir qu'il portait le pseudonyme de « Sainte-Mangouste », on ne me nourrissait jamais, pas à proprement parler, il y avait juste une personne qui me faisait avaler une substance insipide.

Ou alors c'était une autre personne qui faisait des gestes amples et des étincelles parcouraient mon corps meurtri.

L'air est chaud, le vent frais, et le soleil est d'une couleur sans égale. Les nuage reflètent ses mélange oranges et rouges dans le ciel bleu azure. Un des trois après-midi parfaits que l'on trouve à Londres tous les vingt ans.

La jeune fille me regarde et plus j'avance dans mon repas, plus je me sens bien, plus elle à l'air d'être heureuse. Tant mieux. Plus elle est heureuse, plus je me sens bien, et vice versa. Un cercle délicieux.

Je la trouve vraiment très belle, ce soir. La lumière de l'astre solaire couchant fait flamboyer ses cheveux, ce qui accentue sa beauté.

Je lui demande qui je suis. Elle me sourit, me prend le visage entre ses mains.

«Harry »

Elle me dit que je m'appelle Harry…